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Génération de la révolution sociale : prends garde à droite, prends garde à gauche !

samedi 14 décembre 2019, par Robert Paris

édito

Génération de la révolution sociale : prends garde à droite, prends garde à gauche !

La révolution sociale, qui était réduite au triste état de slogan de groupuscules, est devenue une nécessité historique devant la fin du capitalisme et le soulèvement du peuple travailleur du monde. La génération actuelle va donc se retrouver devant une tâche de grande ampleur pour l’humanité, un grand pas en avant mais aussi le risque d’un grand pas en arrière, et il ne lui reste que peu de temps pour s’y préparer.

Quels sont les enjeux ? Quelles sont les alternatives ? Quelles perspectives possibles ? Quels pièges et quelles réponses ? Telle sont les questions à se poser.

Tout d’abord, il faut souligner que la situation mondiale est mure pour une révolution sociale. D’une part, les classes possédantes sont dans l’impasse. D’autre part, les peuples sont dans l’impasse. L’antagonisme fondamental, entre exploiteurs et exploités, est clairement au centre de la lutte. Les gouvernants ne savent plus que radicaliser les situations, attiser tous les feux et provoquer les incendies. Et les pompiers n’ont plus d’eau ! Les peuples en ont assez d’être réformés ! Pas besoin d’être devin pour savoir que nous allons vivre la révolution sociale, alors que nous n’avons aucune préparation pour cela et que toute la vie sociale précédente nous préparait au contraire, à considérer le capitalisme comme un horizon indépassable. Les prolétaires, préparés à subir, vont devoir diriger toute la société et, bien entendu, rien ne les y prépare, sinon leur situation objective, être ceux qui n’ont que leurs chaînes à perdre et un monde à gagner, être la seule force sociale mondiale face au capitalisme décadent !

Quel sera le point essentiel dans les événements à venir ? Ne rien croire, ne rien suivre, s’informer et se former par soi-même, ne faire confiance que dans ses propres forces, se méfier de quiconque propose autre chose que l’auto-organisation de la lutte !

Cependant, rien n’est simpliste : il ne faudra pas se garder seulement des capitalistes, des fascistes et des réformistes, mais aussi des fausses gauches, des faux radicaux, de tous les faux amis, en somme se garder de tous les côtés ! Les faiseurs de recettes seront tout aussi dangereux que les donneurs de leçons et les bonimenteurs de fausses solutions.

Le premier point à avoir en tête, c’est que la révolution, pas plus que l’être humain, ne peut pas marcher seulement avec ses pieds mais avec sa tête. Cela signifie que pour avancer, il ne suffit pas de dire : soyons nombreux à y aller et tout ira bien. Il oser poser la question : où voulons-nous aller ?Et la discuter collectivement, le plus loin possible, en poussant au maximum nos réponses et nos alternatives.

On ne marche pas en regardant ses pieds mais en regardant au loin pour chercher la direction… C’est la perspective qui dirige et pas les petits calculs. C’est la stratégie qui commande à la tactique. C’est le but qui guide et pas les petits pas.

Bien sûr, le peuple travailleur du monde, qui a involontairement hérité de la défaite tragique de la révolution russe menant au stalinisme contre-révolutionnaire, n’est pas d’avance consciemment porteur d’une politique et d’une organisation révolutionnaire le menant au socialisme et d’abord à la conscience de son rôle historique. Ce n’est que le cours de la révolution qui peut le préparer à ses tâches historiques. En faisant lui-même ses propres expériences. Encore faut-il qu’il ne soit pas détourné de son chemin par les professionnels du mensonge politique et social et de l’encadrement des masses.

Il y a cependant des leçons politiques qui nous viennent de l’histoire des révolutions et de sa théorie.

Premièrement, il n’y aura pas de compromis possible avec la classe possédante, c’est une lutte jusqu’au bout, une lutte sur le fond même de l’existence des possédants, et chaque prétendue proposition de compromis cache un couteau, chaque prétendu dirigeant bourgeois qui fait mine de se mettre de notre côté est un assassin en puissance. C’est le capitalisme même qui est en cause et pas tel ou tel de ses pantins politicien ou dictateur qu’il s’agirait seulement de renverser. Il ne suffit même pas de renverser tous les politiciens car c’est le système économique et social qui a fait son temps et ne peut plus apporter que des fruits empoisonnés.

Deuxièmement, les faiseurs d’unanimisme, de « soyons nombreux, peu importe sur quelle base et dans quel but », de « restons unis et ne discutons pas », de « pas de théorie, que de la pratique », de « pas besoin de nous organiser, ne perdons pas de temps, agissons », de « nous sommes tous », de « pas besoin de programme », de « pas besoin de choisir nous-mêmes nos dirigeants », cachent systématiquement les manipulateurs, les opportunistes qui ne mènent les mouvements que dans tous les murs.

Troisièmement, s’organiser ne suffit pas car il faut des buts sociaux et politiques, mais c’est un préalable indispensable et cela suppose une organisation soumise aux masses en lutte, élue, révocable, discutable, souple et vivante, celle des assemblées qui décident pas des assemblées qui se contentent d’écouter et d’applaudir, celle des assemblées qui élisent des conseils, des comités, des exécutifs car il faut que le peuple travailleur discute, confronte, apprenne mais il faut aussi qu’il exécute ses propres décisions, qu’il s’apprenne à diriger ses luttes pour s’apprendre à diriger toute la société. Pas d’assemblée sans résolutions votées, sans délégués élus ou réélus, sans parole à la salle, sans droit total de la critique. Pas de droit particulier de parole et de décision aux représentants des groupes, partis, associations et syndicats.

Le danger au sein du mouvement vient aussi bien des réformistes, des modérés, des opportunistes que des faux radicaux, des anti toute forme d’organisation de la lutte, des anti prise de pouvoir par les travailleurs révolutionnaires.

Car, quatrièmement, aucune lutte révolutionnaire n’a triomphé si elle n’a pas mené à la prise du pouvoir du peuple travailleur organisé dans ses assemblées et comités, fédérés, décidant et exécutant, type la Commune de Paris de 1871.

Cinquièmement, la première force de la révolution, c’est de bien connaître ses amis, ses faux amis et ses ennemis et de ne pas se laisser manipuler ni surprendre. Les partisans de « on s’aime tous, il n’y a pas de problème, les seuls ennemis sont dans le camp d’en face » cachent toujours quelque chose.

Sixièmement, aucune confiance aveugle dans aucune direction autoproclamée de la lutte. Aucun état-major secret, aucune clandestinité dans les orientations et les perspectives. Tout le monde a des comptes à rendre au mouvement sur les décisions prises et leur exécution.

Septièmement, la parano n’est pas de mise mais pas non plus la naïveté. Les adversaires avancent masqués. L’ennemi n’est pas seulement celui qui le dit clairement. La bonne stratégie ne crève pas les yeux. Ce n’est ni « toujours avancer », ni toujours « reculer pour être plus être plus nombreux ». Les provocations existent ainsi que les provocateurs. On les démasque en ayant des propositions politiques sociales claires et en appelant chacun à juger sur les réactions des faux leaders à ces orientations.

Huitièmement, il importe non seulement de savoir que l’enjeu de la révolution sociale sera la prise de pouvoir par le peuple travailleur, mais aussi que la perspective historique sera nécessairement la fin de l’Etat capitaliste et de la propriété privée des moyens de production et des capitaux. Certains diront que c’est un discours idéologique plaqué voulant imposer le chemin qui a mené au stalinisme mais c’est l’inverse : c’est le refus de ce chemin dans la révolution européenne qui a isolé la révolution russe, la seule qui avait pris cette voie, et l’a livrée à la contre-révolution stalinienne.

Neuvièmement, nous devons connaître les armes de la contre-révolution : bien sûr armée, police, forces spéciales, guerres, mais aussi racisme, sexisme, ethnisme, haine religieuse, machisme et toutes les divisions des peuples travailleurs.

Dixièmement, la révolution sociale sera mondiale ou ne vaincra pas. Il n’y a pas de solution nationale à l’effondrement du capitalisme. Il n’y a pas de particularité nationale qui prime la question sociale aujourd’hui mondiale, c’est-à-dire ôter le pouvoir politique et social au un pourcent de capitalistes et que le prennent ceux qui n’exploitent personne afin de changer l’ordre social et de le mettre au service de l’humanité. Le but final n’est pas la prise de pouvoir par les plus exploités mais d’en finir avec l’exploitation et la division de la société humaine en classes sociales, en exploiteurs et exploités.

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