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Quelle solution pour la Palestine ?

lundi 6 décembre 2010

Messages

  • Barta en mai 1948 :

    POURQUOI LE SANG COULE-T-IL EN PALESTINE ?
    Depuis plus de deux semaines, les journaux commentent largement la guerre de Palestine, mais n’en éclairent pas le sens.
    Alors que les Anglo-Américains soutiennent la Ligue arabe, l’opinion officielle en France s’est montrée plutôt favorable aux sionistes. De quel côté se trouve la "cause juste" ?
    Pour les centaines de milliers de Juifs qui cherchent un "foyer" : c’est-à-dire la sécurité, l’Etat-nain de Palestine n’est pas une solution. Mais si les nationalistes juifs, en se basant sur les traditions de l’histoire, ont fait de ce morceau de terre l’objet de tous leurs espoirs, ce sont précisément les impérialistes anglais, les combattant aujourd’hui à mort, qui avaient dès 1917 (déclaration Balfour), promis aux sionistes cette terre se trouvant sous leur domination. Ils n’ont pas tardé à mentir à leurs promesses, car pour eux l’immigration juive, organisée au compte-goutte n’était qu’une machination destinée à introduire un nouvel élément de trouble et de division dans le monde arabe, suivant la formule "diviser pour régner". Cependant que des milliers de jeunes juifs donnaient le meilleur de leurs forces pour fertiliser cette terre, l’occupant anglais jouait, au mieux de ses propres intérêts, tantôt les Arabes contre les Juifs, tantôt contre les Arabes, les quelques Juifs qui avaient pu immigrer au prix des plus grands efforts.
    Après la guerre de 1940, avec les milliers d’hommes et de femmes traqués et sans foyer, le problème palestinien prit une acuité encore plus grande. Devant les conflits croissant, la Grande-bretagne annonça brusquement son intention de se retirer de Palestine... mais y resta. Car cette "menace" de se retirer n’était en réalité, pour des raisons stratégiques, qu’un biais permettant l’immixtion des "Nations Unies", c’est-à-dire de l’Amérique. Celle-ci se déclara favorable au découpage de l’Etat palestinien en deux : un morceau pour les Juifs, l’autre pour les Arabes. Mais cette décision, qui aggrava les conflits judéo-arabes, n’eut même pas le temps d’être appliquée, que l’on vit brusquement les Etats-Unis faire des déclarations en faveur de la Ligue arabe. Washington veut renforcer ces derniers de façon à constituer, avec la Grèce, la Turquie et l’Iran, un bloc pour contenir ce qu’il est convenu d’appeler l’expansion soviétique, écrivait le 15 avril, le journal capitaliste français Le Monde.
    Il est clair que "les grandes puissances" ne sont pas intervenues en médiateurs dans le conflit palestinien ; ce sont elles les véritables instigateurs des troubles : soutenant tantôt l’un tantôt l’autre, suivant les exigences du moment de leur politique extérieure, abusant tout à tour les peuples juif et arabe de leurs promesses (qu’elles ne tiennent jamais), attisant les haines et entretenant un foyer permanent de luttes intestines. N’est-ce pas ainsi qu’à travers toutes les manœuvres, la "décision" de l’Angleterre de se retirer de Palestine a abouti aujourd’hui à un débarquement en force de troupes et de tanks.
    C’est aussi de ce même point de vue impérialiste, qui n’a rien d’idéaliste, que s’explique l’attitude de "défense" des Juifs par les capitalistes français : si les Anglo-Américains soutiennent les seigneurs arabes dans leur expansion nationaliste, n’est-ce pas là un danger qui peut donner le branle à tout le monde musulman, à cette Afrique du Nord où "l’ordre" est si péniblement maintenu ?
    Cependant, face à cette guerre de Palestine qui constitue l’un des foyers de la 3ème guerre mondiale, jamais aucun des journaux capitalistes n’a relaté, et pour cause, que les peuples – le véritable peuple ouvrier et paysan – les peuples juif et arabe, ont montré qu’ils pouvaient s’entendre. Le mouvement de pacification est sorti du sein de la classe ouvrière. Les syndicats ouvriers juifs et arabes conclurent des ententes et organisèrent la fraternisation dans des grèves communes. Ce sont les impérialistes, entretenant leurs agents dans les deux camps nationalistes, qui ont fait assassiner dans la seule année 1947 (comme nous l’avions relaté dans La Voix, n° 21) 13 leaders des syndicats arabes travaillant pour le rapprochement entre les deux peuples.
    Les impérialistes, aidés en cela par les agents nationalistes des deux camps, font tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher l’union entre les ouvriers et les paysans juifs et arabes.
    Mais "c’est l’essence du mouvement ouvrier lui-même, pour défendre ses intérêts, de défendre aussi la fraternité entre les peuples. En luttant contre les excitateurs de guerre qui entretiennent la division entre les peuples, le mouvement ouvrier lutte pour la paix". (La Voix, n° 21).
    Aussi, vis-à-vis de la guerre de Palestine, les ouvriers de tous les pays n’ont qu’une position à prendre : appuyer le mouvement d’union et de fraternité des ouvriers juifs et arabes contre l’impérialisme. Ils lutteront ainsi contre les provocateurs de guerre.

    La Voix n°21

    LA LUTTE OUVRIERE ET L’UNION DES PEUPLES
    Le problème palestinien est un des nombreux problèmes "insolubles" qui enveniment la situation internationale, au point que l’Angleterre, devant l’impossibilité de "concilier les thèses juive et arabe" (entre lesquelles, en réalité, elle n’a cessé d’entretenir la discorde), déclare vouloir "renoncer" à son mandat. Mais ce n’est là qu’une manoeuvre pour lui permettre de dégager ses responsabilités du chaos dans lequel elle a plongé le pays, comme elle l’a déjà fait pour l’Inde. Manoeuvre aussi pour justifier l’intervention de l’O.N.U., c’est-à-dire des Etats-Unis, dans cette partie du monde, en vue de la troisième guerre impérialiste mondiale contre l’U.R.S.S.
    Quotidiennement, les journaux relatent les actes de terrorisme et les luttes sanglantes qui déchirent le pays. Mais tandis qu’ils insistent longuement sur les antagonismes irréductibles qui opposent nationalistes juifs et arabes, ce n’est qu’incidemment qu’on apprend, à propos de l’activité des nationalistes chauvins, qu’un chef syndicaliste arabe vient d’être abattu par ces derniers pour avoir travaillé au rapprochement entre ouvriers juifs et arabes (d’après Le Monde du 26-9). Il s’agit du treizième chef syndicaliste arabe assassiné, dans l’année, pour les mêmes raisons !
    Rien qu’à l’importance de cette sanglante répression on peut mesurer l’ampleur du mouvement ouvrier et l’énergie qu’il déploie pour opposer à la guerre fratricide, entretenue par les exploiteurs, l’entente et la fraternité entre exploités. Et malgré cette répression, le mouvement ouvrier a déjà réussi à unir, dans d’importantes grèves communes, ouvriers juifs et arabes.
    Le mouvement ouvrier arabe et juif sait que la seule opposition réelle à la guerre, la seule solution possible au problème palestinien, c’est l’union des ouvriers juifs et arabes contre l’impérialisme et contre tous leurs exploiteurs communs.
    Le même exemple nous est donné aux Indes où Gandhi, jadis apôtre de la non-violence, prêche la "guerre sainte" contre le Pakistan, alors que le mouvement ouvrier, unissant dans la même lutte contre leurs exploiteurs, ouvriers hindous et musulmans, s’efforce d’apporter la paix entre les peuples.
    C’est l’essence du mouvement ouvrier lui-même, pour défendre ses intérêts, de défendre aussi la fraternité entre les peuples. En luttant contre les excitateurs de guerre qui entretiennent la division entre les peuples, le mouvement ouvrier lutte pour la paix.

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