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Editorial 16-01-2011 - Tunisie : le dictateur est tombé mais pas (encore) la dictature

dimanche 16 janvier 2011, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


Editorial 16-01-2011 - Tunisie : le dictateur est tombé mais pas (encore) la dictature

Tunisie : le dictateur est tombé mais pas (encore) la dictature
Le courage de la jeunesse et de tout le peuple tunisien, qui ont affronté à mains nues les tirs à balles réelles, a eu raison du dictateur. Ben Ali, jusqu’à la dernière minute soutenu par l’ancienne puissance coloniale française, avait commencé à sacrifier ses ministres et un général, par renoncer à se représenter, pour finalement quitter le pouvoir en laissant son premier ministre à sa place.

Même ce dernier a dû renoncer au pouvoir un jour plus tard, conspué par les manifestants qui occupaient massivement à Tunis le ministère de l’intérieur. Par une nouvelle manœuvre, le conseil constitutionnel a nommé le chef du parlement à la tête de l’Etat en attendant des élections présidentielles et en proposant aux partis un gouvernement d’union nationale. Comédie alors que les forces de l’ordre continuent de matraquer et de tuer des manifestants désarmés. Comédie parce que tout le monde sait qu’il n’y a pas de partis politiques en Tunisie, Ben Ali les ayant interdit et détruit. Pour faire peur au peuple tunisien l’actuel pouvoir, qui continue à réprimer, n’a pas craint de faire donner des bandits qui attaquent les maisons des particuliers. Il essaie ainsi de faire changer la peur de camp et de se rendre indispensable. Car la population et la jeunesse en particulier n’ont plus peur d’une dictature aux abois.

Les détenteurs du véritable pouvoir, chefs militaires, grande bourgeoisie et autres potentats, sont toujours en place et ce sont eux qui essaient de sacrifier quelques pions pour conserver le pouvoir et les richesses qu’ils volent au peuple tunisien. Toutes les classes dirigeantes du monde craignent elles aussi le soulèvement qui a lieu en Tunisie et cela d’autant plus que l’exemple fait tâche d’huile, se propageant déjà en Algérie puis en Jordanie. Alger et Amman ont connu les mêmes soulèvements que Tunis. C’est la même jeunesse sans travail et sans avenir qui s’affronte aux mêmes dictatures et tous les pays arabes ou du Maghreb ressentent la même révolte que la brutale hausse des prix des produits de première nécessité a enflammée. Tous ont vibré aux nouvelles de la Tunisie et tous en concluent que le pouvoir dictatorial n’est pas intouchable.

En Tunisie comme en Algérie ou en Jordanie, les classes dirigeantes qui trônent dans leur luxe au milieu de la misère générale sont directement menacées, parce que le peuple n’accepte plus ces inégalités criantes, ces fortunes insolentes qui s’étalent pendant que le chômage et la misère frappent la majorité. Les classes dirigeantes du monde impérialiste ont manifesté leur inquiétude. Elles aimeraient bien maintenant que la révolution s’arrête là, qu’elle soit simplement un changement de personne à la tête d’une dictature qui leur est directement liée. Mais le peuple ne l’entend pas ainsi. Il suffirait aux gouvernants d’organiser, dans le cadre d’une constitution sur mesure, un simulacre d’élection dans lequel le peuple travailleur, totalement dépourvu de moyens organisationnels, sera le dindon de la farce. Il appelle de ses vœux un véritable changement social et politique.

Oui, c’est bien une révolution sociale qui a commencé en Tunisie et elle doit aller jusqu’au bout, c’est-à-dire en finir avec la dictature et la misère. Ben Ali est parti mais l’armée et la police qui ont tiré sur le peuple sont toujours là et il faut s’assurer qu’ils ne pourront plus continuer leurs opérations criminelles. Cela nécessite des liens entre le peuple et les soldats qui ne doivent plus obéir à leur hiérarchie, que le peuple soit organisé et que les soldats aussi appartiennent à une forme d’organisation qui n’obéit pas à la hiérarchie. Cela nécessite que les travailleurs, les jeunes, les femmes, les soldats s’organisent en comités, partout dans toutes les villes, sur les lieux de travail et d’études. Cela nécessite que ces comités se fédèrent à l’échelle nationale pour discuter de leurs aspirations, de leurs revendications, définir eux-mêmes les orientations à venir, se donner les moyens d’organiser eux-mêmes le changement social et politique auquel ils aspirent.

C’est à ce prix qu’ils pourront imposer des mesures sociales d’urgence. C’est à ce prix qu’ils pourront en finir avec la répression violente en s’unissant aux soldats soustraits à l’autorité de la hiérarchie militaire en s’organisant eux aussi en comités. C’est à ce prix qu’ils pourront mettre en place un pouvoir des forces populaires, des travailleurs, des jeunes, des jeunes, des femmes qui rompe radicalement avec la dictature des oligarques actuelle et avec les impérialismes.

Quant aux travailleurs de France, cette révolte qui se bat contre les mêmes capitalistes qu’eux est la leur car, depuis longtemps, les exploiteurs d’Algérie et de Tunisie ont partie liée avec la bourgeoisie française. La victoire de la révolte de Tunisie sera celle des travailleurs du monde entier.

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