Accueil > 0 - PREFACE > Lire sur Haïti

Lire sur Haïti

vendredi 31 août 2012

Messages

  • Lyonel Trouillot aux « humanitaires » qui occupent Haïti –

    Adieu l’ami :

    Ma lettre sera brève : je veux que tu t’en ailles.

    Avec tes ONG,

    tes uniformes,

    ta bonne et ta mauvaise conscience,

    tes experts et tes apprentis,

    tes lettres de mission et tes prises de risque,

    ton étrange art de vivre

    qui pleure sur moi le matin en concluant que ton aide est nécessaire à ma survie

    et fait la fête le soir à the view, au quartier latin…

    Tu sais, je suis venu à fond de cale, j’ai survécu.

    On m’a inventé des dettes que j’ai payées, j’ai survécu.

    On a assassiné mes frères : Péralte, Alexis, beaucoup d’autres.

    J’ai salué leur légende et pleuré leur absence, et j’ai survécu.

    La terre a tremblé et la ville s’est couchée sur moi.

    Sous des tentes et des hangars, j’ai survécu.

    A force de me regarder survivre, tu as conclu à l’extrême gentillesse d’un troupeau de moutons qui ne se fâche jamais et bêle à tout venant.

    Tu t’es trompé, mon frère. Même un mouton pelé a droit à la colère.

    Aujourd’hui mon vœu est que tu m’aimes moins, ou assez pour partir.

    Il sera tant pour toi de revenir.

    En ami.

    Quand j’aurai retrouvé le droit de décider d’un Noël à ma convenance.

    Et des couleurs du nouvel an.

    Reviens-moi en ami et nous ferons la fête.

    Lyonel Trouillot

    Le Nouvelliste, 3-4 décembre 2011

  • « La terre a soulevé mon cœur

    d’un mouvement sec et violent

    elle l’a déchiré

    éparpillant mille morceaux

    comme larmes d’oiseaux errants

    aux quatre vents de mon île

    et depuis

    chaque nuit

    j’entends les battements

    hésiter à mi-chemin

    entre décombres

    et étoiles »

    (Evelyne Trouillot)

  • j’ai vu

    une étrange fillette

    à la silhouette perdue

    fantastique

    belle

    aimable

    à la merci

    d’une famille

    bourgeoise

    de petion ville

    violentée nuit et jour

    elle acquiesce

    enchainée

    à un anneau de tristesse

    couchée par terre

    à la nuit tombée

    étrangère

    à sa vie et à la vie

    elle lutte sans cesse

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.