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Petite chronologie du colonialisme français en Nouvelle-Calédonie
dimanche 16 juin 2024, par
Petite chronologie du colonialisme français en Nouvelle-Calédonie
Lire aussi une chronologie plus détaillée
Un ouvrage de Louise Michel sur les canaques
Une histoire de peuplement marquée par une spoliation coloniale violente :
En Nouvelle-Calédonie, la jeunesse indépendantiste kanak veut "finir le travail engagé par les aînés"
Un long combat contre l’ordre colonial français
1843 : Première prise de possession de la Nouvelle-Calédonie.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57736775.texteImage
https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1989_num_76_284_2745
En 1850, le massacre à Yenghebane dans le nord de la Grande Terre de plusieurs officiers et hommes d’équipage de la corvette française L’Alcmène, envoyée en mission de reconnaissance pour étudier la possibilité de l’installation d’un bagne, fournit un prétexte à Napoléon III. Celui-ci donne alors instruction à plusieurs navires de guerre français de prendre possession de la Nouvelle-Calédonie.
Septembre 1853 : La France prend possession définitvement de la Nouvelle-Calédonie
https://francearchives.gouv.fr/fr/pages_histoire/38870
C’est l’occasion d’une révolte rapidement réprimée.
Entre 1852 et 1870, sous le Second Empire, Napoléon III lance une politique coloniale française offensive en Asie et en Afrique. Chronologiquement, l’annexion définitive de la Nouvelle-Calédonie en 1853 constitue la première action coloniale de l’Empereur.
La Nouvelle-Calédonie est proclamée colonie française à Balade le 24 septembre 1853 par le contre-amiral Febvrier Despointes ; le 29 septembre, il négocie l’annexion de l’île des Pins avec le grand chef Vendégou. La Nouvelle-Calédonie devient le troisième élément des Établissements français du Pacifique qui comprennent le royaume de Tahiti (dynastie des Pomaré), protectorat français depuis 1842, et les îles Marquises, colonie depuis 1842 ; la Nouvelle-Calédonie se trouve sous la responsabilité du Commissaire impérial, responsable du protectorat sur Tahiti.
Louis-Marie-François Tardy de Montravel établit un code en 1854, visant à faire renoncer les chefs de tribus à leurs comportements coutumiers, dont celui de rendre la justice. On conserve le Code de la tribu de Pouma, promulgué le 9 février 1854, signé par le chef de la tribu, Philippo Bouéone. Des actes équivalents sont signés par les chefs des tribus de Muélébé (Pouébo), Hienghène, Canala, Kouaoua, Nouméa, Morare (Gérald Genest). Il est vite oublié15.
Le 25 juin 1854, les militaires français fondent, au sud-ouest de la Grande Terre, Port-de-France pour servir de chef-lieu à la colonie, simple garnison qui va devenir rapidement une petite ville et prend le nom de Nouméa le 2 juin 1866.
1860 : Un gouverneur français est installé à la Nouvelle-Calédonie.
La Nouvelle-Calédonie en 1863 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k261394.r=kanak?rk=107296;4
1864 : La Nouvelle-Calédonie devient un lieu de déportation pour les criminels.
Les « transportés » (bagnards) arrivent entre 1864 et 1897. Après la Commune de Paris, la Nouvelle-Calédonie, sert de lieu de déportation pour de très nombreux anciens communards condamnés par les conseils de guerre mis en place par le gouvernement d’Adolphe Thiers.
L’administration pénitentiaire, ou « Tentiaire », devient rapidement assez riche et assez puissante, possédant notamment une grande partie du foncier (outre les pénitenciers île Nou et Ducos à Nouméa, de Prony dans le sud ou de l’île des Pins, cette administration possède aussi des villages entiers alloués aux anciens forçats doublant leur peine : Dumbéa, La Foa, Bourail, Pouembout, essentiellement). Mais en parallèle se développent également les concessions offertes aux bagnards et une colonisation libre d’abord totalement désorganisée, ces « pionniers » venus de France (et notamment d’Alsace ou de Lorraine) à quoi s’ajoutent des déçus de la « ruée vers l’or » australienne et quelques autres familles poussées à partir de leurs foyers pour fuir l’absence de terre, la misère ou les conditions sociales, économiques ou politiques pour tenter leur chance dans les colonies. Ceux-ci sont surtout éleveurs dans de grandes propriétés sur la côte ouest de la Grande Terre dans les environs directs de Nouméa ou encore à Païta, Bouloupari, Moindou et Koné, entre autres. La découverte de la garnierite, minerai de nickel, par Jules Garnier en 1866 et le début de l’exploitation de ce matériau attire également des commerçants et provoque une certaine fièvre financière pendant quelques années (assez vite freinée par plusieurs faillites, dont la plus retentissante est celle de la banque Marchand en 1878). La première colonisation véritablement structurée est celle de Réunionnais que l’administration coloniale fait venir en Nouvelle-Calédonie pour y développer l’exploitation de la canne à sucre (sans réel succès).
Fait notable : la Nouvelle-Calédonie est, avec l’Algérie et plus anciennement la Nouvelle-France, l’une des trois seules colonies de peuplement français. Des Métropolitains mais aussi des ressortissants d’autres pays d’Europe (des Allemands quarante-huitards fuyant l’autorité prussienne, des Italiens ou Irlandais dans le cadre des diaspora connues alors par ces deux peuples, des Britanniques ayant transité par l’Australie) y sont venus nombreux, par vagues successives collectives (les colons Paddon à Païta dans les années 1850, Cheval dans les années 1860, Bourbonnaise des années 1870, Feillet de la fin du XIXe siècle, nordiste des années 1920) ou individuelles, au point d’égaler pratiquement le nombre des autochtones. On appelle « Caldoches » les descendants d’Européens nés sur le territoire, alors que les immigrants sont dénommés « Zoreilles ».
1867 : mise en réserve des kanaks
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mise_en_r%C3%A9serves_des_Kanaks
La Nouvelle-Calédonie en 1872 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58035099.r=kanak?rk=579402;0
1878 : Révolte en Nouvelle-Calédonie
La grande insurrection de 1878 du grand-chef Ataï provoque la mort de nombreux colons à Païta, La Foa et Bouloupari. L’administration coloniale réussit à y mettre un terme uniquement grâce à l’aide de tribus kanakes rivales de celle d’Ataï qui est ainsi capturé et décapité par d’autres Mélanésiens (et dont la tête était conservée à Paris dans un bocal). Et avec l’aide des Algériens de Nouvelle-Calédonie. Cette grande révolte kanak de 1878 se solde par la mort de 200 Européens ou assimilés et de 800 à 1 000 Kanaks.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_r%C3%A9volte_kanak_de_1878
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ata%C3%AF
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774901c/f2.image.r=%22r%C3%A9voltes%20canaques%22
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33524013
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5802413j
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774901c.r=kanak?rk=643780;0
La « civilisation » française de l’époque a montré alors toute son inhumanité : la tête du chef kanak rebelle a été conservée dans un bocal envoyé à Paris.
Le code de l’indigénat, mis en place par les décrets de 1874 et 1881, est appliqué totalement en Nouvelle-Calédonie par le décret du 18 juillet 1887. Il fait des Mélanésiens des « sujets de la France », ne jouissant d’aucun droit civil mais uniquement de leur droit personnel conféré par la religion et la coutume. Ils payent alors un impôt de capitation, sont soumis aux réquisitions de main d’œuvre au profit des autorités ou des colons.
Finalement, le code de l’indigénat aboutit ni plus ni moins à une politique de cantonnement menée à partir de 1897 par le gouvernement français, visant à rassembler tous les Kanaks dans les réserves en leur allouant une superficie moyenne de trois hectares par habitant et remettant donc totalement en cause le découpage de 1868. Et ce domaine est régulièrement rogné par les autorités afin d’y installer des colons : ces « réserves » passent ainsi de 320 000 à 124 000 hectares de 1898 à 1902, à l’instigation du gouverneur Paul Feillet.
Récit de voyage en Nouvelle-Calédonie en 1883 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5801642n.r=kanak?rk=278971;2
Le point de vue du colonisateur en 1885 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116002t.r=kanak?rk=729617;2
Le bagne de Nouvelle-Calédonie en 1887 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5785956x.texteImage
La Nouvelle-Calédonie en 1895 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5772663t.r=kanak?rk=386268;0
La Nouvelle-Calédonie en 1901 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10250824.r=kanak?rk=236052;4
1913 et 1917 : deux révoltes des kanaks
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_kanak_de_1917
1931 : on exhibait des Kanaks présentés comme de primitifs cannibales lors de l’Exposition coloniale de 1931
1984
Se sentant flouées, les différentes organisations indépendantistes se mettent d’accord pour boycotter les élections territoriales de novembre 1984, et décident d’exercer une pression sur le terrain en organisant des barrages en brousse dès l’été 84. Le Front indépendantistes se transforme en FLNKS (Front de Libération Kanake Socialiste) en septembre 1984, regroupant la plupart des tendances indépendantistes, y compris la principale, l’Union Calédonienne, celle de Tjibaou et Machoro). Le nouveau Front se charge d’organiser le boycott des élections de novembre 84. A Thio, Eloi Machoro (l’un des dirigeants les plus populaires du FLNKS) brise à coups de hache une urne devant les photographes, et les indépendantistes installent des barrages un peu partout en brousse, pour bloquer la circulation des colons isolés et les empêcher d’aller voter. Dans la cité minière de Thio, Machoro fait occuper un temps la gendarmerie, puis désarme les colons.
En janvier 85, Pisani au nom de Mitterrand, propose à Tjibaou une « indépendance association » sous forme d’un découpage de l’île en plusieurs régions. Tjibaou accepte, après avoir laissé tuer Eloi Machoro, qui apparaissait alors comme le leader le plus radical.
1987 :
Les militaires français sur le territoire se comportent comme toute armée d’occupation, l’encadrement retrouvant par la même occasion certaines pratiques de la guerre d’Algérie. La gendarmerie passe sur le territoire par escadrons entiers. « A Koné, dans le courant de l’année 1987, après que deux gendarmes eurent été tués, plusieurs tribus durent vivre un véritable enfer pour qu’elles dénoncent les meurtriers : confiscation des outils, privation de nourriture, saccage des habitations, des écoles, dévastation des cultures, interdiction de libre circulation, longues expositions au soleil, accomplissement des besoins naturels sous surveillance, pièges constitués de grenades offensives placées dans des récipients emplis de grenaille et dissimulés sur les chemins alentour... jeunes embarqués en hélicoptère et menacés d’être jetés dans le vide s’ils ne parlaient pas... 1988 : révolte et répression
En avril 1988, lors de la campagne présidentielle en France, une fraction du parti indépendantiste FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) avait attaqué une gendarmerie, tué quatre militaires français et pris vingt-sept autres en otages. Les otages avaient été emmenés dans une grotte de l’île d’Ouvéa. Les preneurs d’otages exigeaient, en échange de la libération des prisonniers, le retrait des forces de l’ordre françaises du secteur et la nomination d’un médiateur.
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2150
Dans l’île, c’est alors l’état de guerre : interrogatoires musclés, brûlures par cigarettes, tortures à la matraque électrique, simulacres d’exécution. Le général Vidal, commandant en chef des forces armées en Nouvelle-Calédonie « déclare la guerre au peuple kanak » selon sa propre expression. Pendant plus d’une semaine, l’île d’Ouvéa est transformée en champ de bataille : investissement de villages au petit matin avec véhicules blindés, grenades lacrymogènes lancées dans les cases, saccages des magasins...
La grotte finit par être localisée par l’armée. Le 3 mai, Jacques Chirac donne son accord pour un assaut, alors même que des négociations sont entamées avec les preneurs d’otages. Trois jours avant le second tour de l’élection présidentielle, l’assaut est donné par des commandos d’élite de l’armée : 19 morts parmi les indépendantistes dont au moins trois exécutions sommaires.
L’assaut fut donné le 5 mai 1988, par des dizaines d’hommes du GIGN et des militaires du 11e Choc, une unité habituée à effectuer toutes les sales besognes coloniales. Ce jour-là, la « barbarie » et la « sauvagerie » furent dans le camp des militaires français. L’assaut se solda par un véritable massacre : tous les preneurs d’otages, au nombre de 19, furent tués, dans des circonstances plus que troubles, puisqu’il semble que certains militants furent abattus après s’être rendus.
2009 : Révolte et répression
https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve66
Le 14 septembre 2009, la cour d’appel de Nouméa a maintenu la condamnation du Président de l’USTKE, Gérard Jodar, à neuf mois de prison ferme. Cinq autres syndicalistes ont aussi écopé de prison ferme au Camp EST de Nouméa.
En 2010, l’armée française quadrillait encore la Nouvelle-Calédonie, et y pratiquait selon la vieille tradition colonialiste des ratissages, regroupements de populations, hommes, femmes et enfants mêlés, sévices et tortures, et y faisait barouder ses unités d’élite. Jacques Chirac parlait des « sauvages ». Jacques Lafleur du « terroriste Tjibaou »... Mitterrand, président de la République avait laissé faire, pour le moins.
2011 : Révolte et répression
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2096
Novembre 2018 : le colonialisme se fait confirmer par un vote de référendum ! A en croire les média et les gouvernants, le vote le plus démocratique du monde a décidé que la Nouvelle Calédonie resterait française. A l’époque coloniale avait-on fait voter les esclaves coloniaux, non ! Preuve que la méthode s’est améliorée ! Mais ce système électoral bidon, qu’est-ce qu’il change de la réalité ? Rien ! Un caldoche qui passe le plus clair de son temps en métropole avait le droit de voter mais pas un kanak qui a passagèrement migré à l’étranger. Pour un kanak, le droit de voter nécessitait de ne pas avoir quitté le pays pendant plus de vingt ans sans interruption !! Quant aux populations indigènes des peuples océaniens issues des territoires voisins, ils n’avaient tout simplement pas le droit de vote, même s’ils y vivent et y travaillent, alors que tout résident français l’avait !!!
2024 : nouvelle révolte et répression
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7753
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7769
https://berthoalain.com/2024/05/14/reforme-constitutionnelle-emeute-a-noumea-13-mai-2024/
https://berthoalain.com/2024/05/15/reforme-constitutionnelle-emeutes-a-noumea-14-mai-2024/
https://berthoalain.com/2024/05/16/reforme-constitutionnelle-emeute-a-noumea-15-mai-2024/
https://berthoalain.com/2024/05/17/reforme-constitutionnelle-affrontements-a-noumea-16-mai-2024/
https://berthoalain.com/2024/05/22/reforme-constitutionnelle-repression-a-noumea-21-mai-2024/
https://berthoalain.com/2024/05/25/reforme-constitutionnelle-affrontements-a-noumea-24-mai-2024/
https://berthoalain.com/2024/05/27/reforme-constitutionnelle-repression-a-noumea-26-mai-2024/
https://berthoalain.com/2024/06/01/reforme-constitutionnelle-repression-a-noumea-31-mai-2024/