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Syrie : les pompiers pyromanes

jeudi 8 octobre 2015, par Robert Paris

Comment sauver la Syrie ? Mais en la bombardant !!

Syrie : les pompiers pyromanes

Les nations en guerre sont des menteurs en puissance sauf quand elles parlent de l’adversaire. Ainsi, Poutine dit vrai quand il accuse les puissances occidentales de pactiser avec les milices intégristes et terroristes pour mieux déstabiliser Assad et Obama et Hollande disent vrai quand ils accusent Poutine de soutenir Assad sous prétexte de lutter contre Daesh.

On peut lire en France des « Poutine pompier pyromane » et en Russie, on ne lira que des « Obama pompier pyromane »…
Les peuples, eux, n’ont droit qu’au discours de leurs gouvernants et n’entendent même pas le discours des adversaires.

Les uns et les autres disent la vérité quand elles accusent l’autre de se moquer des intérêts du peuple syrien et les uns et les autres disent vrai quand ils affirment qu’ils parviendraient bien à s’entendre contre Daesh mais pas sur l’avenir d’Assad.

Cela signifie que les puissances occidentales ne sont nullement en lutte contre les milices islamistes puisqu’elles soutiennent celles du front Al Nosra affilié à Al Qaïda et que la Russie n’est nullement en lutte pour arrêter les horreurs que subit le peuple syrien puisque Assad est l’auteur d’une bonne moitié de ces exactions.

Quant à exposer les vrais enjeux de ces guerres, celle de Syrie comme celle de Libye ou du Yémen, on ne doit compter ni sur les impérialismes occidentaux ni sur la Russie pour le faire car, sur ce point, ils sont du même côté de la barricade : contre les peuples et contre les exploités.

Ce sont les peuples opprimés qui ont lancé les révolutions du monde arabe et du Maghreb et elles n’ont évidemment reçu aucun soutien ni de l’Occident ni de la Russie. Au contraire, ces révolutions débutées en Tunisie et en Egypte ont fait peur aux classes dirigeantes du monde entier, non seulement parce que chacune voit bien que ces révolutions peuvent s’étendre à leur propre territoire, mais aussi parce qu’elles craignent qu’au cours de ces révolutions les opprimés et les exploités développent une politique propre, une organisation propre et des perspectives propres, c’est-à-dire les perspectives internationales des prolétaires communistes.

Certes, il n’y a, à cela, aucun automatisme, aucune garantie, aucun mécanisme qui ne soit pas guidé par la conscience des masses mais, plus les révolutions durent et se reproduisent, plus les leçons peuvent en être tirées et plus ces révolutions peuvent être dangereuses pour les classes dirigeantes, par leur caractère contagieux et par l’expérience qu’elles permettent aux prolétaires d’accumuler.

Certes, les bourgeoisies tunisienne et égyptienne sont parvenues, grâce aux appareils syndicaux réformistes, de cantonner l’intervention des prolétaires dans un cadre réformiste et apolitique dans lequel les travailleurs ne risquaient pas de porter leur marque, d’affirmer leurs perspectives sociales propres et cela est une raison fondamentale des défaites (provisoires) de ces révolutions. Certes, ils sont parvenus à empêcher les masses populaires de s’unir à la base des soldats, pour désarmer la hiérarchie, sauvant ainsi l’ordre social et la dictature de classe.

Cependant, les puissances impérialistes continuaient à craindre les révolutions qui venaient, celles qui allaient renverser des dictatures détestées et affaiblies comme celles de Libye, de Côte d’Ivoire ou de Syrie.

Quand les masses ont commencé à bouger contre la dictature de ces pays, les impérialismes n’ont pas attendu pour intervenir directement ou indirectement, notamment en armant des milices dites islamistes, sous le prétexte d’aider le peuple à faire chuter le dictateur.

Mais il est évident que les peuples de Tunisie et d’Egypte ont eu beaucoup moins de mal à faire chuter leur dictateur, sans intervention des armées impérialistes occidentales que les peuples syrien ou libyen, ou encore ivoirien, avec cette aide occidentale.

Les interventions armées occidentales n’ont jamais, nulle part au monde, permis aux peuples de se libérer de l’oppression et de l’exploitation dans les pays opprimés. Partout, ces interventions militaires ont favorisé la formation de bandes armées terroristes.

C’est pour cela que ces puissances, côté occidental comme côté russe, sont des pompiers pyromanes… Ils prétendent intervenir contre des bandes armées mais agissent pour en sauver d’autres et leur intervention elle-même est une terreur de grande ampleur contre les masses des civils désarmés. D’ailleurs chaque camp sait parfaitement dénoncer les crimes contre les civils de l’autre camp.

Tous leurs bombardements écrasent des maisons, des hôpitaux, des écoles, des enfants, des familles et chaque camp sait parfaitement le démontrer quand il s’agit du camp adverse…

Dans le cas de la Syrie, les bombardements sont tels que la vie des civils n’y est plus possible et que les populations sont contraintes de fuir en masse. Les réfugiés migrent en masse et servent de moyen de pression sur les peuples eux-mêmes en leur disant : vous devez soutenir nos interventions militaires pour en finir avec la guerre en Syrie.

Mais les guerres sont loin d’en finir avec la guerre civile car elles ont lieu avec, des deux côtés, des impérialismes décidés à aller jusqu’au bout. Non pas que ces impérialismes seraient incapables de s’entendre, non pas que leurs concurrences s’exacerbe au poitn de les empêcher de se retenir dans le cheminement vers la guerre mondiale. Mais parce que l’aggravation de la crise mondiale, malgré les interventions des Etats et des banques centrales, amène des risques révolutionnaires accrus et des menaces des prolétaires de plus en plus dangereuses et que la guerre est le seul moyen de détourner efficacement la lutte des classes. Les deux guerres mondiales l’ont parfaitement démontré : la guerre met un coup d’arrêt aux risques révolutionnaires en imposant l’interdiction de toute liberté des prolétaires, y compris leurs libertés syndicales, mais surtout leurs libertés politiques et organisationnelles. En période de guerre, toute intervention directe des masses est considérée comme acte de trahison et toute tentative d’organisation des masses aussi.

Voilà pourquoi, plus la crise du capitalisme se révèle insoluble, impossible à dépasser, plus les classes dirigeantes vont s’orienter vers la guerre inter-impérialiste, c’est-à-dire la guerre mondiale.

Si le ton monte en Syrie, entre impérialistes Occidentaux et russes, ce n’est pas par opposition sur la bonne manière d’aider le peuple syrien, pas plus que par nécessité pour les uns ou les autres de mettre la main sur un pays exsangue et détruit, ni même pour faire de la propagande pour leur camp, c’est parce que personne ne sait ce qui se passe avec la crise chinoise et que les classes dirigeantes du monde cherchent ce qu’elles vont pouvoir faire si l’économie chinoise s’écroule ou si les travailleurs chinois entrent en révolution…

Quant à nous, travailleurs, notre perspective d’avenir est inverse de celle de nos classes dirigeantes et de nos chefs d’Etat : c’est celle des peuples en lutte, c’est celle des révolutions, c’est celle d’en finir avec la propriété privée des moyens production qui bloque toute perspective d’avenir pour la société humaine.

La politique des classes dirigeantes consiste à tenter de nous jeter dans les dérives nationalistes, ethniques, racistes, xénophobes et guerrières. Notre politique doit être de nous unir, en tant que prolétaires, contre toutes les classes dirigeantes, d’un camp comme de l’autre de l’impérialisme mondial.

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