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La politique de la CGT en 1934 ou en 2010 : enlever tout caractère de classe à une lutte de travailleurs

vendredi 29 octobre 2010

Article d’Alex, le 29 octobre 2010

La manifestation de l’extrême droite à paris le 6 février 1934 fut un choc pour les travailleurs et pour la gauche politique et syndicale. Elle semblait le prélude en France de ce qui venait d’arriver en Allemagne avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933.

En riposte, la grève générale appelée par la CGT le 12 février 34 fut un grand sucés. Mais dès cet acte de naissance du Front populaire apparaissent deux composantes antagonistes que cache cette unité de façade. D’une part la classe ouvrière, d’autre part ses organisations qui l’empêchent de mener une lutte de classe, d’avoir une conscience de classe.

Quand aujourd’hui les dirigeants comme Thibault de la CGT placent les manifs en fonction d’un calendrier dicté par l’Etat (gouvernement et parlement), quand ils parlent de défendre la retraite des « français », quand ils mettent sur le même plan la lutte des lycéens, étudiants et celle des travailleurs, qu’ils proclament leur loyauté à l’Etat en insistant sur le fait que seul le président de la république Sarkozy peut empêcher la loi d’entrer en application, ils font tout pour que la lutte ne soit pas une lutte de classe.

C’est l’occasion de relire La France en mouvement (1986, éditions Champ Vallon) qui souligne cet aspect du Front Populaire qui naquit avec la gréve générale du 12 février 1934, dans le passage suivant :

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Dès le début, pour la C.G.T. tout au moins, l’action entreprise ne se situe pas sur le plan, prolétarien, de la lutte des classes, mais sur celui, strictement politique, de la défense républicaine. Dès les discussions de mars 1933, Jouhaux le soulignait. En février 1934, la décision de grève est formulée en termes suffisamment larges pour que la gauche tout entière puisse s’y associer. L’étude des deux appels publiés par le Peuple, le 9 et le 11, est révélatrice. La C.G.T. s’adresse « Au peuple, aux travailleurs ». Elle évite les termes « ouvriers » ou, à plus forte raison, « classe ouvrière » (une seule fois employé), qui impliquent une division interne des forces de gauche. Elle préfère des expressions neutres, d’une plus grande extension, comme « travailleurs » (9 fois), « peuple » ou « forces populaires » (3 fois). C’est d’ailleurs une attitude parfaitement consciente : l’appel du 9 contient des paragraphes particuliers, destinés aux paysans, aux jeunes hommes, aux intellectuels et techniciens. L’appel du 11 est encore plus large :
Notre mouvement de demain traduira le sentiment de tous les honnêtes gens, travailleurs, paysans, intellectuels, techniciens, arti¬sans, commerçants, qui veulent la fin de tous les scandales...

Pour atteindre toute la gauche, la C.G.T. assigne au mouvement du 12 février des objectifs susceptibles de réaliser son unité. Pas question de révolution, ni même de revendications. La misère et le chômage ne sont mentionnés que comme fond de tableau. La grève se situe d’emblée sur le terrain de la défense républicaine. Elle en reprend tous les maîtres-mots, dans un style vibrant, un peu grandiloquent, qui est déjà celui des grandes heures du Front populaire. Voici l’appel du 9 :
Nous voulons conserver les libertés fondamentales, si héroïquement arrachées par nos aïeux, et sans lesquelles la vie n’est plus digne d’être vécue.

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