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Voilà ce que je soutenais en 2002 (avec la minorité) contre la majorité de l’organisation Lutte Ouvrière

mardi 11 août 2015, par Robert Paris

L’extrême gauche et la lutte d’ensemble de la classe ouvrière

La large participation à la manifestation des travailleurs d’EDF-GDF le 3 octobre dernier indique que les travailleurs pourraient bien prendre le coup de colère, en cet automne ponctué de multiples journées d’action, et marquer ainsi le début d’une réaction ouvrière de plus grande envergure. Mais les perspectives d’une contre-offensive de la classe ouvrière sont hypothéquées par la politique des organisations ouvrières, syndicats et partis de gauche, qui conservent une attitude plus que réservée.

La déception des salariés devant la politique anti-ouvrière de la gauche puis la déconfiture électorale de celle-ci, ont pu contribuer à donner un répit provisoire au nouveau gouvernement. Mais la réalité des mesures gouvernementales ne peut manquer de réveiller le mécontentement social, ce qui est déjà en train de se produire. Reste à savoir si la réaction ouvrière sera à la mesure des attaques ou si les confédérations syndicales vont parvenir à jouer leur rôle de modérateur et à organiser l’émiettement des conflits.
Si le gouvernement annonce tout un programme d’attaques pour décider ensuite par où commencer, les syndicats ont la tactique inverse. Réponses au coup par coup, soigneusement séparées et échelonnées. Ils n’ont aucune stratégie visible de mobilisation croissante, aucun plan visant à une riposte d’ensemble.

Au lieu de proposer des plans de mobilisation crédibles, les directions syndicales s’acharnent à disperser les réactions ouvrières dans des journées d’action sans lendemains annoncés et destinées à épuiser la combativité ouvrière. Et ce ne sont pas les partis de gauche, ni le PS ni le PCF, ni même leurs dissidents " de gauche " qui vont mettre en avant des objectifs de lutte propres aux travailleurs. Le fait qu’ils soient dans l’opposition ne les a pas reconvertis à la lutte de classe. Si le PS a annoncé une grande offensive, c’est sur le terrain... parlementaire, en ralentissant le débat sur les 35 heures et sur le budget. Quant au PCF, lors de son conseil national des 28 et 29 septembre, il a déclaré dans un paragraphe intitulé " Nous ne sommes pas un syndicat " : " Mais notre rôle dans ces batailles ne peut s’assimiler à celui d’un syndicat. Ces derniers prendront leurs responsabilités (...) Mais notre vocation se situe sur une autre dimension. Nous devons avancer notre vision alternative (...) notre conception d’ensemble de la société. " En somme, le PCF renvoie la balle aux directions syndicales, censées " prendre leurs responsabilités ". Lui-même s’en dispense.

A l’extrême gauche... de repartir en campagne, sur le terrain social !
C’est donc à l’extrême gauche que revient la responsabilité de défendre une perspective de lutte d’ensemble. Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, chacun pour leur propre organisation, ont avancé dans leurs déclarations de rentrée la perspective d’une lutte d’ensemble en se référant à décembre 1995. " Le monde du travail, s’il a été trompé par les partis de gauche lorsqu’il était au gouvernement, n’a rien perdu de sa force, et il peut faire reculer le gouvernement, comme il a fait reculer le gouvernement Juppé dans les grèves de 1995 " disait le communiqué du 6 septembre de la porte-parole de notre organisation. Perspective qu’Olivier Besancenot avait également évoquée dans son discours à l’université d’été de la LCR : " On va tout faire pour qu’un mouvement d’ensemble des salariés, secteurs privé et public unis, voie le jour, pour de vraies conquêtes sociales, pour faire face à l’urgence actuelle. Notre responsabilité, c’est de casser la fatalité, de tuer la résignation, de proposer un front unitaire des travailleurs. Un front rassemblé sans exclusive, dans l’action permanente pour défendre nos retraites, nos emplois, nos salaires ou nos services publics ".

Certes, les organisations d’extrême gauche n’ont pas le poids militant qui permettrait de se substituer aux directions syndicales et d’appeler directement à la généralisation du mouvement avec une chance de succès, ni même celui d’imposer un tel " front unitaire " à des organisations ouvrières qui ne le souhaitent pas, en tout cas en l’absence d’une telle volonté manifeste dans la classe ouvrière. Même si ce " front unitaire des travailleurs " dont parle Olivier Besancenot serait de la plus grande nécessité aujourd’hui.

Cela ne signifie pas que les organisations d’extrême gauche doivent rester sur la réserve. Au contraire. La manifestation des gaziers et électriciens du 3 octobre a montré, pour le moins, que les travailleurs répondaient massivement présent, pour peu qu’on les appelle à l’action. Elle a montré qu’il existe un mécontentement latent chez les travailleurs, en décalage avec les objectifs limités et dispersés avancés par les organisations syndicales. Et si les syndicats n’ont pas donné à cette journée la suite qu’elle aurait méritée, s’ils ne s’en sont pas servi comme point d’appui à une généralisation de la réaction ouvrière, il est d’autant plus vital que de tels objectifs soient défendus largement par les révolutionnaires. Dans son meeting de rentrée du 4 octobre, Arlette Laguiller proposait de " propager l’idée de la généralisation de la contre-offensive ouvrière ". En effet. Mais une telle perspective mérite d’être défendue par les révolutionnaires beaucoup plus largement que dans leur milieu proche ou dans leurs secteurs d’intervention habituels.

Pendant la campagne électorale, les différents groupes d’extrême gauche ont popularisé les objectifs que les travailleurs peuvent donner à leurs luttes. Maintenant que les élections sont passées et que les travailleurs sont confrontés à la fois aux attaques gouvernementales et patronales et à la politique d’émiettement des appareils syndicaux, il serait nécessaire et souhaitable que les révolutionnaires relancent une campagne politique publique sur les mêmes thèmes. Et si possible qu’ils mènent cette campagne ensemble.
Car si le programme de mesures d’urgence a touché de larges couches de travailleurs pendant la campagne électorale, il faudrait que les mêmes, du moins une bonne partie, sachent que l’extrême gauche continue à défendre de telles perspectives au-delà des élections. Evidemment, nous ne disposons plus des moyens officiels d’une campagne électorale. Mais nous pouvons néanmoins nous donner les moyens d’une véritable campagne politique : campagne d’affiches, de tracts, de communiqués et meetings communs sur les mêmes thèmes.
Dans le contexte actuel, non seulement un certain nombre de salariés pourraient être réceptifs à l’idée d’une généralisation des mouvements, mais ils pourraient ensuite la reprendre à leur compte.
Les organisations d’extrême gauche qui le souhaitent peuvent donc jouer un rôle actif dans ce sens. Elles peuvent faire tout leur possible pour mener une campagne active en faveur d’un mouvement d’ensemble, en exprimant les revendications et les objectifs communs à tous les travailleurs, objectifs communs sur lesquels les différents mouvements pourraient converger.

C’est donc le moment de repartir en campagne. C’est le moment, tant que les organisations syndicales n’ont pas épuisé la combativité ouvrière en multipliant jusqu’à plus soif les journées sans lendemain, et que la perspective d’un mouvement d’ensemble reste entière.
Il ne s’agirait peut-être encore que d’une campagne propagandiste mais qui populariserait toutes les revendications permettant d’établir un pont entre les différentes catégories de travailleurs :

 l’interdiction des licenciements,

 l’embauche massive dans les services publics (financée par la suppression des subventions au patronat),

 l’augmentation générale des salaires (300 euros minimum d’augmentation mensuelle pour tous), des allocations et minima sociaux et leur indexation sur la hausse réelle des prix,

 la défense des régimes de retraite par répartition et le retour aux 37 ans et demi pour tous,

 l’embauche de tous les précaires qui le veulent,

 la régularisation des sans-papiers,

 les 35 heures avec embauches compensatoires, sans flexibilité ni perte de salaire,

 l’interdiction de la privatisation des services publics.

Les groupes d’extrême gauche, à commencer par LO et la LCR, devraient pouvoir s’entendre sur le contenu d’un tel programme d’urgence actualisé, et disposent des moyens militants de mener une telle campagne à l’échelle nationale. Même s’il a été tempéré par les maigres résultats des législatives, l’effet du score additionné de plus de 10 % des trois organisations trotskistes en lice à la présidentielle n’a pas été effacé, ce qui veut dire que les travailleurs et les militants y prêteront attention, surtout si la campagne répond à leurs préoccupations et aspirations. De plus, la récente campagne électorale s’est traduite par une petite progression des sympathies au sein de la population. La LCR affirme ainsi avoir attiré des centaines de nouveaux sympathisants et pouvoir s’implanter dans de nouvelles villes (Inprecor, juillet 2002). Lutte Ouvrière, dans le même ordre de grandeur, a aussi gagné de nouveaux contacts à l’échelle nationale, y compris dans de nouvelles villes.

De nouveaux sympathisants, de nouvelles recrues, des relais dans des localités où l’extrême gauche était absente jusque-là : cette base élargie, au niveau national de surcroît, devrait faciliter l’impact d’une telle campagne politique. Les révolutionnaires devraient dès maintenant mettre le capital de sympathie gagné au travers des élections et le petit élargissement organisationnel qui semble cette fois-ci avoir suivi, au service de la propagande active pour une lutte d’ensemble des travailleurs.

L’occasion de renforcer ses liens avec les autres militants ouvriers
Une telle campagne politique pourrait également permettre de se lier à de nouveaux travailleurs, en particulier aux jeunes ouvriers qui regardent vers l’extrême gauche depuis son apparition électorale, mais sans avoir encore franchi le pas militant. Elle viserait également à s’adresser plus spécifiquement aux milieux militants de la classe ouvrière (militants syndicaux de toutes étiquettes, sympathisants, militants ou ex-militants du PC...), et ce serait un premier pas pour se lier à eux plus largement sur une base commune : la préparation d’une contre-offensive d’ensemble.

Une telle campagne en faveur du mouvement d’ensemble aurait-elle peu de chance de dépasser le simple stade propagandiste, tant que l’extrême gauche n’aurait pas établi plus largement qu’actuellement des liens de confiance avec les militants de la classe ouvrière de toutes tendances ? Peut-être. Mais justement, cette campagne serait aussi un pas dans cette direction. Elle peut contribuer à établir de tels liens et préparer les conditions ultérieures d’une véritable politique de front uni. D’autant que les révolutionnaires ont marqué des points auprès d’une fraction des militants ouvriers lors de la récente campagne électorale. Le fait que le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot, ait été chaleureusement accueilli à la dernière fête de l’Humanité par une partie du milieu du PCF, militants et sympathisants, témoigne que la sympathie que ces derniers portent à l’extrême gauche (qui s’est traduite dans les scores du premier tour des présidentielles) est encore intacte. Et il est probable qu’Arlette Laguiller aurait recueilli les mêmes témoignages de sympathie (même s’ils n’auraient pas forcément été exprimés par les mêmes militants). Cela signifie que les révolutionnaires ne sont pas en mauvaise position pour convaincre toute une partie des milieux militants de la classe ouvrière de la nécessité d’un programme de revendications et de mobilisation d’ensemble. Reste à savoir si les organisations d’extrême gauche ont cette préoccupation, et la volonté de mener une politique dans ce sens.

Pour ce qui est de notre organisation, Arlette Laguiller observait à juste titre le 4 octobre dernier que des milliers de militants et sympathisants du PCF continuent, malgré les trahisons successives de leur parti, à militer : au niveau syndical, associatif, dans les milieux ouvriers, chômeurs et populaires. Elle appelait ces militants à " déborder le cadre de la politique que propose le Parti Communiste". Mais, pratiquement, que propose notre organisation à ces militants pour déborder ce cadre ? Si nous ne leur faisons aucune proposition, autant dire qu’on les laisse livrés à eux-mêmes. S’adresser à eux, ce serait leur proposer, à eux et à leur parti, de se battre ensemble sur des objectifs communs aux travailleurs, sur ce programme de revendications et de mobilisation d’ensemble, quel que soit son intitulé, dont Arlette Laguiller parle par ailleurs. En revanche ne faire aucune proposition ne pourrait qu’aboutir à faire douter de notre volonté de mettre notre politique à l’unisson de nos discours.
Quant à la Ligue Communiste Révolutionnaire, elle semble attentive à la crise des organisations de gauche, et en particulier à celle du PCF. Et face à ce qu’elle appelle " l’ouverture d’un espace à gauche", elle se donne même un air plus offensif que Lutte Ouvrière. Mais l’attitude offensive ne suffit pas, encore faut-il savoir pour quels objectifs.
Front uni, ou front populaire ? Les chausse-trappes de l’ambiguïté
La LCR a appelé en cette rentrée à des forums de rencontre et de discussion dont l’objectif essentiel serait de " réaliser les convergences entre des militants qui aspirent à changer la gauche... pour changer le monde " (Rouge, 19/09/02). Dans sa démarche, la LCR ne s’adresse donc pas prioritairement aux militants ouvriers, et quand bien même de tels militants se retrouveraient à ce genre de forums, la discussion sur un mouvement d’ensemble des travailleurs (dont elle fait également mention) serait donc noyée dans d’autres considérations, celles de ceux qui voudraient construire " une vraie gauche" ou " un parti anti-capitaliste, féministe, écologiste, internationaliste". L’objectif de ces rencontres reste donc volontairement ambigü. Soit il s’agit de construire la Ligue (faute d’autres interlocuteurs... ) en réunissant ses nouveaux sympathisants. Mais alors, pourquoi édulcorer le programme et ne parler que de " vraie gauche " ou de " parti anti-capitaliste ", et pas de parti communiste révolutionnaire ? Soit il s’agit de séduire différents types de refondateurs au sein du PC ou de politiciens du PS en mal de " pôle de radicalité " en rassemblant tout le monde autour de la perspective d’une " vraie gauche ". Mais cette fois on est très loin de perspectives de lutte de classe. Et le " Front unitaire " pour les luttes dont parle Olivier Besancenot fait dès lors plutôt penser à un ersatz de Front populaire en vue d’un programme... électoral sinon gouvernemental ! Car à quoi rime aujourd’hui cette insistance de la LCR, dans des déclarations d’Alain Krivine (fête de l’Humanité) ou d’Olivier Besancenot (tribune dans Le Monde du 26 septembre) à se référer à la possibilité d’un " gouvernement de rupture avec le capitalisme ", au fait que les révolutionnaires savent eux aussi " prendre leurs responsabilités ", sans qu’il y soit question de renversement du capitalisme, de révolution sociale, en invoquant même parfois l’expérience de " démocratie participative " de Porto Alegre ? Cultiver à ce point le flou et l’ambiguïté vise peut-être à rallier tous les tenants de la " vraie gauche ", ceux qui se veulent " 100 % à gauche ", mais certainement pas à affirmer son identité communiste révolutionnaire ni même à proposer un quelconque ralliement autour d’un programme de mobilisation et de lutte pour l’ensemble des travailleurs.

La "vraie gauche" ? Parlons-en.

Il est vrai, pour reprendre les termes employés par la LCR qu’un " espace politique s’est ouvert à gauche ", sur la base de l’échec et du discrédit de la gauche. Le problème, c’est de savoir si les révolutionnaires vont tout faire pour que cet espace soit occupé par un pôle des communistes révolutionnaires, ou s’ils vont contribuer à la constitution d’une " gauche de la gauche ", autrement dit à la énième entreprise de recyclage des débris de la gauche gouvernementale.
Bien sûr, il est nécessaire dans le contexte actuel de s’adresser politiquement aux militants de gauche déçus, en particulier aux militants du PCF. Quand on lit dans Inprecor (juillet 2002) : " La phase de crise du PC exige une série d’initiatives spécifiques de la Ligue", on peut approuver cette préoccupation d’entamer une démarche vis-à-vis du PCF. Mais cette démarche, la LCR la fait de la mauvaise manière. Au lieu de gagner les militants de gauche à une perspective de luttes sociales, elle tente de les raccrocher à leurs illusions passées. " Ne pas abandonner des secteurs populaires pour qui les combats d’une vraie gauche gardent un sens, voilà la signification de la référence 100 % à gauche" lit-on plus loin.

Mais que sont les " combats d’une vraie gauche" ? Le rôle des directions de gauche a toujours été d’abuser de la confiance des travailleurs pour mener une politique en faveur de la bourgeoisie. La gauche au pouvoir ces cinq dernières années l’a encore montré. Depuis des décennies, aussi loin qu’on remonte dans l’histoire bourgeoise de ce pays, où est donc " la vraie gauche " ? Celle de 1848 qui a livré les ouvriers désarmés à la répression ? Celle des socialistes de 1914 qui se sont joints à l’Union sacrée ? Celle de la guerre d’Algérie et des guerres coloniales ? Celle qui avec Mitterrand a couvert le génocide du Rwanda ? Et ce ne sont que quelques exemples. Si des " secteurs populaires " peuvent encore avoir des illusions sur la gauche, les révolutionnaires devraient bien se garder de les entretenir.

Sans compter qu’entretenir des ambiguïtés par rapport à une " vraie gauche " ne peut que susciter la méfiance d’une large partie des travailleurs qui aujourd’hui s’en est détournée, parfois même pour lorgner vers l’extrême droite. Mais ces travailleurs-là ne se sont pas forcément détournés de la lutte sociale, et c’est sur ce terrain-là principalement qu’on peut s’adresser à eux. C’est sur ce terrain qu’on pourra les ravir à l’influence du Front National, pas en essayant de propager le mythe d’une " vraie gauche " qui pourrait tout au plus contribuer à discréditer à leur tour les révolutionnaires.

Si demain se produit un mouvement d’ensemble de la classe ouvrière, cette question des perspectives politiques influerait évidemment de manière déterminante sur la politique que mèneraient les révolutionnaires. Quand Olivier Besancenot déclare : " En France, une course de vitesse est engagée avec le Front National pour que les catégories populaires ne se laissent pas abuser par leur pire ennemi. Une course qui sera d’abord gagnée ou perdue sur le terrain social, par la jonction d’une gauche anticapitaliste et de la renaissance d’un puissant mouvement social " (Le Monde, 26/09), on nage en pleine ambiguïté. Car ou bien on défend un plan de lutte et de mobilisation contre n’importe quel gouvernement (qu’il s’agit de proposer également, bien sûr, aux réformistes...), y compris contre un éventuel gouvernement de " la gauche anticapitaliste " (une gauche qui se révélerait bien vite, tout comme celles qui l’ont précédée, beaucoup moins anticapitaliste au gouvernement que dans l’opposition), ou bien il ne s’agit effectivement que d’un futur programme de gouvernement à la rhétorique radicale. Et dans ce deuxième cas, on se dirige à coup sûr vers une trahison des luttes des travailleurs.

Un pôle des révolutionnaires, pas un pôle de "radicalité"

Oui, il y a bien une possibilité pour les révolutionnaires de construire autour d’eux un pôle politique mais sur des bases qui leur sont propres : ni l’électoralisme, ni un bon gouvernement, ni une vraie gauche, mais en défendant une politique qui renforce le camp des travailleurs face à l’offensive patronale et gouvernementale et qui lie entre elles toutes les catégories de travailleurs et toutes les revendications.

Nous ne reviendrons pas sur les raisons qui nous font penser que Lutte Ouvrière aurait dû et devrait toujours proposer la constitution d’un tel front de l’extrême gauche sur cette politique et ces objectifs (cf. nos tribunes dans les numéros de la LDC de mai et juin 2002).
Pour l’heure, cela pourrait passer par une campagne de propagande commune des révolutionnaires sur la nécessité d’une riposte d’ensemble aux mesures Raffarin.

Cela n’empêcherait aucunement la LCR et LO de s’efforcer de regrouper chacune autour d’elle leurs nouveaux sympathisants et militants ni de gagner en influence propre sur l’ensemble du territoire, chacune par ses propres méthodes. En revanche, une telle campagne, surtout menée en commun, offrirait des atouts de différents ordres :
Elle donnerait une suite au succès électoral de l’extrême gauche au premier tour des présidentielles, en faisant la preuve que les révolutionnaires proposent au monde du travail une perspective en dehors des périodes électorales et se donnent les moyens de se faire entendre.

Elle offrirait aux nouveaux militants et sympathisants des deux organisations (et peut-être à d’autres) des objectifs militants directement liés aux intérêts immédiats de la classe ouvrière, tout en leur permettant d’établir des liens avec des militants d’autres obédiences sur des bases de classe parfaitement claires.

Elle établirait de fait un bloc de l’extrême gauche sur un programme de riposte d’ensemble de la classe ouvrière, vis-à-vis duquel les autres courants auraient à se déterminer, et non l’inverse.
Elle assurerait une apparition politique de l’extrême gauche à la fois dénuée d’ambiguïté et de toute frilosité sectaire.

Il ne s’agirait là que d’une campagne commune de propagande, en tout cas pour commencer. Mais qui pourrait déboucher sur une politique commune de front uni adressée au reste du mouvement ouvrier, pour peu que ce faisant, l’intervention de nos forces militantes soit en mesure de vérifier qu’existent bien des possibilités de mobilisation d’une fraction large des travailleurs. Et, quoi qu’il en soit, un telle campagne serait un premier pas vers une nouvelle force politique, occupant à l’extrême gauche, sur des bases politiques de classe, " l’espace politique " laissé par le discrédit de la gauche, PCF compris. Un bon début.

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