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Bolivie : Evo Morales ébranlé par une marche des Indiens

Miércoles 28 de septiembre de 2011

La répression d’une marche indigène ébranle le gouvernement bolivien

Par Patrick Bèle

Et de trois ! Trois ministres du gouvernement d’Evo Morales ont démissionné après la violente répression d’une marche indigène dimanche à Yucumo, à 300 kilomètres de La Paz. Cecilia Chacon, ministre de la Défense, est la première à avoir renoncé dès lundi matin condamnant « l’intervention contre la marche décidée par le gouvernement et que je ne peux ni défendre, ni justifier ». Il y avait d’autres possibilités « dans le cadre d’un dialogue, respectant les droits de l’Homme, la non violence et la défense de la Pacha mama ».

Lundi après midi, le vice ministre de l’Intérieur, Marcos Farfan, qui avait autorisé l’intervention, était contraint de quitter ses fonctions. Enfin, après avoir résisté 48 heures, le ministre du gouvernement Sacha Llorenti a annoncé hier soir mardi sa démission lors d’une conférence de presse, expliquant ne pas vouloir « me convertir en l’instrument de la droite et de l’opposition qui veut remettre en cause le proceso (les changements initiés par Evo Morales) et abîmer l’image du président ».

L’affaire n’est pas finie pour autant. Aujourd’hui mercredi, plusieurs syndicats d’étudiant, de professeurs, de magistrats, et de mineurs, ont appelé à manifester pour protester contre « l’agression policière dont ont été victimes les indigènes de Tipnis (Territorio indigena isiboro Secure». La COB (Central obrera boliviana) appelle à une grève générale pour aujourd’hui.

boliviadeux.pngSelon les témoignages, l’opération a été particulièrement violente. Alors que les 1500 indigènes s’apprêtaient à dîner, la police aurait frappé indifféremment hommes, femmes et enfants afin de les contraindre à monter dans des cars et les emmener vers la ville de San Borjas, à 55 kilomètres. La rumeur de la mort d’un enfant de trois mois continuait à courir hier soir.

Les marcheurs appartiennent à des communautés indigènes opposées à un projet de route de 300 kilomètres qui doit traverser le parc naturel de Tipnis en Amazonie dans le centre du pays, terre ancestrale de 50 000 indiens moxenos, yurakarés et chimanes. Leur marche a démarré au mois d’août à Trinidad et devait rejoindre La Paz à 600 kilomètre de là.

Elle était bloquée par un barrage policier depuis plusieurs jours au motif que des manifestants favorables au pouvoir campaient sur la route un peu plus loin. Ils auraient, eux aussi, été délogés. Cette route est financée par le Brésil qui cherche à développer les débouchés vers le Pacifique et l’Asie pour ses productions industrielles et agricoles. L’infrastructure avait été négociée entre Evo Morales et Luis Inacio Lula Da Silva, alors président du Brésil.

La nouvelle constitution bolivienne oblige le gouvernement à consulter les communautés indigènes pour développer tout projet sur leurs terres. Ses détracteurs reprochent à Evo Morales, indien aymara, de ne pas respecter la constitution qu’il a lui-même inspirée. Les Indiens craignent non seulement que la route coupe leur territoire en deux, mais surtout qu’elle provoque l’arrivée de nouveaux colons et de cultivateurs de coca, voire de laboratoires de fabrication de cocaïne, comme il arrive le plus souvent quand une nouvelle route traverse la forêt.

Le président Morales a tenté de calmer la grogne en décidant la suspension des travaux et en qualifiant d’impardonnable la violence policière de dimanche. Mais cela n’a pas suffi. Les dirigeants de Tipnis et de la Conamaq (Consejo nacional de Ayllus y Markas del Qullasuyu) ont rejeté la « suspension momentanée des travaux ».

En décembre 2010, une protestation nationale avait déjà contraint le gouvernement à renoncer à son projet d’augmentation des prix du gaz. Un mouvement qui avait pris le nom de « gasolinazo ». «Les liens que le président avait avec les mouvements sociaux et les organisations de caractère indigène sont en train de se rompre», a déclaré à l’AFP le politologue Jorge Kafka, de l’Université catholique.

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