Accueil > 01 - PHILOSOPHIE - PHILOSOPHY > Chapter 10 : Natural and social dialectic - Dialectique naturelle et sociale > Ceux qui veulent nous enfermer dans des contradictions diamétrales en politique

Ceux qui veulent nous enfermer dans des contradictions diamétrales en politique

jeudi 6 juillet 2017, par Robert Paris

Ceux qui veulent nous enfermer dans des contradictions diamétrales en politique

La plupart des auteurs soit ignorent l’existence des contradictions dialectiques, soit y sont hostiles. Pour eux, soit nous sommes libres, soit nous sommes prédéterminés. Si nous obéissons à des déterminismes, ils pensent que nous ne sommes plus libres de nos choix ! Pour eux, soit l’homme n’est rien d’autre qu’un animal, soit il a une intelligence consciente bien particulière. Soit la vie n’est rien d’autre que de la matière, soit la vie est autre chose que de la matière, ce qui sous-entend que le matérialisme serait démoli. Pour eux, soit le vivant obéit à des lois données, soit le vivant est capable de produire de la nouveauté. Que les deux puissent se produire en même temps ne les effleure même pas. Pour eux, encore, soit la matière a toujours existé, soit elle a été créée. Pour eux, soit l’univers obéit à des lois, soit il est imprédictible. Soit le chaos, soit le déterminisme. Soit le hasard, soit la nécessité.Soit le corps, soit l’esprit. Soit l’idéalisme, soit le matérialisme. Soit les lois, soit l’émergence. Soit l’équilibre, soit le déséquilibre. Soit les grands changements des espèces, soit les évolutions progressives. Soit la reproduction à l’identique de la génétique, soit les variations et les changements radicaux. Soit la préexistence des propriétés, soit leur création. Soit le but dans la nature, soit l’absence totale de but. Soit le mouvement, soit l’immobilité. Soit le changement, soit la fixité. Soit la transformation, soit la conservation. On a soit une maladie physiologique, soit une maladie psychologique. On a soit un phénomène continu, soit un phénomène discontinu, soit un phénomène ondulatoire, soit un phénomène corpusculaire, soit de la matière, soit de la lumière. Soit la matière, soit le vide, nous disent-ils… Soit la stabilité, soit l’instabilité. Soit rien ne perd, rien ne se crée, soit il y a émergence et création.

Selon eux, un des pôles de la contradiction exclut complètement l’autre ! Soit la vie, soit la mort. Soit l’inerte, soit le vivant. Soit l’onde, soit le corpuscule. Soit le continu, soit le discontinu. Soit la matière, soit l’énergie. Soit le corps, soit l’âme. Soit le matériel, soit le spirituel. Soit l’homme, soit l’animal. Soit la théorie, soit la pratique. Et ainsi de suite… Ils divisent ce qui doit être uni. Ils séparent ce qui a vocation à travailler ensemble, contradictoirement. Ils séparent l’action et la réaction. Ils séparent la cause et l’effet. Ils séparent l’élément de son environnement. Ils séparent l’individu de l’espèce et l’espèce de l’individu. Ils opposent la conservation de l’espèce de sa transformation alors que les deux cheminent conjointement…

Et on peut passer en revue toutes les questions de fond des sciences, de la pensée, de la philosophie, on retrouve ces pensées dichotomiques dans tous les domaines. Elles ont court dans l’opinion mais aussi parmi les auteurs, les penseurs, les enseignants, les média, et dans l’opinion publique.

Ces auteurs affirment que le matérialisme serait diamétralement opposé à l’idéalisme et non interdépendants et enrichissants l’un pour l’autre… Ils n’imaginent même pas que l’un des courants serait inconcevable sans l’autre.

Eh bien, cette question impacte aussi complètement la question sociale et politique. La même philosophie dichotomique plombe la politique des révolutionnaires autant que la pensée scientifique et philosophique….

Ainsi, pour nombre de scientifiques, soit on doit dépasser la métaphysique, soit on doit étudier la philosophie. Soit la science est aux mains de la bourgeoisie, soit les révolutionnaires doivent s’emparer des sciences. Soit on fait de la politique, soit on fait de la philosophie. Pour eux on doit choisir, y compris parfois pour ceux qui se disent des marxistes. Certains vont jusqu’à défendre qu’il faut choisir entre s’activer et analyser… C’est pour eux un peu comme boire ou conduire !!! Ou la pensée pure ou l’expérimentation ! Ou les sciences expérimentales ou les sciences théoriques en somme…

Et la dichotomie destructrice couvre bien d’autres problèmes bien plus graves car pour eux, ou on est pour l’autonomie ouvrière ou on est pour l’organisation construite en partie en dehors de l’action du prolétariat. Ou on est pour des avant-gardes ou on est pour l’action spontanée des masses. Ou on est pour les soviets ou on est pour le parti révolutionnaire. Ou on est pour l’engagement politique individuel ou on est pour l’engagement collectif. Ou on est pour l’Etat (en général, qu’il soit bourgeois ou ouvrier) ou on est contre l’Etat. Ou on est pour le syndicalisme (sans réserve) ou on est contre (sans réserrve). Ou on est pour la participation des révolutionnaires aux élections bourgeoises (sans réserve) ou on est contre (sans réserve). Ou l’avenir est imprédictible ou l’étude du passé historique a une utilité. Ou on obéit à un e idéologie ou on ne suit aucune théorie. Ou on tombe dans le « tout contre le fascisme » ou dans le « l’anti-fascisme est l’ennemi principal ». Ou on est dans le « à bas les religions » (considéré comme le combat central et principal) ou dans la « défense de tous les droits et libertés des religions ». Ou on croit que la démocratie, même bourgeoise, est le nec plus ultra à défendre à tout prix, ou on nous dit que l’on ne doit même pas lever le petit doigt pour défendre la démocratie bourgeoise. Ou on doit défendre que tout est lutte de classes, que tout ce qui concerne les classes s’oppose diamétralement, ou on défend que la société n’obéirait plus à la lutte des classes.

Le noir ou le blanc (exclusivement), nous disent les dichotomiques politiques et sociaux !!! Le bien ou le mal, nous disent les dichotomiques moraux !!! Ils ignorent combien le noir définit le blanc et le blanc définit le noir, combien ils sont interdépendants et indispensables l’un à l’autre, tout autant que le bien et le mal, le vrai et le faux, le stable et le dynamique, le préexistant et le construit.

Pour ces dichotomiques de la politique, soit on défend une doctrine que l’on impose aux masses, soit on se passe complètement de la théorie, soit on tient compte de l’état d’esprit des travailleurs et des peuples, soit on s’en détache complètement, etc, etc…

L’avantage pour ces révolutionnaires dichotomiques, c’est qu’il suffit de dire bourgeois ou prolétarien (exclusivement). Soit un Etat est ouvrier, soit il est bourgeois. Les deux catégories sont exclusives et pour eux cela ne se prête même pas au débat ! Bien entendu, ils en viennent à l’idée que le syndicalisme est forcément bourgeois, la participation aux parlements aussi.

L’inconvénient de cette vision dichotomique est de pousser les classes petites bourgeoises dans les bras de la grande bourgeoisie puisque tout ce qui est bourgeois (petit ou grand) est… bourgeois et ne peut pas être prolétarien… Du coup, les aspirations nationales des peuples opprimées sont bourgeoises et ne peut être dirigée par le prolétariat. Du coup, les aspirations démocratiques et sociales de la petite bourgeoisie sont bourgeoises et ne peuvent pas, en période de crise du système, être dirigées par le prolétariat. Il faut même laisser la petite bourgeoisie chuter dans le fascisme puisque la petite bourgeoisie reste fatalement bourgeoise et puisque fascisme ou démocratie bourgeoise, c’est pareil : c’est toujours la dictature de la bourgeoisie. Du coup, des démarrages de révolutions sociales et politiques, comme dans les révolutions arabes, sont cataloguées comme bourgeoises et pas prolétariennes par nos révolutonnaires dichotomiques. La mobilisation de la Guyane est elle-même qualifiée de bourgeoise. Ainsi de suite…

On est là encore dans la pensée dichotomique : ou on lutte contre la dictature fasciste ou on lutte pour le pouvoir prolétarien, ou on lutte pour défendre nos emplois ou on lutte pour enlever les entreprises aux possesseurs de capitaux, ou on lutte pour des revendications par nature réformistes ou on lutte pour la révolution sociale. Bien entendu, il ne faut pas opposer diamétralement les contraires ! Mais il ne faut pas non plus nier leur opposition !

On se souvient que Marx, lui qui n’était pas du tout dichotomique, lui qui s’appuyait sur l’idéaliste Hegel pour construire une conception matérialiste, lui qui organisait l’indépendance organisationnelle du prolétariat participant aux révolutions bourgeoises, lui qui pensait la dialectique et non la dichotomie de la vie et de la mort, du hasard et de la nécessité, de l’Etat bourgeois de l’Etat ouvrier, eh bien il voyait que les aspirations nationales pouvaient avoir un rôle révolutionnaire, qu’il ne fallait pas considérer la petite bourgeoisie comme une « masse réactionnaire » et critiquait les lassaliens allemands qui affirmaient cela, qu’il ne fallait pas rejeter dans un même mouvement le réformisme et le combat pour des réformes, la lutte pour la question nationalisme et le nationalisme bourgeois, et la petite bourgeoisie dans les bras de la grande bourgeoisie.

Pour le dialecticien Marx, la démocratie bourgeoise, c’est la dictature de la classe exploiteuse. Le révolutionnaire prolétarien Marx n’a pas peur de faire l’éloge de la dynamique du capitalisme, qui est l’investissement productif privé des plus-values extraites du travail humain, tout en affirmant que l’avenir appartient à la suppression de la propriété privée des capitaux et des moyens de production et à la suppression de l’appropriation privée de la plus-value volée aux exploités. Le socialisme combattant le capitalisme c’est aussi le socialisme partant des avancées du capitalisme pour construire l’avenir. Voilà la dialectique de Marx !

En période de crise historique du capitalisme, il est d’autant plus important de raisonner de manière dialectique et non dichotomique parce que c’est la clef de la politique révolutionnaire, celle qui marie dialectiquement la défensive et l’offensive, les revendications et la révolution, l’indépendance de classe du prolétariat et son alliance avec les couches sociales populaires révoltées, la lutte économique et la lutte politique.

Ceux qui raisonnent de manière dichotomique et non dialectique ne peuvent même pas voir la réalité : pour eux, soit la classe ouvrière est à l’offensive, soit elle est sur la défensive, soit la période est contre-révolutionnaire, soit elle est révolutionnaire, soit c’est la guerre qui monte, soit c’est la révolution sociale, et on en passe des couples diamétraux présentés par ces militants.

Pourtant, c’est la même période qui est celle des révolutions et des contre-révolutions, des guerres et des soulèvements sociaux. Le système se survit depuis 2008 et, en même temps, dans son dynamisme, dans sa locomotive interne, il est mort. Les penseurs et militants dichotomiques ne peuvent pas comprendre la situation mondiale et ne peuvent pas non plus réfléchir à la politique indispensable au prolétariat mondial…

Pour eux, soit le capitalisme est mort, et alors il ne bouge plus, soit il ne l’est pas. Pour eux, le capitalisme ne peut pas se détruire lui-même puisque c’est au prolétariat de le faire. Soit l’un, soit l’autre, n’est-ce pas ?!!!

Quant à la conscience des prolétaires, pour les dichotomiques soit elle est mure soit elle ne l’est pas ! Pas question pour eux de penser que c’est au cours des événements imposés par l’Histoire de la chute du capitalisme que les prolétaires seront hissés à la hauteur des événements historiques et de leur rôle de transformation de la société !!! Les révolutionnaires feraient bien eux-mêmes de se hisser un peu à cette hauteur de pensée et d’action, au niveau de ce qui est nécessaire, plutôt que de prétendre seulement se mettre au niveau qu’ils estiment celui actuel des masses…

Quant aux démocrates bourgeois et petits-bourgeois, ils sont tout à fait enfermés dans leurs conceptions philosophiques et morales dichotomiques, le bien et le mal, la démocratie et la dictature, la guerre et la paix, l’ordre et le désordre, et on en passe...

Il y a deux sortes…. Ou la philosophie de la dichotomie

Dualité ou dialectique onde-corpuscule ?

Ondes et corpuscules coexistent et collaborent

Contradictions diamétrales et contradictions dialectiques

Qu’est-ce qu’une contradiction dialectique ?

Les contradictions dialectiques de la connaissance humaine du monde

Les contradictions dialectiques de la nature

Que vient faire la philosophie dialectique dans la politique des révolutionnaires ?

Quel lien entre philosophie et politique révolutionnaire ?

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.