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La Grèce des capitalistes obtient une nouvelle aide en échange d’une austérité accrue pour la Grèce des travailleurs, des jeunes, des milieux populaires….

lundi 6 juin 2011, par Robert Paris

Pour sauver les banquiers, les assureurs, les financiers grecs, le peuple grec devra subir encore plus d’austérité !!!

Etouffés par ce qu’ils appellent la "barbarie antisociale" imposée par leurs créanciers de la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne), les Grecs sont encore descendus en masse dans la rue samedi 4 juin, pour protester contre le nouveau plan d’austérité de 6,4 milliards d’euros, contrepartie du deuxième plan d’aide. Mais si les syndicats n’ont attiré qu’un millier de personnes, le mouvement spontané des "Indignés", qui se réunit tous les soirs depuis deux semaines devant le parlement, ne cesse de prendre de l’ampleur (lire aussi l’enquête de La Tribune du 3 juin).

Les slogans tendent à se radicaliser. Leur cible : les dirigeants, députés ou ministres. Les "Indignés" les accusent d’avoir spolié le pays en acceptant l’aide internationale, qui aurait précipité la Grèce dans la crise. Il n’est plus rare de voir des personnalités prises à partie et insultées par la foule, comme le porte-parole du gouvernement Georges Pétalotis jeudi. La rupture est profonde. Selon un sondage du journal 
To Vima réalisé la semaine dernière, les Grecs sont 57% à "approuver ou plutôt approuvent" les agressions verbales et physiques contre les responsables politiques... Et seulement 40% jugent qu’un "gouvernement élu démocratiquement" est capable de faire face à la crise.

La Grèce des capitalistes recevra sans doute en juillet une nouvelle tranche d’aide de la part de ses bailleurs de fonds internationaux, ce qui lui permettra d’éviter le défaut, en échange d’un nouveau train de mesures d’austérité.

Après avoir examiné pendant un mois entier la mise en oeuvre par la Grèce du premier plan de sauvetage de 110 milliards d’euros décidé en mai 2010, les inspecteurs représentant la Commission européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne ont déclaré vendredi que la Grèce avait accompli des progrès considérables mais qu’il fallait accélérer les réformes structurelles.

"A partir de la décision sur ce plan d’ensemble, les discussions sur les modalités financières du programme économique de la Grèce devraient se tenir dans les semaines qui viennent. Une fois ce processus conclu et après l’approbation par le conseil exécutif du FMI et l’Eurogroupe, la prochaine tranche sera disponible, très vraisemblablement en juillet", déclarent dans un communiqué commun l’Union européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne.

Le ministre grec des Finances George Papaconstantinou avait fait savoir qu’Athènes serait incapable de remplir ses obligations à partir de la mi-juillet si le gouvernement n’obtenait pas la prochaine tranche de prêt de 12 milliards d’euros dans le cadre du plan de sauvetage de l’UE et du FMI, qui devait à l’origine être débloquée le 29 juin.
Par ailleurs, Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro, a évoqué la perspective d’un financement supplémentaire de la Grèce au-delà du plan de sauvetage actuel. Il n’a pas donné de chiffre.

"Je pense que l’Eurogroupe acceptera que soit apporté à la Grèce un supplément financier assorti de conditions strictes", a pour sa part déclaré Jean-Claude Juncker à la presse après avoir rencontré le Premier ministre grec George Papandréou.

Une des conditions pour la poursuite de l’aide sera que les porteurs d’obligations du secteur privé aident eux aussi la Grèce, mais sur la base du volontariat, a précisé Jean-Claude Juncker. Il n’a pas dit comment. Cette question fait l’objet de très vifs débats.
Selon le journal grec Kathimerini, le nouveau plan de sauvetage de trois ans pour la Grèce, qui ira donc jusqu’en 2014, se montera à 85 milliards d’euros, dont un peu moins de la moitié sera fournie par l’UE et le FMI.

La perspective d’un second sauvetage de la Grèce a calmé les marchés obligataires qui craignaient un défaut et a allégé la pression sur les autres pays du sud de la zone euro, jugés eux aussi vulnérables. Les rendements des obligations d’Etat grecques et le coût d’assurance de la dette grecque contre un défaut ont nettement reculé. À la Bourse d’Athènes, les banques grecques ont gagné près de 9%.

Le gouvernement grec a esquissé un projet de budget à moyen terme qui prévoit de nouvelles réductions de dépenses, des mesures pour accroître les recettes de l’Etat et la vente plus rapide des actifs publics.
C’est ce plan que George Papandréou à présenté à Jean-Claude Juncker durant leur réunion de deux heures. Athènes a accepté notamment de créer une agence indépendante pour gérer les privatisations.

Athènes n’a pas pu totalement respecter le programme de sauvetage de mai dernier en raison d’une baisse de ses recettes compte tenu de la récession qui s’est installée dans le pays et d’une évasion fiscale endémique.

L’idée d’un nouveau programme d’austérité a suscité une forte opposition des syndicats et des jeunes ainsi que de certains membres du Pasok, le Parti socialiste au pouvoir de George Papandréou.
Des manifestants ont déployé une immense banderole sur le bâtiment du ministère des Finances pour protester contre une politique, qui, disent-ils, "transforme les travailleurs en esclaves modernes".

Messages

  • Point de vue sur la lutte des classes en Grèce
    8 juin par Yorgos Mitralias

    Révolte populaire de masse en Grèce

    C’est désormais par centaines de milliers que les Indignés grecs déclarent la guerre a leurs bourreaux néolibéraux !

    Deux semaines après ses débuts, le mouvement des « Indignés » grecs fait déborder les places des villes du pays par des foules énormes criant leur colère, et fait trembler le gouvernement Papandreou et ses soutiens locaux et internationaux. Ce n’est plus ni une simple protestation ni même une mobilisation d’ampleur contre les mesures d’austérité. Désormais, c’est une véritable révolte populaire qui balaie la Grèce ! Une révolte qui crie haut et fort son refus de payer « leur crise » et « leur dette » tout en vomissant le bipartisme néolibéral sinon l’ensemble d’un personnel politique aux abois.
    Combien étaient-ils à la Place de Syntagma (place de la Constitution) au centre d’Athènes, juste en face du Parlement, le dimanche 5 juin 2011 ? Difficile a dire car une des particularités de ces rassemblements populaires est que, faute de discours central ou de concert, il y a un va et vient permanent de manifestants. Mais, en tenant compte des responsables du métro d’Athènes, qui savent comment calculer le nombre de leurs passagers, il y a eu un minimum de 250.000 personnes confluant à Syntagma à cette mémorable soirée ! En somme, plusieurs centaines des milliers si on y ajoute les foules « historiques » rassemblées aux places centrales des dizaines d’autres villes grecques.

    A ce moment s’impose pourtant une interrogation : comment est-ce possible qu’un tel mouvement de masse qui, en plus est en train d’ébranler un gouvernement grec au centre de l’intérêt européen, soit passé sous un silence assourdissant par tous les medias occidentaux ? Pendant, ses 12 premiers jours, pratiquement pas un mot, pas une image de ces foules sans précédent hurlant leur colère contre le FMI, la Commission Européenne, la Troïka (FMI, Commission européenne et Banque centrale européenne) et aussi Mme Merkel et le gotha néolibéral international. Absolument rien. Sauf de temps en temps, quelques lignes sur « des centaines de manifestants » aux rues d’Athènes, a l’appel de la CGT grecque. Etrange prédilection pour les manifs squelettiques des bureaucrates syndicaux totalement déconsidérés au moment ou à quelques centaines de mètres plus loin d’énormes foules manifestent jusqu’à très tard après minuit depuis deux semaines…

    Il s’agit bel et bien d’une censure aux dimensions inconnues jusqu’à aujourd’hui. D’une censure politique très organisée et méthodique, motivée par le souci de bloquer la contagion de ce mouvement grec, de l’empêcher de faire tache d’huile en Europe ! Face à cette nouvelle arme de la Sainte Alliance de temps modernes, il faudra qu’on réagisse tous ensemble, tant pour dénoncer ce scandale que pour trouver les moyens de contourner cette interdiction d’informer les opinions publiques, par le développement de la communication entre les mouvements sociaux de toute l’Europe et la création et le renforcement de nos propres medias alternatifs…
    Revenant aux Indignés grecs (Aganaktismeni, en grec), il faut remarquer qu’il s’agit d’un mouvement de plus en plus populaire ou même plébéien, à l’image d’une société grecque façonnée par 25 ans de domination absolue de l’idéologie (néolibérale) cynique, patriotarde, raciste et individualiste qui a tout transformé en marchandises. C’est pourquoi l’image qui en émerge est souvent contradictoire, mêlant le meilleur et le pire dans les idées comme dans les actes de chacun des manifestants ! Comme par exemple, quand la même personne manifeste de façon ostentatoire un patriotisme grec aux allures racistes tout en brandissant un drapeau tunisien (ou espagnol, égyptien, portugais, irlandais et argentin) pour manifester sa solidarité… internationaliste aux peuples en lutte de ces pays.

    Doit-on conclure alors qu’on est en présence d’une foule de manifestants schizophrènes ? Absolument pas. Comme il n’y a ni de miracles, ni de révoltes sociales politiquement « pures », le mouvement des Indignés grecs se radicalise à vue d’œil tout en étant marqué par ces 25 ans de désastre social et moral. Mais, attention : toutes ses « tares » se subordonnent à sa caractéristique principale qui est son rejet radical du Mémorandum, de la Troïka, de la dette publique, du gouvernement, de l’austérité, de la corruption, de cette démocratie parlementaire fictive, de la Commission Européenne, en somme du système dans son ensemble !
    Ce n’est pas donc un hasard que les centaines des milliers d’Indignés grecs s’époumonent depuis 14 jours en répétant des mots d’ordre éloquents tels que « On ne doit rien, on ne vend rien, on ne paye rien », « On ne vend et on ne se vend pas », « Qu’ils s’aillent maintenant tous, Mémorandum, Troïka, gouvernement et dette » ou « Nous restons jusqu’à ce qu’ils s’aillent ». C’est un fait que des mots d’ordre de ce genre unissent tous les manifestants, comme d’ailleurs tout ce qui a trait au refus d’assumer et de payer la dette publique |1|. C’est d’ailleurs pourquoi la campagne de l’Initiative pour une Commission d’audit de la dette publique fait un réel tabac pratiquement dans tout le pays. Son stand en pleine Place de Syntagma est en permanence assiégé par une foule de gens voulant signer son appel |2| ou offrir leurs services comme volontaires…
    D’abord presque totalement inorganisés, les Indignés de Syntagma se sont offert progressivement une organisation dont le summum est l’Assemblée populaire qui attire chaque soir à 21 h. plusieurs centaines de participants devant quelques milliers d’auditeurs très attentifs. Les débats sont souvent d’une grande qualité (p.ex. celui sur la dette publique), dépassant de loin tout ce qu’il y a de mieux sur les grandes chaines de télévision. Et tout ca malgré le bruit (on est en plein centre d’une ville de 4 millions d’habitants), le va-et-vient des dizaines des milliers de gens et surtout, la composition hétéroclite de ces auditoires monstres au milieu d’un campement permanent qui ressemble par moments à une vraie Tour de Babel.
    Toutes ces vertus de la « Démocratie directe » expérimentée jour après jour à Syntagma, ne doivent pas nous faire oublier ses faiblesses, ses ambiguïtés ou ses tares comme p.ex. son allergie initiale à tout ce qui a trait aux partis, aux syndicats ou a toute collectivité établie. Si c’est indiscutable que cette aversion pour les « partis » est dominante dans les foules des Indignés grecs qui ont tendance à rejeter l’ensemble du monde politique sans distinction, il faut quand même noter l’évolution spectaculaire de l’Assemblée Populaire, tant à Athènes qu’à Salonique, qui est passé du rejet des syndicats à l’invitation de faire aboutir leurs manifestations à Syntagma afin que leurs travailleurs rejoignent les Indignés…
    Evidemment, ce n’est pas un secret que, le temps passant, il y a eu une clarification du paysage politique de la Place de Syntagma, la droite et l’extrême droite populaire étant représentée parmi la foule en haut de la Place, juste devant le Parlement, et la gauche radicale et anarchisante occupant la Place elle-même et contrôlant l’Assemblée populaire et le campement permanent. Sans aucun doute, bien que cette gauche radicale donne le ton et laisse son empreinte sur toutes les activités et manifestations à Syntagma, les colorant d’un rouge profond, on ne peut pas conclure que les diverses nuances de la droite populiste, patriotarde, raciste ou même carrément néo-nazi vont cesser leurs tentatives d’influencer cet immense mouvement populaire. Elles vont persister et tout dépend, en dernière analyse, de la capacité de l’avant-garde du mouvement de l’enraciner profondément dans les quartiers, les lieux de travail et les écoles tout en le dotant d’objectifs clairs faisant le pont entre ses énormes besoins immédiats et sa rage vengeresse et anti système.
    Assez différent de son homologue espagnol par ses dimensions, sa composition sociale, sa radicalité et son hétérogénéité politique, le Syntagma grec partage avec la Place Tahrir du Caire ou la Puerta del Sol de Madrid la même haine pour l’élite politique et économique qui accapare et vide de tout contenu la Démocratie parlementaire bourgeoise aux temps du néolibéralisme le plus arrogant et inhumain. En même temps, il est traversé par le même désir participatif, démocratique et non violent qui marque profondément toute révolte populaire en ce début du XXIème siècle.
    Notre conclusion ne peut être que très provisoire : indépendamment de la suite des événements, qui s’annoncent déjà cataclysmiques, le mouvement actuel des Indignés grecs aura marqué un tournant dans l’histoire du pays. Désormais tout est possible et rien ne sera plus comme avant…
    Notes
    |1| Pour en savoir plus voir l’article d’Eric Toussaint, Grèce : Tout un symbole de dette illégitme http://www.cadtm.org/Grece-Tout-un-...
    |2| Des économistes, des militants, des académiques et des parlementaires du monde entier ont appuyé un appel pour auditer les dettes publiques de la Grèce. L’appel demande l’établissement d’une Commission publique pour examiner la légalité et la légitimité de ces dettes en vue d’obtenir l’annulation de la partie illégitime et la poursuite des responsables. http://www.cadtm.org/Appel-pour-une...
    P.-S.
    Yorgos Mitralias anime le comité grec contre la dette qui est membre du réseau international CADTM. Voir le site du comité grec : http://www.contra-xreos.gr/
    http://www.cadtm.org/Revolte-populaire-de-masse-en

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