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La Chine, dirigée par un parti stalinien dictatorial, se retrouve en tête du monde capitaliste et remet en question la direction des impérialismes !!!

vendredi 4 novembre 2016, par Robert Paris

La Chine, premier pays pour le commerce mondial, devient le premier pour l’accumulation de la plus-value

La Chine, en passe de devenir la première puissance mondiale, est plus qu’un acteur incontournable de toutes négociations à venir, c’est maintenant le rôle de chef d’orchestre qu’elle entend assumer.

Après être devenue en 2013 la première puissance commerciale du monde avec un volume d’échanges supérieur à celui des Etats-Unis, la Chine était programmée pour devenir la première puissance économique mondiale. D’après les estimations du Fonds monétaire international (FMI) publiées le 7 octobre, l’empire du Milieu deviendra en 2014 la première puissance économique mondiale, devant les Etats-Unis. En fait, elle l’est probablement déjà devenue mais il ne faut pas diffuser la nouvelle…

« Si l’on prend comme étalon, le PIB nominal, lit-on sur la publication suivante calculé selon les taux de change officiels, alors les Etats-Unis continuent de largement devancer la Chine. Selon les chiffres du FMI, le PIB américain sera à la fin de 2014 de 17 416 milliards de dollars quand celui de la Chine sera de 10 355 milliards. (…) La productivité du travail de la Chine, mesurée avec la production par travailleur, a augmenté de 6,6% en glissement annuel en 2015, (…) La productivité du travail a atteint 76978 yuans (11842 dollars) par personne l’année dernière, en hausse de 4733 yuans par rapport à 2014, marquant la cinquième augmentation annuelle consécutive, a déclaré le Bureau d’Etat des statistiques (BES). Fin 2015, la population active totale de la Chine avait atteint 774,51 millions. La Chine a créé 13,12 millions de nouveaux emplois pour les habitants urbains en 2015 »

La dernière réforme du FMI marque un pas en avant de la Chine au plan mondial… Après des années d’efforts, le programme de reforme des droits de vote au FMI et de la gouvernance du FMI de 2010 est enfin entré en vigueur le 26 janvier de cette année. C’est la plus grande réforme en termes de droits de vote et de gouvernance de toute l’histoire du FMI, mais aussi le plus grand ajustement du droit de parole en faveur des pays émergents et en développement. Cette réforme a permis de doubler le propre capital social du FMI, qui atteint environ 470 milliards de Droits de tirage spéciaux (environ 660 milliards de Dollars US), mais fait aussi passer la Chine au troisième rang des plus grands votants au sein du FMI, ce qui constitue une augmentation substantielle de la voix de la Chine au sein du FMI. Aujourd’hui, le FMI a lancé une quinzième discussion sur la réforme des droits de vote et de la gouvernance, comme la détermination des quotas de droits de vote, le taux d’augmentation des droits de vote et l’attribution de ces droits. De toute évidence, la réforme de la gouvernance est d’une importance majeure pour les marchés émergents et en développement. Le FMI espère achever les travaux avant la réunion annuelle d’octobre 2017.

Le 30 novembre 2015, après une stricte évaluation du Conseil d’administration du FMI, le RMB s’est vu accorder le statut de « monnaie librement utilisable » au niveau international, et à partir du 1er octobre 2016, il sera ajouté au Dollar américain, à l’Euro, au Yen et à la Livre britannique pour composer le panier de devises des Droits de tirage spéciaux. Toutefois, il y a encore beaucoup de travail à faire afin de renforcer davantage le rôle des DTS dans la stabilité du système monétaire et financier international et son utilisation généralisée sur les marchés financiers internationaux, et ce sera une des questions importantes que devra aborder le G20.

La Chine est la première puissance économique du monde

Première puissance économique

Premier marché mondial et superpuissance

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La Chine défie la guerre économique des États-Unis contre la Russie

Par Alex Lantier

Défiant directement les pouvoirs de l’OTAN et leur politique qui consiste à couper l’accès de la Russie au crédit afin de faire diminuer la valeur du rouble et ruiner l’économie russe, la Chine s’engage à procurer de l’aide financière à Moscou.

Le 20 décembre, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a insisté sur la nécessité d’aide mutuelle entre la Chine et la Russie lors de remarques par rapport à la crise du rouble, dont la valeur a chuté radicalement de 45 pour cent contre le dollar cette année. « La Russie a la capacité et la sagesse de surmonter les difficultés présentes dans la situation économique », a dit Wang. « Si la Russie en a besoin, nous allons fournir l’assistance nécessaire autant que nos moyens le permettent. »

Lors de remarques faites le lendemain sur Phoenix TV, chaîne de télévision de Hong Kong, le ministre du Commerce chinois Gao Hucheng a dit que Beijing renforcerait ses liens avec Moscou dans les secteurs manufacturiers et de l’énergie, prédisant que l’échange commercial entre la Chine et la Russie atteindrait la cible de 100 milliards de dollars cette année malgré la crise du rouble. Alors que la valeur du rouble en dollars ou en euros varie énormément, Gao a proposé un éloignement du dollar en finançant l’échange sino-russe avec la monnaie chinoise, le yuan ou renminbi.

Gao a dit que la Chine se concentrerait sur « des facteurs fondamentaux, par exemple la façon dont les deux économies se complémentent », d’après Reuters. « Il se peut que les investisseurs de capitaux soient plus intéressés par les marchés d’actions ou des changes volatiles. Mais en termes de coopération concrète entre les deux nations, nous aurons une mentalité équilibrée et encouragerons ces coopérations », a dit Gao.

Lundi, le China Daily a cité Li Jianmin de l’Académie chinoise des sciences sociales disant que l’aide pour la Russie pourrait passer par des canaux comme la Shanghai Cooperation Organization (SCO) ou le forum BRICS. Un fait significatif est que le SCO (une alliance entre la Chine, la Russie, et des États d’Asie centrale) et les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) excluent tous deux les États-Unis et l’Europe.

Li a noté que lors d’une rencontre au Kazakhstan le mois dernier, les premiers ministres chinois et russe, Li Keqiang et Dmitry Medvedev, avaient déjà signé des accords importants concernant les réseaux de chemin de fer, l’infrastructure et le développement dans les régions orientales de la Russie au nord de la Chine. « Des prêts, la coopération pour des projets majeurs, et la participation à l’investissement en infrastructure domestique en Russie sont des options qui sont envisagées », a-t-il ajouté. Lors de l’une de ces ententes le mois dernier, la Chine a signé un accord de 400 milliards de dollars d’une durée de 30 ans pour acheter du gaz russe.

Ces offres d’assistance vont à l’encontre de la guerre économique lancée par l’impérialisme européen et américain afin de punir Moscou pour son opposition à la restructuration néocoloniale de l’Eurasie.
En guise de représailles pour l’appui russe au président Bashar al-Assad contre les guerres par procuration de l’OTAN en Syrie et l’opposition russe au régime ukrainien appuyé par l’OTAN, les puissances de l’OTAN cherchent à étrangler la Russie financièrement. Tandis que les revenus pétroliers de la Russie chutaient avec la baisse du prix du pétrole mondial et que le rouble s’effondrait, elles ont coupé l’accès au crédit à la Russie et exigé qu’elle se plie au régime de Kiev.
Le mécanisme financier à la base de cette stratégie a été élaboré dans le Financial Times de Londres par Anders Aslund du Petersen Institute for International Economics. « La Russie n’a reçu aucun financement international important – pas même des banques d’État chinoises – parce que tout le monde a peur des contrôles financiers américains », a-t-il écrit. Avec des sorties de capitaux de 125 milliards de dollars, des réserves en devises étrangères liquides de seulement 200 milliards de dollars et un total de dettes étrangères de 600 milliards de dollars, la Russie épuiserait sa réserve de dollars et ferait faillite en aussi peu que deux ans, d’après les calculs d’Aslund.
Mais maintenant, Beijing semble accepter le risque d’une confrontation avec les États-Unis et se prépare publiquement a lancer une bouée de sauvetage financière à la Russie. Les réserves en devise chinoise au montant de 3,89 billions de dollars sont les plus importantes au monde, et, du moins sur papier, permettent à Beijing de payer sans problème les dettes de la Russie.

Il est significatif que les appels de Wang et Gao pour venir en aide à la Russie aient été lancés une journée après un sommet de l’Union européenne (UE) parcouru de divisions au sujet de la Russie tenu plus tôt ce mois-ci. Mais bien que l’UE ait appuyé les sanctions des États-Unis contre la Russie, le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier, le président français François Hollande et le premier ministre italien Matteo Renzi se sont tous opposés publiquement aux propositions de sanctions additionnelles. Des journaux importants européens ont également mis en garde contre le risque d’effondrement de l’État russe.

Alors qu’il évalue sa réponse à la crise du rouble, le régime chinois, qui fait face à un ralentissement économique et à la montée de protestations sociales au sein de la classe ouvrière et des masses paysannes, craint sans doute les conséquences d’une implosion politique et économique de son voisin au nord.

Les conflits économiques qui surgissent entre les grandes puissances autour de la crise du pétrole et la campagne de guerre impérialiste en Eurasie témoignent de l’état avancé de la crise du capitalisme mondial et du risque de guerre mondiale.
L’aide chinoise à la Russie, si elle devait se matérialiser, exacerberait le conflit entre la Chine et les États-Unis. Washington tente de l’encercler militairement à travers son « pivot vers l’Asie », s’alliant avec le Japon, l’Australie et l’Inde. Les plans de guerre contre la Chine, autant militaires qu’économiques, sont sûrement présentement étudiés sur Wall Street et au Pentagone.

Il y a un an, un article intitulé « La Chine ne doit pas reproduire les erreurs du Kaiser », le chroniquer du Financial Times Martin Wolf a averti la Chine contre toute action qui pourrait être interprétée comme une remise en question de l’hégémonie mondiale des États-Unis. Il a indiqué qu’une politique chinoise qui reproduirait le défi que le Kaiser allemand avait posé à l’hégémonie britannique avant l’éclatement de la première guerre mondiale en 1914 entraînerait un résultat similaire : un conflit total.

« Si un conflit ouvert se déclenchait, les États-Unis isoleraient la Chine du commerce mondial. Ils séquestreraient une bonne partie des actifs en devises étrangères liquides de la Chine », écrit Wolf, rappelant que les réserves en devise étrangère de la Chine, équivalant à 40 pour cent de son PIB, sont par définition détenues à l’étranger. » Un tel vol flagrant de billions de dollars que la Chine a acquis à travers le commerce avec les États-Unis et l’Europe soulèverait directement la possibilité d’un effondrement du commerce mondial et la préparation à la guerre entre puissances nucléaires.

Avec ses politiques de plus en plus téméraires et violentes, l’impérialisme américain surestime ses chances, se discréditant à l’intérieur du pays et alimentant l’opposition d’États rivaux. Surtout en poussant la Russie et la Chine à s’allier, Washington défait ce qui avait pendant longtemps été perçu comme une grande réalisation de la diplomatie impérialiste : le rapprochement de 1972 entre le président des États-Unis Richard Nixon et le dirigeant chinois Mao Zedong, qui avait transformé la Chine en allié des États-Unis contre l’ex-URSS.
« Beaucoup de Chinois perçoivent la Russie comme un grand frère, et les deux pays sont stratégiquement importants l’un pour l’autre », a dit le doyen associé de l’université de Renmin Jin Canrong, faisant référence au soutien soviétique à la Chine quand elle combattait les États-Unis dans la guerre de Corée, peu après l’arrivée au pouvoir du Parti communiste chinois (PCC) en 1949. « Au nom des intérêts nationaux, la Chine devrait approfondir sa coopération avec la Russie quand une telle coopération est nécessaire. »

« La Russie est un partenaire irremplaçable sur la scène internationale », a écrit le Global Times associé au PCC dans un éditorial de la semaine dernière. « La Chine doit adopter une attitude proactive pour aider la Russie à sortir de la crise actuelle. »

Le profond malaise économique de la Chine

Par Peter Symonds

Les bouleversements sur les marchés boursiers mondiaux depuis le début de l’année ont attiré l’attention sur la Chine ; on craint que le marasme de ses marchés d’actions et la baisse du renminbi (yuan) n’indiquent un malaise économique bien plus profond. Le ralentissement de l’économie chinoise, qui expose des surcapacités massives dans l’industrie et le marché immobilier, et des niveaux élevés de dette, menace de déclencher une recrudescence de la lutte de classe.

Le taux officiel de croissance pour 2015 a été établi à 6,9 pour cent, avec un objectif de 6,5 pour cent pour 2016 (10,6 pour cent en 2010), le plus bas niveau en un quart de siècle. Toutefois, nombre d’analystes ont émis des doutes sur les chiffres du gouvernement. Comme l’a signalé par exemple dans le Financial Times la semaine dernière un sondage réalisé par Consensus Economics, son panel pour la Chine prévoit une croissance de seulement 4,8 pour cent en 2016.
Les statistiques sont tellement douteuses que les spécialistes se tournent vers d’autres indices, comme celui que l’on appelle le Keqiang, qui aurait été créé par le premier ministre Li Keqiang, pour avoir une jauge plus précise de l’état de l’économie. Les trois éléments de l’indice Keqiang – le fret sur rail, la production d’électricité et les prêts bancaires – sont tous en baisse. Le magazine économique Caixin a rapporté la semaine dernière que le fret ferroviaire avait chuté de 10,5 pour cent en 2015, la plus forte baisse annuelle jamais enregistrée.

Le ralentissement chinois est le produit de tendances mondiales à la récession. La restauration du capitalisme et la transformation du pays en première plate-forme de travail bon marché du monde ces trois dernières décennies ont mené à une expansion économique colossale. Le régime de Pékin a réagi à la crise financière mondiale de 2008, qui a frappé les exportations et détruit 20 millions d’emplois, par un énorme plan de relance et un flot de crédit pas cher qui a assuré le maintien de taux de croissance élevés. L’investissement n’a cependant pas eu lieu dans les capacités productives mais dans les grands projets d’infrastructure et a surtout alimenté une spéculation frénétique dans l’immobilier, puis dans les marchés d’actions.
Cette stratégie, fondée sur une sortie rapide de la crise mondiale et un retour à des taux élevés de croissance dans le monde, s’est délitée. Les exportations ont continué de diminuer, révélant d’énormes surcapacités, notamment dans les industries de base. Le marché immobilier s’est engorgé et les prix stagnent. Les marchés d’actions chinois, qui ont atteint des hauteurs vertigineuses dans la première moitié de 2015, se sont effondrés et constituent à présent une autre source d’instabilité.

Le gouvernement chinois cherche à passer d’une économie basée sur l’exportation de produits manufacturés à une économie de services reposant sur la consommation intérieure. Mais le nouveau « modèle » se heurte à des contradictions dont celle-ci n’est pas la moindre : l’augmentation de la consommation intérieure nécessite des revenus plus élevés pour les travailleurs, ce qui nuit à la compétitivité de la Chine en tant que pôle d’exportation à bas salaires. En outre, le régime est confronté à une pression internationale croissante pour accélérer les réformes pro-marché, dont la fermeture ou la restructuration d’un grand nombre d’entreprises appartenant à l’État (SOE) – une mesure qui fera monter le chômage et baisser la consommation domestique.

Malgré le battage au sujet de la transition de la Chine, la fonction du pays dans l’économie mondiale reste celle d’une plate-forme de travail à bon marché. Toutes les statistiques pour la fabrication sont peu encourageantes. Selon un indice du climat des affaires publié par Caixin le mois dernier, l’emploi manufacturier en Chine a baissé pendant 25 mois. L’indice officiel des directeurs d’achat du secteur manufacturier (PMI) pour décembre est légèrement monté par rapport à novembre, mais reste en dessous de 50, le chiffre indiquant la croissance. L’indice PMI de Caixin pour décembre était en baisse par rapport à novembre – et sous le chiffre de 50 pour le 10e mois consécutif.

Le premier ministre Li a dit lors d’un séminaire à Beijing en novembre que le gouvernement était déterminé à réduire les surcapacités des industries traditionnelles et le grand nombre d’entreprises dites zombies, désignant en particulier l’acier et le charbon. Jusqu’à présent, cependant, peu de mesures ont été prises par crainte, à tous les niveaux de gouvernement, d’une montée de l’agitation sociale.
Le mois dernier le New York Times avait mis en évidence le sort du groupe Longmay, la plus grande entreprise de charbon du nord-est de la Chine, qui avait annoncé l’élimination de 100.000 emplois en septembre dernier, soit 40 pour cent de sa main-d’œuvre dans 42 mines sur quatre villes. Cette SOE du gouvernement provincial du Heilongjiang a toutefois retardé les suppressions d’emplois. Plusieurs centaines de travailleurs âgés ont été licenciés, mais les autorités provinciales ont prévu un fonds de sauvetage à court terme de 600 millions de dollars pour surmonter le problème immédiat de la dette de l’entreprise.

Deng Shun, un analyste chez ICIS C1 Energy, a dit au New York Times : « Ils sont très préoccupés par l’agitation sociale, alors ils hésitent. Ces licenciements devaient avoir lieu il y a deux ans. » Les craintes du gouvernement provincial étaient fondées cependant, les manifestations ayant éclaté avant que les licenciements de masse n’aient lieu. En avril, des milliers de personnes ont défilé dans la ville de Hegang pour protester contre des salaires en retard. Les organisateurs ont été arrêtés et emprisonnés. En octobre, la direction de l’entreprise n’a évité une autre protestation qu’en bloquant les travailleurs dans les mines, le jour d’un rassemblement prévu.
Les travailleurs des mines sont bien conscients que la prétendue perspective d’emploi dans un secteur des services en expansion est illusoire. Heilongjiang, une des provinces les plus défavorisées de Chine sur le plan économique, est déjà en récession. La production économique a chuté de 2,2 pour cent au cours des trois premiers trimestres de 2015 par rapport à la même période en 2014.
Le ressentiment et l’amertume dans la classe ouvrière a été exprimé par M. Cui, un ancien mineur, devenu chauffeur de taxi, qui a dit au New York Times : « Dans les années 90, tout le monde était pauvre. Maintenant, les riches sont trop riches et les pauvres sont trop pauvres. A cause des licenciements, tout le monde est inquiet. Personne n’a de quoi vivre en dehors des mines. Avec les vacances du Nouvel An qui approchent, ce sera le chaos à Hegang. »

Ce ne sont pas juste les mineurs ou les travailleurs des industries de base qui sont touchés par d’importantes pertes d’emplois. Écrivant dans le South China Morning Post le mois dernier, l’analyste Andy Xie explique que « la Chine peut avoir surinvesti jusqu’à 40 billions de yuans (6,1 billions de dollars) depuis 2009. Cela se manifeste physiquement dans les bâtiments vides et la surcapacité industrielle. »
Après avoir cité des estimations que l’industrie sidérurgique aurait une surcapacité de 200 à 400 millions de tonnes – plus que la production totale de tout autre pays – Xie dit que « cette situation désastreuse est commune à toutes les industries de matières premières. De nouvelles industries comme la fabrication de smart phones ont déjà une grande surcapacité. Même les centrales électriques sont extrêmement sous-utilisées. »

La China Iron and Steel Association a signalé que dans les onze premiers mois de 2015, les grandes et moyennes aciéries avaient subi des pertes de 53.100 milliards de yuans (8.180 milliards de dollars). Wuhan Iron & Steel, une importante SOE, a annoncé le mois dernier qu’elle prévoyait de supprimer 6.000 emplois d’ici trois mois, tandis que sa société mère pourrait en éliminer 11.000 et réduire les salaires de 20 pour cent en 2016.

La restructuration est déjà en cours dans d’autres industries. Deux des plus grands groupes de transport maritime de la Chine ont fusionné le mois dernier et ses deux plus grands fabricants de trains, CNR et CSR, ont fait de même plus tôt l’année dernière.
On parle de pertes d’emplois bien plus importantes encore alors qu’on débat dans les cercles dirigeants chinois sur la nécessité d’éliminer le « chômage invisible » — des travailleurs qui restent dans les entreprises, même s’il y a peu à faire pour eux. Le gouvernement fait face à un endettement croissant dont une grande partie est accumulée par les gouvernements locaux qui financent des projets d’infrastructure et renflouent en permanence des « sociétés zombies » comme Longmay. La dette du pays par rapport au produit intérieur brut a augmenté de près de 50 pour cent au cours des quatre dernières années.

Dans ses prévisions annuelles, l’Académie chinoise des sciences sociales a exhorté le gouvernement à rendre le « chômage invisible » plus visible en 2016 en permettant à davantage d’entreprises publiques de faire faillite. Wei Yao, stratège à la Société Générale, a publié une note en novembre disant que 1,7 million de travailleurs seraient licencié dans une première vague destinée à répondre « aux questions économiques les plus pressantes de la Chine : mauvaise distribution du capital, croissance attendue des actifs non performants et détérioration de la productivité. » Autrement dit, comme partout dans le monde, on fait subir aux travailleurs chinois le fardeau de la crise en détruisant leurs emplois et leurs conditions de travail.
Les protestations des travailleurs de Longmay dans le Heilongjiang l’an dernier ne sont qu’une indication de l’intensification des tensions de classe. Les derniers chiffres du « China Labour Bulletin » de Hong Kong montrent que le nombre de grèves et de manifestations a plus que doublé en 2015 (2.774 cas, pour 1.379 en 2014), avec une augmentation marquée en décembre. La plupart des grèves étaient pour non-paiement de salaires, souvent en retard d’un mois, une pratique courante dans la construction mais qui se propage maintenant à la fabrication, à l’industrie minière et aux services.
Ces chiffres, loin d’être complets, donnent un aperçu du formidable mécontentement dans la classe ouvrière, que le régime cherche constamment à supprimer à travers les syndicats étatiques et des méthodes d’État policier. La peur constante de la direction du Parti communiste chinois est que la classe ouvrière considérablement élargie — estimée à 400 millions — s’échappera de ce carcan et ébranlera le régime et son emprise précaire sur le pouvoir.

Messages

  • La Chine est verbalement encore communiste, mais c’est incroyablement paradoxal, car le communisme c’est la lutte des classes, le prolétariat, or ce qui terrifie aujourd’hui les gens à Pékin c’est justement un soulèvement des ouvriers migrants ou des paysans. La première chose que Xi Jinping a réalisée lorsqu’il a été désigné secrétaire général du Parti communiste [en novembre 2012], c’est d’emmener l’ensemble des membres du comité permanent du bureau politique au Musée national de Pékin pour visiter une exposition consacrée à la « voie de la renaissance » de Confucius.
    « Le Parti » revient vers le passé, vers les traditions, vers le passé impérial. Quelle est l’idéologie possible aujourd’hui pour un dirigeant chinois ? Ce n’est ni la révolte ni la révolution. Donc le Parti combine l’idéologie communiste et des traditions culturelles comme le confucianisme.

  • Les autorités chinoises de planification se sont engagées mercredi à maîtriser l’endettement, bien que Pékin mette en place de nouvelles mesures de relance de son économie dans un climat d’escalade des tensions commerciales avec les Etats-Unis.

    Cet engagement de la Commission nationale du développement et des réformes (NDRC) a été pris au lendemain de la publication d’une série d’indicateurs étonnamment faibles, notamment concernant la croissance de l’investissement dans le pays qui est tombée à son plus bas niveau depuis 1996.

    Pour tenter de stabiliser l’environnement économique du pays, Pékin renforce ses dépenses d’infrastructure et injecte des liquidités dans le système bancaire, ce qui fait baisser le coût du crédit. L’octroi de nouveaux prêts par les banques chinoises, essentiellement publiques, a augmenté de 75% en juillet par rapport à la même période de 2017.

    Mais certains observateurs craignent que les nouvelles priorités de Pékin n’entraînent un retour à une économie en surchauffe, remettant en question des années d’efforts des régulateurs pour limiter les risques qui menacent le système financier du pays et pour freiner l’accumulation de dette.

  • La dette chinoise totale représente 250 % du PIB, d’où le durcissement des conditions de crédit, la diminution des investissements publics et des projets de « nouvelles routes de la soie », le ralentissement de la croissance autour de 6 %, soit son plus bas niveau depuis neuf ans, et la chute de 20 % de la Bourse de Shanghai.

  • La Chine est maintenant au bord du gouffre. Les investisseurs étrangers se retirent massivement du fait de la guerre économique menée par Trump et de la récession mondiale. Pour empêcher l’effondrement, l’Etat chinois a remis la main sur toute l’économie et la finance chinoises mais cela a contribué à faire peur aux investisseurs étrangers. Les investissements privés en Chine sont en chute libre !

    Tous les regards sont tournés vers la Chine au moment où le monde se prépare à une nouvelle récession économique mondiale prédite par de plus en plus d’analystes financiers. Dans une interview accordée à la BBC à l’occasion du 10e anniversaire de la crise financière mondiale, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a décrit la Chine comme « l’un des plus grands risques » pour la stabilité financière mondiale. « Le secteur financier chinois s’est développé très rapidement, et ce sur des fondations qui ressemblent fortement à celles de la dernière crise financière », a-t-il mis en garde. « Quelque chose comme ça pourrait-il se produire de nouveau ?… Pourrait-il y avoir un déclencheur de crise ? – si nous sommes trop sûrs de nous, bien sûr, c’est possible. »

    Depuis 2007, la dette de la Chine a quadruplé. Selon le FMI (Fonds monétaire international), elle représente aujourd’hui environ 234 % du PIB brut, et pourrait atteindre 300 % d’ici 2022. Et le journaliste financier britannique Harvey Jones fait état d’une série d’observations de plusieurs économistes qui mettent en garde contre le fait que les données officielles pourraient ne pas refléter la décélération réelle de l’économie de la Chine.

    On espère vivement qu’il ne s’agit là que d’un phénomène temporaire, la Chine opérant actuellement une transition depuis une économie axée sur la production industrielle et les exportations vers la consommation intérieure et les services.

    Dans le même temps, le taux de croissance annuel de la Chine continue de baisser. Le Foreign Office britannique (FCO, ministère des Affaires étrangères, NDLR) suit de près les difficultés économiques de la Chine et, lors d’une série de réunions d’information mensuelles cette année, il a dressé un tableau de ce qui semble être un déclin inévitable. Le mois dernier, le China Economics Network (Réseau économique de Chine] du FCO, basé à l’ambassade britannique de Pékin, a signalé que l’économie chinoise s’était « encore affaiblie… avec des indicateurs en baisse générale ». Le rapport constate : « L’investissement, la production industrielle et les ventes au détail ont tous fléchi, malgré les mesures incitatives » ; il note aussi que les mesures chinoises très énergiques pour soutenir la croissance économique sont en perte de vitesse.

    Le ralentissement économique de la Chine coïncide d’ailleurs avec les anticipations selon lesquelles le plus long mouvement de hausse du marché boursier de Wall Street pourrait bientôt prendre fin.

    Mark Newton est un ancien de Wall Street, ancien analyste technique en chef du fonds spéculatif de plusieurs milliards de dollars Greywolf Capital, et auparavant stratège technique de Morgan Stanley. Newton pronostique que le marché boursier étasunien est sur le point d’atteindre un pic qui sera suivi d’une chute massive de 40 à 50 % à partir du printemps 2019 ou au plus tard en 2020. Il a expliqué que, « techniquement, des signes avant-coureurs ont commencé à apparaître. Il s’agit d’une divergence négative du momentum (un indicateur qui peut signaler un renversement de tendance en attente), ce qui s’était déjà produit avant les pics des principaux marchés, dont ceux des années 2000 et 2007 ».

    Les prévisions de Newton sont similaires à celles de l’économiste étasunien Robert Aliber, professeur à la Booth School of Business de l’Université de Chicago. Plus tôt cette année, Insurge Intelligence (le site animé par l’auteur de cette tribune, NDLR) a rendu compte en exclusivité de la prévision par Aliber d’un krach boursier (40-50 % en 2018 ou peu après), sur le fondement des analyses des crises bancaires précédentes.

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