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L’Autorité palestinienne dénonce la "guerre de l’eau" menée par Israël

jeudi 9 mai 2013

L’Autorité palestinienne dénonce la "guerre de l’eau" menée par Israël

Par Laurent Zecchini (Jérusalem, correspondant Le Monde)

Sur le principe, le docteur Shaddad Al-Attili, ministre de l’Autorité palestinienne chargé de l’eau, ne verrait que des avantages à la réalisation du canal mer Rouge-mer Morte. Il accepte aussi l’idée que ce projet puisse être un facteur de coopération régionale, un puissant symbole de paix pour toute la région. Mais cela, c’est la théorie. Dans les faits, explique-t-il, il faudrait que les Israéliens fassent au préalable des gestes significatifs en ce sens.

"Or, depuis dix ans que ce projet a été lancé, souligne-t-il, il ne s’est rien passé : aucune volonté de gérer et de partager équitablement l’eau en Cisjordanie ; refus de nous accorder un accès à la mer Morte et au Jourdain ; refus de nous laisser construire une usine de désalinisation ; refus de nous accorder une bande de 4 km de long sur les rives de la mer Morte pour nous permettre de développer un projet touristique..."

Dans ces conditions, observe le docteur Attili, "si la situation n’évolue pas, Jordaniens, Palestiniens et Israéliens ne profiteront jamais de ce projet, la mer Morte continuera de se vider et on aura raté, une nouvelle fois, une occasion unique pour le Proche-Orient".

Shaddad Al-Attili voit une confirmation de la mauvaise volonté israélienne dans la récente décision de classer comme "terre d’Etat" quelque 14 000 hectares de terres découvertes par l’assèchement des bords de la mer Morte.

Une fois l’enregistrement de ces surfaces achevé, le gouvernement pourra en attribuer une partie à des projets touristiques. Or, depuis 1967, les Palestiniens n’ont obtenu que 0,7 % des terres appartenant à l’Etat, alors que les colons juifs en recevaient 38 %.

Tout cela ne peut que compliquer davantage la position de l’Autorité palestinienne et accentuer les critiques du projet, constate-t-il. Pourtant, insiste le ministre de l’eau, "les Palestiniens ont le droit d’y participer, parce que nous avons des droits, reconnus sur le plan international, à la fois sur le Jourdain et sur la mer Morte".

"Qui est responsable de la mer Morte ?", insiste-t-il, en rappelant qu’Israéliens, Jordaniens, Syriens et Libanais détournent sans vergogne les eaux du Jourdain. La réhabilitation du fleuve n’est qu’un des aspects de la question, de même que la lutte contre l’assèchement du lac de Tibériade, que les Israéliens appellent "mer de Galilée".

Car l’eau "doit aussi être utilisée par les populations ; des gens vivent sur ces territoires, et ils ont besoin d’eau", insiste-t-il. La préoccupation majeure des Palestiniens, c’est la vallée du Jourdain, ce qui renvoie inévitablement au processus de paix israélo-palestinien.

Pour le futur Etat palestinien, cette région aura une vocation économique prépondérante. Sauf qu’elle est aujourd’hui classée en zone C (selon la définition des accords d’Oslo de 1993). Celle-ci représente 62 % de la Cisjordanie, et Israël y exerce un contrôle total. Le canal mer Rouge-mer Morte est un beau projet, conclut le docteur Attili, "mais l’horizon de deux Etats s’éloignant de plus en plus en raison de la colonisation, cela signifie que la question de l’eau est loin d’être réglée".

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