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Quand l’armée américaine « en guerre contre le fascisme » organisait aux USA des camps nazis pour prisonniers de guerre allemands…

mercredi 17 décembre 2014, par Robert Paris

Quand l’armée américaine « en guerre contre le fascisme » organisait aux USA des camps nazis pour prisonniers de guerre allemands…

A partir de 1942, 380 000 soldats allemands ont été capturés par les Alliés et furent envoyés aux États-Unis dans des camps de prisonniers. Ces camps étaient dirigés par la hiérarchie militaires allemandes, c’est-à-dire… les nazis !!!

C’est Daniel Costelle qui le rapporte dans « Les prisonniers » :

« Saviez-vous…

Qu’en 1944, 380.000 prisonniers allemands étaient internés aux Etats-Unis

Qu’à l’intérieur des camps, des fanatiques recréèrent l’ordre et la terreur nazis

Qu’être traité décemment par les Américains était considéré par les Allemands comme une preuve de faiblesse

Que les Américains préféraient un camp nazi bien discipliné à un camp de dix mille bons démocrates allemands

Qu’à partir de juillet 1944, le salut hitlérien devint réglementaire dans les camps et que des officiers américains exigeaient que ce salut s’accompagnât du « Heil Hitler » !

Les Américains commencèrent dès le début de la guerre à construire des camps d’internement, destinés en premier lieu aux étrangers – Allemands ou Italiens non encore naturalisés et Japonais émigrés aux USA. Un vaste camp, prévu pour 3000 personnes dès janvier 1942, à Florence, dans l’Arizona. Dix autres camps suivirent, tous aménagés en porlongeant des camps militaires déjà installés. La capacité de ces camps atteignit 100.000 places…

Bien que les États-Unis soient entrés en guerre en décembre 1941, la question du sort des prisonniers de guerre allemands capturés par les Alliés ne se pose réellement pour eux qu’à partir de mai 1943 avec la reddition de l’Afrika Korps, fort encore de 150 000 hommes, au cap Bon en Tunisie. Puis viennent les soldats faits prisonniers en Italie, au rythme de 20 000 par mois. Après le débarquement en Normandie, les chiffres passent à 30 000 par mois. Ils augmentent encore dans les derniers mois de la guerre, alors que le système militaire allemand entre en voie de décomposition.

(...) À la fin de la guerre, les États-Unis détiennent sur leur sol 425 000 prisonniers, parmi lesquels une forte majorité d’Allemands. Le chiffre est considérable, mais doit cependant être relativisé au regard des masses de prisonniers aux mains de l’Armée rouge. Rien que durant la bataille de Berlin, ce sont quelque 500 000 officiers et soldats allemands qui sont faits prisonniers par les Soviétiques. À ces prisonniers, l’arrivée aux États-Unis fait l’effet d’un choc. La distance les en séparant n’était pas seulement celle d’un océan. La propagande de Goebbels avait dressé un véritable mur entre la population allemande et les États-Unis, systématiquement et continuellement dénoncés comme une ploutocratie dont le président était un triste sire aux mains des Juifs.

(...) Comme dans tout camp de prisonniers de guerre, l’organisation interne relève des officiers. En réalité, ces camps sont soumis à l’autorité d’une hiérarchie parallèle qui va jusqu’à s’arroger des pouvoir de justice, une justice expéditive s’entend. En clair, les nazis en prennent le contrôle et y font régner leur loi. Il y a d’abord les doutes qui pèsent sur les conditions dans lesquelles certains prisonniers sont tombés aux mains de l’ennemi. Ont-ils été réellement contraints à la reddition ? Ou bien leur capture dissimule-t-elle une désertion camouflée ? L’augmentation régulière du nombre des prisonniers à mesure de la dégradation de la situation militaire suscite les soupçons des irréductibles. Certains de ces hommes ne cachent d’ailleurs pas leur soulagement, voire tiennent des propos défaitistes. D’autres, comme le lieutenant von Arnim, aide de camp du dernier gouverneur de Paris, sont accusés d’avoir désobéi au Führer. Contrairement aux ordres d’Hitler, Paris n’a pas brûlé. (...).

Reste le cas de ceux qui sont soupçonnés d’avoir livré à l’ennemi des informations dont il a pu ensuite se servir contre les intérêts du Reich, notamment pour cibler des bombardements. Le compte de ces suspects est vite réglé. Des tribunaux secrets, les Kangaroo Courts, prononcent la sentence. On retrouve ensuite les victimes mortes dans des conditions qui ne cherchent même pas à camoufler l’assassinat. Chacun doit savoir ce qui l’attend s’il dévie de la loyauté due au Reich. Ces crimes ne restent pas tous impunis. Dans un camp de l’Oklahoma, l’exécution d’un prisonnier soupçonné d’avoir fourni des renseignements sur le camouflage de Hambourg destiné à tromper les pilotes de bombardiers alliés est suivie de la pendaison de cinq de ses codétenus accusés d’avoir décidé, puis perpétré l’assassinat.

Dans d’autres camps, en revanche, les autorités choisissent de fermer les yeux. Elles vont d’ailleurs souvent très loin dans le souci de ne pas s’immiscer dans les affaires internes des prisonniers. Lors de défilés organisés à l’occasion de fêtes nazies, comme l’anniversaire du Führer ou la commémoration du putsch du 9 novembre 1923, ceux-ci peuvent chanter le Horst Wessel Lied sans que personne ne s’en émeuve. Le tableau devient proprement surréaliste lorsque la Swastika peut flotter au-dessus des camps au su et au vu de tout le monde. Pour éviter la multiplication des meurtres, l’administration américaine finit cependant par décider d’ouvrir des camps où les antinazis pourront trouver refuge. Force est de constater que seule une minorité des prisonniers de guerre allemands opte pour cette solution.

Les autres restent jusqu’au bout sous l’emprise du régime nazi et de son idéologie. C’est dire aussi le peu de succès rencontré par les programmes de rééducation mis en place par les autorités américaines pour les purger de ces miasmes et leur enseigner les vertus de la démocratie. Avec la cessation des hostilités à l’Ouest en mai 1945, les prisonniers de guerre allemands ont fini, au propre comme au figuré, de manger leur pain blanc. Les autorités américaines n’ont plus à redouter des mesures de rétorsion d’un pouvoir qui a disparu. Mais, peut-être plus encore, les prisonniers sont victimes du choc subi par les Américains lorsqu’ils découvrent en avril et en mai 1945 les horreurs des camps de la mort nazis. C’est l’époque où prévaut la thèse de la responsabilité collective. Tous les Allemands, quels qu’ils soient et où qu’ils soient, seraient coupables de ces abominations.

Dès lors doit cesser le traitement somme toute douillet dont les prisonniers avaient bénéficié depuis leur arrivée aux États-Unis. Traduction immédiate de ce nouvel état d’esprit, les rations alimentaires quotidiennes sont amputées de manière drastique. D’un avis unanime, partagé par tous les détenus aussi bien des camps nazis que des camps antinazis, les derniers mois sont très durs. Car le départ approche. Les États-Unis n’ont aucune raison de garder sur leur sol des centaines de milliers de prisonniers. À la différence de leurs alliés européens, ils ne sont pas confrontés à un programme de reconstruction pour lequel ils pourraient être employés. Le transport de centaines de milliers d’hommes mobilisant une logistique lourde, l’opération prend plusieurs mois. Pour la majorité d’entre eux, le départ des États-Unis ne signifie pas le retour immédiat en Allemagne. Beaucoup rejoignent en France les centaines de milliers de prisonniers de guerre allemands occupés à la reconstruction du pays, mais aussi au déminage des anciennes zones de combat, un travail éminemment dangereux où plus de 2 500 d’entre eux laisseront la vie.

L’encadrement des camps militaires pour prisonniers allemands va être réalisée par les premiers prisonniers : les officiers nazis les pires de tous ceux pris par l’armée américaine, ceux de l’encadrement de l’Africa Korps de Rommel, les « Renards du désert ».

Les Américains se sont cachés derrière la Convention de Genève pour mettre en place l’encadrement des troupes incarcérées par leur propre encadrement. Les officiers supérieurs nazis encadraient les officiers et les adjudants-chefs nazis encadraient le reste des troupes…

Hans Werner Richter le rapporte, par la voix de son personnage Gühler, dans son ouvrage « Les Vaincus ». Il était membre du parti communiste allemand et raconte comment nombre de soldats allemands se croyaient enfin libérés de la dictature fasciste, pensaient arriver au pays de la liberté, proclamaient ouvertement leur haine du nazsime dès qu’ils arrivaient sur le sol américain. Mais ils se retrouvaient entre les mains d’un encadrement fasciste qui avait vite fait de leur faire payer ce geste, souvent de la torture et parfois de la vie.

Pour les soldats allemands du printemps 1944, vaicus, démoralisés, épuisés, cette capture par les troupes américaines est plus qu’un soulagement. C’est un véritable cri de joie que Gühler-Richter ne peut s’empêcher de pousser, quand il est bien en sécurité, de l’autre côté des lignes, chez les Américains :

 Nous sommes libres, enfin ! Prisonniers et libres !

 Je ne comprends pas.

 Nous sommes sortis de la machine ! de cette saloperie de machine à tuer !

 Et nous entrons dans une autre.

 Non, dit Gühler. Jamais ! De l’autre côté, nous aurons notre vie personnelle, même derrière les barbelés.

 Tu es optimiste, dit Grundmann....

 Et maintenant, les nazis, on les emmerde, dit Buchwald.

Devant la porte du camp, des officiers américains les comptèrent. L’une derrière l’autre, les colonnes entrèrent. Pressés sur un étroit trottoir bordant la rue, les prisonniers du camp les regardaient passer. Ils portaient tous la même veste et le même chapeau bleu qui, dans l’obscurité, ressemblait à un suroït. Pas un mot de bienvenue, aucune manifestation de joie, pas d’appels, rien.

Un mur.

 Déserteurs !

Le mot résonna aux oreilles de Gühler. Etonné, il regarda les visages hostiles, sans répliquer. Une impression de menace se dégageait de ce bloc silencieux. Ils pressèrent le pas.

 Traïtres ! Déserteurs ! Bandits ! Les injures siffalient.

 Ils sont cinglés ! dit Buchwald, qui marchait à côté de Gühler.

 Tous de l’Afrika Corps, dit Pips, derrière lui…

Ils avançaient, fatigués, courbés, apathiques. A côté des larges silhouettes en veste bleue, ils faisaient figure de mendiants affamés.

 Déserteurs ! Bandits ! Traîtres !

 Bel accueil ! dit Buchwald. Ils sont tous nazis ici…

Le soir même, nous avons fait connaissance avec ce qu’on appelait la Lagergestapo, la gestapo du camp.

Ils entraient. Des cous de taureau, des épaules carrées, des yeux glacés. Leurs manteaux ouverts, leurs poings au fond des poches. A pas lourds, ils avançaient à la file. La terreur planait, Gühler la sentait. La crainte accélérait sa respiration…

Pips les fixait. Ils faisaient cercle maintenant autour de lui.

 Est-ce que c’est vrai que tu as dit que Hitler ne valait pas une charge de poudre ? hurla un des hommes, sa figure à toucher celle de Pips.

La tête penchée, Pips ne répondit pas.

 L’as-tu dit ?

 Non, gémit Pips, non !

 On te frocera bien à dire la vérité !

Il leva le poing, frappa en plein visage Pips qui chancela…

A chaque chute, on le relevait et la correction continuait…

Par terre, à ses pieds, de grosses gouttes de sang séchaient. Il ne bougeait pas. « Un camp de concentration » pensait-il. Exactement, un camp de concentration ».

 C’est à devenir fou, dit-il. Mais ils ne comprennent pas, les Américains. Ils ne comprendront jamais.

Pips, on ne l’a plus jamais revu…

C’était pire que ce que j’avais connu en Allemagne. Je veux dire qu’en Allemagne la terreur vous touchait au moment où vous étiez immédiatement concerné, où elle vous tombait dessus. Autrement on pouvait ne pas la sentir. Dans une ville, on peut toujours se cacher, trouver des amis, il ya des rues, des portes, des fenêtres, on peut toujours s’enfuir. Dans un camp, on ne peut pas s’enfuir. Et la terreur, elle est continuellement présente, dans chaque baraque…

 Vous ne pouviez pas prévenir les autorités du camp ?

 Ça n’aurait servi à rien, à rien d’autre qu’à nous attirer des représailles. Pour les Américains c’était très simple. Tout ça n’avait, au fond, pas une grande d’importance… Ce que les soldats prisonniers font entre eux, la puissance détentrice, elle, n’a pas à s’en mêler, sauf dans le cas d’assassinat, bien entendu. La version officielle pour Pips, par exemple, c’était : « est tombé en jouant au football »… De toutes manières, pour les Américains, nous étions tous des soldats allemands, anti-nazis ou pas…

Le 24 février 1944, le « New York Times » titre « Des démocrates exécutés dans nos priosn par d’autres prisonniers » :

« Baltimore, 23 février (A.P.). Les organisations nazies, gestapo incluse, sont actives dans les camps de prisonniers américains et ont déjà exécuté cinq prisonniers non-conformistes. »

Le 14 mars 1944, le « New York Times » titre « Un prisonnier d’un camp nazi mort par pendaison » :

« Phoenix, Arizona, 13 mars (U.P.). Werner Dreschler, prisonnier de guerre allemand, a été découvert pendu aujourd’hui au camp d’internement de Papago (Arizona) »

Le 18 octobre 1943, le capitaine Felix Tropschuh, 30 ans, en possession de notes montrant clairement sa haine d’Hitler, a été pendu par la gestapo du camp Concordia (Kansas).

Le 4 novembre 1943, le caporal Johann Kunze, qui aurait donné a été battu à mort à coups de matraque et de bouteilles cassées au camp Tonkawa, Okhlahoma.

Le 17 décembre 1943, le caporal Hugo Klaus, pour avoir exprimé des sentiments pro-Américains et s’être montré déloyal envers Hitler a été battu à mort à coups de mattraque au camp Hearne, Texas.

Le 11 janvier 1944, le soldat Franz Kettner, Autrichien opposé aux nazis, a été trouvé mort, les deux poignets coupés au camp Concordia, Kansas.

Le 25 mars 1944, le parachutiste Hans Geller, suspecté de s’être plaint de la gestapo du camp a été battu deux nuits consécutives et en est mort au camp Chaffe, Arkansas.

Le 6 avril 1944, la caporal Horst Günther a été étranglé au camp Gordon, Georgie.

En novembre 1944, dans la revue Atlantic Monthly, le journaliste James Powers s’inquiétait en ces termes :

« Les prisonniers allemands sont encadrs par une police secrète sous la direction d’un prisonnier qui a déjà servi dans la gestapo… Un officier américain en Italie qui se voyait reprocher, le printemps dernier, d’avoir laissé en fonction des fonctionnaires fascistes, répondait : « Nous ne sommes pas ici pour combattre le fascisme. Nous sommes ici pour vaincre l’ennemi. »

Les rapports ultra-secrets de la Prévôté estimaient à au mins une centaine le nombre des exécutions clandestines (à la fin de la guerre, le nombre officiel sera 167) et, bien entendu, le nombre de mutlés, estropiés, battus plus ou moins gravement, défie toute estimation…

Les prisonniers Walter Beyer, Berthold Seidel, Hans Demme, Willy Scholz et Hans Schomer furent jugés au camp Gruber, Okhlahoma, du 17 au 25 janvier 1944, notamment pour l’assassinat du soldat Johann Kunze…. Celui-ci avait été jugé par un tribunal nazi puis battu à poings nus, à coups de matraque et de bouteilles cassées…

Dans un deuxième procès, les prisonniers Erich Gauss et Rudolph Straub furent condamnés à mort pour avoir étranglé Horst Günther au camp Aiken, Caroline du sud. Rappelons que ces deux-là avaient étranglé le soldat Horst Günther parce qu’il était, je cite, « traître à son serment, à son drapeau, à sa patrie »…

Mais ces exécutions, d’ailleurs longuement retardées, ne changeaient pas grand-chose à la situation. Les « Kangaroo Courts » continuent avec leur cortège de terreur, d’humilation et de coups…

Les Américains du camp Sheridans, Illinois, déclaraient : « Dans camp nazi, il y a de l’ordre et de la discipline. Là, au moins, il n’y a pas de problème. »

Le commandant américain du camp Alva, Okhlahoma, exigeait des soldats allemands qu’ils saluent les officiers américains comme ils devaient saluer les officiers allemands du camps, c’est-à-dire par un « Heil Hitler » en claquant les talons !!!!

Le 12 avril 1944, le « New York Tribune » informe du fait qu’au camp de Breckinridge, Kentucky, les prisonniers sont obligés par l’encadrement allemand de chanter le Horst Wessel Lied. Le colonel Payton Wilock interrogé a répondu : « je n’ai pas reconnu les paroles, je ne parle pas l’allemand ».

En 1945, suite à la chute du pouvoir d’Hitler, le colonel G. Warren faisait diffuser à tous les prisonniers de guerre allemands un ordre qui précisait : « Les membres des forces armées allemandes sont déchargées de toutes leurs obligations envers un gouvernement qui n’existe plus. » mais il rajoutait « Vous devez continuer à obéri aux ordrs des personnes placées au-dessu de vous. »

Antifasciste allemand de la première heure, Hans Werner Richter rajoutait : « Je sais maintenant que cela n’a aucune valeur (pour les Américains) d’être un anti-nazi. Les Américains s’en moquent. Pour eux, chaque Allemand doit être nazi. Ils n’ont pas mené une croisade contre une idéologie folle et criminelle, ils ont fait une guerre aux Allemands… Le seul endroit où nous soyons bien traités, c’est encore au travail parce qu’il y a des Noirs. Même ceux qui nous détestent le plus font un effort pour ne pas montrer aux Noirs qu’il peut y avoir des hommes blancs qui aient moins de valeur qu’un Nigger. »

Messages

  • Dans les camps - 511 au total dont 140 principaux à la fin du conflit, d’après l’historien américain Arnold P. Krammer -, les nazis les plus fanatiques reprennent l’initiative et se chargent de faire régner l’ordre et la terreur. Dans chaque site de détention, une Lagergestapo (" gestapo du camp ") se met en place. Sa mission : le contrôle idéologique des prisonniers. Tous ceux qui n’ont pas eu " l’honneur " d’avoir été capturés avec l’Afrika Korps sont tenus pour des déserteurs. De plus, les nouvelles qu’ils rapportent sont de l’intoxication : non, l’armée allemande n’a pas reculé à Stalingrad ; Moscou et Londres sont tombés, c’est certain.

    Des lieux d’internement créés par les Américains, les nazis les plus irréductibles se chargent d’en faire de véritables camps de concentration. Et malheur à ceux de leurs compatriotes qui considèrent que la guerre est finie. Ainsi, le capitaine Félix Tropschuch, 30 ans, qui affiche son hostilité à Hitler, est pendu par la Lagergestapo de Camp Concordia (Kansas), le 18 octobre 1943. Dans le New York Times du 24 février 1944, on lit : " Des "démocrates" exécutés dans nos camps par d’autres prisonniers... Les organisations nazies, gestapo incluse, sont actives dans les camps de prisonniers américains et ont déjà exécuté cinq prisonniers non conformistes. " Des dizaines d’autres de ces " non-conformistes " trouveront la mort. Les Américains n’interviennent pas : toujours selon la Convention de Genève, les prisonniers restent sous les ordres de leurs officiers.

    A la veille du 6 juin 1944, les POW aux Etats-Unis sont 196 948 dont un peu plus de 50 000 Italiens et 569 Japonais. A la fin novembre, on comptabilise très exactement 306 856 prisonniers allemands. Les nouveaux venus, surnommés les " normandistes ", deviennent la cible des Lagergestapo . A partir de juillet 1944, le salut hitlérien accompagné du " Heil Hitler " - jusque-là prohibé - redevient réglementaire.

  • Durant le procès de Nuremberg l’ex-président de la Reichsbank et ministre de l’économie Hjalmar Schacht a proposé, par un juste retour des choses, de mettre sur le banc des accusés ceux qui ont nourri le 3e Reich, ayant mentionné des compagnies américaines General Motors et Ford, ainsi que le gérant de la Banque d’Angleterre Montagu Norman en personne. Les américains se sont empressés de conclure avec lui un accord en lui promettant la liberté contre son silence. Ainsi le Tribunal International militaire a entièrement acquitté Schacht malgré les contestations des juristes soviétiques.

    Le secret de l’aide anglo-saxonne à Hitler, au tout début de sa carrière, a été emporté par deux hommes, le financier suisse Wilhelm Gustloff (ce n’est pas un hasard si le führer a donné son nom, à titre posthume, au plus grand navire de croisière d’Allemagne) et le trésorier de la NSDAP Franz Schwarz. Hjalmar Schacht appelait Gustloff, qui a été tué en 1936 à Davos, en Suisse par un étudiant malingre, « médiateur permanent » entre les corporations anglaises et américaines d’une part, et les nazis d’autre part (d’après certaines données, Gustloff a fait l’intermédiaire de 1925 à 1929). Pour ce qui est du SS-Obergruppenführer Schwartz il mourut d’une mort non moins étrange que Gustloff : le 2 décembre 1947, il devait être libéré du camp de filtration de Ratisbonne, mais le général n’a pas pu sortir. Après le petit déjeuner, il se sentit mal, et mourut une heure et demie plus tard, à la suite de « problèmes d’estomac », comme on l’a noté dans les conclusions de l’expertise médicale. En avril 1945, Schwarz avait brûlé dans la « maison marron » (l’état-major de la NSDAP à Munich) tous les documents bancaires qui auraient pu compromettre les représentants des pays vainqueurs, et pour cette raison, comptait naïvement sur de l’indulgence.

    C’est de la direction de la compagnie Shell qu’Hitler reçut sa première valise de billets.

    Mais en dépit du fait que deux témoins des plus importants se sont tus pour toujours, certains historiens ont réussi à obtenir des preuves du soutien financier anglo-saxon à Hitler et à ses sbires. En particulier, l’Italien Guido Giacomo Preparata, qui s’est consacré à l’étude des liens des nazis avec les cercles d’affaire de Londres et de Washington, pendant près de deux décennies, désigna par leurs noms ceux qui avaient amené les « bruns » au pouvoir : « Qui a financé les nazis dès le début ? D’après une légende ridicule, qui s’est obstinément imposée dans la société, les nazis se finançaient eux-mêmes, en collectant de l’argent à leurs meetings politiques ». Et plus loin, Preparata prouve de façon convaincante : la majeure partie des moyens financiers du parti nazi était d’origine étrangère. Les clans financiers d’outre-Atlantique des Morgan et des Rockefeller promurent à Wall Street des actions de IG Farbenindustrie et de toute une série d’usines chimiques allemandes, à travers la banque Chase National (plus tard la création de Krupp passa sous le contrôle de la Standard Oil de Rockefeller), et à travers la banque Dillon et Reid – Vereinigte Stahlwerke Alfred Thiessen. « En 1933, quand il fut compréhensible avec une incontestable clarté que la compagnie AEG avait financé Hitler, écrit Preparata, 30% des actions appartenaient à son partenaire américain, General Electric. De sorte, suppose l’historien, que « pendant 15 ans, de 1919 à 1933, l’élite anglo-saxonne s’est activement mêlée de la politique allemande, avec l’intention de créer un mouvement obscurantiste qui puisse être utilisé comme pion dans la grande intrigue géopolitique… Ce ne sont pas l’Angleterre et l’Amérique qui ont créé l’hitlérisme, mais ce sont bien elles qui ont créé les conditions dans lesquelles ce phénomène a pu apparaître.

    Et voici ce qu’écrivait un autre spécialiste des flux financiers qui affluaient vers Hitler, l’historien allemand Joachim Fest : « A l’automne 1923, Hitler se rendit à Zürich et en revint, comme on le dit, « avec un coffre bourré de francs suisses et de dollars en coupures ». C’est-à-dire qu’à la veille de la tentative du « putsch de la bière » quelqu’un a fourni au führer une somme importante en liquide ». Ce « quelqu’un », d’après certaines données, ne serait autre que sir Henry Deterding, directeur de la compagnie anglo-hollandaise Shell. Il financera Hitler aussi plus tard, par l’entremise de Wilhelm Gustloff. Fait intéressant, le tribunal de Munich qui a jugé l’affaire des putschistes, a pu seulement prouver que le parti nazi avait reçu 20 000 dollars des industriels de Nuremberg pour organiser l’émeute. Pourtant, les dépenses des partisans d’Hitler ont été estimées à au moins 20 fois plus ! En avril 1924, Hitler fut condamné à cinq ans de prison pour haute trahison, mais il est libéré déjà en décembre, acquiert la villa “Berghof” et lance le journal renouvelé “Völkischer Beobachter ». Avec quel fric, on se le demande ? « A partir de 1924, écrit Joachim Fest, les industriels et les financiers partisans d’Hitler (Thyssen, Vogler, Schroeder et Kirdorf) ont transmis secrètement des sommes significatives aux nazis. De plus, la direction des émeutiers et les fonctionnaires du parti reçurent des salaires en monnaie étrangère ». Il est remarquable que Vogler et Schroeder étaient des hommes d’affaires américains plutôt qu’allemands, ils amassaient leur capital essentiellement au-delà de l’océan. Parmi les sponsors d’Hitler, on trouve d’autres figures controversées, par exemple le chef de l’IG Farben Max Warburg – le frère du directeur de la Federal Reserve Bank de New York Paul Warburg. Ou Carl Bosch, chef de la division allemande de Ford Motor Company. Et comment les industriels allemands auraient-ils pu souhaiter l’arrivée d’Hitler au pouvoir ? En effet, les nationaux-socialistes ne souhaitaient pas moins que les bolcheviks limiter les industriels !

    Ce pour quoi Henry Ford a été récompensé par l’ordre suprême du III° Reich

    Puisque on parle de Ford : en 1931, une journaliste du journal américain Detroit News, arrivant en Allemagne pour prendre une interview auprès d’Adolf Hitler, politicien d’avenir, aperçut avec surprise, au dessus de son bureau, la photo d’une personne qui lui était familière, Henri Ford. « Je le considère comme mon inspirateur », expliqua Hitler. Mais Ford n’était pas seulement l’inspirateur du nazi principal, c’était aussi son généreux mécène. Ford et Hitler s’étaient entendus sur la base de leur antisémitisme commun. Déjà dans les années 20, « papi Ford » avait imprimé et envoyé en Allemagne à ses frais un tirage d’un demi-million du « Protocole des Sages de Sion », et ensuite deux de ses livres, « le Judaïsme mondial » et « l’Activité des Juifs en Amérique ».

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