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Le combat ouvrier reprend en Haïti

15 juillet 2017, 07:56

C’est ce même projet que les classes dominantes du Brésil ainsi que les gouvernements réactionnaires qui les accompagnent toujours fidèlement, sont en train actuellement de chercher à implanter aussi chez eux. Il s’agit donc d’une lutte commune où l’ennemi des travailleurs et des peuples est le même partout, la situation globale similaire, même si les spécificités de chaque pays y apportent des particularités propres, notamment le fait, justement, que ce sont aujourd’hui des forces militaires latino américaines, sous commandement brésilien qui, en notre pays, confirment cette domination de classe, dans le cas extrême d’une occupation, honteuse pour les deux parties.
La récente présence à la zone franche de Ouanaminthe du fils du vice président brésilien qui, en son pays, est le propriétaire de la plus grande usine d’industrie textile ; le lancement - du moins en intention - du projet éthanol, par les présidents américain et brésilien ; les différents traités de « libre échange » ; et le processus de privatisation forcenée des services publics ; font état de cette dynamique globale d’exploitation et de néo-libéralisation que l’impérialisme multinational cherche à imposer aux peuples dominés en général et aux mains d’œuvres ‘à bon marché’ en particulier, utilisant cette dernière comme ‘avantage comparatif’ dans le cadre de la compétition capitaliste internationale, sous les dictats impériaux, gouvernements et institutions financières à l’appui.
La « Lettre au Peuple Haïtien » apportée par les membres de cette délégation amie, lue et remise à toutes les rencontres, rend compte de cette logique et de leur appui partisan, clair et historique. Elle se trouve en annexe, en original et traduite.
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Il est à noter la diversité de réception enregistrée aux différentes réunions.
En effet, aux rencontres populaires, aux rencontres des travailleurs, ceux-là mêmes qui pâtissent tant de l’exploitation bourgeoise qui les maintient de manière chronique dans un état de misère extrême, que des attaques meurtrières de la MINUSTAH qui appuie sans réserve cet état de choses, ont tous haut et fort applaudi les déclarations des camarades brésiliens dénonçant si clairement les causes de leurs souffrances et leur apportant une solidarité plus que fraternelle, signe d’une unité de peuples en devenir et de luttes communes en germes. Chants, paroles ouvertes et réflexions appropriées remplissaient les salles combles : une région se crée sous nos yeux, une patrie de type nouveau se fait sentir. Un des camarades brésiliens allant jusqu’à dire que si, un jour, le peuple haïtien se lèverait contre ce projet de domination, d’exploitation et d’occupation du capital multinational et, dans ce geste héroïque et historique, brulerait le drapeau brésilien, il serait aux côtés des travailleurs haïtiens !
En milieu petit bourgeois, les hésitations de nature et les querelles internes entre fractions ont paru les plus fortes et ont, par cela même, rendu le débat globalement plus terne et, naturellement, plus mitigée l’adhésion à cette position, pourtant historiquement si importante, même si certains intervenants ont fait preuve, au contraire, d’une clarté théorique et d’une vigueur patriotique intéressantes.
Inutile de dire que les autorités haïtiennes comme latino américaines ont essayé avec des arguments fuyants et, par ailleurs très faibles, de soutenir une position indéfendable. Les responsables latino américains, de leur côté, faisant preuve d’une condescendance à l’adresse du peuple haïtien, à laquelle nous ont déjà habitué les « grands voisins du Nord », pour s’étaler et s’épanouir eux-mêmes et, une bonne fois, masquer leurs objectifs réels d’exploitation et de domination. Les autorités haïtiennes, elles, n’ont pas manqué de démontrer leur pénible soumission et la démission totale qui est la leur. Certains allant jusqu’à dire qu’ils étaient eux aussi « contre l’occupation » mais que celle-ci était « nécessaire », démontrant, par cela même, non seulement l’inconsistance et l’incohérence de leur position d’ « autorités d’une Nation », mais faisant preuve aussi d’une irresponsabilité avancée : devant l’incapacité totale qui est la leur, ils préfèrent s’en remettre à la fatalité de la situation. Le président de la République lui-même, devant les questions qui lui étaient faites sur cette contradiction pour lui inextricable, ne put répondre de façon significative.
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Des menaces et intimidations accompagnèrent cette rencontre de peuples (voir notre « Communiqué » s’y référant). Ce n’est qu’un signe de la « démocratie » et de l’ « État de droit » dont se gargarise cette bourgeoisie.
Pendant que la presse « indépendante » brillait par son absence. Il n’y eu que la TNH à couvrir deux évènements (l’assemblée ouverte de la faculté d’Ethnologie et, plutôt brièvement, celle à l’auditorium de Saint Martial), Alterpresse étant, elle, la seule à avoir assisté à la conférence de presse finale qui se tint en nos locaux de Delmas. Une invitation générale avait pourtant été adressée à tous incluant le programme public dans son entier. Sans commentaire.

BATAY OUVRIYE

Port-au-Prince, ce mercredi 11 juillet 2007

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