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Le nouveau despotisme occidental high-tech

mardi 5 mai 2020, par Mesloub Khider

LE NOUVEAU DESPOTISME OCCIDENTAL HIGH-TECH

“Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent.” George Orwell.

“Le despotisme anonyme d’une oligarchie est quelquefois aussi effroyable et plus difficile à renverser que le pouvoir personnel aux mains d’un bandit.” De Arthur Arnould.

Les attentats du 11 septembre 2001 avaient constitué le prétexte à la mise en œuvre des nouvelles reconfigurations politiques et géostratégiques impulsées par l’hyperpuissance américaine. Sur fond de sidération mondiale suscitée par la psychose généralisée, dès le lendemain des attentats, les autorités américaines avaient déployé promptement leur stratégie machiavélique : mobilisation de la population derrière l’état de guerre, renforcement de l’appareil répressif de l’Etat, réaffirmation de la puissance de l’Amérique matérialisée par une politique interventionniste impérialiste tous azimuts, opéré au nom de la lutte antiterroriste. En effet, immédiatement après les attentats du 11 septembre, les instances politiques et médiatiques américaines ont été embrigadées pour enrôler la population dans les entreprises guerrières impérialistes. Tous les pays stratégiques du Tiers-monde étaient susceptibles d’être envahis, toutes les nations économiquement concurrentes torpillées, toutes les puissances militaires potentiellement rivales circonscrites.

Dans le même temps, au niveau national, en un temps record, l’appareil politique a mis en œuvre ses plans de durcissement de la machine judiciaire et policière répressive, sa nouvelle législation sécuritaire liberticide. Du jour au lendemain, la crise terroriste a servi de prétexte à l’aggravation de la récession économique et au démantèlement des budgets des programmes sociaux. Tous les fonds étaient désormais alloués à l’effort de guerre impérialiste et à la sécurité nationale. La promptitude avec laquelle ces mesures ont été adoptées révèle qu’elles avaient été ficelées depuis longtemps, préparées et planifiées par les cercles restreints opaques américains.

Sur le plan international, le dessein réel de la guerre n’était pas tant l’anéantissement du terrorisme que la réaffirmation de la domination militaire américaine sur tout le globe, implanté au lendemain de l’effondrement du bloc impérialiste rival soviétique. Durant deux décennies, les Etats-Unis ont ainsi mené plusieurs opérations militaires d’envergure : contre l’Irak, l’Afghanistan, la Serbie, le réseau Al Qaïda. Dans chacune de ses interventions impérialistes, les Etats-Unis avaient contraint leurs alliés, telles la France, la Grande Bretagne, l’Allemagne, à s’enrôler sous le drapeau américain ; l’ensemble des pays du monde à se plier au calendrier géostratégique étasunien, à s’incliner devant la volonté de l’Oncle Sam, à se soumettre devant les intérêts de la grande puissance victorieuse de la Guerre froide.

Cependant, ces dernières années, le terrorisme étant devenu inopérant en matière de manipulation idéologique, pour avoir épuisé toutes ses potentialités de dévoiement politique, les classes dominantes occidentales se sont résolues à s’offrir un autre ferment terrorisant, le coronavirus, pour passer à un degré supérieur en matière de gouvernance par la manipulation et la terreur, exercée dans le cadre du nouvel ordre mondial chaotique menacé d’éclatement sous l’effet de la récession économique.

À l’évidence, le Covid-19 signe l’entrée des Etats occidentaux, en particulier, et des pays du Tiers-monde, en générale, dans l’ère du despotisme, autrement dit de l’extinction de la « démocratie » représentative. Désormais, toute la planète, depuis le simple village jusqu’à la grande mégalopole en passant par toutes les « maisons », sont soumis aux lois d’exception, à l’état de siège, au couvre-feu. À la dictature du confinement. Au confinement de la démocratie.

Au nom de la lutte contre le virus, l’ensemble des Etats du monde, dans une action concertée, ont décrété des mesures de confinement pénitentiaire. Le coronavirus devient le catalyseur de l’aggiornamento planétaire et l’agent dérivatif de divertissement de la foule mondiale plongée dans la psychose généralisée, orchestrée par les médias inféodés.

De toute évidence, à la faveur de la pandémie du Covid-19 à la gestion sanitaire délibérément calamiteuse, le monde occidental a basculé de la démocratie formelle au despotisme réel. Que le contexte viral soit l’œuvre de la nature ou d’une main invisible d’un laboratoire, importe peu. Assurément, le virus existe. Les Etats s’en servent comme arme de terrorisation et de neutralisation des populations, aujourd’hui condamnées au confinement pour les soigner de leur « maladive propension subversive », ces dernières années très virulente. Ainsi, le virus aura permis d’appliquer diligemment et intelligemment la stratégie de confinement, cette forme d’internement carcéral de la population mondiale, prémices à la militarisation de la société et à l’enrégimentement soldatesque.

Toutes les classes dirigeantes ont entrevu l’opportunité offerte par le virus, notamment la possibilité d’étriller les vétustes Constitutions, les libérales règles politiques et les lois sociales protectrices, devenues des entraves à la nouvelle gouvernance despotique dictée par la situation de crise économique systémique mondiale, vectrice de menaces d’explosions sociales.

De manière générale, en période de crise instrumentalisée avec cynisme par les classes dominantes, l’état de nécessité exonère toutes les transgressions juridiques, toutes les illégalités politiques, toutes les violations des libertés, tous les viols sociaux de la population, perpétrés par l’État. Aujourd’hui, à la faveur de la crise sanitaire du Covid-19 au nom du prétendu sauvetage de la santé de la population, les gouvernants mutilent tous les droits politiques et sociaux de cette même population.

Incontestablement, le monde est entré dans l’ère de la gouvernance par la terreur, devenue l’unique arme d’administration totalitaire indispensable aux classes possédantes dans cette période de récession économique travaillée par la résurgence de la lutte des classes. En tout état de cause, la promptitude avec laquelle l’ensemble des États ont mis en œuvre leur stratégie contre-insurrectionnelle matérialisée par les mesures de confinement et d’état de siège, révèle les intentions réelles de cette guerre sanitaire, menée non pas contre le virus mais contre toutes les réglementations politiques et sociales libres, contre toutes les institutions sociales et législations protectrices encore en vigueur, en un mot contre les peuples.

Quoi qu’il en soit, si la pandémie finira par s’éteindre, en revanche toutes les lois liberticides et antisociales votées à l’occasion de cette crise sanitaire du Covid-19 s’implanteront définitivement dans le paysage politique et social de la société. Sans conteste, le Covid-19 aura été le prétexte à l’instauration d’une guerre contre-insurrectionnelle, menée par les Etats pour tenter de contenir les tempêtes subversives sociales provoquées par la récession économique. Au nom de la lutte contre le virus, il s’agit en vrai d’une guerre de classe contre l’ensemble des peuples, contre les travailleurs, leurs droits, leurs institutions, leurs protections sociales, mis en place depuis plus d’un siècle. Il s’agit ni plus ni moins d’un retour au despotisme absolu d’avant la « Révolution française », d’une volonté de démantèlement de toutes les règles de gouvernement démocratiques bourgeoises devenues inopérantes pour contenir la guerre de classe en germination, en fermentation.

Ainsi, nous vivons la fin d’un monde capitaliste, celui de la démocratie bourgeoise avec ses Parlements, ses Droits, ses pouvoirs et contre-pouvoirs désormais superflus car, désormais, les lois et les mesures despotiques sont dictées directement par le Pouvoir Exécutif, sans être ratifiées par les Parlements. Nous assistons à la fin de la souveraineté du pouvoir judiciaire désormais dépouillé de son apparente et illusoire indépendance, à la mort de la liberté d’expression et de la presse, illustrée par la disparition des fonctions de contrepoids correctif démocratiques défendues par des instances de régulation libres, désormais menacées de disparition car encombrantes en période de guerre de classe. Cela dévoile également le caractère illusoire de la démocratie bourgeoise. En effet, la démocratie est la feuille de vigne derrière laquelle se dissimule la dictature du capital. Dans l’histoire, Démocratie et Dictature, deux modes de régulation politique au sein du même mode production capitaliste, se succèdent alternativement, au sein du même Etat, au gré des conjonctures économiques et sociales.

La stratégie de réponse à la pandémie est avant tout une stratégie de contre-insurrection, et elle ne tolère aucun contre-pouvoir, aucune opposition politique, aucune protestation sociale, aucune grève ouvrière, aucun parti révolutionnaire, aucun « citoyen » subversif, aucune voix dissonante, aucune urne électorale sinon l’urne funèbre des cadavres décimés par la répression ou la guerre.

De manière globale, d’un point de vue géostratégique, dans cette période marquée par des tensions commerciales exacerbées, pour l’Occident l’infléchissement vers le despotisme moderne est motivé par deux raisons capitales. D’une part, pour une raison endogène, autrement dit pour des motivations de sécurité intérieure. En effet, pour affronter l’inéluctable subversion intérieure prévisible, provoquée par la dépression économique, l’Occident blinde son Etat, caporalise sa gouvernance. D’autre part, pour une raison exogène, autrement dit pour des mobiles impérialistes. En effet, pour préparer l’imminente guerre extérieure contre le nouvel ennemi nommément désigné, en l’espèce le dragon économique chinois, l’Occident enrégimente sa population. Dans les deux cas, s’impose la militarisation de la société pour tout à la fois neutraliser et enrégimenter la population, pour transformer chaque « citoyen » en soldat dans la perspective de l’imminente conflagration militaire généralisée.

De toute évidence, à la faveur de la pandémie du coronavirus, la fragilité du monde actuel apparaît avec netteté. L’enjeu socioéconomique et politique est autrement plus dangereux que le coronavirus. In fine, le bilan sera plus dramatique après la crise sanitaire et le confinement. Le nombre de morts attendu sera autrement plus meurtrier que le virus, occasionnés à la fois par les famines et les guerres.
Dans un entretien accordé au journal Le Monde, Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française a déclaré : « Ma crainte, c’est que le monde d’après ressemble furieusement au monde d’avant, mais en pire ». Ce n’est pas une crainte, mais un souhait mal masqué, sans jeu de mot, dans cette période où les masques sont devenus l’enjeu de tensions interimpérialistes non voilées, et le prochain prétexte à une guerre ouverte entre l’Occident et la Chine, pour mettre main-basse sur ce nouvel Or, produit presque exclusivement en Chine, symbole de la puissance économique chinoise. Masques disputés par toutes les classes dirigeantes du monde pour couvrir leur honteuse et hideuse figure vérolée d’incurie criminelle, ostensiblement démontrée et exhibée depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19, et non pour protéger la population.

Quoi qu’il en soit, si un simple invisible virus microscopique aura réussi à précipiter toutes les populations du monde entier dans l’obéissance au nouveau despotisme high tech et dans la refondation politique chauviniste et belliqueuse, cela confirme qu’elles étaient déjà génétiquement disposées à la servitude volontaire, à l’embrigadement ordinaire, à la paupérisation séculaire, au sacrifice militaire, à la mort génocidaire. Ce sera la fin de tout espoir d’émancipation humaine. Le début de l’enfoncement dans une barbarie planétaire inter-minable.

“Essayez d’être libre : vous mourrez de faim. La société ne vous tolère que si vous êtes successivement serviles et despotiques.” Emil Michel Cioran.

Mesloub Khider

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