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Sur une confusion du Groupe Marxiste Internationaliste (GMI) dans le rôle du centrisme (LO, NPA) dans une Union sacrée

samedi 17 janvier 2015, par Alex

Suite au choc politique provoqué par les attaques terroristes contre les bureaux du journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier, un défilé d’union nationale a été organisé par les partis de gouvernement (PS, PC, UMP, Ecologistes etc) le 11 janvier.

A juste titre des organisations d’extrême-gauche (GMI, LO, le NPA) , tout comme des militants de notre site, ne se sont pas joint à cet appel.

Face à cette situation nouvelle le GMI a lancé un appel contre l’union sacrée à des organisations comme LO et NPA et le PCOF (de dernier est moins connu, mais il fut le relai au travers de ses militants CGT du sale travail de la CGT dans la lutte des sans-papiers de 2008, voire notre brochure sur le mouvement des sans-papiers de Viry Chatillon).

On lit dans l’appel du GMI :

il nous semble indispensable que toutes les organisations ouvrières qui défendent l’internationalisme et l’indépendance de la classe ouvrière prennent une position commune pour :

Condamner les attentats contre le journal anticlérical et l’épicerie casher
Défendre les libertés démocratiques au profit des travailleurs de ce pays et des autres, en particulier contre l’État bourgeois « démocratique »
Rejeter l’union nationale avec la bourgeoisie française qui a toujours recouru au terrorisme contre les pays dominés et son prolétariat.

Une telle position commune aurait un retentissement national, et aussi international, bien au-delà de l’audience habituelle de chacune des organisations et ouvrira la voie de rapprochements pour regrouper l’avant-garde dans un parti ouvrier communiste et international. Seule une perspective de révolution socialiste mondiale peut permettre de combattre et d’éradiquer l’islamisme, ici et surtout ailleurs. GMI, 11 janvier 2015

Le GMI lance des appels réguliers à des organisations et souhaite apparaitre au moyen de son site comme un pôle de rassemblement de l’extrême gauche.

C’est une démarche à saluer, mais la volonté de vouloir signer au moindre rebond de l’actualité des appels communs, avec des groupes qui la veille étaient rejetés dans le camps des ennemis des travailleurs est à mon avis une erreur de méthode. Dans le cas présent le GMI redoute de décrire la réalité : le fait que LO et le NPA sont à leur façon dans l’union sacrée qui se met en place de façon rampante depuis la crise de 2008.

Le GMI appelait en 2013 à « Démasquer le centrisme
et les épigones de feue la 4e Internationale », dont LO et le NPA

On lit dans dans la 1ere plate-forme du GMI (avril 2013), dans le paragraphe « Démasquer le centrisme et les épigones de feue la 4e Internationale »

LO s’intègre de plus en plus à la bureaucratie de la CGT. La direction de LO continue à enfermer
les travailleurs dans la lutte « boîte par boîte », soutient toutes les diversions des
bureaucraties syndicales, combat la grève générale, renvoie aux calendes toute perspective
politique centralisée. LO est entrée dans les fronts populaires municipaux du PCF avec
les débris bourgeois PRG et MRC dès le premier tour des élections locales de 2008.

On ne peut qu’être d’accord avec ce constat, de même qu’avec celui fait à propos du NPA dans le même texte. Mais alors comment est-il devenu possible en janvier 2015 de lancer un appel commun avec ces organisations (LO, NPA). ?!

Bien sûr, c’est la tactique de Front unique qui justifie, rend nécessaire ce genre d’appel. Le Front unique fut appliqué par le parti bolchévick en 1917 (voir l’Histoire de la Révolution Russe de Trotsky, notamment le chapitre consacré au soutien au gouvernement Kerenski, et le 4ème congrès de l’IC).

Mais le préliminaire à tout Front unique est une analyse juste et claire de la situation économique, politique. Or elle est absente des textes du GMI en ce qui concerne la position de LO et du NPA dans l’union sacrée

LO et le NPA participent, à la manière centriste, à l’Union sacrée

Il n’est même pas exclu de proposer dans le cadre du Front unique une politique à des organisations participant à l’union sacrée (encore le cas des bolchévicks avec Kerenski chef d’un gouvernement Union sacrée en 1917).

Mais il faut au moins être clair dans la caractérisation que l’on donne (aux militants et publiquement) de ces organisations. C’est LE principe de base qui différencie un Front unique révolutionnaire d’un Front populaire réformiste.

La position du GMI est floue concernant le rôle du centrisme dans l’union sacrée, car il devrait rappeler que les organisations centristes sont capable de la rompre en apparence (voir Kautsky pendant la 1ere guerre mondiale) avec cette Union sacrée.

LO et le NPA ont certes refusé de de se joindre à la manifestation d’union nationale du 11 janvier et ont même dénoncé l’Union sacrée.

Mais ils y ont participé de la façon suivante : une minute de silence a été organisée par le gouvernement en hommage au victimes. Des incidents se sont produits dans de nombreux établissements scolaires. Mais à ma connaissance LO et le NPA ne se sont pas impliqué dans ce refus exprimé par une partie de la jeunesse. La statistique gouvernementale semble le confirmer. Or LO et NPA sont à eux seuls un département entière de l’Education Nationale. Tous les rédacteurs de leurs journaux sont des profs.

C’est ce type d’action qui aurait eu un impact : contrer l’initiative du gouvernement pour s’adresser à la jeunesse. Une partie s’oppose sans doute pour de mauvaises raisons au gouvernement (antisémitisme etc), mais une autre partie pour de bonnes raisons, en partie identique aux nôtres.

Certes ce type d’action (boycott de la minute de silence, ou discussion autour de cette minute de silence) aurait désigné ces organisations comme suppôts du terrorisme ... comme le furent les bolchévicks en 1917 (agents de l’Allemagne). Mais cela aurait été un jalon dans le travail de tout groupe militant qui souhaite devenir un pôle pour la jeunesse ouvrière.

Le "Je suis Charlie" aurait du être remplacé par "Je condamne l’assassinat de Charlie par des vrais-nazis-pseudo-musulmans" mais je ne suis pas Charlie, "Je suis Karl"

En participant à la minute de silence, les profs du NPA et de LO ont joué leur rôle dans l’union sacrée : museler la classe ouvrière lors des grands événements, ou chocs politiques

Au mieux, le GMI, jeune groupe, se fait des illusions sur le centrisme, dans une forme de "maladie infantile du trotskisme".

Au pire, le GMI mène lui-même une politique centriste.

Le GMI doit donc accepter la discussion fraternelle, parfois longue (Lénine répétait que c’est 15 ans de discussions intense, de 1903 à 1917, qui avaient armé le parti bolchévick pour la révolution de 1917) sur deux de nos concepts théoriques les plus épineux : Front unique et centrisme.

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