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Qu’est-ce que la réalité ?

vendredi 14 avril 2017, par Robert Paris

Qu’est-ce que la réalité ?

Il peut sembler qu’il n’y a rien de plus simple que de distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas, de ce qui n’est qu’une impression fausse. Il peut sembler qu’il suffit de nous fonder sur nos sens, en les confrontant avec ceux d’autres hommes, en effectuant des observations objectives. Il peut sembler que la réalité est ce que nous disent nos sens, ce que nous voyons, ce que nous touchons, ce que nous sentons, ce que nous entendons, ce que nous mesurons puisque nous pouvons compléter nos sens par des appareils intermédiaires comme la lunette, le télescope, le microscope et autres moyens de développer des expériences et d’observer la réalité. Mais, en fait, cela ne suffit pas. Nous ne pouvons pas nous contenter de nos sens ni de nos appareils, ni nous contenter d’observer : nous sommes contraints de faire appel à nos capacités de former des théories, de construire des concepts abstraits comme les paramètres physiques, comme les lois, comme les objets physiques. On nous dit que la preuve de la réalité, c’est qu’elle fonctionne, que nos appareils fonctionnent et c’est en partie vrai mais cela ne garantit pas que nos raisonnements correspondent à la réalité. Certains auteurs vont jusqu’à affirmer que ce sont nos cerveaux qui construisent la réalité et qu’elle n’a rien de vraiment objectif ! Ce point de vue idéaliste montre bien que les faits ne suffisent pas à nous dire facilement ce qu’est la réalité ! D’autres philosophies affirment que l’on ne pourra jamais répondre à la question : qu’est-ce que la réalité ?

Car l’homme ne dispose que de son cerveau pour connaître le monde et que les sens ne nous disent rien sans passer par notre cerveau. Et notre cerveau ne fait pas que de nous informer du monde extérieur, il l’interprète et nous donne souvent des réponses fausses. Il complète les informations incomplètes. Il construit des explications qui dépassent ses informations.

Certains s’imaginent que la science aurait tranché depuis longtemps sur ce qu’est la réalité du monde, mais cette croyance naïve a été remise en question par le développement des sciences lui-même ! Ainsi, la physique a remis en question notre image de la matière, telle que nous l’imaginions à partir de notre expérience à notre échelle. Nous pensions la matière comme des agglomérats d’objets fixes, insécables, durables, pouvant se déplacer, s’attacher ou se détacher comme les pièces d’un puzzle moléculaire, permettant d’expliquer la formation des matériaux. Certes, l’atome ne s’est pas révélé insécable mais on aurait pu se contenter que l’électron, le proton et le neutron le soient. Cependant, proton et neutron ne le sont pas non plus. On pourrait alors se contenter que les quarks le soient. Mais cette fois l’image du puzzle est tout à fait bouleversée car les quarks ne sont pas séparables. Quant à l’électron, il n’apparaît même pas comme un objet fixe dans la physique quantique. La propriété d’électron se déplace certes mais elle saute d’un électron virtuel à un autre avec le boson de Higgs ! La science se garde bien, pour le moment, de trancher sur la réalité de l’électron et du quark. Même le neutrino n’est pas réellement bien connu et il saute d’une sorte de neutrino à une autre, montrant qu’il n’a rien de simple, d’élémentaire, de fixe.

La notion d’objet matériel se déplaçant dans un vide impassible elle aussi a disparu avec l’idée de vide quantique car l’objet matériel en question échange sans cesse avec le vide, modifie celui-ci, et reçoit une réaction du vide en retour. La Relativité a montré que vide et matière sont accouplés et pas séparés et la matière ne se contente pas de se déplacer dans le vide, la déformation du vide se déplace avec elle comme le montre la relativité généralisée.

Mais, direz-vous, les molécules, les atomes, les particules sont quand même bel et bien réels ! Oui, en un sens mais non en un autre. Oui, il y a bel et bien des phénomènes qui se comportent comme des molécules, des atomes, des particules et qui ne peuvent pas s’interpréter autrement. Les atomistes avaient raison, en un sens. Mais les énergétistes avaient aussi une part de raison. La matière est pleine… d’énergie comme le rappelle la formule E = mc². Et cette énergie est capitalisée (comme un capital financier déposé dans une banque) et n’apparaît que rarement et en toute petite partie. La matière ne dépense qu’une infime partie de son énergie interne. La matière est donc de l’énergie. La lumière également. Et le vide quantique aussi !

On ne peut pas dire que la science ait complètement tranché sur la réalité de la matière car les phénomènes ne peuvent pas être attribués à des objets, au sens que nous donnions à ce terme, celui de notre expérience terrestre d’hommes. Les objets que nous connaissons, ou croyons connaitre, ont une apparence qui ne ressemble nullement aux propriétés des particules ou même des atomes.

Des structures matérielles sont fondées sur le vide quantique, l’énergie est organisée avec des échelles hiérarchiques mais les objets fixes ne sont qu’une construction, qu’une apparence. Comme l’ordre pur n’est qu’une apparence car l’ordre est sans cesse fondé sur le désordre et ce dernier reste sans cesse indispensable. Pas de matière sans interaction et pas d’interaction sans lumière, sans particules d’interaction qui sont de l’énergie donc du désordre…

L’ordre sans désordre est tout aussi inexistant que le désordre sans ordre, que la matière sans vide, que la matière sans lumière, que la lumière sans vide, que l’espace-temps sans vide, que l’énergie sans vide…

Les anciens critères de la matérialité sont remis en cause. La matière que l’on touche, que l’on voit, que l’on sent, qui a une couleur, qui a une compacité, qui a une densité, qui a une dureté, qui a une imperméabilité, qui repousse le doigt, qui gratte, qui frotte, qui grince, qui raye, qui ne s’étire pas, qui ne casse pas, qui a une position bien déterminée, qui suit une trajectoire, qui a une vitesse instantanée, qui n’est pas qu’une probabilité de présence, a bien sûr une réalité à notre échelle, mais c’est seulement à une échelle bien particulière que ces phénomènes ont lieu. Ils ne sont pas la réalité fondamentale de la matière. Ils sont seulement une illusion construite sur la base du monde réel, quantique, dans lequel tout cela n’existe pas, dans lequel il n’y a pas de trajectoire continue, pas d’existence continue des objets, pas de position précise, pas de vitesse précise, pas de fixité, pas de compacité, pas de durabilité, etc.

Les oppositions diamétrales qui définissaient la matière, comme opposée au vide, comme opposée à la lumière, comme opposée à l’énergie, sont mortes.

On pourrait se dire que tout cela n’est pas bien grave puisque la physique contemporaine continue d’appeler « particule réelle » la particule durable ayant une masse et non la particule éphémère du vide quantique qui n’en a pas et qu’on appelle « particule virtuelle ». Seulement cette physique ne reconnait qu’une seule réalité : le nuage de particules virtuelles qui échangent un boson de Higgs et déplacent la propriété de « particule réelle » d’un point à un autre. La particule réelle n’est donc qu’une propriété qui saute et non un objet, toujours le même. Le phénomène « particule réelle » existe mais ce n’est pas un objet matériel fixe, donné, que l’on peut suivre continûment, qui a une trajectoire, qui se maintient en permanence, qui est bel et bien palpable au sens que nous donnons à la matière à notre échelle…

La réalité matérielle n’est pas ce que l’on croyait, fondée sur la continuité d’existence et de mouvement, sur la stabilité, sur la fixité des propriétés, sur la cosntance des paramètres, sur l’indépendance du fond, sur la régularité, sur l’identité permanente avec elle-même, sur l’individualité, sur la position précise, sur la vitesse précise, se déplaçant dans un univers marqué par la flèche du temps, etc.

Au contraire, la réalité de la matière, c’est celle du vide quantique, éphémère, sans cesse se recomposant avec l’antimatière, pour donner de la lumière, pour se changer en énergie, pour sauter de manière discontinu le temps et l’espace, sans cesse changeant d’état, et construisant sans cesse des réalités nouvelles, faisant émerger de nouvelles structures, de nouveaux états, de nouvelles lois…

On le voit, l’homme, sa conscience, sa liberté, ses contradictions ont parfaitement leur place dans un tel univers matériel qui n’est en rien opposé diamétralement à ce qui caractérise la vie, la conscience et l’homme. L’un comme l’autre sont des composés dialectiques d’ordre et de désordre, de hasard et de nécessité, de stabilité et d’instabilité, de lois et de rupture des lois, de symétrie et de rupture de symétrie, de construction et de destruction, de liaison et de rupture des liaisons, d’action et d’inhibition, etc.

Le monde matériel existe-t-il objectivement, en dehors de nos pensées ?

Réel et virtuel

Le réel est-il voilé

Qu’est-ce que le « phénomène » en sciences et en philosophie ?

La science, ce sont seulement des faits ?

La physique quantique nous condamne-t-elle à ne pas décrire du tout la réalité sous-jacente aux lois de la physique ?

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