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Luttes de classes en Côte d’Ivoire

28 août 2014, 13:12

Un témoignage :

Cela fait trois ans que Ouattara a été installé au pouvoir grâce à l’intervention des troupes françaises. Depuis qu’il est au pouvoir, il se vante d’avoir apporté une stabilité et parle beaucoup de réconciliation avec ses anciens adversaires politiques, mais cette stabilité est toute relative. Les milices armées sont loin d’avoir disparu, de même que les massacres, notamment dans l’ouest du pays. L’insécurité règne toujours même si son intensité a baissé. Mais j’y reviendrai plus loin.

Ouattara se vante aussi de la croissance de l’économie ivoirienne et affirme qu’il veut faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent. Donc, pour les dirigeants au pouvoir et pour la classe capitaliste, les affaires vont plutôt bien. Mais pour les travailleurs et les classes populaires en général la réalité est plutôt dans la dégradation incessante des conditions d’existence.

Les dernières augmentations des salaires datent de 1985. Il y a donc de cela presque trente ans. Il y a vingt ans, la monnaie, le franc CFA, a été dévaluée de 50 %, avec comme conséquence la flambée des prix et donc une perte du pouvoir d’achat. Quelques années plus tard, en 2002, le pays a été coupé en deux, rendant la circulation des denrées beaucoup plus difficile entre le Nord et le Sud. Encore plus tard, début 2008, il y a eu la vague d’augmentations spectaculaires des prix des denrées alimentaires de base à cause des spéculations financières, entraînant des marches de la faim dans plusieurs pays d’Afrique, dont la Côte d’ivoire. Deux ans après, fin 2010-début 2011, éclataient les violences préélectorales et postélectorales. Tout ça a eu des répercussions directes sur le coût de la vie. Autant dire que le pouvoir d’achat des plus pauvres s’est érodé au fil des ans. Depuis l’installation du nouveau pouvoir, les prix continuent régulièrement à augmenter.

Dans les entreprises, la situation des travailleurs a suivi la même dégradation. La même année où la monnaie avait été dévaluée, c’était en 1994, le code du travail a été aussi modifié en faveur du patronat. Ce nouveau code a permis aux patrons de recourir plus facilement au travail temporaire. Les anciens qui sont embauchés sont remplacés par des travailleurs journaliers à vie ! Désormais, les patrons n’avaient plus à se référer à personne pour renvoyer les travailleurs. Ceux-ci n’ont pas droit à la retraite. Il n’y a pas de prise en charge en cas de maladie ni même d’accident de travail. Pour éviter les amputations de salaire, les travailleurs malades n’osent pas s’absenter. Depuis cette époque, s’est aussi généralisé le travail à la tâche, ce qui vient aggraver encore plus les conditions des travailleurs.

Pour se faire une idée de la paupérisation des classes pauvres, il faut savoir que, selon le gouvernement lui-même, les deux tiers des six millions d’habitants que compte la ville d’Abidjan habitent les bidonvilles. Avec la spéculation immobilière, les travailleurs sont obligés d’habiter de plus en plus loin. Or, plus on habite loin, plus le transport coûte cher. Cela fait que certains d’entre eux dorment sur leurs lieux de travail et ne rentrent chez eux que le week-end.

Dans ces conditions, nourrir sa famille, payer son loyer, scolariser ses enfants relève d’un casse-tête. Avant 1985, le salaire d’un travailleur pouvait tant bien que mal assurer les repas quotidiens. Aujourd’hui, les familles ouvrières se contentent d’un seul repas par jour. Il est constitué d’un peu de riz avec une sauce à base de légumes et un peu de poisson. La viande ne fait plus partie des menus des familles ouvrières depuis bien longtemps.

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