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Drones, la guerre secrète des USA

samedi 15 juin 2013

Drones, la guerre secrète des USA

Un documentaire sorti vendredi aux Etats-Unis s’attaque à la campagne secrète d’assassinats ciblés de terroristes présumés ou de radicaux menée par l’administration Obama. Dans ce film intitulé "Dirty wars : the World Is a Battlefield" (Sales guerres : le monde est un champ de bataille, tiré d’un livre éponyme publié en septembre chez Avalon), le journaliste Jeremy Scahill condamne ces "assassinats ciblés" réalisés avec des missiles, des drones ou par des commandos au milieu de la nuit. Selon lui, cette tactique créé un état de guerre permanent qui "dérape hors de tout contrôle". Pour lui, elle ternit l’image de l’Amérique et contribue à lui créer davantage d’ennemis.
Le documentaire s’efforce de lever le voile du secret sur des missions menées depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis en se concentrant sur des civils victimes de ces agissements en Afghanistan et au Yémen. Il relate notamment une bavure des forces spéciales, commise dans le village afghan de Gardez, où cinq civils, dont deux femmes enceintes et un policier formé par les Américains, ont été tués.

Dans le documentaire, le journaliste diffuse des extraits d’une vidéo faite par une famille afghane montrant une fête où des gens dansent et rient quelques minutes avant d’être abattus. Après le drame, les habitants du village crient leur colère et promettent de se venger : "Si les Américains font encore ça, nous serons alors prêts à les combattre", dit l’un d’eux. Après des fuites dans les médias, les forces armées américaines avaient dans un premier temps assuré que les victimes étaient bien des insurgés avant d’admettre une erreur tragique.

Au Yémen, le documentaire montre un chef tribal et ancien membre du parlement du pays décrire la frappe en 2009 d’un missile de croisière américain Tomahawk sur le village bédouin d’Al-Majalah, qui avait tué plus de quarante personnes, dont des enfants. Le gouvernement yéménite avait revendiqué cette attaque, affirmant qu’il s’agissait d’un camp d’entraînement d’Al-Qaida. Mais des câbles diplomatiques publiés ultérieurement par le site WikiLeaks ont confirmé que la frappe était bien due à un missile américain.

La partie la plus controversée du film porte sur l’assassinat de l’imam américano-yéménite Anwar Al-Aulaqi, tué par une frappe de drone américain en septembre 2011. L’administration Obama a reconnu seulement en mai dernier avoir ordonné l’élimination de cet imam. La Maison Blanche a insisté sur le fait que cette décision avait été motivée par son implication directe dans des complots terroristes visant les Etats-Unis, mais Jeremy Scahill estime qu’il a été ciblé uniquement pour sa rhétorique et qu’il aurait dû être jugé par un tribunal américain.

Le 23 mai, dans un discours destiné à mettre à jour la stratégie antiterroriste américaine, Barack Obama avait notamment révélé avoir signé un nouveau mémorandum précisant les circonstances dans lesquelles son pays pouvait avoir recours à des frappes de drones à l’étranger, une annonce qui laisse sceptique l’auteur du documentaire.
En 2007, Jeremy Scahill avait écrit sur Blackwater : The Rise of the World’s Most Powerful Mercenary Army (Blackwater, la plus puissante armée privée du monde, Nation Books/Avalon) racontant l’émergence de cette société de sécurité qui a opéré en Irak et en Afghanistan, au mépris des lois internationales.

Messages

  • Alors que l’administration Obama refuse toujours de rendre publique la justification légale pour les frappes de drones qui ont tué des milliers de civils, des pays non alignés avec Washington développent rapidement leurs propres drones capables de tuer. Dans son nouveau livre Lords of Secrecy, Scott Horton, avocat et éditeur au magazine Harper’s, dénonce le silence maintenu par Washington sur son usage des drones et accuse le président de créer des précédents qui pourraient revenir hanter l’Amérique.

  • Quand Obama fait un discours sur les drones - ce qui est très rare -, c’est comme si les mots qui sortaient de sa bouche étaient écrits par les relations publiques de la CIA. C’est frappant. Plusieurs affirmations faites par Obama au sujet des frappes des drones, notamment sur les victimes civiles, sont douteuses, et certaines ne sont carrément pas vraies.

    Lorsqu’une frappe se produit, le président reçoit l’information que la CIA veut bien communiquer, c’est-à-dire que « la frappe a été un succès, le numéro 3 d’Al-Qaïda est mort », etc. Nous avons tué le numéro 3 d’Al-Qaïda, quoi, 20 fois déjà ? Les gens tués sont toujours de dangereux terroristes, des innocents ne sont jamais, ou rarement, tués... Ensuite, vous entendez des reporters au Pakistan qui montrent que c’est une boulangerie qui a été atteinte, et que des femmes et des enfants sont morts...

    Une source bien placée à la Maison-Blanche m’a dit récemment que, dans le cabinet Obama, le sujet des drones n’est pas discuté ouvertement : seuls des gens des services de renseignement en parlent avec le président. Il n’y a pas de débat. Ce n’est pas comme cela qu’une démocratie est censée fonctionner.

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