Accueil > 08- LUTTE DES CLASSES - CLASS STRUGGLE > Mouvements sociaux en Bolivie

Mouvements sociaux en Bolivie

dimanche 6 mai 2012

Bolivie : Evo Morales fait marche arrière sur l’allongement du temps de travail des personnels de santé

Evo Morales, le président de la Bolivie annonce la suspension du décret allongeant le temps travail des personnels de santé à La Paz, le 4 mai 2012.

Confronté à une vague de mécontentement social et de grèves, le président bolivien Evo Morales lâche du lest. Il a suspendu le décret allongeant la durée de travail des personnels médicaux, et a annoncé la tenue en juillet prochain d’un sommet social sur la santé.
En grève depuis trente-cinq jours contre l’allongement de 6 à 8 heures de leur journée de travail, les médecins mais aussi les paramédicaux, les fonctionnaires de la santé et les étudiants en médecine ont obtenu partiellement satisfaction. Le président Evo morales a annoncé la suspension du décret contesté jusqu’à la tenue en juillet prochain d’un sommet social sur la santé.

« L’application du décret 1126 est suspendue. Je fais totalement confiance aux partenaires sociaux et à ces personnels de santé qui donnent du temps, des connaissances, et font des efforts pour la vie et la santé des autres, et tout particulièrement dans les secteurs les plus défavorisés », a-t-il déclaré.

Mais les grévistes exigent l’abrogation de la mesure et entendent poursuivre le mouvement. Ils ne sont d’ailleurs pas seuls. La centrale ouvrière bolivienne, la COB, appelle la semaine prochaine à une grève de trois jours pour obtenir davantage que ce que le gouvernement propose, à savoir relever les salaires de 8% et fixer le salaire minimum à 109 euros par mois.

Dès ce lundi, les chauffeurs de transports publics seront eux aussi en grève. Enfin, la marche des Indiens d’Amazonie vers la Paz se poursuit pour s’opposer à la traversée d’une réserve écologique par une route.
Grèves de la faim de médecins, manifestations d’instituteurs et de mineurs, affrontements avec la police, protestations des Indiens d’Amazonie opposés à un projet de route : les conflits sociaux s’étendent en Bolivie, sur fond de pré-campagne électorale.
Pour la deuxième journée consécutive, La Paz a été le théâtre mercredi de manifestations des mineurs de la COB (Centrale ouvrière bolivienne) qui ont paralysé le centre de la capitale.

"Nous allons bloquer toutes les rues jusqu’à ce que le gouvernement accepte notre demande" d’un salaire minimum national équivalent à 1.150 dollars par mois, a affirmé à l’AFP un mineur gréviste, Froilan Verduguez.

Une demande difficile à satisfaire pour le gouvernement d’un pays où le salaire minimum est actuellement de 150 dollars.

Comme la veille, les mineurs ont parcouru les rues de La Paz en faisant exploser de la dynamite, semant parfois la panique chez les piétons. Cinq policiers ont été blessés mardi dans des échauffourées avec les mineurs, selon le gouvernement, tandis que les forces de sécurité ont arrêté trois étudiants en médecine qui manifestaient en faveur des médecins.

Ceux-ci sont mobilisés depuis plusieurs jours contre l’augmentation de six à huit heures du temps de travail quotidien.

Plusieurs manifestations de médecins et de mineurs se sont également déroulées dans d’autres villes du pays dont Santa Cruz (est), Sucre (sud-est), Cochabamba (centre) et Tarija (sud).
Par ailleurs, des Indiens d’Amazonie se préparent à entamer une nouvelle marche jusqu’à La Paz —quelque 600 km— pour faire annuler un projet routier devant traverser le territoire indigène du Parc national Isiboro Secure (Tipnis), territoire ancestral de 50.000 indiens, dans le nord-est du pays.

Sous la pression, le projet avait été suspendu à la demande du gouvernement fin 2011, mais d’autres secteurs proches du président réclamant sa mise en oeuvre, la situation reste confuse.
Parmi les demandes des Indiens d’Amazonie figurent également la fin des activités gazières dans le parc Aguaragüe, qui fournissent 80% de la production nationale de gaz, la principale richesse du pays, des garanties sur la préservation de leur habitat ainsi que la réaffirmation de leur droit à vivre dans un milieu naturel préservé.

"Tout cela a un fond pré-électoral", analyse pour l’AFP Carlos Cordero, professeur de sciences politiques de l’université de La Paz.
"Comme nous nous rapprochons des élections, le gouvernement va faire des propositions électorales et pour l’instant il doit se montrer ferme. Cette fermeté génère une paralysie de la société qui pourrait également conduire à une paralysie du gouvernement", explique-t-il.
"Ce malaise pourrait se prolonger jusqu’à l’élection générale de 2014" et entraîner le président socialiste Evo Morales et son parti "vers une défaite électorale", relève également le professeur Cordero.

Pour le sociologue et ancien membre indépendant de la Cour nationale électorale, Jorge Lazarte, "le gouvernement traverse une crise de confiance" et "souffre d’un déficit en matière de gestion de conflits".

"Les conflits sociaux vont continuer et s’intensifier", prédit-il.
Pour sa part, le ministre de la Présidence (chef de cabinet) Juan Ramon Quintana a affirmé "la volonté de dialoguer du gouvernement avec les divers secteurs" en conflit et a évoqué "plusieurs scénarios de dialogue en cours".

Evo Morales, le premier président amérindien (aymara) de Bolivie, est arrivé au pouvoir en 2006 puis réélu en 2011 triomphalement avec 64% des voix, appuyé par les secteurs les plus humbles de la population. Il a subi toutefois un déclin de popularité marqué ces derniers mois.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.