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L’Afrique n’est pas située en dehors de la lutte des classes

mardi 16 juin 2015, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

L’Afrique n’est pas située en dehors de la loi de la lutte des classes, pas plus qu’elle n’est en dehors des lois de la physique, de la chimie, de la biologie ou de l’évolution des espèces

Ce n’est pas une idée si courante d’affirmer que l’Afrique est déterminée, socialement et politiquement, par la lutte des classes, comme toutes les autres régions du monde….

On a vite fait de faire croire que l’histoire de l’Afrique se cantonnerait à celle des guerres entre ethnies, entre religions, entre tribus, entre noirs et blancs, entre colonisés et colonisateurs, entre dictateurs et opprimés mais pas à la lutte, moderne, entre prolétaires et capitalistes. Et pourtant….

Pourtant…

Pourtant, si on examine la réalité des luttes en Afrique, elle est déterminée fondamentalement par la lutte des classes.

Eh oui, désolé d’avoir à le redire, l’Afrique fait partie du monde. Quand il s’agit des sciences, l’Afrique obéit à la loi de la relativité d’Einstein, bien que ce dernier soit Allemand, à la loi de l’éctromagnétisme de Maxwell, à la loi de l’électrodynamique quantique de Feynmann, bien que ces auteurs ne soient pas non plus Africains, et à bien d’autres lois de la physique, de la biologie, de l’évolution des espèces, même si leurs auteurs ne sont pas, le plus souvent, africains.

Eh bien, l’Afrique obéit à la loi de la valeur-travail, à la loi de l’accumulation du capital défendue notamment dans l’ouvrage « Le Capital » et à la loi de la lutte des classes défendue notamment dans « Le Manifeste communiste » de Karl Marx, bien que celui-ci soit d’origine allemande. Le marxisme est né en Europe mais ce n’est pas plus un produit européen que le capitalisme qui y est né aussi mais dont personne ne conteste qu’il soit mondial.

Oui, l’Afrique obéit à la loi mondiale du grand capital, comme toute autre région du monde et, du coup, à la loi de la valeur-travail, à celle de l’accumulation du capital, et ce qui en découle : la lutte des classes !!! Tant pis pour les nationalistes, les démocrates africains, les africanistes, les bourgeois, les passéistes, les traditionnalistes, tous ceux qui cultivent une fausse « africanité » !

Les lois de la dynamique des sociétés sont les mêmes que dans le reste du monde, de même que les lois de la dynamique des fluides sont les mêmes en Afrique ou de même que les lois de la dynamique du vivant sont aussi les mêmes !

Même si, dans le partage international du travail, l’Afrique a reçu une part qui est surtout cantonnée à l’exploitation des mines, du pétrole, du gaz, des minéraux, et aussi à l’exploitation des produits agriicoles et des forêts, cela ne signifie pas que l’Afrique ne fasse pas partie du capitalisme.

Même si l’Afrique a une part du pauvre, étant ponctionnée à la fois par les impérialismes, par les classes dirigeantes, par les dictateurs et bandes armées, officielles ou pas, même si elle subit double ou triple exploitation et oppression, toutes ces formes particulières sont intégrées au capitalisme, et actionnées par lui et pas par une société antique, traditionnelle, ancestrale, villageoise, ethnique, tribale, animiste, maraboutique, de notables locaux, de sorciers, de chefferries, de royautés antiques, etc.

Ce qui détermine l’évolution des sociétés africaines, comme partout dans le monde, c’est la propriété privée des moyens de production, c’est l’exploitation du travail salarié, c’est la plus-value, c’est le capital et son accumulation, c’est la recherche effrénée du plus haut taux de profit, etc, toutes sortes de lois capitalistes qui n’ont rien de particulier à l’Afrique.

La division en classes, elle aussi, n’est pas une particularité africaine et n’est pas changée par la survivance, sous le capitalisme, de survivances ancestrales et arriérées, pas plus que l’Arabie saoudite retardataire n’est située en dehors du capitalisme.

Bien sûr, le maintien des idéologies antiques, si elle ne change pas la réalité objective des classes et de leur lutte, a un effet sur la prise de conscience des peuples travailleurs. L’importance des mentalités ethnistes, esclavagistes, clanistes, mystiques, mythologiques, animistes, communautaristes, racistes, etc. , est une nécessité pour les classes dirigeantes, locales comme impérialistes, face à la croissance et à l’importance sociale et économique du prolétariat et ce n’est pas une particularité africaine. L’Inde, par exemple, est parfaitement intégrée au capitalisme tout en ayant conservé toutes ses idéologies antiques et retardataires.

Si l’Afrique est apparue comme un peu située en dehors du grand courant du capitalisme, ce n’est pas à cause d’un développement particulier, autonome et original, mais du fait de la grande division internationale du travail au sein du monde capitaliste et non à cause de particularités locales que seraient le monde patriarcal, féodal, ethnique, clanique, tribal ou villageois.

Ce qui domine l’Afrique, c’est bel et bien le capitalisme le plus moderne, celui des exploitations du gaz et du pétrole, celui des mines modernes, celui des grandes exploitations capitalistes des bois et forêts, celui des trusts mondiaux de l’or, de l’uranium et d’autres minerais.

Les deux classes principales de l’Afrique sont bel et bien la bourgeoisie et le prolétariat.

Ce qui explique les affrontements dans les pays d’Afrique, c’est encore et toujours la lutte des classes, même dans les situations où on voudrait nous faire croire qu’il y a des guerres interethniques, intercommunautaires, interreligieuses, entre milices armées, entre dictatures militaires, ou entre clans opposés de la bourgeoisie se prétendant fondés sur des critères religieux, régionaux ou ethniques.

Comme partout dans le monde, ce qui détruit la conscience de classe du peuple travailleur, ce n’est pas seulement les idéologies philosophiques arriérées propagées par les classes dirigeantes mais c’est l’idéologie réformiste de la collaboration de classe, exactement comme dans les pays riches, occidentaux ou pas.

Comme partout dans le monde, c’est d’abord le réformisme politique et syndical qui détruit la conscience de classe.

C’est d’abord la croyance dans la vertu des élections, de l’alternance politique, des droits démocratiques dans le cadre bourgeois.

C’est d’abord l’idéologie du respect de la propriété privée des moyens de production, et de la prétendue réussite individuelle dans ce cadre étouffant de l’exploitation capitaliste et de l’accumulation de l’essentiel des richesses par l’infime minorité des possesseurs de capitaux.

C’est d’abord l’idéologie réformiste des dirigeants syndicaux qui sont prêts à toutes les négociations bidon avec tous les pouvoirs dictatoriaux, avec les classes dirigeantes aux dents longues, avec tous les capitalistes exploiteurs et pilleurs de toutes les richesses.

C’est d’abord le refus des réformistes de toute révolution sociale prolétarienne, remettant totalement en question le pouvoir bourgeois et le droit bourgeois, renversant à la fois l’Etat bourgeois et la loi bourgeoise de la propriété privée des moyens de production.

Les bureaucraties syndicales et les politiciens bourgeois ne sont pas une particularité occidentale, ni une particularité des pays riches. Eux aussi sont mondialisés !!!

Pourtant, tout cela n’a pas empêché les prolétaires africains de se lancer plusieurs fois « à l’assaut du ciel », de faire des révolutions sociales, de tenter d’en finir avec l’exploitation et l’oppression.

A chaque fois que de telles situations ont explosé, les dirigeants politiques et syndicaux des peuples ont mobilisé tous leurs moyens sociaux et organisationnels pour détourner cette aspiration des prolétaires africains, pour dévitaliser ces luttes, les détourner, leur donner de faux objectifs, de fausses formes d’organisations, et les remettre aux mains de faux amis. Mais, là aussi, ni plus ni moins que dans le reste du monde, pays riches et pays pauvres confondus.

En Afrique comme dans le reste du monde, les dirigeants de la classe prolétarienne sont les réformistes. Ils affirment que le changement viendra des élections, de la démocratie, de l’action responsable et légale et pas de la révolution sociale et socialiste. Ils ne veulent pas du renversement du capitalisme et de la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme qu’ils traitent de « lubie marxiste » et qu’ils discréditent en disant qu’elle n’est pas d’origine africaine. Comme si la démocratie bourgeoise était d’origine africaine, comme si le capitalisme, les banques, la plus-value et le grand capital étaient d’origine africaine !!! Comme si le noirisme, le nationalisme, l’ethnisme, le clanisme, l’intégrisme proposaient une société différente de la société bourgeoise !!! Il n’a jamais existé de capitalisme noir mais il n’y a pas non plus de capitalisme jaune, même si le capitalisme est très dynamique en Asie !!!

Certes les travailleurs africains doivent tirer d’abord des leçons de leurs propres expériences et pas seulement de celles des luttes des autres fractions du peuple travailleur. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne doivent pas tirer des leçons de la Commune de Paris ou de la révolution russe. Car la bourgeoisie mondiale, africaine comme non africaine, a bien tiré des leçons de la révolution française ou de la révolution américaine.

De même, les leçons des luttes du prolétariat d’Afrique ne concernent pas que les Africains mais tous les travailleurs et révolutionnaires du monde.

Mais ce qui leur manque, ce n’est pas seulement la connaissance des luttes passées mais l’analyse de celles-ci, les forces et les faiblesses des prolétaires, ce qui leur a fait défaut et ce qu’ils ont démontré de leurs capacités. Toutes ces leçons sont volontairement brouillées par des adversaires ouverts ou cachés, par des faux amis et de vrais ennemis.

Et c’est ce qui manque aux prolétaires africains comme cela manque aux prolétaires de toutes les autres régions du monde…

Les prolétaires du monde ont besoin de connaître leurs forces comme leurs faiblesses. Ils ont besoin de la vérité et pas de compliments, de mensonges ou de slogans.

Mais, pour analyser ces forces et ces faiblesses, ils ont besoin du programme communiste révolutionnaire de Marx à Trotsky, du marxisme. Car le marxisme n’est pas plus européen que la physique, que la chimie ou que la biologie. Le programme communiste appartient aux prolétaires du monde et les en a volés aussi bien en Afrique qu’ailleurs.

La suite du texte

Quelques exemples :

Lutte des classes en Afrique du sud

Lutte des classes en Côte d’Ivoire

Lutte des classes au Burkina Faso

Lutte des classes au Tchad

Lutte des classes au Gabon

Lutte des classes au Burundi

Lutte des classes au Niger

Luttes de classe en Guinée (Conakry)

Lutte de classe en Guinée équatoriale

Lutte de classes au Togo

Lutte des classes à Madagascar

Lutte des classes au Cameroun

Lutte des classes au Mali

Luttes de classe au Kenya

Lutte des classes au Sénégal

Lutte des classes en Zambie

Les luttes de classe en Afrique sub-saharienne

Les luttes de classe en Afrique du nord

Lire encore sur les luttes de classe en Afrique

Lutte de classes au Congo Brazzaville

Encore sur la lutte des classes au Burkina Faso

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