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La grève des mineurs d’Afrique du sud noyée dans le sang de la répression s’étend à d’autres mines

21 septembre 2012, 21:37

La crise minière que traverse l’Afrique du Sud s’est poursuivie jeudi avec des échauffourées près des sites quasiment à l’arrêt d’Amplats, numéro un mondial du platine, à Rustenburg (nord), alors que le travail a repris à Marikana après six semaines d’une grève sanglante.

La police est intervenue dans la matinée au bidonville de Sondela, voisin d’une mine d’Anglo American Platinum (Amplats) touchée par une grève depuis une dizaine de jours, avant que les habitants ne bloquent les routes avec des pierres et des pneus enflammées.

Les policiers "nous ont tiré dessus avec des balles en caoutchouc, et après ils ont lancé des gaz lacrymogènes, c’est pourquoi nous avons mis des pierres" sur la route d’accès, a expliqué Mable Makgetla, 30 ans, dont le mari travaille pour un sous-traitant.

Une école a été fermée après l’opération. "Les enseignants et les enfants étaient en classe quand ils (les policiers) ont tiré", a témoigné Daniel Khasiphe, 38 ans, un gréviste.

La police, qui avait arrêté 22 personnes au même endroit mercredi, a indiqué qu’elle avait utilisé gaz lacrymogène, canons à eau et grenades assourdissantes, mais a démenti avoir tiré des balles en caoutchouc.

"Tout rassemblement de 15 personnes ou plus est un rassemblement illégal", a justifié son porte-parole Dennis Adriao, justifiant l’intervention.

Amplats avait rouvert ses cinq sites de Rustenburg mardi après les avoir fermés pendant près d’une semaine, officiellement pour des raisons de sécurité alors que des manifestations menaçaient ses installations et ses employés.

Après avoir longtemps nié que ces derniers aient rejoint le mouvement social qui s’est étendu dans les mines de la région, la direction a reconnu jeudi que moins de 20% de ses employés avaient pointé dans quatre mines, sans donner de précisions sur la cinquième.

"Personne n’est prêt à retourner (à la mine), absolument personne. Les gens en ont tout simplement assez et ils ne veulent pas être traités comme des esclaves au travail. Les gens en ont assez, les travailleurs en ont vraiment assez et ils savent ce qu’ils veulent", c’est-à-dire de fortes augmentations, a indiqué Gaddhafi Mdoda, l’un des meneurs des grévistes.

Les forces de l’ordre ont été déployées en masse depuis samedi, après que le gouvernement eut annoncé qu’il était décidé à faire régner l’ordre sur un bassin minier où les grèves ont été souvent violentes.

Le président Jacob Zuma a fait savoir qu’il avait autorisé l’armée à rester sur place pour aider la police jusqu’au 31 janvier 2013.

"Ce n’est pas un état d’urgence", a justifié son porte-parole Mac Maharaj. "Un ordre similaire avait été donné pendant les fêtes, et ça a aidé à réduire la criminalité !"

De nombreux observateurs estiment que l’intervention des forces de l’ordre, parfois musclée, a largement accéléré la signature d’un accord à la mine voisine de Marikana, d’où est parti le mouvement le 10 août.

Les violences y ont fait 46 morts : la police y a abattu 34 personnes le 16 août, alors que de violents affrontements intersyndicaux avaient fait 10 morts dans les jours précédents.

Un permanent syndical a été battu à mort la semaine dernière, et une conseillère municipale de l’ANC (le parti au pouvoir) est décédée mercredi après avoir été touchée par une balle en caoutchouc tirée par la police samedi.

La plupart des employés de Marikana ont repris le travail dans le calme jeudi après un accord salarial. Le groupe Lonmin, qui exploite la mine de platine, a indiqué en fin de matinée que 77% des employés avaient pointé.

Mais la production ne devrait reprendre que dans quelques jours, le temps de faire passer des examens médicaux aux mineurs et de vérifier les installations.

Certains visages étaient fermés. Beaucoup se sont dit satisfaits de leurs augmentations de salaire de 11% à 22%, arrachées mardi au terme de cette grève sauvage commencée le 10 août.

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