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Le Parti de Gauche rejoint l’union sacrée

mercredi 16 janvier 2013

Malgré les contorsions de la déclaration ci-dessous, le parti de Mélenchon montre qu’il veut jouer le rôle de la gauche de la gauche dans l’union sacrée. Le sympathisant du Parti de gauche est censé se mettre au garde-à-vous à la levée du drapeau dès la deuxième phrase.

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Mali : rompre avec la logique guerrière

Déclaration du Parti de gauche

Le Parti de gauche (PG) prend acte de la décision du Président de la République d’engager militairement des troupes françaises au Mali. Il rend hommage au lieutenant Damien Boiteux.

L’argument utilisé par François Hollande pour justifier une telle intervention est la décision des groupes djihadistes de se mettre en mouvement vers le sud, en direction de la ville de Mopti créant ainsi une situation menaçante. Dès lors, il affirme avoir répondu à la demande d’aide du Président du Mali, ainsi qu’à l’inquiétude légitime des maliens face à la cruauté de ces groupes.

Le PG n’en juge pas moins inacceptable que la décision de faire la guerre soit prise en dépit des règles établies par la résolution 2085 des Nations unies, qui requière expressément que le Conseil de sécurité approuve par avance toute intervention militaire par une force panafricaine, et à fortiori par une force française.

En outre, le PG déplore que cette décision ait été prise en dehors de toute consultation de la représentation nationale.

Il n’accepte pas la décision du gouvernement consistant à ce que le débat prévu au parlement mercredi 16 janvier ne soit pas suivi d’un vote. Le PG exprime sa solidarité avec le groupe des élus du Front de gauche qui a demandé ce vote, refusé par Jean-Marc Ayrault.

Le Parti de gauche déclare, puisque les opérations sont engagées, qu’elles doivent avoir pour objectif strict d’empêcher la descente vers Bamako. En aucun cas, elles ne doivent servir de prétexte pour que la France n’entreprenne la reconquête du nord du Mali. Un tel choix comporterait de grands risques d’enlisement dans une guerre de type néocoloniale. Les expressions utilisées comme « guerre contre le terrorisme » (Laurent Fabius) ou « le temps qu’il faudra » pour qualifier la durée probable de l’intervention (Jean-Yves Le Drian) rappellent la guerre en Irak et en Afghanistan : des années de guerres coûteuses en hommes et en moyens financiers avec au final la démonstration de l’inefficacité flagrante de ce type d’intervention militaire contre un terrorisme qu’il ne contribue qu’à renforcer. La mise en avant du caractère islamiste de ce terrorisme remet au goût du jour la théorie du choc des civilisations utilisée par les Etats-Unis pour justifier ces guerres sans issue.

La reconquête de la souveraineté territoriale du pays doit aller de pair avec la reconquête par le peuple malien de sa souveraineté dans le cadre d’un processus national constituant.

Le Parti de gauche dénonce à l’avance toute tentative de la France de vouloir régler seule la situation par une guerre néocoloniale aux confins d’une région riche en pétrole, en uranium et en autres minerais stratégiques, et au risque de nous aliéner les populations locales. La France doit respecter la souveraineté des pays du Sahel sur leurs ressources naturelles.

Il ne doit pas y avoir d’illusion : une telle guerre serait sans fin. Le danger n’implique pas seulement les militaires français confrontés à un ennemi déterminé et bien armé du fait des conséquences de la désastreuse intervention en Lybie. Il implique aussi les otages aux mains des groupes islamistes, notamment AQMI, et enfin la population française dans son ensemble en Afrique et en Europe.

Le Parti de gauche met en garde contre la tentation d’appel à l’OTAN. L’Alliance atlantique est le bras armé des intérêts états-uniens et de leurs supplétifs. Elle n’a rien à faire, de près ou de loin, au Mali. Conformément à la résolution de l’ONU du 20 décembre 2012, la libération du nord du Mali doit rester de la responsabilité d’une armée malienne reconstituée. Il est vain de croire que cela est possible sans un retour immédiat aux normes démocratiques dans ce pays.

Le Parti de Gauche rappelle la grave responsabilité que porte le président Sarkozy et les partis qui l’ont soutenu alors dans une des causes principales des évènements actuels au Mali, à savoir la dispersion de stocks d’armes considérables suite à l’intervention française en Libye qui a fait d’un Sahel en proie à tous les trafics, une véritable poudrière.

Le Parti de gauche dénonce l’hypocrisie de nos alliances et de nos choix géostratégiques. Nous pensons en particulier à celle concernant le Qatar dont on sait qu’il contribue à armer et former certains mouvements djihadistes comme le Mujao ou Ançar Dine et dont on connaît la présence à Gao à travers le Croissant rouge qatari.

Le Parti de gauche exige une clarification par le gouvernement français des objectifs géostratégiques à l’œuvre derrière cette intervention et l’arrêt de l’intervention militaire française de reconquête du nord du Mali
une fois la ligne verte stabilisée.

Il rappelle que malgré les déclarations des autorités françaises, il est faux de dire que la Résolution 2085 est respectée à cet instant. Au contraire, il s’agit bien d’une opération strictement française. Le PG rappelle que la France doit faire respecter l’ONU et non lui tordre le bras. La France doit se borner à aider à la mise en œuvre de la MISMA (Mission sous autorité africaine) tel que le lui a rappelé le Conseil de Sécurité le 14 janvier 2013 qui n’a pas changé le contour de la Mission.

Le Parti de Gauche rappelle également que la résolution 2085 de l’ONU privilégie à juste titre le processus politique pour rétablir l’ordre constitutionnel au Mali, c’est-à-dire le remplacement démocratique des autorités issues du putsch du 22 mars 2012 et la négociation avec les touaregs.

Messages

  • Pourquoi Mélenchon ne dénonce-t-il pas la guerre de la France au Mali pour ce qu’elle est : une guerre coloniale de recolonisation de l’Afrique ?

    • Effectivement, le PCF, le Front de gauche et Mélenchon se gardent de dénoncer directement l’intervention française comme un nouvel acte de l’impérialisme. Le nationalisme français, c’est-à-dire la défense des intérêts bourgeois nationaux, ils ne les ont jamais dénoncés, pas même quand la France menait le génocide au Rwanda sous l’égide de Mitterrand. N’oublions pas que Buffet pour le PCF avait signé le rapport Quilès qui affirmait que la France était blanche de toute responsabilité directe dans le génocide rwandais…

      Lorsqu’ils critiquent les choix des gouvernants de l’Etat bourgeois, c’est en postulant eux-mêmes à redevenir des gouvernants de l’Etat bourgeois que PCF et Mélenchon ont déjà été, ce qu’ils ne renient en rien. Défendre les intérêts nationaux de la bourgeoisie est le propre de l’Etat bourgeois et donc il ne peut être question pour le parti dit communiste de rejeter la politique nationale bourgeoise, y compris dans ses guerres.

      Ce sont les intérêts de l’industrie nucléaire, de l’industrie pétrolière et gazière de la France que l’Etat de Hollande défend au Mali, au Niger, au Centrafrique, en Algérie et jamais le courant du Front de gauche ne dénoncera ni ne rompera avec ces intérêts capitalistes nationaux.

    • Le PG dénonce l’absence d’un vote mais s’il voulait se placer en dehors de l’union sacrée il ajouterait : nous voterions non à la guerre au Mali. En ne le disant pas le PG se place dans l’union sacrée. Mais par sa critique de la guerre, comme celle Noel Mamère, il se pose avec le PC en pièce indispensable de l’union sacrée : créer des poles de "débat", "discussion", de réunions publiques locales apparemment "ni clairement pour ni clairement contre" la guerre pour canaliser ceux qui pourraient être contre. C’est le vieux rôle de courants centristes comme Longuet et Kautsky en 14-18.

  • Grenoble : conférence "La Gauchafrique"

    Le dimanche 27 janvier 2013, de 19h00 à 22h00.

    Conférence sur le Parti Socialiste face à la Françafrique, hier et aujourd’hui, avec Samuël Foutoyet, membre de Survie et auteur de "Nicolas Sarkozy ou la Françafrique décomplexée" (Tribord, 2008)

    Depuis son élection à la présidence de la République française, François Hollande affirme que la Françafrique n’existe plus. Qu’en est-il exactement ? Quelle est la politique africaine de la France depuis mai 2012 ? De manière plus générale, quel rapport le parti socialiste a-t-il entretenu avec la Françafrique, en particulier pendant les années Mitterrand et les années Jospin ?

    Où ça : au centre social autogéré La BAF (2 chemin des Alpins, Grenoble, plus d’infos sur http://labaf.org/)

    Informations

    Site Web : http://www.survie-isere.org/

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