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Egypte : la première grève connue de l’Histoire
jeudi 15 juin 2023, par
Cet article intitulé "La première grève de l’Histoire, XII siècle, 1166 av. J.C." a été rédigé par le professeur Nelson Pierrotti [1]Professeur d’Histoire Antique I et II, à l’Université de Montevideo, en Uruguay.
La presse internationale nous a informé d’une nouvelle vague de grèves [2]Le mot "Grève", provient du latin populaire "grava", il a d’abord signifié plage ou berge. en Égypte, grèves pouvant être interprétées comme le symptôme d’une économie en voie de libéralisation. Seulement en 2006, le quotidien indépendant al-Masri al-Yom a recensé 222 cas attestant du renouveau du mouvement ouvrier, dont une grève d’une semaine au complexe industriel de Mahalla al-Kobra (Caire), impliquant quelques 10.000 travailleurs. Cette mobilisation a marqué le point de départ d’une vague de grèves, la plus grande dans le pays depuis les années 1940 selon les spécialistes. On pense que la première grève dans l’histoire de l’Egypte a eu lieu en 1897 contre la Société de tabac [3]Clément, Françoise. "Péripéties et vicissitudes de la libéralisation du marché du travail en Égypte", Égypte/Monde arabe, Première série, 20. 1994. En ligne : 08 juillet 2008, http://ema.revues.org/index522.html. Mais, les grèves ne sont pas nouvelles en Égypte. Elles remontent au temps de Ramsès III. A l’époque, l’économie industrielle n’existait pas, il n’y avait pas d’économie de marché. Les ouvriers avaient cependant déjà une conscience sociale [4]Pierrotti, N. “La primera huelga de la historia”. http://egiptomania.com/historia. L’Égypte a été le premier pays qui a connu une grève. Comment cela a-t-il été possible ? Était-ce une vraie grève ? Et quelles en ont été les conséquences ? Le « Papyrus de la Grève » relate des mouvements sociaux en Égypte. Ce document central est conservé au musée de Turin en Italie, et date de la XXème dynastie (1190-1080 av JC). Il a été rédigé par le scribe Amennakht qui rapporte les faits d’une grève à Deir el-Médineh (Haute-Égypte) [5]Deir el-Médineh, est le nom arabe d’un village de l’Égypte antique où résidait la confrérie des artisans chargés de construire les tombeaux et les temples funéraires des pharaons durant le Nouvel Empire. sous le règne de Ramsès III (1198 à 1166 a.J.C.) [6]Selon B. Redford, 1198-1166 ; selon A. Gardiner 1182-1151 et selon N. Grimal, 1186-1154., le dernier grand souverain du Nouvel Empire (Valvelle, 1985). Dans cet article, nous allons confronter en grande partie les différentes sources textuelles de cette époque.
La situation politique et économique de l’Egypte au tournant du XIIème siècle avant notre ère, est très instable. Le jeune roi Ramsés III dut enrayer de nouvelles tentatives d’invasion d’une large coalition conduite par les « peuples de la mer » et contenir deux tentatives d’invasion libyenne (Faucounau, 2003). En l’an 12 de son règne, le pharaon partit protéger ses possessions syriennes. Le pays connaîtra, à l’issue de cette période guerrière, une nouvelle ère de prospérité. Mais, peu à peu, des problèmes économiques remettent en question la prospérité de la Vallée. Qu’il y ait eu une crise économique, au sens moderne du terme, peut expliquer une partie des événements (Grandet, 1997). Pharaon doit remplacer ses vizirs. L’administration ne fonctionne plus bien. Mais Ramsès se rend responsable de la situation. Un complot visant à l’assassiner, tramé par Tiyi, seconde épouse royale, est même découvert [7]"Le harem n’est pas seulement un lieu de plaisir, mais également un lieu de pouvoir et d’éducation, où les maîtresses rivalisent d’adresse pour étendre leurs privilèges et essayer de placer leurs enfants à des postes importants". http://www.egypte-bd.com. C’est cette idée de décadence qui a conduit les égyptologues à voir dans l’épisode de la conspiration, l’aboutissement inéluctable du long règne de Ramsès III (Grimal, 1998).
La Vallée des Rois « la grande et majestueuse nécropole des millions d’années » est une région d’Égypte, située sur la rive occidentale du Nil, à la hauteur de Thèbes (Louxor)[8]La tombe de Thoutmosis I, fut la première tombe creusée dans le Vallée des Rois. A partir de Thoumosis III, la vallée s’imposa définitivement comme nécropole royale durant le Nouvel Empire.. Cette vallée était le lieu de sépulture pour les grandes épouses royales, princes et hauts fonctionnaires proches de la Cour du Nouvel Empire. Tous les ouvriers, artisans et des scribes chargés des travaux dans la tombe du pharaon, travaillaient à la nécropole royale de Deir el Médineh, avec leur famille (Donadoni, 1989). Tout semble indiquer que ces hommes ont joui d’un meilleur niveau de vie que leurs contemporains. Mais, la corruption dans l’administration affaiblissait l’économie du pays. Le système de travail fut peu à peu désarticulé engendrant des retards du gouvernement dans le paiement des ouvriers.
Des ouvriers, les « hommes de la tombe », comme on les appelait, obtinrent un accord avec les autorités devant lesquelles ils réclamaient de la nourriture, des boissons et des vêtements, et que leurs réclamations soient portées avec la plus grande urgence devant les hautes hiérarchies de l’État, le Premier ministre (Vizir [9]“Vizir”, bien que ce terme ne soit pas égyptien, il désigne aussi le premier magistrat, tjaty en égyptien, second personnage après le pharaon, dans l’Égypte antique.) et le Pharaon. Selon le Papyrus dénommé de la grève et d’après quelques ostraca trouvés à Deir el-Médineh (gardés dans les musées du Caire, de Berlin et d’autres villes), la grève a commencé le 10 du mois de Péret dans l’année 29 de Ramsès III à cause d’un retard de paiement par le Gouverneur de l’ouest de Thèbes.
Le développement :
Dans le Papyrus de la Grève rédigé par le scribe Amennakht, qui appartenait à l’équipe des travailleurs de la tombe de Ramsès III, un conflit se manifesta et crût, passant des plaintes initiales aux réclamation les plus véhémentes. Amennakht écrivit :
« An 29, deuxième mois de l’hiver, jour 10. En ce jour l’équipe a passa les cinq postes de contrôle de la nécropole en disant : "Nous avons faim ! 18 jours sont déjà passés dans ce mois", et les hommes allèrent s’asseoir à l’arrière du temple funéraire de Menkheperre (Thoutmosis III). »
La conciliation ayant échoué, les ouvriers continuèrent leur grève et en expliquèrent la raison :
« (…) Si nous en sommes arrivés à ce point, c’est à cause de la faim et de la soif ; il n’y a plus de vêtements, ni d’onguents, ni de poissons, ni de légumes ; écrivez au pharaon, notre bon seigneur, à ce propos, et écrivez au vizir, notre supérieur, pour que les provisions nous soient données ! ».
Les ouvriers avaient faim et la nourriture était de mauvaise qualité. La limite de tolérance de ces travailleurs primitifs avait été dépassée, raison pour laquelle ils prirent une décision historique : cesser de travailler et réclamer le paiement de leurs salaires [10]"(…) Ce qui lui a été donné pour la peinture du sarcophage : un vêtement tissé d’une valeur de 3 séniou un poids d’argent d’environ 7,6 grammes ; un sac d’une valeur de ½ sac de céréales ; 1 natte avec couverture, soit ½ séniou ; et un vase de bronze valant ½ séniou.". Les autorités accordèrent « les rations du premier mois de l’hiver » [11]Les salaires étaient versés sous forme de céréales.. Mais les greniers du pharaon étaient vides, le ravitaillement arriva avec difficulté et les grèves se renouvelèrent. La première grève de l’Histoire commençait.
Il est estimé qu’environ 120 ouvriers, divisés en deux équipes, vécurent dans plus de soixante-dix maisons avec leur épouse et des enfants. Les scribes du chantier de la nécropole font remarquer que ni le Trésor ni l’administration des greniers n´ont envoyé à Deir el Médina la nourriture pour les travailleurs. Il y avait des maçons, des tailleurs de pierres, des peintres, des graveurs de reliefs et des sculpteurs. Tout le travail était supervisé par le vizir qui visitait la zone dans quelques occasions (ou un délégué) pour inspecter les travaux. Les travailleurs étaient recrutés sur tout le territoire égyptien, où ils occupaient déjà une fonction au service des autorités. Nous savons que certains d’entre eux ont été maîtres de terres ou d’animaux. Les « hommes de la tombe » se rattachaient, grâce à leur travail, avec les personnalités de l’Égypte et certains d’entre eux traitaient directement avec le pharaon. Tout semble indiquer que ces hommes ont joui d’un meilleur niveau de vie que leurs contemporains (Parra, 1997).
Le salaire d’un jour de travail d’un travailleur de catégorie moyenne était de 10 miches de pain et une mesure de bière, et celui d’un artisan de plus haute catégorie pouvait arriver aux 500 miches de pain au mois, qu’ils pouvaient échanger par d’autres articles. Les contremaîtres et les scribes recevaient 72 sacs de céréales environ par mois et le reste des travailleurs 52 sacs. Mais ces rations nécessaires de nourriture n’arrivaient pas à temps, celles qui arrivaient, étaient d’une qualité mauvaise, et étaient manipulées par l’administrateur comme il est lu dans un ostracon :
« (…) Je communique à mon seigneur que je suis en train de travailler aux tombes des princes dont mon seigneur m’a chargé de la construction. Je suis en train de travailler. (...) Je ne suis absolument pas négligente. Je communique à mon seigneur que nous sommes complètement appauvris (...) Il nous est enlevé un sac et moyen de gorgée pour nous donner un sac et moyen d’ordures » [12]Le Caire, ostracon 25.533
Ainsi, le fait a été « multi-causal » : la situation économique générale, la croissance de la demande de biens de consommation, la corruption et la mauvaise administration amenèrent les ouvriers à se déclarer en grève et à occuper les bâtiments clefs de l’administration centrale. Après avoir analysé l’affaire plus attentivement, nous voyons que quand le lieu de travail a été abandonné les artisans égyptiens marchèrent dans une protestation générale vers les temples. Assumer cette décision impliquait beaucoup pour ceux-ci parce que cela constituait un vrai défi aux autorités. L’un des temples leur livra 50 pains, quantité évidemment insuffisante pour la multitude qu’ils étaient, et le jour suivant ils entrèrent par la force dans le temple et paralysèrent les activités, en faisant leurs réclamations que nous avons décrites au début de cet article.
L’intervention d’un scribe de l’équipe fut nécessaire. Il se dirigea vers le temple funéraire où le grain était stocké en exigeant les rations accaparées par les prêtres et les intermédiaires. Les trois contrôleurs et ses assistants demandèrent aux travailleurs de repartir vers l’enceinte de la nécropole en faisant :
« (...) De grandes promesses (...) : ’ Ils pourront venir, parce que nous avons la promesse du Pharaon ’ ils leur ont dit ».
Malgré la promesse, les artisans restèrent le jour entier campés derrière le temple et ce fut seulement au crépuscule qu’ils repartirent à la nécropole. Le deuxième et le troisième jour, ils envahirent l’enceinte sacrée qui entourait le temple funéraire de Ramsès II, le Ramesseum, en provoquant la fuite des gardiens, des policiers, et des experts-comptables, lesquels n’étaient pas entraîné à faire face à une telle foule. L’occupation du Rameseum semble avoir été plus efficace que les mesures antérieures, parce qu’il provoqua un changement dans l’attitude des fonctionnaires. Comme les grévistes le réclamaient les fonctionnaires les écoutèrent :
« (...) Nous en sommes arrivés là, à cause de la faim et de la soif, par le manque de vêtements, de poisson, de légumes. Écris à notre seigneur, le Pharaon, à ce sujet, écris aussi au gouverneur, qui est notre supérieur. Faites-le pour que nous puissions vivre ! »
Cela les conduisit à leur donner les rations du mois précédent. Mais évidemment, les ouvriers ne cessèrent pas de réclamer les rations du mois en cours. Réunis le jour suivant dans la « force de la nécropole », le quartier de soldats, ils obtinrent l’intervention du chef de police, "Mentmosés", qui leur fit la promesse d’aller avec eux jusqu’au temple de Touthmosis :
« (...) Regardez, je leur réponds : montez à vos maisons et reprenez vos affaires ; fermez les portes et apportez vos épouses et enfants. J’irai à votre tête au temple de Touthmosis et vous permettrai d’être là jusqu’à demain ».
Les promesses abondaient, mais le problème continuait. Les ouvriers campèrent alors dans le temple funéraire de Ramsès III, à Medinet Habou, durant tout un jour et une nuit en réclamant leur dû. Finalement, on leur livra les rations correspondantes aux mois passés. Les salaires envoyés, la situation revint au calme et les travailleurs réintégrèrent leurs travaux. La grève de trois jours avant porté ses fruits. Mais quinze jours après, ils recommencèrent à sortir des murs en réclamant devant les fonctionnaires de la nécropole :
« (...) Nous ne partirons pas. Dites à vos supérieurs, quand ils seront avec leurs accompagnateurs, que nous n’avons pas seulement brisé les murs à cause de la faim, mais nous avons à faire une accusation importante à formuler car des crimes sont commis dans ce lieu du Pharaon ».
Les protestations et les désordres recommencèrent quelques fois devant les promesses réitérées inaccomplies : une deuxième puis une troisième grève éclata, dans chaque cas ils obtinrent la paie aspirée. Mais les troubles ne finissaient pas car les paies recommençaient à se retarder. La nomination de Ta, "le Délégué de l’Équipe dans la Place de la Vérité" et le "Scribe de la Tombe", comme vizir de Haute et Basse Égypte (il avait la charge de veiller à la justice dans tous les domaines), produit des espoirs chez les travailleurs, car il était un homme ( « délégué »), issu de leurs rangs, donc étroitement lié à Deir el-Medineh. En jouant le rôle d’un accord commun, ils stoppèrent leurs activités lors de la visite du vizir Ta (Valvelle, 1985). Cela donna l’espoir de voir la situation résolue et d’un fait permis que les ouvriers obtinrent la remise des rations complètes leur étant dues, mais en contre partie on leur ordonna de ne plus recommencer à se déclarer en grève, sous peine d’être sévèrement puni en cas de désobéissance. Ta envoya un employé avec ce message pour les agents de la nécropole :
« (…) Quand il faudra quelque chose, je ne cesserai pas de les lui apporter. Et à propos de ce qu’ils me disent : ’Tu ne portes pas nos rations !’ : Comment ! Je suis le Vizir, qui donne et qui n’enlève pas (...) s’il arrivait qu’il n’y ait rien dans la grange, même, je leur donnerai ce que je peux trouver ».
La menace semble avoir eu un effet momentané. Mais un retard dans l’approvisionnement des aliments onze jours après la visite de Ta, incita les travailleurs à passer outre sa consigne : « nous avons faim ! » devant lequel le maire de Thèbes leur fournit cinquante sacs du blé comme avance de leur paie. En attendant, ils étaient campés derrière le temple de Merenptah. Le maire leur promit d’alléger la situation :
« (...) Regardez, je leur donnerai ces cinquante sacs de grain pour qu’ils vivent jusqu’à ce que le Pharaon leur donne leurs rations ».
Mais ce soutien des autorités ne dura pas. Pour approfondir les problèmes, le vizir Ta s’absenta dans le Delta avec le motif de la « Fête Sed », ce qui conduisit à un nouveau retard de paiement. Plus tard, Ta semble avoir été impliqué dans un complot contre le vieux pharaon, Ramsès III. Bien que l’issue de cet épisode soit connue, certains chercheurs ont constaté qu’à partir de ce moment commencèrent les vols dans les tombeaux royaux et privés, tels que consignés dans un papyrus datant d’après cet événement :
« An 16, jour 22 du troisième mois de l’inondation (...) Interrogatoire des hommes trouvés en train de violer les tombes de Thèbes ; accusations formulées par le maire de Thèbes et le Chef de Police à la grande et noble tombe de millions d’année du pharaon (...) Il est possible que du fait que la situation générale ne s’améliore pas pour les générations de travailleurs, sous les successeurs de Ramsès III, les artisans se décident à piller les tombes, et personne mieux qu’eux ne seront efficaces pour cette tâche, parce qu’ils les ont bâties ».
Signification :
Cette première grève est sans précédent dans l’histoire du travail et de l’organisation ouvrière, dans Égypte et dans le monde. On peut affirmer que pour la première fois dans l’Histoire, les travailleurs réussirent à se faire écouter par l’intermédiaire de la paralysie de leurs activités, en luttant pour leur salaire. Il n’y avait pas de révolution industrielle en Égypte. Le capitalisme et le machinisme n’existaient pas encore. Selon Carl Marx les grèves ne peuvent pas exister dans une société qui n’est pas industrielle et capitaliste [13] Comparé avec Marx, Karl (1847) “La miseria de la filosofía”, pp. 114-123. México. Siglo XXI.. Cependant, dans une Égypte étatique et centralisée, il y eut une organisation ouvrière et des grèves. Tout ceci nous montre ce qui pouvait se passer lorsque le système de redistribution de biens par l’Etat était perturbé (Pierrotti, 2006).
Il reste encore la question du principe : y a-t-il eut une véritable grève ? Pouvons-nous utiliser le concept de grève pour cette époque ? N’est-ce pas un anachronisme ? Comment définissons-nous aujourd’hui le terme grève ? Par ce mot, on comprend la cessation collective et volontaire d’activités par un groupe de travailleurs afin d’imposer l’acceptation de certaines conditions à ses patrons. Ces conditions s’accordent-elles au conflit des ouvriers de Ramsès III ? Il n’y a pas doute qu’il y eut une cessation d’activités concertée et collective, puisque y participèrent simultanément tous les travailleurs et leurs chefs. Le retard considérable de paiement semble avoir également attisé la colère et l’agitation dans la communauté des travailleurs (Grandet, 1997).
Les ouvriers paralysèrent leurs activités toutes les fois qu’il cela fut nécessaire, en cherchant à faire prendre conscience aux autorités des questions sur les retards de paiement et la corruption des administrateurs. Aussi, les travailleurs révélèrent d’autres irrégularités comme certains délits contre les dieux, mais nous n’en savons pas plus sur ce sujet. En outre, pour appuyer leurs réclamations, ils utilisèrent une nouvelle arme politique : des accusations dirigées contre les auditeurs, d’être en train de tromper le pharaon lui-même et le vizir, et ils les menaçaient de les dénoncer devant les autorités.
Les travailleurs protestèrent contre l’irrégularité, en s’asseyant devant les portes des temples, ils occupèrent les édifices, mesures qui eut des résultats efficaces, à la façon d’un moderne « sit-in » pour donner du poids à leurs revendications. La pression et les occupations remportèrent les effets escomptés, mais la situation n’alla pas beaucoup mieux. Si toutes ces caractéristiques ne définissent pas le conflit égyptien comme une grève : Comment pouvons-nous le définir ? Bien sûr, nous ne savons pas à quel moment les ouvriers commencèrent à s’organiser, en raison de l’absence d’information. Toutefois, il est évident qu’il y eut une coordination et un accord entre les ouvriers tout au long de ces années. C’est un argument en faveur duquel les travailleurs égyptiens avaient une conscience de groupe. Quand les salaires arrivèrent, le calme revint pour un temps. Cependant, les événements se répétèrent. À nouveau, cela provoqua la grève. Quels effets engendra la première grève à long terme ? Après que ce moyen de lutte fut découvert, on l’utilisa de plus en plus au cours de l’Histoire égyptienne. De cette façon, les grèves ont continué en Égypte jusqu’à la fin de la XX dynastie, sous le règne de Ramsès XI, époque à laquelle la Vallée des Rois fut définitivement abandonnée comme lieu de sépulture royale, à cause et suite à la crise de l’État et des invasions libyennes. Nous ne pouvons cependant pas affirmer que ces premières grèves influèrent sur celles de 1898, 1940, 2006-2008, ou sur celles réalisées en Grèce antique ou à l’Époque Contemporaine. Mais c’est l’antécédent historique le plus ancien de la lutte ouvrière, chose qui ne doit pas être oubliée.
Lire aussi :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_des_ouvriers_de_Deir-el-Medineh
https://www.courrierinternational.com/article/histoire-la-toute-premiere-greve
https://dailygeekshow.com/premiere-greve-egypte/
https://www.gauchemip.org/spip.php?article4265
https://histoire-et-civilisations-anciennes.blog/la-greve-des-ouvriers-de-la-place-de-verite