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Pourquoi ne pas croire au surnaturel ?

vendredi 31 mars 2017, par Robert Paris

Pourquoi ne pas croire au surnaturel ?

De temps à autre, nous recevons un témoignage d’un lecteur qui veut nous faire part d’une expérience personnelle qu’il estime probante sur la réalité d’un monde qui dépasse la nature, qui n’est pas du domaine du rationnel ou qui suppose l’existence des esprits. L’auteur de cet article ne croit guère aux prétendues « preuves » d’événements surnaturels, de miracles, de voix de l’au-delà, de paroles de dieu ou du diable, de manifestations qui ne s’expliqueraient pas par les lois de la nature. Mais on ne trouvera cependant pas non plus dans cet article de « preuve » de la non-existence du surnaturel pour la simple raison qu’on ne pourra jamais « démontrer » qu’un animal à cinq pattes n’existe pas, que dieu n’existe pas, que le diable n’existe pas ou que le monde surnaturel n’existe pas. Cela ne prouve pas que le surnaturel existe !!!

Bien des gens confondent le surnaturel avec l’étonnant, ce qui est contraire au sens commun et ils ont tort car l’essentiel des lois de la matière, reconnues et assez bien expliquées par les sciences physiques, est tout à fait contraire au bon sens et très très étonnante. Il est extrêmement étonnant qu’une matière immobile sur laquelle personne n’agit détienne une énergie folle qui vaut sa masse multipliée par la vitesse de la lumière et à nouveau par la vitesse de la lumière (un nombre énorme !) et tout cela sans que cette énergie contenue par la matière n’en sorte le plus souvent !!! Pas étonnant ça !!! C’est pourtant la loi la plus connue d’Einstein : E=mc² !!!

Inutile de rappeler que les lois de la physique quantique sont tout à fait contraires au bon sens ! Il est apparemment absurde qu’une particule, émise par une source et qui passe dans l’une ou l’autre de deux fentes rapprochées, passe en fait plus ou moins par les deux pour interférer ensuite derrière les fentes !!! Il est apparemment absurde qu’une particule qui se déplace n’existe que de manière intermittente, n’a pas de trajectoire continue, n’a pas de vitesse instantanée et de position instantanée en tout point de son trajet ! Il est apparemment absurde que deux particule qui ont interagit entre elles et n’ont pas interagit avec d’autres systèmes continuent de se comporter comme si elles restaient en contact alors qu’elles s’éloignent sans cesse l’une de l’autre ! De l’action à distance à une vitesse plus grande que la lumière, voilà la loi d’intrication !

Et ce n’est pas surnaturel au sens que ce sont des lois de la matière et pas contraire aux lois de la matière ni en dehors d’elles !

Ce ne sont que quelques exemples et je pourrais noircir des pages et des pages sans avoir fini de rapporter tous les paradoxes, toutes les lois de la matière qui sont contraires au bon sens, qui sont étonnantes et même renversantes, sans pour autant nécessiter de faire appel à la notion de « surnaturel » !!!

Mieux même, les propriétés du vide quantique nous amènent à concevoir des créations et des annihilations de matière. La lumière ou le vide peuvent se transformer en matière et la matière en lumière ou en vide, sans qu’il y ait le moindre miracle là-dedans, des créations et des disparitions sans créationnisme, sans intervention ni divine ni diabolique, sans fantôme et sans esprits frappeurs !!!!

En tout cas, j’espère avoir montré que le caractère étonnant d’un phénomène physique n’est pas une preuve de l’existence du surnaturel.

Un très grand nombre de phénomènes physiques apparaissent peu vraisemblables ou invraisemblables mais ils sont vrais, leur rationalité est difficile à concevoir mais cela n’en fait pas des faits non naturels. Ils peuvent être reproduits, n’ont rien d’extérieurs à la nature et à son fonctionnement. C’est seulement que ce fonctionnement est difficile à comprendre et à décrire rationnellement.

Il en va de même des événements psychiques étonnants. En effet, la psychanalyse, la psychologie et la psychiatrie ont étudié scientifiquement des événements « psy » qui semblent étonnants, et même incompréhensibles et irrationnels, et ne se sont nullement révélés surnaturels.

C’est seulement que la relation corps/cerveau est étonnante (et parfois renversante) pour le sens commun.

C’est la notion d’inconscient, surtout celui de Freud et aussi celui des neurosciences, qui a complètement modifié notre perception du rationnel humain, fondée sur l’irrationnel de l’inconscient. L’ordre apparent du conscient humain est fondé sur le désordre apparent de l’inconscient humain. Les deux sont complètement imbriqués. L’inconscient peut parfaitement apparaître avoir anticipé des situations, d’où l’apparence de « déjà vécu » que certains assimilent au surnaturel.

Des impressions étonnantes du cerveau peuvent se produire durant les rêves, durant des phases de demi-sommeil ou d’hallucinations plus ou moins provoquées (faim, manque de sommeil, drogues, états anxiogènes, etc…). Ce n’en sont pas moins des phénomènes naturels même s’ils n’ont rien de courant. Des personnes dans ces états-limites peuvent avoir des sentiments de parler à des personnes mortes et de les voir devant eux par exemple et ils auront le plus grand mal, une fois revenus dans leur état normal, de croire qu’ils ont laissé leur inconscient leur fabriquer des images virtuelles aussi convaincantes.

Il nous faut maintenant discuter de la notion même de « surnaturel », ce qu’elle est censée signifier et comment on pourrait la définir.

On a déjà vu que l’existence de faits étonnants ne suffit pas à décrire le surnaturel. Il n’y a pas si longtemps les hommes estimaient que la foudre qui frappait une maison et la détruisait était un phénomène surnaturel. On a vu aussi des personnes considérer comme surnaturelles certaines maladies comme l’épilepsie ou des crises nerveuses.

Souvent on confond le surnaturel avec un phénomène physique dont on n’a pas immédiatement l’explication. Par exemple, si une pierre se met à luire dans la nuit sans raison connue, si des images semblent se projeter dans le ciel ou si les nuages semblent correspondre à des formes étranges, si des phénomènes lumineux se produisent dans le ciel, si on a la prescience de faits qui vont se produire ensuite, si nos pensées inconscientes semblent nous donner des connaissances que nous n’aurions pas pu avoir, nous sommes tentés de dire que c’est surnaturel.

Mais il faudrait savoir d’abord où commencent et où s’arrêtent les phénomènes dits naturels, ce qui est loin d’être évident…

Remarquons déjà que le surnaturel dépend considérablement de la société à laquelle nous appartenons, de sa culture, de sa science, de ses techniques, et de sa philosophie.

La plupart des phénomènes permis par la technique moderne passeraient pour les générations plus anciennes comme de la magie ! N’oublions pas que les générations anciennes considéraient les mégalithes comme magiques puisque personne n’était capable de redresser des pierres aussi grosses et lourdes. Il n’y a pas si longtemps on considérait déjà les sources, les orages et les forêts comme magiques. Il en va de même de phénomènes liés à la naissance, à la mort, aux maladies et qui nous semblent aujourd’hui du domaine du quotidien et du naturel.

Il y a eu des civilisations humaines pour lesquelles même les faits de tous les jours faisaient partie de la magie, et celles-ci étaient animistes. Les chasseurs croyaient faire partie de la nature mais estimaient qu’elle appartenait aux dieux et aux démons. Les chasseurs demandaient pardon au dieu de l’ours ou du bison pour les animaux qu’ils avaient tués afin de ne pas être poursuivis par la famille de ces animaux morts. On n’imagine pas ceux qui tuent un animal en faire autant aujourd’hui. Pas plus qu’un homme d’aujourd’hui ne voit la moindre magie à téléphoner à l’autre bout du monde, à envoyer des hommes dans l’espace pas plus qu’à les envoyer dans un sous-marin ou à faire marcher un robot.

La vie et la mort ont perdu en grande partie leur caractère magique, même si les religions veulent conserver une part du mystère pour en léguer les pouvoirs à leur dieu.

S’ils conservent une partie de leur crédibilité auprès des hommes, c’est parce que les situations brutales, dures, de souffrances atroces, qui semblent incroyables et s’abattent sur les hommes perdurent et qu’ils n’y voient aucune rationalité et préfèrent se donner l’impression que ce n’est pas le monde normal qui a produit de tels chocs mais des actions supranaturelles ou des volontés divines. Cela rend le choc moins dur à supporter que de penser que le malheur n’est pas venu de la sphère humaine, à notre niveau. Qu’une volonté supérieure à la nature ait voulu quelque chose semble enlever le poids trop lourd sur les humains qui souffrent de cet événement. Cela explique que les Juifs religieux estiment que les pogromes et le génocide sont des punitions de dieu et pas des actes vraiment humains ! On peut comprendre leur réaction mais cela ne doit pas nous empêcher de dire que cela est complètement faux. Le génocide des Juifs comme d’autres massacres, guerres ou atrocités, sont rationnels et ont été perpétrés par des sociétés de classe en fonction de leurs besoins contre-révolutionnaires.

Ce qui fait que le monde scientifique moderne n’ait pas fait disparaître l’idée même de surnaturel provient de deux faits, l’un idéologique et l’autre social.

L’idéologique, c’est que la classe capitaliste a ressenti le besoin de conserver un caractère incompris et irrationnel a bien des faits et à laisser en place des religions, des idéologies du passé, afin que les hommes ne comprennent pas la rationalité du monde et ne s’en servent pas pour le changer. Ils se gardent bien de laisser l’histoire expliquer les grands massacres, les guerres, les génocides et les ethnocides. Ils se gardent bien de laisser les sciences casser les racismes, les fascismes, les haines entre les peuples. Ils se gardent bien de laisser se diffuser une véritable philosophie des sciences. C’est un choix des classes dirigeantes de ne jamais avoir permis la formation d’une pensée scientifique sur le monde.

En même temps, il reste un fondement réel à la conception irrationnelle des hommes : c’est le caractère en partie contraire à la rationalité du maintien d’une société d’exploitation au moment où le niveau des connaissances, des capacités et des techniques humaines permettrait, et même nécessiterait, de s’en passer. Tant que l’homme est dans les chaînes, morales ou physiques, il y aura des hommes pour penser que ces chaînes sont voulues par un pouvoir supérieur et surnaturel.

L’homme ne peut se libérer de ses prisons de la pensée qu’en se libérant de ses prisons réelles. Tant qu’il ne pourra pas empêcher des puissances réelles de l’opprimer et de l’exploiter, il ne pourra pas non plus se débarrasser de la croyance dans les puissances de l’au-delà et du surnaturel.

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