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Où en est la révolution égyptienne

dimanche 24 juillet 2011, par Abdel

Lu sur le web :

La place Tahrir, haut lieu de la révolte entamée le 25 janvier, est à nouveau l’épicentre de manifestations réclamant une politique plus résolue pour tourner la page de l’ancien régime.

L’armée qui a pris les commandes subit l’usure du pouvoir : adulée il y a six mois, elle est aujourd’hui suspectée de freiner les changements, de perpétuer les méthodes répressives d’autrefois et de vouloir s’incruster à la tête du pays.

Des dizaines de procès sont en cours contre des membres de l’ancien pouvoir, et celui de M. Moubarak et ses deux fils doit s’ouvrir le 3 août. Mais la justice donne aussi le sentiment d’être lente et opaque.

Les jeunes manifestants qui campent depuis deux semaines sur la place Tahrir, au Caire, ont promis samedi d’y rester jusqu’à ce que toutes leurs demandes soient satisfaites, alors que la tension monte avec le conseil militaire au pouvoir.

A la veille du 23 juillet, jour symbolique puisqu’il commémore le coup d’état des officiers libres en 1952, la police militaire a tiré en l’air et battu des manifestants qui bloquaient une rue d’Alexandrie vendredi, selon des témoins.

Un autre accrochage dans la ville portuaire de Suez a alimenté la colère des jeunes révolutionnaires.

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a nié avoir utilisé la force et accusé le mouvement du 6-Avril, un des groupes qui avaient appelé au so ulèvement contre Hosni Moubarak, de chercher à semer la division entre l’armée et le peuple.

Le mouvement du 6-Avril a dénoncé des "allégations mensongères" et promis de "ne pas se laisser intimider".

"Nous serons les derniers à quitter Tahrir, soit vivants et la tête haute après avoir obtenu triomphalement la réalisation des demandes du peuple égyptien, soit en martyrs pour le bien de Dieu et du pays", a ajouté le groupe.

Les jeunes révolutionnaires sont rassemblés depuis le 8 juillet sur la place Tahrir pour demander une rupture plus rapide et plus complète avec l’ancien régime.

Ils n’ont pas été satisfaits par le remaniement du gouvernement annoncé jeudi, jugeant celui-ci insuffisant en raison notamment du maintien de ministres contestés, comme ceux de l’Intérieur et de la Justice.

Pour quitter Tahrir, ils réclament également le transfert d’une partie des pouvoirs de l’armée au gouvernement de transition, l’abandon des tribunaux militaires pour juger les manifestants, le jugement rapide des responsables du régime Moubarak et des policiers accusés d’avoir tiré sur les manifestants pendant la révolution, ou encore la hausse du salaire minimum.

Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui dirige le CSFA après avoir été pendant deux décennies ministre de la Défense d’Hosni Moubarak, devrait selon les médias prononcer un discours plus tard dans la journée de samedi à l’occasion de la "fête de l’armée".

Les manifestants rassemblés sur Tahrir envisagent pour leur part d’organiser une marche en direction du ministère de la Défense à cette occasion.

« Nous ne quitterons pas la place tant que tous les éléments de l’ancien régime n’auront pas été éradiqués », affirme-t-il, Alaa, un chômeur de 23 ans. « Notre première demande est le jugement de Hosni Moubarak », souligne Gamal, un jeune pharmacien. « On n’est même pas sûr qu’il soit vraiment à l’hôpital de Charm-El-Cheikh, ni ses fils à la prison de Torah. Il n’y a eu aucune image ! »

L’annonce du coma de Moubarak par son avocat, le 17 juillet, aussitôt démentie par l’hôpital où il est soigné, est selon eux une manœuvre destinée à retarder son procès, prévu pour le 3 août. « Il n’y a plus de confiance entre le pouvoir militaire et les manifestants maintenant », résume Marwane.

Quelque chose a vraiment mal tourné avec la révolution égyptienne. Le Conseil Suprême des Forces Armées au pouvoir - on peut aisément deviner ce que « Suprême » signifie au juste - se soumet aux Frères Musulmans et aux Salafistes moyenâgeux, les généraux bavardant avec ces pseudo-islamistes tandis que les jeunes, les libéraux, les pauvres et les riches qui ont fait tomber Hosni Moubarak sont ignorés. L’économie s’effondre. L’anarchie se glisse chaque nuit dans les rues d’Egypte. Le sectarisme fleurit dans l’obscurité. Les flics reprennent leurs sales manières.

C’est vraiment aussi grave que cela. Il suffit de marcher dans les rues du Caire pour comprendre ce qui est allé de travers. Il suffit de faire un tour du côté de la Place Tahrir et d’écouter ceux qui insistent pour la démocratie et la liberté, alors que les anciens du régime Moubarak se cramponnent, qui comme Premier ministre, qui comme sous-ministre, tel le personnage même du Maréchal Mohamed Tantawi, le chef de ce conseil « suprême », ami d’enfance et fidèle de Moubarak - même s’il a obligé le vieil homme à partir. La tête tout aussi âgée de Tantawi est à présent placardée autour de Tahrir et le bon vieux slogan de janvier-février est de retour : « Nous voulons la fin du régime ! »

Sur ce refuge, les groupuscules de la révolution ont maintenant leurs tentes individuelles avec des petits tapis et des chaises en plastique posés sur la poussière. Ils débattent du nassérisme, de la laïcité, de l’union chrétienne pour les droits civiques (« Le Bureau de Masse du Mouvement des Jeunes »). Les Frères Musulmans sont évidemment absents, tout comme les Salafistes.

« Nous n’en pouvons plus du Conseil Militaire qui utilise les mêmes dispositifs que Moubarak », me dit Fahdi Philip, 26 ans, étudiant vétérinaire à l’Université du Caire, alors que nous nous asseyons sous la chaleur de l’été. « Les procès des coupables tardent à venir. L’état d’insécurité est toujours là. »

Trop vrai. Durant la révolution, près de 900 civils ont été tués par la police de l’Etat sécuritaire égyptien et les snipers, et un seul policier a été jugé - par contumace - pour avoir tué des manifestants. Le mois dernier, lorsqu’une manifestation massive des familles des martyrs s’est déversée dans les rues, les flics ont repris leurs vieilles habitudes.

Face aux caméras de télévision, ils ont lancé des pierres sur les manifestants, les ont matraqués et - dans un incident incroyable - ont avancé vers eux en dansant et en brandissant des épées. Un soi-disant « Conseil National des Droits de l’Homme » a fait porter la responsabilité aux deux camps - les manifestants, disent-ils, ont lancé des cocktails Molotov, la police a riposté avec des gaz lacrymogènes - tandis que des chargements de pierres ont été amenés par camions sur la Place Tahrir le 28 juin, pour être jetées par des jeunes gens portant des T-shirts identiques.

Plus de 1.100 civils, soldats et policiers ont été blessés. Craignant d’autres violences, le conseil « suprême » de Tantawi a annoncé la création d’un nouveau fonds, doté d’un capital de 12 millions d’euros pour indemniser les familles de ceux qui ont été tués ou blessés durant la révolution.

Mais à peine ai-je ouvert mon journal du matin au Caire - la parole libre, enfin, sans entraves et largement en faillite - que j’aperçois une photo en couleur du Maréchal Tantawi nommant un nouveau « Ministre de l’Information », un ancien politicien d’opposition mais tout pareillement ministre de l’information - quelques mois seulement après que le même Tantawi eut annoncé l’abandon total du ministère de l’information.

Pas de problème, ont dit les autorités, ce n’était que pour aider la presse à remplir ses devoirs « démocratiques » avant que ce ministère soit à nouveau fermé. Exactement comme le jeune vétérinaire chrétien copte - voyez comment nous prenons maintenant bonne note de la religion des Egyptiens ? - l’avait dit : Tantawi utilise les vieilles ficelles de Moubarak.

Pourtant, que peuvent rapporter les journaux égyptiens à part l’effondrement de la loi que la révolution avait promis de faire respecter ? Je me rends à l’hôpital Qasr el-Aini, desservant seulement un petit secteur de la capitale, proche de l’ancien campus de l’université américaine. Je découvre que le registre de urgences montre que quotidiennement, en moyenne, dans ce seul petit quartier, 30 hommes et femmes arrivent avec des blessures par balles ou par arme blanche.

Chaque week-end (jeudi/vendredi), les chiffres montent jusqu’à une moyenne de 50 victimes. Parmi les jeunes de la Place Tahrir, ceci ressemble à une conspiration : vider les rues de la police et donner aux gens un avant-goût du chaos qu’ils ont amené eux-mêmes - et ils voudront bientôt le retour des hommes de l’Etat sécuritaire. Le pays est sûr pour les touristes, disent les ministres aux agences de voyage. Vraiment ? Egyptair, la compagnie aérienne d’Etat, faisant effrontément la publicité de la « nouvelle Egypte » avec des images des manifestations de la Place Tahrir au début de février, vient juste de rapporter une perte de 125 millions d’euros au cours des quatre derniers mois.

L’hôtel Marriott sur Gezira - le vieux palace sur le Nil avec ses lions de marbre et ses toits en stuc - a 1.040 chambres et seulement 24 touristes. « La révolution était bonne », me dit un ami commerçant lorsque je passe la tête par la porte de sa boutique de chemises. « A présent, la révolution n’est pas bonne ».

Il y a tout juste une semaine, des manifestants qui préparaient le démarrage des manifestations du vendredi ont été attaqués par des vendeurs de rue avec des couteaux et des pierres. On a entendu les histoires habituelles : tout était planifié par les pouvoirs constitués. Pas un seul groupe islamiste n’était présent aux manifestations récentes pour les « martyrs » de la révolution.

J’ai rencontré un vieil ami journaliste égyptien. Le personnel du café vient le saluer ; ils se présentent comme des fans et lui disent de ne pas cesser d’exposer la corruption dans la vie égyptienne. Il est inquiet. On parle d’une « mutinerie civile », dit-il. Des personnes qui veulent à nouveau brûler les postes de police, remplacer le gouvernement ou prendre eux-même la loi en main en tuant des policiers spécifiques. Il y a des histoires qui circulent beaucoup - je les ai moi-même entendues sur la Place Tahrir - que des groupes de jeunes essayeront de fermer le Canal de Suez, à moins que les autorités qui ont tué les innocents en janvier et en février ne soient traduites en justice. Les voix les plus perfides appellent maintenant à la peine de mort pour Moubarak.

Bizarrement, il y a aussi la conviction, selon mon ami journaliste, que le conseil militaire « suprême » égyptien ne pourra pas continuer le travail du gouvernement et ne commence les procès avant la mort de Moubarak. « Ils aimeraient qu’il meure. Ils veulent qu’il soit hors champ afin de pouvoir souffler avant de s’occuper de ses fils. Tantawi s’inquiète que la populace ne vienne le chercher. Mais il sait que si Moubarak meurt, les Egyptiens qui sont un peuple gentil lui pardonneront largement parce qu’il a été un soldat et qu’il est si âgé. Et il y aura une période de calme. »

Il a été rapporté que depuis son assignation à résidence à Charm El-Cheikh, Moubarak aurait été emmené en Arabie Saoudite pour suivre un traitement médical secret, et de nombreuses révélations font maintenant surface sur la manière dont il a été détrôné. L’une, de l’écrivain égyptien très respecté, Abdel Kader Choheib, dit que Moubarak a accepté de démissionner après avoir affronté Tantawi, son vice-président Omar Sulieman - l’ancien patron des services secrets et ami d’Israël - et le Général Ahmed Chafiq.

Moubarak a visiblement plaidé auprès d’eux pour qu’ils ne révèlent pas sa démission avant que ses fils, Gamal et Alaa, ne soient en route pour Charm El-Cheikh - non pas pour leur éviter d’être emprisonnés (ce qui a échoué de toute façon) mais parce qu’il craignait que Gamal ne fasse quelque chose de « déraisonnable », étant donné qu’il s’était déjà opposé à ce que Moubarak nomme Sulieman comme vice-président, dans les derniers jours de la révolution.

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Le gouvernement égyptien et le Conseil suprême des forces armées (CSFA) se partagent les rôles. Le second insiste sur l’ordre et menace les « protestataires » – ceux et celles qui ont relancé la mobilisation depuis le 8 juillet 2011 – et le premier répond, partiellement, à certaines revendications populaires, lorsque la pression se fait forte.
Ainsi, le 13 juillet 2011, le ministre de l’Intérieur, Mansour al-Essawy, a annoncé que 505 généraux, 82 généraux de brigade et 82 colonels seraient relevés de leurs fonctions. Ils sont contraints à prendre une retraite anticipée, mais avec les avantages matériels qui y sont attachés. Sur les 669 officiers « remerciés », seuls 27 sont impliqués dans les tueries au cours de la montée révolutionnaire de 18 jours, selon le ministère de l’Intérieur.

Cette affirmation suscite quelques interrogations – pour utiliser un euphémisme – auprès de divers analystes. Mohamed al-Quassas, porte-parole de la Coalition des Jeunes de la Révolution du 25 janvier, déclare au quotidien Al Masry Al Youm (14 juillet 2011) : « Il y a encore des mesures à prendre pour purger le ministère de l’Intérieur. » En effet, le pouvoir, pour l’heure, annonce simplement le changement de poste de quelque 4000 officiers qui seraient impliqués dans la répression. « La mutation de quelqu’un qui est impliqué dans un assassinat ne va pas aboutir à la purge d’un ministère », souligne Magda Boutros de l’Egyptian Initiative for Personal Rights. Un débat public, sur le thème d’une purge effective du ministère de l’Intérieur, sera lancé dans diverses villes, dans les jours qui viennent.

Selon divers rapports de presse, des manifestations sur des revendications sociales et démocratiques – avant le vendredi 15 juillet qui sera une nouvelle journée de mobilisation – ont eu lieu dans de multiples villes : Suez, Port Saïd, Ismailia, Mansoura, Assiout, Al-Minya, Beni Suef, Assouan. Cela indique la dimension nationale de la mobilisation et l’importance de l’affrontement actuel, qui dépasse la seule question du report des élections, comme le mentionne l’essentiel des médias.

Nous publions ci-dessous la Déclaration de l’organisation Socialistes révolutionnaires. Elle situe bien les enjeux fondamentaux de la conjoncture présente et de l’affrontement avec le CSFA qui vise, lui et ses alliés, à exproprier et congeler le processus révolutionnaire.

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Il y a peu de temps encore le porte-parole du Conseil militaire, le général de division Moshen El-Fangari saluait les martyr•e•s de la révolution et faisait fondre les cœurs des Egyptiens en évoquant les souvenirs des journées qu’ils avaient passées à scander des mots d’ordre vantant l’unité entre l’armée et le peuple. Aujourd’hui [12 juillet 2011], il a tenu un tout autre langage aux révolutionnaires : il menaçait qu’il « prendrait toutes les mesures pour faire face aux menaces qui cernent la patrie à moins que cette contestation du processus en cours ne cesse… tout comme les rumeurs et les idées fausses qui conduisent à la discorde, à la rébellion et à promouvoir les intérêts d’une étroite minorité au détriment de l’ensemble du pays. » Il a appelé les honnêtes citoyens à œuvrer pour un retour à la vie normale pour les enfants de « notre grand peuple » et en brandissant son index à l’égard de gens comme Moubarak, il insiste sur le fait que « les forces armées ne permettront à personne de saisir le pouvoir ou de fouler aux pieds l’autorité légitime, en dehors du cadre de la légitimité légale et constitutionnelle. »

C’est ainsi que se terminait le discours, prononcé 24 heures après la brève annonce d’Essam Charaf [premier ministre], qui confirmait que le ministère de Charaf n’est qu’un masque destiné à cacher la face sombre du règne militaire. Toutefois, au cours des événements de ces derniers six mois, le peuple a appris à décrypter cette répartition des rôles entre celui du « bon flic », tenu par le premier ministre, et celui du « mauvais flic » tenu par le représentant du Conseil militaire [le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, ex-ministre de la Défense Moubarak durant deux décennies, dirige le CSFA ; El-Fangari est le porte-parole du CSFA].

La position des révolutionnaires est que, cette fois-ci, il ne peut y avoir de recul. Nous occuperons les rues jusqu’à ce que les revendications de la révolution soient exaucées, pour rendre justice aux martyr•e•s qui ont versé leur sang pour la liberté sur les places d’Egypte. Nous n’accepterons pas moins que des procès justes et publics pour les criminels du régime Moubarak et les assassins des martyrs. Nous ne renoncerons pas à nos revendications en faveur de la justice sociale et de la dignité humaine qui exigent l’application de salaires minimums décents et de conditions de travail convenables, ainsi que la suppression des contrats à durée déterminée esclavagistes. Nous défendrons notre droit à la grève et à l’occupation [des usines, des terres…]. Ces droits n’ont pas été accordés. Or, ils ont été gagnés par des années de lutte dans la rue, des années qui ont eu le goût amer d’arrestations, de torture et d’inculpations. Aucune loi émise par le Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) pour criminaliser les grèves et les occupations et aucune punition qu’il impose ne peut enlever ce droit à un peuple libre.

Les tribunaux militaires qui volent des années de vie à nos jeunes [des centaines de jeunes ont été condamnés, depuis janvier 2011, à de lourdes peines de prison] auraient dû être réservés au président déchu pour son rôle à la tête des forces armées. Cela, au lieu de le laisser jouir du luxe d’un procès civil. Protégé par le CSFA, Moubarak bénéficie du luxe d’un procès civil, dont la date a d’ailleurs été reportée, une fois pour cause de maladie, une autre suite à la rumeur prétendant qu’il était à l’agonie.

Non, nous ne « remettons pas en question le processus en cours ». Mais nous affirmons que celui-ci a été freiné et mis en question dans le but de protéger de la justice les officiers de police meurtriers. Nous déclarons au monde que dix mille des enfants de ce pays croupissent dans des prisons militaires après avoir subi les pires tortures. Nous savons que le système fait un maximum d’efforts pour empêcher les gens de se réapproprier les richesses qui leur ont été dérobées depuis des décennies. Nous savons que seuls des participants à la révolution sont traduits devant les tribunaux militaires, alors que les tueurs ont le droit aux tribunaux civils, et sont relâchés, sous caution, entre les séances des tribunaux.

Nous ne répandons pas de « fausses rumeurs », mais au contraire la vérité que vous tentez de dissimuler : la vérité est qu’après le 25 janvier 2011 la pauvreté, la répression, la torture et les détentions existent encore partout, comme avant. Avant, nous avions les prisons d’Etat, maintenant nous avons des prisons militaires ; à la place des procureurs de la sécurité de l’Etat, nous avons des procureurs militaires ; et à la place des tribunaux d’exception nous avons des tribunaux militaires. Les lois d’urgence ne suffisaient pas à nos dirigeants militaires : ils leur ont ajouté de nouvelles lois qui criminalisent les grèves et les occupations dans une tentative de réduire les libertés des Egyptiens. Il s’est avéré que le budget, dont le gouvernement nous avait promis qu’il serait équitable, opère des coupes dans les dépenses de santé, de l’éducation et des retraites afin de dégager des fonds pour le Ministère de l’intérieur et de l’Armée.
Les intérêts des gens ne sont pas « étroits ». Les revendications pour une miche de pain, pour des soins de santé, pour l’éducation et des logements dignes d’êtres humains, pour la liberté d’expression, pour le droit à un emploi et l’obtention de la justice sont au cœur des revendications de la révolution. Elles ne peuvent être mises sur le même pied que les intérêts individuels étroits des hommes d’affaires et de leurs associés qui pillent les richesses du peuple. Ces individus sont terrifiés par les chutes des cours du marché boursier. Mais ils restent impassibles devant le sang de 1’200 martyres ou devant le fait que moitié de la population vit au-dessous du niveau de pauvreté… ou que des jeunes perdent des années de leur vie en prison. La seule chose qui les préoccupe c’est que leurs comptes en banque continuent à grossir et qu’ils puissent continuer à drainer le sang et la sueur des travailleurs pour un salaire aussi bas que possible.

Enfin, les révolutionnaires n’ont pas « pris le pouvoir » ; il leur appartient de droit. Ce pays devrait être gouverné par ceux qui ont versé leur sang pour lui. Si quelqu’un a « pris le pouvoir », c’est plutôt le CSFA et ses partisans, auxquels personne n’a demandé de gouverner le pays, mais qui ont volé – ou tenté de voler – la révolution par la force, en profitant de l’euphorie du peuple après le renversement du dictateur.

Il semble que celui qui tend son index et menace les révolutionnaires considère qu’ils ne comprennent ce que c’est que de perdre leurs enfants, non sur le champ de bataille contre une armée étrangère, mais sur la terre de leur patrie, aux mains d’officiers de police dont les salaires étaient payés avec nos impôts. En fait El-Fangari ne comprend pas ce s’est passé le 25 janvier 2011. Ce jour-là, le peuple d’Egypte s’est soulevé, déterminé à n’être plus jamais réduits à l’esclavage, dépouillé ou exploité. Le 25 janvier, le peuple égyptien a regagné sa dignité et sa confiance dans le fait qu’il pouvait renverser les symboles de la dictature. La tête est tombée, laissant derrière elle le corps corrompu. Le peuple a juré de ne pas s’arrêter avant la chute du régime, et si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera demain.

Gloire aux martyrs ! Victoire pour la révolution ! Pouvoir au peuple ! (12 juillet 2011)

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