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La concussion entre pouvoir d’Etat et sociétés de l’amiante a été blanchie

jeudi 10 juillet 2014

La cour d’appel de Paris a annulé la mise en examen pour homicides et blessures involontaires dont avait fait l’objet, en novembre 2012, dans un dossier du scandale de l’amiante, l’ancienne secrétaire nationale du Parti socialiste (PS) et maire de Lille Martine Aubry.

Cette décision de justice confirme celle de mai 2013 qui couvrait déjà le rôle joué par Aubry et huit autres personnes dont des hauts fonctionnaires, des scientifiques et des industriels membres du Comité Permanent Amiante (CPA), poursuivis par l’association Andeva dans le dossier de l’usine Ferodo-Valéo de Condé-sur-Noireau, dans le Calvados, où plus de trois cents personnes s’étaient vus reconnaître des maladies professionnelles.

La justice essaie ainsi d’étouffer l’un des grands crimes industriels du PS. Martine Aubry et le gouvernement PS ont une lourde responsabilité dans la mort due à l’amiante de centaine de milliers de travailleurs, ayant repoussé une réduction de l’usage de l’amiante et n’ayant pas respecté les normes de sécurité qui s’imposaient pour protéger la santé des travailleurs.

Selon les autorités sanitaires, l’amiante est responsable de 10 à 20 pour cent des cancers du poumon. On estime qu’en 2025, plus de 100 000 décès auront été causés par l’amiante. Mais ces chiffres sont sous-évalués, car l’Affset (Agence française de sécurité sanitaire, de l’environnement et du travail), devenue Anses, a révélé que les fibres fines d’amiante, non décomptées dans les mesurages des niveaux d’empoussièrement, étaient également cancérogènes et n’excluait pas la toxicité des fibres courtes.

La réaction de Martine Aubry à la décision de justice est méprisante et malhonnête :« C’est bien sûr un soulagement, même si je n’ai jamais douté de la décision finale de la justice. Cela a été extrêmement douloureux pour moi et pour mes proches et pour beaucoup d’autres ... Je crois que tout le monde sait que je n’ai jamais fait autre chose que ce que je devais faire, en fonction des connaissances de l’époque. Cela a toujours été dit, par le parquet bien sûr, mais aussi, et ce qui était pour moi le plus important, par l’Andeva, l’association des victimes de l’amiante ».

L’ancienne juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy qui a ouvert le dossier reprochait à Martine Aubry, directrice des relations du travail au ministère du Travail entre 1984 et 1987, d’avoir tardé à transcrire en droit français la directive européenne de 1983, qui renforçait la protection des salariés. Lors de ces investigations, la juge d’instruction mettait en avant la responsabilité du CPA, où siégeait la CGT, qui aurait « efficacement défendu ’l’usage contrôlé’ de l’amiante pour retarder au maximum son interdiction », comme le rapporte Le Monde.

La responsabilité de l’ancienne secrétaire nationale du PS a été démontrée par cette ancienne juge d’instruction. En défendant les intérêts des industries liées à l’amiante, Aubry a bloqué la directive européenne pour la réduction de l’utilisation de l’amiante, afin que les entreprises puissent continuer à réaliser leurs profits. C’est lorsqu’Aubry quitta son poste de directrice au ministère du Travail en 1987 que la directive européenne put passer.

L’affirmation d’Aubry selon laquelle elle a agi en fonction des connaissances de l’époque est fausse. D’autres pays interdisaient déjà l’amiante dans les années 1980, et les risques liés à l’amiante étaient connus depuis le début du XXème siècle.

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