Accueil > 16- EDITORIAUX DE "LA VOIX DES TRAVAILLEURS" - > Turquie : l’alternative n’est pas entre dictature et démocratie mais entre (...)

Turquie : l’alternative n’est pas entre dictature et démocratie mais entre bourgeoisie et prolétariat et entre révolution et contre-révolution

mercredi 4 novembre 2015, par Robert Paris

Turquie : l’alternative n’est pas entre dictature et démocratie mais entre bourgeoisie et prolétariat et entre révolution et contre-révolution

La gauche réformiste turque pensait tenir sa victoire et elle a perdu : c’est la droite conservatrice, violente contre le mouvement ouvrier, violente contre la démocratie, violente contre les kurdes, violente contre les Syriens qui a triomphé. La bourse turque a immédiatement engrangé cette victoire ! Toute la classe dirigeante turque a fêté ce succès, le clan militaire comme le clan d’Erdogan. Le gouvernement, qui est fortement soupçonné d’avoir mis lui-même une bombe dans une manifestation pacifique de la gauche, a cependant remporté l’élection « démocratique » !

Depuis des mois, le Gouvernement AKP et le Président R.T. Erdogan cherchent à exacerber les tensions en Turquie, espérant en retirer un gain politique. Ils visent systématiquement le HDP, les syndicats, les journalistes et, généralement, les milieux qui travaillent pour la paix. De par sa politique de tension, Erdogan est directement à l’origine de ces attaques qui sèment la terreur au sein de la population. Jamais les dirigeants de la Turquie n’avaient autant exalté la terreur. Les déclarations incendiaires des figures de proue de l’AKP ont provoqué les attaques terroristes les plus meurtrières de l’histoire de la Turquie. Le Ministre turc de l’intérieur l’a déclaré ouvertement : « Quiconque résiste sera neutralisé. » Quelques j ours avant l’attentat d’Ankara, Sedat Peker, chef de la mafia et grand partisan d’Erdogan, avait déclaré : « Ils vont se noyer dans leur propre sang. Je suis le compatriote d’Erdogan. »

Malgré les appels à la paix et au cessez-le feu, l’Etat persiste dans la guerre

Bien sûr, Erdogan a affirmé que l’attentat sanglant contre la manifestation de la gauche était le fait de Daesch, a prétendu que la gauche pro-kurde et Daesch faisaient basculer le pays dans la violence. Bien sûr, il s’en est servi pour museler la campagne électorale de la gauche, notamment en occupant télé et radios de gauche, tout en disposant, lui, de tous les média d’Etat. Mais l’essentiel n’est pas là.

Ce qui a surtout permis au parti islamiste conservateur d’Erdogan de reprendre la majorité contre la gauche, malgré un bilan social et politique désastreux, malgré l’effondrement économique, malgré la montée des violences, malgré la corruption et les reculs démocratiques, c’est surtout l’engagement d’Erdogan dans la guerre au Kurdistan (contre le PKK) et en Syrie (contre Daesch).

Le clan de la bourgeoisie le plus important s’opposant au parti d’Erdogan est celui des conservateurs laïcs militaires, celui du pouvoir militaire or la perspective de la reprise de la guerre contre les Kurdes en même temps que de la guerre en Syrie a entraîné ce clan de son alliance avec la gauche vers une alliance avec les islamo-conservateurs. Les travailleurs et les jeunes qui se mobilisaient dans les rues contre le pouvoir ont pu croire momentanément que les élections bourgeoises allaient permettre de rebattre les cartes dans la politique turque, d’ouvrir une période démocratique, plus ouverte vis-à-vis des Kurdes, plus pacifique, plus sociale.

C’est le contraire qui s’est produit. Les illusions que semait la gauche se sont une fois de plus retournées non seulement contre elle mais surtout contre le peuple travailleur. La gauche réformiste, une fois de plus, dressait une perspective évitant de rompre avec la bourgeoisie, avec son système en voie d’effondrement, avec ses choix de classe, avec son appareil d’Etat.

C’est la nième fois que la gauche réformiste, politique et syndicale, alliée au clan démocratique kurde, tente de faire passer la démocratisation de la société turque comme une perspective crédible. Et c’est aussi la nième fois que cela se termine par un bain de sang aggravé, par la démoralisation des masses populaires et des travailleurs, des nombreux militants de ces milieux qui se seront sacrifiés pour une cause sans valeur, celle d’une démocratie bourgeoise impossible dans un pays où la plus grande partie de la classe dirigeante n’est autre qu’un clan dirigeant l’armée (comme en Egypte ou en Algérie).

La démocratie est d’autant moins une perspective possible dans le cadre bourgeois que la classe bourgeoise turque voit ses possibilités économiques et sociales détruites par les effets de la crise mondiale du capitalisme qui s’attaque actuellement partout aux pays dits émergents dont la Turquie faisait partie. Ce n’est pas que le clan islamo-conservateur de Perdogan ait plus de solutions économiques pour sortir le pays de l’ornière : il en a plus pour écraser la classe ouvrière et les milieux populaires, pour museler la jeunesse et les couches petites bourgeoises démocratiques, plus pour écraser les Kurdes et les Syriens.

Rompre avec la politique de terreur d’Etat qui a caractérisé la Turquie nécessiterait de rompre avec la classe dirigeante, avec la société et les perspectives bourgeoises, ce dont la gauche politique et syndicale n’a jamais été capable.

Ce ne sont pas les mobilisations sociales qui ont manqué à l’histoire de la Turquie. Bien au contraire, les masses populaires se sont maintes fois trouvées dans des situations explosives pré-révolutionnaires où les classes dirigeantes étaient déstabilisées et très menacées par une classe ouvrière et une jeunesse combatives. Ce sont même des vagues successives de mobilisations, de militantisme qu’a connu la Turquie et toujours pour retomber dans la même ornière : des perspectives bourgeoises démocratiques qui ne sont qu’une impasse. A chaque fois, le clan militaire conservateur bourgeois a gardé le vrai pouvoir et ce sont les milieux populaires qui ont donné leur sang. Pour rien !

Il n’est pas inutile de rappeler les épisodes sociaux et politiques explosifs qu’a connu le pays.

Le premier est la montée révolutionnaire qui a menacé l’empire ottoman avant la première guerre mondiale, qui a amené l’empire à lancer un premier massacre des Arméniens et Assyro-chaldéens comme dérivatif sans parvenir à empêcher la venue au pouvoir d’un clan bourgeois conservateur. Ce dernier a lui-même été menacé, avec la guerre mondiale, par l’effondrement de l’empire et a, lui aussi, de noyer la montée révolutionnaire, notamment celle des peuples opprimés de l’empire, dans un nouveau bain de sang. Le clan nationaliste militaire et bourgeois, celui d’Atatuk, malgré les calculs des grandes puissances qui entendaient dépecer entièrement l’empire, a réussi à redresser la situation et à conserver le pouvoir en jouant sur la corde nationaliste. L’armée s’est ainsi drapée dans un rôle pseudo révolutionnaire, anti-impérialiste et national.

C’est toujours sur cette corde nationaliste que va surfer ce clan militaire jusqu’à nos jours. Il lui suffira de présenter le spectre d’une scission du pays du fait de la guerre civile au Kurdistan pour tromper les masses petites bourgeoises et les milieux populaires. C’est exactement ce qu’elle continue à faire aujourd’hui, démontrant une fois de plus qu’un peuple qui en opprime un autre ne peut être un peuple libre.

Cela a été démontré une première fois contre les Arméniens, la répression violente contre ceux-ci ayant permis de canaliser les révoltes des peuples de Turquie, la révolte arabe mais aussi celle des Kurdes dont les chefs ont été les fers de lance du génocide arménien et assyro-chaldéen. Cela a été ensuite démontré par le retournement des Turcs contre les Kurdes et par l’utilisation de l’oppression du Kurdistan pour fonder le nationalisme turc.

Les situations de crise sociale et politique se sont répétées : 1960, 1967-1971, 1977-1980, se terminant toujours, après une montée ouvrière et populaire, par la victoire de la contre-révolution militaire bourgeoise nationaliste. A chaque fois, la gauche politique et syndicale a mené dans le fossé une situation explosive qui menaçait la bourgeoisie.

Certes, la gauche bourgeoise démocratique revendique plus de liberté au Kurdistan, plus de démocratie dans tout le pays, la fin des violences, la fin de l’oppression des clans conservateurs mais elle omet de souhaiter la fin de la dictature de la classe bourgeoise qui est la clef de toutes les attaques anti-démocratiques. Elle prétend œuvrer pour mieux développer le pays dans le cadre mondial de la bourgeoisie capitaliste et utiliser le cadre démocratique pour des relations sociales apaisées au moment même où la situation économique et sociale, sans parler des guerres et guerres civiles multiples, démontre que cette perspective est illusoire.

La bourgeoisie, et pas seulement la bourgeoisie turque, est plutôt en train de fourbir ses armes, de préparer partout des guerres et des guerres civiles, et d’abord de déclarer la guerre à la classe ouvrière, de vider de tout contenu la faible démocratie bourgeoise, et cela même dans les vieux pays démocratiques. Elle cherche plutôt à casser partout le prolétariat et ses organisations syndicales, même si elles sont parfaitement intégrées à la bourgeoisie et à son Etat. Ce n’est pas en Turquie, en pleine crise économique et sociale, que la gauche démocratique peut être une perspective pour autre chose que détourner la colère populaire et ouvrière et l’amener vers une voie de garage. On vient encore récemment de le voir chez son voisin et adversaire traditionnel, la Grèce (encore une cause d’affrontement guerrier qui a fondé le nationalisme turc et plombé la politique du prolétariat). Dans ce pays, la gauche réformiste de Tsipras est même parvenue à sortir par deux fois vainqueur des élections bourgeoises mais c’est seulement pour enfoncer le pays dans les sacrifices sociaux et financiers en faveur de la grande bourgeoisie sous prétexte de ne pas sortir du cadre bourgeois et capitaliste. En Turquie comme en Grèce et partout dans le monde, il n’y pas de perspective propre de la gauche démocratique : le seul choix est le prolétariat révolutionnaire ou la bourgeoisie contre-révolutionnaire.

Il est bel et bien révolu, le temps où la République turque affichait de fringants taux de croissance à la chinoise (jusqu’à 9 % en 2010) jalousés par ses voisins européens. Aujourd’hui, le pays peine à dépasser la barre des 3 % et accuse une inquiétante hausse de son taux de chômage (environ 11 %) et du niveau d’inflation. Un sérieux revers pour "le miracle turc".

"La Turquie traverse une période très difficile, elle a perdu sa boussole, ses ancrages économiques".

Dans ce climat économique, les grands objectifs affichés par Erdogan pour 2023 et le centenaire de la République semblent hors d’atteinte. "Il voulait hisser la Turquie parmi les dix principales puissances économiques mondiales, rappelle Sinan Ülgen. Résultat : le pays recule actuellement au classement (18e place, NDLR)." Renvoyés également aux calendes grecques, le pari des 25 000 dollars de revenu annuel par habitant ou le PIB national à 2 000 milliards. Des revers qui laissent à penser que "la voie vers un plus grand bien-être pour tous", tracée par le leader turc, semble donc plus tortueuse que prévu. La véritable perspective d’Erdogan est guerre intérieure contre les travailleurs, les jeunes, les femmes et les kurdes et guerre extérieure envers la Syrie.

C’est la classe ouvrière turque qui a subi l’essentiel des attaques de l’AKP. Comme partout, les capitalistes en Turquie ont saisi l’occasion de la crise financière de 2008 pour réduire les salaires et faire baisser le coût du travail. Au début de 2009, le chômage s’élevait à 16 pour cent. La croissance a depuis lors été réalisée en ne créant pratiquement aucun nouvel emploi. Au contraire, la menace des licenciements a été utilisée pour forcer ceux qui travaillent encore à travailler plus pour gagner moins et, dans de nombreux cas, à accepter d’aller travailler pour des sous-traitants ou en contrat d’intérim.

D’après une étude publiée en 2011, la Turquie avait le deuxième plus haut niveau d’inégalité de revenus des 34 pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), avec des statistiques qui étaient à peine meilleures que celles du Mexique et légèrement moins bonnes que le troisième pays le plus inégalitaire, à savoir les États-Unis.

Comme leurs homologues en Grèce et dans le reste de l’Europe, les travailleurs turcs sont confrontés à une offensive brutale des banques internationales et des grands groupes, qui voient le pays comme une plateforme de travail à bas coût et une source de profits juteux.

Même si des centaines de milliers de travailleurs ont participé aux grèves et aux manifestations conduites par les syndicats le 5 juin, la classe ouvrière dans son ensemble ne s’est pas encore engagée de manière décisive dans la lutte. Les syndicats turcs n’ont rien fait jusqu’à présent pour lutter contre le gouvernement d’Erdogan. Ils ont au contraire endossé ses mesures pro-capitalistes en réponse à la crise de 2008 en le rejoignant pour sponsoriser une campagne s’appuyant sur le slogan, « Allez faire des achats. »

Les syndicats ne veulent pas voir une confrontation décisive avec ce gouvernement. Ils sont déjà largement intégrés dans les comités consultatifs de l’Union européenne, qu’ils soutiennent, et sont allés jusqu’à soutenir l’imposition par l’UE des mesures d’austérité à la Grèce voisine et ailleurs.

Un mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière pour faire tomber le gouvernement d’Erdogan ne peut émerger qu’indépendamment de ces syndicats et en rébellion contre eux.

La Turquie est à la croisée des chemins. Les travailleurs turcs qui entrent en lutte sont confrontés à un choix difficile. Est-ce qu’ils seront attirés encore plus directement dans des guerres sectaires sanglantes promues par l’impérialisme en poursuite d’intérêts stratégiques et financiers, des guerres qui risqueraient d’éclater en une conflagration mondiale impliquant l’Iran, les États-Unis, la Russie, la Chine et d’autres puissances ?

Ou bien est-ce que la classe ouvrière fera progresser sa propre solution socialiste par une lutte révolutionnaire indépendante, tirant les masses d’opprimés et de pauvres des campagnes derrière elle, contre l’impérialisme et toutes les sections de la bourgeoisie turque, islamistes comme laïcs ?

Messages

  • La violence de l’Etat turc dirigé par Erdogan frappe la gauche, les syndicats, les démocrates et l’extrême gauche...

    Deux journalistes sont incarcérés pour "incitation à la révolte armée" : Cevheri Güven et Murat Çapan, respectivement directeur de publication et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Nokta.

    La campagne électorale d’Erdogan a été un véritable bain de sang avec notamment la bombe dans la manifestation pacifique de gauche...

    L’attentat d’Ankara a eu pour conséquence immédiate l’annulation de tous les meetings électoraux du HDP prévus pour les législatives du 1er novembre : plus de 300 permanences ont été saccagées en toute impunité par les nervis du pouvoir. Ses responsables locaux ont été arrêtés par centaines.

  • Erdogan lance la guerre civile contre la population kurde et les travailleurs. Les pays "démocratiques" d’Europe ne protestent même pas !!!

    Les premiers massacres oot été perpétrés par l’aviation turque qui, en bombardant des villages du Mont Kandil (Irak), sous prétexte de bases PKK, tuait en réalité des dizaines de civils. Depuis la fin de l’été, dans nombre de villes du Sud-Est, la résistance s’est organisée. A Diyarbakir, par exemple, la grande ville kurde, le quartier de Sur s’est organisé pour empêcher la police, la gendarmerie et les forces armées d’entrer. Ailleurs, comme à Cizre, l’autonomie a été décrétée, provoquant la fureur répressive du pouvoir. Déjà ce qui, au départ, s’apparentait à des heurts s’était traduit par des morts, des blessés, des arrestations, des destructions de maisons.

    Aujourd’hui Erdogan lance la guerre contre les Kurdes et, de Paris à Berlin, de Londres à Washington, c’est le silence radio.

    Lire ici

  • Le président turc, favorable à l’extension de ses prérogatives, a cité l’Allemagne nazie comme un exemple de régime présidentiel efficace.

  • Depuis trois semaines, la campagne militaire lancée par Ankara en zone kurde transforme les villes en théâtres de guerre. C’est une vraie boucherie !

  • L’armée turque, sous prétexte d’attaquer Daesh, a bombardé ce samedi des secteurs contrôlés par les forces kurdes dans la province d’Alep, dans le nord de la Syrie.

  • La police turque a dispersé sans ménagement samedi matin à Istanbul près de 500 manifestants rassemblés devant le siège du journal, placé sous tutelle par une décision de justice et déjà investi dans la nuit par les forces de l’ordre. Elles ont copieusement arrosé la foule de gaz lacrymogène, utilisant également des canons à eau et tirant des balles en caoutchouc.

  • Cet apprenti ouvrier, courageux jusqu’au bout, a été condamné à mort et pendu en Turquie le 13 décembre 1980 à Ankara, alors qu’il n’avait que 16 ans et, surtout, qu’il était innocent.

    La suite

  • Des dizaines d’universitaires ont été licenciés pour avoir signé une déclaration de paix invitant à la fin de la répression contre les Kurdes et d’autres populations des provinces kurdes, plusieurs d’entre eux ont été interdits de quitter le territoire national et des poursuites pénales ont été entamées à l’encontre de certains. La CSI a aussi appris que 1.390 membres syndicaux faisaient l’objet d’une enquête pour avoir participé à un événement réclamant la paix et la démocratie. Environ 284 sont en exile ou ont été transférés, 403 ont dû prendre leur retraite, 102 font l’objet d’une enquête et 97 ont été poursuivis pour « insultes au président ». Par ailleurs, la police a aussi été déployée contre des travailleurs qui menaient une action collective, comme c’est le cas à l’usine Renault de Bursa.

    Les modifications proposées à la législation du travail et à la loi sur les agences d’emploi ont été présentées au parlement sans que des consultations valables aient été menées. Les changements donneront aux employeurs un droit pratiquement illimité de n’offrir aux travailleurs que des contrats peu sûrs et à court terme, ce qui leur permettra de contourner les obligations légales et d’empêcher leur personnel d’adhérer à des syndicats.

    Pour Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, « le gouvernement semble vouloir démanteler les syndicats et priver la main-d’œuvre de Turquie de ses droits légitimes, garantis dans le droit international. Ce n’est pas le comportement d’une nation démocratique et les niveaux de vie de ses habitants s’en trouveront grandement affectés, ce qui aura finalement des effets sur l’économie nationale.

  • La dictature bourgeoise turque, courtisée par l’Europe, accroît l’oppression des femmes !! "Aucune famille musulmane" ne peut accepter la contraception et le planning familial, a estimé lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui en a appelé aux mères pour accroître le nombre de Turcs.

  • La purge ne s’arrête pas en Turquie après le coup d’Etat avorté de vendredi. Près de 20.000 policiers, militaires, juges et fonctionnaires ont été arrêtés depuis vendredi, trois fois plus que dimanche dernier, ou 6000 personnes étaient en garde à vue. Les arrestations ont particulièrement visé plusieurs secteurs de l’administration publique du pays, jusqu’au cabinet du Premier ministre et de la Direction des affaires religieuses.

    Le président Erdogan a évoqué ces purges comme un "ménage nécessaire." Il a promis d’éliminer "le virus" de toutes les institutions étatiques en allusion à son adversaire de longue date Fethullah Gülen, accusé d’être à l’origine de la tentative de coup d’Etat, et dont il a demandé l’extradition à Washington.

    Parmi les militaires, 34 généraux ont été arrêtés dont des figures emblématiques de l’armée comme Erdal Ozturk, commandant de la troisième armée et Adem Huduti, commandant de la deuxième armée.

    L’Europe et les USA s’inquiètent mais continuent à soutenir la Turquie.

    Pas question d’accuser celle-ci de soutenir Daesh !

    Pas question pour l’Europe d’arrêter d’y envoyer les migrants !

  • Comme en Algérie ou en Egypte, la classe dirigeante a piégé la situation avec une fausse alternative entre dictature militaire et dictature islamiste.

  • Le Conseil de l’enseignement supérieur (YÖK) – l’organisme étatique qui supervise l’organisation des universités – a pour sa part demandé la démission de plus de 1 500 recteurs et doyens d’université, rapporte l’agence de presse gouvernementale Anatolie. Cette décision concerne les 1 577 recteurs et doyens des universités publiques et celles rattachées à des fondations privées, selon l’agence.

    Le YÖK a interdit par ailleurs, mercredi 20 juillet, à tous les universitaires du pays de se rendre à l’étranger jusqu’à nouvel ordre, a rapporté la télévision d’Etat TRT.

    Ces mesures rentrent dans le cadre d’une opération de reprise en main lancée après le putsch, destinée, selon le gouvernement, à « déraciner » de l’appareil d’Etat les « gülénistes », partisans du prédicateur en exil en Pennsylvanie.

    Ces purges s’étaient d’abord centrées sur l’armée, la justice et la police, avant de gagner, mardi, de nouveaux secteurs : plus de 200 employés des services du premier ministre ont ainsi été mis à pied, de même que près de 500 personnes de l’agence des affaires religieuses, selon l’agence Anatolie. Au total, 9 322 militaires, magistrats, policiers font par ailleurs l’objet d’une procédure judiciaire, a annoncé le vice-premier ministre, Numan Kurtulmus.

  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé tard mercredi l’instauration de l’état d’urgence pour trois mois et intensifié la purge en Turquie, cinq jours après l’échec d’un coup d’Etat militaire.

    Arrestations, suspensions, limogeages... Le coup de balai touche 55.000 personnes, notamment dans l’enseignement, la police, la justice, l’armée et les médias.

  • M. Erdogan a reçu le soutien du secrétaire d’Etat américain John Kerry qui a refusé de "commenter" les purges opérées par Ankara.

  • Après la courte victoire du "oui" au référendum en Turquie, sur le renforcement des pouvoirs présidentiels, les opposants aux amendements constitutionnels sont descendus dans les rues. Dans la capitale Ankara, les sympathisants du principal parti d’opposition CHP se sont réunis autour du slogan "côte à côte contre le fascisme".

  • Des irrégularités de vote généralisées ont provoqué des manifestations dans certaines villes turques ainsi que de vives critiques de l’Union européenne.

    Dimanche soir et lundi, des milliers d’électeurs du Non se sont rendus dans les rues d’Istanbul, d’Ankara, d’Izmir et de Samsun pour protester contre le résultat, tandis que les foules pro-Erdogan ont chanté le nom du président et ont crié : « Dieu est grand ! »

    Au cours de la campagne référendaire, organisée sous un état d’urgence, le Parti de la justice et du développement (AKP) d’Erdogan a mobilisé toutes les ressources du gouvernement, y compris ses ressources financières et son pouvoir sur les médias, pour promouvoir la campagne du Oui en travaillant à intimider et à perturber l’opposition. Au cours des neuf mois écoulés depuis l’imposition de l’état d’urgence après une tentative de coup d’État manquée de juillet 2016, le gouvernement de l’AKP a fermé plusieurs dizaines de médias de l’opposition et a emprisonné des milliers de personnes, parmi lesquelles 13 députés du Parti démocrate du peuple pro-Kurde (HDP) et quelque 150 journalistes soupçonnés « de liens avec des organisations terroristes ».

  • Demande d’expulsion de militants kurdes/turcs : le combat continue !

    A t-on encore le droit d’être étranger et militant en France ? La France a-t-elle vocation à sous-traiter la répression turque contre les militants de gauche ? C’est ce que que semble indiquer le cas de trois kurdes menacés d’expulsion bien qu’ayant obtenu le statut de réfugiés politiques en France. Leur "faute" ? Mener depuis la France un combat contre le fascisme turc...

    https://paris-luttes.info:443/demande-d-expulsion-de-militants-8009

  • Pour son investiture, Erdogan promet une « nouvelle ère » et enterre la République d’Atatürk.

    La révolte démocratique a été incapable de faire autre chose que faire basculer la bourgeoisie turque dans la contre-révolution.

  • Signe de son choix de démagogie d’extrême droite mythiquement appuyé sur la religion, Erdogan a achevé son discours en faisant de la main le signe de Rabia — pouce replié vers la paume, quatre doigts dressés. Ce geste servit de signe de ralliement à la confrérie des Frères musulmans lors du coup d’Etat de l’armée égyptienne contre le président islamiste Mohamed Morsi, à l’été 2013. Répétée à l’envi lors des discours, érigée en monument à Düzce (Sud), le Rabia représente la transformation identitaire islamo-nationaliste voulue par le « reis » (« chef »).

  • L’alternative, c’est le prolétariat turc qui la possédait et la possède toujours et elle ne consiste pas à suivre les appareils syndicaux réformistes ni les partis démocratiques, y compris gauche et extrême gauche, ainsi que les nationalistes kurdes !

  • Le capitalisme turc est en chute libre et la dictature Erdogan, plus pesante que jamais alors qu’elle arrête en masse et réprime durement, n’a aucune solution réelle !

  • La démagogie des Erdogan frappe de multiples adversaires fictifs comme "la main de l’étranger", les kurdes, les fonctionnaires, les juges, les avocats, etc. La réalité, c’est que son adversaire est la classe ouvrière !

    Il interdit les grèves :

    voir ici

  • Washington mène sadiquement une guerre commerciale avec la Turquie, même si l’effondrement financier déchire son économie. Les prix des produits de première nécessité doublent ou triplent à mesure que la lire turque s’effondre, mais les banques et le gouvernement Erdogan annoncent néanmoins des mesures visant à attaquer davantage les travailleurs.

    Le ministre turc des Finances, Berat Albayrak, a annoncé jeudi, lors d’une conférence téléphonique avec 6.000 investisseurs internationaux, son intention d’imposer des réductions budgétaires de 10 à 30 % à tous les ministères.

    Même si Erdogan a prétendu qu’il mène une « guerre nationale pour l’indépendance » contre l’administration Trump, il est évident que cette guerre cible principalement les travailleurs. Albayrak s’est engagé à ne pas imposer de contrôles de capitaux afin de rassurer l’aristocratie financière en montrant qu’Erdogan ne prendra aucune mesure menaçant ses intérêts. Tandis que certaines rumeurs laissent croire que la Turquie pourrait se tourner vers un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI), qui serait fondé sur les « réformes structurelles » et l’austérité du FMI, il a indiqué que la Turquie avait établi « des contacts normaux » avec le FMI.

    Les engagements d’Albayrak n’ont cependant pas réussi à satisfaire les banques. Le Financial Times de Londres, la voix du capital financier européen, a déclaré qu’il « ne parvenait pas à annoncer d’autres plans que les stratèges ont jugés essentiels pour stabiliser durablement l’économie. Les analystes estiment qu’il faudra une forte hausse des taux d’intérêt pour mettre un terme à la hausse de l’inflation qui devrait s’aggraver cette année, mais le président Recep Tayyip Erdogan s’oppose depuis longtemps aux taux d’intérêt élevés. »

    Avec des taux d’intérêt à 17,75 % et une inflation à 16 % dans le contexte de la chute de la lire, la presse financière réclame une hausse des taux d’intérêt pour stimuler les profits des investisseurs et réduire les emplois.

    « La Turquie doit augmenter ses taux de 5 ou 10 points de pourcentage pour atteindre quelque 25 % afin de créer un “vrai” taux d’intérêt au-dessus du taux d’inflation », a écrit Business Insider-Germany. « L’inconvénient, bien sûr, est que la réduction des liquidités en circulation entraînerait également une augmentation du chômage... »

    Une décennie après le krach de Wall Street en 2008, les conflits économiques et militaires du capitalisme mondial sont encore plus difficiles à résoudre. Il y a le danger croissant d’un krach en Turquie qui pourrait propager l’instabilité financière sur les marchés des changes à l’échelle mondiale et provoquer la propagation rapide de la guerre au Moyen-Orient, notamment en Irak et en Syrie et aussi les menaces de guerre des États-Unis contre l’Iran. La seule voie progressiste à suivre est la lutte des classes.

  • Alors que la monnaie turque plonge après les premières mesures de guerre commerciales des États-Unis visant ses exportations d’aluminium et d’acier aux États-Unis, Washington promet de nouvelles sanctions. Alors que le gouvernement turc du président turc Recep Tayyip Erdogan tente d’attaquer les travailleurs en réponse à l’effondrement de la lire, Washington annonce son intention d’étrangler l’économie de la Turquie et de réaliser cette fois-ci le changement de régime qui a échoué en 2016.

    Mercredi, Washington a confirmé que les tarifs de l’acier, imposés nominalement en réponse à l’incarcération en Turquie du pasteur américain Andrew Brunson accusé de complicité dans le coup d’État, resteraient en vigueur, que Brunson soit libéré ou non. « Les tarifs en vigueur sur l’acier ne seraient pas levés avec la libération du pasteur Brunson. Les tarifs sont propres à la sécurité nationale », a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders.

    Même si Sanders a clairement indiqué que la demande de Washington pour la libération de Brunson ne servait que de prétexte à la guerre économique contre la Turquie, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a menacé jeudi d’imposer de nouveaux tarifs à Ankara. « Nous avons d’autres projets que nous prévoyons s’ils ne le libèrent pas », aurait déclaré Mnuchin lors d’une réunion du cabinet.

    La politique d’attaque de la Turquie, nominalement alliée de l’OTAN des États-Unis, bénéficie d’un large soutien au sein de l’établissement politique américain, bien au-delà de l’administration Trump. Dans un éditorial intitulé « Trump a raison de faire pression sur la Turquie, mais il s’y prend mal », le Washington Post a insisté sur le fait que l’effondrement de la lire était dû à « M. Erdogan lui-même ». Tout en reconnaissant que « l’utilisation des tarifs comme une arme politique est une violation dangereuse des normes politiques », il a toutefois plaidé pour une ligne plus dure.

  • La valeur de la livre turque a encore chuté de 10 pour cent à cause de la crainte des marchés en Asie, en Europe, et aux États-Unis que la crise turque allait se propager aux autres économies émergentes et aux banques européennes détenant des milliards de dollars de dette turque.

    La lire a dégringolé au niveau historiquement bas de 7,24 contre le dollar et 8,12 contre l’euro, se redressant légèrement après l’annonce par la Banque centrale turque de mesures visant à calmer les marchés, avant de retomber en fin de journée à environ 7 livres pour un dollar.

    La monnaie a perdu 45 pour cent de sa valeur au cours de l’année, faisant grimper le coût des importations et alimentant un taux d’inflation supérieur à 15 pour cent qui érode continuellement le niveau de vie de la classe ouvrière turque.

    Les craintes de contagion sur les marchés se sont transformées dans le monde entier en une prophétie qui s’auto-réalise ; la roupie indienne a atteint un bas niveau record et les monnaies sud-africaine, mexicaine, brésilienne et celles d’autres marchés émergents ont fortement chuté. Le gouvernement argentin a annoncé lundi soir qu’il portait son taux d’intérêt de base au taux stupéfiant de 45 pour cent, le peso ayant également chuté à un niveau record, alors qu’on craint des pressions accrues du marché.

    Vendredi dernier, le président américain Donald Trump avait annoncé l’imposition à la Turquie de nouvelles augmentations des tarifs sur l’acier et l’aluminium, les doublant respectivement à 50 pour cent et 20 pour cent. Les mesures, promues dans le cadre de la politique de guerre commerciale « l’Amérique d’abord » de l’Administration Trump, ont porté un dur coup à Ankara qui devait faire face à la crise de sa monnaie.

  • Dans un article publié lundi par le New York Times, Erdogan a également dénoncé : « les actions unilatérales contre la Turquie par les États-Unis, notre allié depuis des décennies », tout en avertissant que Washington devait « renoncer à la notion que notre relation peut être asymétrique et se rendre compte que Turquie a des alternatives ». Si les États-Unis ne parvenaient pas à changer de cap, a-t-il poursuivi, la Turquie « commencerait à chercher de nouveaux amis et alliés ».

    Erdogan lançait cet avertissement alors que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, allait arriver à Ankara pour des entretiens avec le gouvernement turc. La Russie et la Turquie auraient discuté de plans pour commencer à faire du commerce dans leur propre monnaie plutôt que d’utiliser le dollar américain.

    La Chine a indiqué qu’elle fournirait une aide à Ankara en matière d’obligations libellées en yuans ainsi que de nouveaux investissements.

    Ankara, de son côté, a indiqué qu’elle allait défier les sanctions américaines sur le pétrole et le gaz iraniens qui devraient entrer en vigueur en novembre.

    L’affrontement contre la Turquie vise en fait Chine et Russie...

  • Lundi, le président Trump a promulgué la Loi d’autorisation nationale de défense (NDAA) de 716 milliards de dollars pour l’année 2019, qui comprend une formule appelant à « une évaluation de l’achat potentiel du système de défense antimissile de la Fédération de Russie, le S-400, par le gouvernement turc, et les effets potentiels de ces achats sur les relations bilatérales entre les États-Unis et la Turquie, y compris une évaluation des incidences sur d’autres systèmes et plates-formes d’armes américaines exploités conjointement avec la République de Turquie ».

    L’achat du système de défense aérienne russe a été invoqué comme motif pour exclure Ankara du programme d’avions de combat F-35 de Washington, ainsi que pour restreindre le partage des renseignements avec son allié ostensible de l’OTAN.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.