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Algérie : où va l’argent du pétrole et du gaz ?!!!

jeudi 23 février 2017, par Robert Paris

Comme ici les retraités algériens, nous, peuple travailleur d’Algérie, ne demandons pas l’aumône, nous voulons nos deux mille milliards de dollars qui nous ont été volés !!!

Avertissement : tout cet article vise à calculer combien d’argent a été tiré du pétrole et du gaz algérien depuis l’indépendance. On ne peut en tirer qu’un ordre de grandeur qui permet seulement de démontrer que les chiffres des autorités sont bien trop bas et sont donc mensongers et aussi qu’il y a nécessairement des milliardaires privés algériens cachés quelque part ailleurs qu’en Algérie. La méthode de calcul peut paraître bien compliquée et peu fiable, puisqu’il s’agit de comparer les revenus de l’Algérie et de l’Arabie saoudite. Les deux pays n’ont ni les mêmes ressources du sous-sol, ni la même production, ni les mêmes contrats avec les compagnies étrangères. Cependant, vus les mensonges de la dictature militaire algérienne depuis l’indépendance et vus l’opacité complète des chiffres officiels des sociétés algériennes et étrangères de l’énergie, même un inspecteur des finances qui aurait toute latitude de se plonger dans les chiffres ne pourrait pas avoir une meilleure idée des sommes en jeu.

Algérie : où va l’argent du pétrole et du gaz ?!!!

L’Algérie fêtera le 24 février prochain l’anniversaire de la nationalisation de ses hydrocarbures de 1971 mais il manque à cet anniversaire le décompte des sommes accumulées… En effet, ni les investissements de recherche ni l’argent fourni à l’Etat algérien et celui donné aux compagnies étrangères ne suffisent à couvrir les recettes des hydrocarbures, recettes accumulées et argent détourné depuis 46 ans et dont nous entreprenons d’effectuer ici une estimation chiffrée !!!

Le Sahara recèle les troisièmes réserves africaines de pétrole (12,2 milliards de barils) et un tiers des ressources gazières du continent (4500 milliards de mètres cubes).

Pourtant, l’Algérie ne figure qu’en 96ème position au classement des Nations unies de l’indice de développement humain.

Le désarroi des jeunes – la moitié des 36 millions d’habitants a moins de 19 ans – est à la mesure du taux de chômage et du manque de débouchés pour les diplômés, qui ne rêvent que de partir à Paris, Londres ou Montréal.

Les statistiques sont accablantes : 23% de très pauvres et 43% de jeunes au chômage.

L’argent a-t-il servi à acheter la paix sociale, comme le laisse entendre le gouvernement ?

En juin dernier, une loi de finances complémentaire a gonflé les dépenses de l’Etat de 8 milliards d’euros pour maintenir les subventions aux denrées de base (des hausses de prix avaient déclenché des émeutes en janvier) et augmenter les salaires des agents de l’Etat. « Le gouvernement se vante de ses énormes réserves, alors les fonctionnaires réclament leur part », ironise Omar Belhouchet, directeur du quotidien indépendant « El Watan ». Le pouvoir utilise aussi sa cagnotte pour le logement (de grands ensembles sortent de terre autour de la capitale) mais cela ne suffit pas, selon un rapport de l’ONU : 1 million d’habitations seraient inoccupées ; on s’entasse à plusieurs familles par appartement dans les secteurs populaires, comme à Bab El Oued ; et les bidonvilles prolifèrent près du centre d’Alger, où des victimes du séisme de 2003 vivent toujours dans des baraquements.

Aujourd’hui, le pays compte toujours parmi les plus dépensiers en matière militaire (6 milliards de dollars en 2011).

La manne pétrolière est présentée comme essentiellement mangée par le budget de l’Etat (80% des recettes fiscales).

Avant de se demander où va l’argent du gaz et du pétrole algérien, il convient de savoir à quelle fortune on peut estimer ces sommes tirées des richesses du sous-sol. Comme l’Etat algérien ne peut être considéré comme fiable dans ses déclarations à ce sujet, il faut se donner des moyens de compter qui viennent d’ailleurs que des statistiques de l’Etat algérien.

Pour cela, comparons la productivité des gisements algériens et celle des gisements d’Arabie saoudite. On peut grossièrement considérer que la production d’hydrocarbures de l’Algérie représente environ un sixième de celle de l’Arabie saoudite pour le pétrole. Par exemple, le nombre de barils par jour en 2014 était de un million huit cent mille pour l’Arabie saoudite et de 300.000 pour l’Algérie. En 2013, on trouvait un million huit cents dix-neuf mille pour l’Arabie saoudite et trois cents soixante deux mille pour l’Algérie. Par contre, pour le gaz naturel, l’Algérie a une production très légèrement inférieure à celle de l’Arabie saoudite. En milliards de mètre cube de gaz, on trouve, par exemple en 2010, 87,7 pour l’Arabie saoudite contre 80,4 pour l’Algérie. Et même certains calculs donnent l’Algérie devant l’Arabie saoudite en ce qui concerne le gaz naturel : voir ici

Reste à compter le total de la fortune de la royauté saoudite et à diviser par deux ou par trois pour avoir un ordre de grandeur de la richesse de ceux qui ont détourné les richesses du sous-sol de l’Algérie…

Le prince Walid Ibn Talal est l’homme le plus riche d’Arabie Saoudite avec une fortune estimée à 30 milliards de dollars. Les Fahd ont, ensemble, 40 milliards de dollars. Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, chef d’Etat possède 18,5 milliards. Le Prince Alwaleed a $16,3 Milliards de dollars. Il y a en tout 4000 princes du pétrole… On peut estimer que l’ensemble de la famille royale et des profiteurs saoudiens du pétrole possède en tout entre 3000 et 4000 milliards de dollars en gros. Divisé par deux ou trois, cela donne la fortune des possesseurs du gaz et du pétrole algérien : mille à deux mille milliards de dollars.

Mais qui est-ce qui détient de telles sommes ? C’est l’Etat algérien prétend la classe dirigeante occulte d’Algérie !!!

Certes, celle-ci peut affirmer qu’une partie de cet argent a été versé aux compagnies étrangères mais l’argument ne tient pas puisque c’est aussi le cas de l’Arabie saoudite à laquelle on a comparé les revenus algériens.

Officiellement, les revenus du sous-sol appartiennent toujours à l’Etat algérien, depuis le 24 février 1971, date de la nationalisation du secteur des hydrocarbures…

Les classes dirigeantes se plaignent bien entendu de la chute des cours, affirmant ainsi que l’Etat en devient endetté !

Elles se plaignent des prix qu’imposent les compagnies occidentales.

Depuis, les compagnies occidentales qui mettaient la pression sur l’Algérie pour obtenir des prix plus bas, Canada, Angleterre et USA prétendant être capables de récupérer assez de pétrole eux-mêmes et se passer de l’Algérie ont effectué inutilement un chantage à la baisse des prix du fait des propositions beaucoup plus favorables de la Chine. Le pétrole algérien est en train progressivement de revenir à la Chine, ce qui était déjà le cas des gros travaux de BTP.

Les autorités algériennes affirment que 98% des revenus du pays proviennent des hydrocarbures mais cela ne signifie nullement que 98% des revenus des hydrocarbures reviennent au… pays !!!

En effet, où sont passés les mille à deux mille milliards de dollars ?!!!

En 2010, l’Etat aurait plus de 150 milliards de dollars de réserves de change…

La différence n’est pas une peccadille et elle pose question.

On parle beaucoup en Algérie de « la rente pétrolière et gazière » mais nul ne sait le nom des rentiers…

Bien entendu, l’Etat lui-même a prétendu dévoiler certains scandales de gestion de la Sonatrach mais les sommes en jeu sont dérisoires devant les vrais détournements.

L’ancien PDG de la Sonatrach, Mohamed Meziane, ses deux fils, ainsi que de nombreux hauts responsables de la compagnie nationale algérienne de pétrole ont été condamnés en février 2016 au terme du procès algérien dit « Sonatrach 1 ».

Une deuxième procédure a été ouverte en Italie, dans le sillage des commissions rogatoires envoyées par l’Algérie. Cette fois, les pistes mènent à Farid Bedjaoui, en fuite et aperçu pour la dernière fois à Dubaï, et à l’entourage du ministre de l’énergie de l’époque, Chakib Khelil. Les magistrats italiens accusent Bedjaoui d’avoir touché de la Saipem l’équivalent de 205 millions de dollars par l’intermédiaire de la compagnie Pearl Partners Ltd, domiciliée à Hongkong. Et le soupçonnent d’avoir arrosé de nombreux responsables algériens afin de faciliter l’obtention, par la Saipem, de huit contrats entre 2006 et 2009, pour 10 milliards de dollars : des centaines de kilomètres de pipelines et plusieurs usines de traitement.

Tout cela est bien loin de nous permettre de retrouver les mille à deux mille milliards de « perdus » !!!

La bourgeoisie algérienne a constitué son accumulation primitive sur le dos du peuple mais une fois qu’elle a accumulé, elle n’a plus voulu investir dans le pays exsangue qu’elle avait produit. La bourgeoisie nationale s’est ainsi contentée de prendre la succession du colonialisme en se chargeant d’exploiter la population et d’envoyer les résultats de cette exploitation hors des frontières. La population, elle, est restée piégée dans le cercle vicieux : sous-développement, endettement, dépendance, surexploitation, misère, chômage, dictature, corruption, bandes armées, etc... En guise d’indépendance nationale, faute d’indépendance économique avec le maintien de la vente à bas prix du gaz et du pétrole, l’achat d’industries “ clefs en main ” et celui de biens de consommation à la France essentiellement comme auparavant, la classe dirigeante algérienne n’a pu se gargariser de nationalisme qu’en changeant de mots, par l’arabisation de la langue. Ce nationalisme de l’illusoire, c’est justement celui dont les islamistes représentent l’exacerbation violente, l’utilisation politique de la religion par les intégristes concentrant en elle toutes les illusions déçues et tous les faux espoirs en reconstituant une indépendance abstraite, une grandeur théorique, celle d’empire déchu.

Mais peut-on réellement parler d’une bourgeoisie algérienne ?

Même en termes de bourgeoisie nationale, l’Algérie indépendante est un échec retentissant. C’est la caste des généraux qui a représenté, faute de mieux, cette couche visant à devenir une bourgeoisie. C’est elle qui a détourné les richesses du pays, sans pour autant oser dans un premier temps afficher sa volonté de s’en dire ouvertement la propriétaire.

C’est elle qui a organisé l’exploitation de la population algérienne à un bout et son maintien par un encadrement dictatorial et les liens avec l’impérialisme à l’autre bout. Elle s’est ainsi imposée à tout un peuple et fait admettre par l’impérialisme comme bourgeoisie comprador, entièrement dépendante.

Et, sous couvert du drapeau du socialisme au début comme sous l’idéologie capitaliste ensuite, elle a commencé à accumuler, à investir ses biens privés à l’étranger. Et, au fur et à mesure, ce sont les seuls intérêts de classe de ce qu’il faut bien appeler la bourgeoisie algérienne, car il n’y en a pas et il n’y en aura pas d’autre, qui ont déterminé de plus en plus les choix économiques, sociaux et politiques de l’Etat algérien.

Masquée derrière les expressions volontairement confuses “ les décideurs ”, “ les généraux ” ou “ le pouvoir ”, cette toute petite fraction détient les leviers économiques et politiques et se donne les moyens de le faire fructifier et de le conserver. Ce sont les intérêts de cette classe exploiteuse face aux exploités qui reste déterminante dans les choix de l’Etat et des partis politiques bourgeois.

La lutte de classe est déterminante en Algérie comme ailleurs même si tout le discours politique, du pouvoir comme de l’opposition, fait semblant de s’en abstraire en ne parlant que des institutions politiques pour éviter de montrer les intérêts de classe. Ils ne font ainsi qu’effacer la responsabilité de la bourgeoisie dans la catastrophe actuelle et semer des illusions sur un avenir possible pour le peuple algérien en restant dans le cadre du capitalisme.

La population pauvre, elle, voit très bien les fortunes s’édifier sous ses yeux et elle en voit au moins les résultats en termes de villas de luxe, de yachts ou de grosses voitures, même si elle ne voit pas les investissements, essentiellement étrangers, ou le remplissage des coffres suisses. Cependant, politiquement, on continue à nous resservir la thèse selon laquelle en Algérie il n’y aurait ni bourgeoisie ni prolétariat, mais un seul peuple et pas de lutte de classe ! Cela au nom de la spécificité algérienne.

Et effectivement, il y a bien une histoire originale qui a modelé une bourgeoisie particulière. La bourgeoisie algérienne est née de l’Etat. Elle est sortie du processus historique faible, divisée, dépendante, prévaricatrice, maffieuse. C’est une bourgeoisie d’Etat, une bureaucratie bourgeoise et souvent simplement des clans militaires qui en tient lieu et qui intervient dans l’économie en leu et place des grands commerçants, des grands financiers ou négociants. Bien que bénéficiant des rênes de l’économie et du pouvoir, cette bourgeoisie n’a pu prospérer que dans les limites définies par l’impérialisme, l’essentiel des revenus du gaz et du pétrole continuant d’enrichir d’abord la métropole avant de garnir les portefeuilles de quelques nantis algérien galonnés ou non.

C’est à cette condition qu’une minorité dirigeante a pu être admise à la table des grands. Quant à la population pauvre, elle n’a pas eu son mot à dire, même au temps de l’ “ autogestion ”. Il en est résulté une bourgeoisie qui se cache, qui n’ose pas dire son nom, qui pratique le partage des revenus en catimini et qui n’a toujours pas, près de quarante ans après l’indépendance et vingt ans après la fin du “ socialisme ”, osé affirmer qu’elle détenait en propriété privée les revenus du gaz et du pétrole. Or qu’est la bourgeoisie sans la propriété privée ? Que serait Bouygues sans la propriété de la société Bouygues ? Ce sont les conditions particulières de l’indépendance et non les velléités socialistes de ses dirigeants qui ont causé cette particularité : un état bourgeois sans bourgeoisie nationale.

Contrairement à la plupart des pays nouvellement indépendants, l’Algérie n’avait pas à sa naissance de bourgeoisie algérienne même embryonnaire, constituée à l’époque coloniale. La France n’avait formé de petite bourgeoisie locale aisée que parmi la population pied noir. Les sacrifices énormes d’une lutte de libération nationale longue et meurtrière ont été exclusivement le fait des couches pauvres de la population. Il était du coup difficile à l’indépendance d’annoncer, en plus de la confiscation du pouvoir par une bande armée extérieure à la lutte, la confiscation des richesses du pays par une minorité qui se serait autoproclamé nouvelle bourgeoisie, possédant en privé les ressources et particulièrement le gaz et le pétrole. C’est de là qu’est venu la nécessité du “ socialisme algérien ”.

Qu’en était-il du socialisme algérien ? C’est au nom du socialisme que l’on a muselé les aspirations sociales du peuple algérien, tous ceux qui revendiquaient étant accusés de vouloir défendre un intérêt particulier au moment où il fallait tout sacrifier à l’intérêt général appelé intérêt national. Une génération allait, paraît-il se sacrifier pour assurer l’avenir de ses enfants.

Les adversaires de ce nationalisme ne pouvaient qu’être dénoncés comme agents du colonialisme et pourchassés par les organisations de masse constituées d’en haut par le pouvoir et qui encadraient toute la population : organisations de jeunes, de femmes, organisation syndicale unique UGTA et bien sûr parti unique FLN. L’étatisme, le parti unique, l’encadrement des masses, l’industrialisation lourde au dépens des biens de consommation et la perspective fallacieuse du développement autocentré n’ont pu apparaître comme du socialisme qu’à cause de la mythique stalinienne du “ socialisme dans un seul pays ” reprise ensuite par la Chine de Mao dans sa version tiers-mondiste. Ces illusions nationales petites bourgeoises n’ont rien à voir avec les thèses qui étaient celles du mouvement ouvrier communiste révolutionnaire, celui de Lénine et de Trotsky ou celui de Marx : bâtir une société libérée de l’exploitation en renversant l’impérialisme et le capitalisme et non en coexistant avec lui sur une petite bande de terre. Même si le nationalisme des pays sous-développé a dû s’imposer aux anciennes puissances coloniales, il n’est pas l’ennemi mortel du capitalisme et se développe même sous son égide comme la petite bourgeoisie sous la protection et sous la coupe de la grande.

C’est la classe ouvrière internationale qui représente le véritable ennemi de la domination capitaliste du monde mais ces nationalistes ont bien pris garde de ne pas organiser cette classe sociale opprimée car si elle triomphait, leurs aspirations à exploiter elles-mêmes “ leur peuple ” ne seraient plus seulement limitées par l’impérialisme mais détruites définitivement par la fin de l’exploitation. C’est ainsi que le nationalisme est bien plus un ennemi mortel du prolétariat communiste que de l’impérialisme.

L’Algérie de l’indépendance ou celle du lancement de l’“ autogestion ” n’avaient rien de socialistes. Elles ne concevaient nullement de donner le pouvoir aux travailleurs organisés en comité. Le pouvoir avait été mis en place bien avant l’indépendance, en dehors de toute décision populaire. La seule mobilisation des masses que concevait le nouveau régime était celle en vue de la production. La mobilisation des énergies des ouvriers et des paysans pauvres officiellement au nom de la construction nationale et réellement en vue de vendre cette force de travail sur le marché mondial.

L’idéologie socialiste du nouveau régime, s’abreuvant jusqu’à la nausée des mots de “ masses populaires ”ou de “ peuple ”, visait seulement à imposer aux classes populaires la solidarité avec la politique suivie, l’acceptation des sacrifices et des efforts. Les travailleurs étaient politiquement désarmés, aucune organisation n’ayant choisi de remettre en cause l’objectif officiel de la classe dirigeante algérienne et dire en clair que tous ces efforts visaient à l’accumulation primitive d’une bourgeoisie exploiteuse. Le nationalisme visait d’abord et avant tout à gommer officiellement l’existence même d’intérêts de classe, en prétendant qu’ils étaient dépassés par l’intérêt national. Dans ces conditions, le simple fait de revendiquer des améliorations des conditions de travail était considéré comme irresponsable pour ne pas dire anti-national et les ouvriers et les paysans n’avaient aucun droit de s’organiser de manière indépendante du pouvoir, même pas au plan syndical. Ce qui était intitulé syndicat d’ouvriers ou syndicat de paysans n’était rien d’autre qu’une création d’en haut du pouvoir. La grève ou l’action politique des travailleurs était présentée comme un crime contre l’intérêt collectif et contre l’Etat.

Officiellement, les masses populaires étaient au pouvoir et tous les sacrifices demandés à la population et celui de leur liberté en particulier était fait officiellement au nom des masses. Avec l’industrialisation, c’est directement la classe ouvrière qui a été présentée par la régime comme la principale bénéficiaire alors qu’elle qui payait elle aussi le prix de cette construction. C’est ce que l’on a fait croire aux paysans paupérisés, obligés d’immigrer ou de peupler des bidonvilles. Avec l’aide du “ syndicat ouvrier ” UGTA courroie de transmission du régime, on a propagé ce mythe qui dure encore selon lequel les travailleurs sont, en Algérie, des privilégiés, des profiteurs de la rente et, comme tels, contribuent avec la bureaucratie d ‘Etat à détourner les richesses du pays. Le produit d’efforts de millions d’hommes et de femmes pour lutter contre l’impérialisme puis d’efforts pour bâtir un avenir un peu plus heureux pour leurs enfants a donné un terrible bilan : quelques îlots de fortune dans un océan de misère. Ce résultat n’est ni un accident, ni un détournement du projet nationaliste : il en est le direct produit.

Les nationalistes ne combattaient l’impérialisme et son exploitation du peuple algérien que dans la mesure où ils revendiquaient une part du gâteau : le droit d’exploiter eux-mêmes leurs nationaux. Ils ont obtenu ce qu’ils revendiquaient à condition de se charger eux-mêmes de faire la police pour maintenir les opprimés dans le rang, le colonialisme s’étant difficilement convaincu qu’il n’en était plus capable.

Le but de l’ ”industrie industrialisante ” ne pouvait pas être de construire une société d’un autre type que le capitalisme. Les dirigeants algériens pas plus que les autres nationalistes ne voulaient contester la domination impérialiste sur le monde et d’ailleurs ils n’ont jamais placé leur combat sur le plan international autrement que pour y être reconnus par les puissants. Au contraire, ils prétendaient construire une économie nationale commerçant “ librement ” avec le capital mondial.

En système capitaliste, c’est le plus librement du monde que l’on est assujetti aux possesseurs de capitaux qui fixent eux-mêmes les prix des marchandises. Et ils ont ainsi fixé celui du gaz et du pétrole. Avec les devises ainsi retirées, il ne suffisait pas de bâtir des usines pour vendre à l’extérieur. La production en vue de la satisfaction des besoins des masses populaires n’était lui qu’un slogan. L’objectif des dirigeants était la production massive en vue de la vente Encore faut-il trouver acheteur. Le marché mondial est déjà attribué et devant un marché national misérable, le projet des nationalistes ne pouvait que déboucher sur une impasse. Il n’y a pas aujourd’hui de place pour le lancement d’une nouvelle bourgeoisie comme au 18e et 19e siècle.

Le socialisme du discours n’a servi qu’à cacher toutes ces contradictions d’une bourgeoisie venue trop tard dans un monde où la classe qui peut faire avancer les choses n’est pas la petite bourgeoisie et n’est plus la bourgeoisie et où le développement capitaliste n’est plus un espoir mais un cauchemar !

Dans ces conditions qui sont toutes fondamentalement déstabilisantes, le pouvoir algérien n’a ni la stabilité d’une classe capitaliste reconnue de longue date par la propriété privée des moyens de production ni la popularité que lui avait donnée momentanément la lutte anticoloniale d’indépendance. L’impopularité de la classe dirigeante militaire est d’autant plus grande que, face à la misère populaire, elle a cherché à cacher de moins en moins sa fortune éclatante et écrasante. Il est de moins en moins secret que des Algériens liés aux clans militaires sont devenus milliardaires en détournant l’argent des hydrocarbures alors qu’officiellement ces derniers sont toujours propriété du peuple algérien, la privatisation du gaz et du pétrole n’ayant jamais pu être vraiment osée par le pouvoir militaire. Bien sûr, on est très loin du « socialisme » officiel des premières années du régime après l’indépendance, mais on est aussi très loin de pouvoir affirmer que tel ou tel oligarque est propriétaire de tel complexe gazier et pétrolier comme en Russie.

Nul ne croit plus que le pouvoir algérien, que l’armée algérienne, que le régime politique soit « celui de tout le peuple algérien » comme il le prétendait jusqu’en 1988, jusqu’aux massacres et aux tortures de masse contre la jeunesse algérienne soulevée d’Octobre et aussi jusqu’aux massacres des années de guerre civile.

Nul ne peut croire que le développement de l’économie et du pays, les dépenses d’infrastructures et d’investissements en Algérie soient l’explication de la disparition de milliers de milliards de dollars, même avec un relatif accroissement de ces dépenses pour éviter que les révolutions gagnent l’Algérie.

Le gaz et le pétrole ne forment que 60% des revenus de l’Etat et cela ne nous dit rien sur les sommes accumulées depuis l’indépendance.

L’état algérien a engrangé, entre 1999-2014, près de 750 milliards de dollars de recettes d’exportations d’hydrocarbures, selon les chiffres de différentes sources (Sonatrach, Banque d’Algérie, Banque Mondiale et FMI). Mais les véritables recettes aux mains d’Algériens sont sans doute deux à trois fois supérieures dans le même temps. Où passe la différence ?

D’à peine 20 milliards de dollars en 2000, les recettes étatiques tirées des exportations d’hydrocarbures ont atteint des pics de 76,9 milliards de dollars en 2008 et plus de 71,5 milliards en 2011 et 2012. Mais ce n’est qu’une petite partie des sommes réelles et où sont passées les sommes anciennes ? On ne les a pas jetées dans un trou pour les brûler !!!

C’est pour camoufler tous ces milliers de milliards de dollars qu’on a réprimé les jeunes, les femmes et les travailleurs en 1988, durant la guerre contre les civils, en 2001 et dans les multiples autres révoltes qu’a connu le pays.

Seule la révolution prolétarienne peut faire la lumière sur ce détournement massif de richesses et faire rendre gorge aux voleurs !!!

Messages

  • Certains affirment, par exemple, qu’Accor Hotel, ce serait le pétrole algérien. Cela expliquerait que Nicolas Sarkozy, viré par la primaire de la droite, rejoigne le conseil d’administration de l’hôtelier AccorHotels. Les passages entre le privé et le public, les politiciens bourgeois, ils connaissent...

  • Le gouvernement algérien intensifie sa guerre contre le syndicat indépendant des travailleurs de l’électricité et du gaz, SNATEG, qui organise les travailleurs de la société nationale de énergie, SONELGAZ.

    Des centaines d’adhérents, de militants et de délégués ont été licenciés, harcelés et persécutés sur de fausses accusations pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.

    Début 2017, le président du syndicat Raouf Mellal à été condamné à six mois de prison pour avoir dénoncé la corruption et les fraudes massives perpétrées par SONELGAZ.

    Le Snategs souligne avoir appelé à une action de protestation à la Grande-Poste, à Alger, le 20 janvier courant, pour s’opposer à toute opération de privatisation ou d’ouverture de capital des entreprises publiques. Cette protestation, affirme ce syndicat, est également décidée pour contester la loi de finances de 2018 et s’élever contre la répression policière des manifestations.

  • Le Sahara recèle en effet les troisièmes réserves africaines de pétrole (12,2 milliards de barils) et un tiers des ressources gazières du continent (4 500 milliards de mètres cubes). Envolée du prix des hydrocarbures aidant, les comptes publics feraient pâlir d’envie l’ancienne puissance coloniale : croissance régulière, dette proche de zéro et réserves de change au-delà de 200 milliards de dollars. Pourtant, l’Algérie ne figure qu’en 96e position au classement des Nations unies de l’indice de développement humain, l’étalon international du niveau de vie. Hors pétrole et gaz, elle ne produit presque rien et importe tout ce qu’elle consomme, avec la France comme premier fournisseur. Le désarroi des jeunes – la moitié des 36 millions d’habitants a moins de 19 ans – est à la mesure du taux de chômage et du manque de débouchés pour les diplômés, qui ne rêvent que de partir à Paris, Londres ou Montréal. Et le désordre ambiant – parc immobilier décati, marché noir omniprésent – saute aux yeux du voyageur. « L’Algérie n’a jamais été aussi riche mais son peuple est malheureux », résume un câble diplomatique américain récemment publié par Wikileaks. Triste diagnostic, mais il fait mouche.

  • Depuis juin, une nouvelle marque de téléphones portables a fait son apparition en France. Elle s’appelle Condor et, contre toute attente, elle n’est ni chinoise ni française, mais algérienne.

    L’argent du pétrole a été volé pour fabriquer des capitalistes : l’exemple de la société Condor en est la preuve !

    Roi de l’électroménager en Algérie et deuxième groupe privé du pays, Condor veut percer dans l’Hexagone. Son histoire est celle d’une étonnante réussite conservant sa part d’ombre.

    Ils rapportent un véritable conte : celui d’une petite entreprise devenue un groupe présent dans seize pays et réalisant un milliard de dollars [soit 880 millions d’euros] de chiffre d’affaires.

    En réalité, ce n’est pas ainsi qu’ils ont fait fortune et ils ne font qu’être l’un des moyens de blanchir l’argent volé du pétrole algérien !!!

  • Des milliers de gens ont manifesté à Alger, Oran, Constantine, Annaba, Tizi Ouzou, Béjaïa, Sétif, Sidi Bel Abbès et ailleurs. Le régime a interdit toute couverture télévisée des cortèges et coupé les réseaux Internet 3G et 4G, mais il est clair que les manifestants s’opposaient au chômage, aux bas salaires, et à l’austérité et voulaient la chute du régime.

    Ces manifestations font partie d’une éruption internationale de la lutte des classes : émeutes de la faim au Soudan, grèves tunisiennes, « gilets jaunes » en France, grèves d’enseignants aux Etats-Unis menées indépendamment des syndicats. Le régime algérien, qui étouffe l’opposition ouvrière depuis des décennies, sent à présent le danger sur sa gauche. Les manifestants répètent les slogans des soulèvements ouvriers de 2011 qui ont renversé les dictatures pro-impérialistes de Zine El Abedine Bin Ali en Tunisie et Hosni Moubarek en Egypte.

    A Oran, des dizaines de milliers de manifestants ont scandé « Bouteflika dégage » et « système dégage ». Un a dit au Monde son opposition à un « gouvernement malheureusement pourri », un autre a critiqué la « misère » dans laquelle vivent les Algériens. Un troisième a critiqué l’UE pour avoir laissé des milliers de réfugiés se noyer en Méditerranée : « Que doit-on faire ? Prendre un bateau pour aller en France ? Non, je ne veux pas mourir en mer. Et je manifeste aussi pour dire que je pense aux milliers de jeunes qui sont morts noyés. »

    Les manifestations ont aussi touché la région à majorité berbère de Kabylie, à Béjaïa et a Tizi Ouzou, où environ 10.000 manifestants ont défilé en scandant le slogan de la révolution égyptienne de 2011, « Le peuple veut la chute du régime. »

    A Alger, les principales avenues étaient noires de monde, avec 800.000 manifestants selon la police et plus d’un million selon la presse algérienne. Face au premier ministre Ahmed Ouyahia qui avait dénoncé les manifestants en soulignant que des manifestations en Syrie ont produit une décennie de guerre, ils scandaient « L’Algérie n’est pas la Syrie » et « Le peuple veut la chute du régime. »

  • Même s’il prétend la contraire Bouteflika a menacé le mouvement de révolte : peur du chaos, de la destruction du pays, des pays voisins agressifs, il a joué sur tous les tableaux de la peur et de la menace...

    "Je vous exhorte aujourd’hui tous, et en premier lieu les mères, à veiller à la préservation de l’Algérie, en général, et de ses enfants en particulier", ajoute-t-il, après avoir rappelé la "tragédie nationale" de la décennie de guerre civile (1992-2002). "Autour de nos frontières se jouent des crises et des tragédies induites par le terrorisme (...) nous nous devons d’être prudents et vigilants afin de préserver notre cher pays", explique également Bouteflika, réfutant toute "logique d’intimidation" dans ses propos.

    "Nombreux sont les haineux à l’étranger à regretter que l’Algérie ait traversé, grâce à vous Algériens et Algériennes, paisiblement et sereinement, la déferlante du printemps arabe", poursuit-il, dénonçant "ces cercles" qui "n’ont jamais cessé de conspirer contre notre pays".

  • « Vous avez volé toutes les richesses du pays ! Dégagez bande de voleurs !!! » a clamé dans les rues le peuple algérien...

  • Le pouvoir algérien fait semblant, démagogiquement, de s’en prendre aux profiteurs de la rente, de les arrêter, de les empêcher de faire sortir leur argent, comme si cet argent n’était pas depuis longtemps dehors et volé au peuple travailleur !!!

    • Les frères Kouninef - Redha, Abdelkader, Karim et Noah - ont été arrêtés par la gendarmerie pour « trafic d’influence » et non-respect de contrats conclus avec l’État dans le cadre d’une enquête liée aux conditions d’obtention de marchés publics. Ils sont à la tête du groupe Kou GC, l’entreprise familiale fondée par le père en 1971.

      Présentés comme les grands milliardaires de l’Algérie, ces gens-là ne sont que du menu fretin : à preuve, on les sacrifie aisément !

  • tout à fait on peut dire le pouvoir fait semblant mais c’est un peu plus compliqué. je pense que effectivement Gaïd agissant au nom d l’armée qui n’a pas envie de laisser les libertés exercer le contrôle sur elle et donc prévenir, punir et organiser. L’armée est effectivement dominée par une hiérarchie qui profite, elle fait assure de l’emploi avec de gros effectifs et les utilise. Il faudra impérativement que ce fait soit modifié, ce qui appelle une révolution qui ne se fera pas facilement. L’argent du pétrole n’est pas allé au peuple même si les politiques algériennes depuis l’indépendance redistribuent au grand nombre. la prise en charge de ’école jusqu’à l’université est un bon exemple avec tous ses défauts - très gros- mais le peuple a été instruit mal tres mal mais c’est mieux que l’ignorance
    Le pouvoir ou le système freinera autant u’il pourra et choisira la stratégie d’un changement qu’il essaiera de contrôler sinon d laisser passer la grosse vague et ensuite de reprendre la main en changeant la méthode soit en marginalisant ceux qui ont exagéré , de viser une gestion plus propre et des affaires plus conformes à la loi. Là il y a à faire une union, ne pas effrayer les généraux (tous affairistes ) et autres en leur demandant de régulariser les situations c’est à dire demander aux riches ayant fait leur richesse grâce à l’état de verser des compensations sous des formes à trouver pour financer le développement. on trouve toujours des accords si on est fort et que l’on construit de bonnes stratégies de gouvernement et des pressions accompagnées de propositions (en somme : tout c e qui n’est pas vol délibéré, trafics divers est à régulariser, les patrons ensuite doivent négocier une façon de contribuer contre régularisation et mise de côté de dossiers ) ces contributions peuvent prendre des formes précises à négocier intelligemment l’important étant d’obtenir la paix, les libertés, l’instauration du droit et de la justice avec une police efficace qui contrôle les affaires , Unis expertise qui impose une normalisation des affaires, le paiement des salariés , le respect des droits au travail, la contribution à la formation etc.
    Le problème est donc celui de la concrétisation d’une bataille de remise en cause du régime qu’il faudra à ce niveau achever en imposant :
    1- une préparation démocratique de l’élection présidentielle et une victoire avec cette élection si le grand nombre trouve le bon (la bonne ) candidat(e) soit quelqu’un de fort politiquement et capable de négocier et d’imposer la justice libre, les libertés et donc faire que les élections donner des assemblées démocratiques et une vigilance populaire organisée dans les partis et les associations avec transparence .
    2- la première bataille sera la plus difficile : aller à la démocratie en dominant tous les pièges par l’argent, la violence, le mensonge les interventions des forces diverses (La finance avec les saoudiens et émirats-qatari) et bien sur les jeux des composantes du pouvoir bouteflikien) pour faire diversion et faire élire des gens de l’argent et du système.
    3- pour réussir il est impératif que les forces populaires dont les partis de gauche et démocratiques (FFS ?? et ???, ex PAGS, RCD Jil Jadid, et ?? ) ne se divisent pas trop et trouvent très vite un accord avec les démocrates représentants d’une partie du système existant ( Benflis notamment ) pour que l’un des candidats de ces mouvances soit en première ou 2ème position au premier tour et une union au second tour au cas où il n’y a pas de majorité ( chose certaine ) Tout cela nécessite d’abord et avant tout une organisation du peuple au sein des partis , des syndicats et des associations là sera la seconde bataille ; uNE MOBILSIATION POLITIQUE INTELLIGENTE DU PEUPLE DONC UNE UNION ENTRE LE PETIT PEUPLE, LES OUVRIERS, LES CLASSES MOYENNES ET MEME LES PATRONS PATRIOTES ; L’IMPORTANT EST DE GAGNEٌR SANS DEGATS LES LIBERTES , de s’organiser dans les partis et les associations, d’être vigilant contre les baltagias .

  • Tu dis : « on trouve toujours des accords si on est fort et que l’on construit de bonnes stratégies de gouvernement et des pressions accompagnées de propositions » ou encore qu’il suffit de ne pas effrayer les généraux-affairistes.

    Cela n’est vrai qu’en période de croissance du système mondial, ce qui n’est plus le cas depuis 2007-2008.

    Ce n’est pas une crise algérienne. C’est une crise mondiale : voir, par exemple, en France, au Soudan, dans les pays de l’Est, etc.

    Sous des formes diverses, les peuples sortent de leurs gonds, refusent de se soumettre et ils le font justement au moment où les classes possédantes n’ont plus la possibilité de touver un accord, de négocier un recul, de céder modérément sans affrontement majeur.

  • Le pouvoir algérien essaie de brader le pétrole !!!

    Une nouvelle loi des hydrocarbures vise à assouplir et simplifier le régime juridique et fiscal du secteur des hydrocarbures, pour recevoir à nouveau la manne financière des investisseurs étrangers.

    Les manifestants algériens sont massivement hostiles à cette loi qui prolonge le vol de toutes les richesses du sous-sol !!!

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