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Vague de grèves au Maroc

lundi 23 juillet 2012

Vague de grèves au Maroc

Grève générale du côté des syndicats marocains de la Santé. Six d’entre eux, des secteurs public, privé et universitaire, ont observé, ce jeudi, une grève dans tous les centres et établissements hospitalier du royaume, à l’exception des services d’urgences et de soins intensifs. Ils dénoncent les atermoiements du ministère de la Santé à engager un dialogue sérieux avec les professionnels et représentants du secteur.

L’appel à la mobilisation générale a été lancé par les syndicats qui reprochent au département de tutelle d’organiser, en lieu et place du dialogue, des séances d’audition qui n’ont fait que ressasser les questions et dysfonctionnements connus de tous. « Lors de notre dernière réunion avec le ministre au mois de mars 2012, il s’est engagé à satisfaire la majorité de nos revendications. Quatre mois plus tard, il n’en est rien. Nous en sommes toujours à la case départ », déplore le Dr. Mostafa Chanaoui, secrétaire général du Syndicat national de la santé affilié à la CDT, au journal Aujourd’hui.ma.

Les quatre syndicats les plus représentatifs opérant dans le secteur de la Santé, à savoir la CDT (Confédération Démocratique du Travail), la FDT (Fédération Démocratique du Travail), l’UGTM (Union Générale des Travailleurs au Maroc), l’UNTM (Union Nationale du Travail au Maroc), signataires de l’accord du 5 juillet 2011 avec le gouvernement, décrètent le jeudi 5 juillet 2012 une grève nationale au niveau du secteur de la Santé. Et ce, suite au non-respect par le ministre de la Santé de l’exécution des dispositions de l’accord émanant du dialogue social du 5 juillet 2011 à une année de sa signature et suite aussi au peu d’intérêt accordé aux ressources humaines et aux provocations et poursuites enclenchées à l’encontre des employés de la Santé.

Un communiqué conjoint des quatre centrales syndicales parvenu à « L’Opinion » précise que ce mouvement de grève est décrété suite à un certain nombre de considérations, dont notamment : la non-exécution complète et le non-respect des dispositions afférentes à l’accord conclu le 5 juillet 2011 ; l’absence d’une réelle volonté de traiter des préoccupations et problématiques des employés de la Santé, y compris la carence observée au niveau des ressources humaines, surtout suite à la mise en œuvre du RAMED et des mesures et initiatives censées l’accompagner ; les tentatives du ministère de la Santé, à travers certaines de ses rencontres et sorties médiatiques, de semer, moyennant des comportements irresponsables, la discorde entre citoyens et employés de la Santé ; la recrudescence incompréhensible et intolérable des actions en justice et poursuites devant les tribunaux des employés de la Santé, et ce, en l’absence d’un réel soutien, au moment opportun, du département de tutelle.
« Certains hôpitaux travaillent avec un médecin et un infirmier pour tous les services ».

Pour mémoire, un accord entre le gouvernement et les centrales syndicales relatif à l’amélioration des conditions du personnel de la santé avait été conclu le 5 juillet 2011, mais depuis lors, n’avait donné lieu qu’à quelques décrets d’application demeurés en suspens. Hier, les organisations syndicales ont donc exigé la mise en application immédiate de cet accord.

Ces dernières ont également appelé à l’ouverture d’un dialogue sérieux et transparent pour la réforme du secteur de la santé, notamment concernant la facilitation de l’accès aux soins, qui doit impliquer tous les intervenants du secteur, rapporte le quotidien.
Pour les syndicats en colère, les mouvements de protestations ne sont pas prêts de s’arrêter tant que le ministre de la santé, M. Lhoussein Louardi, ne répond pas à leurs doléances, notamment celle qui a attrait à l’augmentation des effectifs : « Chaque professionnel de santé effectue le travail de 5 à 6 personnes. Certains hôpitaux travaillent avec un médecin et un infirmier pour tous les services […]. Nous avions demandé à maintes reprises une augmentation du personnel de santé. En vain. 2.000 nouveaux postes sont créés chaque année alors que 1.000 personnes sortent en retraite annuellement » vitupère M. Chanaoui.

Du côté du ministre évidemment, le son de cloche est bien différent. M. Lhoussein Louardi affirme pour sa part que la plupart des revendications des professionnels du secteur ont été satisfaites par l’adoption de huit décrets d’augmentation des salaires des médecins résidents et internes, ainsi que des médecins exerçant dans le secteur public. Au site CRIonline, il précise également que d’autres augmentations de salaires des professeurs universitaires ont été aussi adoptées, « outre les indemnisations pour les risques professionnels, les permanences, les astreintes et la responsabilité ».
Il ajoute par ailleurs qu’au titre de la seule année 2012, l’Etat marocain a alloué une enveloppe de 12milliards de dirhams et 2000 postes budgétaires au secteur de la santé. Enfin, et en dépit des attaques qui lui sont adressées par les grévistes, le ministre assure que le dialogue avec les organisations syndicales se poursuit en ce moment, précisant qu’un troisième round de négociations devrait avoir lieu dans les jours qui viennent.

Selon les statistiques du ministère marocain de l’Emploi sur l’évolution des conflits dans le secteur privé, le nombre des entreprises touchées par les débrayages est passé de 194 entreprises en 2010, à 348 en 2011, ce qui correspond à une augmentation de 79,4%.
La même source précise que le nombre des journées perdues pour les entreprises s’élève à 276 928 jours contre 175 251 en 2010. Près de 400 grèves ont eu lieu en 2011 contre 240 en 2010. Une perte de 277 000 journées de travail à cause des grèves qui se sont multipliées dans la fonction publique ces dernières années et n’épargnent aucun secteur, surtout les secteurs publics tels que la santé, la justice, l’éducation nationale et les collectivités locales.

Le gouvernement marocain compte sur cette situation particulière que traverse le Maroc, pour signifier que la Constitution marocaine reconnaît le droit de grève dans son article 14. Néanmoins, la décision d’accorder ce droit est liée à la promulgation d’une loi organique.
Dans ce sens, le chef de l’Exécutif marocain, Abdelilah Benkirane, a fait part, en janvier 2012, lors du débat sur le programme gouvernemental, de la détermination de son gouvernement à faire voter une loi organique sur la réglementation du droit de grève et d’une autre sur les syndicats pour mettre en place un cadre bien défini régissant les droits et obligations de toutes les parties, et garantir l’exercice des droits syndicaux et du droit de grève en tant que droits constitutionnels.

Dès le lendemain, une commission interministérielle était chargée de se pencher sur le dossier pour faire une proposition avant la fin de l’année en cours. Le projet de loi organique reconnaît le droit de grève garanti par la Constitution, préservant ainsi le droit des grévistes, la liberté du travail des non-grévistes et les droits des employeurs, en plus de mesures visant à assurer un service minimum en temps de grève, notamment dans le secteur public. Le projet de loi, qui conditionne la validité d’une décision de grève par l’accord d’au moins 35% des salariés, fixe également le préavis précédent une grève à une durée de dix jours minimum. L’employeur doit être informé du débrayage dix jours avant la date de la grève et ses motifs tout comme les autorités locales et les délégations du ministère marocain de l’Emploi et de la Formation professionnelle.

A travers cette loi, le gouvernement Benkirane espère faire passer la mise en place d’un service minimum dans les établissements publics, réglementer davantage les appels à la grève notamment en rendant le préavis obligatoire, et surtout faire adopter la fameuse mesure de retenue salariale pour les grévistes.

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