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Troisième partie de la discussion sur la crise économique mondiale avec Robin Goodfellow

mercredi 29 octobre 2014, par Robert Paris

Troisième partie de la discussion sur la crise économique mondiale avec Robin Goodfellow

Nous recevons un nouveau courrier du groupe Robin Goodfellow qui peut être lu ici

ou là :

INTRODUCTION

Tout d’abord, nous tenons à dire que, si nous allons polémiquer fraternellement avec nos camarades de Robin Goodfellow comme nous l’avons toujours fait, c’est-à-dire sans diplomatie et sans concession, nous tenons à dire que ce sont parmi les rares qui ont poursuivi leurs discussions avec nous, continuant à développer leurs arguments et cela nous a beaucoup aidé à réfléchir aux nôtres, ce qui est bien plus important que de convaincre l’interlocuteur (cela n’arrive que rarement).

Ceci étant dit, nous sommes cependant étonnés par la démarche politique et militante de Robin Goodfellow qui se veut extrêmement fidèle à Marx et Engels et, à nos yeux, ne l’est nullement. Karl Marx et Friedrich Engels se sont caractérisés par des analyses du fonctionnement du monde, en particulier du capitalisme, et aussi par une démarche particulière dans cette étude, démarche caractérisée par une philosophie que relie entre eux les différents domaines d’étude jusque là séparés (par exemple science et philosophie ou encore économie et histoire de la lutte des classes, ou bien activité théorique et activité militante dans la classe ouvrière) et relie également entre eux les éléments apparemment diamétralement opposés dans la théorie comme dans la pratique. Peut-on suivre les analyses et les défendre en ayant une démarche diamétralement opposée à celle qu’ont eu Marx et Engels, voilà la question que nous voudrions poser en premier à nos camarades de Robin Goodfellow, des camarades qui se sont caractérisés par la volonté de défendre les thèses économiques de Marx, de manière séparées des études philosophiques, alors que Marx ne les séparait pas du reste de l’étude du monde, qui se sont également caractérisés par le fait d’étudier le mécanisme marxiste des crises de manière abstraite, sans étudier concrètement aucune crise, alors que Marx et Engels ont toujours montré que leur analyse abstraite ne les prémunissait pas de la nécessité d’étudier une à une chaque crise particulière, enfin Marx et Engels ont toujours tenu à analyser l’économie de manière dialectique, « Le Capital » de Marx étant une véritable leçon concrète de dialectique, alors que nos camarades de Robin Goodfellow parlent difficilement de dialectique et raisonnent encore moins de manière dialectique. Quant à l’économisme, qui consiste à spécifier l’étude de l’économie et à la placer en dehors du domaine de la domination politique de la société et à placer son caractère spécifique en dehors de toute philosophie, c’est une démarche opposée à celle de Marx, selon nous. De toutes manières, si nous sommes d’accord avec nos amis de Robin Goodfellow que Marx a été souvent trahi par ses épigones, il l’est également par ceux qui défendent religieusement sa pensée car Marx n’a pas cessé de la modifier, appliquant à lui-même ce qui était sa devise : « Tout ce qui vit mérite de mourir. N’est immortel que ce qui est déjà mort. » La religion prétendait à l’immortalité de la doctrine, pas les thèses de Marx ! En employant sans cesse, à propos du marxisme, les terme de « dogme », de « tradition », d’ « orthodoxie », d’ « en rester à la lettre du texte de Marx » (ce sont les propres termes d’un de leurs camarades à notre dernier débat), les RG développent un fondamentalisme de Marx, très éloigné de sa pensée et de sa démarche…

Rappelons à nos amis de Robin Goodfellow que nous écrivions : En rester au texte de Marx, c’est tuer la démarche de Marx

Tout en étant scientifique, le marxisme n’a pas à prévoir l’avenir, pas plus que la théorie de Darwin ne peut pas prévoir quelles seront les espèces nouvelles ni la physique de Newton ou d’Einstein ne peut prédire l’avenir d’une planète du système solaire, ni n’importe quelle théorie physique ne peut prédire en combien de morceau un vase va se casser !

Oui, le marxisme est scientifique mais cela signifie tout autre chose que la capacité de prédire l’avenir

La science provient du fait que la nature et la société obéissent à des lois. Et ces lois sont d’autant plus strictes que l’on se trouve dans une zone critique du développement de ces lois (proche d’un saut qualitatif). Cela ne veut pas dire que la science vise à prédire l’avenir.

Le déterminisme n’est pas la prédictibilité : Lire ici

Quant à la démarche consistant à se centrer sur le texte de Marx, elle n’est nullement marxiste. Le centre de notre attention, c’est la réalité en marche, en changement, la réalité dynamique, sans cesse créatrice de nouveauté. C’est un monde sans matière inerte qui a fabriqué la matière inerte, un monde sans rayonnement libre qui a produit le rayonnement libre, un monde sans vie qui a produit la vie, un monde sans hommes qui a produit l’homme, un monde sans propriété privée qui a produit la propriété privée, un monde sans classe qui a produit les classes et leur lutte, un monde sans Etat qui a produit l’Etat, un monde de l’investissement productif rentable qui a fini, ayant atteint ses limites, de ne plus voir de rentabilité suffisante à l’investissement productif.

La démarche de Marx n’est pas celle qui examine en soi la productivité du travail, critère purement positif et sans contradiction, mais qui relie le progrès de la productivité à la destruction que représentent la propriété privée, les classes et l’Etat.

Il n’est nullement étonnant que des camarades qui ne voient pas de contradiction entre la production et la propriété n’en voient pas non plus entre la production privée et la production par des organismes publics.

Karl Marx écrit, dans "La sainte famille" : « L’économie politique qui tient les rapports de propriété privée pour des rapports humains et rationnels se trouve en contradiction permanente avec son hypothèse de base : la propriété privée. »

L’économie capitaliste est dialectique au sens que la valeur des marchandises, la valeur de la force de travail, la plus value, le profit, le taux de profit n’étaient pas des données numériques fixes mais étaient issues d’un combat entre des forces opposés, remettant sans cesse en cause sa valeur dans un sens ou dans l’autre, avec pour résultat la construction ou la destruction d’immenses richesses matérielles.

La démarche « économique » est toujours dialectique : Le Capital est un ouvrage hégélien !

Ainsi, nous écrivions :

La dialectique de l’économie capitaliste, telle que l’a exposée Karl Marx dans « La Critique de l’Economie Politique »

Pourquoi Marx estimait la dialectique indispensable pour comprendre l’économie ?

Pour notre part, nous estimons que l’ouvrage clef de Marx « Le Capital » est du début à la fin une dialectique du capitalisme, c’est-à-dire fondamentalement un ouvrage de philosophie. Et qui n’a pas compris cette philosophie n’a pas vraiment lu « Le Capital » !

Nous sommes en cela d’accord avec Lénine qui écrivait que « on ne peut comprendre « Le Capital » sans avoir lu la Logique de Hegel ».

Mais nous n’avons pas eu besoin de Lénine pour le penser. Marx lui-même nous a donné la clef :

Karl Marx écrit, dans sa lettre du 14 janvier 1858 par laquelle il rend compte de son travail préparatoire à la rédaction du « Capital » : « Dans la méthode d’élaboration du sujet, quelque chose m’a rendu grand service. J’avais refeuilleté, et pas par hasard, la « Logique » de Hegel. »

Marx écrit ainsi : « Le capital est une contradiction en procès. »

Voici, par exemple, un extrait du Capital de Marx :

« L’appropriation capitaliste, conforme au mode de production capitaliste, constitue la première négation de cette propriété privée qui n’est que le corollaire du travail indépendant et individuel. Mais la production capitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature. C’est la négation de la négation. Elle rétablit non la propriété privée du travailleur, mais sa propriété individuelle, fondée sur les acquêts de, l’ère capitaliste, sur la coopération et la possession commune de tous les moyens de production, y compris le sol. » Livre premier - Tendance historique de l’accumulation capitaliste

EST-CE QUE NOUS NE COMPRENONS PAS LES ROBIN GOODFELLOW ?

Nous avons répondu aux critiques des Robin Goodfellow sur nos analyses de la crise actuelle. Ils nous ont alors répliqué que leurs critiques de nos thèses n’étaient pas une analyse de la crise actuelle ! Cela signifie qu’ils savent ce que la crise actuelle n’est pas (la mort du capitalisme) mais ne sauraient pas ce qu’elle est ?!!!

N’écrivaient-ils pas :

« Pour ce qui est de l’analyse générale des crises qui secouent périodiquement la production capitaliste, nous avons, depuis les premiers numéros de Communisme ou Civilisation à la fin des années 1970, consacré des dizaines de pages à la restauration de la théorie des crises de Marx. Là encore, nous n’avons pas traité des crises particulières, sinon à titre d’illustration. »

S’ils n’ont pas étudié la crise actuelle, cela n’empêche pas les Robin Goodfellow de débuter leur dernier texte par une affirmation présentée comme quelque chose avec lequel chacun devrait tomber d’accord : « Comme l’affirme le marxisme, la crise de 2007-2009 a été une crise générale de surproduction, la plus grave depuis l’après-guerre et dont les effets sont loin d’être résorbés ».

Pourtant Robin Goodfellow affirme en même temps ne pas avoir analysé la crise actuelle : « Nous ne nous sommes exprimés que de manière très indirecte sur la crise de 2007-2009 et ses conséquences. »

Mais comment peuvent-ils affirmer alors que c’est une classique crise de surproduction, en s’exprimant de manière très indirecte ? Ne faut-il pas étudier de manière directe la crise actuelle pour se permettre d’affirmer cela ?

Mais le fait de ne pas avoir analysé la crise actuelle ne les empêche pas de savoir que notre analyse serait fausse, partiale, obsessionnelle, et on en passe des noms d’oiseaux… Et d’ironiser sur « Une hypothétique « « crise » générale du monde » que poursuit inlassablement Matière et révolution ».

Curieux de connaître les réponses tout en affirmant qu’on n’a pas étudié le sujet !!!

Eh bien, c’est beaucoup plus compréhensible si on relit la phrase : « comme l’affirme le marxisme, la crise de 2007-2008 a été… » !!! Quel marxisme affirme cela ? Celui de Marx ou celui des épigones de Robin Goodfellow ? Bien sûr les RG pensent que c’est celui de Marx. Cela veut dire que Marx parle directement sur la crise de 2007-2008, sans avoir besoin que les RG étudient particulièrement cette crise. Ils savent déjà que Marx avait raison en 2007-2008 !!! Sur un sujet sur lequel il ne risquait pas d’avoir parlé !!! Pour notre part, nous estimons que Marx avait assez de travail à étudier les crises de son époque pour que l’on prétende qu’il aurait, à notre place, étudié des crises qui se produiraient après sa mort…

Robin Goodfellow considère avoir agi dans la ligne droite de Marx en étudiant le cas concret d’une entreprise individuelle :

« Les partisans de la théorie marxiste, font rarement cet effort de chercher des exemples concrets, contrairement à Marx lui-même qui passe constamment, dans le livre I du Capital, d’un niveau conceptuel à des illustrations concrètes en exploitant des sources telles que la presse de l’époque ou les rapports des inspecteurs de fabrique, sans compter l’expérience précieuse du capitaliste Engels ! »

Cependant, aucune des études de Marx dans le Capital ne se contente, pour étudier une crise économique, de prendre comme exemple la faillite d’une seule entreprise ! Donc les suiveurs de Marx ne suivent que son ombre…

L’entreprise individuelle est cependant présentée par vous comme « une de ces unités économiques qui constituent les cellules de base de la production capitaliste ».

Robin Goodfellow écrit que le texte « Crise du capital, crise de l’entreprise », « vise à illustrer à partir d’une conception marxiste des crises propres au mode de production capitaliste comment celles-ci se manifestent concrètement dans la vie réelle, au sein d’une de ces unités économiques qui constituent les cellules de base de la production capitaliste (encore n’avons-nous pris qu’un exemple – l’information concrète n’est pas si aisée à collecter – dont nous essayons de tirer le maximum d’enseignements généraux). »

Alors pourquoi Robin Goodfellow prétend que ce serait « une obsession de Matière et révolution de nous faire dire autre chose que ce que nous disons », en affirmant que Robin Goodfellow voudrait relier la crise d’une PME à la crise générale du capital ? Des « enseignements généraux sur les crises » ne seraient pas liés à la crise générale du capitalisme ? Le titre de cette brochure, lui-même, ne mentionne-t-il pas : « Crise du capital, crise de l’entreprise ». Est-ce bien le titre donné par Robin Goodfellow ou inventé par nous ? Est-ce nous qui prétendons que Robin Goodfellow met en relation la faillite (pas la crise) d’une PME avec la crise du système ?

Et ne nous disent-ils pas que cet écrit « n’avait pas d’autre but que d’en tirer un maximum d’enseignements généraux en relation avec la théorie des crises. » Relier la crise d’une PME à la théorie des crises (on suppose qu’ils veulent dire la théorie marxiste qui n’étudie absolument pas une entreprise prise isolément !)…

ET QUELLES CRITIQUES SUR LES THÈSES DE MATIÈRE ET RÉVOLUTION ?

Première critique

Tout d’abord, une critique toute simple, nous aurions lancé une affirmation sans l’étayer nullement : « On ne devrait donc pas s’étonner que nous demandions à « Matière et révolution » de nous fournir des éléments circonstanciés, des statistiques, des faits tangibles à l’appui de leur thèse quant à la mort du capitalisme. Faute de réponse, nous avons commencé à chercher par nous-mêmes. »
Nous n’avons rien répondu aux questions de Robin Goodfellow ?

Au lecteur de se faire une opinion :

Première partie de la discussion avec Robin Goodfellow

Deuxième partie de la discussion avec Robin Goodfellow

Nous n’avons jamais étayé nos affirmations sur la « mort du capitalisme ?

Il suffit pour les connaître de lire :

Pourquoi le capitalisme s’autodétruit de manière irrémédiable et pourquoi il est inutile de chercher à le réformer

La situation actuelle du capitalisme, est-ce une crise classique ou quoi d’autre ?

Pourquoi parler de crise du capitalisme est insuffisant et peut être trompeur pour caractériser la situation actuelle ?

Et bien d’autres écrits de Matière et Révolution

Deuxième critique

Selon les Robin Goodfellow, notre affirmation sur la crise actuelle (la mort du capitalisme en tant que système) commet un crime de lèse-majesté : Marx ne l’avait pas prévue, paraît-il !

Ils écrivent ainsi : « Une telle affirmation (pour une part auto-légitimée), si elle est exacte, est lourde de conséquences et pose bien des questions scientifiques. Ce schéma d’évolution du mode de production capitaliste n’a pas été prévu par Marx. »

Serait-ce suffisant pour invalider une évolution ? Est-ce que Marx a prévu toutes les étapes depuis l’impérialisme ? Est-ce qu’il devait tout prévoir, même la bomba atomique ? Doit-on attendre d’une théorie scientifique qu’elle prévoie l’avenir ou qu’elle étudie la signification du présent relativement au passé ?

Cependant, est-il exact que Marx n’avait jamais envisagé de crise de suraccumulation ? Nous nous sommes posés la question : voir ici

Dans « Le capitalisme peut-il s’effondrer de lui-même définitivement ? » (voir ici), nous rappelions le propos de Marx : " Le capitalisme ne sera jamais aussi vulnérable que quand il atteindra son apogée."

Marx et Engels disaient-il que le capitalisme ne pouvait pas se détruire lui-même ? Nous nous sommes également posés la question : voir ici

Certes, seule la révolution prolétarienne peut produire le socialisme mais elle n’est pas la cause de la chute du capitalisme. Ce sont les contradictions internes qui sont la cause et ces contradictions peuvent mener à la barbarie. Ce n’est pas nouveau, nous disent les Robin Goodfellow. Effectivement, cela n’est pas nouveau. Mais ce qui l’est, c’est de raisonner comme si les conditions objectives de la révolution (la crise du capitalisme) devait nécessairement mener au socialisme ou, si la révolution échouait, devait nous ramener au capitalisme. Il n’y a pas de linéarité de l’Histoire et l’on peut très bien retomber dans une féodalisme ou un esclavagisme ou une autre sorte, nouvelle, de barbarie.

Là encore rien de neuf, nous disent les Robin Goodfellow. Sauf que jusqu’à présent les crises permettaient de résoudre momentanément les contradictions, en supprimant toute une partie de l’économie qui ne fonctionnait plus, en fermant des quantités d’usines, de banques, de commerces, etc…

Nous aimerions bien que les Robin Goodfellow reconnaissent au moins un point : les crises « classiques » ont toujours procédé ainsi et détruit des quantités d’entreprises industrielles, commerciales et bancaires. Dans toutes les crises, du vivant de Marx comme après. Si cette crise est une crise comme les autres, comme le pensent les Robin Goodfellow, qu’ils nous expliquent pourquoi, au lieu de laisser les « canards boiteux » couler comme dans toutes les autres crises économiques, les Etats et les banques centrales sont prêts à tous les sacrifices financiers pour les sauver...

Troisième critique : nous ne comprenons rien au capitalisme !

Et Robin Goodfellow nous cite : « Ce système n’a jamais eu comme but la production de marchandises mais l’accroissement du capital tiré du travail humain, la plus-value en somme et il vise l’accroissement non de la masse produite mais de la plus-value relative, en rapport au capital investi et le réinvestissement des profits, c’est-à-dire l’accumulation du capital privé. » (Robert Paris, Réponse à Robin Goodfellow sur la signification de la crise actuelle du système capitaliste, juin 2014).

Et RG rajoute : « Ici aussi, si le début de la phrase nous vise, ce n’est que pure affabulation. Pour nous, comme pour Marx, le but de la production capitaliste est de produire un maximum de plus-value. Les modalités de production de ce maximum12 de plus-value passent par le développement de la productivité, de l’intensité, de la durée, de la quantité, de la qualification et de la qualité (simple/complexe) du travail. Nonobstant les modifications éventuelles dans les éléments qui déterminent la valeur de la force de travail, il ne s’agit donc pas uniquement de plus-value relative. »

Selon RG, le fait que le capital public supplée, dans la crise de 2007-2008 et depuis, au capital privé n’est pas à prendre en considération : « Bien que le marxisme ne soit absolument pas indifférent aux formes de propriété et au processus de concentration et de centralisation du capital, ce qui caractérise le mode de production capitaliste est que l’argent y est avancé comme capital, c’est-à-dire que dans la perspective de produire un maximum de plus-value, il salarie la force de travail. Dès lors, que le propriétaire du capital soit l’Etat, d’autres entreprises publiques, des personnes physiques actionnaires, des fonds de pensions qui gèrent les retraites de salariés ou d’autres personnes morales, un capitaliste individuel, ne change rien au rapport fondamental entre le capital et le travail. »

Robin Goodfellow donne d’autres explications qui sont censées prouver notre incompréhension du capitalisme :

1°) « Ceci dit, si « Matière et révolution » s’imagine qu’il est possible d’accroître la production de plus-value relative sans augmenter la masse des marchandises produites nous allons au-devant de singularités originales. »

Nous avons seulement dit que le but n’est pas la production de marchandises mais la production de profit et il se trouve justement que l’essentiel du capital privé tire de moins en moins son profit de la plus-value extraite du travail humain et de plus en plus de simples ponctions sur les fonds publics (même si cela ne peut pas durer éternellement…).

2°) « Quant à l’adjectif « privé » ajouté après « accumulation du capital » et qu’on serait bien en peine de trouver chez Marx, il permet de s’inscrire dans la tradition de la pensée révisionniste. »
L’adjectif « privé » se trouve sans cesse chez Marx dans le terme propriété privée et dans sa contradiction fondamentale avec le caractère social de la production et des échanges !!!

Il se trouve également dans toutes les études du fonctionnement du capital :

Par exemple, dans l’étude du crédit :

« Nous devons considérer également que le crédit suppose que les moyens de production - sous forme de capital ou de propriété foncière soient l’objet d’un monopole privé, et que s’il est une forme immanente de la production capitaliste, il est également un des ressorts qui déterminent le mouvement de cette dernière… Ce caractère social du capital n’existe intégralement que lorsque le crédit et la banque sont arrivés à leur plein épanouissement. Alors également ils mettent à la disposition des industriels et des commerçants tout le capital disponible et potentiel de la société, de sorte que ceux qui prêtent l’argent et ceux qui le mettent en œuvre ne sont pas ceux qui en sont les propriétaires et ceux qui l’ont produit. Par là s’efface le caractère privé du capital et se développe le germe qui doit le faire disparaître. La banque enlève aux capitalistes privés et aux usuriers les opérations de répartition du capital et en fait une fonction sociale ; mais aidée du crédit elle devient en même temps un levier puissant pour pousser la production au delà de ses limites et engendrer les crises et la fraude. En substituant des instruments de crédit à la monnaie, la banque montre que cette dernière exprime sous une forme particulière le caractère social du travail et de ses produits, lesquels, par opposition à ce qui se passe dans la production privée, doivent se présenter toujours sous forme de marchandises à côté d’autres marchandises. » Dans « Le Capital » Livre III : Subdivision du profit en intérêt et profit d’entreprise. Le capital productif d’intérêts

3°)RG cite :« Dès lors, que le propriétaire du capital soit l’Etat, d’autres entreprises publiques, des personnes physiques actionnaires, des fonds de pensions qui gèrent les retraites de salariés ou d’autres personnes morales, un capitaliste individuel, ne change rien au rapport fondamental entre le capital et le travail. »Bien sûr, au rapport fondamental du capital et du travail ! Mais que penser du fait que l’Etat puisse agir à contre-rentabilité et le fasse de manière si massive que cela empêche les effets d’une crise ? Que cela ne change rien ?

Les courbes que relève Robin Goodfellow

S’il est un domaine des explications de Robin Goodfellow où l’on peut dire que nous ne comprenons rien, c’est bien les graphiques qui y sont figurés.

La courbe A représente la productivité par tête qui a été multipliée par treize nous disent les Robin Goodfellow mais elle ne donne aucune indication sur les crises du capitalisme qui sont pourtant au cœur de la discussion. Cela sous-entend que ces camarades se seraient attendus, dans le cas d’un défaut (faillite) du capitalisme à une chute de la productivité du travail ? On ne sait pas. Pourquoi considérer cette courbe sans cesse croissante comme une image de la santé du capitalisme qui a connu des hauts et des bas, liés aux crises et aux guerres ? Aucune réponse.

On trouve ensuite la courbe des exportations mondiales : elles plafonnent. Elles ont cessé de croître. Que faut-il en déduire ? Aucune idée sur cette question. Dans le cas de figure évoqué par Matière et révolution (le développement nécrophile), fallait-il s’attendre à une chute des exportations mondiales dans l’immédiat, tant que les banques centrales et les Etats suppléent aux défauts des sociétés privées ? On ne voit pas…

Ensuite, les RG nous présentent des courbes de l’INSEE qui spécifient les résultats nationaux de la France. Est-ce une manière d’étudier une crise mondiale débutée aux USA ? On ne voit pas.

Venons-en à la question de la crise du monde capitaliste et à ses conséquences possibles.

Ce n’est pas une question simple car il ne nous suffit pas des analyses de Marx ou de quiconque pour nous y retrouver. Nous pensons, pour notre part, que c’est une crise du système inédite dans l’Histoire, un peu comme l’équivalent de la chute de l’Empire romain. Les armées islamistes dans ces conditions représentent l’équivalent des attaques des armées dites « barbares » face à l’Empire romain décrépi, corrompu, déliquescent et en chute libre, n’ayant plus aucune confiance dans ses propres forces, détruit de l’intérieur par le fait qu’il avait atteint ses propres limites et n’était plus capable d’aller de l’avant. Bien entendu, comme tous les parallèles historiques, celui-ci a ses limites mais il permet de comprendre qu’un système qui est fini peut perdurer encore quelques dizaines d’années sans plus avoir le moindre ressort, par simple force conservatrice, mais il n’est plus alors que l’ombre de lui-même, sa force motrice n’existant plus (et pas de la faute de ses faux adversaires que seraient les armées barbares). Il ne chute pas non plus du fait des opprimés, les esclaves dans le cas de l’Empire romain. Non, il chute du fait que ses propres capacités économiques, sociales et politiques ont atteint leurs limites et qu’elles ne peuvent plus que s’effondrer. Son succès même, sa richesse, deviennent des facteurs d’effondrement. La raison en est que la technologie peut bien progresser sans limite et que la richesse des capitalistes n’est pas coincée par la taille des coffres-forts mais que la taille des investissements productifs est coincée, elle, par les limites des possibilités d’investir de manière suffisamment rentable aux yeux du grand capital, qui, elle est limitée, malgré tous les efforts de diminuer le coût du Travail, malgré toutes les aides étatiques ou bancaires à l’endettement des particuliers.

Le PIB, nos camarades de RG y tiennent. Malheureusement, il ne mesure que ce qui est mesurable car l’étalon lui-même est faussé par les manipulations financières. On peut totaliser les actifs des sociétés mais leurs bilans sont-ils valables ? Les Etats publient leur PIB comme on publie une pub pour attirer les clients. Faut-il les croire sur parole ? Les RG le croient. Nous remarquerons que les RG, qui tiennent tant à n’employer que des termes employés par Marx, utilisent le terme de PIB national qui n’y figure absolument pas, ni en termes ni dans l’idée générale qu’elle contient.

Avec nos camarades de RG, nous avons droit à tous les détails de chiffres mais pas aux analyses. Tous les détails sur la banque PSA mais ces camarades oublient un détail : que la banque PSA ait réalisé un chiffre d’affaire plus élevé que le trust automobile (tout comme le trust Renault) ou encore que l’argent pour sauver la banque soit six fois plus élevé que l’argent pour sauver le trust automobile. Une autre remarque : nous ne prenions PSA que comme exemple du fait que tous les trusts ont été transformés en banques. Lire ici

On peut également remarqué que RG nous sert fidèlement les explications et justifications de l’Etat et des trusts et nous les ressort naïvement. C’est le cas des « garanties » de l’Etat qui ne devraient pas être considérées comme des dons ou des prêts. Quand une banque chute, comme c’est le cas de PSA, ces « garanties » sont équivalentes à des prêts ou à des investissements publics, que cela plaise ou non à RG… Il ressort des mesures prises par l’Etat français que celui-ci a pris le contrôle de PSA et que ce trust automobile, comme la plupart de ceux du monde dont General Motors et Chrysler, n’est plus un trust privé et que, sans l’Etat, ce trust n’existerait plus depuis longtemps. C’est ce fait que les camarades de RG ne veulent pas voir.

Le parti pris de Robin Goodfellow consiste à ne faire que mesurer des résultats chiffrés globaux et pas d’étudier des interactions entre facteurs contradictoires (résultats de productivité du travail, de production, d’échanges, de profit ou de capital). Cela les mène à refuser d’examiner le fonctionnement contradictoire du capital. Et aussi au refus de voir les points tout à fait nouveaux dans le fonctionnement du capital :

 la production permanente d’une masse considérable de titres nocifs (dites actions pourries) que les Etats se chargent de racheter mais qui reviennent cependant sans cesse. Il s’agit donc d’une tendance lourde du capital privé à investir dans la destruction du système et non dans le développement du secteur productif. C’est ce qui explique que les banques recommencent sans cesse aussi à chuter. Cela explique aussi qu’il soit quasiment impossible de tester réellement l’état d’une entreprise ou d’un banque, la masse de ses titres pourris étant inconnue, y compris d’elle-même (très difficile de savoir lesquels le sont).

 le caractère très particulier de la dernière crise de 2007-2008 : loin de permettre de mettre en faillite les entreprises et les banques qui sont affaiblies et non rentables, la crise n’a donné lieu à aucune faillite de grande banque, de grande assurance ou de trust important, dans aucun pays du monde. Ce n’est pas par des mécanismes économiques que ces établissements ont été sauvés mais par une décision politique qui a été adoptée par des pays très différents de la planète. C’est dire que c’était une décision qui était fondée sur l’intérêt général de la classe dominante pour qu’elle aille des USA à l’Europe et du Japon à la Chine et à la Russie. Il s’agit d’une politique d’intervention massive des fonds publics menée par le gouvernement américain qui était, officiellement, le plus hostile à ce type de politique, celle des Républicains américains au point de laisser la bouche ouverte ses propres dirigeants politiques.

 le caractère particulier de l’intervention des Etats et des banques centrales ne consiste pas seulement dans son caractère inconditionnel et massif (des centaines de milliards de dollars) mais dans son caractère d’investissement à contre-rentabilité. Bien entendu, les camarades de Robin Goodfellow, en supposant que le capital se moque d’être public ou privé et fonctionne toujours de la même manière, devraient alors nous expliquer cette intervention allant exactement à l’encontre de la rentabilité. Expliquer par exemple les sommes colossales dépensées par l’Etat français notamment pour sauver la banque Dexia qui n’a cessé depuis de chuter à nouveau. Il est faux, dans ces conditions, de ne pas spécifier l’action particulière du capital public et de la totaliser avec celle du capital privé car c’est effacer la dynamique réelle : le capital public intervient directement pour sauver le capitalisme alors que l’action du capital privé, agissant toujours dans le même sens, celui du plus grand profit, mène à la chute du système en ne misant que sur des facteurs destructifs (titrisation des dettes publiques et privées, titres pourris, spéculations sur la chute des économies ou des monnaies, etc...).

Le mode d’intervention massive des banques centrales et des Etats aurait d’autant plus dû mettre la puce à l’oreille de nos camarades de Robin Goodfellow car jamais, au grand jamais, au cours des multiples crises du capitalisme que l’histoire a connues, elles n’ont agi en ce sens. Il faudrait nous expliquer pourquoi les fonds publics n’ont jamais servi à empêcher les faillites. Il faudrait nous expliquer ce qui a changé pour convaincre les chefs d’Etat et les chefs des banques centrales d’agir ainsi. Il faudrait nous expliquer pourquoi, alors que nous sommes à sept ans de la crise, les puissances publiques mondiales continuent à déverser ces sommes colossales sur les marchés, les banques, les bourses, les trusts et leur laissant coffre ouvert. Pourquoi n’a-t-on pas sauvé au début des années 2000 les trusts comme les WorldCom, les Enron, les Vivendi Universal, les Pacific Gas ans Electric Company alors qu’on a sauvé les grandes banques en faillite ou encore les Chrysler, les General Motors…

Autrefois et jusqu’au début des années 2000, les crises du capitalisme permettaient à l’économie de faire le ménage en balayant les sociétés qui étaient non rentables.

En 2007-2008, aucune grande banque n’a été simplement amenée à baisser le rideau comme le Creditantaldt Bank en 1929 comme des milliers d’autres banques.

La raison de ce changement est que la crise de 2007-2008, au lieu de désigner comme non rentable quelques entreprises, a désigné la totalité de celles-ci ! Le capital s’est détourné totalement de l’investissement en 2008 ! Les banques ont même totalement refusé d’investir ! Ce n’est pas une croyance ni une obsession de notre part, contrairement à ce que pensent nos amis de Robin Goodfellow mais un simple constat. Nous avions déjà été amenés à étudier des crises économiques et nous n’avions jamais pensé à l’idée d’une « crise finale ». Cela ne fait pas partie de notre culture ni de celle de nos prédécesseurs comme Trotsky. Par contre, s’il y a un a priori, nous le voyons bien plus dans la lecture de Bordiga du marxisme, dans la déception de ces camarades de voir les révolutions sociales échouer durablement, menant à une vision très pessimiste de l’avenir et un espèce d’optimisme des capacités du système d’exploitation qui les rend foncièrement hostiles à admettre que le capitalisme ait pu atteindre ses limites et défaillir du fait même de son succès, du fait même de sa trop grande productivité inassimilable dans le cadre de la propriété privée des moyens de production.

Ce n’est pas une lubie qui nous est propre de constater que les grandes banques, qui ont guichet ouvert auprès de leur banque centrale à des taux défiant toute concurrence, refusent pourtant de faire crédit et d’investir. Ce n’est pas non plus une lubie de Matière et révolution de constater que les banques centrales n’ont toujours pas pu abandonner leurs injections massives de fonds à l’économie qu’elles avaient entrepris depuis 2007-2008. Ce n’est encore pas une lubie propre à nous de constater que la reprise économique n’est pas là. Mais, par contre, nous avons l’originalité de rappeler qu’il n’y a pas eu crise au sens strict du terme, au sens classique du point de vue de Marx, au sens de régulation économique par la faillite de quelques grandes entreprises, ce qui était pourtant l’une des bases fondamentales du capitalisme, ce dernier étant incapable de se réguler au fur et à mesure.

Cela ne signifie nullement une remise en cause fondamentale du point de vue de Marx, bien au contraire. La courbe sans cesse croissante de manière plus accélérée de la production du travail que présentent les RG contre nous ne fait que démontrer que la productivité du travail devait nécessairement entrer en contradiction avec les limites imposées par la propriété privée des moyens de production et des capitaux. Si l’Etat bourgeois continue, seul, à essayer de faire fonctionner la machine pour faire durer la situation, ce n’est nullement pour des raisons économiques mais pour des raisons politiques et de classe, pour détourner, canaliser, empêcher les révolutions sociales qui ne vont pas manquer de découler de la crise mondiale du système. Les injections massives d’argent des Etats et des banques centrales n’ont pas comme effet de relancer l’économie mondiale qui n’a pas pu être purgée par une véritable crise et qui ne le sera pas. Le système est donc bel et bien bloqué dans son fonctionnement classique. Ce n’est pas un changement minime ou de pure forme. C’est un blocage irréversible et qui peut seulement être caché ou retardé. Cela a une importance considérable pour la lutte des classes et en change fondamentalement le sens. Nous ne sommes nullement réticents, contrairement à ce qu’imaginent les RG, à développer nos arguments et à les discuter. Bien au contraire, nous leur sommes reconnaissants de nous critiquer sur nos thèses car c’est ainsi que nous pouvons les approfondir, les développer et les faire connaître. Nous ne considérons nullement que l’on doive nous croire sur parole. La science nécessite la critique publique, sans concession et nous ne pouvons que souligner que les Robin Goodfellow sont parmi les rares à le faire avec sérieux et persévérance, même si nos propos sont loin de les enchanter... Encore merci à eux. Le sérieux et le débat, qui devraient être des qualités générales des études des révolutionnaires sont des qualités fort rares et elles sont cependant indispensables dans cette situation internationale du capitalisme qui est loin de crever les yeux, « visiblement »…

Les camarades de Robin Goodfellow ont raison de dire que la perspective « socialisme ou barbarie » n’est pas nouvelle : les fascismes et guerres impérialistes, mondiales ou non, ont plongé plusieurs fois le monde ou des régions entières dans la barbarie. Mais c’était toujours une barbarie capitaliste car le système avait des perspectives de développement et ne se détruisait pas de lui-même par des investissements nécrophiles. C’est cela qui a changé. Nous n’en convaincrons peut-être pas les Robin Goodfellow mais ils auront au moins eu le mérite d’en discuter ce que ne font aucun des grands groupes d’extrême gauche. Ces derniers se contentent de se dire : assurons-nous de nous développer et on verra bien. Mais on ne verra rien en précédant ainsi : pour voir, la science a besoin d’une certaine démarche et elle n’a rien à « voir » avec la simple vision. Il ne suffit pas de regarder pour « voir » des atomes. Mais il ne suffit pas non plus de regarder pour « voir » la radioactivité des roches ni le chaos déterministe des systèmes non-linéaires dissipatifs. La science nécessite l’étude du réel (pas la seule étude des textes) et la science n’est pas seulement dans les chiffres, dans les courbes, dans les « résultats » économiques. De cela aussi nous espérons convaincre nos camarades de Robin Goodfellow.

Si la productivité du travail ne devait pas être capable de dépasser le cadre étroit de la propriété privée des moyens de production, cela signifierait que le socialisme n’est ni possible, ni nécessaire. Bien sûr, les révolutions sociales n’ont pas attendu 2007-2008 pour être légitimes et valides. Bien des fois, la possibilité du socialisme a été tentée bien avant cet effondrement. Mais ce qui diffère, c’est que la barbarie qui peut sortir de l’actuelle situation ne sera pas capitaliste : ce sera soit le retour en arrière, comme lors de l’effondrement de l’Empire romain comme de nombre de civilisations, soit une avancée historique vers la suppression de la propriété des moyens de production. Désormais, la réussite historique du capitalisme ne peut être que dans le passage des moyens gagnés à un nouveau système social, supérieur. Sinon, on aura une barbarie qui nous ramènera des siècles en arrière. On a constaté bien des fois dans l’Histoire ce type de processus. Quand la bourgeoisie n’est pas parvenue au pouvoir en Chine alors que la situation était mure pour la bourgeoisie, la Chine a reculé de plusieurs siècles.

Nous ne pouvons pas prévoir l’avenir et devons nous contenter d’étudier le passé et le présent, en tentant d’en tirer les leçons. C’est seulement par la négative que la science peut prévoir en affirmant ce qui ne peut pas se produire, en fonction des lois. Nous ne cherchons donc pas à affirmer ce qui va advenir ni quand. Mais ce qui est déjà impossible, c’est que le capitalisme se réforme, se régule, reprenne son cours, la masse des capitaux artificiellement jetés sur les marchés par les Etats et les banques centrales est là pour l’empêcher car, si la crise de 2007 se manifeste par un excédent de capitaux, l’excédent est maintenant plusieurs fois supérieur à cause de cette intervention qui n’était pas faite pour soigner le mal mais seulement pour retarder ses effets.

Nous pouvons savoir déjà que le capitalisme ne peut que se traîner un certain temps, en roue libre, et ne pourra pas faire plus. Nous ne pouvons bien entendu pas savoir ce qui lui suivra mais, dès maintenant nous sommes dans une transition soit vers l’avant soit vers l’arrière mais dans laquelle le maintien d’un capitalisme dynamique est un faux espoir. Nous vivons une transition vers un « autre chose » sans pouvoir dire ce que serait cet autre… L’existence de lois économiques et sociales historiques ne permet de dire ce qui va arriver ensuite. L’histoire des sociétés, comme l’histoire des espèces, l’histoire de la matière dans l’univers, est fondé sur des lois qui donnent des potentialités pour le futur avec des probabilités mais pas de prédiction. C’est déjà beaucoup pour tenter d’agir en êtres humains conscients des enjeux et tenter de le faire dans le sens d’une lutte de classe menant au pouvoir prolétarien et allant vers la suppression de la propriété privée, principal frein de l’évolution de la société humaine.

Messages

  • Je trouve les propos suivants, trop rapides et trop peu développés pour que je puisse me positionner :

    "Les camarades de Robin Goodfellow ont raison de dire que la perspective « socialisme ou barbarie » n’est pas nouvelle : les fascismes et guerres impérialistes, mondiales ou non, ont plongé plusieurs fois le monde ou des régions entières dans la barbarie. Mais c’était toujours une barbarie capitaliste car le système avait des perspectives de développement et ne se détruisait pas de lui-même par des investissements nécrophiles. C’est cela qui a changé."

    Est-ce si sûr que la crise des années 30 n’a pas été vécue et perçue par les dirigeants du monde comme la mort de leur système ? Les dirigeants du monde avaient-ils vraiment comme but la destruction de capitaux dans le

  • Je n’ai pas dit que les dirigeants du monde ne craignaient pas la mort du système dans la crise de 29 ni qu’ils la craignent plus maintenant. Ce n’est pas l’opinion des dirigeants que je cible mais les faits objectifs.Je n’ai pas discuté sur les politiques dans la crise de 29 ou seulement sous l’angle qu’ils ne cherchaient pas à sauver les entreprises en faillite.

    Sur RG et les PME, la brochure discute de la crise au travers de la faillite d’une PME ou en n’en discute pas. Cela change tout le temps. Parfois oui, parfois non. Ce qui fait qu’on ne sait plus de quoi on parle.

    Le "but de destruction du capital" n’a pas de sens : la destruction se produit sur les marchés et les Etats la combattent ou ne la combattent pas.

  • Quand je parle de but de destruction de capital, je veux dire que les investissements massifs dans l’industrie de guerre dans les années 30 ont eu pour but de relancer l’industrie par l’armement, et donc dans la capacité à détruire... n’est-ce pas du capital qui a été détruit dans les bombardements ? tous ces immeubles ou maisons détruits par les bombardements alliers, n’était-ce pas du capital ?

    Le système n’est-il pas précisément en permanence en train de détruire du capital (sous forme d’usines abandonnées tout simplement, de friches industrielles, souvent) pour reconstruire par d’autres moyens de productions d’autres industries ?

  • Que le système détruise lui-même, par son fonctionnement, des capacités productives, des trusts, des banques et du capital (notamment par les crises financières et boursières) c’est une chose. Une volonté des Etats et des gouvernants de détruire sciemment du capital serait tout autre chose et ça n’existe pas, du moins sous cette forme.

  • Il paraît, d’après Robin Goodfellow, que Karl Marx ne distingue pas une accumulation du capital privé…

    Dans « Le Capital », tome I, Karl Marx écrit :

    « Chacun d’entre les capitaux individuels dont le capital se compose représente de prime abord une certaine concentration, entre les mains d’un capitaliste, de moyens de production et de moyens d’entretien du travail, et, à mesure qu’il accumule, cette concentration s’étend. En augmentant les éléments reproductifs de la richesse, l’accumulation opère donc en même temps leur concentration croissante entre les mains d’entrepreneurs privés. Toutefois ce genre de concentration est le corollaire obligé de l’accumulation… »
    C’est nous qui inventons que la recherche du profit à tout prix s’oppose à la recherche de la production ?

    Karl Marx écrit dans Le Capital, tome III :

    « La production capitaliste tend constamment à dépasser les limites qui lui sont immanentes, mais elle n’en triomphe que par des moyens qui lui opposent ces limites à nouveau et sur une échelle encore plus gigantesque. La véritable limite de la production capitaliste, c’est le capital lui-même, autrement dit le fait que le capital et la réalisation de sa valeur apparaissent comme le point de départ et le terme, comme le modèle et le but de la production ; que la production n’est telle que pour le capital, au lieu que les moyens de production soient simplement des moyens pour une intensification toujours croissante du processus vital de la société des producteurs. Les limites en dehors desquelles ne peut s’effectuer la conservation et la réalisation de la valeur du capital, qui reposent sur l’expropriation et l’appauvrissement des larges masses de producteurs, ces limites entrent constamment en conflit avec les méthodes de production que le capital doit employer pour atteindre ses buts, méthodes qui visent à l’accroissement illimité de la production, autrement dit la production pour la production, le développement absolu de la productivité sociale du travail. Le moyen – développement absolu des forces de la productivité sociale – se trouve en conflit permanent avec le but restreint : la mise en valeur du capital existant.

    Si le mode capitaliste de production est un moyen historique pour développer la force productive matérielle et pour créer le marché mondial qui lui correspond, il est en même temps la contradiction permanente entre cette tâche historique qui est sienne et les conditions sociales de la production qui lui correspondent. »

    Engels écrit dans l’Anti-Dühring :

    « Le fait que l’organisation sociale de la production à l’intérieur de la fabrique s’est développée jusqu’au point où elle est devenue incompatible avec l’anarchie de la production dans la société, qui subsiste à côté d’elle et au-dessus d’elle – ce fait est rendu palpable aux capitalistes eux-mêmes par la puissante concentration des capitaux qui s’accomplit pendant les crises moyennant la ruine d’un nombre élevé de grands capitalistes et d’un nombre plus élevé encore de petits capitalistes. »

    Posons la question à nos amis de Robin Goodfellow :

    Comment se fait-il que les grands capitalistes ne se ruinent pas dans la crise qui est la plus grave du capitalisme et qui depuis de 2007 ?

  • Londres, Lisbonne, Paris, Francfort, Milan, Athènes, Madrid… Toutes les bourses européennes sont fortement secouées ce lundi par les incertitudes concernant l’avenir de la Grèce dans la zone Euro et les cours du pétrole qui n’en finissent plus de chuter.

  • La BCE va injecter au moins 1100 milliards pour aider la zone euro...

    Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, a officialisé un programme de rachat massif d’actifs de 60 milliards d’euros par mois de mars 2015 jusqu’à fin septembre 2016 au plus tôt.

    Les achats d’obligations souveraines seront réalisés au prorata de la répartition du capital de la BCE, c’est-à-dire qu’un montant réduit sera consacré au rachat des dettes des plus petits pays comme la Grèce.

    • La Banque centrale europeenne a mis en place une operation analogue en septembre 2014 sous un autre nom (investissements cibles). Une enveloppe de 1000 milliards etait prevue mais seuls 400 milliards ont ete mis a disposition car de cette premiere enveloppe de 400 milliards, les banques n’ont pris que 80 milliards : le prive n’est plus a la recherche de credit pour investir.

      L’ane capitaliste n’a pas soif, on ne peut pas le forcer a boire.

      La diminution de la masse de credit en circulation est sans doute un des meilleurs indicateurs statistiques de la crise de 2008, plus que le PIB.

    • A moins que je ne me trompe il n’est pas juste de dire que « un montant réduit sera consacré au rachat des dettes des plus petits pays comme la Grece ». Le prorata dont il s’agit attribue a chaque Banque centrale nationale un droit d’acheter des dettes proportionnel a sa part dans le capital de la BCE. La Banque centrale francaise a une part elevee dans le capital de la BCE, et pourra donc racheter de nombreux titres de la dette, grecque ou autre aux banques de son choix, en priorite ’ses’ banques Societe Generale, Credit Lyonnais etc. C’est la banque centrale grecque qui ne pourra racheter que tres peu de dette d’etat, grecque ou autre.

  • Nos camarades de Robin Goodfellow affirmaient que les injections de milliards des fonds des banques centrales allaient certainement cesser.

    La Banque centrale européenne (BCE) a racheté pour 9,8 milliards d’euros de dettes en trois, a indiqué, jeudi 12 mars, Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, lors d’un colloque financier à Paris. Il a assuré que la BCE était ainsi « exactement sur la bonne voie » pour atteindre son objectif, à savoir un volume de 60 milliards d’euros par mois dans le cadre de son programme d’assouplissement quantitatif ("quantitative easing" ou "QE"), lancé lundi.

  • qu’est-ce que c’est que ces révolutionnaires qui voient arriver la tempête de la crise du capitalisme avec des airs catastrophés ? Comparer aux lettres qu’échangent Marx et Engels à chaque crise du capitalisme, grave ou profonde. Ils se réjouissent de chaque ébranlement national ou mondial du capitalisme !!!

    Le capitalisme est (historiquement) mort. Ce qui nous incombe, c’est de ne pas laisser la civilisation humaine mourir avec lui ! Et c’est au prolétariat d’abord qu’incombe cette tâche. C’est aussi à la jeune génération de refuser d’être enterrée avant d’avoir profité de la vie !

  • Le gouvernement japonais a annoncé lundi que la production économique du pays a diminué de 0,4 pour cent au deuxième trimestre, soit 1,6 pour cent sur une base annualisée. La consommation privée, l’investissement des entreprises et les exportations nettes ont tous chuté, principalement en raison de la décélération rapide de l’économie chinoise et la stagnation qui se poursuit en Europe et aux États-Unis.

    La contraction de la troisième plus grande économie du monde a porté un coup au programme anti-déflationniste du premier ministre Shinzo Abe. Mais plus profondément, il a exposé l’échec des principaux gouvernements capitalistes à concevoir une véritable reprise en réponse à l’effondrement financier et la récession de 2008 et s’ajoute aux signes d’une crise plus profonde.

    La consommation privée, qui représente environ 60 pour cent du produit intérieur brut du Japon, a diminué de 0,8 pour cent au cours du trimestre et les exportations ont chuté de 4,4 pour cent.

    Ces données lamentables ont montré que l’économie japonaise stagne, au mieux, malgré un vaste programme d’achat d’actifs mené par la Banque du Japon pour les deux dernières années qui injecte des milliers de milliards de yens dans les marchés financiers. En octobre dernier, la banque centrale a accéléré le rythme d’achat d’actifs – ce qui équivaut à imprimer de l’argent – jusqu’à quatre-vingt mille milliards de yens par an.

    La croissance du parasitisme financier a été reflétée dans la réponse du marché boursier japonais aux nouvelles économiques négatives. Dans ce qui est devenu une tendance mondiale, où les grands investisseurs réagissent aux signes de ralentissement continu de l’économie réelle en poussant les actions à des valeurs encore plus hautes dans l’attente de recevoir plus d’argent de la part des banquiers centraux, l’indice Nikkei a augmenté de 0,5 pour cent lundi.

    Le rapport japonais fait suite à une vague de données négatives indiquant un fort ralentissement de la croissance en Chine et à une dévaluation surprise du renminbi (aussi connu comme le yuan) la semaine dernière. La Chine, la deuxième plus grande économie du monde et le principal « moteur de croissance » de l’économie mondiale depuis le krach de 2008, est le plus grand partenaire commercial du Japon.

  • Les camarades de Robin Godfellow nous ayant également posé la question de notre position sur la laïcité française lors de notre dernière assemblée générale ouverte à laquelle ils participaient, nous leur proposons notre article :

    L’Etat français, laïquement hypocrite ou hypocritement laïque ?

  • La Réserve fédérale américaine (Fed) a fait part, mercredi 27 janvier, de sa préoccupation à propos des turbulences financières actuelles et du ralentissement de la croissance mondiale. À l’issue d’une réunion de deux jours de son Comité de politique monétaire, la banque centrale a laissé ses taux directeurs inchangés. Malgré un discours un peu plus pessimiste que celui adopté en décembre, lors de la précédente réunion, la Fed continue toutefois de prévoir un relèvement « graduel » de ses taux au cours des prochains mois.

    Après avoir relevé les taux directeurs pour la première fois en neuf ans, il y a six semaines, la Fed a donc légèrement changé de ton. « La croissance économique [aux États-Unis] a ralenti à la fin de l’année », constate-elle dans son communiqué. Par ailleurs, « Le Comité surveille étroitement l’économie mondiale et les développements financiers et évalue leurs implications sur le marché du travail et l’inflation » aux États-Unis, souligne-t-elle. Un diagnostic qui a fait l’objet d’une unanimité au sein du Comité.

    La Fed semble avoir de plus en plus de difficultés à jauger l’impact sur l’économie américaine de la baisse du pétrole et du ralentissement dans un certain nombre de pays, à commencer par la Chine. Malgré les progrès réalisés sur le marché de l’emploi, la bonne tenue de la consommation et la reprise du marché immobilier, l’économie américaine est menacée de l’extérieur. Les turbulences sur les marchés financiers pourraient être de nature à saper la confiance des ménages et des entreprises, tandis que la montée du dollar commence à miner les exportations.

  • La croissance économique mondiale est « trop faible, depuis trop longtemps ». Dévoilé mardi 12 avril, le nouveau diagnostic du Fonds monétaire international (FMI) est encore plus pessimiste que les précédents. Selon la dernière édition des Perspectives de l’économie mondiale, le PIB mondial ne devrait s’accroître que de 3,1 à 3,2 % en 2016 et de 3,5 % en 2017, un niveau « décevant », selon Maurice Obstfeld, l’économiste en chef de l’institution créée en 1944. La dernière prévision, faite en janvier, tablait plutôt sur une croissance de 3,4 % de la richesse mondiale en 2016.

    Dans un discours prononcé devant le who’s who de la finance mondiale réuni cette semaine à Washington, M. Obstfeld n’a pas caché son inquiétude. « Nos prévisions sont de moins en moins optimistes », a souligné cet universitaire nommé au FMI en septembre 2015, et qui était auparavant conseiller économique du président américain, Barack Obama.

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