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27 août 2016, 06:27, par salut les ânes !
L’âne et le petit cheval
Un matin d’été,
Réunis dans le même pré,
Il y avait un âne bien sage
Et un fringant petit cheval.
Ils avaient le même âge
Mais, à les surprendre ainsi,
On devinait que leurs destins
Ne seraient jamais semblables.
L’un était gris et docile,
L’autre vif et étincelant.
L’un d’humeur égale,
L’autre plus inconstant.
Le premier pensait :
Je voudrais un maître à servir
Et mon petit pré carré,
Un travail humble et facile
Et une bonne mesure de blé.
Le second rêvait de pompe et de gloire,
Et de ces vastes champs emplis
Du cri vibrant des victoires.
L’un trouva dans une ferme
Sa besogne quotidienne,
Tandis que l’autre eut tôt fait
De se faire remarquer.
Alors que l’âne portait la farine et le bois,
L’alezan mettait en émoi,
De bas en haut des tribunes,
Quelques rondelettes fortunes.
On misait sur sa foulée
Dollars, florins et guinées ;
On osait d’invraisemblables paris,
Tant grande était sa renommée.
C’est ainsi, parmi les clameurs,
Que le petit cheval traversa la vie,
Qu’il connut les honneurs
et les prix prestigieux.
Rien ne lui sera refusé :
Ni le luxe, ni les trophées,
Ni les flirts délicieux
Sous les ombrages du grand pré.
Puis, l’âge venant,
On relégua l’alezan
Au bout du champ.
Plus de faste, plus d’argent,
Vieux cheval, il est temps
Que tu rentres dans le rang !
Finies les pompes de jadis
Et la vanité de paraître.
Voilà qu’hélas se profile
L’heure de la retraite !
Le lendemain, sous bonne escorte,
On le mena à l’abattoir.
Il y connut le même sort
Que ses frères du terroir.
Heureusement un palefrenier,
Se souvenant de son passé,
Avec égard l’enterra
Au fond du pré.
L’âne, qui se trouvait là,
A petits pas s’avança.
Devant la terre retournée,
Il laissa couler une larme.
Grâce à cette larme, sachez
Qu’une tendre fleur poussa.
Elle illumine, de son éclat,
La tombe du petit cheval.
Quant à l’âne, il mourut de vieillesse,
Très, très âgé, dit-on au village.
Lui, tout en broutant confiait
Que, quelques chardons suffisaient…
A le combler.
Armelle BARGUILLET ( extraits de « La ronde des fabliaux )
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L’âne et le petit cheval
Un matin d’été,
Réunis dans le même pré,
Il y avait un âne bien sage
Et un fringant petit cheval.
Ils avaient le même âge
Mais, à les surprendre ainsi,
On devinait que leurs destins
Ne seraient jamais semblables.
L’un était gris et docile,
L’autre vif et étincelant.
L’un d’humeur égale,
L’autre plus inconstant.
Le premier pensait :
Je voudrais un maître à servir
Et mon petit pré carré,
Un travail humble et facile
Et une bonne mesure de blé.
Le second rêvait de pompe et de gloire,
Et de ces vastes champs emplis
Du cri vibrant des victoires.
L’un trouva dans une ferme
Sa besogne quotidienne,
Tandis que l’autre eut tôt fait
De se faire remarquer.
Alors que l’âne portait la farine et le bois,
L’alezan mettait en émoi,
De bas en haut des tribunes,
Quelques rondelettes fortunes.
On misait sur sa foulée
Dollars, florins et guinées ;
On osait d’invraisemblables paris,
Tant grande était sa renommée.
C’est ainsi, parmi les clameurs,
Que le petit cheval traversa la vie,
Qu’il connut les honneurs
et les prix prestigieux.
Rien ne lui sera refusé :
Ni le luxe, ni les trophées,
Ni les flirts délicieux
Sous les ombrages du grand pré.
Puis, l’âge venant,
On relégua l’alezan
Au bout du champ.
Plus de faste, plus d’argent,
Vieux cheval, il est temps
Que tu rentres dans le rang !
Finies les pompes de jadis
Et la vanité de paraître.
Voilà qu’hélas se profile
L’heure de la retraite !
Le lendemain, sous bonne escorte,
On le mena à l’abattoir.
Il y connut le même sort
Que ses frères du terroir.
Heureusement un palefrenier,
Se souvenant de son passé,
Avec égard l’enterra
Au fond du pré.
L’âne, qui se trouvait là,
A petits pas s’avança.
Devant la terre retournée,
Il laissa couler une larme.
Grâce à cette larme, sachez
Qu’une tendre fleur poussa.
Elle illumine, de son éclat,
La tombe du petit cheval.
Quant à l’âne, il mourut de vieillesse,
Très, très âgé, dit-on au village.
Lui, tout en broutant confiait
Que, quelques chardons suffisaient…
A le combler.
Armelle BARGUILLET ( extraits de « La ronde des fabliaux )