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Hissène Habré : l’ancien dictateur tchadien est condamné mais pas la dictature !

lundi 6 juin 2016, par Robert Paris

Hissène Habré : l’ancien dictateur tchadien est condamné mais pas la dictature !

L’ancien dictateur et tortionnaire du Tchad, Hissène Habré, a finalement été condamné à la prison à vie par le tribunal mis en place par l’Union africaine, association de tous les dictateurs africains et ses crimes ont été évalués à 30.000 morts sans compter les blessés, les torturés, les violés et autre victimes.

Certains se félicitent de ce jugement, contents que les victimes soient reconnues, qu’un chef d’Etat puisse être jugé et condamné par les africains eux-mêmes, que les victimes de viols soient aussi reconnues pour la première fois.

Cependant cette satisfaction est limitée par le fait que ce sont d’autres dictateurs qui jugent Habré et certains d’entre eux ne valent pas plus cher que lui. Les nombreuses victimes tchadiennes n’auront, tout au plus, qu’une satisfaction morale limitée car Habré n’a pas tué 30.000 personnes à lui tout seul et il était le seul jugé. Cela signifie que les tortionnaires sont toujours tranquilles et certains bien placés avec le successeur d’Habré, Déby, qui n’a pas grand-chose à lui envier en termes de crimes et de tortures, d’exactions et de vols des richesses.

Cette condamnation est loin de signifier un progrès quelconque de la démocratie au Tchad ou en Afrique. Tous les complices, nationaux, africains ou impérialistes, de Habré n’ont jamais été mis en cause dans ce procès. Et Habré s’est même payé le luxe de clamer à l’énoncé de son jugement : « A bas la françafrique ! », comme s’il s’érigeait lui-même en juge du système d’oppression que subit l’Afrique et qui est mis en place par les grandes puissances dites démocratiques !!!

Tout au plus, ce qui ressortira de ce procès, la leçon qu’en tireront certainement les autres dictateurs, c’est qu’il faut s’accrocher au pouvoir plutôt que d’être ensuite jugés pour les crimes commis…

Aujourd’hui, avec les révolutions des « printemps » qui touchent toute l’Afrique, les régimes sont plus que jamais dictatoriaux, plus que jamais assassins, tortionnaires, et la démocratie est moins que jamais d’actualité après l’effondrement du capitalisme initié en 2007. Aucune dictature ne veut être le maillon faible et suivre les Moubarak et Ben Ali et toutes sont prêtes à commettre des massacres pour ne pas chuter. Et elles ont toutes les soutien et la complicité des grandes puissances, à commencer par celle des anciennes puissances coloniales comme la France, état impérialiste qui se juge lui-même démocratique malgré son rôle dirigeant lors du génocide rwandais comme dans de multiples guerres actuellement.

Le dispositif militaire français au Tchad (jusqu’à 3000 militaires) avait été déployé en février 1986 pour mettre un terme aux offensives libyennes contre le régime de l’ancien président tchadien Hissène Habré (1982-90) et donc pour soutenir militairement ce dernier.

Devenue république autonome en 1958, le Tchad accéda à l’indépendance le 11 août 1960 sous la présidence de François Tombalbaye. Celui-ci dut bientôt faire face à la révolte des populations du Nord, ce qui l’amena à solliciter l’aide des troupes françaises en 1968. En 1968-1972, se sont les opérations militaires françaises dites « Limousin » et « Bison » contre la rébellion du Tibesti au Tchad. Après l’assassinat de Tombalbaye en 1975, le pouvoir échut au général Félix Malloum. En 1978, les troupes françaises interviennent à nouveau pour soutenir le général Félix Malloum. Celui-ci confie la direction du gouvernement à Hissène Habré, qui dut céder la place en 1979 au nordiste Goukouni Oueddei, à la suite de la première bataille de Ndjamena. La France avait bombardé et brûlé les villages du Nord du Tchad pour sauver le régime du président Tombalbaye en 1969 et a fait pareille en 1979 pour sauver le régime du président Malloum. En 1978-1980, c’est l’opération militaire française dite « Tacaud » au Tchad pour contrer l’avancée du Frolinat (Front national de libération du Tchad) de Goukouni Oueddei (Weddeye). En 1980, la seconde bataille de Ndjamena permit à Goukouni Oueddei d’évincer son rival, Hissène Habré, avec l’aide décisive des troupes de la Jamahiriya arabe libyenne de Mouammar Kadhafi. Les troupes libyennes se retirèrent dans le cadre d’un accord conclu avec le gouvernement français. En 1982, Goukouni Oueddei fut renversé à son tour par Hissène Habré, qui dut faire appel l’année suivante aux troupes françaises pour contenir une nouvelle invasion libyenne. En 1982, le gouvernement français apportât donc son aide logistique au président Hissein Habré pour lui permettre de prendre le pouvoir. En 1983, les partisans de Goukouni Oueddei s’emparent de Faya-Largeau avec l’aide des troupes libyennes, tandis que les troupes françaises se déploient dans le centre et le sud du pays (Opération Manta). En 1986, Les forces libyennes ayant repris l’offensive, la France fait bombarder l’aéroport libyen de Ouadi-Doum et déploie de nouvelles troupes à Ndjamena. En 1987, une contre-offensive des forces tchadiennes contraignit finalement les troupes libyennes à évacuer le pays, à l’exception de la bande d’Aozou, qui ne fut restituée au Tchad qu’en 1994. De 1990 à 1991, les 2e, 3e, 4e compagnies, et les CRAP du 2e REP, sont dirigés sur Ndjamena afin de protéger l’aérodrome et les installations militaires.

Les dictatures tchadienne, africaine ou autres, sont fondées sur la nécessité de la force pour maintenir un système d’oppression et d’exploitation qui est celui du grand capital, national comme mondial.

Ce ne sont certainement pas les Etats, qu’ils soient africains ou pas, qui vont condamner la dictature et encore moins la supprimer. Ce sont les révolutions sociales conduites par le peuple travailleur qui peuvent et doivent condamner définitivement ces dictatures en commençant par supprimer la propriété privée des richesses et la mainmise des exploiteurs sur le pouvoir politique et militaire.

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