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L’intersyndicale a mené une fois de plus le mouvement dans le mur

mercredi 5 février 2020, par Robert Paris

L’intersyndicale a mené une fois de plus le mouvement dans le mur

Dernière manifestation ? Dernière journée de grève reconductible dans les transports ? Dernière journée d’action de l’intersyndicale ? En tout cas, le mot de « fin » est sonné pour les syndicats même s’ils ne vont pas l’annoncer et annoncent même au contraire une nouvelle journée d’inaction le 6 février pour ne pas risquer que, même sur la fin, les travailleurs s’auto-organisent.

Mais rien n’est fini pour les travailleurs, les précaires, les chômeurs, les démunis, les sans logis, les sans moyens de santé, les sans papiers, les licenciés, les menacés de licenciement, les salariés de secteurs privatisés, les femmes opprimées, les jeunes sans avenir dans cette société elle-même sans avenir… Rien n’est fini pour les gilets jaunes qui n’ont pas interrompu leur action et leur organisation. Rien n’est fini pour tous ceux qui souhaitent que les travailleurs s’auto-organisent dans les entreprises pour en finir avec les échecs à répétition organisés par les intersyndicales !

Depuis 2007-2008, l’intersyndicale est synonyme de défaite des luttes des salariés et une fois encore la démonstration est faite que l’illusion de syndicats se mobilisant pour les salariés ne s’est pas transformée en réalité, même si les gilets jaunes avaient appelé à les rejoindre, même si l’immense majorité des salariés étaient favorables au mouvement et plus de la moitié de l’opinion publique.

Il faut remarquer que le mouvement n’a mené à aucun recul sérieux, que la seule « avancée » relevée par la CFDT est un simple retard mais pas un vrai recul et si c’est la CFDT qui le dit, elle dont la direction est macronienne…

Il faut aussi relever que le mouvement débuté le 5 décembre 2019, loin d’avoir fait peur aux gouvernants et aux possédants, leur laisse à penser que tout ne va pas si mal, que les appareils réformistes et bureaucratiques ont encore beaucoup plus la mainmise sur la classe ouvrière des grandes entreprises que le mouvement des gilets jaunes l’avait laissé penser, que les gros bataillons ouvriers des grandes entreprises ne sont pas encore giletjaunisés ! Du coup, la « prime Macron » accordée aux salariés des grandes entreprises dont on craignait la giletjaunisation sans qu’ils soient entrés en lutte aux côtés des gilets jaunes et pour éviter qu’ils y entrent, mais surtout sans même une grève dans ces entreprises, eh bien ces primes sont en train de décliner comme peau de chagrin ! Preuve s’il en est que la « démonstration syndicale » a minima a surtout donné une image beaucoup moins inquiétante pour les classes dirigeantes que celle des gilets jaunes.

Et pourtant, les gens qui ont suivi les syndicats étaient souvent beaucoup plus nombreux que ceux qui participent à la lutte des gilets jaunes. Preuve cette fois que le nombre, que les syndicats présentent comme le principal argument pour faire reculer nos ennemis, n’est pas le facteur essentiel pour se faire craindre !

On a plus vu les capitalistes trembler devant de petites manifestations de gilets jaunes que devant d’immenses promenades syndicales !

Et on sait très bien quelle en est la raison : pendant ce qu’ils appelaient une lutte radicale, les syndicats n’ont pas cessé de montrer patte blanche au pouvoir, de le reconnaître, de négocier avec lui, de signer des accords avec lui, même à la RATP et à la SNCF pourtant en grève réelle…

Pire même, les syndicats n’ont cessé de prévenir les gouvernants de leurs actions et manifestations, d’attendre d’eux des autorisations, de reconnaître la légitimité du pouvoir central comme des pouvoirs locaux, de chercher soi-disant à les convaincre d’on se demande bien quoi ?!!!

Eh bien, il s’agit en fait de les convaincre du fait qu’ils sont indispensables contre les risques révolutionnaires !!! « La colère des salariés ne cesse de s’amplifier (…) Je ne suis pas sûr que les organisations syndicales arriveront à tout gérer, on risque d’être dépassé à un moment donné (…) On peut se retrouver dans une situation d’insurrection, on ne l’écarte pas, mais ce n’est pas ce qu’on cherche, nous » déclarait le secrétaire CGT du port de Marseille à Sud Radio, le 15 janvier dernier, alertant les gouvernants contre les risques révolutionnaires. Et le représentant de la CGT de gare de Lyon affirmait sur BFMTV : « Je crains que le gouvernement ait lâché aux gilets jaunes parce qu’ils aient été violents. Pour nous c’est un mauvais message qui signifierait qu’il faut une révolution pour obtenir satisfaction. » Pour justifier de n’avoir appelé que les transports à la grève reconductible en laissant croire que l’essentiel de la grève se déroulait contre régimes spéciaux de retraite de quelques catégories de fonctionnaires comme les cheminots : « Je comprends que les salariés du privé ne peuvent pas faire grève aussi facilement que nous, dans les transports, et que, du coup, ils peuvent seulement manifester leur soutien de manière financière. Nous faisons grève aussi pour eux. Et nous pouvons compter sur leur soutien financier. »

Jamais, au cours de cette soi-disant lutte radicale des syndicats, un seul mot des gilets jaunes n’a franchi la bouche d’un dirigeant syndical : jamais ils n’ont proclamé que le pouvoir devait revenir aux plus démunis, jamais ils n’ont remis en cause le fossé entre misère et fortune, jamais ils n’ont affirmé qu’ils récusaient les forces de répression et l’ensemble des forces d’Etat capitaliste, jamais ils n’ont affirmé aller vers un pouvoir au peuple travailleur, jamais ils n’ont affirmé que c’est aux plus démunis de gouverner, et même pas de diriger eux-mêmes leur propre lutte ! Pourtant, il est clair que c’est parce qu’ils se dirigeaient eux-mêmes, qu’ils refusaient de négocier avec le pouvoir, qu’ils n’étaient manipulables par personne, qu’ils ne déléguaient pas leur force, qu’ils refusaient de reconnaitre la valeur de l’Etat capitaliste comme de toutes les institutions, que les possédants ont eu peur des gilets jaunes et que le monde entier reconnaît que la France des exploités fait partie d’un mouvement révolutionnaire qui touche le monde, de l’Irak à l’Argentine, du Chili au Liban, de la Guinée à Haïti…

Et c’est parce que le mouvement est d’essence révolutionnaire et les syndicats d’essence réformiste que les classes possédantes savent tout devoir craindre des premiers et rien des seconds !

Les organisations réformistes sont, par nature, complètement intégrés à la société capitaliste, tout à perdre à la remise en cause de cette société, car ils croquent eux aussi de l’argent du fonctionnement du système, argent qui leur permet de nourrir tout un appareil bureaucratique, avec même de hauts bureaucrates qui peuvent parfaitement passer d’un poste syndical à un haut poste dans le privé ou dans le public. On a même relevé que les syndicats en croquent des retraites privées, les fonds de pension, car ils sont payés pour participer aux conseils d’administrations de ces organismes qui sont les principaux ennemis privés de la retraite publique. Pensez donc comme les syndicats peuvent alors se faire craindre des ennemis de notre système de retraite publique !!! Ils en croquent comme ils profitent aussi du système d’Etat tout entier, étant intégrés à la plupart des organismes de l’Etat capitaliste, de Pôle Emploi aux grands Conseils de l’Etat. On se souvient que c’est la position de la CGT dans le Conseil économique social et environnemental qui avait permis à Lepaon de se faire reconnaître de la bourgeoisie en signant le rapport d’Etat EN FAVEUR de la privatisation de la SNCF. Et c’est après avoir commis cet acte innommable que Lepaon avait été nommé secrétaire général de la CGT ! C’est dire que les syndicats ne sont pas collaborationnistes par erreur mais par choix ! De même que Martinez faisait partie de la CGT de Renault qui avait donné sa voix au conseil d’administration de Renault, auquel ce syndicat participe comme dans les autres trusts, en faveur de la confiance au PDG Ghosn déjà mis en cause du fait des affaires d’espionnage et aussi du fait, à l’époque, de son attaque contre les salariés, appelée le « Contrat Social de Crise », ce CSC visant à faire signer aux syndicats des reculs importants sous prétexte de difficultés du trust ! Les salaires royaux et les détournements de fonds du PDG, ce n’est pas les membres des syndicats aux conseils d’administration qui les avaient dénoncés, pas de souci là-dessus !!! Imaginez comme les patrons peuvent craindre un Martinez qui n’a jamais pris la tête d’aucune grève alors même qu’il travaillait sur le site de Renault à Rueil pendant la plus longue grève générale de ce site et de cette entreprise. Martinez, qui est présenté par les média comme le fer de lance de l’intersyndicale des retraites, n’est qu’un bureaucrate qui est monté silencieusement dans l’appareil dans le sillage du pire des dirigeants de la CGT, le plus lié au grand capital, Lepaon !!!

L’intersyndicale confirme donc son statut de chef des stratégies de défaite qui clôture douze ans de « mouvements intersyndicaux », qu’il s’agisse des retraites, du code du travail, des attaques contre la santé et l’hôpital public, des aides sociales, des privatisations, de la destruction des services publics, etc. Pas un seul de ces mouvements n’a mené à un succès et pas même à un petit recul de nos ennemis et cela n’est nullement un hasard.

Bien sûr, les syndicalistes eux-mêmes disent qu’ils n’y comprennent rien, qu’ils ont tout fait pour gagner, qu’ils ont proclamé qu’ « ils ne lâcheront rien », qu’ils ont été en grève les derniers, qu’ils ont sans cesse proposé de nouvelles journées d’action, qu’ils ont posé des préavis de grève, etc, etc. Pourtant, la stratégie réformiste menait, dans le temps, à quelques compromis et quelques reculs marquants comme en 1936, en 1968, en 1995, 2003 notamment. Des plans d’austérité ont été remis en cause, des attaques antisociales aussi. Mais seulement avant la chute générale de l’économie capitaliste de 2007-2008.

Depuis, jamais les réformistes syndicaux n’ont obtenu le moindre recul réel des gouvernants mais ils se gardent bien de souhaiter que les travailleurs le comprennent.

En fait cette leçon remettrait carrément en cause leur rôle, leur mainmise sur la classe ouvrière, leur capacité de jouer les tampons entre exploiteurs et exploités, et d’en profiter pour nourrir leur appareil bureaucratique, le faire reconnaître des possédants et des gouvernants et d’en tirer profit.

La raison est très simple : depuis cet effondrement boursier et économique mondial, appelé improprement « crise des subprimes », le grand capital ne vise plus à des « bonnes relations » avec la classe ouvrière des pays riches mais à casser le moral des travailleurs, ce qui nécessite de ne jamais reculer et de ne plus accepter des avancées sociales, même minimes, mais seulement des reculs sociaux et économiques massifs ! Il est indispensable aux possédants que chaque lutte devienne clairement une défaite et c’est donc l’objectif numéro un des gouvernants qui ne cherchent plus l’accord avec les syndicats. Ils prennent, du coup, le risque que ces appareils, qui les servent, deviennent trop impopulaires et que les travailleurs s’auto-organisent, ce qui est autrement plus dangereux pour les classes possédantes.

Macron justement a pris ce risque, en menant son attaque contre les retraites, que la classe ouvrière des grandes entreprises se giletjaunise dans cette lutte en se passant de ses berger syndicaux. Mais son attaque, loin de permettre aux salariés de rejoindre les gilets jaunes, a poussé les gilets jaunes à rejoindre… les syndicats !

Rien de ce qu’avaient fait précédemment les syndicats ne convergeait réellement avec les gilets jaunes. Certes, des syndicalistes honnêtes se retrouvaient ensemble dans des manifestations avec les gilets jaunes, mais aucun syndicat n’avait reconnu ni les buts sociaux et politiques des gilets jaunes, ni les méthodes, ni l’auto-organisation, ni le caractère insurrectionnel de la lutte, ni son caractère de lutte de classe, et pas de lutte catégorielle ou corporatiste, ni son refus de toute négociation, ni son refus de reconnaître les autorités d’Etat, ni son refus de prévenir le pouvoir des actions à venir et de demander des autorisations, ni son refus de la délégation de pouvoir, ni ses assemblées décisionnelles, ni, surtout pas, les comités de grève élus et révocables en assemblées générales.

Et même pas que le mouvement d’ensemble lutte en même temps pour l’ensemble des revendications sociales et politiques des plus démunis. Pas question pour les syndicats de reconnaître que la lutte ne concernait pas que les retraites alors que tous les participants ne cessaient de le dire. Tout les amenait dans la rue et dans la grève : les licenciements, les privatisations, la casse des chômeurs, la casse de l’hôpital public, la casse des transports publics, la casse des aides publiques, la casse du code du travail, etc, etc. Eh bien, aucun syndicat n’a globalisé la lutte. Aucun n’a reconnu le programme politique des gilets jaunes, visant à en finir à la fois avec le pouvoir d’Etat aux mains du lobby capitaliste et avec la mainmise de l’essentiel des richesses par les milliardaires !

Comment une telle tromperie a-t-elle été une fois encore possible ? Comment on a pu faire croire que l’intersyndicale qui comprenait de nombreuses confédérations favorables aux retraites privées, qui comprenait des dirigeants syndicaux macronistes, qui comprenait des gens qui participent à la gestion des retraites privées, que c’est eux qui allaient nous mener à nous faire craindre des possédants, et à les motiver pour reculer !!!

Non ! les possédants n’ont reculé devant les gilets jaunes que parce que leur mouvement avait un caractère insurrectionnel qui risquait de gagner les gros bataillons de la classe ouvrière. Les salariés qui ont gagné des primes Macron ne sont pas les seuls à avoir obtenu des reculs des possédants, et à les devoir non de leur lutte mais de celle des gilets jaunes. Sur plusieurs points, le pouvoir macronien a reculé devant les gilets jaunes, que ce soit à propos de la taxe qu’il envisageait, des revenus des plus démunis, des femmes seules et de biend ‘autres attaques.

Par contre, dès que les syndicats démontrent à nouveau leur poids dans la lutte sociale, les possédants et les gouvernants à leur service reprennent confiance en eux, repartent à l’attaque, privatisent tous azimuts, développent des politiques antisociales de partout, cassent et vendent tout le secteur public, etc.

Cette défaite n’aura pas été inutile si nous en tirons clairement la leçon : il est temps de giletjauniser toute la lutte des classes, il est temps de cesser de suivre comme des moutons tous les Berger, de la CFDT comme de la CGT, de SUD, de la FSU et bien d’autres !

L’intersyndicale, grande organisatrice de promenades en musique-merguez-sandwichs-sonos sans auto-organisation, sans insurrection, sans remise en cause des institutions a encore frappé : un nouvel échec du mouvement et un nouveau renforcement de la réaction capitaliste contre les travailleurs. Depuis 2007-2008, cela fait douze ans que les syndicats nous promènent. Les gilets jaunes ont sonné le début de tout autre chose mais en rejoignant les syndicats, ils n’ont pas réalisé la jonction qu’ils souhaitaient avec les travailleurs des grandes entreprises car les syndicats ont gardé la direction. C’est une défaite mais ce n’est pas fini. Les gouvernants ne sont pas débarrassés des gilets jaunes et les syndicats seront quand même frappés du discrédit. L’avenir est à l’organisation de la lutte par les lutteurs, par les travailleurs, les précaires, les chômeurs, les femmes et les jeunes. L’avenir est aux assemblées décisionnelles qui prennent elles-mêmes la direction des grèves, des manifestations, des insurrections. L’avenir est à l’action POLITIQUE et sociale des opprimés, des plus démunis, des exploités, action qui remet totalement en cause l’ordre social et politique, ce dont les directions syndicales sont foncièrement incapables !!!

C’est en devenant les combattants de l’insurrection sociale mondiale, en remettant en cause l’ordre des milliardaires, en récusant ouvertement et publiquement toute institution capitaliste, que nous devons mener nous-mêmes nos luttes, en imposant nos assemblées décisionnelles, que cela plaise ou pas aux bureaucrates réformistes, des syndicats mais aussi de la gauche, de la gauche de la gauche, du NPA, de LO, de Révolution Permanente, de la CNT ou d’Alternative Libertaire, tous ces opportunistes, de la soi-disant gauche syndicale. Ces gens qui se disent révolutionnaires ne sont pas plus radicaux que les « insoumis » ou les « communistes » ex-staliniens, ou encore les faux libertaires syndicaux… Tous ont rejoint les manifestations de gilets jaunes après coup, plus tard, après les avoir dénoncés, et cela a été pour les pousser à reconnaître les appareils syndicaux, à soi-disant « converger » avec eux, sans que les syndicats eux ne convergent en rien à part pour dire « à bas Macron » comme ils avaient dit auparavant « A bas Sarkozy » ou, à voix plus basse, « A bas Hollande », comme si Macron et les autres n’étaient pas simplement les représentants du grand capital. Jamais les syndicats, contrairement aux gilets jaunes, n’ont mis en avant la lutte contre les milliardaires et leur pouvoir, et en cela ils n’ont jamais ni nulle part convergé avec la révolution gilets jaunes ni avec la lutte des classes révolutionnaire !

Ce qui a changé depuis 2008, c’est que le réformisme syndical ne mène plus qu’à des défaites et que c’est la lutte révolutionnaire qui doit guider les exploités et les opprimés ! Cette leçon essentielle doit être diffusée partout, affichée partout et son corollaire aussi : partout élisons nos délégués de l’insurrection sociale ! Vive la révolution mondiale des exploités !

Messages

  • Merci aux syndicats d’avoir une fois de plus démontré que le réformisme est totalement impuissant quand le capitalisme est en phase critique...

  • Tout en organisant des coupes drastiques pour le futur régime de retraite, leur réforme fait des cadeaux fastueux aux groupes financiers pour leurs produits de retraite par capitalisation et autres placements. L’asservissement de Macron à la finance s’est illustré, comme l’a révélé le Canard Enchainé, par l’organisation d’un mini-Davos au sein même du palais de l’Élysée au mois d’octobre 2017. L’Élysée a été privatisé pour l’occasion, du jamais vu en France, pour inviter les pontes de la finance internationale, dont la multinationale BlackRock. Cinq ministres, dont Edouard Philippe ainsi que le président sont venus leur faire des courbettes.

    Pour satisfaire les groupes financiers, les cotisations qui sont obligatoires jusqu’à 324.000 euros de salaire annuel ne le seront plus que jusqu’à 120 000 euros dans le futur régime. Au-delà sera acquittée une cotisation de solidarité de 2,81 pour cent non génératrice de droits. Selon Les Echos, de 300 à 350.000 assurés sont concernés : 200.000 salariés, 100.000 libéraux, 30.000 artisans-commerçants agriculteurs et 15.000 fonctionnaires ou salariés des régimes spéciaux.

    Un salarié payé 200.000 euros annuels verra ses cotisations allégées de 6.000 euros sur la partie supérieure à 120.000 euros. S’il gagne 300.000 euros, il gagnera 13.400 euros de revenu net.

    Cela entraînera une perte de recettes de 4,5 milliards d’euros par an pour le régime de retraite. C’est une très bonne affaire pour les entreprises, qui ne paieront plus leur part des cotisations pour les salariés concernés et surtout c’est une aubaine extraordinaire pour les grands groupes financiers qui verront affluer de très nombreux gros clients à la recherche de placements pour leur épargne.

    Avec la loi Pacte et via différents dispositifs, le gouvernement veut inciter les couches sociales les plus aisées à cotiser dans des systèmes de retraites complémentaires privés, tandis que la retraite de la grande majorité des travailleurs qui n’y auront pas accès sera sans cesse réduite.

    Alors que le projet de loi apparaît de plus en plus pour ce qu’il est, un coup de force contre les travailleurs rejeté par l’opinion, le fait que le gouvernement ait pu déposer le projet de loi dans les délais prévu, malgré les grèves et les manifestations, tient au rôle traître joué par les syndicats. Ceux-ci ont participé sans faiblir pendant deux ans à l’imposture des négociations avec Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire à la Réforme des retraites, selon un mécanisme bien rodé qu’ils ont également suivi pour tous les autres projets de casse sociale du gouvernement.

    La décision des appareils syndicaux de négocier la réforme des retraites est réactionnaire et régressive, car il n’y a rien à négocier avec le gouvernement.
    Le premier ministre a indiqué que les mesures proposées étaient non négociables, avec trois milliards d’euros d’économies à faire dès 2022, augmentées par palier à 12 milliards en 2027 pour préparer les mesures d’austérité encore plus drastiques qui prévaudront avec la retraite à point. Il a clairement expliqué que dans la négociation les syndicats pourront « choisir » entre porter la retraite à 64 ans ou sabrer dans le montant des retraites. Cela n’a pas dissuadé les syndicats de venir négocier.

    Les fédérations syndicales oeuvrent contre leurs propres bases

    La décision des centrales syndicales de négocier la casse des acquis sociaux est significative, car la réforme de Macron vise en particulier leurs propres bases : les travailleurs du secteur public. Le gouvernement a promis un âge de départ spécifique dérogatoire pour les militaires et les policiers, qui sont devenus les piliers du régime pour attaquer les manifestants. En général, par contre, la réforme appauvrit les fonctionnaires, un des objectifs essentiels de la réforme étant de débarrasser l’État de la gestion de leurs retraites.

  • Pour redorer son blason de syndicalisme, l’UNSA appelle à un "lundi noir" dans le métro et le RER le 17 février !!! Ce syndicat favorable en réalité aux retraites par capitalisation fait semblant de suivre le mécontentement des agents pour mieux empêcher leur auto-organisation !

  • C’est seulement maintenant que les syndicats universitaires se mobilisent vraiment contre la réforme des retraites. Ils ont attendu que le mouvement s’étale dans les transports !!!

  • Le choix du 17 février par L’UNSA RATP a pour but de souligner le corporatisme RATP puisque l’intersyndicale elle appelle à une journée d’inaction le 20 février !!! Et dans les hôpitaux, c’est le 14 février !!! Notons qu’à France 3, l’intersyndicale appelle à une journée de grève le 26 février !!!

    Tout cela malgré l’inefficacité du corporatisme et des journées d’inaction ainsi que les belles déclarations de grève générale interprofessionnelles !

    Le corporatisme se remarque aussi par le fait que les syndicats acceptent de négocier profession par profession, ayant ainsi obtenu des améliorations du projet uniquement pour SNCF et RATP en lâchant tous les autres salariés dans de telles accords dans le dos des grévistes !!! Lire ici

    A bas les trahisons corporatistes et négociatrices des syndicats !!!

  • Non seulement les dirigeants des confédérations syndicales (CFDT, CGT, Solidaires, FO, UNSA, FSU, CFTC, CFE) ont toujours accepté de négocier le plan contre les retraites, ce qui explique qu’ils ont refusé d’appeler tous les travailleurs à la grève générale pour vaincre le gouvernement, mais aussi parce que les bureaucrates syndicaux de l’UNSA et de la CGT, en particulier à la RATP et à la SNCF, ont empêché la constitution de comités de grève élus et mandatés par les AG, empêchant ainsi les grévistes de contrôler leur mouvement et de constituer ainsi un point d’appui considérable pour la grève générale. L’intersyndicale (CGT, Solidaires, FO, FSU, CFE) a décrété d’autres journées d’action, les 10 et 17 décembre, sans jamais appeler à la grève générale, mais à de multiples actions diverses et variées, « temps forts », coupures partielles d’électricité, etc.

  • Le PCF, le PCRF, LFI, le NPA, LO, le POI, le POID, la FCL…, qui font partie des appareils des syndicats, ont tous déclaré que « si les journées d’action ne suffisaient pas », il fallait donc les « compléter avec les grèves reconductibles » à la base, s’ingéniant à opposer à la grève générale des formules caoutchouc comme « préparons la riposte générale » (LO), « généraliser la grève reconductible » (NPA et FCL), tout en couvrant intégralement les journées d’action décidées par les bureaucraties syndicales contre à la grève générale et sans dire un seul mot de la nécessité d’imposer aux directions syndicales la rupture des négociations ! Ils ont parfois fait taire les travailleurs qui réclamaient la grève générale dans les AG et dans les syndicats.

    Certains d’entre eux ont participé aux « actions coup de poing » des directions syndicales CGT et SUD, bloquant de l’extérieur, sans qu’il y ait grève à l’intérieur, des établissements ou s’en prenant à la CFDT. Jamais avec l’objectif de bloquer toute l’économie capitaliste, de prendre la bourgeoisie française à la gorge, ce que seule la grève générale permettait. Pour diviser les travailleurs entre eux et pour épuiser les plus combattifs.

  • Aujourd’hui, alors que le mouvement reflue, les syndicats, et notamment la CGT, appellent à l’“extension”. Ils organisent des actions minoritaires complètement stériles comme les retraites aux flambeaux, et la grève des éboueurs pour rendre impopulaire notre mouvement. Les centrales syndicales les plus “radicales” et “jusqu’au boutistes” cherchent ainsi à épuiser notre combativité et à pourrir le mouvement pour nous conduire à la défaite. Les manifestations qu’ils continuent à organiser depuis que les cheminots ont repris le travail après presque 2 mois de grève, et alors que nous sommes de moins en moins nombreux dans la rue, visent justement à épuiser ceux qui veulent aller jusqu’au retrait de la réforme. Mais il ne faut pas se faire d’illusion : le gouvernement ne reculera pas et les dirigeants syndicaux (et autres “partenaires sociaux” du gouvernement) le savent pertinemment.

    Pourquoi ? Parce que les syndicats se sont bien gardés d’appeler tous les travailleurs de toutes les entreprises et tous les secteurs à descendre massivement dans la rue (comme c’était le cas en Mai 1968 ou la grève massive de 9 millions de travailleurs avaient obligé le gouvernement à augmenter le SMIC de 20 %). Dans de nombreux secteurs et entreprises, les syndicats ont joué leur rôle habituel de “pompiers sociaux”.

  • Demander seulement le retrait de la réforme des retraites, c’était déjà trahir !

    Trahir les chômeurs, trahir les hôpitaux, trahir les services publics privatisés, trahir les aides sociales, trahir les sans logis, trahir les précaires...

  • Qui écrivait :

    « Le simple fait de demander au patron davantage de droits syndicaux et de demander à l’État de les garantir marque indubitablement un esprit de collaboration de classe… Si le syndicalisme s’éloigne de plus en plus de la lutte de classe, la lutte de classe passera de moins en moins par les syndicats. Mais la lutte de classe n’en existera pas moins tant que subsistera l’exploitation de l’homme par l’homme. »

    Eh bien c’était Lutte ouvrière, mais sa version 1963

  • « Ils (les syndicats) ne doivent pas oublier qu’ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu’ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu’ils n’appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. »

    Karl Marx
    dans un rapport sur les syndicats pour le Conseil Général de la Première Internationale

  • L’intersyndicale appelle à une nouvelle journée d’action-retraites le... 31 mars. Elle aurait aussi bien pu appeler à cette... inaction le 1er avril !!!!

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