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La menace fasciste, ce n’est pas seulement en Allemagne et pas seulement l’extrême droite : c’est un virus capitaliste

samedi 22 février 2020, par Robert Paris

La menace fasciste, ce n’est pas seulement en Allemagne et pas seulement l’extrême droite : c’est un virus capitaliste

L’Allemagne a été la cible d’une série d’attentats ! Trois attentats en l’espace de neuf mois – auxquels s’ajoute l’attentat, déjoué, qu’un groupe d’extrême droite interpellé la semaine dernière projetait de commettre. Ce Groupe S, dont le chef est installé à Augsbourg [en Bavière], avait lui aussi prévu de pénétrer dans des mosquées pour y assassiner des fidèles au moment de la prière. A Hanau, Halle, Cassel et Augsbourg, la cible était toujours la même : les gens à la peau plus sombre et aux cheveux noirs présentés comme inférieurs et représentant soi-disant un danger par des allemands fanatisés affirmant que "le peuple allemand est mort" et que ces attaques visent à le ressusciter.

Ce n’est pas seulement en Allemagne que se multiplient les attaques racistes et fascistes mais aussi en Angleterre, avec notamment un homme poignardé dans une mosquée à Londres, en Norvège avec l’attaque armée d’une mosquée, en Nouvelle Zélande avec l’assassinat de 49 personnes à Christchurch, aux USA avec plusieurs attaques suprémacistes blanches et d’innombrables crimes racistes de la police, et dans toute l’Europe, en particulier en Europe de l’Est.

Eh oui, avec le nouvel effondrement de la société capitaliste, les bandes fascistes reviennent, recommencent à parader, recommencent à agresser, recommencent à tuer, et les faux antifascistes défenseurs de la société bourgeoise recommencent à prétendre que celle-ci permettrait de nous défendre contre les risques fascistes ! Mais ce n’est pas ceux qui défendent véritablement les intérêts prolétariens que cela peut étonner car c’est facile à comprendre : les classes possédantes ne connaissent rien d’autre, en période de crise aigue de leur système d’exploitation, pour les défendre contre la révolution sociale que la contre-révolution dont le fascisme n’est qu’un des outils !

De très nombreux actes violents des fascistes ont été relevés en Allemagne où les bandes d’extrême droite pullulent, où les voix des fascistes aux élections grandissent, où les élus des droite pactisent avec l’extrême droite pour accéder au pouvoir, où tous les services de renseignement, d’antiterrorisme, d’espionnage, de l’armée et de la police sont gangrénés par le fascisme. Rien n’est fait par l’appareil d’Etat de la bourgeoisie pour les combattre et pour cause : la classe dirigeante veut seulement les utiliser pour contraindre les travailleurs à se diviser, pour combattre la lutte des classes montante, pour pousser les chômeurs dans les rangs des nazis et lutter ainsi contre les risques du communisme. C’est exactement pour les mêmes raisons que, dans les années 1930 face à une crise capitaliste aigue, les classes dirigeantes avaient mené la même politique de favoriser la montée fasciste. Et toutes les forces politiques et sociales de la bourgeoisie, en Allemagne comme dans le monde, avaient contribué à cette catastrophe. On a tendance à « oublier » de nos jours que toutes les capitales occidentales souhaitaient la victoire du nazisme, pensant que l’autre alternative était la victoire des ouvriers communistes !

Car le fascisme, ce n’est pas seulement une extrême droite qui s’en revendique ouvertement. Quand le nazisme est arrivé au pouvoir en janvier 1933, rappelons-le, ce n’est pas par les élections (les nazis étaient en recul massif), mais ce n’est pas non plus par la force de ses bandes armées renversant l’Etat classique, dit « démocratie de Weimar », mais avec l’assentiment général de ce dernier, avec celui des principaux partis bourgeois dont le Zentrum, la droite nationaliste classique, l’Etat-major de l’armée et la grande bourgeoisie capitaliste non affiliée au parti nazi. Il n’y a pas eu l’ombre d’une résistance de l’appareil d’Etat bourgeois « démocratique » contre le fascisme, ni en Allemagne, ni en Italie, ni en Espagne, ni au Chili, ni au Rwanda, ni nulle part au monde, à aucune époque.

Certains commentateurs soi-disant avisés, prétendent que le danger de l’extrême droite serait surestimé dans les « démocraties occidentales » où l’expérience du nazisme et du fascisme ont été suffisantes pour en tirer les leçons, que les institutions bourgeoises sont dorénavant une garantie ainsi que l’existence de puissantes opinions publiques. Balivernes ! Il suffit d’entendre le discours des hommes politiques de la droite au centre et même à la gauche pour savoir que les mensonges racistes et fascistes sont désormais du domaine des déclarations de tous les jours. De Rachida Dati à Macron en passant par Le Pen le démontrent en France tout autant qu’aux USA, de Trump à Biden, sans parler des dirigeants anglais ou allemands, ne cessent de présenter les migrants comme des boucs émissaires comme autrefois les Juifs, en prennent prétexte pour accuser ces migrants de tous les maux, du terrorisme comme de la violence montante, s’appuient là-dessus pour aggraver fortement la répression policière, sociale et politique, prenant des mesures du même type que celles qui ont mené insensiblement de la « démocratie allemande » au « Grand Reich » allemand.

Bien sûr, nombre de chefs d’Etat, des Macron aux Merkel et autres Johnson, même Trump, prétenderont qu’ils combattent le racisme et le fascisme. Mais tous leurs discours démagogiques contre les migrants, contre les musulmans, contre les fonctionnaires, contre les travailleurs, contre les chômeurs, contre les femmes, etc., font tous les jours le jeu de la propagande fasciste.

Même les partis, associations et syndicats réformistes jouent le même jeu que celui qu’ils ont joué dans la prétendue « démocratie » allemande, c’est-à-dire de faire croire que l’Etat capitaliste est chargé de préserver la démocratie contre le fascisme, que ce n’est pas la classe ouvrière qui la défend par sa mobilisation et son organisation, que c’est la réforme qui éviterait en même temps révolution et contre-révolution en une temps de crise aigue de la société capitaliste où il n’y a plus que ces deux alternatives. Et c’est ainsi que, dans un moment crucial, les réformistes musellent les travailleurs, les chômeurs et les milieux populaires, laissent leurs ennemis mortels les diviser et les attaquer.

Il est crucial d’établir le lien entre la montée du fascisme et le dévoiement des luttes de classes par les réformistes. Les premiers frappent où les derniers endorment : partage des tâches particulièrement efficace contre le prolétariat révolutionnaire !

A l’inverse, on a vu maintes fois au cours de l’histoire qu’en pleine montée révolutionnaire du prolétariat, les fascistes sont muselés, les capitalistes eux-mêmes ne voulant surtout pas qu’ils jettent de l’huile sur le feu quand les travailleurs se mobilisent et s’organisent. On l’a vu en juin 1936 en France, on l’a vu aussi lors de la montée de la lutte des gilets jaunes toujours en France. Plus les réformistes ont eu la direction des luttes, plus les fascistes ont été offensifs, comme on l’a vue en Italie, en Allemagne ou en Espagne, comme au Chili ou au Rwanda. Ce n’est que lorsque les réformistes ont la mainmise sur les mouvements que les fascistes ont les coudées franches pour attaquer.

Compter sur les réformistes, c’est comme compter sur l’Etat capitaliste pour lutter contre le fascisme alors que ce dernier n’est rien d’autre que l’une des politiques possibles de la bourgeoisie, même si celle-ci mène finalement à casser un certain nombre de pratiques et de structures établies dans la société dite « démocratique ».

La nécessité dans une société capitaliste en crise des méthodes fascistes provient directement du fait que les classes possédantes ne peuvent, par les moyens classiques, faire face au soulèvement des exploités. On a bien vu les méthodes de répression violente utilisées contre les gilets jaunes en France. Il suffit d’imaginer que le mouvement des gilets jaunes ait gagné toute la classe ouvrière, ou au moins un grand nombre de grandes entreprises et ces forces seraient complètement insuffisantes pour faire face au soulèvement prolétarien ! D’où la nécessité des bandes fascistes et de leurs méthodes « parallèles » à celles des forces de répression de la police et de l’armée.

Sur le plan social et politique, il en va de même : les anciennes méthodes « démocratiques » sont dépassées dès que la lutte des classes menace de devenir révolutionnaire, c’est-à-dire de remettre en cause les fondements mêmes de la dictature capitaliste.

Il n’y a pas dès lors d’autre moyen de combattre et d’écraser le fascisme que celles qui consistent à combattre et à écraser les forces politiques et sociales de la grande bourgeoisie. Ces forces-là, ce sont le prolétariat révolutionnaire, ce sont les femmes révolutionnaires, c’est la jeunesse révolutionnaire, ce sont les chômeurs révolutionnaires alliés à tous les éléments de la société qui n’en peuvent plus de la dictature sociale et politique capitaliste. Pour ces forces-là, pas question de s’appuyer sur les institutions bourgeoises, il faut les renverser. Pas question de s’appuyer sur les réformistes, il faut contester leur rôle de direction des couches populaires. Pas question de pactiser socialement et politiquement avec le réformisme, il faut le combattre partout.

Il ne s’agit pas de rejeter de but en blanc les masses qui sont encore liées aux réformistes mais de les gagner en leur démontrant point par point et pied à pied que leurs dirigeants les trompent. Ils les trompent y compris quand ils risquent leur propre vie, l’avenir de leurs organisations, en muselant les travailleurs, en les empêchent de s’organiser par eux-mêmes, en détournant toutes leurs tentatives de s’en prendre au grand capital.

La lutte contre le réformisme n’est pas séparable de la lutte contre le fascisme, ni cette dernière de la lutte pour renverser le monde capitaliste complètement pourri et qui ne pourra jamais être réformé par quiconque.

Quand le fascisme devient une menace, c’est parce que les classes possédantes estiment que la révolution prolétarienne est une menace. Les travailleurs doivent savoir qu’ils sont estimés ainsi par les classes possédantes. Ils doivent savoir qu’il ne leur suffira pas dès lors de prétendre, comme le font les réformistes, qu’ils veulent juste conserver quelques acquis. Ils doivent savoir qu’une lutte à mort commence et qu’il n’y aura pas de pitié pour les vaincus.

Les capitalistes savent parfaitement que la révolution prolétarienne ne leur laissera ni leur pouvoir ni leurs richesses. Les travailleurs doivent savoir que ce n’est pas seulement en Allemagne que les classes possédantes sont capables de déclencher la barbarie des camps de la mort pour écraser les travailleurs ! On ne rappellera jamais assez que les camps d’extermination ont été fondés non contre les Juifs et les Tziganes mais contre les travailleurs, les syndicalistes et les militants ouvriers, ainsi que tous les travailleurs combatifs !

Les attaques fascistes actuelles dans le monde sonnent l’alarme. Elles doivent rappeler à la classe ouvrière mondiale qu’elle ne peut pas échapper à sa tâche historique : fonder une société nouvelle débarrassée de l’exploitation de l’homme.

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