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La contre-révolution scientifique de Hawking et compagnie

samedi 19 janvier 2019, par Robert Paris

La contre-révolution scientifique

Diderot, défenseur de la révolution scientifique, dans "Entretien entre M. d´Alembert et M. Diderot" :

D’Alembert

 Par exemple, on ne conçoit pas trop, d´après votre système, comment nous formons des syllogismes, ni comment nous tirons des conséquences.

Diderot- C´est que nous n´en tirons point : elles sont toutes tirées par la nature. Nous ne faisons qu´énoncer des phénomènes conjoints, dont la liaison est ou nécessaire ou contingente, phénomènes qui nous sont connus par l´expérience : nécessaires en mathématiques, en physique et autres sciences rigoureuses ; contingents en morale, en politique et autres sciences conjecturales.

d´Alembert

 Est-ce que la liaison des phénomènes est moins nécessaire dans un cas que dans un autre ?

Diderot

 Non ; mais la cause subit trop de vicissitudes particulières qui nous échappent, pour que nous puissions compter infailliblement sur l´effet qui s´ensuivra. La certitude que nous avons qu´un homme violent s´irritera d´une injure, n´est pas la même que celle qu´un corps qui en frappe un plus petit le mettra en mouvement.

d´Alembert

 Et l´analogie ?

Diderot- L´analogie, dans les cas les plus composés, n´est qu´une règle de trois qui s´exécute dans l´instrument sensible. Si tel phénomène connu en nature est suivi de tel autre phénomène connu en nature, quel sera le quatrième phénomène conséquent à un troisième, ou donné par la nature, ou imaginé à l´imitation de nature ? Si la lance d´un guerrier ordinaire a dix pieds de long, quelle sera la lance d´Ajax ? Si je puis lancer une pierre de quatre livres, Diomède doit remuer un quartier de rocher. Les enjambées des dieux et les bonds de leurs chevaux seront dans le rapport imaginé des dieux à l´homme. C´est une quatrième corde harmonique et proportionnelle à trois autres dont l´animal attend la résonance qui se fait toujours en lui-même, mais qui ne se fait pas toujours en nature. Peu importe au poète, il n´en est pas moins vrai. C´est autre chose pour le philosophe ; il faut qu´il interroge ensuite la nature qui, lui donnant souvent un phénomène tout à fait différent de celui qu´il avait présumé, alors il s´aperçoit que l´analogie l´a séduit.

Le grand astrophysicien Hannes Alfvén :

« Nous devrions nous rappeler qu’il y avait autrefois une discipline appelée philosophie naturelle. Malheureusement, cette discipline semble ne pas exister aujourd’hui. Elle a été renommée science, mais la science d’aujourd’hui est en danger de perdre une grande partie de l’aspect de la philosophie naturelle. »

Si Diderot, Bacon, Darwin, Maxwell, Einstein, entre autres, personnifient la révolution scientifique, nous allons montrer que Stephen Hawking, pour sa part, représente la contre-révolution, le « trou noir » de la pensée scientifique, même s’il n’en est pas le producteur puisque ce recul idéologique ne fait que suivre le recul de la société capitaliste dominante ayant atteint ses limites et reculant irrémédiablement sur tous les plans, économique, social, politique, démocratique, etc… Ce recul idéologique de la conception scientifique est marqué par le refus de la conceptualisation des notions scientifiques, le refus de la philosophie de la nature, le refus de la recherche de la progression de la compréhension en privilégiant les recherches à but pratique immédiat (avec profit), le renoncement à une vision d’ensemble par la spécialisation à l’extrême, le refus de développer dans le grand public une philosophie fondée sur nos connaissances scientifiques, le refus de permettre à la pensée rationnelle scientifique de combattre l’irrationnel. Et fondamentalement une instrumentalisation politique plus poussée que jamais de l’institution de la science, de sa bureaucratie, par le pouvoir capitaliste, en se servant de l’appareil administratif, des attributions d’emplois et des financements, en se servant aussi de la pression médiatique, amenant des scientifiques à affirmer des thèses antiscientifiques, les poussant à ne pas dire ce qu’ils pensent, qu’il s’agisse des risques, considérables et non résolus, du nucléaire, de la réalité de la climatologie très loin des discours médiatiques sur les dangers inventés du… CO², des trafics des trusts pharmaceutiques, des dangers des manipulations génétiques non contrôlées, des dangers de l’industrie militaire avec ses robots tueurs, ses lasers de guerre et autres machines à tuer ultra-modernes. L’industrie capitaliste devenant une dépendance de la finance spéculative, la science est chargée de se mettre à son service, de la justifier, de la défendre et la pensée scientifique est nécessairement victime de cette évolution destructive. Des mensonges antiscientifiques ont ainsi été diffusés sans que les scientifiques ne se rebellent contre ces mensonges, pas du tout issus des recherches scientifiques réelles : explosion démographique, homéopathie, réchauffement global, Big Bang, cerveau virtuel, big data, etc… En termes de pensée scientifique, le pire recul est certainement celui concernant la place de l’homme dans la nature, de la pensée humaine par rapport au fonctionnement naturel, dérive qui justifie le relativisme, le subjectivisme, le positivisme, c’est-à-dire une science refusant jusqu’à l’existence objective de la matière et qui présente la pensée humaine sur le monde comme autre chose qu’une étude d’une réalité ! C’est donc transformer la science en une religion !

Suite au décès de Stephen Hawking, ce dernier a pourtant été présenté par les média comme l’un des plus grands penseurs de la science moderne. Bien des gens pensent que Stephen Hawking est le symbole même de la science et de la pensée ou de la vulgarisation scientifique, que sa démarche est celle de la recherche humaine face au fonctionnement du monde. En fait, il est surtout le symbole d’un triomphe de la contre-révolution philosophique en sciences, un recul profond de toutes les avancées des siècles précédents…

Il défend l’anthropocentrisme, il défend le positivisme, il défend le tout mathématique, il défend un espèce de relativisme selon lequel c’est la conscience humaine qui détermine l’observation, il défend que la géométrie (science humaine) dicte sa loi à l’Univers, que les équations sont la loi et non une manière d’exprimer approximativement la loi naturelle, il défend la création de l’Univers avec une création originelle dans le temps et en un point, il défend qu’on doit se passer d’une philosophie de la nature et des sciences, il défend l’idée que l’on ne doit pas seulement chercher le comment fonctionne l’Univers mais pourquoi (en somme une philosophie créationniste, même s’il dit n’avoir pas besoin de dieu), etc…

« La vraie question est pourquoi de l’existence de l’univers. Si nous trouvons la réponse, ce serait le triomphe ultime de la raison humaine - à ce moment, nous connaîtrons la pensée de Dieu nous saurions l’esprit de Dieu. », écrit-il dans "Une brève histoire du temps".

« Tant que l’univers aura un commencement, nous pouvons supposer qu’il a eu un créateur. », dit-il dans le même ouvrage où il défend la thèse du Big Bang, cette explosion originelle à laquelle il a donné la dernière thèse, conception qui semble aujourd’hui entrer dans des contradictions insolubles.

Dans « Une brève histoire du temps : du Big Bang aux trous noirs » de Stephen Hawking défendait ainsi le principe anthropique, selon lequel l’Univers est conçu pour l’homme :

« Cependant, supposons qu’il n’y ait de galaxies et d’étoiles formées que dans les régions uniformes et qu’il n’y ait que là, également, que l’on rencontre de bonnes conditions pour le développement d’organismes compliqués s’autorépliquant, comme nous, capables de poser la question : Pourquoi l’univers est-il si lisse ? C’est un exemple d’application de ce que l’on connaît sous le nom de principe anthropique qui peut être résumé par la phrase : " C’est parce que nous existons que nous voyons l’univers tel qu’il est ". »

Stephen Hawking et Thomas Hertog en ont conclu, dans un article de février 2006 que « l’histoire de l’univers – autrement dit (c’est nous qui le disons) les phénomènes par lesquels cette histoire se manifeste – dépend des questions qu’on lui pose ».

Stephen Hawking a pris parti contre la philosophie en sciences :

« La philosophie est morte, faute d’avoir réussi à suivre les développements de la science moderne, en particulier de la physique. Ce sont les scientifiques qui ont repris le flambeau dans notre quête du savoir. »

« Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ? » de Stephen Hawking

Stephen Hawking explique dans « Une brève histoire du temps » pourquoi il faudrait croire à cette conception cosmologique, du Big Bang aux trous noirs et aux cordes ou supercordes, « Ce que l’on connaît comme le principe anthropique peut être résumé par la phrase : ‘’c’est parce que nous existons que nous voyons l’univers tel qu’il est.’’. (..) Le principe anthropique faible pose que dans un univers qui est grand et infini dans l’espace et/ou dans le temps, les conditions nécessaires au développement de la vie intelligente ne se rencontreront que dans certaines régions limitées dans l’espace et dans le temps. Les êtres intelligents de ces régions devraient donc ne pas être étonnés que leur voisinage dans l’univers remplisse les conditions qui sont nécessaires pour leur existence. Un peu comme une personne riche vivant dans un environnement riche sans jamais voir de pauvreté. Un exemple, de l’utilisation de ce principe anthropique faible est d’ « expliquer » pourquoi le Big bang est apparu il y a dix milliards d’années de cela : il a fallu tout ce temps aux êtres intelligents pour évoluer. (..) Peu de personnes devraient contester la validité ou l’utilité du principe anthropique faible. (..) A la question : ‘‘pourquoi l’univers est-il tel que nous le voyons ?’’, la réponse est simple : s’il avait été différent nous ne serions pas là. Les lois de la Physique, nous le savons aujourd’hui, contiennent beaucoup de nombres fondamentaux, comme la taille de la charge électrique de l’électron et le rapport des masses du proton et de l’électron. (..) Le fait remarquable est que la valeur de ces nombres semble avoir été finement ajustée pour rendre possible le développement de la vie.(..) Si le stade initial n’avait été choisi avec le plus de soin possible pour en arriver à ce que nous voyons autour de nous, l’univers n’aurait que peu de chance de contenir quelque région dans laquelle la vie pourrait apparaître. (..) Il serait très difficile d’expliquer que l’univers n’aurait dû commencer que de cette façon, à moins que ce ne soit l’acte d’un Dieu désireux de créer des êtres comme nous. »

Pour résumer la thèse de Hawking, l’univers a été créé pour l’homme, l’homme intelligent créé pour trouver la théorie cosmologique de Hawking et la théorie cosmologique créée pour permettre à l’homme détenteur de cette théorie de mieux réussir dans cet univers et, du coup, d’imposer sa théorie (CQFD !). Est-il nécessaire de discuter une telle thèse caricaturale ?

John Wheeler et Stephen Hawking ont défendu depuis longtemps l’idée qu’en raison des lois de la mécanique quantique, si l’espace-temps semble lisse et calme à notre échelle, il n’en est pas de même lorsqu’on le considère à des échelles de distances bien plus petites qu’un milliardième de la taille d’un noyau d’atome.

« La réalité n’existe pas en tant que concept indépendant de son image ou de la théorie qui la représente. »déclare Stephen Hawking dans « Y a-t-il un grand architecte dans l’univers ? »

Mais la réalité existe en dehors de notre conscience ! Même si Hawking affirme le contraire !

« J’adopte le point de vue positiviste selon lequel une théorie physique n’est qu’un modèle mathématique dont il est vain de se demander s’il correspond à la réalité. »

Stephen Hawking dans « La nature de l’espace et du temps »

Stephen Hawking, toujours dans sa « Brève histoire du temps », affirmait que la découverte de la mathématique de tout l’Univers allait décrypter le monde : « nous sommes proches de la fin, du moment où nous serons capables de déchiffrer la "pensée de Dieu". »

« Les mathématiques sont plus qu’un outil et un langage pour la science. C’est aussi une fin en soi, et en tant que telle, elle a, au cours des siècles, affecté notre propre vision du monde. »

« Aux XIX et XXème siècles, la science est devenue trop technique et mathématique pour les philosophes, ainsi que pour quiconque sauf pour les spécialistes. »

Il déclarait aussi :

« Je considère le cerveau comme un ordinateur… »

« Je crois que l’univers est régi par les lois de la science. Les lois peuvent avoir été décrétées par Dieu, mais Dieu n’intervient pas pour enfreindre les lois. »

« Le temps n’existait pas avant le big bang. Dieu n’aurait ainsi pas eu le temps de créer l’univers. »

Examinons pourquoi nous reprochons à la conception de Hawking de remplacer la physique par les mathématiques…

Bien entendu, nous ne voulons pas mettre en cause l’utilité des mathématiques en Physique mais récuser l’idée que l’image mathématique représente exactement le fonctionnement de la nature, que l’on pourrait remplacer complètement la nature par son image mathématique. En fait, c’est souvent presque exact mais jamais entièrement. Il n’est jamais possible de remplacer complètement le phénomène réel par son image mathématique. Et, si cela s’était avéré possible, la nature aurait complètement perdu son caractère dynamique, le fait qu’elle soit en perpétuelle transformation spontanée, ce qui est aussi une propriété fondamentale de la nature. C’est la très légère imperfection par rapport au modèle abstrait parfait qui permet cette dynamique.

Bien des scientifiques, comme Hawking, propagent l’idée fausse que la Physique suit la perfection des mathématiques.

Le physicien Feynman, dans son « Cours de Physique » (Mécanique tome 2), montre, à propos de la notion mathématique de symétrie, et les notions de perfection, d’exactitude, de beauté mathématique, ce qu’est réellement une pensée scientifique et comment la réalité dynamique de la matière est loin de fonctionner à partir d’une telle image mathématique parfaite autant que complètement abstraite :

« Sur un domaine énorme de la physique, toutes les lois de ces phénomènes – importants et forts comme les forces nucléaires, les phénomènes électriques, et même les phénomènes faibles comme la gravitation – semblent être symétriques. Eh bien, non ! Elles ne sont pas symétriques ! Comment peut-il se faire que la nature soit presque symétrique et non pas parfaitement symétrique ? Par exemple, la partie nucléaire de la force entre proton et proton, entre neutron et neutron, entre neutron et proton, est à chaque fois exactement la même – il y a une symétrie des forces nucléaires qui est que nous pouvons interchanger les neutrons et les protons – mais ce n’est pas une symétrie générale, car la répulsion électrique entre deux protons à une certaine distance n’existe pas pour les neutrons… C’est donc une « quasi symétrie ». Et nous avons d’autres exemples dans d’autres domaines. Notre esprit à tendance à accepter la symétrie comme une sorte de perfection. En fait, c’est un peu comme la vieille idée des Grecs que les cercles étaient parfaits, et ils avaient une grande répugnance à croire que les orbites planétaires n’étaient pas des cercles, mais seulement presque des cercles. La différence entre être un cercle et être presque un cercle n’est pas une petite différence, c’est un changement fondamental en tout cas pour l’esprit. Il y a un aspect de perfection et de symétrie dans un cercle, qui n’apparaît plus au moment où le cercle est légèrement déformé : c’est fini, il n’est plus symétrique. Alors, la question est pourquoi est-ce seulement « presque » un cercle – c’est une question bien plus difficile. Le mouvement réel des planètes, en général, doit s’effectuer le long d’ellipses, mais graduellement, à cause des forces de marée, etc., ils sont devenus presque symétriques. La question est de savoir si nous avons ici un problème semblable. Le problème du point de vue des cercles est que si c’étaient des cercles parfaits, il n’y aurait rien à expliquer, c’est clairement simple. Mais puisque ce sont des cercles presque parfaits, il y a énormément de choses à expliquer, et le résultat se trouve être un problème dynamique énorme et maintenant notre problèmes est d’expliquer pourquoi ils sont presque symétriques en considérant la force des marées, etc. Ainsi, notre problème est d’expliquer d’où vient la symétrie. Pourquoi la nature est-elle si proche d’une symétrie totale ? Personne n’a idée du pourquoi. »

En somme, un univers parfaitement symétrique aurait certes une apparence de perfection mais il n’aurait aucun caractère dynamique, aucune capacité de transformation, aucune histoire et serait parfaitement… inchangé !

Et Feynman cite la symétrie matière/antimatière ou la symétrie hélicité droite ou gauche et rappelle que, là encore, il y a une symétrie générale mais elle n’est pas parfaite. Il y a de petites exceptions… L’Univers n’est pas fondé sur un seul principe mathématique de perfection ou de beauté qui ne serait jamais rompu. Au contraire, tous les équilibres, toutes les symétries, toutes les perfections sont, faiblement mais réellement, brisées, rompues, détruites.

Feynman cite un exemple physique dans lequel la symétrie est rompue :

« Il se trouve que les lois de gravitation, les lois de l’électricité et du magnétisme, les forces nucléaires satisfont toutes les principes de symétrie de réflexion. Nous ne pouvons donc pas distinguer la gauche de la droite, le Nord du Sud. Mais, associé avec les nombreuses particules qui ont été trouvées dans la nature, il existe un phénomène appelé la « désintégration bêta, ou désintégration faible »… Une certaine particule appelée méson téta se désintègre en deux mésons pi (ou pions). Une autre particule appelée méson tau ou tauon se désintègre en trois mésons pi (ou pions). On découvrit rapidement que les mésons tau et téta ont des masses presque égales ; en fait, à la limite des erreurs expérimentales près, elles sont égales. Ensuite, le temps qu’il leur faut pour se désintégrer en deux pions et en trois pions est exactement le même ; elles vivent le même temps. Ensuite, chaque fois qu’elles sont fabriquées, elles le sont dans les mêmes proportions… N’importe qui, doué de bons sens, réalise immédiatement qu’elles doivent être la même particule, que nous reproduisons simplement un objet qui a deux manières différentes de se désintégrer – et non deux particules différentes… Cependant on a réussi à prouver, à partir du principe de symétrie de réflexion en mécanique quantique, qu’il était impossible de produire ces deux choses venant de la même particule – la même particule ne pouvait pas se désintégrer de ces deux manières à la fois… On soupçonna ainsi que la loi fondamentale de la symétrie de réflexion dans la nature pouvait être fausse. Comme résultat de cet échec apparent, les physiciens Lee et Yang suggérèrent que d’autres expériences soient tentées dans des interactions voisines d’essayer de vérifier si la loi de symétrie était correcte. La première expérience de ce genre fut réalisée par Melle Wu de Colombia… »

Feynman explique que cette expérience montra une fois encore une très légère dissymétrie.

Certains scientifiques, en l’occurrence des physiciens, essaient pourtant de placer le principe de symétrie mathématique parfaite au-dessus du mécanisme réel de la physique. Mais l’expérience ne leur donne pas raison. Ils transforment un tout petit peu la réalité et rende la nature parfaite, là où elle ne l’est pas. Le résultat des calculs est très peu changé mais l’image du monde qui en résulte est complètement changé. L’Univers ne vise aucune sorte de perfection abstraite et une image mathématique parfaite ne colle pas avec la réalité de l’Univers, n’en déplaise à tous les Hawking du monde !

Feynman donne un autre exemple montrant que la nature ne suit pas la perfection mathématique, celui de l’optique. On peut croire que la lumière obéit parfaitement à une géométrie et pourtant on constate que la réalité est seulement très proche de l’optique géométrique mais pas identique. Feynman écrit ainsi dans son « Cours de Physique » (Mécanique 2) :

« L’optique géométrique tendrait à supposer que la lumière se déplace en ligne droite, mais il est facile de démontrer que la lumière ne se progage pas tout à fait en ligne droite. La caractéristique de la lumière, inconnue en optique géométrique, est incorporée dans la notion de « longueur d’onde » ; la longueur nous dit approximativement à quelle distance la lumière doit « sentir » la trajectoire afin de l’examiner. Il est difficile de démontrer ce fait à grande échelle avec la lumière, parce que les longueurs d’onde sont terriblement petites. Mais avec des ondes radio, par exemple des ondes de 3 cm, les distances sur lesquelles les ondes radio examinent leur chemin sont plus grandes. En fait, la lumière suit une loi dite de « moindre temps » qui choisit une trajectoire telle qu’il y a autour beaucoup d’autres trajectoires voisines qui prennent presque exactement le même temps. L’énoncé correct est le suivant : un rayon lumineux suivant une trajectoire particulière a la propriété que, si nous effectuons de n’importe quelle manière une petit changement, il n’y aura pas de variation du temps de parcours au premier ordre ; la modification du temps sera seulement du second ordre. De sorte qu’il y a seulement une probabilité de parcours pour chaque trajectoire… Rappelons-nous que le principe de moindre temps n’est pas une formulation précise, à l’inverse du principe de la conservation de l’énergie ou du principe de la conservation de la quantité de mouvement. Le principe de moindre action n’est qu’une approximation, et il est intéressant de savoir quelle erreur peut être permise, qui ne provoque pas de différence apparente. Le réponse est que si nous avons fait en sorte qu’entre le rayon maximum – le plus mauvais rayon, le rayon le plus éloigné – et le rayon central, la différence en temps soit inférieure à environ la période qui correspond à une oscillation de la lumière, alors qu’il n’est pas nécessaire d’améliorer davantage l’appareil optique. La lumière est une chose qui oscille avec une fréquence définie reliée à la longueur d’onde, et si nous avons établi la différence de temps pour les rayons différents de sorte qu’elle soit inférieure à environ une période, il n’est pas nécessaire d’aller plus loin. »

La lumière, on le voit, n’a pas besoin de la perfection mathématique ; elle fonctionne sur la base de l’approximation !!!

Bien sûr, l’optique géométrique n’est pas inutile mais ce n’est qu’une idéalisation du fonctionnement de la matière. Que cette idéalisation soit très pratique pour la lumière provient de la valeur des longueurs d’onde concernées mais pas du fonctionnement profond de la lumière. Celle-ci n’obéit pas du tout à la logique incluse dans la géométrie mathématique qui n’est qu’un instrument utile, un outil de calcul, mais pas une description, un paradigme, une image valable, un concept qui peut remplacer la réalité de la lumière.

Même quand la Physique utilise des mathématiques, elle ne part pas des mathématiques et l’aboutissement n’est pas purement mathématique.

Citons encore Feynman dans son cours :

« Quiconque veut étudier les propriétés de la matière dans un problème réel peut désirer partir en écrivant les équations fondamentales et puis essayer de les résoudre mathématiquement. Bien qu’il y ait des gens qui essayent d’emprunter une telle approche, ces personnes sont les ratés de ce domaine ; les véritables réussites sont le fait de ceux qui partent d’un point de vue « physique », de ceux qui ont une idée approximative de l’endroit où ils vont et commencent en faisant la bonne approximation, sachant ce qui est grand et ce qui est petit dans une situation donnée qui est compliquée. »

On voit ainsi que la démarche de la science n’est pas identique à celle des mathématiques contrairement à ce qu’affirment tous les penseurs platoniciens, les anciens comme les modernes, tous les Hawking qui ont diffusé l’idée inverse dans le grand public, pour idéaliser la démarche de la science, et pour faire croire que la science est aussi indiscutable que « un plus un égale deux ». L’idée de la loi mathématique de tout, celle de Hawking, est aussi l’idée que le désordre n’est qu’apparent et qu’il existe en fait partout un ordre. C’est une idée dont la classe possédante voit parfaitement l’intérêt idéologique et social, même si ce n’est pas l’intérêt vraiment scientifique.

Mais, ce faisant, ces partisans d’un monde obéissant à l’ordre mathématique parfait ont en réalité plus détruit que construit une image juste de la démarche scientifique et ce n’est pas un hasard si le succès de telles conceptions de lois parfaites, parfaitement abstraites, et parfaitement régulières sont diffusées aujourd’hui et passent pour le nec plus ultra de la science.

La conception de la philosophie naturelle, voici comment Léonard de Vinci l’exposait. S’il affirmait qu’ « il n’y a de certitude en sciences que là où une science mathématique peut être appliquée. », il rajoutait que l’expérience doit être au début et à la fin de la démarche : « En étudiant un problème scientifique, je dois commencer par concevoir plusieurs expériences, et ensuite montrer par des raisonnements fondés sur les résultats de ces expériences pourquoi cela doit donner ce résultat de telle manière et pas d’une autre. Telle est la méthode qui doit être suivie dans toutes les recherches sur les phénomènes de la nature. Nous devons consulter l’expérience dans une grande variété de cas et de circonstances jusqu’à ce que nous puissions dessiner en partant de ces expériences les lois générales qu’elles contiennent. Et démontrer à quoi ces lois peuvent servir. Ces lois doivent nous conduire à de nouvelles investigations au sein de la nature… »

C’est ce type de profession de foi qui caractérise la pensée scientifique et que l’on retrouve aussi bien chez Diderot, chez Francis Bacon, chez Einstein, chez Feynman. On ne part jamais de l’abstraction pour finir par l’abstraction, mais toujours du réel pour revenir au réel.

A l’inverse, Hawking en affirmant que « nous sommes maintenant tout près d’atteindre les lois mathématiques ultimes de la nature », ne fait que nous faire revenir à l’idéalisme, celui selon lequel les idées dominent la réalité et le but ultime de la science serait dans les lois mathématiques et non dans une description du fonctionnement réel.

On croit souvent que nous sommes dans un univers dominé par une idéologie scientifique mais cela est complètement faux car la philosophie dominante est tout sauf scientifique, elle considère la technologie comme un nouveau dieu mais elle ne raisonne nullement sur l’Univers à partir des vraies lois trouvées par les sciences. Les sciences ne disent nullement que la vie ce serait du tout génétique, que le climat terrestre est déterminé par la « température globale », que les observations astrophysique justifient toutes l’idée d’une explosion originelle, que l’on ne peut pas décrire le fonctionnement du monde sans les mathématiques, que la philosophie n’est d’aucune utilité en sciences, que l’Univers a été conçu pour l’homme, que le cerveau est un ordinateur, que la modélisation informatique peut remplacer la pensée humaine, que la matière n’existe pas objectivement en dehors de la conscience humaine qui l’observe et raisonne sur elle. La surestimation du rôle des mathématiques se fait au détriment de la compréhension physique de la matière au point que des scientifiques comme Hawking sont capables de prétendre que la mathématique est le but et non le moyen de la science. En même temps, l’irrationnel, le mystique, l’indéterminisme, le dualisme, le positivisme, le refus d’une philosophie naturelle, la métaphysique, le laxisme vis-à-vis de la religion, la diffusion de la thèse du dessein intelligent ou de l’anthropocentrisme, de la terre considérée comme un jardin fait pour l’homme, le créationnisme et bien d’autres idées réactionnaires sont bien plus à la mode que la pensée scientifique.

Nous vivons une contre-révolution scientifique qui signifie, malgré la poursuite de découvertes, des reculs de la pensée scientifique, celle du grand public et aussi celle des scientifiques eux-mêmes. Les préoccupations intellectuelles des scientifiques des époques précédentes leur sont complètement étrangères. Quand ils défendent des idées générales, celles-ci sont le plus souvent assez rétrogrades et vont d’un pessimisme général sur les capacités de l’homme à comprendre le monde (au nom du positivisme qui récuse toute connaissance réelle de l’univers, toute philosophie des sciences et encore plus toute philosophie de la nature, au nom de l’incertitude, du hasard, du désordre, ou encore au nom de la déformation irrépressible du monde observé par la conscience humaine ou d’autres arguments divers). L’idéalisme pur a cours dans les sciences physiques à tel point que bien des physiciens imaginent le monde comme une vaste équation mathématique dans lequel la matière et la lumière ne sont rien d’autre que des solutions mathématiques. L’idéalisme pur a cours aussi dans les autres sciences où le modèle informatique remplace le réel par le virtuel, en croyant ainsi décrire et même remplacer la réalité. C’est au point que l’on croit informatiser le vivant, informatiser le cerveau, informatiser les relations humaines et on en passe des meilleurs…

On en vient à croire que la science médiatique dirige la science tout court. Il suffirait de répéter suffisamment de fois dans le grand public une idée qui plait et qui se propage pour qu’elle finisse par devenir une vérité, les dirigeants la poussant de force, imposant que les recherches se portent dans ce sens, les articles qui récusent cette fausse science étant écartés, les scientifiques qui résistent étant discrédités, etc.

Et on a assisté depuis quelques années à un tel scénario dans bien des domaines comme l’astrophysique, la climatologie, la psychologie, l’étude du cerveau et même la physique.

Cette dérive a mené la plupart des scientifiques à se détourner de leurs propres recherches pour se diriger tous ensemble vers le domaine créé artificiellement par ces modes, que ce soit les supercordes, les nouveaux matériaux, le code génétique, le réchauffement anthropique, le cryptage d’informations, le big data, les trous noirs, les matières noires, l’énergie noire, les super ordinateurs, la modélisation informatique, la manipulation génétique… Ce n’est pas que ces sujets soient complètement inintéressants mais ils sont loin d’être les seuls à nécessiter des moyens et une attention soutenue et tous les autres sont remisés au nom de l’organisation de la science, organisation qui se confond de plus en plus avec une bureaucratie au service du profit privé.

En termes de conceptions générales, cette dérive de la science officielle favorise la croyance, l’opinion dominante, l’anthropocentrisme, le positivisme et l’idéalisme.

Le tout mathématique, le tout informatique, le tout modélisation, le tout génétique considérée comme un programme, le tout imagerie, le tout robotisé, voilà quelques exemples de la conception idéaliste de la science. En réalité, l’univers n’est pas un ordinateur, pas plus que le cerveau, pas plus que la matière ni la vie. Dans de telles conceptions, la pensée humaine abstraite remplace la réalité matérielle ou prétend la dominer. Pour les uns, le monde matériel objectif n’existe pas. Pour d’autres, il est créé par la conscience. Pour les autres encore, il est inaccessible et incompréhensible. Inutile donc de se demander comment fonctionne le monde matériel et il suffirait de chercher comment se produisent les expériences et comment en tirer profit.

Nous parlons bien sûr ici de l’idéalisme au sens philosophique opposé au matérialisme (thèse selon laquelle le monde des idées humaines prendrait le pas sur le monde matériel réel), et pas de la recherche d’un idéal. En termes d’idéal, la science actuelle voit le triomphe de la technofinance qui privilégie toute recherche ayant des applications rentables immédiates sur toute recherche menant à une nouvelle compréhension du monde.

Le développement des sciences a été inséparable d’une révolution qui n’avait rien de purement technique et qui était à la fois économique, sociale, idéologique, philosophique, menant à un matérialisme, à une philosophie de la nature en transformation dans laquelle l’homme, faisant partie de la nature, pouvait comprendre le fonctionnement de celle-ci et n’était pas un obstacle supplémentaire pour cette compréhension ni le créateur d’un monde créé par la conscience humaine. Cette avancée scientifique et philosophique qui avait été produite avec de grands efforts, de grandes luttes, idéologiques comme sociales et politiques, est en train d’être remise en cause, en même temps que la société recule sur bien d’autres plans, en fait sur tous les plans, le capitalisme ayant atteint ses limites. En résulte une méfiance contre la science, une croyance en l’impuissance de la science à connaître et à comprendre le fonctionnement de l’Univers, la remontée des idéologies mystiques, mystérieuses, idéalistes, dualistes, le développement d’une science purement technofinance, le développement aussi de conceptions scientifiques idéalistes dans lesquelles la conscience transforme le monde et aussi dans lesquelles ce qu’on étudie n’est pas la réalité mais les propriétés… des équations mathématiques, etc. On en oublie que, sans la révolution sociale et philosophique liée aux sciences, le développement scientifique n’aurait pas eu lieu, vus les blocages organisés par les classes possédantes.

Certains défendent le point de vue selon lequel la science n’a rien à voir avec l’idéologie, avec la philosophie, mais l’Histoire démontre l’inverse. La science est un produit du développement historique des sociétés humaines, auquel elle a également contribué. Il n’y a aucune raison que les idées scientifiques ne soient pas tributaires des idées dominantes d’une époque et d’une société. Et le capitalisme, post-crise systémique de 2007-2008, ayant atteint son plus haut niveau d’accumulation, et traînant son agonie de ce fait, ne fait pas exception.

Oui, ce n’est pas bien étonnant que la science elle-même soit tributaire des avancées et des reculs de la société humaine car elle est dirigée non par les scientifiques mais par la classe dirigeante, aujourd’hui la classe capitaliste. Si la bourgeoisie a pu, un temps, jouer un rôle révolutionnaire, c’est dans un lointain passé. Si les intérêts du capitalisme ont pu pousser la science à chercher tous azimuts, là encore c’est du passé.

L’establishment bureaucratique, étatique, financier, de la science, loin de favoriser le travail des chercheurs, les limite, les force à entrer dans des cases prédéfinies par des bureaucrates de l’appareil d’Etat, rogne leurs moyens, leurs effectifs, leur impose des tâches bureaucratiques, des critères bureaucratiques, des hiérarchies bureaucratiques, des décisions de technocrates de la science, etc. Alors que la plus grande liberté est le meilleur moyen de favoriser les idées et recherches nouvelles, la recherche est de plus en plus menée selon le mode de la caserne soumise à des adjudants bornés.

Dans ce contexte, il n’est pas inutile de rappeler les circonstances révolutionnaires qui ont poussé les avancées scientifiques. Eh oui ! La science a progressé avec les révolutions sociales et politiques. Cela signifie que les progrès des idées scientifiques ont été brutaux et déstabilisants et pas lents, continus, graduels et progressifs.

Ce n’est pas le gouvernement fort, le pouvoir d’Etat puissant, la dictature, la force brutale de la classe dirigeante qui ont produit les plus belles avancées des sciences. Elles ont produit plutôt des grands massacres, de grandes guerres, de grands amoncellements de richesses, de grands pillages, mais pas tellement de grands progrès des idées.

Les époques des grandes avancées en ce domaine sont liées à des sociétés en pleine révolution. Le développement bourgeois et artisanal du grand commerce des villes libres grecques a donné Anaxagore, Anaximandre, Thalès, Démocrite et Socrate. La prospérité bourgeoise liée à la révolution sociale et politique du monde arabe encore appelée phase de « renaissance arabe » a donné Avicenne, Al-Razi et Ibn-Haytham. La révolution sociale bourgeoise en Europe a donné Grossesteste, Roger Bacon, de Cuse, da Vinci, Copernic, Bruno, Galilée, Francis Bacon, Priestley, Newton, Diderot, Darwin, Maxwell, Freud, Einstein, etc…

Les révolutions de la pensée scientifique en Europe découlent des grandes révolutions sociales, par exemple la révolution du monde arabe ou encore la révolution sociale en Europe dans les années 1300 qui a ouvert la porte à la révolution intellectuelle et bourgeoise de la Renaissance. Les années 1300 en Europe sont en effet celles de grandes révolutions populaires en Europe :

Agitation en Languedoc en 1300-1305, émeute à Beauvais en 1305, émeute à Paris en 1307, rébellion de Saint-Malo en 1308, émeutes du Forez en France en 1308 et 1310, révolution des cantons suisses en 1315 à Morgarten, révolte des Karls dans la Flandre maritime en 1323-1324, rébellion des serfs du Laonnois en 1338, révolte de la Saint-Georges en Estonie en 1343-1345, révolution des artisans drapiers à Gand en 1345, révolte de Cola di Rienzo à Rome en 1354, révolution bourgeoise d’Etienne Marcel et révolte des Jacques (paysans) en France en 1356-1658, révolution bourgeoise à Gand en 1358, révolution des Turbans rouges en Chine en 1351-1368, révolution des ciompis de Florence en 1378, révolte des Tuchins en Languedoc en 1378-1384, révolte des chaperons blancs contre le comte de Flandre en 1380-1385, révolte des paysans en Angleterre (Wat Tyler et John Ball) en 1381, révolte des paysans en Angleterre en 1381, révolte de la Harelle à Rouen en 1382, révolte des Maillotins à Paris en 1382, révolte des tisserands gantois en 1382, insurrection d’Amiens et révolte de tout le Nord de la France en 1382, révolution bourgeoise à Liège en 1384, révolution des cantons suisses à Sempach en 1386, mouvement des vignerons d’Auxerre en 1395…

Ces révolutions sociales ont précédé et causé la révolution des idées. Les années 1300 en sciences, littérature, techniques, art, artisanat sont celles dites de la « pré-renaissance » en Europe, avec Pétrarque, Salutati, Bruni, Poggio, Niccoli, Duns Scot, d’Ockham, Buridan, Albert de Saxe, etc…

A chaque fois, le développement scientifique s’est heurté à la pensée métaphysique, à la pensée dogmatique, à la pensée idéaliste, à la pensée figée, à l’ordre institutionnel, à la recherche du pouvoir et du profit primant sur la recherche de la vérité. A chaque étape, il a fallu combattre à nouveau des modes de pensée du type Platon, Aristote, Augustin, Ptolémée et autres penseurs métaphysiciens et idéalistes.

On pourrait penser que ces modes de pensée très anciens n’ont plus cours et sont du domaine de l’étude de l’histoire des idées, mais il n’en est rien. On remet au contraire actuellement au goût du jour la pensée d’Aristote et on voudrait faire en sorte qu’elle redevienne le mode de pensée dominant.

La grande mode lancée pour les idées d’un Hawking (positiviste anti-philosophie, idéaliste des mathématiques au point de remplacer l’observation du réel par l’étude des propriétés… des équations) témoigne de cette évolution.

Les « grand noms » de la contre-révolution antiscientifique de la pensée sont :

 Platon, Ptolémée, Descartes, Bohr, pour le dualisme

 Mach, Heisenberg, Hawking, pour le positivisme

Le dualisme affirme que l’Univers est divisé en deux domaines, complètement séparés, l’homme et la matière, le corps et l’esprit.

Le positivisme affirme que la science ne peut pas connaître la réalité, ni même savoir s’il existe, mais seulement étudier les produits de l’observation humaine, sans trancher sur la réalité objective du monde.

Il n’est pas exact que les découvertes scientifiques modernes justifient des séparations hermétiques dualistes, que ce soit entre onde et corpuscule, entre matière vivante et matière inerte, entre conscience humaine et conscience animale, entre matière et lumière, entre corps et esprit, ni aucune autre sorte de dualité. Il n’est pas vrai que le principe d’incertitude ni le reste de la physique quantique justifie le positivisme. Il n’est pas vrai que le niveau quantique corresponde à un indéterminisme ni à un domaine où la conscience humaine perturbe les observations. Il n’est pas exact qu’en microphysique aucune description « ce qui se passe quand » soit possible : ce n’est vrai qu’en termes de particules matérielles ou lumineuses, mais cette description existe en terme de vide quantique, de particules et antiparticules virtuelles. Ce n’est pas vrai que la physique moderne donne comme objectif l’abstraction pure, que ce soit celle des mathématiques ou du raisonnement humain. Il faut, à la finale, que la science permette de décrire et d’interpréter ce qui s’observe de la réalité. L’impasse des supercordes en physique ou des modélisations complètement abstraites, par exemple en climatologie, en démographie ou en physique (comme les supercordes), en astrophysique (comme la matière noire ou l’énergie noire) provient d’une science qui fait partie des dérives du « tout mathématique » où l’expérience n’est plus le départ et la fin de toute recherche et où le but est devenu purement mathématique. L’idée qu’une pensée purement abstraite domine le monde n’est nullement un progrès produit des sciences mais une philosophie imposée par la classe dirigeante, et qui favorise non l’esprit scientifique de la nature mais la métaphysique (anti-dialectique), l’indéterminisme (anti-scientifique), le relativisme, le positivisme (anti-philosophique), le mysticisme, le subjectivisme (anti-monde objectif), l’anti-matérialisme, l’irrationalisme. Ce sont ces dérives qui produisent des idéologies de fin du monde matériel (sous prétexte thermodynamique ou autre), de fin de la notion de matière objective, de temps objectif, d’espace objectif, de fin de toute réalité objective…

Au contraire du dualisme et du positivisme, du relativisme et de l’indéterminisme, ce qui caractérisait la pensée scientifique qui était issue des grandes révolutions précédemment citées, ce n’est pas seulement le fait de vérifier les idées par les observations, c’est de viser une compréhension du monde objectif, ce qui nécessite d’admettre l’existence d’un tel monde, ce qui n’est plus du tout évident dans la pensée scientifique actuellement diffusée.

La pensée antiscientifique affirme que la conscience humaine est la véritable créatrice du monde que nous observons, étudions, sur lequel nous expérimentons, produisons, à partir duquel nous organisons notre vie.

Ces penseurs antiscientifiques affirment qu’il est inutile de se demander ce qu’est le monde, il suffit de savoir ce que fait le monde et de s’en servir…

Pour une partie notable des scientifiques, il faut se résigner à ne jamais comprendre l’univers, l’homme étant incapable d’accéder à des connaissances sur un monde objectif, dont certains doutent ouvertement de l’existence !

Certains vont jusqu’à prétendre que les progrès scientifiques ont tranché en faveur d’une thèse positiviste, métaphysique ou idéaliste. d’autres affirment que ces progrès nous mèneraient à un anthropocentrisme, le monde étant soi-disant produit pour devenir un jardin pour l’homme.

On est revenu dans bien des domaines à une science soumise à des idéologies de type bibliques ou hindouistes !!! Belle chute pour ceux qui croient en une idéologie du progrès continu qui serait produit par une accumulation permanente des connaissances sans philosophie, sans lien avec les transformations sociales, les révolutions : cette fameuse progression entraîne… une sacrée régression !!!

Selon cette pensée régressive, la physique quantique ne permettrait pas de comprendre la matière et la lumière, mais seulement de les calculer, la physique relativiste ne permettrait pas de comprendre l’univers mais seulement de le calculer, l’étude du cerveau ne permettrait pas de comprendre son mécanisme, sa psychologie, sa psychanalyse mais seulement de visualiser et modéliser son mécanisme, la biologie ne permettrait pas de comprendre le vivant mais seulement de développer une industrie génétique, etc, etc…

Aujourd’hui, les classes dirigeantes, les Etats, les propriétaires privés se sont emparés de l’establishement de la science, de la vulgarisation de la science, de l’administration de la science pour faire en sorte que ceux-ci servent leurs intérêts sociaux, politiques et idéologiques.

Ils diffusent ainsi leurs propres thèses sur le monde, sur la société, sur l’homme : thèses du tout génétique, thèses du monde-machine, thèses de la vie-programme, thèses du tout informatique, thèses de la matière produite par les équations, thèses du monde mathématique, etc. C’est une vision métaphysique, anti-historique, anti-dialectique, anti-matérialiste, anti-philosophique, anti-objective, en somme contre-révolutionnaire, pour laquelle il s’agit de combattre les grandes avancées idéologiques qui avaient été celles des grandes avancées révolutionnaires de la bourgeoisie conquérante.

Pessimisme de la connaissance, refus de la philosophie, anthropocentrisme, créationnisme, subjectivisme, positivisme, voilà des pensées dominantes actuelles…

Voilà encore un témoignage du fait que la bourgeoisie capitaliste a atteint son plus haut sommet, du haut duquel elle s’apprête au plus grand plongeon historique.

Mais l’humanité, la pensée humaine comme la société humaine, ne sont pas contraints de plonger avec elle, elle peut aussi s’émanciper de cette domination bourgeoise et poursuivre ses révolutions et leur avancée historique.

Faut-il une philosophie en sciences ?

La science est révolutions

Pas de dualisme

Quand la science retourne à la conception religieuse

Une science philosophique doublée d’une philosophie scientifique

La Science peut-elle se tromper lourdement du fait de préjugés sociaux, d’intérêts économiques ou de pressions du pouvoir ?

La révolution moderne dans les sciences de la nature et l’idéalisme philosophique

Messages

  • Bonjour.

    ___Je n’ai pas lu complètement votre article, car je l’ai survolé, et j’y revendrai, mais il y a une chose très importante qui m’a frappée c’est cette notion de pouvoir affiner des constantes comme si elles étaient indépendantes des autres. Pourquoi cet article ?? Et bien la facilité de voir les derniers articles publiés ou touchés par la correspondance.

    ●●[Les lois de la Physique, nous le savons aujourd’hui, contiennent beaucoup de nombres fondamentaux, comme la taille de la charge électrique de l’électron et le rapport des masses du proton et de l’électron. (..) Le fait remarquable est que la valeur de ces nombres semble avoir été finement ajustée pour rendre possible le développement de la vie.(..) Si le stade initial n’avait été choisi avec le plus de soin possible pour en arriver à ce que nous voyons autour de nous, l’univers n’aurait que peu de chance de contenir quelque région dans laquelle la vie pourrait apparaître. (..) Il serait très difficile d’expliquer que l’univers n’aurait dû commencer que de cette façon, à moins que ce ne soit l’acte d’un Dieu désireux de créer des êtres comme nous.]

    ___Pourquoi avoir sélectionné ce bloc de phrases de ce Stephen Hawking ?? Et bien pour faire une réflexion sur nos constantes, car la valeur des nombres ajustés si finement comme il est dit, n’existe pas !!! Je ne crois absolument pas à l’ajustement des constantes, comme si elles étaient des paramètres à pouvoir être modifiés et ajustés. La plus part des constantes sont un tout, et si on devait changer légèrement la valeur d’une seule constante de ce tout, et bien toutes les autres constantes changeraient forcément, et donc que les ajustements sont totalement impossibles. Maintenant les unités employées par ces constantes, sont sans rapport avec la nature, car qu’est-ce qu’une distance calculée en mètre ou en kilomètre ?? Qu’est que le mètre ?? Et bien un étalon créé par l’humain sans rapport avec la nature. Qu’est-ce que la seconde ?? Et bien encore un étalon créé par l’humain. En partant d’un tour complet que fait notre terre sur elle-même, et bien ce tour complet est divisé en 24 parties égales que sont les heures. Pourquoi 24 et pas autre chose ?? Et bien ce beau 24 est 24=2×3×4. Donc le deux peut correspondre à a partie journée et à la partie nuit. Et le 3×4=12 est une façon de diviser la journée en 12 parties égales. Pourquoi 12 ?? Et bien 22 est divisible par 2, par 3, par 4 et par 6 !!! Cette notion de division pour avoir des parties égales nous vient des anciens grecs, je pense. C’est une façon de permettre d’avoir des calculs exactes par des divisions simples. Comme l’heure est une partie facilement divisible d’un jour, car diviser par 2, puis par 3 et enfin par 4, est assez simple en réalisation à faire des parts égales. Mais cette heure est encore divisée en minute où il faut 60 parties égales pour faire cette heure, et bien qu’est-ce que ce nombre de 60 ?? Et bien simplement 60=3×4×5 !!! Ces grecs anciens étaient très fort en logique et en simplicité. Pour arriver à la seconde, et bien la même division que la minute et donc diviser cette minute en 60 parties égales. 1 jour=24×60×60=86400 secondes, ce qui semble énorme, mais la notion du temps d’un jour complet nous est compréhensible à notre échelle, et la seconde est aussi un laps de temps faisant partie de notre échelle humaine.

    ___Donc pour revenir à cette seconde, et bien cela est seulement un découpage d’un laps de temps que fait notre terre pour faire un tour complet. Mais ce tour complet est-il une référence pour d’autres référentiels ne tournant pas à cette même vitesse ?? Et bien non, la seconde n’a aucune valeur, et n’est qu’un étalon pris au hasard par rapport à un système. Maintenant cette seconde n’est plus le fractionnement d’un jour en parties égales, mais est calculée en fonction d’un matériau qui est ce césium 133 ou l’un des électrons excité et oscillant fait un 9|192|631|770 passages par rapport au noyau et donnant ainsi une fréquence bien définie pour avoir cette seconde venant de l’atome. Donc à partir de ce mètre étalon qui est même devenu une fraction de la seconde de 1/299|762|458 de distance parcourue par la vitesse de la lumière, la vitesse est un rapport entre une distance quelconque et une durée calibrée et fixe qui est en générale la seconde, mais qui pour notre échelle humaine et de notre quotidien est en kilomètre/heure.

    ___Maintenant ces constantes utilisant des unités étalons, sont pour moi relatives entre elles, ainsi si on augmentait la vitesse de la lumière comme exemple, et bien d’autres constantes suivraient ce changement, et donc que l’on ne puisse absolument pas définir avec finesse des réglages possibles en faisant varier des constantes, car la modification d’une constante entraîne forcément les modifications des autres constantes. Les constantes sont des valeurs utilisées dans un contexte précis qui est notre référentiel, qui est un contexte bien précis, et si on se trouvait dans un autre référentiel bien différent du notre, on s’apercevrait que les constantes sont déférentes, mais la différence serait encore relative, car c’est notre contexte d’où nous sommes parti qui changerai ses constantes, car comment savoir qu’elle est la vérité entre les constantes sur terre ou celles où nous somme proche d’un trou noir ?? Je prends toujours cet exemple de proche d’un trou noir qui est une extrême, et bien dans cet environnement tout serait changé, mais pour voir ce qui est changé, il faudrait ni être dans notre contexte habituel sur terre, ni proche d’un trou noir, mais être externe à ces deux référentiels. Donc par rapport à ce qu’a pu dire ce physicien de Stephen Hawking et bien d’autres sûrement, l’ajustement des constantes est une utopie, car il est impossible de faire varier une constante par rapport aux autres.

    ●●[Il déclarait aussi : :
    "Je considère le cerveau comme un ordinateur..."]

    ___Toujours sur ce Stephen Hawking, le cerveau n’est absolument pas un ordinateur, car il aurait fallu qu’il sache ce que pouvait être un ordinateur pour ne pas dire de telles bêtises.

    ●●[On voit ainsi que la démarche de la science n’est pas identique à celle des mathématiques contrairement à ce qu’affirment tous les penseurs platoniciens, les anciens comme les modernes, tous les Hawking qui ont diffusé l’idée inverse dans le grand public, pour idéaliser la démarche de la science, et pour faire croire que la science est aussi indiscutable que "un plus un égale deux".]

    ___Belle réflexion disant que 1+1=#2 car c’est ce que j’ai essayé d’expliquer dans l’article [.Que dites-vous de la relation matière lumière, monsieur Feynman ?]. De dire que les Huns sont de bons guerriers et sont tous identiques est faux bien sûr, car un être humain n’a pas son double, car un humain plus un humain fait bien deux humains, mais ces UNS sont forcément différents.
    Amicalement.
    JFP/Jean-François POULIQUEN.

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