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Fukushima : et ça continue...

lundi 14 octobre 2013

Le propriétaire de Fukushima, Tokyo Electric (Tepco), dit que d’ici 60 jours va commencer une tentative pour enlever plus de 1300 barres de combustible usagé d’une piscine en très mauvais état perchée à 30 mètres du sol. La piscine repose sur un édifice sévèrement endommagé qui penche, s’enfonce et qui pourrait facilement s’effondrer avec un autre séisme, si ce n’est pas de lui-même.

Les quelques 400 tonnes de combustible de cette piscine pourraient libérer 15.000 fois plus de radiations qu’Hiroshima.

Une chose est sûre concernant cette crise, c’est que Tepco n’a les ressources ni scientifiques, ni techniques, ni financières pour la gérer. Pas plus que le gouvernement.

Nous savons déjà que des milliers de tonnes d’eau largement contaminée s’écoulent sur le site de Fukushima, entraînant un brouet diabolique d’isotopes à longue vie vers le Pacifique. Des thons irradiés par des retombées imputables à Fukushima ont déjà été pêchés au large de la Californie.

Nous pouvons nous attendre à bien pire.

Tepco continue à déverser toujours plus d’eau sur un site proche de trois cœurs de réacteur en fusion qu’il doit continuer à refroidir coûte que coûte. Des panaches de vapeur indiquent qu’une fission pourrait se poursuivre quelque part en souterrain. Mais personne ne sait exactement où se trouvent exactement ces coriums.

Une grande partie de cette eau irradiée se trouve maintenant dans un millier d’immenses mais fragiles réservoirs qui ont été assemblés à-la-va-vite et éparpillés autour du site. Plusieurs fuient déjà. Ils pourraient tous être fracassés par un prochain séisme, libérant des milliers de tonnes de poisons permanents dans le Pacifique.

L’eau qui coule à travers le site déstabilise aussi les structures subsistantes de Fukushima, dont celle supportant la piscine de l’unité 4.

Plus de 6000 assemblages de combustible reposent dans la piscine commune à juste 50 mètres de l’unité 4. Certains contiennent du plutonium. La piscine ne possède aucun confinement au-dessus. Elle est vulnérable à une perte de refroidissement, à l’effondrement d’un bâtiment proche, à un autre séisme, à un autre tsunami.

Au total, plus de 11.000 assemblages de combustible sont dispersés sur le site de Fukushima. Selon Robert Alvarez, expert de longue date et ancien responsable du département de l’énergie, il y a 85 fois plus de césium léthal sur le site qu’il n’y en a eu de libéré par Tchernobyl.

On continue de trouver des "points chauds" de radioactivité un peu partout au Japon. On entend parler d’une intensification des taux de problèmes thyroïdiens parmi les enfants de la région.

Dans l’immédiat, l’essentiel est que ces barres de combustible doivent sortir de la piscine de l’unité 4 dès que possible.

Juste avant le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 qui ont détruit le site de Fukushima, le cœur de l’unité 4 avait été enlevé pour maintenance et rechargement de routine. Comme quelques deux douzaines de réacteurs aux US et d’autres biens trop nombreux dans le monde, la piscine conçue par General Electric dans laquelle repose aujourd’hui le cœur se trouve à 30 mètres en l’air.

On doit toutefois garder immergé le combustible usagé. C’est son revêtement, un alliage de zirconium, qui s’enflammerait spontanément s’il était exposé à l’air. Longtemps utilisé dans les ampoules de flash des appareils photos, le zirconium brûle avec une flamme chaude extrêmement vive.

Toute barre exposée émet suffisamment de radiations pour tuer en quelques minutes quiconque se trouve à côté. Un embrasement pourrait obliger tout le personnel à quitter le site et rendrait inopérable la machinerie électronique.

Selon Arnie Gundersen, ingénieur depuis 40 ans dans l’industrie nucléaire pour laquelle il fabriquait autrefois des barres de combustible, celles du cœur de l’unité 4 sont inclinées, endommagées et fragilisées au point de s’effriter. Les caméras ont montré d’inquiétantes quantités de débris dans la piscine, qui est elle-même endommagée. [Dans une interview, Arnie disait : "Ils ont admis que tout le bore s’était désintégré. Cela peut enclencher une réaction en chaîne nucléaire si les barres arrivent en contact les unes des autres dans la piscine."]

Les risques techniques et scientifiques pour le vidage de la piscine de l’unité 4 sont spécifiques et redoutables, dit Gundersen. Mais ce doit être fait avec 100 % de perfection.

Que la tentative échoue, les barres pourraient se retrouver exposées à l’air et prendre feu, dégageant d’horribles quantités de radiations dans l’atmosphère. La piscine pourrait même s’écraser au sol, déversant les barres dans un tas qui pourrait entrer en fission et peut-être exploser. Le nuage radioactif qui en résulterait menacerait la santé et la sécurité de nous tous.

La première retombée de Tchernobyl en 1986 a atteint la Californie en dix jours. Fukushima en 2011 est arrivé en moins d’une semaine. Un nouvel incendie de l’unité 4 déverserait un flot continu de poisons mortels radioactifs pendant des siècles.

L’ancien ambassadeur Mitsuhei Murata dit que des rejets à grande échelle de Fukushima "détruiraient l’environnement mondial et notre civilisation. Ce n’est pas compliqué, ça dépasse tout débat sur les centrales nucléaires. C’est un problème de survie humaine."

Le trust français Areva est très impliqué à Fukushima...

La cinquantaine d’experts d’Areva présents au Japon suit pour l’instant de l’extérieur ce qui se passe dans la centrale de Fukushima. Mais ils se disent prêts à intervenir dès que les dirigeants de Tepco en exprimeront le souhait. Le président d’Areva, Luc Oursel, l’avait déjà clairement fait savoir aux autorités japonaises, en juin, à l’occasion de la visite à Tokyo de François Hollande.

« Nous pouvons apporter de la valeur ajoutée dans plusieurs domaines, comme le traitement des déchets, afin de réduire leur volume et leur dangerosité. Nous développons aussi, en partenariat avec l’entreprise japonaise Atox, des solutions permettant d’accéder aux endroits les plus difficiles et très radioactifs comme l’intérieur des réacteurs, avec des caméras et des sondes. Nous pouvons également avoir un rôle dans la stratégie de gestion du site », explique Armand Laferrère, le président d’Areva Japon.

Ce que la France a rajouté au nucléaire japonias, c’est le MOX, le pire combustible nucléaire au monde...

« Areva a beaucoup à offrir à Tepco », résumait Luc Oursel, dans un entretien au quotidien japonais Nikkei, en juillet dernier, en ajoutant qu’« à l’avenir aussi il faut poursuivre la coopération internationale à Fukushima, car cela permettra de faire savoir au monde ce qui se passe dans cette centrale ».

Les enjeux économiques sont clairs. Le Japon demeure un gros client d’Areva, représentant l’an dernier 5 % de son activité (soit un peu moins de 500 millions d’euros), contre 7 % avant l’accident de Fukushima. La volonté du premier ministre japonais, Shinzo Abe, d’aboutir à un redémarrage progressif des réacteurs pourrait permettre à Areva d’engranger de nouvelles commandes, qu’il s’agisse de combustibles ou d’installations de sûreté. Dans le cas contraire, le champion français peut aussi prendre position sur le futur marché japonais du démantèlement.

Messages

  • Deux séismes, l’un de magnitude 5, l’autre de 5,2, se sont produits en moins d’une heure d’intervalle mercredi soir au large de la centrale accidentée Fukushima-Daiichi qui a été secouée, mais il n’y a pas de risque de tsunami, a annoncé l’agence nationale de météorologie japonaise.

    Les deux tremblements de terre ont eu lieu au même endroit à une cinquantaine de kilomètres de profondeur, à 21H45 (12H45 GMT) et 22H31 (13H31 GMT). Un troisième, de magnitude 3,6, est survenu à 23H00 un peu plus au sud.

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