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Bilan et perspectives suite à l’assemblée générale interprofessionnelle du 9 avril

mardi 14 avril 2015, par Karob, Robert Paris

Voici notre point de vue suite à la réunion de l’assemblée interprofessionnelle du 9 avril à la Bourse de Travail de Paris :

Une initiative petite mais... grande

A l’occasion de la « journée d’action interprofessionnelle » organisée par CGT, FO et Solidaires, quelques centaines de milliers de manifestants ont parcouru une fois de plus les rues et il est certain que c’est loin de permettre de faire reculer patronat et gouvernement dont les intentions sont clairement de revenir en arrière durement et profondément sur de nombreux points sociaux sur la situation sociale en France (privatisations, casse du CDI, retraites, sécu, santé et on en passe).

Cependant, quelques militants ne se sont pas contentés de suivre les promenades syndicales ou de maugréer contre la passivité confédérale ou contre le pessimisme ambiant dans la classe ouvrière. Ils ont proposé une autre manière de discuter et de s’organiser face à l’attaque d’ampleur que nous subissons et face aussi à la crise de grande ampleur du système d’exploitation mondial. A l’initiative d’un comité de travailleurs du nord-est parisien, constitué de manière interprofessionnelle (cheminots de gare de l’Est, ouvriers du Livre, retraités, enseignants, associatifs, lycéens, étudiants et bien d’autres), ils ont diffusé avant et pendant la manifestation des milliers de tracts appelant à dépasser les propositions réformistes et démobilisatrices des confédérations en préparant l’auto-organisation des luttes à venir vers la grève générale. Et ils ont fait de la journée du 9 avril un moyen de débattre de nos forces, de nos faiblesses et de nos perspectives de classe en convoquant une assemblée interprofessionnelle le soir à la Bourse du Travail. Durant quelques heures, dans une salle comble, cette assemblée a fait circuler la parole librement, fraternellement et démocratiquement entre des cheminots, des travailleurs du transport, des chômeurs, des sans papiers, des ouvriers de l’aéronautique, des retraités, des métallurgistes, des enseignants, des étudiants, des lycéens, etc., la plupart militants syndicalistes, associatifs, politiques dont beaucoup ne se connaissaient pas forcément avant cette assemblée et qui avaient manifestement beaucoup de choses à se dire, des choses convergentes et d’autres divergentes sur leur perception de la situation et des manières d’y faire face.

Il ne s’agissait pas des sempiternelles fausses « assemblées générales » d’entreprise où un seul secteur, une seule corporation est convoquée pour écouter quelques bureaucrates syndicaux. On a également remarqué, dans cette assemblée pourtant aux origines politiques, syndicales et associatives multiples, l’absence totale des dirigeants et militants des grandes organisations de la gauche, de la gauche de la gauche, de l’extrême gauche officielle (LO, NPA, POI, Alternative Libertaire).

Par contre, une grande part des participants étaient militants d’organisations syndicales de toutes sortes (CGT, FO, SUD ou CNT). Cela n’a pas empêché que bien des commentaires visaient la critique et le dépassement des politiques de collaboration avec le patronat et le gouvernement imposées par les confédérations syndicales, même quand elles prétendent contester l’ampleur des attaques antisociales. Il a été ainsi constaté que la « mobilisation » et la manifestation du 9 avril, eux-mêmes, n’ont pas été l’occasion de la convergence des luttes nécessaire à l’expression d’une lutte de classe. Ainsi, les cortèges ont organisé toutes les divisions : la province devant Paris et la région parisienne, bien séparés, la CGT devant les autres, bien séparés là aussi, sans même de regroupement entre tous les salariés des hôpitaux ou tous ceux de La Poste, sans regroupement public/privé, en somme sans toutes les convergences qui font défaut, et pas par hasard, dans les luttes.

On a également remarqué dans cette assemblée que le cortège syndicale n’a pas non plus été l’occasion de rompre l’isolement des luttes en cours : celle des Radio France, celle des hôpitaux, des postiers, des sans papiers, des travailleurs licenciés, des usines qui ferment, des expulsés, des enseignants, des lycéens, des étudiants, etc.

On a remarqué qu’il ne s’agissait même pas d’une grève d’une journée puisque la plupart des syndicats n’appelaient pas à une grève dans tout le pays, la CGT refusant par exemple d’appeler les cheminots à la grève et tous ayant organisé, par exemple dans les hôpitaux et les postes, des grèves avant ou après mais pas le 9 avril ! L’absence totale des cheminots CGT a été remarquée par de nombreuses remarques des manifestants eux-mêmes.

Notre présence avec tracts, banderoles, fumigènes, et un grand groupe de camarades a pu être remarquée des cortèges tant provinciaux que parisiens, et notre initiative connue d’un grand nombre de manifestants.

Bien entendu, quelques milliers de tracts, une intervention dans une manifestation par ailleurs bien planplan, et, à la fin, une assemblée interprofessionnelle même assez réussie, cela ne suffit pas, loin de là, à changer le climat et à donner une nouvelle perspective. Nous en avons bien conscience. Cela ne signifie pas qu’il faille se contenter à l’avenir de s’accrocher aux appareils syndicaux pour dresser une perspective.

Cela ne signifie pas non plus que cette initiative, aussi modeste soit-elle, n’est pas le début de quelque chose de plus important. Il suffit d’imaginer qu’elle prenne (et c’est dans ce sens qu’allait notre effort pour diffuser aussi à toutes les provinces), il suffit d’imaginer que des militants prennent un peu partout de telles initiatives et on aurait un pays couvert d’assemblées interprofessionnelles débattant de la situation et des perspectives, échangeant des avis sur les initiatives à prendre, sur les moyens de soutenir les luttes en cours, sur les revendications et sur notre perception de la signification de la crise du capitalisme (crise conjoncturelle ou crise révolutionnaire). Eh oui, on serait alors dans une tout autre situation que celle où des grandes grèves générales ont pu être manipulées par les appareils syndicaux et ne déboucher sur rien de positif comme en 1936, 1968 ou 1995.

Oui, se réunir pour débattre entre travailleurs de nos intérêts de classe, c’est un élément indispensable de toute perspective de classe pour les travailleurs et les milieux populaires, entre militants des entreprises et militants des quartiers, entre travailleurs en fixe et précaires, entre travailleurs sans papiers et les autres, entre le public et le privé, entre les grévistes et les secteurs qui n’y sont pas encore, entre diverses corporations, etc. Le fait de se réunir en cassant toutes les barrières professionnelles, sociales, corporatives, boutiquières, nationales ou autres…

Et c’est d’autant plus important que la perspective des confédérations syndicales, la réforme de la « réforme » patronale et gouvernementale, est totalement absurde au moment même où la réforme n’est que le camouflage des attaques antisociales, attaques qui ont une ampleur d’autant plus grande que la crise n’a rien de limitée, dans le temps et dans la profondeur, qu’elle est le symptôme d’une limite historique du système d’exploitation, que le capitalisme ne pourra être réformé par personne, ni gouvernement bourgeois, ni partis bourgeois, ni appareils syndicaux, ni gauche de la gauche ni extrême gauche. Toute proposition de simples revendications ne remettant pas en question la loi bourgeoise et le principe même du capitalisme, la loi sacro sainte de la propriété privée des moyens de production, est vouée à l’échec.

Ce qui est nécessaire, en nous organisant nous-mêmes sans accepter les divisions corporatives, boutiquières des organisations, nationales, raciales, professionnelles et autres, c’est de faire en sorte que les luttes partielles mènent à une lutte générale, que les luttes défensives mènent à une lutte offensive, que les travailleurs prennent confiance dans leur propre capacité non seulement de lutter mais de diriger eux-mêmes leurs luttes, confiance qui les mène à la capacité de discuter de l’avenir de la société et de la diriger demain.

Cette méthode de lutte de classe ne peut pas être convergent avec la politique des dirigeants syndicaux de Mailly à Thibaut, de Lepaon à Berger et à Martinez. On ne replâtrera pas le système capitaliste comme ceux-ci nous le proposent faussement naïvement. Nous ne pouvons pas nous défendre contre les attaques actuelles sans perspectives radicales, ne se satisfaisant pas de respecter la légalité bourgeoise, les limites bourgeoises, la morale bourgeoise et les institutions bourgeoises, dont les appareils syndicaux et les partis électoralistes font partie.

On ne réformera pas le capitalisme mais ce n’est pas une raison pour nous enterrer avec lui comme il nous le propose avec son offensive faite d’une montée des guerres, des terrorismes, des fascismes et des racismes.

Nous ne pouvons nous défendre qu’en préparant une contre-offensive remettant en question le droit de l’Etat de nous commander, le droit des patrons sur « leurs » entreprises, le droit des propriétaires sur leurs salariés, leur droit d’embaucher et de licencier, de casser les salaires, de casser les contrats de travail, de casser les retraites, d’expulser, le droit des banques de filouter, de spéculer, de voler les caisses publiques, de fermer les comptes en banque des particuliers, etc.

Nous devons mener nos luttes nous-mêmes sans compter sur les « sauveurs suprêmes » de toutes sortes, politiques, syndicaux, démagogiques ou autres qui nous prennent pour des moutons à encadrer par des bergers. Ces « dirigeants » ont toujours été l’état-major de toutes les défaites, de toutes les catastrophes, même quand ils dirigeaient des luttes de masse offensives ouvrant de grandes perspectives comme en 1936 et 1968…

Nous avons besoin de nous faire nous-mêmes notre idée sur la situation, sur nos forces, sur nos faiblesses, en discutant librement entre nous sans ces encadreurs professionnels. Nous avons besoin de prendre la tête de nos luttes pour mesurer par nous-mêmes notre capacité à comprendre la crise de la société et à y donner notre réponse de classe.

Non, le capitalisme n’est pas un horizon indépassable et sa crise finale n’est que le tocsin de tous les réformismes politiques comme syndicaux.

Personne ne peut nous sauver. Personne ne peut parler à notre place. Personne ne peut diriger les luttes à notre place.
Prenons le temps de nous parler, de nous écouter, d’étudier nos propositions, nos analyses, nos idées sur les perspectives, sur l’action comme sur les leçons à tirer du passé, comme sur l’étude de la crise économique du capitalisme. Prenons le temps de développer entre nous nos conceptions de la marche du monde et de la crise de l’ancien monde. L’enjeu est trop important pour ne pas verser dans un simple activisme insuffisant devant le caractère historique de la situation.

Si nous ne craignons pas de faire confiance en nos perspectives et dans les capacités des exploités, l’avenir est à nous !

Texte écrit en collaboration avec des cheminots de gare de l’Est


COMPTE-RENDU DE L’AG DU 9 AVRIL 2014

Une initiative du Comité Interpro du Nord-Est Parisien

Ce compte-rendu est le fruit de plusieurs participants à l’AG interpro du 9 avril. Il cherche à retranscrire le mieux possible les débats et décisions qui ont été prises lors de celles-ci. Si quoique ce soit manquait, n’hésitez pas à faire remonter les oublis…
Ce compte-rendu est modifiable !

L’AG INTERPRO, UNE INITIATIVE DU COMITE INTERPRO DU NORD-EST PARISIEN

L’Assemblée Générale Interpro de Jeudi organisée à la fin de la journée d’action syndicale de la CGT, CGT-FO, FSU et Solidaire a été faite à l’initiative du Comité Interpro du Nord-Est Parisien.

L’appel à l’AG Interpro avait pour but :

  La coordination des luttes en une lutte de classe contre les classes dirigeantes et leur Etat.

  Organiser la défense immédiate des conditions de vie et de travail de tous les travailleurs, condition sine qua non pour préparer la future offensive contre le capitalisme.

Le comité défend la nécessité pour tous les travailleurs de s’organiser en comité dans les entreprises, les quartiers, les villes, pour la jeunesse dans les lycées, les facs, …. et de se coordonner pour contrôler et diriger les luttes sans laisser le soin à d’autres qu’eux-mêmes de choisir leurs revendications et moyens de lutte.

LA PARTICIPATION A L’ASSEMBLEE GENERALE

L’AG a réunis un peu plus de 50 personnes : des lycéens, étudiants, salariés, chômeurs, retraités. Si un certain nombre des présents sont syndiqués à la CGT, FO, Solidaires ou à la CNT, ou membre de Collectif (Quartiers Libres), du MILI (Mouvement Inter Luttes Indépendants), de l’Antifa Paris, du Bloc Rouge, etc., tous n’étaient pas syndiqués ou non membre d’une organisation.

La discussion a été franche et ouverte.

LES DEBATS

Les débats ont portés sur la situation sociale, politique, l’état du système capitaliste, les attaques patronales, la politique des organisations syndicales, l’extrême gauche et ce que nous pouvions faire…

La politique de collaboration de classe des bureaucraties syndicales et la politique des organisations de l’extrême gauche officielle
De nombreuses interventions ont lieu sur la politique des bureaucraties syndicales. Certaines dénonçaient le caractère de collaboration de classe des bureaucraties syndicales qui sont liées à la gauche et à l’Etat. Elles organisent l’éparpillement des luttes ou grève aujourd’hui et sont l’un des obstacles vers la convergence des luttes et leur unification en une lutte de classe.

Des interventions allant dans le sens contraire. Face à l’orientation actuelle des directions syndicales certains ont défendu que la massification est une des réponse pour réorienter les syndicats dans l’établissement d’un rapport de force. Pour d’autres, la massification n’est pas suffisante car l’exemple de l’Allemagne et des pays nordiques démontrent qu’un taux de syndicalisation à 80% n’empêche pas une politique d’accompagnement des contre-réformes.

Malgré les divergences sur la politique de collaboration de classe ou non de la bureaucratie syndicale, la plupart des intervenants ont estimé que participer aux seules journées d’actions syndicales ne suffit pas.

Des critiques ont été faites sur la politique des organisations comme LO, NPA ou AL par exemple qui sont suivistes vis-à-vis des syndicats. Elles ne militent pas du tout en vue de l’auto-organisation des travailleurs et de la population en comités.

La question de la grève générale

Si tout le monde convenait de la nécessité d’une grève générale, il n’y a pas eu de débats plus approfondi sur les circonstances favorables à l’émergence d’une telle riposte. Ce qui ressortait de la discussion c’est qu’aujourd’hui les travailleurs, en CDI ou précaire, avec ou sans emploi, avec ou sans papier, la jeunesse, les retraités subissent les mêmes attaques de la part de ce gouvernement et des capitalistes. Et que pour faire face à ces attaques, il ne suffit plus de se battre entreprise par entreprise, catégorie par catégorie,…, mais bien tous ensemble.

Sur la grève générale, il a été précisé que le tract diffusé n’avait pas pour objectif d’appeler de manière incantatoire à la grève générale. Pour certains la situation est favorable à un tel mouvement. C’est dans cette perspective qu’on doit s’organiser pour s’y préparer. Pour cela il a été défendu la nécessité d’organiser des comités de travailleurs sur tout le territoire afin d’éviter la trahison comme en 36 ou 68.

L’état du système capitaliste

Il y a eu des interventions sur l’état du système capitaliste et la signification de la crise de 2007/2008. Est-ce une énième crise de conjoncture du capitalisme ou bien un effondrement majeur comme le capitalisme a déjà connu ouvrant une période de guerres et révolutions ?

Qu’est-ce qu’être un travailleurs aujourd’hui ?

Quelques interventions autour de la notion de travailleurs, certains participants ne se reconnaissant pas dans cette terminologie car chômeur ou précaire.

Pour d’autres le terme travailleur recouvre les salariés qu’ils soient en CDI, CDD, précaires avec ou sans emplois ou papiers.

L’intervention des lycéens lors de la journée d’action du 9 avril
Un militant du MILI est intervenu pour expliquer les actions de blocage menées dans les lycées. A noter que les lycéens se sont donnés eux-mêmes leurs propres objectifs et ne sont pas cantonnés à suivre les appels syndicaux à manifester. Ils ont organisé le matin même une manif sauvage.

Il faut continuer à discuter l’action des lycéens et étudiants et leurs interventions dans le mouvement.

Les liens à construire entre travailleurs, comment unifier les luttes
Il a été discuté de la difficulté de nouer des liens entre travailleurs d’entreprises différentes. Comme en 2014 pendant la grève cheminote, aller voir les hospitaliers, les enseignants, les postiers qui sont à 500 mètres a été difficile. D’autant que c’était combattu par les directions syndicales. Afin d’y remédier des propositions ont été faites pour aller sur les boîtes en grève pour discuter avec les salariés, voir comment les aider et construire l’unification des luttes.

Revendications défensives ou offensives

Il a émergé des débats qu’à la défense des acquis, il fallait opposé des revendications offensives comme la réduction du temps de travail, l’augmentation des salaires, et l’amélioration du code du travail…

LES PROPOSITIONS D’ACTIONS COMMUNES

Pour faire vivre une telle initiative et l’élargir, l’assemblée a discuté des actions qu’elle pourrait mener.

1/ la participation à la Manif du 1er Mai

2/ l’organisation d’une AG après la manif du 1er mai

3/ Radio France

4/ Prendre contact avec des entreprises en grève pour avancer vers l’unification des luttes.

Nous avons discuté de manière approfondie les trois premiers points.

1/ Concernant la manif du 1er mai, plusieurs propositions ont été faites, débattues puis votées :

1/ faire parti du cortège traditionnel (16 voix)

2/ faire un point fixe avec intégration dans la manif (23 voix)

3/ faire un rassemblement puis partir en cortège vers la manif (11 voix)

4/ organiser une manif sauvage (2 voix)

5/ un point fixe sur la manif (13 voix)

C’est la proposition n°2 qui a été retenue.

Concernant la manif, il a été proposé (même si cela n’a pas été voté) de prendre contact avec des collectifs, sections syndicales, etc., pour la prochaine réunion afin de discuter de notre initiative et d’une possible collaboration.

Il a été dit que cette action serait modifiable en fonction du nombre de participants.

Sur Radio France, deux personnes ont été mandatés pour assister à leur AG le vendredi 10 avril et prendre contact.

2/ Sur l’organisation d’une AG le 1er mai.

L’AG a voté unanimement le principe d’organiser une nouvelle AG après la manif du premier mai. Il reste à définir un lieu (Bourse du travail et facs fermés)

DATE DE LA PROCHAINE REUNION DU COMITE INTERPRO

La salle Léon Jouhaux a été réservée pour jeudi 16 avril 2015 à partir de 18H. La date et l’heure ont été votées.

PROPOSITION D’ORDRE DU JOUR POUR LA REUNION DU 16 AVRIL

Nous soumettons un ordre du jour ouvert et modifiable qui sera à définir à la réunion du 16 par ses participants.

  Structuration des débats en AG et dans les séances plénières du Comité (tour de paroles, durée des interventions, votes…)

  Organisation et structuration du suivi entre chaque réunion (mail, compte-rendu…)

  L’organisation du 1er mai (point fixe, cortège, AG)

  Nouer des contacts avec les entreprises en grèves. Comment avancer vers l’unification des luttes

  proposition de déclaration suite à la réunion de l’assemblée interprofessionnelle du 9 avril à la Bourse du Travail de Paris


INVITATION A UNE NOUVELLE AG INTERPRO

JEUDI 16 AVRIL, 18H00

SALLE LEON JOUHAUX, ANNEXE TURBIGO

BOURSE DU TRAVAIL, 67 RUE DE TURBIGO

METRO ARTS ET METIERS / TEMPLE

L’AG INTERPRO, UNE INITIATIVE DU COMITE INTERPRO DU NORD-EST PARISIEN

L’Assemblée Générale Interpro de Jeudi 9 avril organisée à la fin de la journée d’action syndicale de la CGT, CGT-FO, FSU et Solidaire a été faite à l’initiative du Comité Interpro du Nord-Est Parisien.

L’appel à l’AG Interpro avait pour but :

  La coordination des luttes en une lutte de classe contre les classes dirigeantes et leur Etat.

  Organiser la défense immédiate des conditions de vie et de travail de tous les travailleurs, condition sine qua non pour préparer la future offensive contre le capitalisme.

Le comité défend la nécessité pour tous les travailleurs de s’organiser en comité dans les entreprises, les quartiers, les villes, pour la jeunesse dans les lycées, les facs, …. et de se coordonner pour contrôler et diriger les luttes sans laisser le soin à d’autres qu’eux-mêmes de choisir leurs revendications et moyens de lutte.

LA PARTICIPATION A L’ASSEMBLEE GENERALE DU 9 AVRIL

L’AG a réunis des lycéens, étudiants, salariés, chômeurs, retraités. Si un certain nombre des présents sont syndiqués à la CGT, FO, Solidaires ou à la CNT, ou membre de Collectif (Quartiers Libres), du MILI (Mouvement Inter Luttes Indépendants), de l’Antifa Paris, du Bloc Rouge, etc., tous n’étaient pas syndiqués ou non membre d’une organisation.

LES DEBATS

Les débats ont portés sur la situation sociale, politique, l’état du système capitaliste, les attaques patronales, la politique des organisations syndicales, l’extrême gauche et ce que nous pouvions faire…

  La politique de collaboration de classe des bureaucraties syndicales et la politique des organisations de l’extrême gauche officielle

  La question de la grève générale

  L’état du système capitaliste

  Qu’est-ce qu’être un travailleurs aujourd’hui ?

  L’intervention des lycéens lors de la journée d’action du 9 avril

  Les liens à construire entre travailleurs, comment unifier les luttes

  Revendications défensives ou offensives

LES PROPOSITIONS D’ACTIONS COMMUNES

Pour faire vivre une telle initiative et l’élargir, l’assemblée a discuté des actions qu’elle pourrait mener.

1/ la participation à la Manif du 1er Mai

2/ l’organisation d’une AG après la manif du 1er mai

3/ Radio France

4/ Prendre contact avec des entreprises en grève pour avancer vers l’unification des luttes.

Il a été voté pour le premier mai d’organiser un point fixe avec intégration à la manif et la tenue d’un AG le soir même.


Edito - Attaque générale, coordonnée, centralisée mais riposte ouvrière dispersée, cloisonnée, divisée, désorganisée !

Malgré la journée interprofessionnelle du 9 avril, les luttes des travailleurs de France sont restées isolées et sont très loin de converger. Les salariés des services publics mènent leur action secteur par secteur et même site par site. Tous seuls les Radio France alors que l’attaque qui les concerne frappe aussi tous les autres services publics comme la SNCF, les hôpitaux, les crèches, les bibliothèques, les piscines, La Poste, la Sécu, etc. Même le 9 avril n’a pas été l’occasion d’une rencontre entre salariés de ces divers secteurs qui subissent le même type d’attaques : suppressions de crédits, suppressions d’effectifs. Si le slogan de la journée syndicale disait : « Tous ensemble contre l’austérité », les mêmes confédérations n’organisent nullement un « tous ensemble » interprofessionnel du type de celui qui avait eu lieu en 1995, sans parler de 1936 ou 1968.

Mais il faut dire que les centrales syndicales ne souhaitent pas que la classe ouvrière monte trop le ton. Certains pensent que cela provient du fait qu’ils sont proches du gouvernement dit « de gauche » mais cela ne suffit pas à expliquer leur passivité. En réalité, comme les centrales sont toutes aussi réformistes, elles craignent la situation économique et sociale, la crise du capitalisme est trop profonde pour leur permettre de jouer les tampons si la lutte prend de l’ampleur. En fait, les bureaucraties de ces appareils syndicaux craignent autant la révolution que l’appareil de l’Etat et que les classes dirigeantes. La révolution sociale, cela signifie que leurs petits appareils risqueront d’être débordés, les petits arrangements avec le patronat et le gouvernement, qui les font vivre, risqueront d’être démasqués et cassés. Ces centrales, qui servent de tampons entre le prolétariat et la bourgeoisie, perdront toute prise sur les événements si la classe ouvrière entre vraiment en lutte et se prend elle-même en mains au travers de conseils de salariés. Certains trouvent qu’on en est très loin, au vu du pessimisme ambiant. Mais ils se trompent : il suffit de pas grand-chose pour que la situation économique et sociale bascule et, dans ce cas, les liens de ces centrales avec la base ouvrière sont bien trop ténus pour suffire à canaliser la lutte comme en 1936. Il existe très peu de militants syndicaux de base qui s’activent aux côtés des travailleurs, la plupart étant mobilisés par de la gestion, que ce soit celle des caisses paritaires, des conseils divers de l’Etat, des commissions de la bourgeoisie et du gouvernement, des comités d’établissement et autres organismes sociaux.

Bien sûr, on peut aussi se dire que les travailleurs ont complètement perdu les conceptions de la lutte des classes et n’attendent rien d’autre des syndicats que d’être des avocats et des tampons sociaux dans les relations avec le patronat et l’Etat et c’est vrai. On peut aussi se dire qu’en période de crise, avec des risques d’attaques diverses et de licenciements ou de fermetures d’entreprises, ils serrent plutôt les rangs et se rapprochent des militants syndicaux. C’est vrai mais, en cas de mouvement social général, cela ne suffirait pas nécessairement pour que les travailleurs se contentent de suivre les politiques des centrales syndicales car la radicalisation pourrait aussi bien provoquer une vague de constitution de comités, de conseils ou de coordinations interprofessionnelles, d’autant que les centrales se refusent à jouer ce rôle. Un peu partout, dès maintenant, des militants essaient de tisser des liens, de faire converger les luttes, de mettre en place de tels moyens de s’entraider, de se soutenir, de s’informer mutuellement, de discuter. Il faut dire que, depuis longtemps, les modes d’organisation des luttes par les syndicats évitent toute discussion au sein de la classe ouvrière, les ténors syndicaux s’étant débrouillés pour transformer les assemblées en discours sans fin des responsables suivis de grands silences du public…

Un autre point pose problème : il apparaît de plus en plus clairement que la méthode d’action des centrales syndicales mène d’échec en échec. Depuis les actions de défense des retraites qui avaient débouché dans le mur et… dans l’appel des centrales syndicales à faire partir Sarkozy et à voter Hollande, on s’est aperçus du caractère mensonger de cette perspective puisqu’Hollande non seulement n’a pas remis en cause les attaques des retraites de son prédécesseur mais les a aggravées.

Et le mensonge ne concerne pas seulement le personnel politique de l’Etat bourgeois, il touche la nature même de cet Etat puisque toutes les centrales syndicales diffusent le mensonge selon lequel cet Etat serait fondamentalement au service de l’ensemble de la population alors que c’est exactement le contraire de la réalité : cet Etat est exclusivement au service de la grande bourgeoisie capitaliste.

Hollande dit bien plus la vérité maintenant qu’il a affirme « j’aime les entrepreneurs » que lorsqu’il prétendait être le chef de file du changement social ou prétendait que les réformes allaient résoudre les problèmes des milieux populaires ou qu’il luttait contre la montée du chômage.

En réalité, tous les gouvernements se battent d’abord contre toute montée de la lutte des classes et la montée du chômage est un moyen de pression essentiel pour enrayer la lutte des travailleurs. L’Etat français supprime en masse des emplois publics à la SNCF, à l’hôpital public, dans les transports, dans l’énergie, dans les écoles, à l’université, dans la recherche, partout…

Quant aux cadeaux au patronat, présentés comme le moyen de faire repartir l’emploi, le gouvernement lui-même reconnaît que les capitalistes ne s’en servent pas pour produire, pour investir, pour embaucher…

Le gouvernement Hollande-Valls, grâce à la passivité des centrales syndicales, a les mains libres pour mener la plus grande offensive anti-sociale de ces dix dernières années : une remise en cause sur tout ce qui concerne les relations sociales, une dégradation sans précédent de la santé publique, de l’éducation, de la recherche, des transports, de la sécu, des retraites et de l’emploi et une hausse massive de la précarité et du chômage.

Le seul argument politique de ce gouvernement face aux milieux populaires est le chantage : si vous protestez contre nous, vous aurez la droite et l’extrême droite, si vous refusez qu’on déverse des milliards aux capitalistes, vous perdrez vos emplois, si vous ne soutenez pas nos guerres aux quatre coins du monde, vous serez attaqués par le terrorisme.

Il faut d’ailleurs remarquer le silence assourdissant des centrales syndicales pour tout ce qui concerne la multiplication des guerres impérialistes auxquelles l’Etat français, soi disant désargenté, participe et dirige aux quatre coins du monde. Pourtant cette offensive violente de l’armée française dont les peuples paient le prix du sang et des destructions, du Niger au Mali, et du Centrafrique à l’Ukraine, font partie d’une même politique d’ensemble de la bourgeoisie française dont les Hollande et Valls sont les défenseurs.

On ne peut pas séparer la montée du terrorisme avec la montée des guerres impérialistes ni cette dernière avec la poursuite de la crise du capitalisme dont le système est incapable de sortir depuis 2007 ! Malgré des milliers de milliards de dollars déversés dans toutes les bourses, les banques, les assurances, les financiers, les spéculateurs, le système n’est jamais sorti de sa crise. Il ne risquait pas de l’être ! Et pour cause : la racine de la crise historique de 2007-2008 était justement la trop grande masse de capitaux incapables de s’investir de façon suffisamment profitable dans la production et se jetant en masse sur la spéculation, créant un appel de capitaux artificiel vers ce secteur et contraignant les Etats à verser des sommes de plus en plus colossales pour éviter le krach financier. Si le système est parvenu ainsi à faire durer la situation, il n’a réussi qu’à lui permettre d’attendre, en serrant les fesses, le prochain krach financier dans lequel il ne pourra plus intervenir massivement, ses fonds étant déjà plombés.

Le principal mensonge des centrales syndicales consiste à refuser de rapporter cette situation à la classe ouvrière en faisant croire que la crise n’est qu’un prétexte pour nous ponctionner et en prétendant qu’on n’a qu’à se faire entendre en proposant la « bonne réforme », étant donné qu’il y a de l’argent et qu’il suffirait de mieux le répartir.

Pendant ce temps, le gouvernement de gauche discrédite la classe ouvrière en faisant des déclarations selon lesquelles ce qui plombe l’économie ce serait le coût du travail, en montrant que les centrales syndicales sont totalement incapables d’infléchir sa politique tout en acceptant de courir dès que le gouvernement les siffle pour de soi-disant négociations sur « discuter » de reculs sociaux d’ampleur, en faisant croire aux classes moyennes qu’il dépense des milliards pour l’emploi des salariés alors que c’est, en réalité, pour faire des cadeaux aux capitalistes et aux banquiers. Le gouvernement propage en même temps l’idée que l’on doit aider les entreprises en diminuant les impôts, taxes et charges sociales des patrons. Il s’attaque aux fonctionnaires, laissant là aussi entendre que ces travailleurs seraient trop nombreux ou trop gourmands, seraient en somme des privilégiés protégés. Il fait passer aussi les syndicats comme des puissances qui détournent la richesse sociale, ce qui ne peut qu’attiser la haine des classes moyennes qui ne reçoivent que de tout petit soutiens du gouvernement alors que banquiers, financiers, bourses et trusts reçoivent des sommes colossales et que les banques ont carrément coffres ouverts auprès de la banque centrale européenne ! Le gouvernement rajoute en plus que le pays ne serait pas concurrentiel à cause d’un code du travail trop favorable aux salariés !!! Il affirme ainsi qu’il faut cesser de faire peser sur les patrons la difficulté de... licencier et aussi cesser de les menacer de la justice pour chaque confrontation en supprimant les tribunaux prud’homaux. Le gouvernement laisse entendre aussi qu’il voudrait aider plus les petites entreprises mais qu’il en serait empêché par les syndicats de salariés qui défendraient les grandes entreprises et autres entreprises publiques. C’est encore le gouvernement qui fait croire que les fonctionnaires seraient des privilégiés, les cheminots par exemple.

A tout cela, les appareils syndicaux ne répliquent quasiment pas ! Ils acceptent de continuer à participer à toutes les négociations alors que tout le monde sait que d’y participer ne permet même pas de limiter la casse et que cela sert au gouvernement à crédibiliser l’idée qu’il y aurait eu un accord et un soutien syndical.

D’ailleurs le gouvernement sait bien que des « mobilisations » comme celle du 9 avril ne sont que des simulacres qui ne sont nullement faits pour lui imposer de reculer sur ses attaques. Les centrales affirment qu’elles ont mobilisé pour « se faire entendre » et, en somme, pour négocier plus favorablement et donc pas pour se donner les moyens de bloquer les contre-réformes. Et le gouvernement ne leur reproche même pas leur journée d’action, d’autant qu’il ne s’agissait nullement d’un appel national à faire grève et pas même un appel à s’assembler dans tous les lieux de travail du pays et encore moins à converger dans les luttes, ni à combattre l’isolement des luttes en cours. Hollande et Valls savent très bien que les centrales syndicales ont besoin de ce type de journées pour conserver leur influence sur leur base militante et sur leur milieu syndical et que c’est bien le minimum qu’elles pouvaient faire en un moment où les salariés constatent par eux-mêmes que les luttes isolées ne paient pas et sont toutes défaites. Sans ce type de fausses actions, les centrales syndicales ne pourraient pas jouer le rôle de canalisateur et d’étouffoir de la lutte sociale et, en particulier, son rôle de tampon pour empêcher l’action directe des travailleurs et son rôle de fausse direction pour éviter que les travailleurs se donnent eux-mêmes une vraie direction en constituant dans tout le pays un réseau de comités de salariés fédérés et coordonnés régionalement et nationalement.

En maintenant les fictions de négociations nationales avec le patronat et le gouvernement, les syndicats détournent la colère ouvrière et évitent qu’elle retombe sur les vrais responsables de cette société et de son échec. Ils font croire que ce qui manquerait serait un poids plus grand des appareils syndicaux pour s’en servir afin de négocier et que ce poids pourrait être obtenu en étant plus nombreux dans la rue à la prochaine… journée d’action.

Ce n’est pas un hasard si patronat et Etat financent massivement les appareils syndicaux, bien au-delà des revenus que ces syndicats tirent des cotisations : ils servent directement les intérêts de nos ennemis, même si les militants de base croient honnêtement agir au mieux des intérêts de la classe ouvrière.

Le seul avenir ne peut venir que de notre prise de conscience des intérêts de classe des travailleurs et de leur opposition irrémédiable aux intérêts des patrons et de l’Etat et de la prise de conscience que le réformisme des syndicats ne sert que les contre-réforme et désarme la classe ouvrière, socialement comme politiquement.

Le seul avenir ne peut provenir que d’une vague d’auto-organisation par laquelle les travailleurs décideraient de s’assembler pour définir eux-mêmes leurs objectifs et moyens de lutter, pour débattre de la situation et des moyens d’y faire face, en n’acceptant aucune des barrières entre diverses catégories de salariés, en n’acceptant plus de suivre aveuglément les bureaucraties syndicales, en n’acceptant plus de respecter la loi du capital, celle qui autorise les licenciements, les fermetures d’entreprises, les expulsions, les arrestations de travailleurs luttant pour leur emploi, les blocages de comptes en banque des particuliers, les coupures de courant, de gaz et d’eau, les réductions de l’accès à la santé, à l’éducation, aux aides sociales…

Le seul avenir des travailleurs est de cesser d’accrocher leurs espoirs au Titanic du capitalisme en train de sombrer.

Texte écrit également en collaboration avec des cheminots de gare de l’Est


Le tract appelant à la formation du comité interpro :

Le tract appelant à l’AG interpro :

Compte-rendu de l’AG interpro :

Appel à une nouvelle AG interpro :

Une référence : le combat des LIP

Ne comptons que sur nous-mêmes, sur notre force, sur nos idées, sur notre organisation indépendante de toutes les institutions y compris les organismes sociaux qui veulent nous encadrer !

Portfolio

Messages

  • Bravo à tous les camarades présents à la manif et à l’AG.
    Je n’ai pu être des vôtres j’ai donc lu avec attention et intérêt les tracts diffusés et le compte rendu.
    Merci pour tout cela. J’espère être bientôt des vôtres quand je serai rétabli.
    Bonnes préparations pour le 1er mai d’ici là.

  • Le genre de prises de position de direction syndicale à Radio France sous la pression d’AG majoritairement pro-grève :

    Jean-Matthieu Zahnd de la CGT s’est levé. Il a pris le micro et, de sa voix de basse, a prévenu : « Il va y avoir des appréciations différentes… Ce que je peux dire de notre point de vue, c’est qu’hier on a voté la reconduction parce qu’on voulait la prolongation de la médiation (…) Aujourd’hui, pour faire pression sur la tenue du conseil d’administration, et par rapport aux échéances politiques de demain [mercredi, le conseil des ministres et les questions au gouvernement, ndlr], notre position est de reconduire la grève. Mais on se ralliera à l’intersyndicale

  • L’assemblée générale a voulu voter. Elle a décidé de poursuivre la grève. « Ça va être un effritement, un appauvrissement », a tenté Jean-Matthieu Zahnd (CGT), pas vraiment déterminé à continuer le combat hors de l’intersyndicale.

  • Il faut dire que cette même intersyndicale avait freiné le mouvement des quatre fers, donné comme seul objectif la négociation puis la médiation...

  • Les syndicats ont encadré la grève jusqu’au bout mais ne l’ont en rien dirigée vers un succès.

  • Quand il était clair que l’objectif de la médiation avait été du pipeau, les syndicats ne l’ont nullement reconnu... Les syndicats ont réclamé à la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, une prolongation de la médiation de vingt-quatre heures reconductible. « On n’y croit pas beaucoup, explique Jean-Eric Ziolkowski, de la CFDT, mais on essaie. Ce serait dommage d’échouer si près du but, on n’est vraiment pas loin d’y arriver. »« On laisse une nouvelle chance à la tutelle et la direction », déclarait pour sa part Jean-Matthieu Zahnd, de la CGT.

  • « Le deal était honnête de la part de la tutelle qui a ainsi cherché à se rattraper après un incroyable retard à l’allumage, expliquait une journaliste non-gréviste très inquiète de la tournure des événements. Je ne sais pas comment on va se débrouiller maintenant que tous les ponts sont coupés avec une direction déjà cramée. Qui va s’occuper du plan de départs volontaires de 380 salariés ? Il aurait peut-être fallu y penser. »« Si nous continuons la grève coûte que coûte, nous risquons d’être discrédités aux yeux du ministère et de la direction, mettait également en garde Philippe Ballet, délégué syndical de l’Unsa lors de l’AG. N’oublions pas que l’on a mis trois semaines à obtenir cette médiation ».

    Qui va s’occuper du plan de départ volontaire, dit un syndicaliste alors que les salariés se battaient pour supprimer ce plan !!!!

  • Daniel Mermet : « Mathieu Gallet est une figure caricaturale qui incarne parfaitement l’idéologie dominante. Lorsqu’il est arrivé, il a tout de suite annoncé la couleur en déclarant : « Je ne suis pas un homme de radio, je ne suis pas un journaliste, je suis un manager. » La stratégie a été de dire : on est frappé par la crise. Il y a un déficit et un trou dans la caisse et il va falloir y remédier par des économies et un pléthorique plan de départs volontaires. Ainsi, le problème budgétaire est asséné comme une vérité absolue, 20 millions de trou alors qu’il est très difficile d’avoir accès aux comptes. Sur le fond du problème, on veut démanteler le service public mais il n’y a pas de crise dans ce pays. »

  • Daniel Mermet : « Celles qui ont engagé la grève ce sont les femmes de ménage au sous-sol de la Maison ronde, puis les pompiers et les intermittents, et le mouvement s’est étendu aux journalistes précaires et finalement à l’ensemble du personnel. Cette question sur les journalistes renvoie à celle de leur encadrement. Si cet encadrement existe, c’est bien parce que les journalistes voulaient pratiquer leur métier autrement. Au fil du temps les journalistes intériorisent les limites dans lesquelles ils évoluent. »

  • Radio France : alors que la grève est encore majoritaire malgré une pression de l’intersyndicale pour arrêter, 4 syndicats sur 5 appellent à la fin de la grève !!!

  • À la Bibliothèque nationale de France, les salariés d’ONET en charge du nettoyage du site François Mitterrand se sont réunis lundi 13 avril au matin et ont reconduit la grève pour les journées des 13 et 14 avril. Commencée le 9 Avril, la grève des agents d’ONET vise à dénoncer le sous-effectif des équipes de nettoyage sur le site. L’attribution d’heures complémentaires pour les agents à temps partiel ainsi que de nouvelles embauches pour faire face à leur charge de travail sont au centre des revendications. Depuis la reprise du marché de nettoyage par la société ONET Propreté et Services en janvier 2013, sur un effectif de 61 personnes, 15 agents ont quitté le site BFM, notamment suite à des incitations au départ et sans que ces heures perdues soient réattribuées.

    À ce jour, la direction d’ONET reste silencieuse et ne souhaite toujours pas entamer de négociations avec les salariés grévistes. Il appartient également à la direction de la BnF, donneuse d’ordre de la société de nettoyage, d’intervenir pour l’ouverture urgente de négociations et d’agir en pleine responsabilité.

  • Les salarié.e.s du nettoyage des centres des Finances publiques des 2e, 11e et 20e arrondissements sont en grève illimitée depuis le 11 mars 2015. Ils ont été rejoints, le 23 mars, par celles et ceux du 17e arrondissement.

    Un rassemblement a eu lieu, mardi 14 avril, à 15h45, devant le centre du 2e, 94 rue Réaumur.

    Les salarié(e)s qui nettoient les centres des finances publiques parisiens sont en grève depuis le 11 mars 2015. Ils réclament un 13ème mois de 500€, des contrats de travail de 16H minimum par semaine pour accéder à la protection sociale, une progression dans la grille des salaires, l’accès à la formation professionnelle, deux tenues de travail par an, le remboursement du pass navigo à 50%, ...

    Sans réponse de leur employeur après treize jours de grève, les salariés ont été vendredi 27 mars à la rencontre de la société TFN Propreté groupe Atalian rue de Crimée à Paris 19è, pour exiger l’ouverture de négociations et l’arrêt immédiat des infractions au Code du Travail (remboursement pass navigo, date d’ancienneté, heures complémentaires, équipements de protection, etc...).

    La direction de TFN Propreté a préféré l’intimidation au dialogue. Après plusieurs heures de parodie de discussion, elle a fait venir la police et un huissier, avant d’opposer un refus à toutes les revendications, à l’exception de la fourniture de deux tenues de travail par an, ce qui est une obligation légale.

  • A contacter (ces sites existent-ils toujours ou sont-ils à réactiver ?) :

    AG interpro de Nantes : https://agip44.wordpress.com/

    AG interpro de Lyon : ag2309lyon@googlegroups.com

  • Le syndicalisme de l’isolement des luttes a fait ses preuves :

    "On a l’impression d’être arrêtés en rase campagne. L’intersyndicale va se reconstruire et repanser les plaies", a dit Jean Matthieu Zahnd (CGT), à l’issue de l’assemblée générale qui a voté la fin du conflit. La CGT de Radio France a ensuite signé le texte de propositions du médiateur au côté des quatre autres membres de l’intersyndicale (CFDT, FO, SUD et Unsa).

    C’est quoi les plaies de l’intersyndicale ?!!!!

  • Tout mais pas le 9 avril ! Tout mais pas la convergence des luttes !

    Le principal syndicat du secondaire, le SNES-FSU, vient d’annoncer dans un tweet qu’il appelait, avec d’autres syndicats, à une grève le 19 mai contre la réforme du collège

    Les syndicats, en grève le 16 avril, dénoncent la politique de la SNCF et la "complicité de la direction régionale Bourgogne-Franche-Comté concernant le service public ferroviaire".

    Les postiers guérandais qui s’occupent aussi de La Turballe, Piriac et Mesquer étaient en grève du 11 avril au 14 avril.

    Les postiers du Havre étaient en grève le 15 avril.

    Les postiers de Cognac étaient en grève le 13 avril.

    Les postiers de Narbonne étaient en grève le 27 mars.

    Les ouvriers de Vetrotech à Condren étaient en grève le 3 avril.

    Etc, etc…

    Eh oui, le total des mouvements en France entre mars et avril sont bel et bien une grève générale, au moins dans les services publics, mais pas le même jour !!!!

  • A nouveau un mouvement isolé face à une attaque générale !!!

    Alors que tous les salariés de Total sont menacés par les plans de restrictions du trust, la CGT engage une action dans un seul site !!!

    L’entrée et la sortie de la production de la raffinerie Total de la Mède sont bloquées par le mouvement de grève des salariés. Ils entendent protester contre la suppression de près de 200 postes sur le site.

    Mais ce n’est pas de 200 que Total va réduire ses effectifs : c’est de 2000 et tous les sites sont menacés !!!

    Lire par exemple cet article du Monde

  • PERSONNE NE PEUT LUTTER, DECIDER ET GAGNER A NOTRE PLACE !

    FORMONS NOS COMITES DE TRAVAILLEURS

    COORDONNONS-NOUS, CONTROLONS ET DIRIGEONS NOS LUTTES !

    Il ne suffit pas de manifester, de se mobiliser, rejoignez-nous pour une


    ASSEMBLEE GENERALE INTERPROFESSIONNELLE

    Discutons de nos luttes, de nos conditions de vie, de travail et des moyens d’organisation

    VENDREDI 1er MAI A PARTIR DE 18H

    SOUS LA GRANDE HALLE DE LA VILLETTE

    METRO PORTE DE PANTIN LIGNE 5

  • Compte-rendu de l’AG interpro du 1er mai à la halle de la Villette à Paris.

    L’AG a réuni 30 personnes, dont une part importante sont venues pour la première fois, une bonne partie des participants précédents étant absents de Paris le 1er mai. Il n’y avait par exemple presque personne de la réunion précédente de préparation. Cependant, nous avons tâché d’avancer dans la recherche d’une compréhension commune de ce qui manque actuellement à la classe ouvrière, compréhension indispensable à la mise en commun de nos forces afin d’intervenir parmi les travailleurs en lutte ou pas encore en lutte. Bien sûr, la discussion a encore tourné en bonne part sur le rôle actuel des directions syndicales comme désorganisateur général, comme démobilisateur (la journée du premier mai en était une démonstration vivante), comme démolisseur de conscience collective et d’organisation collective. Il apparaît des divergences et des convergences. La nécessité de contrer les politiques des directions syndicales est commune mais le rôle du comité interpro ou de l’AG interpro continue de se chercher. La dénomination, la définition, les objectifs et les actions sont en discussion en même temps que des interventions ont déjà commencé et sont rapportées et discutées. Le tract qui a été largement distribué à la manifestation du premier mai (aux côtés d’une banderole de la coordination interpro appelant à notre assemblée) a été plutôt généralement apprécié, chacun relevant du coup qu’un tract qui reprenait l’historique des trahisons récentes n’avait pas été fait jusque là. De nouveaux participants à notre initiative ont relevé à la fois la filiation avec des ag interpo des mouvements précédents et le caractère original de celle-ci. Personne n’a semblé trouver l’initiative inutile. Un courant politique présent a souligné son reproche d’un caractère trop abstrait selon lui du reproche général aux syndicats, estimant que, s’il y avait reproche, il devait être précisé et démontré sur place dans chaque lutte, en y intervenant et en y participant, et même en y poussant et en se battant contre ceux qui, sur place, empêcheraient la lutte d’avancer, de se structurer. D’autres participants ont davantage souligné la nécessité de dépasser l’activisme radical et propager l’idée de constituer partout des comités de travailleurs, quelle qu’en soit la forme, comités de grève mais aussi collectifs de préparation, d’organisation, de surveillance, de mobilisation, de coordination des luttes. En ce sens, le terme « interpro » a paru utile pour montrer qu’on veut faire converger les luttes et les consciences des luttes mais insuffisant car cela suppose que tous les participants soient « pro », ce qui sembleraient exclure précaires, chômeurs, retraités, jeunes, banlieues, quartiers et autres divers alors qu’on veut, au contraire, les unir. Le mode d’intervention du comité interpro dans les luttes en cours est aussi à préciser. Faut-il qu’il donne une direction aux travailleurs d’une entreprise ou qu’il appelle ces travailleurs à s’auto-organiser, en assemblée générale mais aussi eux-même en comités, notre assemblée (ou comité interpro) n’ayant pas vocation de se substituer aux travailleurs en lutte. La confiance dans la capacité des travailleurs à s’auto-organiser, du moment qu’ils en verront la nécessité et que les circonstances montreront le besoin d’entrer dans l’action, ne doit pas être remise en cause par la faiblesse actuelle des luttes ou celle, apparente, du niveau de conscience général. Certains ont rappelé que, dans le passé, des travailleurs, précédemment apparemment passifs, avaient d’un seul coup, mis en place des collectifs, des coordinations et des comités de grève. Si ce qui manque actuellement est certainement la coordination, la convergence et la généralisation des luttes sociales, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de luttes mais parce qu’elles ne trouvent pas de mode de jonction, de moyen d’accorder leurs violons. L’AG interpro peut partiellement y œuvrer sans pour autant se considérer comme un chef d’orchestre. Nous avons fait le point des interventions précédentes dans les mouvements, que ce soit à Radio France où de nombreux travailleurs ont estimé s’être fait voler la direction de leur grève par les appareils syndicaux et ont commencé à mettre en place un comité de lutte, que ce soit dans d’autres grèves et mouvements divers. Les participants étaient d’ailleurs venus de toutes sortes de secteurs de la classe ouvrière, étaient syndiqués ou militants syndicalistes comme non syndiqués, certains militants d’organisations révolutionnaires (au moins six ou sept différentes) et d’autres pas, et tous ont eu à se confronter aux politiques des centrales syndicales. Tous reconnaissent l’existence d’un blocage des appareils mais certains relevaient que là où il n’y a pas d’appareil syndical dans la classe ouvrière, cela ne signifiait pas que les luttes y explosent spontanément ni ne s’y radicalisent davantage. Certains estimaient devoir mener le combat dans le syndicat en même temps que dans la classe ouvrière elle-même et d’autres pensaient qu’une intervention en s’adressant directement aux gens entraînait les syndicalistes qui vont dans le même sens et qu’ils ne prenaient pas nécessairement contre eux les critiques des appareils syndicaux. D’autres pensaient que faire des critiques générales et abstraites des syndicats ne faisait pas avancer notre influence, le problème étant plus vaste et concernant la conscience et la combativité même de l’ensemble de la classe et pas seulement la trahison des appareils. On a convenu d’une prochaine réunion le 7 mai prochain dont l’heure et le lieu seront à confirmer, et transmise par le réseau de mail, la salle n’ayant pas encore été trouvée. Cette réunion devra faire avancer la question de la dénomination de l’ « AG interpro » ou du « comité interpro », donner un court texte de définition et de buts, mettre en place des actions et interventions.

    L’AG a débuté par une introduction afin de rappeler dans quelles conditions sont nés le comité interpro de Paris-Est et l’assemblée interpro à l’initative de militants de la SNCF de Paris-Est ainsi que d’autres militants de cette même zone de la capitale, militants ouvriers, retraités, chômeurs, jeunes et étudiants ainsi que militants sur la base des quartiers. Cette intiative est partie d’un constat commun : les directions syndicales font partie intégrante de la bureaucratie d’Etat et, loin de situer dans le camp des travailleurs et de la population, n’aident en rien les travailleurs à mener leurs luttes. Le but qui s’est donc dégagé, et sur lequel les participants sont tombés d’accord dans les diverses réunions qui ont suivi, est de se regrouper sans passer par les centrales syndicales pour s’organiser en vue des grèves et luttes à venir en refusant de laisser ces combats être éparpillés, pour tenir le tableau des grèves en cours, pour mettre en contact les salariés en lutte. Au départ, on s’est organisés sur une base géographique, celle de la zone Nord-Est de Paris mais l’assemblée interpro est bien sûre ouverte à des personnes d’autres secteurs.

    Voici un résumé des interventions qui ont suivi :

     Ce que nous mettons en avant : faire en sorte que les luttes des travailleurs se joignent, que les travailleurs prennent eux-mêmes en mains leurs luttes et que ces luttes prennent autant que possible le caractère d’une lutte de classe.

     Dans les entreprises que nous avons contactées comme Radio France, nous avons rencontré des salariés qui nous ont dit avoir l’impression d’être dépossédés de leur lutte et de ne plus contrôler leur action. L’un des intérêts du comité interpro est de lutter pour que les travailleurs eux-mêmes prennent les décisions les concernant, prennent la parole eux-mêmes qu’ils soient déjà ou pas encore en lutte et, surtout, de ne pas exclure ou isoler les chômeurs, les retraités, les groupes de quartiers, les jeunes, les sans papiers, etc…

    suite à venir....

  • ...suite...

     Nous ne devons pas exclure non plus les militants syndicalistes les plus combatifs qui ont un rôle à jouer et qui peuvent, à la faveur des expériences concrètes locales, partager nos points de vue. Nous avons le besoin de partager des expériences avec d’autres militants. Pour mener les grèves de manière plus radicale, il ne faut pas craindre de combattre sur le terrain tous ceux qui s’y opposent, afin d’offrir une politique combative.

     Nous ne faisons pas que militer pour des grèves revendicatives radicales. Rien ne prouve que le capitalisme parvienne à se redresser et à aller vers une reprise économique. Rien ne prouve qu’il ait les moyens financiers étatiques pour faire face à la prochaine crise financière, boursière et spéculative. Dans ces conditions, il importe que notre comité ou nos comités ou assemblées interpro militent pour que les travailleurs organisent eux-mêmes leurs luttes. Les appareils syndicaux peuvent parfaitement s’adapter si le climat se radicalise et faire mine d’adopter y compris une vraie grève générale ou se généralisant, comme en 36 ou en 68, et s’ils en prennent la tête, ce sera pour l’envoyer dans l’impasse comme ils l’ont alors fait dans le passé. Nous organiser aujourd’hui en comités anticipe peut-être sur la montée des luttes mais cela est peut-être nécessaire pour éviter de nous retrouver trompés comme les travailleurs en 36 àu en 68.

     Les directions syndicales nous volent notre autonomie, nous empêchent de nous exprimer, nous volent nos luttes. Elles revendiquent le droit de nous empêcher de faire grève en imposant leur monopole des préavis de grève. Elles prétendent décider à notre place des revendications. Elles négocient dans le dos des grévistes, en refusant à ceux-ci de participer aux négociations et d’en contrôler le cours. Elles décident et imposent les fins de grève. Elles divisent et isolent les luttes en monopolisant les liaisons inter-secteurs et en refusant d’appeler à des luttes d’ensemble face à des attaques d’ensemble. Elles présentent des défaites pour des victoires et empêchent les travailleurs d’échanger leurs expériences et les leçons de leurs luttes en les dépossédant ainsi de la conscience collective pourtant indispensable. Et c’est nous qui payons leurs stratégies et les échecs de nos luttes qui en découlent ! Il en résulte que nous échiner à réformer les syndicats est une perte de temps. Il faut nous organiser de manière indépendante sans les directions syndicales et, si nécessaire, contre elles.

     Est-ce que l’expression « interpro » du comité ou de l’assemblée est suffisamment claire ? Il ya des personnes qui nous ont dit se demander si cela s’adressait vraiment à eux puisqu’ils sont chômeurs, retraités, jeunes, habitants des banlieues mais ne sont pas « pro » d’aucun secteur de la classe ouvrière, alors que, bien entendu, leur participation serait nécessaire au comité et à l’assemblée. D’autres questions se posent pour les gens sur ce qu’est et ce que veut l’interpro : est-ce que nous sommes pour ou contre les syndiqués et, en somme, qu’est-ce que nous voulons. Faire un petit texte du type « qui nous sommes et que voulons-nous » semble nécessaire à ce stade. On y préciserait par exemple qu’on est pour que les travailleurs conduisent eux-mêmes leurs luttes de bout en bout, en décidant y compris quel est ce bout. On peut avoir des divergences entre nous sur les limites et les trahisons du syndicalisme mais, si nombre d’entre nous militent dans des syndicats, nous affirmons tous une défiance totale vis-à-vis des bureaucraties syndicales. Mais ce point n’est pas la seule raison de notre existence : même s’il se trouvait que tous les syndicats étaient très corrects et combatifs, même s’ils n’étaient pas aux mains de bureaucrates liés au patronat et à l’Etat, de tels comités seraient indispensables quand même pour prendre la tête des luttes car ils seront indispensables ensuite pour prendre la tête de toute la société. D’ailleurs, si parfois, il peut sembler que les syndicats ont une attitude correcte, ne torpillent pas la lutte, cela peut être un calcul momentané. Ainsi, on a vu, lors de la grève de Radio France, des syndicats qui paraissaient corrects, torpiller ensuite la grève en faisant venir voter les non-grévistes, en rameutant leurs adhérents anti-grèves pour faire reprendre le travail malgré une assemblée ouvertement pour la continuation de la grève. Donc même là où les syndicats sont corrects, il faut des comités indépendants des appareils syndicaux. Les syndicalistes corrects pourront très bien y participer sans y imposer leur direction.

     Actuellement, nous, travailleurs, n’avons plus l’habitude de nous organiser. Cela fait tellement longtemps que nous avons complètement désappris. Nous n’avons plus du tout le réflexe simple de nous réunir, de nous parler, d’échanger nos avis, de discuter pour décider ensemble. Il faut retrouver ces modes de fonctionnement. Les comités doivent être un moment pour se parler, pour s’organiser, pour décider ensemble, pour s’informer aussi. On remarque par exemple bien des fois, lors des attaques, que les dirigeants syndicaux étaient au courant bien avant et se sont bien gardés de nous en informer et de nous permettre de discuter et de décider nous-mêmes de ce que nous en pensions. Même dans cette manifestation du premier mai, aussi petite soit-elle, les appareils syndicaux se sont bien gardés de mélanger les manifestants, de mêler les cortèges, les syndicats, les secteurs d’activité. Bien sûr, au sein de notre assemblée, on peut être en désaccord sur bien des points mais ce qui doit nous rassembler c’est la volonté de construire des lieux où on peut débattre et converger.

     On a beaucoup discuté de la question syndicale mais il n’y a que 8% de syndiqués en France. Les syndicats ne sont pas tout le problème et les problèmes que nous avons avec les syndicats, nous les avons aussi avec les travailleurs eux-mêmes. Bien des travailleurs refusent la solidarité ouvrière. Il y a des travailleurs qui votent Le Pen. On ne peut pas tout mettre sur le dos des syndicats, de manière aussi générale et abstraite alors qu’il y a des syndicalistes et des syndiqués très bien et des non syndiqués qui sont pourris. Certains salariés se moquent que d’autres soient précaires ou perdent leur emploi alors que les syndicats se battent parfois pour tous les salariés et défendent tous les salariés que leurs camarades de travail ont parfois abandonnés. Les syndicats peuvent se battre pour l’emploi pour tous. Les syndicats sont un cadre. C’est à nous d’y mettre un contenu, celui du droit au travail pour tous par exemple, celui de la répartition des revenus.

     On ne revendique pas seulement du salaire, de l’emploi, du travail. On veut changer les rapports sociaux. On veut se battre pour une autre société. C’est compliqué, bien sûr, parce que nous ne sommes pas organisés dans ce but. C’est cela qu’il s’agit de réapprendre et de reconstruire.

     Nous ne voulons pas seulement des grèves mais que les luttes prennent un caractère de lutte de classe et c’est très différent.

     On fait tous le même constat : dans les grosses mobilisations, on se retrouve sans contrôle sur notre lutte et on n’arrive pas à unifier même les luttes en cours et encore moins à faire en sorte qu’elles entraînent d’autres travailleurs dans la lutte. La sabotage syndical a mille formes : journées d’action sans lendemain (quelle est la suite du 9 avril ?), grèves par secteur, par corporation, par site, etc, etc… Voilà l’objet de l’assemblée interpro : sortir du cadre étouffant imposé par les syndicats en permettant aux luttes de s’entraider, de s’unir, de se contacter, de travailler à l’extension. Pour cela, il faut qu’il y ait des minorités militantes organisées et coordonnées qui défendent l’unité de la lutte. Bien sûr, il peut être difficile de maintenir en vie ce type de comité et cela peut dépendre de l’ampleur des mobilisations en cours mais c’est un travail qui a de l’avenir.

     On n’est pas là pour remplacer les syndicats. Nous ne voulons pas que le comité ou l’ag interpro dirigent les luttes à la place des travailleurs. Si nous critiquons les syndicats, ce n’est pas parce que nous avons une solution miracle d’un syndicalisme correct. Si les syndicats sont devenus partout et toujours ce qu’ils sont aujourd’hui, cela a des causes objectives et pas seulement subjectives. Certains camarades pensent que notre action peut suffire à transformer ou entraîner les syndicats. D’autres pensent que non. En tout cas, que l’on milite ou pas dans les syndicats, il faut favoriser une organisation des travailleurs indépendante des appareils.

    suite à venir...

  •  Un camarade travaillant à l’INSEE donne l’exemple d’une grève à laquelle il a participé et qu’il a estimé conduite jusqu’à la victoire par les syndicats de manière correcte, les revendications yant été globalement satisfaites. Il estime que, dans ce cas, le syndicat est un organe efficace de la lutte et donc qu’il ne faut pas partir en guerre d’une manière générale contre les syndicats. Il estime qu’aujourd’hui les luttes pâtissent plus du fait que les travailleurs sont démotivés que du frein des syndicalistes. Il nous appelle, si nous en sommes capables, de prouver que nous faisons mieux qu’eux.

     S’organiser peut se faire de différentes manières, à différents niveaux et à divers moments de la lutte. Il y a le comité interpro qui réunit d’abord des minorités militantes dont un grand nombre de militants révolutionnaires de divers groupes. On le voit bien au fait que sortir du capitalisme est une position qui est majoritaire dans le comité interpro. Au cours d’une lutte, il y a le comité de grève. Même avant la grève, il peut y avoir un comité de mobilisation. Face aux politiques gouvernementales et patronales, on peut mettre en place des comités de surveillance, de contrôle, de solidarité. Mais, dans tous cas, on s’organise pour se fixer des objectifs et des perspectives face aux plans de nos adversaires et ces objectifs de mobilisation peuvent nous permettre entre autres d’unir syndiqués et non syndiqués.

     Il ne s’agit pas d’être contre les syndicalistes, contre les syndiqués. Nous n’avons jamais dit cela. Nous sommes contre toutes les bureaucraties syndicales et contre la manière dont elles mènent les luttes. Cela ne nous assimile pas à des anti-syndicalistes et d’ailleurs nombre de camarades du comité sont eux-mêmes syndiqués, syndicalistes militants ou élus et parfois responsables syndicaux. Mais les syndicalistes membres du comité, comme ceux qui ne sont pas syndicalistes, affirment que les appareils syndicaux ne doivent pas diriger les luttes à la place des travailleurs eux-mêmes. La vraie question, c’est que le comité vise à regrouper tous ceux qui ont confiance dans les capacités des travailleurs à s’organiser eux-mêmes, à discuter eux-mêmes, à décider eux-mêmes. L’analyse partagée par les militants du comité interpro, c’est que les bureaucraties syndicales divisent nos luttes et les font échouer.

     Un camarade cite l’exemple d’une grève à Keolis où un responsable syndical se charge d’empêcher tout contact des grévistes avec d’autres salariés de Carrefour en grève juste à côté. Résultat : isolement de la grève et son échec après plusieurs jours de grève. On ne peut pas nier le rôle très négatif des dirigeants syndicaux et de la bureaucratie. Bien entendu, cela ne signifie pas fermer la porte à tous les militants syndicalistes mais leur permettre de ne pas dépendre entièrement de l’appareil de leur syndicat.

     Les syndicats sont pourris, ce n’est pas une nouveauté et ce n’est pas une découverte. On est obligés de compter sur nous-mêmes même si on est conscients que cela signifie s’attaquer à une tâche immense et dans une situation qui, pour le moment, peut sembler défavorable. Ce que l’on fait avec le comité interpro, c’est petit mais il faut bien commencer par un bout. Bien sûr, cela peut sembler plus un espace de psychologie collective où chacun exprime ses espoirs et ses déceptions plus qu’à un début de véritable centre d’information, d’intervention et d’organisation. Cependant, même à ce stade, il faudrait se donner les moyens de tester ce que nous sommes capables de faire. Cela nécessiterait d’utiliser ce moyen pour intervenir dans des luttes. Par exemple, on pourrait participer à des mobilisations comme celle contre des flics qui ont tiré une balle dans le dos d’un jeune et celle face aux flics qui sont intervenus à Clichy-sous-bois et lors de l’énoncé du jugement dans l’assassinat de Zied et Bouna. Il y a des moments comme cela où on peut se retrouver avec des gens que l’on ne voit pas dans les cortèges syndicaux, des gens des banlieues dont on ne parle pas mais qui se battent avec courage, des gens comme ceux du nettoyage qui ont une combativité et une solidarité parfois supérieure aux milieux plus favorisés de la classe ouvrière que cultivent les syndicats. En dehors de mouvements de lutte, une assemblée n’est qu’un espace de discussion.

     Un militant de la CGT du Livre affirme que oui, il s’agit d’une aristocratie ouvrière et il en fait partie, oui, les syndicats sont depuis longtemps non seulement pas révolutionnaires et même contre-révolutionnaires mais ils se veulent efficaces pour limiter les attaques anti-sociales et la révolution n’étant pas pour le moment à l’ordre du jour, ne sont-ils pas le contre-poids le plus efficace face à ces attaques ? C’est un rôle objectivement réactionnaire mais qui permet aux salariés, au jour le jour, d’obtenir quelques satisfactions à leurs revendications. Résultat : c’est quand même là où il y a des syndicats que les travailleurs sont le moins attaqués et qu’ils obtiennent des aménagements plus favorables, pas là où il n’y en a pas du tout. C’est quand même mieux qu’il y ait des syndicats forts. Et, pour le moment, personne, pas même les classes dirigeantes, ne peut prévoir quand reviendra une situation révolutionnaire. Donc on ne peut pas être contre les syndicats.

     Une fois de plus, personne n’a dit que le syndicat est inutile et nous ne disons pas aux gens de ne pas aller dans les syndicats ni même d’être, d’une manière générale, contre les syndicats. Nous disons que nous refusons qu’ils confisquent les luttes. Nous ne devons plus nous laisser voler nos grèves. Dans une période pré-révoluionnaire aussi, il est très important de dépasser les limites qu’imposent les syndicats, des limites corporatistes, des limites qui les maintiennent dans le cadre de la conservation du capitalisme et des limites qui, en empêchant les travailleurs de diriger eux-mêmes leurs luttes, ne leut permet pas de se défendre efficacement comme de préparer l’avenir.

     Un participant rappelle qu’il est chômeur et que le comité interpro c’est le moyen aussi d’associer les chômeurs, ce qui n’est pas le cas avec les appareils syndicaux. Il rappelle quelques leçons du dernier conflit à Radio France, conflit qu’il appelle à étudier et à en diffuser les leçons de cette défaite systématiquement organisée par les appareils syndicaux. Par exemple, c’est les syndicats qui ont imposé le médiateur. C’est eux qui ont imposé le cadre des négociations et pas les grévistes. Il y a des travailleurs de Radio France qui ont commencé à tirer les leçons de cette lutte et de cette défaite et qui ont commencé à s’organiser dans ce but. Ils ont conscience de la nécessité de faire un travail pour se réapproprier nos luttes. D’autres tentatives ont lieu en ce sens comme une convergence entre des postiers en grève du 92 et des salariés de Carrefour Market en lutte. Des efforts à faire connaître, à poursuivre et à amplifier.

     Un participant nous a dit que nous avons le syndicat que nous méritons. Comme si la sitaution actuelle du mouvement syndical reflétait d’abord des défauts des travailleurs eux-mêmes ! Mais en quoi méritons-nous ces appareils syndicaux et leurs comportements bureaucratiques ? Nous sommes dans un secteur où les travailleurs se sont mobilisés massivement, se sont solidarisés. En quoi ont-ils mérité d’avoir un appareil syndical qui les trahit ? En quoi sont-ils responsables des décisions de cet appareil de lancer et d’arrêter les grèves quand bon leur semble. Comme si on pouvait aisément faire grève sans avoir de préavis de grève et sans risquer de perdre son emploi !

     Un camarade souligne qu’à son avis des syndicats ont mené des luttes radicales comme à PSA Aulnay, comme le leader syndicaliste Xavier Mathieu de Continental et de rappeler ses propos radicaux contre Bernard Thibaut. Et il appelle plutôt qu’à critiquer de manière générale les syndicats à rallier à nous les franges les plus radicales des travailleurs, syndicalistes et non syndicalistes.

     Un autre camarade affirme que l’on doit tenir compte du fait que le niveau de conscience des travailleurs est très affaibli et que la conscience syndicaliste est déjà un fait positif, un progrès relatif. Selon lui, il y a une crise subjective de la classe ouvrière dans laquelle le syndicat a un rôle ainsi que la lutte à mener en son sein. On doit prendre la mesure de recul et de cette crise au sein de la classe ouvrière et en déduire la nécessité de faire prendre confiance en défendant un projjet social collectif capable de satisfaire les besoins humains. Pour lui, l’interpro ne peut avoir de sens que pour aider à la lutte, aider les organisations syndicales à dépasser leurs limites actuelles quand elles manquent de capacités de lutte. On organise l’intervention à la Halle, André en ce sens pour qu’un comité prenne la direction de la lutte. Arrêtons de parler, agissons, dit ce camarade. Arrêtons de critiquer les syndicats et menons le combat sur le terrain pour les emplois et les salaires.

     Nous ne faisons pas que souhaiter et préparer la convergence des luttes et la transformation de la défensive actuelle en offensive, nous voulons que les luttes préparent les travailleurs à apparaître, d’abord à leurs propres yeux, comme une force sociale capable de proposer un autre avenir que la société capitaliste en faillite. C’est pour cela que les comités interpro sont indispensables. Se réunir pour discuter de la situation et de la manière d’y faire face, ce n’est pas seulement plus efficace pour les luttes actuelles mais aussi c’est la seule manière de préparer un autre avenir que le capitalisme, ce dernier ne semblant plus en état de se maintenir durablement. Et il ne naîtra pas une société socialiste sans que naissent des comités par lequels les travailleurs détiendront le pouvoir en l’ayant enlévé aux capitalistes. La conception lutte de classe du comité et de l’assemblée interpro, c’est un combat contre les trahisons des syndicats mais pas seulement : contre toutes les sortes de réformisme qui remplacent l’action directe des travailleurs, la tromperie du bon syndicat, comme celle du bon Etat ou celle du bon gouvernement, sans parler de celle du bon patron.

     Un participant se félicite de cette initiative plutôt inédite bien qu’elle aille dans le même sens que d’autres assemblées initiées aussi par des cheminots de gare de l’Est au cours de mouvements précédents. Il souligne qu’il y a une morosité ambiante et que, dans ces conditions, faire preuve de volontarisme comme nous le faisons peut avoir d’autant plus d’importance. Il rappelle les luttes actuelles dans les écoles, luttes auxquelles il a participé avec des AG enseignants-parents. Il rappelle les attaques actuelles contre l’école, notamment dans les ZEP.

     Un camarade rappelle la nécessité de se donner des objectifs concrets, de fixer des actions à venir.

     Un camarade rappelle que, dans ce but, une réunion aura lieu jeudi prochain 7 mai et que l’heure et le lieu seront transmis par les voies habituelles

     Un camarade qui rappelle qu’il n’a jamais eu que des boulots précaires affirme qu’il n’a jamais été soutenu par les syndicats qui se gardaient bien d’unifier la lutte avec les précaires, les non titulaires, les non professionnels et les isolaient même volontairement. Le boulot des syndicats, c’est toujours de faire accepter les soubresauts du capitalisme au sein des travailleurs. C’est cette gauche (notamment syndicale) qui fait passer les attaques, qui cautionne les reculs. Les gens sont capables de s’organiser. On l’a vu maintes fois. Par exemple, dans les grèves de 1986-1987. Dans les coordinations, il y avait des syndiqués et des non syndiqués. Pour avancer, il faut effectivement intervenir devant les entreprises et faire des compte-rendus de ces interventions pour en tirer le bilan.

     Les syndicats sont devenus des gestionnaires de la force de travail. Neutraliser les bureaucraties syndicales est indispensable car elles combattent systématiquement les efforts d’auto-organisation. On peut se donner des objectifs qui permettent d’avoir un impact en dénonçant les plans patronaux et gouvernementaux, les plans internationaux, nationaux et régionaux ; par exemple, le « grand Paris » est une opération qui concerne des milliers de travailleurs de tous les secteurs d’activité et en même temps d’habitants. Il y a déjà eu des grèves liées au Grand Paris. Il y a tout un combat à mener là-dessus. On peut s’adresser à la fois aux salariés et aux habitants.

    Deux propositions ont été retenues par l’assemblée du 1er mai et votées : l’une en direction des salariés d’André-Hall aux vêtements- Vivarte qui a annoncé 1600 suppressions d’emplois dans ses établissements et où les syndicats ont plutôt retardé l’entrée en lutte avec un rendez-vous lundi prochain pour rédiger un tract du comité interpro en direction de ces salariés. Cette proposition a donné lieu à motion votée (13 pour, une abstention, un contre et plusieurs ne participent pas au vote). Il y a eu aussi pour la suite la proposition de rédaction d’un tract en direction de l’ensemble des services publics afin de montrer qu’il y a une attaque générale des services publics, et pas d’un côté la SNCF, d’un autre les hôpitaux, d’un troisième Radio France, et d’une quatrième La Poste, et ainsi de suite. Cette proposition a donné lieu à une motion votée (17 pour, zéro contre, zéro abstention et plusieurs ne participant pas au vote). Une proposition de rendez-vous pour rédiger le tract suivra. Des exemples de tentatives de convergences des luttes en cours (par exemple entre enseignants et postiers du 92) ont été rappelés. Des propositions diverses d’intervention du comité dans plusieurs directions ont été avancés. On peut citer les manifestations des jours prochains par rapport à des assassinats par les forces de l’ordre dont celle de Bouna Traoré et Zyed Benna à Clichy-sous-bois pour le rendu du jugement des flics. La mise en place du « grand Paris » a été également avancée comme un moyen d’intervenir sur un mode général s’adressant à toutes sortes de travailleurs et d’habitants, puisque ce plan va concerner un très grand nombre de salariés et d’habitants et est déjà l’objet de luttes sociales et de grèves. Bien entendu, ce résumé « oublie » un certain nombre de points et ne donne pas le détail des interventions. Comme je le disais, un compte-rendu plus détaillé suivra, d’autant plus nécessaire pour avancer que nombre d’entre nous n’ont pas pu se rendre à chaque assemblée.

    Pour les interventions que je n’ai pas pu noter en détail, je demande aux participants concernés de m’en excuser. Tout correctif de mon compte-rendu par l’un des participants est bien entendu le bienvenu.

  • Plusieurs semaines après la fin de la grève qui avait secoué les stations publiques, l’inquiétude et la colère des salariés de radio France n’ont pas disparu.

    Radio France est-elle au bord d’une nouvelle grève ? Un mois et demi après la fin du conflit qui a paralysé la maison de la radio pendant 28 jours, la question mérite d’être posée. « Le climat est explosif », assurent plusieurs personnes en interne. Pour preuve, les murs et les piliers qui s’ornent chaque jour de nouveaux messages grinçants : « La colère couve toujours », « Luttons », « Occupy Radio France », ou encore le peu surprenant « Gallet du balai ». Tracés à la craie, ils disparaissent aussi vite qu’ils ont surgi. Mais montrent que si le 16 avril la grève a cessé, le combat, lui, n’a pas pris fin.

    Une assemblée générale des personnels est d’ores et déjà prévue jeudi 4 juin, qui fera suite à deux jours entiers de CCE (comité central d’entreprise). Le premier, extraordinaire, se tient ce mardi 2 au matin avec l’objectif d’examiner « les orientations stratégiques et leurs conséquences sur l’activité, l’emploi, l’organisation du travail et les contrats temporaires » : le plan de départs volontaires, qui pourrait concerner entre 320 et 380 personnes, est dans toutes les têtes. Le second, ordinaire, aura lieu ce mardi après-midi et mercredi et s’intéressera aux comptes de la maison. « On a le sentiment que la direction ne maîtrise plus rien, avance Jean-Paul Quennesson, représentant de Sud. Elle est totalement dépassée par les enjeux. » La CFTC devrait réclamer un audit sur les comptes de la réhabilitation de la Maison Ronde, et déposer un droit d’alerte. Absente de l’intersyndicale qui lança le mouvement social du printemps, l’organisation n’exclut pas de déposer un préavis de grève dans les prochains jours ; ni de rejoindre ses collègues des CGT, CFDT, Sud, Unsa et FO s’ils appelaient à un nouvel arrêt de travail. Considéré comme un obstacle au dialogue social, Christian Mettot, directeur de ressources humaines, est dans le viseur des syndicats. S’il restait en poste, le départ du PDG Mathieu Gallet pourrait à nouveau être demandé.

    Sous la houlette du médiateur Dominique-Jean Chertier, des groupes de travail s’efforcent pourtant d’avancer les réflexions sur les modes de production, le réseau France Bleu, les orchestres — tous sujets débattus en vue de l’élaboration du contrat d’objectifs et de moyens (COM). « La maison a la réunionnite », ironise même un cadre. Pas sûr que cette inflation soit vraiment bénéfique. « Sur le réseau France Bleu, c’est à peine s’il y a eu une réunion, indique d’ailleurs Philippe Ballet, de l’Unsa. Sur les modes de production, la discussion est censée durer jusqu’en juin 2016 ; et sur la musique, ça n’a pas encore commencé. » De fait, Mathieu Gallet a appelé le directeur de la Philharmonie Luxembourg, l’Allemand Stephan Gehmacher, pour lui confier une mission d’étude sur les formations musicales ; d’ici à quelques semaines, après avoir auditionné tous les acteurs de la direction concernée (1), il devra établir un projet-cadre, base d’une discussion sur le « redimensionnement » des orchestres réclamé par Fleur Pellerin.

    En attendant, la clepsydre se vide : la direction de Radio France est censée informer les partenaires sociaux des grandes lignes de son COM au prochain CCE, le 17 juin. Le vote (purement consultatif) des instances aura lieu le 21 juillet, soit deux jours avant la présentation du document en conseil d’administration. Après examen des commissions des affaires culturelles de l’Assemblée et du Sénat, et avis du CSA, il devra recevoir l’imprimatur du ministère de la Culture et de la Communication.

    Ce sera alors l’automne, et peu ou prou le moment où le plan de départs deviendra réalité (d’après des sources syndicales, deux cabinets extérieurs à Radio France seraient en train d’en examiner les modalités possibles). Ce sera aussi le moment où la maison pourrait, prévient la direction à mi-voix, se retrouver potentiellement dans l’impossibilité de payer les salaires.

    (1) Récemment évincé, le directeur Jean-Pierre Rousseau, nommé l’année dernière, est remplacé de manière temporaire par Bérénice Ravache, secrétaire générale de Radio France.

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