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Maurice Thorez en 1945-1947 : un dirigeant « ouvrier » au service de la bourgeoisie
mercredi 19 juin 2024, par
Maurice Thorez en 1945-1947 : un dirigeant « ouvrier » au service de la bourgeoisie
REPONSE, EN SEPTEMBRE 1945, DE LA « LUTTE DE CLASSES » (BARTA) AU
« PRODUIRE D’ABORD, REVENDIQUER ENSUITE » du MINISTRE ET DIRIGEANT DU PCF MAURICE THOREZ :
« Même si l’ouvrier courbe entièrement l’échine, l’économie capitaliste ne peut même plus revenir à son niveau d’avant-guerre. Sur le revenu national pèsent, outre les bénéfices capitalistes, les dépenses parasitaires de l’Etat, pour l’armée, pour l’immense bureaucratie de deux millions de fonctionnaires, pour la police, officielle et secrète, pour les groupements paramilitaires, etc. Mais la population, elle, vit et continuera à vivre misérablement (comme en Allemagne ou en Italie après l’autre guerre). En fin de compte la « réanimation » de l’industrie ne ferait que déclencher au bout de peu de temps tous les anciens maux que les ouvriers connaissent : la crise dite de « surproduction » (l’impuissance des producteurs d’acheter ce qu’ils ont produit), par suite le chômage, la paupérisation, la ruine des « classes moyennes », et pour finir de nouvelles guerres.
LA BATAILLE DE LA PRODUCTION... CONTRE LES OUVRIERS
Devant le marasme de l’économie toutes les voix "autorisées" ne découvrent qu’un seul remède pour en sortir : l’intensification de l’effort de production de la part des ouvriers et des paysans.
Quelle est l’attitude des dirigeants ouvriers dans cette question décisive ?
Depuis un certain temps, le P.C.F. mène une campagne acharnée devant le public ouvrier avec le thème suivant : "le seul devoir des ouvriers, c’est de produire". Le 22 juillet à Waziers, Thorez a reproché aux mineurs leurs "efforts insuffisants", il s’est élevé contre la "crise de moralité", contre la "paresse" et la "tiédeur". Le 14 août, il rappelait à l’intention des ouvriers et des paysans que "tout citoyen oisif est un fripon".
On avait l’habitude d’entendre ces paroles de la part des curés et des contremaîtres, mais non de la part des chefs ouvriers. Mais Thorez les justifie en disant aux ouvriers qu’en travaillant avec acharnement ils gagneront la bataille de la production "contre les trusts", et permettront au pays de vivre et de se relever.
Les trusts, explique, par ailleurs, Thorez, par leurs bénéfices exagérés, leurs plans anti-populaires, l’administration réactionnaire qu’ils contrôlent, et par leur sabotage, empêchent le relèvement de la production.
Comment peut-il donc arriver à cette conclusion inattendue que le travail acharné des ouvriers dans une économie entièrement dominée par les trusts (ce que L’Humanité illustre tous les jours), puisse vaincre cet obstacle ?
Les marchandises produites par le labeur acharné des ouvriers sont la propriété des capitalistes, qui en disposent à leur gré. Thorez pourrait-il citer un seul exemple d’un kilo de marchandises échappant au contrôle des capitalistes français et internationaux ?
L’économie dépend avant tout de la direction qu’on lui donne. En régime capitaliste, les ouvriers, quoique producteurs, ne connaissent ni le plan de la production, ni la destination des marchandises, ni les sources de matières premières. Tout dépend du capitaliste possédant qui règle la production en fonction de son profit personnel. De ce fait les efforts des différentes branches de production et de chaque capitaliste en particulier ne tiennent aucun compte des besoins généraux et ne se règlent pas en fonction de ceux-ci. C’est la concurrence entre capitalistes qui est le "régulateur" de la production qui, de ce fait, aboutit à l’anarchie, à la limitation et même à la destruction directe des richesses.
La rivalité capitaliste aboutit à la suprématie de groupes de capitalistes sur d’autres ; à l’heure actuelle toute l’économie capitaliste est sous la coupe des banquiers de New-York.
L’économie capitaliste française, après s’être "nourrie" jusqu’à maintenant des commandes de guerre, n’a pas, pour démarrer sur de nouvelles bases, un plan de production et de reconstruction destiné à relever rapidement le niveau de vie des masses. Le seul facteur qui entre en ligne de compte c’est la marge des profits, ce qui fait qu’avant même d’avoir reconstruit l’économie ruinée, les grands monopoles industriels cherchent à se ménager par l’exportation, face aux concurrents, leurs positions internationales (colonies, marchés étrangers).
Le même cas se présente par exemple pour l’Angleterre, où la situation économique n’est pas la même qu’en France et où pourtant les chefs "socialistes" font les mêmes appels au travail acharné des ouvriers (malgré l’existence déjà d’un million de chômeurs), parce qu’une concurrence acharnée se prépare entre monopoleurs internationaux.
Mais pour tenir tête à la concurrence internationale, tout en conservant sa marge de profit, le capital français doit compresser au maximum le salaire des ouvriers, leur enlevant ainsi leur pouvoir d’achat pour les biens qu’ils produiront.
L’économie capitaliste, après avoir ruiné la société, se débat dans des contradictions inextricables. Est-ce étonnant qu’on ne voie que la pagaïe et la stagnation ?
Même si l’ouvrier courbe entièrement l’échine, l’économie capitaliste ne peut même plus revenir à son niveau d’avant-guerre. Sur le revenu national pèsent, outre les bénéfices capitalistes, les dépenses parasitaires de l’Etat, pour l’armée, pour l’immense bureaucratie de 2 millions de fonctionnaires, pour la police, officielle et secrète, pour les groupements paramilitaires, etc. Mais la population, elle, vit et continuera à vivre misérablement (comme en Allemagne ou en Italie après l’autre guerre).
En fin de compte la "réanimation" de l’industrie ne ferait que déclencher au bout de peu de temps tous les anciens maux que les ouvriers connaissent : la crise dite de "surproduction" (l’impuissance des producteurs d’acheter ce qu’ils ont produit), par suite le chômage, la paupérisation, la ruine des "classes moyennes", et pour finir de nouvelles guerres !
Dans leur lutte pour comprimer le niveau de vie des masses, les capitalistes rencontrent forcément la résistance de la classe ouvrière, qui se traduit par des grèves, comme au mois de mai dernier.
Vivant au jour le jour et sans aucun souci de l’avenir du prolétariat, "compréhensifs" des nécessités de l’économie capitaliste, les bureaucrates syndicalistes et politiques de la classe ouvrière lui avaient lancé la formule : "travailler d’abord, revendiquer ensuite", qui n’a cependant rencontré aucun succès auprès des ouvriers. C’est alors que les bureaucrates ouvriers ont cru trouver une formule plus astucieuse : "travailler c’est gagner la bataille de la production contre les trusts".
Mais puisque pour les capitalistes, maîtres de la production, l’ouvrier n’est qu’une marchandise utilisée à leur gré, puisque d’autre part la classe ouvrière étant la classe productrice essentielle (avec les paysans) est la seule qui puisse diriger l’économie, conformément à l’intérêt général de toute la population, le rôle des dirigeants ouvriers, s’ils ne sont pas des traîtres, ce n’est pas d’inciter les ouvriers au travail, mais de les appeler à dresser avant tout un barrage contre l’anarchie et l’exploitation capitaliste.
On ne peut pas renverser les capitalistes du jour au lendemain, diront les bureaucrates ouvriers, et en attendant il faut que la population vive, donc que les ouvriers travaillent sous la direction des capitalistes. Admettons-le.
Mais ces prétendus chefs se soucient-ils au moins de donner aux masses ouvrières la possibilité de dresser des obstacles à l’anarchie des trusts et à leur toute puissance ? Se soucient-ils de leur indiquer la voie vers le renversement des monopoleurs capitalistes ? Pas un mot là-dessus dans tous les discours de Thorez et autres.
"Si la réaction sabote, l’intérêt de la classe ouvrière est de produire", dit Thorez. Mais si les capitalistes sont des saboteurs, et que seul le labeur des ouvriers fait vivre le pays, comment admettre que ceux-ci n’aient pas le droit de savoir où le possédant achemine l’entreprise, pourquoi dans un endroit il réduit la production et chasse les ouvriers, pourquoi dans un autre il allonge la semaine de travail, comment il fixe les prix, etc. ?
Si Thorez combat effectivement les trusts en même temps qu’il demande aux ouvriers de nouveaux sacrifices, des semaines de travail de 50 et de 54 heures, pourquoi n’exige-t-il pas au nom de la classe ouvrière le droit au contrôle ouvrier de la production, pourquoi ne l’organise-t-il pas pratiquement dans chaque usine ?
Comment vaincre le sabotage ? Par le travail ou par le contrôle ouvrier ? Sans le contrôle sur les capitalistes, si les ouvriers travaillent 10 heures au lieu de 8, cela n’empêchera pas que leur travail soit saboté, ou que le patron ferme l’usine si son intérêt le lui dicte.
Le contrôle ouvrier de la production, voilà un premier obstacle réel au pillage capitaliste, au "désordre et à la gabegie" que dénonce L’Humanité !
Commencer par abolir le "secret commercial", par contrôler la répartition de la main-d’oeuvre et le plan de production dans chaque entreprise (pourquoi on produit tel type plutôt que tel autre, etc.), pour aboutir à l’élaboration d’un plan économique national, en tenant compte des intérêts des travailleurs et non des exploiteurs, est-ce là une tâche insurmontable pour la classe ouvrière qui a derrière elle tant d’années de lutte ?
Démasquer les manipulations financières des banques, qui pèsent sur toute la population, déterminer la part que prélèvent les capitalistes sur le revenu national, révéler le gaspillage effroyable de travail humain, conséquence de l’anarchie capitaliste, et qui en imposant aux ouvriers des conditions de travail misérables voue à la dégénérescence l’élément principal de la production, à savoir la classe ouvrière elle-même, ces tâches n’incombent-elles pas aux Comités d’usine élus par tous les ouvriers, qui peuvent faire appel, en tant que conseillers, aux spécialistes honnêtes et dévoués au peuple (comptables, statisticiens, ingénieurs, savants, etc.) ?
En ne soulevant devant les ouvriers aucun de ces problèmes, les bureaucrates ouvriers prouvent leur abandon. Ils oublient de dire qu’en régime capitaliste les longues heures de travail signifient pour les ouvriers se mettre à la merci des capitalistes, abandonner toute possibilité de participation à la vie politique, de s’organiser, de s’instruire en vue de leur émancipation.
Mais c’est aux ouvriers eux-mêmes, en se défendant pied à pied et quotidiennement contre les attaques patronales, en maintenant leurs revendications, en renouvelant les responsables syndicaux d’usine et en les obligeant à élargir leurs fonctions et leur action, de ne pas se laisser écraser.
"Le régime actuel – disait Lénine – même si les choses y suivent le cours le plus pacifique, impose inévitablement et toujours à la classe ouvrière d’innombrables sacrifices. Des milliers et des dizaines de milliers d’hommes dont toute la vie est employée à créer des richesses pour les autres, périssent de faim et de privations perpétuelles, meurent prématurément de maladies causées par des conditions impossibles de travail, par des logements misérables et par le manque de repos. Et cent fois mérite le nom de héros celui qui aime mieux mourir dans la lutte déclarée avec les défenseurs et les gardiens de ce régime ignoble, que s’éteindre de la mort lente d’une rosse abrutie, épuisée et servile."
Thorez aux mineurs : produire, encore produire, toujours produire !
En juin 1936, ce fut l’explosion dans les fosses contre le système Bedaux et le salaire individuel. Le « Bedaux » fut supprimé par les conventions collectives de 1936. Celles-ci avaient également introduit une clause dite de salaire minimum, auquel avait droit tout mineur. Après le Front populaire, les compagnies devaient amorcer progressivement un retour aux anciennes méthodes de rationalisation et sous l’occupation allemande le « Bedaux » fit sa réapparition. Ce fut une des causes de la grève de mai-juin 1941. Légitimement, les mineurs attendaient que le « Bedaux » et son corollaire, le salaire au rendement individuel, soient supprimés après la Libération. Dans le cahier de revendications des mineurs de Lens établi le 21 septembre 1944, l’abolition du « salaire aux pièces » figure en tête de la liste des dix-huit doléances formulées, avant même le ravitaillement et les augmentations de salaire (Liberté 22 septembre 1944).
La déception fut totale. Non seulement le salaire au rendement ne fut pas supprimé mais il fut institutionnalisé dans le statut du mineur en 1946.
Dès janvier 1945, un système de primes au rendement est introduit : la CGT a beaucoup de mal à justifier cette mesure. L. Delfosse explique dans La Tribune : « La prime à la tonne est aussi une iniquité, nous le savons, nous luttons contre cela. Mais malgré tout, il faut que le charbon sorte de nos puits pour finir la guerre » (La Tribune 3 février 1945). Après la guerre, les mineurs ne voient toujours rien venir : primes et salaires aux pièces sont justifiés maintenant par « la bataille de la production ». Demander aux mineurs, au nom de la patrie et du relèvement national, de produire avec les mêmes méthodes, quasiment les mêmes chefs, était une gageure que seules des organisations qui « encadraient » solidement les masses pouvaient réussir. Quand le salaire individuel à la tâche est officiellement adopté, le PCF ne ménage pas sa propagande pour le faire accepter. En février 1946, M. Thorez descend dans une fosse d’Auby (Nord) pour faire l’éloge du retour aux anciennes méthodes :
« Puisqu’il faut du charbon, beaucoup de charbon, il faut appliquer à l’extraction les procédés scientifiques et mécaniques. Il faut introduire certaines méthodes... il en est qui disent : mais vous n’avez pas toujours dit cela, vous étiez contre autrefois. Pardi, si nous étions contre : évidemment. Mais maintenant qu’il s’agit de réaliser les procédés avec le concours des mineurs eux-mêmes, afin d’alléger leur peine et améliorer leur salaire, nous sommes pour. »
Dans ces conditions, plus besoin d’être complexé, d’être traité de « maca ». Thorez souffle la réponse en cas d’insulte :
« Il faut résolument répondre à ceux qui vous disent « vous êtes des “macas” » : « vous n’avez pas le sens du prolétariat. » Un « maca » autrefois, c’était en effet celui qui travaillait pour le compte d’un patron contre ses camarades. Est-ce la même situation maintenant dans les Houillères ? Les Houillères, c’est à vous mineurs, chers camarades. Il ne faut pas l’oublier, c’est au pays, c’est nous les Houillères. »
Les premières révoltes de mineurs contre des systèmes de paiement individuel remontaient au Second Empire : la revendication d’un salaire collectif et plus égalitaire fut paradoxalement « enterrée » par la gauche au nom du productivisme supérieur.
Les grèves de 1945
Souvent minimisées par l’histoire, les flambées de grèves de la première moitié de 1945 sont les témoins du désarroi de la corporation. Déclenchées en dehors du syndicat, ces grèves éclatent le plus souvent spontanément, sans qu’on puisse déceler de leader véritable. D’autres témoignent de l’ascendant d’un délégué-mineur, encore proche des aspirations issues de la Résistance, en opposition avec les mots d’ordre de la CGT. La CGT et le PCF y voient systématiquement l’œuvre des socialistes qui tentent de les déborder sur leur gauche, tantôt l’action sournoise d’anciens « chartistes » qui les débordent sur la droite. « Une grève déclenchée en dehors du syndicat est toujours condamnable, mais quand elle compromet le salut de la patrie et le succès d’une expérience économique et sociale, elle devient un crime » (La Tribune 2 mars 1945).
En janvier 1945, par exemple beaucoup de mineurs (plus de 50 %) refusent de travailler le premier dimanche de l’année pour compenser le Jour de l’An. L’inspecteur des Renseignements généraux note dans son rapport :
« Il ne faut pas voir dans le grand nombre d’abstentions enregistrées un mouvement de grève qui aurait été décidé par des éléments extrémistes et ayant pour but de faire aboutir des revendications, mais plutôt une manifestation du désir de la majorité des ouvriers de ne pas travailler le dimanche. »
Le dimanche 18 février, c’est un délégué-mineur de Béthune qui incite ses camarades à ne pas travailler : « Comment, leur dit-il, vous n’avez pas de ravitaillement et vous travaillez le dimanche ; vous feriez mieux de rester chez vous ». Le PCF riposte aussitôt : « Nous demandons que ce saboteur du travail et de la production soit chassé de notre siège et que des sanctions énergiques soient prises contre ce mauvais Français ».
Les cadres syndicaux ont du mal à convaincre les mineurs : du 18 au 23 avril une grève des ouvriers du fond éclate à Dourges (Pas-de-Calais). Ils demandent « l’épuration de cadres et de la maîtrise ayant déployé un rôle favorable au gouvernement de Vichy et l’augmentation des prix de tâche de certaines tailles ». Dans un premier temps, les ouvriers décident de continuer malgré l’intervention du délégué CGT. Le 22 avril, René Six, un dirigeant de la CGT, vient répéter aux mineurs « que la grève avait assez duré et que chacun devait tout mettre en œuvre pour la relève du pays ». A ce moment « la foule hostile à la reprise du travail manifeste son mécontentement par des cris. »
Un autre délégué intervient, sans doute plus habilement, et dit « qu’il est entièrement d’accord avec les revendications, mais que la guerre est là ». Un nouveau vote a lieu et finalement une majorité se prononce pour la reprise du travail. Chaque semaine on enregistre un mouvement qui gagne parfois les fosses voisines : autant de coups de colère, vite enrayés, mais qui finissent par inquiéter :
En juin, la situation s’est nettement aggravée à la suite des mouvements qui ont récemment affecté tout le bassin minier. Si l’on tient compte des journées perdues lors des fêtes de la victoire, il en résulte une diminution importante du tonnage de charbon extrait. Par ailleurs le rendement moyen par ouvrier continue à baisser régulièrement (rapport du préfet).
A l’occasion de ces grèves, des troubles manquent de dégénérer, comme à Lourches ou à Drocourt :
Le pire a été évité de justesse, pour un oui, pour un non, des ordres de cesser le travail sont propagés à l’insu des fédérations. Et les chefs syndicaux qui risqueraient de s’y opposer se trouveraient débordés. Des entretiens personnels avec ces derniers me permettent de penser que cette crainte n’est pas vaine.
La CGT laisse percer son impatience :
« Et maintenant il faudrait stopper. Partout des délégués viennent au siège réclamer plus de savon. On s’en occupe mais de jeunes indisciplinés font grève pour cela à Drocourt. Jeunes, réfléchissez ! » (La Tribune 22 avril 1945).
La direction du PCF s’inquiète suffisamment de son côté pour envoyer des dirigeants sur le carreau de la mine. A. Lecœur témoigne :
« Chaque fois évidemment il ne fallait pas que nous soyons débordés. Pendant le congrès du Parti qui s’est tenu à Strasbourg, il y avait une grève. Il fallait que je m’en occupe pour faire reprendre le travail. Un jeudi matin, j’étais arrivé au Bureau politique qui commençait à 9 heures. A 9 heures 30, on apporte un petit billet à M. Thorez. Thorez me fait signe : il y avait une grève à Calonne ou à Liévin, je ne sais plus. Il me dit : vas-y tout de suite. J’ai quitté le Bureau politique. J’ai pris le train. Pourtant il y avait des militants sur place. Mais je faisais le « pompier », toujours avec le brave Nestor Calonne parce qu’il avait une grande expérience et qu’on avait confiance en lui. »
Quant à la méthode utilisée, elle semble invariable selon Lecœur :
« J’allais directement sur le carreau de fosse et puis j’invitais les mineurs à venir et à discuter. Ils reprenaient, parce qu’à la longue, c’étaient les nôtres qui restaient les derniers et quand je voyais qu’ils avaient la majorité, je faisais voter pour la reprise du travail. Ça se passait toujours comme ça ! » (interview de A. Lecœur, R. Pannequin, A. Pierrard, 1981).
Dans cette montée en première ligne des chefs du parti, l’intervention la plus spectaculaire restera celle de Maurice Thorez à Waziers le 21 juillet 1945. Thorez choisit cette petite cité minière du Nord près de Douai parce que « les troupes » syndicales et ouvrières y sont plus disciplinées que dans le Pas-de-Calais, traditionnellement plus remuant. Officiellement Thorez vient présenter devant les délégués des organisations communistes le compte rendu des travaux du Xe congrès du Parti. Mais l’histoire retiendra « l’appel à la production » qui est au centre de son discours : « Produire, faire du charbon, c’est la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français. » Parmi les différentes causes de l’insuffisance de la production, Thorez s’étend longuement sur ce qu’il appelle « l’effort insuffisant des mineurs eux-mêmes ». Et le « guide clairvoyant et ferme du Parti communiste et du peuple français » de fustiger les grèves et l’absentéisme mis au compte de l’égoïsme, de la paresse et d’un patriotisme insuffisamment chevillé.
https://books.openedition.org/editionsmsh/2283?lang=fr
Extraits du discours de Maurice Thorez à Waziers, aux mineurs de charbon, le 21 juillet 1945 :
« C’est en 1934, que nous avons proposé, lancé et fait triompher l’idée du Front populaire pour la liberté. (…) Nous avons proposé le Front français, l’union de tous les Français. (…) Les deux cent familles, les trusts (…) se mirent à saboter l’économie nationale, à provoquer les grèves comme le rappelait tout à l’heure Martel. C’est vrai que nous seuls, les communistes, avons eu assez d’autorité pour pouvoir, en juin 1936, mettre en terme aux grèves, que nous seuls pouvions avoir assez d’autorité pour dire, il y a cinq mois : il faut en finir avec jeux de guerre civile (…) La vérité sur 1939 : vous vous souvenez encore de ces journaux, chers camarades : la trahison de Staline, la trahison russe, la trahison des communistes ? (…) En vérité, c’est un traquenard que l’on tendait à l’Union soviétique. On prétendait engager la guerre, une guerre où la Pologne devait s’effondrer rapidement, comme ce fut le cas, et ainsi les armées hitlériennes pourraient déferler rapidement à travers toute l’Union soviétique. L’Armée rouge avait été mise dans l’impossibilité de préparer sa mobilisation, l’Armée rouge était dans l’impossibilité de faire face à l’agression. (…) De Londres, le général De Gaulle lançait son appel, organisait les « Forces françaises libres ». Nous menions la bataille de la Résistance à l’intérieur de notre pays (…) Aujourd’hui, chers camarades, de graves périls nous menacent dans le domaine de la production. On ne le sait pas assez. (…) Le problème décisif de l’heure, c’est le problème de la production. Vous le savez déjà, chers camarades, c’est ce qui m’a amené à Waziers, c’est pourquoi le Bureau politique m’a envoyé vous parler, à vous, les mineurs. J’aborde ici une partie importante de mon rapport, la question du charbon. (…) Je voudrais établir un fait pour montrer l’effort des mineurs. En janvier, la production brute s’était élevée à 2.700.000 tonnes contre, en 1936, une producion mensuelle de 3.400.000 tonnes, c’est-à-dire 80% de la production. (…) Il est vrai qu’il s’est produit un fléchissement à partir d’avril, fléchissement dans la production et fléchissement dans le rendement. Il y a diverses causes à cela : ravitaillement défectueux, manque de vêtements, et en raison d’un mécontentement plus ou moins justifié contre l’insuffisance de l’épuration. Il y a aussi des grèves, très peu justifiées. (…) Tout cela entraîne, dans un métier comme le métier de mineur, une certaine désorganisation. (…) Il faut donner aux ouvriers mineurs de fond un certain salaire (…) Le prix à la tâche. On a accordé la possibilité d’une majoration qui peut aller jusqu’à 60% (…) L’essentiel est d’obtenir du charbon et, pour obtenir du charbon, il faut payer les sommes fixées. (…) Il faut ici, chers camarades, saluer le sacrifice de vos camarades de la métallurgie qui viennent de renoncer à leurs vacances payées pour vous fabriquer des marteaux-piqueurs. Ce sont les mêmes camarades qui, l’hiver dernier, aux Forges et Ateliers de Meudon, manquant de courant électrique dans le jour, avaient demandé et obtenu de leur direction, de travailler la nuit par un froid rigoureux sans supplément de salaire pour pouvoir produire pour vous. (…) A propos de la coupe à terre, pourquoi ne pas généraliser les 3X8 : deux postes au charbon, le troisième au remblai ? (…) Nous savons que les avis des ouvriers peuvent bien souvent influencer d’une façon très favorable les décisions des ingénieurs. Je pense qu’en définitive la décision reste à l’ingénieur et qu’une décision doit être appliquée sur l’ordre de l’ingénieur et qu’une décision doit être appliquée sur l’ordre de l’ingénieur, autrement il n’y a pas d’autorité possible, d’exploitation possible. (…) Il y a d’autres raisons de la crise du charbon sur lesquelles je voudrais m’expliquer aussi ouvertement et aussi franchement. Ce sont celles qui tiennent à l’effort insuffisant des mineurs eux-mêmes, à votre effort à vous. (…) Il y a des causes de mécontentement, mais ce n’est pas une raison pour ralentir l’effort. Il faut au contraire le développer et briser tous les obstacles. Vous croyez que les camarades de la Loire sont contents quand on leur envoie comme directeur l’ancien directeur épuré des Mines de Dourges ? Ils ne sont pas contents non plus et vous croyez qu’ils ont dit pour cela : nous faisons la grève ? Non. Martel a eu raison tout à l’heure de stigmatiser de telles attitudes. Ils n’ont pas cédé au courant public de démagogie et de vaine popularité. Comme disait le camarade Staline, nous ne craignons pas les difficultés, nous sommes faits pour surmonter les difficultés et nous les surmonterons. (…) Il y a pas mal d’exemples de mineurs qui prétendent ne pas forcer à la production, ne pas pousser à la production et pas seulement parce qu’ils ont crainte de voir baisser les prix à la tâche. (…) Ils ne veulent pas paraître pour des macas. (…) Les macas, chers camarades, c’étaient ceux qui forçaient à la production pour le profit du patron au détriment de leurs frères, les ouvriers mineurs. (…) Il y a des camarades qui disent : « Mais si je travaille davantage, je donne davantage aux actionnaires puisqu’il reste des actionnaires. » C’est une erreur, chers camarades. (…) Si vous produisez beaucoup, c’est seulement dans l’intérêt du pays, et c’est dans votre propre intérêt. Et puis, je veux revenir sur la question des absences. On parle, on donne beaucoup de raisons, de prétextes, à ce propos. Je dois vous dire, chers camarades, que je ne suis pas tout à fait convaincu des raisons qu’on donne pour justifier les absences. (…) On s’absente trop facilement, pour un oui, pour un non et un mineur qui a le goût de son métier sait très bien que tant d’absences entraînent une désorganisation complète du travail. Les camarades présents sont les premiers à en souffrir. L’absence est justifiée ou n’est pas justifiée. Au lieu de produire, on désorganise la production, on fait tort à ses camarades et pour quelle raison ? Parfois pour un oui, pour un non, pour une égratignure. Je dis que c’est un scandale. Je ne peux pas comprendre, par exemple, que des délégués à la Caisse de secours puissent donner des billets de malade sans journée de malade. (…) Chers camarades, celui qui a le billet de malade sans journée de malade, il a aussi son ravitaillement ; il a aussi les litres de vin, il a aussi la viande ; il mange la part de ses camarades. Ce n’est pas possible, on ne peut pas continuer comme cela. Il faut avoir plus de conscience. Je vais vous dire, mes chers camarades, que, dans le bassin de la Loire, la même question s’est posée pendant l’hiver, quand il y a eu tant de grippes, quand il y a eu tant de difficultés alimentaires. Le syndicat a réuni les délégués des Caisses de secours et leur a dit : « Epluchez les billets de malade et discutez avec les médecins » et on leur a dit : « Ces médecins, pour la plupart, ne sont pas vos amis. Ces médecins, ils donnent facilement les billets. (…) Ils poussent à la désorganisation. » Il va y avoir des élections à la Caisse de secours. Le syndicat doit demander que ces questions soient posées largement, et dire aux délégués des Caisses de secours que vous allez élire : « Il faut être intransigeant ; c’en est fini avec de telles méthodes, parce que c’est de l’anarchie, un encouragement à la paresse. » Voici un autre cas. On m’a signalé l’autre jour que dans un puits, le puits de l’Escarpelle, une quinzaine de jeunes gens, des galibots, ont demandé de partir à six heures pour aller au bal. Je dis que c’est inadmissible. (…) Ici, chers camarades, je le dis en toute responsabilité, au nom du Comité central, au nom des décisions du Congrès du Parti, je le dis franchement : il est impossible d’approuver la moindre grève, surtout lorsqu’elle éclate comme la semaine dernière, aux mines de Béthune, en dehors du syndicat et contre le syndicat. On a pris des sanctions. Sur quatre porions, on en a réintégré deux, en les rétrogradant d’ailleurs. (…) Je le dis tout net : si nous n’appliquons pas les décisions de notre propre syndicat (…) nous allons à l’anarchie, nous faciliterons les provocations contre les mineurs, contre la classe ouvrière et contre la République. Eh bien ! quelques camarades s’insurgent, ils déclenchent la grève au n°2 et dans toute la concession, si bien que nous avons perdu 30.000 tonnes de charbon au moins en une période où le pays a besoin de la moindre gaillette, à l’heure où nous fermons des usines, à l’heure où, dans la région parisienne, on arrête des entreprises faute de charbon et ces ouvriers dont on arrête les usines apprennent que dans un des trous essentiels du bassion minier du Pas-de-Calais, on fait grève parce que le nez du porion ne revient pas au délégué. C’est un scandale, c’est une honte, c’est une faute très grave contre le syndicat et l’intérêt des mineurs. Des sanctions ont été prises, peut-être pas dans les formes où elles devaient l’être contre le délégué mineur et son suppléant qui avaient couru les autres puits pour déclencher la grève. Je dis que le mal, ce n’est pas la sanction, le mal c’est que des communistes et des militants du syndicat des mineurs se soient exposés à de telles sanctions. Et, sous prétexte que l’on a sanctionné les délégué mineur, on recommence la grève jusqu’à jeudi soir et on aeu de la peine hier à faire reprendre le travail, bien que le ministre de la Production ait rapporté la sanction prise par le commissaire régional. Ce n’est pas ainsi qu’on travaille pour le pays. (…) Chers camarades, alors on veut à chaque fois faire la grève pour épurer ou pour soutenir. On pourrait au fond en définir le seul but : faire grève, pourvu qu’on ait un prétexte. (…) L’autre jour, on m’a parlé d’une grève possible des mécaniciens d’extraction. J’ai beaucoup de sympathie pour la mécanique d’extraction. C’est vraiment un travail qui comporte une lourde resposnabilité et on trouve chez les mécaniciens d’extraction une grande conscience professionnelle. Je pense qu’il faut leur assurer les meilleures conditions de salaire et de travail. Mais, là encore, pas par la grève. (…) Je vourdrais que ce que nous pensons au Comité central puisse passer dans la tête,dans le cœur de chacun de vous d’abord puis chez tous les mineurs, que produire, produire et encore produire, faire du charbon, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français. (…) La grande tâche des organisations communistes du Pas-de-Calais, c’est d’aller dans toutes les concessions de Béthune, il faut aller à Béthune, il faut réunir toutes les sections communistes, discuter avec chaque camarade et amener les délégués mineurs à reconnaître qu’ils ont commis une grande erreur, qu’ils doivent comprendre cette erreur et qu’ils ne doivent plus recommencer cette erreur. (…) Nous exigerons de chaque camarade le respect des décisions du 10e Congrès du Parti et le 10e Congrès du Parti a dit : « Il faut produire. »
http://fgimello.free.fr/CV-Bio-Liens/thorez.htm
Extraits de textes des œuvres de Maurice Thorez rédigées par le Parti Communiste Français et éditées par les Editions Sociales :
« En janvier 1943, le délégué du Comité central arrivait à Londres, au Quartier général du général De Gaulle. Au mois de mars, un Conseil national de la Résistance, était constitué en France. En firent partie les représentants des « mouvements de la Résistance » : « Combat », « Libération », « Francs-tireurs et Partisans », « Front National », ceux de la CGT réunifiée et de la CFTC chrétienne, ceux, enfin, des six partis suivants : communiste, socialiste, radical, Parti démocrate populaire (catholique), Alliance démocratique et Fédération républicaine. (…) Le Comité national français de Londres avait été tenu dans l’ignorance du débarquement allié ; il restait en dehors des négociations et des accords. (…) En novembre 1943, un an après le débarquement anglo-américain en Afrique du nord, le Comité français de la Libération nationale fut réorganisé. De Gaulle, seul, en fut président. (…) Lors de la réorganisation du CFLN, la question de la participation des communistes fut posée. Le Comité central du Parti communiste français en accepta le principe. (…) On doit noter une certaine tendance à bavarder beaucoup trop sur la France de demain, sur la place que notre pays devra tenir dans le monde (…) Le programme à appliquer n’est pas le programme communiste. Nous n’avons pas à demander actuellement l’application du programme communiste, puisque nous sommes unis dans le CNR avec d’autres partis non communistes. Nous faisons honneur à la signature que nous avons apposée au bas du programme du CNR au mois de mars 1944. (…) Il y a un gouvernement, il doit y avoir une armée, une seule ; il doit y avoir une police, une seule. (…) Tous les groupes armés doivent disparaître. (…) Les nationalisations, nous l’avons dit à Ivry, et nous le répéterons, ne sont nullement du socialisme ou du communisme : ce sont des mesures de caractère démocratique figurant au programme du Parti radical depuis plus d’un demi siècle. Elles ne sont nullement une mesure d’expropriation. (…) Le Parti a connu un grand succès aux dernières élections municipales. En moyenne, un Français ou une Française sur quatre a voté pour les listes présentées ou soutenues par notre Parti communiste. A Paris, la proportion est d’un sur trois. Dans la banlieue parisienne, les listes communistes ou soutenues par les communistes ont obtenu dès le premier tour près de 60% des suffrages exprimés. Nos militants administrent 60 des 80 communes du département de la Seine. Pour la première fois, des villes de plus de 100.000 habitants (Nantes, Reims, Toulon) ont un maire communiste. De même pour une dizaine de préfectures (dont Limoges, Nimes, Périgueux, Ajaccio, Tarbes) et une vingtaine de sous-préfectures. La statistique officielle a dû reconnaître que nous étions devenus le premier parti dans l’administration des villes de plus de 4.000 habitants. (…) Le chiffre de nos adhérents est en progression constante. En février 1934, nous étions 45.000 ; en janvier 1936 80.000 ; en décembre 1937 340.000 ; à ce jour notre trésorier a délivré 986.727 cartes. Nous allons vers le million. (…) Notre conclusion, c’est que, tous ensemble Français et Françaises, nous devons nous atteler résolument à la tâche, tous ensemble et sans tarder, nous devons entreprendre un effort tenace et prolongé afin de : Relever notre économie nationale ; Produire et rétablir nos échanges avec l’extérieur ; Acheter et vendre ; Refaire effectivement la grandeur de la France (…) »
UN C.C. D’UNION SACREE
Le Comité Central du Parti Communiste Français s’est réuni le 21 janvier en présence des "notabilités" et des "hauts" fonctionnaires du Parti. Le but de cette réunion apparaît clairement dans l’intervention de Monsieur Thorez (que nous appelons ainsi suivant la consigne du Parti de ne plus tutoyer les "grands" camarades) : en finir une fois pour toutes avec les illusions démocratiques qui subsistent encore parmi les militants communistes et dans la masse de ceux qui sympathisent avec le Parti, qui croient encore que le Parti lutte sur les deux fronts à la fois, la guerre contre le fascisme à l’extérieur, la lutte pour la démocratisation du régime à l’intérieur.
Car ces illusions créent des difficultés au gouvernement qui, tout en prétendant mener à l’extérieur une guerre antifasciste, mène à l’intérieur une action tout à fait anti-démocratique. Il exige des chefs staliniens un soutien sans conditions (c’est-à-dire une capitulation complète). Ceux-ci, en soutenant la guerre du gouvernement, ne peuvent pas ne pas se soumettre à toutes ses exigences. C’est pourquoi Thorez ne pouvait pas parler autrement qu’il l’a fait.
En 1937, répondant aux staliniens qui préparaient alors leur union sacrée pour la présente guerre, sous prétexte de défendre la "démocratie" contre le fascisme en régime capitaliste, Trotsky avertissait : "une victoire de la France... sur l’Allemagne... pourrait signifier... la transformation de la France en un Etat fasciste, parce que pour être victorieux d’Hitler il est nécessaire d’avoir une machine militaire monstrueuse et les tendances fascistes en France sont maintenant puissantes. Une victoire pourrait signifier la destruction du fascisme en Allemagne et l’établissement du fascisme en France".
"Tout pour la guerre", lançait l’autre jour Thorez, et il ajoutait comme conclusion absolument nécessaire : "la sécurité publique doit être assurée par les forces régulières de police constituées à cet effet. Les gardes civiques et d’une façon générale, tous les groupes armés irréguliers, ne doivent pas être maintenus plus longtemps". C’est la condamnation par le responsable du Parti, des groupements formés sous l’occupation et qui, dans l’esprit des travailleurs, devaient précisément non seulement vaincre l’occupant, mais surtout, par leur structure démocratique, émanciper le peuple des vieilles puissances d’oppression qui seules ont provoqué les malheurs qui se sont abattus sur la France depuis 1939. C’est la condamnation de ces milices dont le désarmement, il y a quelques semaines seulement, avait été qualifié par Duclos (autre "grand" camarade du PC) de "coup de force gouvernemental". Et cette police chargée de la "sécurité publique" c’est toujours celle qu’à plusieurs reprises l’Humanité elle-même a déjà dénoncée comme étant composée pour 95% d’éléments vichyssois, c’est-à-dire réactionnaires et pro-fascistes.
Répétant De Gaulle, Thorez dit : "Nous ne manquons pas d’officiers de valeur, y compris ceux qui ont pu se laisser abuser un certain temps par Pétain". Quelques jours après ce discours, la direction des FFI auprès du Ministère de la Guerre est congédiée... Pourquoi l’Humanité s’indigne-t-elle ?
Ainsi cette guerre soi-disant démocratique à l’extérieur, se traduit à l’intérieur par l’abandon de tout le pouvoir au vieil Etat oppresseur, l’Etat des 200 familles qui se sert de Thorez pour paralyser les masses au nom de la "défense nationale". On comprend donc que "les journaux de diverses nuances louent volontiers la sagesse, le sens politique... du porte-parole du PC" comme dit Cachin dans l’Huma du 25/1 ; seulement le journal qui manifeste le plus son accord avec Thorez, c’est Le Monde, justement dénoncé par l’Huma comme la reconstitution du Temps, organe du Comité des Forges. On a les amis que l’on mérite !
Comme tous ses prédécesseurs, Thorez, pour masquer sa trahison, joue au réaliste. Il affirme que ce qui le préoccupe c’est "gagner la guerre au plus vite" (cette guerre de 30 ans !), "faire en sorte que revienne bientôt... le lait pour nos petits, le pain pour nos vieux, le verre de vin pour tous".
Cette promesse électorale du verre de vin pour tous relève de la plus basse démagogie. Car tous les politiciens promettent le bonheur au peuple ; mais par quels moyens, par quelles mesures précises l’obtenir ? Thorez condamne la révolution. Mais que préconise-t-il ? "La confiscation des biens des traîtres". Mais ce n’est là qu’une phrase démagogique, parce qu’adressée au gouvernement de la bourgeoisie ; de même que la "punition des coupables". Même si cette mesure était appliquée (mais elle ne peut pas l’être), elle ne changerait en rien l’état des choses. Le peuple a été marchandé, exploité, saigné pendant cinq ans par toute la bourgeoisie, sous Daladier, sous l’occupation et maintenant. Sans l’expropriation de celle-ci, les bébés continueront à mourir de froid dans les maternités...
Thorez s’élève contre "ceux qui ont constamment à la bouche le mot de révolution". C’est ce que les socialistes de trahison (de la IIème Internationale) reprochaient précisément aux communistes après la scission de Tours en 1921. Mais peut-être Thorez, plus heureux que ses prédécesseurs, serait-il en train d’obtenir des réformes améliorant le sort des masses dans le cadre du régime capitaliste, réformes que les excès révolutionnaires (de langage !) risqueraient de mettre en danger ? Pas plus que les socialistes de trahison de la IIème Internationale, Thorez n’a le moindre programme de réformes pour améliorer la situation des classes laborieuses en face d’une bourgeoisie gorgée de profits. Pour son malheur, ce sont au contraire les révolutionnaires qui, en même temps qu’ils expliquent inlassablement aux travailleurs que sans révolution ils sont voués à l’écrasement complet par les capitalistes, défendent aussi inlassablement les travailleurs sur le terrain économique à l’usine (en opposant au "travailler d’abord, revendiquer ensuite" des chefs staliniens la lutte pour l’augmentation des salaires, la réglementation de la journée de travail, le contrôle ouvrier, etc...) et luttent pour les droits démocratiques les plus élémentaires (droits politiques pour le soldat, liberté de la presse par la suppression de l’autorisation préalable, la répartition du papier à chaque groupe de citoyens constitué, etc...) Contrairement à ce qu’affirme Thorez, seule la lutte révolutionnaire peut produire des résultats pratiques, même partiels. Comme les socialistes-jaunes, Thorez s’élève contre la Révolution pour masquer l’appui total qu’il donne aux capitalistes.
Les directives de Thorez ont produit dans la masse communiste (militants, jeunesses, sympathisants) des réactions dont la moindre est "l’étonnement". Mais il n’y a rien d’étonnant dans la politique de Thorez. C’est au contraire la seule attitude logique, car qui veut la fin veut les moyens. Si on prêche la guerre sous la domination des 200 familles, il faut leur donner l’assurance qu’il ne sera pas touché à leurs privilèges. Les 200 familles ne se contentent pas d’assurances verbales : il leur faut la certitude matérielle, la disposition à l’intérieur d’instruments qui garantissent leur domination, la police, l’administration, etc...
Thorez reconnaît dans son discours (il ne peut faire autrement) que le maître du pays ce sont les Bureaux ("les bureaux ! Ce n’est pas seulement le sommet de la hiérarchie administrative. C’est aussi et surtout la mainmise de certains cercles privilégiés sur les leviers de commande"). Il ajoute cependant que personne, même pas les Comités de Libération, ne doit s’immiscer dans leur sphère d’action. C’est seulement à ce prix que la bourgeoisie consent à l’union sacrée, c’est-à-dire accepte les services des bureaucrates ouvriers pour la défense de ses coffres-forts.
Ces bureaucrates savent que la bourgeoisie tôt ou tard se débarrassera d’eux. Mais que faire ? On ne peut pas à l’infini faire semblant d’avoir une politique révolutionnaire tout en freinant la révolution. Car à la longue les masses passeraient outre et les bureaucrates seraient débordés. Or la révolution signifie pour eux la perte de leurs positions dirigeantes, car, engraissés, stylés, pommadés, dressés, ils sont à mille lieues de la mentalité des masses et seraient rejetés par leur mouvement déferlant pour construire un monde nouveau. L’union sacrée assure aux bureaucrates des postes ministériels et politiques dans l’appareil de la bourgeoisie et ils espèrent durer aussi longtemps que la patience des masses supportera le régime d’exploitation capitaliste ; ces bureaucrates infatués sont convaincus, dans leur haute sagesse, que "le peuple est bête" et qu’il patientera longtemps, pour leur plus grand bonheur à eux.
Mais les masses comprennent maintenant très rapidement la situation. Elles ont la terrible expérience de cinq années de guerre. La nouvelle union sacrée ne les enchaîne plus sans résistance au service de la bourgeoisie. L’appel aux sacrifices de la part de bureaucrates chauffés qui donnent en exemple Léningrad (Léningrad où en 1917 les ouvriers ont renversé les capitalistes !), les laisse complètement froids, si on peut s’exprimer ainsi. Les masses sont prêtes à répondre à l’appel de défenseurs hardis, révolutionnaires, capables de les guider effectivement dans la situation terrible où elles se trouvent et de trouver une issue. Ces défenseurs, les révolutionnaires, augmentent tous les jours en nombre. Car la lutte des militants de la IVème Internationale pour rassembler en un Parti capable de conduire les travailleurs vers la libération de classe, rencontre un grand écho dans la masse communiste trahie par ses chefs bureaucrates. C’est pourquoi Marty met en garde le Parti contre "les infiltrations idéologiques ennemies". Mais quelle idéologie peut s’infiltrer et trouver accès auprès des militants communistes, sinon le trotskysme, car le trotskysme c’est le communisme véritable. Et dans le PCF d’union sacrée, le communisme ne s’est pas encore effacé du cœur de tous les militants. Si des chefs à la Cachin, qui d’ailleurs continue sa besogne de 14-18, n’ont plus de communiste que le nom, la masse du Parti, les militants de base restent communistes. Voilà pourquoi les chefs staliniens sont obligés de lutter constamment contre les "infiltrations" idéologiques, c’est-à-dire le communisme des militants de base du PCF. Effrayés par cet état d’esprit, les chefs staliniens utilisent dans la lutte contre le trotskysme, c’est-à-dire le communisme, toutes les méthodes, qui commencent à la calomnie et finissent par le crime. Et pourtant les chefs de l’union sacrée n’arrêteront pas pour cela leur chute. Maintenant que la roue de l’histoire tourne autrement, maintenant que la conscience révolutionnaire des militants honnêtes et des masses se développe à un rythme accéléré, ces méthodes ne feront que précipiter leur chute.
Par une promesse d’unité entre le PC et le PS les bureaucrates pensent pouvoir cacher leur faillite. Mais les bureaucrates du PC, de même que ceux du PS, si nombreux qu’ils soient par rapport aux révolutionnaires, ne représentent que les intérêts d’une très étroite couche dans le prolétariat : l’aristocratie ouvrière. Par contre, les militants de la IVème Internationale représentent les intérêts de classe de l’écrasante majorité non seulement des ouvriers, mais de tous les exploités et opprimés en France. Les ouvriers prennent conscience de plus en plus vite de ce fait, et, que nous ayons ou pas une union des bureaucrates, nous marchons déjà vers une nouvelle scission de Tours, c’est-à-dire la séparation de tous les communistes et socialistes véritables du PC et du PS C’est seulement cette scission qui permettra aux masses travailleuses d’avoir enfin un instrument de défense et de victoire sur les exploiteurs, c’est-à-dire le Parti Communiste, section française de la IVème Internationale.
https://www.marxists.org/francais//barta/1945/01/ldc43_013045.htm
LA BATAILLE DE LA PRODUCTION... CONTRE LES OUVRIERS
Devant le marasme de l’économie toutes les voix "autorisées" ne découvrent qu’un seul remède pour en sortir : l’intensification de l’effort de production de la part des ouvriers et des paysans.
Quelle est l’attitude des dirigeants ouvriers dans cette question décisive ?
Depuis un certain temps, le P.C.F. mène une campagne acharnée devant le public ouvrier avec le thème suivant : "le seul devoir des ouvriers, c’est de produire". Le 22 juillet à Waziers, Thorez a reproché aux mineurs leurs "efforts insuffisants", il s’est élevé contre la "crise de moralité", contre la "paresse" et la "tiédeur". Le 14 août, il rappelait à l’intention des ouvriers et des paysans que "tout citoyen oisif est un fripon".
On avait l’habitude d’entendre ces paroles de la part des curés et des contremaîtres, mais non de la part des chefs ouvriers. Mais Thorez les justifie en disant aux ouvriers qu’en travaillant avec acharnement ils gagneront la bataille de la production "contre les trusts", et permettront au pays de vivre et de se relever.
Les trusts, explique, par ailleurs, Thorez, par leurs bénéfices exagérés, leurs plans anti-populaires, l’administration réactionnaire qu’ils contrôlent, et par leur sabotage, empêchent le relèvement de la production.
Comment peut-il donc arriver à cette conclusion inattendue que le travail acharné des ouvriers dans une économie entièrement dominée par les trusts (ce que L’Humanité illustre tous les jours), puisse vaincre cet obstacle ?
https://www.marxists.org/francais/barta/1945/09/ldc50_090345.htm
QUE SIGNIFIE LE BOYCOTT DU REFERENDUM ?
Aux élections du mois d’octobre dernier, le Parti Communiste Français avait mené une "grande bataille démocratique" contre le projet de loi proposé par De Gaulle qui, approuvé par une majorité de "oui-oui", sanctionnait une nouvelle fois le système de gouvernement incontrôlé et irresponsable que nous connaissons depuis Daladier, Reynaud et Pétain.
Mais dans la nouvelle Constitution élaborée par le P.C.F. et le P.S. (avec le concours du M.R.P.) et présentée par le P.C.F. et le P.S. aux électeurs TOUJOURS AU NOM DE LA DEMOCRATIE, se trouve incorporée précisément, telle que l’avait conçue De Gaulle, l’émancipation juridique du gouvernement vis-à-vis de l’Assemblée (articles 73 à 85 : dissolution automatique de la Chambre lors d’une deuxième crise ministérielle, etc...).
Ce seul fait suffit à ouvrir les yeux à tout travailleur qui réfléchit sur le véritable sens de la lutte que se livrent les différents Partis qui se disputent le pouvoir actuel.
Quand P.R.L. et M.R.P. crient qu’il faut voter "non", sans quoi nous nous exposons à la "dictature" DE L’ASSEMBLEE, ils se moquent du peuple, puisque la nouvelle Constitution rend le gouvernement indépendant de l’Assemblée : il LA DOMINE par la menace de dissolution. Etant eux-mêmes partisans de ce système, leur "non" ne tend qu’à pêcher en eau trouble, à exploiter en leur faveur le mécontentement qui règne dans le pays. Il s’agit encore moins pour eux, qui même dans une Assemblée croupion voient une menace de dictature, de démocratiser, de rapprocher le pouvoir du peuple.
En réalité, la machine gouvernementale actuelle, qui défend les privilèges des capitalistes, s’est totalement éloignée du peuple. Comme on le voit par le nouvel exemple du P.C.F. lui-même, TOUS les partis qui prétendent gérer l’Etat actuel sont OBLIGES d’accepter (si on leur fait l’honneur de leur supposer des scrupules) la bonapartisation du gouvernement qui, en imposant sa volonté aux Assemblées par la menace de dissolution, gouverne uniquement au moyen de la police et de la bureaucratie.
Les plébiscites servent précisément au gouvernement à MASQUER son émancipation de tout contrôle, à l’aide d’un prétendu vote populaire organisé autour de telle ou telle question juridique embrouillée : mais le résultat du vote n’influe en aucune façon sur le fait que le peuple aura toujours en face de lui un pouvoir oppresseur. Le fait qu’après le départ de De Gaulle, Gouin ait déclaré "nous revenons à la légalité républicaine", cela a-t-il entraîné quelque modification dans le système de gouvernement ?
Plus l’Etat bourgeois devient totalitaire, c’est-à-dire soumettant la nation à une vaste oppression bureaucratique et policière, plus il a besoin de se camoufler derrière des "manifestations de la volonté populaire". C’est précisément dans les pays totalitaires et fascistes qu’avaient lieu le plus fréquemment des "referendum".
C’est pourquoi, c’est en boycottant le referendum qu’on démasque le caractère anti-démocratique du régime actuel.
Le retour à la démocratie véritable ne peut se faire qu’à travers la lutte directe des masses, qui créeront au fur et à mesure les instruments et les organismes démocratiques nécessaires à leur action – tels les Comités d’usine, les organismes ouvriers de contrôle à tous les échelons – pour aboutir à la destruction et au remplacement de l’Etat totalitaire actuel par l’Etat démocratique des Comités ouvriers et paysans.
LE OUI DES CAPITULARDS
Nous avions le "oui" de la fin du provisoire, de la stabilité, le "oui" d’un meilleur ravitaillement, le "oui" qui fait échec à la réaction, le "oui" de l’amitié entre les alliés – et ainsi de suite, suivant la tête du client. A ces "oui" de basse démagogie électorale des Thorez et des Duclos, vient, au dernier moment, s’ajouter le "oui" pour les véritables nationalisations, contre le patronat, pour la défense des revendications ouvrières, etc... Cette nouvelle variante, la pire de toutes, c’est le "oui" des capitulards, le "oui" que vient de prononcer la majorité du C.C. du P.C.I., parti soi-disant révolutionnaire.
Bien que dans le n° 119 de La Vérité en date du 19 avril on ait pu lire sous la signature de J. Marcoux : "Il est absurde et honteux d’inviter le 5 mai les masses laborieuses à lutter contre la réaction en leur demandant de voter une Constitution faite en collaboration avec les agents de la réaction même", dans le N°120 de la même Vérité (sic), le même Marcoux nous dit tout le contraire : "Le M.R.P. ayant fait bloc avec les partis bourgeois contre les partis "ouvriers" en faisant voter "non" au "référendum", il faut faire bloc avec ces derniers en faisant voter "oui", pour empêcher que le plébiscite pour ou contre le P.C.F.-P.S. tourne à leur désavantage".
Sa tâche ainsi définie, Marcoux n’a plus qu’à psalmodier d’après Duclos : "ce qu’il y a dans la Constitution ("pourrie") importe peu, il faut voter avec les partis ouvriers contre la réaction". Mais pourquoi les chefs de ces partis ont-ils engendré une Constitution pourrie, gaulliste, et quelle est sa portée ? Peu importe à nos stratèges. Le "oui" que Thorez justifie par des phrases démocratiques, eux, le justifient par des phrases "révolutionnaires".
Mais pourquoi capituler et se livrer à une basse démagogie de crainte que la réaction ait une majorité de "non" ? En octobre, De Gaulle et ses partisans, du P.S. au M.R.P. et futurs P.R.L. n’avaient-ils pas gagné une majorité plébiscitaire consacrée alors par le "oui-oui", ce qui n’a pas empêché De Gaulle d’être obligé de s’en aller quelques mois après ? Capituler devant le chantage stalinien, "bénir nos chaînes", voter une Constitution gaulliste sous prétexte d’empêcher la droite d’avoir une majorité de "non", cela n’empêchera nullement la réaction de se grouper, de se mobiliser. Tout au contraire, si elle peut ouvertement faire bloc et au nom de la "liberté", c’est précisément parce que la Constitution est pourrie. Dire oui à une telle Constitution, c’est vous en rendre responsables devant les millions de petites gens écrasées par l’Etat collecteur d’impôts et des travailleurs qui, livrés à la pire exploitation patronale dans les usines, voient que les "meilleurs défenseurs des profiteurs" actuellement, ce sont les Staliniens. Vos bonnes intentions ne sont que des trésors au fond des Océans. Vous ne pourrez pas, sous prétexte qu’un gouvernement P.C.F.-P.S.-C.G.T. représente un moindre mal, réconcilier les couches travailleuses exaspérées avec le régime actuel d’étouffement et de misère croissante. En faisant plébisciter le P.C.F. et le P.S., vous ne luttez pas contre le fascisme, vous ne faites que renforcer les partis qui, par leur action, sont les fourriers du fascisme.
"Le parti du prolétariat ne peut s’emparer du pouvoir que si, en régime de propriété privée, c’est-à-dire d’oppression capitaliste, la majorité de la population se prononce en sa faveur", – ainsi s’expriment les démocrates petits bourgeois, larbins véritables de la bourgeoisie, mais qui s’intitulent encore "Socialistes".
"Que le prolétariat révolutionnaire renverse d’abord la bourgeoisie, se libère du joug du capital, détruise le mécanisme gouvernemental de la bourgeoisie et il saura s’attirer le concours et la sympathie des masses laborieuses non prolétariennes, en satisfaisant leurs besoins au détriment des exploiteurs" – ainsi nous exprimons-nous". (Lénine).
Ce ne sont que des petits-bourgeois "démocrates", tous ces dirigeants qui au lieu de guider les masses pratiquement dans leur lutte, les enchaînent à la domination de la bourgeoisie, à ses méthodes de propagande, à sa démagogie électorale et au crétinisme parlementaire. La majorité du C.C. du P.C.I. déguise sa capitulation devant la politique pourrie des staliniens au sujet du référendum en un "bloc avec les masses travailleuses". C’est pourquoi celles-ci auront mille fois raison en ne distinguant pas du bloc pourri que constitue la direction des Thorez et des Duclos, la partie qui s’appelle "majorité du C.C. du P.C.I." !
https://www.marxists.org/francais/barta/1946/04/ldc60_043046.htm
UNION POUR UN GOUVERNEMENT OUVRIER ET PAYSAN
Le dernier référendum, en rendant obligatoire pour toute la nation une Constitution votée par 36% des électeurs, nous a donné la preuve définitive que, au moment où pour chacun se pose la question "comment joindre les deux bouts", dans le système parlementaire bourgeois, il n’y a ni démocratie, ni issue.
Les combinaisons envisagées par les Partis après les prochaines élections, et les commentaires de certains journaux bourgeois, sont tous basés sur ce fait qu’un déplacement d’un million ou deux de voix d’un parti à l’autre ou de partis à d’autres, ne changerait en rien la forme gouvernementale que nous connaissons actuellement : les élections prochaines nous maintiendront donc dans l’impasse.
M. Bidault ne pourra pas gouverner "sans Thorez", car à l’heure actuelle, seul M. Thorez peut "pacifiquement" empêcher les travailleurs de lutter contre l’exploitation de plus en plus éhontée à laquelle ils sont soumis par les capitalistes.
M. Thorez ne peut pas gouverner sans un Bidault quelconque ou un Daladier "Front populaire" (sic), car c’est seulement ainsi qu’il peut cacher ses trahisons derrière le prétexte qu’il fait bloc contre une réaction encore plus noire. "Contentez-vous, avec nous, de serrer votre ceinture, car sans nous, vous recevrez, par-dessus le marché, la trique de De Gaulle", voilà les perspectives de ces messieurs les chefs du P.C.F. Le P.C. et le P.S. ont déjà eu une majorité parlementaire, et ils n’ont fait rien d’autre.
Depuis que, par la manœuvre du référendum, De Gaulle nous avait montré qu’il voulait utiliser le pourrissement du parlementarisme pour instaurer, sous prétexte de faire "du neuf et du raisonnable", un système totalitaire, nous avons proposé aux travailleurs, sans distinction de partis, comme centre de ralliement, UN GOUVERNEMENT OUVRIER ET PAYSAN.
Mais c’est seulement une minorité d’ouvriers conscients qui ont compris la nécessité d’opposer au gouvernement de la bourgeoisie LEUR PROPRE GOUVERNEMENT DE CLASSE pour trouver une issue à une situation qui apparaît autrement sans autre issue que celle de De Gaulle.
Dans ces conditions, nous disent certains camarades, n’est-ce pas prêcher en l’air que de mettre en avant, dans la vie de tous les jours, dans les discussions, dans l’agitation, une perspective qui paraît au-dessus de la compréhension des travailleurs ? Ne vaut-il pas mieux se contenter de les appeler à l’action directe de tous les jours ?
Mais, si on veut contrecarrer avec succès le totalitarisme de De Gaulle, QUI lui opposer ? Nous ne pouvons pas nous contenter de lui opposer "l’action directe" en général. L’action directe contre les patrons, c’est la grève ; et contre l’appui que leur accorde le gouvernement, une grève allant jusqu’à la grève générale.
Même dans cette lutte, la classe ouvrière ne peut pas rester éternellement sur la défensive. Elle userait ses forces en des combats sans issue. Pour qu’elle se défende avec énergie, il lui faut une perspective qui, en cas de victoire, soit UNE SOLUTION GOUVERNEMENTALE de ses intérêts. Mais si nous devons faire du gouvernement ouvrier et paysan un sujet de discussion et d’agitation QUOTIDIENNES, ce n’est pas seulement pour donner une perspective REELLE à l’action directe de la classe ouvrière : c’est parce que, à l’heure actuelle, FACE AUX PLANS DE DE GAULLE, il peut justement devenir, DU JOUR AU LENDEMAIN, une nécessité immédiate de défense de TOUS les travailleurs contre une attaque fasciste.
Quand, en 1936, les travailleurs espagnols furent en présence de l’attaque de Franco, les chefs du P.C. leur imposèrent la collaboration avec les Daladier espagnols, et le maintien de l’Etat bourgeois capitaliste, complice de Franco. Ce gouvernement de Front Populaire, appuyé sur les organes de police et l’administration de la bourgeoisie espagnole, lutta davantage contre les ouvriers qui voulaient mener une lutte émancipatrice, que contre Franco. Malgré la volonté des travailleurs espagnols, notamment ceux de Catalogne, pour liquider la police bourgeoise, sa bureaucratie, en un mot l’Etat capitaliste et créer un gouvernement ouvrier et paysan s’appuyant directement sur les ouvriers organisés (dans les Partis, les Syndicats, les Comités d’usines, de quartiers, etc...), parce qu’ils n’étaient pas suffisamment préparés à cette tâche, le gouvernement républicain réussit à assurer la victoire de Franco. Et cela, malgré le dévouement inouï et la lutte héroïque sans précédent menée par le peuple espagnol.
En France aussi, les ouvriers ont répondu au coup d’Etat fasciste du 6 Février 1934 par de grandioses mouvements d’action directe allant jusqu’à la grève générale de 1936. Mais, grâce à la propagande des Thorez et des Blum, ils laissèrent le soin de combattre et de détruire le fascisme à l’Etat : on connaît la suite.
L’exemple de la Grèce et de l’Italie actuelles nous montre l’imminence du danger en France même. Face à la minorité de capitalistes et leurs laquais, le gouvernement ouvrier et paysan, appuyé sur l’union dans la lutte des travailleurs des villes et des campagnes, représente pour ceux-ci une démocratie nouvelle, la plus efficace et la seule efficace, pour résoudre les difficiles problèmes auxquels les masses exploitées ont à faire face.
https://www.marxists.org/francais/barta/1946/10/ldc73_103146.htm
DU FRONT POPULAIRE A L’UNION NATIONALE
Les jeux électoraux sont faits, et le citoyen, avec ses droits, renvoyé chez lui. Le peuple, souverain d’un jour, s’est donné des maîtres pour cinq ans. Et ses maîtres agissent en parfaite opposition avec leurs promesses.
Tous les partis de droite, du Rassemblement des Gauches et du M.R.P. à l’Union Gaulliste, ont obtenu la majorité au nom de l’anticommunisme et dans le but d’éliminer du gouvernement le P.C.F. Mais au lieu de former un "GOUVERNEMENT DE SALUT PUBLIC", ils avouent maintenant que leur propre salut dépend d’une collaboration avec le P.C.F. "LA COLLABORATION DES COMMUNISTES SERAIT LA GARANTIE DU TRAVAIL DE LA CLASSE ouvrière QUI A DEJA DONNE DE SI MAGNIFIQUES EXEMPLES DE CIVISME", écrit La Dépêche de Paris (16-11) résumant leurs pensées communes.
Pour donner le change, ils s’opposent "farouchement" à un Thorez président du Conseil. Mais tout change si ce même Thorez porte seulement le titre de vice-président. Ils sont prêts alors à être entièrement solidaires de lui dans les Conseils ministériels.
Pour sa part, M. Thorez (inutile de parler de Léon Blum), n’est pas moins "politicien conséquent" que ses compères de droite.
Avant les élections, il se rajeunissait de dix ans et proclamait "A gauche, rassemblement !" : un nouveau Front Populaire contre la démagogie anti-communiste de la droite.
Comme l’a démontré l’expérience de 1936, un tel gouvernement "antifasciste", d’union avec des Daladier démocrates, serait impuissant à liquider le Vichysme, à arrêter la montée de la réaction qui trouve sa source dans la puissance économique des 200 familles, défendues par tous les Daladier démocrates. Cependant un tel gouvernement avait trouvé son origine dans la lutte des travailleurs contre les capitalistes (Juin 36) et excluait du gouvernement les réactionnaires avérés.
M. Thorez avoue maintenant que son but c’est de former un gouvernement d’où personne n’est exclu, et proclame même la "neutralité" gouvernementale en matière de religion, à la place de la laïcité. Le "Front populaire anti-fasciste" pour liquider le Vichysme, pour exclure du gouvernement les tenants de la réaction cléricale, le M.R.P., et les formations d’extrême-droite, a fait place à l’"Union nationale" de tous les Partis républicains (et qui ne l’est pas !) contre... mais contre qui se sont formés depuis toujours les gouvernements d’u-nion nationale ?
Depuis la collaboration de Millerand le "socialiste" et de Galliffet, bourreau de la Commune, dans le ministère de Waldeck-Rousseau, depuis l’union sacrée 14-18, en passant par Poincaré, jusqu’à l’union sacrée de 39, tous ces gouvernements, toutes ces coalitions ont été nécessaires pour ligoter les travailleurs et les petites gens quand la bourgeoisie avait besoin de rejeter sur eux brutalement de nouveaux fardeaux (opérations financières, etc.) C’est ce "magnifique exemple de civisme", la résignation aux entreprises des capitalistes, que La Dépêche de Paris attend de la classe ouvrière, grâce à M. Thorez.
Au lieu de réaliser l’unité des masses travailleuses contre la réaction et le Vichysme, pour permettre la construction d’une France nouvelle, ouvrière et paysanne, Thorez s’apprête à réaliser l’union des ministres communistes avec des ministres réactionnaires et vichystes, contre les masses travailleuses, pour sauver l’ancienne France, la France des capitalistes et des 200 familles.
Dans de "retentissantes" interviews accordées à l’organe officiel du capital anglais, le Times, et à l’agence améri-caine I.N.S., Thorez fait savoir qu’il existe "d’autres voies dans la marche au socialisme que celle du communisme russe" et que le Parti communiste "dans son activité gouvernementale et dans le cadre du système parlementaire qu’il a contribué à rétablir, s’en tiendra strictement au programme démocratique".
En fait de programme démocratique, réalisé "dans le cadre du système parlementaire", laissons parler M. Yves Farge. Celui-ci ne s’était pas proposé d’accomplir des réformes démocratiques à la place de la révolution, de nettoyer la maison faute de pouvoir la transformer. M. Farge a voulu simplement, "dans le cadre du régime parlementaire", déférer à la justice des voleurs, de simples voleurs. Mais que s’est-il passé ? "LORSQUE, LE 1er OCTOBRE, J’AI ANNONCE EN QUELQUES MOTS DU HAUT DE LA TRIBUNE DE L’ASSEMBLEE NATIONALE QUE J’AVAIS DEPOSE ENTRE LES MAINS DU GARDE DES SCEAUX LE DOSSIER DU VIN, J’AI VU, ET VOUS AVEZ VU, LES COLONNES DU TEMPLE PERDRE LEUR EQUILIBRE. JE N’AVAIS FAIT QUE RASSEMBLER DES DONNEES CONNUES DE TOUS LES INITIES RETENUS PAR JE NE SAIS QUELLE PEUR, QUELLE SOLIDARITE DE LA CONCUSSION OU LA LACHETE ; JE N’AVAIS FAIT QUE REMETTRE A LA MAGISTRATURE DE MON PAYS DES DOCUMENTS ETABLISSANT QUE, SUR LA MISERE DES PRODUCTEURS ET DES CONSOMMATEURS, ON AVAIT REALISE PLUS D’UN MILLIARD DE BENEFICES FRAUDULEUX. VOUS AVEZ ENTENDU LE TAPAGE ? VOUS AVEZ ASSISTE COMME MOI A CETTE PANIQUE QUI PRIT MEME UN ASPECT POLITIQUE, SI BIEN QUE J’AI PREFERE GARDER JUSQU’A CE JOUR LE SILENCE."
Pour punir de simples voleurs, les colonnes du temple "démocratique" de Thorez perdirent leur équilibre. Il en avait été de même, quand, le 30 septembre, un député nord-africain, Ferhat Abbas, avait essayé de dévoiler simplement une partie de la vérité sur l’attitude de l’administration en Afrique du Nord.
Que se passerait-il si les ministres communistes essayaient de faire plus, de démocratiser le régime ? Le temple s’écroulerait sans aucun doute.
Nous voyons qu’en abandonnant la voie russe, c’est-à-dire la voie d’un gouvernement ouvrier et paysan, M. Thorez a renoncé non seulement à la révolution, mais à la plus élémentaire démocratie. Car la voie des Communistes russes de 1917 était elle-même le résultat de toute l’expérience démocratique du mouvement ouvrier au XIXème siècle, en France, en Allemagne et partout.
C’est parce qu’ils restent fidèles à la leçon des Communistes russes de 1917 que les ouvriers révolutionnaires de France, en luttant pour un GOUVERNEMENT OUVRIER ET PAYSAN, sont les seuls défenseurs réels des masses travailleuses contre les entreprises des 200 familles et leurs valets.
https://www.marxists.org/francais/barta/1946/11/ldc76_112346.htm
Les "Démocrates conséquents" et la réaction
Le 29 janvier, L’Humanité annonçait par un grand titre en première page qu’à la tribune de l’Assemblée, "Jacques Duclos, dans un brillant discours, a fustigé la réaction". Mais en apprenant aussitôt après dans l’article que cette "fustigation" visait exactement douze députés "opposants", on ne pouvait s’empêcher de penser à Don Quichotte prenant d’assaut des outres remplies de vin en guise de géants.
Comment ? Cette réaction qui, soutenue par la bourgeoisie, domine actuellement dans toutes les sphères économiques, sociales, administratives, etc., cette réaction qui hier encore, aux élections, groupait LA MAJORITE DES PARTIS dans une majorité parlementaire "anti-marxiste", cette réaction qui, il y a un mois, d’après les leaders du P.C.F., empêchait la formation d’un gouvernement les comprenant, cette réaction ne compterait plus que douze députés dans une Assemblée de six cents ? Pas même tout le P.R.L. ? Cette Assemblée, issue d’élections ayant donné une majorité aux partis "anti-marxistes", se serait-elle transformée, par l’effet de quelque enchanteur, en la plus démocratique du monde ? Où s’est fourrée la majorité anti-marxiste du Parlement pour que le "démocrate-conséquent" Duclos ne puisse plus la voir ?
Les représentants des partis réactionnaires de l’Assemblée sont tout simplement au gouvernement, et forment avec M. Thorez une coalition, que Jacques Duclos appelle "de concentration démocratique". Voilà l’explication de tout le mystère ! Ce ne sont pas les réactionnaires qui ont disparu, comme par enchantement, de l’Assemblée, ce sont les Duclos qui sont à tel point "enchantés" de collaborer avec ces mes-sieurs (qu’ils "valent pleinement") que toute l’ombre grise de la réaction parlementaire se teint à leurs yeux du rose de l’aurore démocratique !
En la personne de Jacques Duclos, l’élan chevaleresque du Don Quichotte communiste prenant d’assaut les moulins à vent du capitalisme, a fait place au prosaïque Sancho Pança, dont le "gros bon sens" ne rêvait qu’à un poste de "gouverneur" au service des puissants de son monde. "BARRER LA ROUTE A LA REACTION", c’est, pour les Duclos, partager avec elle des sinécures et des portefeuilles ministériels, être reconnu pour des hommes de confiance des banquiers, ces "tout-puissants" du monde capitaliste...
Car de quoi s’agissait-il dans cette "fustigation de la réaction" ? S’agissait-il de la politique gouvernementale, qui continue celle des gouvernements précédents contre le peuple en faveur des riches ? Nullement. En matière de "programme", tout le monde est parfaitement d’accord. BLUM AVAIT LUI-MEME RECONNU QUE LA POLITIQUE QU’IL FAISAIT, TOUT GOUVERNEMENT, QUEL QU’IL SOIT, LA FERAIT : la sienne, du reste, avait été celle de Schuman, membre du parti cléricalo-réactionnaire, le M.R.P. C’EST AINSI QUE LES GOUVERNEMENTS SE SUCCEDENT, MAIS LA POLITIQUE REACTIONNAIRE RESTE.
L’objet de la discussion entre M. Duclos et les douze "mécontents" c’était de savoir si les dirigeants du Parti communiste pouvaient être considérés comme d’aussi bons Français que ceux du M.R.P. ou du P.R.L. A l’unanimité contre douze (et quelques abstentions), les députés, des Socialistes au P.R.L., les ont reconnus pour des leurs, en récompense des services que les chefs staliniens rendent depuis des années à la bourgeoisie. On comprend donc pourquoi, d’après L’Humanité, il a suffi à Duclos d’"une chiquenaude par ci, une chiquenaude par là", pour réduire à néant l’argumentation des douze antagonistes de Billoux, ministre stalinien de la Défense Nationale. ILS SE VALENT, EN EFFET.
Voilà ce que sont réellement les chefs staliniens. Ils sont des "démocrates-conséquents" non pas en défendant pas à pas les droits des travailleurs, en leur apprenant à lutter eux-mêmes pour ces droits, en les éclairant sur les combinaisons pourries des politiciens ; ils sont des "démocrates-conséquents" dans les combines avec les autres partis pour le partage des bonnes places, ils sont des "démocrates-conséquents" vis-à-vis du mécanisme parlementaire de la bourgeoisie, ce mécanisme parlementaire que les marxistes, depuis des dizaines d’années, et l’expérience propre des masses, montrent comme un organisme entièrement au service de la bourgeoisie, une machine à écraser le peuple, tout en l’empêchant de se révolter, sous couleur de démocratie.
C’est avec un mépris croissant que les tra-vailleurs regardent ce spectacle lamentable de soi-disant démocrates, s’escrimant contre la réaction... dans le vide, tandis que plus que jamais la réaction capitaliste étouffe les travailleurs.
Mais entre l’espoir qu’ils mettaient hier, au moment des élections, dans ces chefs pseudo-démocrates, et la lutte révolutionnaire de demain qu’il faudra mener pour ne pas succomber, le mépris pour ces chefs constitue aujourd’hui un anneau nécessaire. Contre la réaction capitaliste, pour conquérir le bien-être et la dignité humaine, les travailleurs rejoindront dans l’action les seuls démocrates-conséquents, LES REVOLUTIONNAIRES PROLETARIENS, qui en combattant le lourd héritage des forces léguées par le passé, préparent un avenir meilleur pour les masses.
https://www.marxists.org/francais/barta/1947/02/ldc83_020147.htm