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Trump, le président soi-disant anti-système !!!

vendredi 16 décembre 2016

Trump choisit un magnat du pétrole comme secrétaire d’État

Le choix par Donald Trump du PDG d’ExxonMobil, Rex Tillerson, comme candidat au poste de secrétaire d’État est une étape politique clé. Pour la première fois de l’histoire des États-Unis, un patron d’entreprise – et pas n’importe quel chef d’entreprise, mais le PDG de l’une des sociétés les plus importantes et les plus profitables au monde – est appelé à diriger la politique étrangère du gouvernement américain. Rien ne pourrait mieux définir l’objectif central du gouvernement Trump : accroître les bénéfices et la richesse de la ploutocratie américaine.

Concrètement, le Parti démocrate a réagi à ce choix en accusant Tillerson d’avoir des liens avec la Russie, pas pour son rôle de PDG d’ExxonMobil. Tout aussi inféodés aux milliardaires que les Républicains, les Démocrates se sont emparés de la kyrielle de relations d’affaires de Tillerson avec la Russie, la première nation productrice de pétrole du monde, pour renforcer leur campagne au sujet des liens supposés de Trump avec le président russe Vladimir Poutine.

Cette campagne tourne autour de fausses affirmations comme quoi le « piratage russe » aurait dominé les élections présidentielles américaines et aurait contribué à ce que Trump remporte de justesse le collège électoral. Comme le World Socialist Web Site l’a expliqué, les affirmations concernant une ingérence russe dans l’élection sont le résultat au sein de l’élite dirigeante américaine d’un conflit extrêmement brutal relatif à la politique étrangère et qui est motivé par la défaite stratégique subie par l’impérialisme américain en Syrie et les divisions sur la question de savoir si le renforcement militaire mondial de Washington doit cibler en premier la Russie ou la Chine.

La campagne anti-russe touche dans une certaine mesure tous les partis. Il est frappant qu’alors que la plupart des démocrates au Sénat ont exprimé des réserves sur la désignation de Tillerson, les dénonciations les plus furibondes ont émané des républicains proches du Pentagone.

Le sénateur John McCain a déploré le fait que Tillerson a été décoré en 2011 par le président russe Poutine après avoir conclu un important accord pétrolier avec le géant pétrolier russe Rosneft. « S’il obtient d’un boucher le prix de l’amitié, j’estime que c’est une question qu’il faut examiner », a-t-il dit dimanche sur la chaîne américaine Fox News.

Le sénateur de Floride Marco Rubio qui s’était opposé à la nomination de Trump comme candidat à l’élection présidentielle, avait initialement exprimé un avis similaire sur Twitter en écrivant, « Être un “ami de Vladimir” n’est pas un atout que j’attends d’un #SecretaryOfState. »

Les éditoriaux du New York Times et du Washington Post s’en sont pris à la nomination en allant dans le même sens. Le Times a écrit : « En désignant M. Tillerson à la direction du Département d’État et en faisant du Lieutenant-général Michael Flynn son conseiller à la sécurité nationale, M. Trump aura doté deux postes hiérarchiques les plus élevés à la sécurité nationale d’apologistes pro-russes. »

Le Post a averti que « le choix de [Tillerson] pourrait laisser augurer une trahison par M. Trump des intérêts américains en Europe, au Moyen-Orient et ailleurs. » Le journal a suggéré de forcer Trump à divulguer « tout investissement ou prêt que ses entreprises ont reçus de firmes ou de personnes russes. »

Bien plus révélateurs sont les aspects de la nomination de Tillerson que les démocrates et les éditorialistes libéraux préfèrent passer sous silence, dont des conflits d’intérêts flagrants. Le secrétaire d’État Tillerson jouerait un rôle crucial dans de nombreux domaines où il est question de profits énormes pour ExxonMobil :

* L’oléoduc Keystone qui relierait les sables bitumeux au Canada aux raffineries américaines en permettant ainsi à Imperial Oil of Calgary (détenu majoritairement par Exxon) d’accéder au marché mondial.

* En Irak où Exxon a conclu des contrats lucratifs avec le gouvernement régional kurde pour l’exploitation de champs pétroliers dans la partie nord du pays au mépris de l’opposition du gouvernement central à Bagdad qui est appuyé par les États-Unis.

* Au Venezuela, qui est traîné devant les tribunaux internationaux par ExxonMobil pour des procès où il réclame plusieurs milliards de dollars.

* au Golfe persique, où ExxonMobil développe certains de ses plus importants projets, notamment en Arabie saoudite et au Qatar.

* Au Mexique qui, sous les fortes pressions du gouvernement américain, vient tout juste d’ouvrir son énorme industrie pétrolière aux investissements étrangers, ExxonMobil est un acteur incontournable.

Le gouvernement Trump considère que tout ceci ne représente pas des conflits mais plutôt des atouts. L’expérience de Tillerson à faire pression sur d’autres pays et à acheter des présidents et des premiers ministres est précisément ce qu’on attend du Département d’État. C’est pourquoi il est soutenu par des figures au sein de l’establishment de la sécurité nationale (qui entretient d’étroits liens avec l’industrie pétrolière) telles les anciens secrétaires d’État James Baker et Condoleezza Rice, l’ancien vice-président, Dick Cheney et l’ancien secrétaire à la Défense, Robert Gates.

La nomination de Tillerson est, dans un autre sens, aussi une étape majeure. Elle parachève le gouvernement Trump qui est dominé par des multimillionnaires et des milliardaires. Les milliardaires commencent avec Trump lui-même. Il a été rejoint par le secrétaire au Commerce Wilbur Ross (qui s’est bâti une fortune de 3 milliards de dollars par le rachat et la fermeture de mines de charbon, d’aciéries et d’équipementiers automobiles), par la secrétaire à l’éducation, Betsy DeVos (qui fait partie des héritiers du géant du marketing Amway) ainsi que par Linda McMahon au poste de gestionnaire de la Small Business Administration, (la milliardaire copropriétaire de la World Wrestling Entertainment). Le suppléant de Ross au Département du Commerce est également un milliardaire, Todd Ricketts, héritier de la société américaine de courtage en ligne TD Ameritrade et propriétaire du club de base-ball des Chicago Cubs.

Des banquiers et des PDG à peine moins riches s’associent à ces milliardaires : le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin (50-100 millions de dollars) et Gary Cohn (300 millions de dollars) qui dirigera le Conseil national économique, tous deux banquiers issus de Goldman Sachs ; le ministre du travail, Andrew Puzder (qui détient au moins 30 millions de dollars en actions du groupe de fast-food CKE Restaurants (chaînes de restaurants Carl’s Jr et Hardee’s) ; et finalement Tillerson dont la fortune personnelle dépasse de loin les 300 millions de dollars, dont 238 millions de dollars en actions d’ExxonMobil et une rente évaluée à plus de 70 millions de dollars.

Il n’existe aucun précédent dans l’histoire des États-Unis d’un président sélectionnant un gouvernement affichant une telle concentration de richesses. Ceci prouve que le gouvernement Trump n’est pas un hasard historique mais bien le point culminant d’un long processus politique lors duquel une infime aristocratie financière parasitaire a fini par dominer toutes les institutions américaines. La société américaine est en train d’étouffer sous la poigne des ultra-riches.

Outre les milliardaires, Trump a fait entrer au gouvernement des figures politiques d’extrême-droite et le signe distinctif est le démantèlement des programmes sociaux et des agences de réglementation qu’ils auront à superviser. Celles-ci comprennent le député Tom Price, un opposant à Medicare et Medicaid qui dirigera le Département de la Santé ; l’ancien candidat présidentiel d’ultra-droite, Ben Carson, au poste de secrétaire au Logement et au Développement urbain ; l’ancien gouverneur du Texas, Rick Perry, qui sera en charge du Département de l’énergie et pour diriger l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA), le procureur général d’Oklahoma, Scott Pruitt, qui est actuellement en train de poursuivre en justice l’EPA pour bloquer des règles antipollution.

Pour les trois positions clé à la sécurité nationale, Trump a choisi trois généraux à la retraite : Michael Flynn comme conseiller à la sécurité nationale, James Mattis pour diriger le Département à la Défense et Robert Kelly pour le Département de la Sécurité intérieure.

Il n’y a rien de fortuit dans tout cela. Le gouvernement Trump est le regroupement d’oligarques milliardaires, d’idéologue d’extrême-droite et de hauts gradés. Il s’agit, au plein sens du terme, du gouvernement le plus réactionnaire et le plus antidémocratique de l’histoire des États-Unis.

Après l’élection de Trump : réalignement de la politique américaine

Depuis que Donald Trump a remporté l’élection présidentielle de 2016 il y a une semaine et demie, les démocrates les plus en vue se sont précipités à une vitesse extraordinaire pour adopter le président-élu. Les mêmes individus qui avant le 8 novembre dénonçaient Trump comme une menace existentielle pour le pays et le monde s’engagent maintenant à travailler et à collaborer avec lui.

Que s’est-il passé dans les dix jours depuis l’élection ? Tout d’abord, il y a eu les déclarations conciliantes du président Barack Obama et de la rivale de Trump dans l’élection, Hillary Clinton. Obama a déclaré le jour après le vote que sa « priorité numéro un » était de veiller à ce que Trump « réussisse ». Cela a été suivi par des excuses du New York Times, le principal journal national aux Etats-Unis et un fervent promoteur de la campagne de Clinton, pour sa couverture de l’élection.

Les démocrates dits « de gauche », dont les sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren, se sont pressés pour dire qu’ils allaient « travailler avec » Trump sur les éléments de base de son programme, de même que les hauts dirigeants syndicaux comme le président de l’AFL-CIO Richard Trumka et le président de l’UAW Dennis Williams. Cette semaine, le vice-président Joseph Biden a fait son éloge après une réunion avec le vice-président élu Mike Pence, affirmant que le poste serait « entre de bonnes mains » dès le « premier jour » du nouveau gouvernement.

Tout au long de ce processus, le programme d’extrême droite du nouveau gouvernement, incarné par le choix par Trump de Stephen Bannon, un raciste et fasciste, comme stratège en chef, a été ignoré ou minimisé. Il en est de même concernant le fait que Trump a probablement perdu le vote populaire par deux millions de voix, ce qui est accueilli comme un fait incommode par les démocrates et les médias dans le cadre de l’effort pour assurer la stabilité du nouveau gouvernement.

Mis à part la veulerie qui caractérise depuis longtemps le Parti démocrate, une logique politique bien définie est en marche. Tandis que la campagne électorale exprimait des conflits vifs entre factions au sein de la classe dirigeante, son résultat a ouvert la voie à une réorientation de la politique de classe, dans une direction férocement nationaliste.

Le plus révélateur est la réaction des démocrates au Congrès face au nouveau pouvoir à Washington. Ce tournant est dirigé par les démocrates du Sénat, qui ont élu un nouveau chef mercredi, Charles Schumer, pour remplacer le retraité Harry Reid du Nevada.

En tant que sénateur de l’État de New York, Schumer est un fervent défenseur des intérêts de Wall Street. Mais il est également associé à une position antichinoise plus agressive dans la politique économique et commerciale. Année après année, il porta avec le va-t-en guerre républicain Lindsey Graham de Caroline du Sud des lois exigeant que le gouvernement américain force la Chine à revaloriser sa monnaie vers le haut avec la menace de tarifs douaniers punitifs sur les importations chinoises.

L’apôtre le plus véhément de cette politique est le président-élu Trump, qui a déclaré qu’il émettrait un ordre exécutif qualifiant la Chine de « manipulateur de monnaie » et imposerait des taxes pouvant aller jusqu’à 45 pour cent pour obliger Pékin à revaloriser. Trump et Schumer se connaissent depuis des décennies, et Trump a contribué aux campagnes de Schumer à la Chambre des représentants et au Sénat.

Le New York Times, qui soutient en général la campagne pro-Trump des démocrates, a titré son article de une de jeudi, « La Stratégie surprenante des sénateurs démocrates : Essayer de s’aligner sur Trump ». L’article a indiqué que les démocrates du Congrès « mettent au point un programme pour s’accomoder de nombreuses propositions du président élu Donald J. Trump qui l’ont mis en désaccord avec son propre parti ».

Étant donné le manque de liens de Trump avec la direction républicaine du Congrès, les démocrates espèrent le rallier à leur côté sur certaines questions s’ils épousent son programme de guerre commerciale, avec lequel ils sont largement d’accord. Le reportage du Times poursuit : « Le sénateur Chuck Schumer de New York, a élu mercredi comme le nouveau dirigeant de la minorité démocrate, a parlé avec M. Trump plusieurs fois, et les démocrates dans les prochaines semaines envisagent d’annoncer des initiatives économiques et éthiques populistes qu’ils pensent que M. Trump pourrait apprécier ».

L’effort pour présenter l’alliance entre les démocrates et Trump comme une tournure « populiste » vers la « classe ouvrière blanche » est une fraude. L’agenda nationaliste vise à affirmer agressivement les intérêts des sociétés américaines par rapport à leurs rivales. Le corollaire de cette politique est une intervention militaire toujours plus violente partout dans le monde.

Le rôle désormais central de Sanders dans le Parti démocrate (il a été nommé à la direction du Sénat cette semaine) est particulièrement important. Sanders a fondé une grande partie de sa campagne pour la nomination présidentielle démocrate sur son opposition aux accords commerciaux. L’autre nouveau venu à la direction du Sénat, le sénateur de la Virginie-Occidentale Joe Manchin, est un protectioniste enragé qui avait envisagé de passer au Parti républicain.

L’affirmation des démocrates qu’ils vont « travailler avec » Trump sur certaines questions tout en s’opposant à lui sur les autres est une fiction politique. Une politique économique nationaliste s’accompagnera inévitablement d’une utilisation agressive de la force militaire à l’étranger. Cela a été signalé jeudi soir par l’annonce que Trump va nommer le général à la retraite Michael Flynn, un va-t-en-guerre juré, comme son conseiller de sécurité nationale.

De plus, dans la mesure où la classe dirigeante essaie de stimuler la croissance économique par des mesures nationalistes, celle-ci s’appuiera sur une intensification de l’exploitation de la classe ouvrière aux Etats-Unis. Le recours à Trump indique que l’élite dirigeante se prépare à utiliser des méthodes de gouvernement plus autoritaires et la violence de l’État policier pour faire face à la montée de l’opposition sociale.

Alors que l’élection de Trump marque un changement significatif dans les méthodes politiques de la classe dirigeante, ses politiques se conforment à une trajectoire qui s’étire sur des décennies.

Il n’y a aucune faction dans l’élite dirigeante américaine ou ses deux partis politiques en faveur d’une véritable lutte contre le régime d’extrême droite, autoritaire et militariste qui se dessine à Washington. Le nouveau gouvernement de Trump est porteur d’une crise énorme, élu avec les voix de moins d’un quart de la population, sans mandat populaire pour les politiques férocement réactionnaires qu’il déclenchera.

La lutte contre Trump ne peut être menée par l’intermédiaire d’aucune faction du Parti démocrate discrédité ni aucune des institutions de l’État capitaliste. Elle nécessite la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière à travers la construction de son propre parti, en s’appuyant sur un programme socialiste et internationaliste.

Par Patrick Martin - WSWS

Messages

  • L’élection de Trump n’était pas un accident. Trump est la personnification de l’oligarchie qui règne sur l’Amérique. Son administration, composée de milliardaires et d’anciens généraux, augmente énormément un programme bipartite de contre-révolution sociale et de militarisme imprudent à l’échelle internationale. Mais au sein de la classe dirigeante, il existe des divisions amères sur la façon dont le capitalisme américain devrait répondre à ses problèmes nationaux et internationaux. Ces divisions ont atteint, sous Trump, une intensité extraordinaire.

  • La classe ouvrière est opposée avec Trump et son gouvernement à un ennemi brutal, dédié à la destruction de ses droits démocratiques et à une baisse supplémentaire de son niveau de vie. C’est un gouvernement qui poursuit un programme international fondé sur le chauvinisme « Amérique d’abord ». La classe ouvrière doit s’opposer à ce gouvernement et demander son départ. Mais cette tâche ne doit pas être confiée aux opposants factionnels de Trump dans la classe dirigeante. La classe ouvrière ne peut rester spectatrice dans le conflit entre Trump et les démocrates. Au contraire, elle doit développer sa lutte contre Trump sous sa propre bannière et avec son propre programme. Cela requiert une compréhension claire de la dynamique de classe de la crise politique qui se déroule.

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