Togo : l’opposition arrive dans les postes

Formation du gouvernement au Togo : entrée en force de l’UFC au sein du pouvoir RPT
C’était probable depuis quelques semaines, l’entrée de l’UFC au gouvernement ne doit plus être conjuguée au conditionnel. Un accord politique de cohabitation sera signé demain entre Gilchrist Olympio, président national de l’UFC et Esso Solitoki, secrétaire général du Rassemblement du peuple togolais (RPT). Les collaborateurs proches de Gilchrist Olympio ont rencontré ce soir le premier ministre. Ils se sont entendus sur les ministres UFC et les ministères.
 Ainsi, l’UFC aura-t-elle un ministère d’Etat aux Affaires étrangères et à la coopération, un ministère chargé de l’urbanisme et de l’habitat, les deux ministères de l’enseignement, le ministère de l’industrie, le ministère chargé des droits de l’homme, le ministère de la communication…

Par contre, le RPT a récusé deux préposés ministrables UFC, à savoir les candidatures de Maître Djovi Gally et de Dr Djimongou. L’avocat est récusé pour conflit d’intérêts : étant avocat de Kpatcha Gnassingbé, sa présence au gouvernement créerait un problème pour la cohésion et la solidarité gouvernementales, selon le RPT. Le rejet de la candidature du Dr Djimongou (prononcez Djimong) est plutôt d’ordre politico-clanique. Dr Djimongou est membre d’une puissante famille du Tône (Dapaong) dont certains sont des pontes locaux du RPT : accepter la candidature de Dr Djimongou contribuerait à aggraver la division de la famille. Il est vrai cette situation clanique concerne plusieurs familles dans le Tône, l’Oti et le Tandjouaré. Généralement quand un membre de la famille se présente à la députation pour un parti, souvent celui du RPT, ses adversaires politiques dans la famille n’ont plus droit à se porter aussi candidat, au risque d’un conflit ouvert parfois mortel.

Contrairement à ce que la rumeur dit, Nicodème Habia, le député UFC de l’Avé, n’a jamais été pressenti ministre. Son nom ne figure pas sur la liste envoyée par l’UFC. Le gouvernement n’est pas encore totalement fermé. Faure Gnassingbé aurait insisté sur une plus grande ouverture. Selon une source proche de la Primature, une liste additive serait en attente pour les ministres d’autres formations politiques dont la CDPA et l’Alliance. Un homme du sérail assure qu’il y aura une surprise de taille.

C’est un retournement de situation total. L’entrée de l’UFC et celle probable de la CDPA et d’Alliance va ouvrir le débat bientôt sur la pertinence ou non du choix de Gilchrist Olympio. Force est de reconnaître qu’il y a dans l’attitude du président national de l’UFC un courage politique énorme. Il consacre en tout cas la division bipartite du théâtre politique et tente d’amener les deux partis à gérer le pouvoir. Par le passé, ceux qui avaient osé émettre de telles idées ont été voués aux gémonies. L’histoire semble leur donner trop tôt raison dans le village Togo. Dès fois, on n’a pas besoin de Machiavel pour savoir qu’en politique il faut une bonne dose de cynisme et un peu de morale.

Autre chose : l’UFC a pris beaucoup de postes sociaux. Là où surtout ce gouvernement a échoué. Ce sont des postes à risques et Gilchrist Olympio a choisi le challenge. On aurait aimé qu’il prenne aussi le ministère des travaux publics, le talon d’Achille du gouvernement et là où les requins du clan font leurs prédations les plus énormes. Mais ceci est une autre histoire.

Il faut en conclure que l’UFC est un parti bourgeois et politicien comme les autres qui a seulement bénéficié d’une cure d’opposition qui le fait paraître, à tort, plus démocratique aux yeux d’une partie de la population.

Seul le peuple travailleur, s’il s’organise lui-même, offre une perspective face à la dictature. Les politiciens bourgeois ne sont nullement une solution alternative...