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La mobilisation internationale contre les gaz de schiste

dimanche 11 janvier 2015, par Robert Paris

Les protestations de villageois roumains, trois jours durant, contre l’exploration du gaz de schiste à Silistea, dans le nord-est du pays, ont eu raison du géant américain de l’énergie Chevron, qui a annoncé, jeudi 17 octobre, la suspension de ses activités.

Cette décision est prise au lendemain d’échauffourées entre gendarmes et protestataires qui bloquaient depuis lundi l’unique voie d’accès au site où Chevron compte forer son premier puits d’exploration en Roumanie.

Le film des émeutes au Canada contre le gaz de schiste

Y compris à Montréal

Et à Ontario

La bataille se déroule y compris aux USA

Toujours aux USA

D’autres révoltes en Angleterre contre le gaz de schiste

En Roumanie aussi la révolte

En Pologne

Et en Ardèche

Dans le Larzac

Au Maghreb

En France, ce n’est pas fini

Non, tout n’est pas réglé en France

Manifestations en France

La suite

Algérie

Des centaines d’étudiants ont manifesté mardi à Tamanrasset, ville distante de 2000 km d’Alger, contre l’exploitation du gaz de schiste. Un mouvement de contestation qui ne fait que prendre de l’ampleur dans le Grand sud algérien.

Avant ces étudiants, des milliers de résidents de plusieurs localités situées dans la région algérienne du Grand sud expriment, par le biais de manifestations, leur ferme opposition à ce type d’exploitation depuis plus d’une semaine.

A en croire certains spécialistes américains, cette partie de l’Algérie regorge de 200 000 milliards de m3 environ de réserves de gaz de schiste. Mais, l’exploitation de cette manne énergétique préoccupe les habitants de la région au plus haut point. Ceux-ci ont carrément sollicité un moratoire sur ce projet d’exploitation et un débat national sur les conséquences environnementales et sanitaires du recours à la fracturation hydraulique.

Cette mobilisation n’est pas fortuite du fait que depuis environ un an, des opposants à l’exploitation du gaz de schiste basés dans le Grand sud algérien font du porte-à-porte pour partager leurs idées. Et, le moins que l’on puisse constater, c’est que cette stratégie a fonctionné. Pour preuve, près de 1500 personnes ont pris part à la première manifestation organisée contre l’exploitation du gaz de schiste le 31 décembre à In Salah, localité située à 1 500 km d’Alger. C’est d’ailleurs à partir de ce rassemblement que les manifestations se sont succédé. Dimanche dernier, 3 000 personnes ont manifesté devant la mairie de la même ville. A présent, le mouvement a gagné les localités de Tamanrasset et El Menea.

Généralement, les habitants du Grand sud algérien sont plutôt favorables aux autorités. Ces manifestations ont donc surpris nombre d’observateurs. En réaction, le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, effectuera mercredi un déplacement dans cette région.

USA

Des Texans se rebellent contre le gaz de schiste

Les habitants de Denton n’ont pas grand-chose à voir avec les démocrates « écolos » de New York et de Californie : ouverts aux affaires, ils votent aux deux tiers républicain et savent tout ce que le Texas doit à l’industrie du pétrole et du gaz. Ils ont pourtant pris une décision historique ce mois-ci, en interdisant l’exploitation de nouveaux puits de gaz de schiste.

C’est la première fois que les groupes énergétiques affrontent une telle rébellion au Texas. La décision a été prise par référendum, à une large majorité (59 %). Le vote est finalement assez conforme à l’état d’esprit qui règne aujourd’hui aux Etats-Unis : les Américains soutiennent le gaz de schiste, mais ils ne sont que 40 % à souhaiter un accroissement de la production, selon un sondage publié ce mois-ci par l’Institut Pew.

Située à une demi-heure au nord de Dallas, Denton n’est pas n’importe quelle ville : c’est ici, en 1998, qu’a été expérimentée pour la première fois la fracturation hydraulique – ce procédé permettant d’extraire du gaz en injectant eau, sable et produits chimiques dans la roche. « Nous sommes évidemment favorables au pétrole et au gaz. C’est l’histoire même de notre ville. Mais nous sommes opposés aux conditions d’exploitation actuelles », explique Adam Briggle, un professeur à l’université du North Texas. Les entreprises énergétiques, au premier rang desquelles Eagle Ridge, ont développé un réseau de puits parmi les plus denses du pays. La ville en compte près de 400, soit l’équivalent de 1 pour 50 habitants. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas remis en cause par le référendum.
« La faute de la ville ! »

« Avant, les exploitants creusaient des puits au milieu de nulle part, à la périphérie de la ville. Maintenant, ils font ça à quelques dizaines de mètres des maisons. Cela ne peut plus durer », explique le conseiller municipal Kevin Roden. « C’est la faute de la ville ! » rétorque Ed Ireland, le représentant des industries pétrolières et gazières de la région de Dallas. « Elle n’aurait pas dû autoriser les habitants à construire des maisons aussi proches des champs de gaz. Nous avions les permis d’exploiter bien avant que les particuliers investissent les lieux », défend-il. La ville a effectivement pêché par insouciance : au début des années 2000, elle a accordé des permis extrêmement généreux aux industries gazières, sans imaginer que la population puisse doubler en vingt ans. Les lotissements ont poussé comme des champignons depuis.

Quels que soient les responsables, les habitants du quartier de Vintage Boulevard font grise mine. Ils se sont acheté de coquettes maisons dans un lotissement baptisé les « Prairies du ruisseau Hillary ». Ils se retrouvent aujourd’hui pris en sandwich entre deux champs de gaz, l’un au nord et l’autre au sud de leur petit jardin. « Quel que soit le sens du vent, ils reçoivent les fumées et le bruit », résume Adam Briggle.

Le pire a eu lieu entre septembre 2013 et février 2014, quand ont été creusés les puits, puis que la roche a été fracturée. A cette époque, les lumières éclairaient le chantier 24 heures sur 24, et une douzaine de camions circulaient jour et nuit pour alimenter le puits en eau, en sable et en produits chimiques. « Le bruit surpasse celui d’une autoroute », explique Adam Briggle. Le calme est revenu depuis. Ou presque : un compresseur ronronne en permanence pour favoriser l’extraction du gaz. Les habitants se plaignent de petits maux, sans qu’il soit possible de prouver s’ils sont liés ou pas aux puits jouxtant leur maison. Ils disent souffrir de maux de tête et de saignements de nez.

L’interdiction de nouveaux puits va-t-elle porter préjudice à la ville ? Pour Kevin Roden, la réponse est non. « La population ne profite pratiquement pas de cette industrie », pense-t-il. Les ingénieurs et ouvriers qui exploitent les puits viennent de Dallas ou Fort Worth et ne restent que quelques semaines, le temps de creuser puis de fracturer les puits. Passée cette période, les puits fonctionnent de manière quasi autonome, et peuvent extraire du gaz pendant une trentaine d’années. L’industrie des mines n’emploie ainsi que 2,5 % de la population locale. Elle verse environ 560.000 dollars de taxes annuelles à la ville. Une somme qui n’est pas anodine, mais qu’elle continuera de payer, quoi qu’il en soit, au titre des puits déjà exploités.

Messages

  • Les opposants aux gaz de schiste décrètent la fermeture des commerces dans toute la wilaya de Tamanrasset à partir de demain lundi, a-t-on appris auprès des protestataires qui ont investi la rue, ce dimanche 11 janvier, à Tamanrasset en signe de solidarité avec les habitants d’In Salah.
    Tout en appelant à « la désobéissance civile », les manifestants demandent aux commerçants de toute la wilaya de baisser rideau du matin jusqu’à 18h pour que « tout le monde prenne conscience de ce qu’endurent les habitants de Tidikelt depuis 12 jours de protestation et de résistance contre l’exploitation des gaz non conventionnels dans le Sud. Les commerçants qui ne respectent pas cette note assumeront leur entière responsabilité, » menacent-ils, dans un communiqué distribué lors de la marche à laquelle ont pris part près de 1000 personnes.
    Les marcheurs, constitués pour la majorité d’entre eux par des étudiants, collégiens et lycéens, ont parcouru plus de 10 km, scandant des slogans appelant particulièrement à « arrêter l’exploitation du gaz de schiste à In Salah ». Sous l’œil vigilant des services de sécurité mobilisés à cet effet, les protestataires ont organisé un sit-in de moins d’une heure à la place publique Ilamen, au centre-ville, avant d’amorcer leur marche à destination du centre universitaire El hadj Moussa Ag Akhamok en passant par le siège de la wilaya et sillonnant les principales artères de la capitale de l’Ahaggar.

  • L’Amérique défavorisée, proie de l’industrie des gaz de schiste :

    Lire ici

  • Un rassemblement à Barjac dans le Gard est organisé ce dimanche en fin de matinée, à l’initiative du collectif ardéchois « Stop Gaz de Schiste ». Les raisons de la colère : une décision de justice rendue fin janvier qui autorise la multinationale Total à reprendre ses recherches de gaz de schiste.

  • Après un premier projet dans le Yorkshire, validé en mai, le gouvernement britannique vient d’autoriser la mise en place d’un nouveau site d’extraction de gaz de schiste sur son territoire, dans le Lancashire cette fois-ci. Alors que les populations et les autorités locales du Lancashire, dans le nord-ouest de l’Angleterre, étaient majoritairement opposées au projet d’extraction de gaz de schiste dans la région, le gouvernement a décidé de donner son feu vert. La société de prospection Cuadrilla sera donc autorisée à pratiquer la fracturation hydraulique afin d’extraire le gaz des sous-sols pour son projet de Preston New Road.

    Le gouvernement avait déjà autorisé un projet d’extraction de gaz de schiste sur le territoire britannique en mai dernier. La société Third Energy pourra donc rechercher du gaz par fracturation hydraulique dans le Yorkshire à partir de cet hiver. Si le projet de Preston New Road pose davantage problème, cela vient de la solution utilisée pour extraire le gaz : la fracturation hydraulique horizontale. Censée permettre d’extraire plus de ressource, elle présente également un plus grand danger d’un point de vue environnemental.

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