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En quoi et pourquoi la construction de l’organisation Lutte Ouvrière est un échec du point de vue de la tâche de la construction du parti communiste révolutionnaire ?

vendredi 30 décembre 2011, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Construire l’organisation et la politique des révolutionnaires est un combat sans cesse recommencé

"Avant tout, qu’est‑ce qui caractérise un parti prolétarien ? Personne n’est obligé de militer dans un parti révolutionnaire, mais, s’il le fait, il prend son parti au sérieux. Quand on ose appeler le peuple à un changement révolutionnaire de société, on porte une énorme responsabilité qu’il faut prendre très au sérieux. Et qu’est-ce que notre théorie, sinon, simplement l’outil de notre action ? Cet outil, c’est la théorie marxiste, parce que, jusqu’à présent, nous n’en avons pas trouvé de meilleur. Un ouvrier ne se livre à aucune fantaisie avec ses outils : si ce sont les meilleurs outils qu’il puisse avoir, il en prend grand soin ; il ne les abandonne pas et n’exige pas des outils fantaisistes, qui n’existent pas."

Trotsky dans "Réponse à des questions concernant les Etats Unis" (1940)

« Comprendre clairement la nature sociale de la société moderne, de son Etat, de son droit, de son idéologie constitue le fondement théorique de la politique révolutionnaire. La bourgeoisie opère par abstraction (« nation », « patrie », « démocratie ») pour camoufler l’exploitation qui est à la base de sa domination. (…) Le premier acte de la politique révolutionnaire consiste à démasquer les fictions bourgeoises qui intoxiquent les masses populaires. Ces fictions deviennent particulièrement malfaisantes quand elles s’amalgament avec les idées de « socialisme » et de « révolution ». Aujourd’hui plus qu’à n’importe quel moment, ce sont les fabricants de ce genre d’amalgames qui donnent le ton dans les organisations ouvrières françaises. »

Léon Trotsky dans « La France à un tournant » (28 mars 1936)

"La question de l’attitude de l’Etat envers la révolution sociale et de la révolution sociale envers l’Etat a très peu préoccupé les théoriciens et les publicistes les plus en vue de la IIe Internationale (1889-1914), comme du reste le problème de la révolution en général. Mais le plus caractéristique dans le développement graduel de l’opportunisme, qui a abouti à la faillite de la IIe Internationale en 1914, c’est que même quand ce problème se posait de front, on s’appliquait à le tourner ou on l’ignorait totalement.

D’une façon générale, on peut dire que la tendance à éluder la question de l’attitude de la révolution prolétarienne envers l’Etat, tendance avantageuse pour l’opportunisme qu’elle alimentait, a conduit à la déformation du marxisme et à son total avilissement."

Lénine dans "L’Etat et la révolution"


En quoi et pourquoi la construction de l’organisation Lutte Ouvrière est un échec du point de vue de la tâche de construction du parti communiste révolutionnaire ?

Dans les textes qui suivent et qui définissent Lutte Ouvrière, on trouve de nombreuses proclamations de communisme révolutionnaire et d’internationalisme. Pourtant, la politique de Lutte Ouvrière est centrée sur la France et sur les élections, sur le syndicalisme plus que sur la lutte politique de classe. Il suffit pour le constater de lire son compte-rendu public de congrès annuel de cette organisation par sa porte-parole qui ne parle quasiment que de la France et que des élections : voir ici

Ces textes sont reproduits intégralement à la fin afin qu’on ne puisse pas penser que sortis du contexte, ils aient été mal interprétés.

D’où vient et où va Lutte Ouvrière ?

Lutte Ouvrière d’hier et d’aujourd’hui...

Les éditoriaux de Lutte Ouvrière face à la crise… et leurs limites

Quelques brèves remarques sur la politique de l’extrême gauche en France face à la crise

Débat avec l’extrême gauche sur la révolution au Maghreb et dans le monde arabe

Débat avec l’extrême gauche sur la Tunisie

Le nucléaire : une polémique avec Lutte Ouvrière (France)

L’organisation Lutte Ouvrière ... d’il y a plus de trente ans ...

Quelle politique face aux licenciements et contre les mensonges sur les délocalisations

Sur la question d’Haïti

Nos divergences avec Lutte Ouvrière se sont manifestées sur des sujets conjoncturels cités plus haut (Haïti, révolution arabe, grève Peugeot, nucléaire, etc…), mais elles sont loin d’être simplement des divergences de détail ou de conjoncture. La conception du rôle autonome du prolétariat, de la construction du parti et de la défense d’une vision claire de la rupture avec l’Etat bourgeois sont nos sujets principaux de désaccord. Mais, bien entendu, le terme désaccord doit être pris comme le « désaccord » avec des réformistes ou des révolutionnaires opportunistes, c’est-à-dire une opposition claire et nette…

Il ne s’agit pas de vaines polémiques sur des détails.

Divergences sur la clarté par rapport à l’Etat bourgeois

Un exemple des textes très développés de LO dans lesquels il n’y a pas un mot sur l’Etat et les révolutionnaires

Quelle est la question fondamentale en politique pour des communistes révolutionnaires marxistes ? C’est la question de l’Etat. Ils ont sur cette question un point de vue que les prolétaires n’ont nullement spontanément et qui les distingue de tous les autres courants du mouvement ouvrier, non seulement les courants réformistes, mais aussi tous les autres courants révolutionnaires.

Eh bien, Lutte Ouvrière actuelle ne défend plus du tout publiquement la conception de l’Etat qu’elle défendait, plus ou moins bien, autrefois… Et nous le démontrons : Lutte Ouvrière a estimé nécessaire de modifier le paragraphe qui expose ce thème dans sa définition : « Qui sommes nous ? ». C’est un changement très fondamental et qui est passé en douce, la direction de Lutte Ouvrière s’étant bien gardée d’en discuter avec ses militants. Nous le savons d’autant mieux que nous étions alors membres de l’organisation. C’est nous-mêmes qui, dans une assemblée générale de congrès, avons critiqué la nouvelle version de définition publique de LO. Les motifs de ce changement sont restés occultes.

C’est Lutte Ouvrière qui, dans le temps, enseignait qu’une organisation qui retirait de son programme l’expression claire de la nécessité de détruire de fond en comble l’Etat bourgeois, sa police, son armée, mais aussi ses parlements, ses tribunaux, sa justice, son administration, était une organisation qui était en train de trahir. Celui quia écrit cela est celui-là même qui dirige aujourd’hui Lutte Ouvrière. Donc il sait parfaitement ce qu’il fait…

La définition de Lutte Ouvrière dans l’hebdomadaire est assez significative. Alors qu’elle est restée la même de 1975 à 2002, elle change alors et de manière importante. En particulier, voici ce que disait l’ancienne version :

"Les travailleurs devront détruire l’appareil d’Etat de la bourgeoisie, c’est-à-dire son gouvernement mais aussi son Parlement, ses tribunaux, sa police, son armée et exercer eux-mêmes, directement, pouvoir, car le bulletin de vote ne peut changer la vie."

La nouvelle version :

"Nous sommes convaincus que les travailleurs peuvent remplacer le capitalisme par une société libre, fraternelle et humaine car ils constituent la majorité de la population et n’ont aucun intérêt personnel au maintien de l’actuelle société. Pour cela, ils devront remplacer l’Etat de la bourgeoisie pour créer un régime où les masses populaires exerceront elles-mêmes le pouvoir en assurant un contrôle démocratique sur tous les rouages du pouvoir économique et politique."

La destruction de l’Etat a disparu entre les deux versions. Pourtant Lutte Ouvrière jugeait très durement autrefois tout courant révolutionnaire qui aurait fait disparaitre cette mention :

« Oui, le premier acte de salut public de la classe ouvrière (…) ce devra être de détruire cette armée, pas de l’épurer en faisant le tri entre les bons et les mauvais officiers (…) Non, il faudra détruire, briser définitivement le pouvoir du corps des officiers. (…) Et tous ceux qui n’inscriraient pas la mise hors d’état de nuire de l’armée et de la police dans leur programme, qui ne fixent pas ouvertement cet objectif à la classe ouvrière, qui ne disent pas aujourd’hui, clairement, que dès que le rapport de forces mettra le soulèvement populaire à l’ordre du jour, ce sera là la première tâche des travailleurs, ceux-là ne défendent pas les travailleurs, mais préparent de nouvelles désillusions, ou de nouveaux massacres. Et les travailleurs doivent s’en méfier, quelles que soient leurs phrases révolutionnaires, ou peut-être d’autant plus que leurs phrases sont révolutionnaires. Et, camarades, cette leçon tragique du Chili est certainement valable pour bien d’autres pays, y compris pour nous ici en Europe. » (conclusion du Cercle Léon Trotsky de LO sur le Chili).

Pour voir à quel point la différence est d’importance, on trouve des textes de LO par lesquels cette organisation réclame des flics de proximité. Les révolutionnaires nous avaient habitué à ne pas vouloir avoir des forces de répression de la bourgeoisie trop à proximité !!!

Quelles positions nous semblent essentielles sur la question de l’Etat, celui actuel et celui d’avenir ?

1°) Nous n’appelons pas l’Etat bourgeois à défendre « l’intérêt général », l’ensemble de la population et encore moins les travailleurs. Notre propagande ne s’exprime nullement sous la forme « L’Etat devrait faire ceci » ni « l’Etat pourrait faire cela » ni même, « si l’Etat était vraiment au service de l’ensemble de la population, il ferait ceci ou cela ». L’Etat devrait embaucher. L’Etat devrait garantir les emplois. L’Etat devrait assurer la santé des gens. Bien sûr, la population emploie de tels propos sans dire des bêtises. Mais, quand il s’agit de révolutionnaires, de tels propos sont une compromission opportuniste car un révolutionnaire doit savoir que le point essentiel de son discours est : ne comptez pas sur l’Etat pour faire quelque chose à votre place et dans votre intérêt. Et l’Etat ouvrier, c’est justement quand les travailleurs, organisés, se donneront les moyens de ne pas attendre d’un appareil qui leur est extérieur les décisions et les actes qui leur sont nécessaires...

Bien des propos de LO ne sont pas clairs sur la place de l’Etat bourgeois :

Arthaud à Chalons : « Il y a urgence à sortir de la gestion du nucléaire par ces grands groupes capitalistes, dont la seule logique est le profit. Il faudrait que l’état contrôle cette filière. »

Voici quelques-unes des propositions de Lutte Ouvrière :

"Augmentation immédiate des salaires. Interdiction des licenciements dans les entreprises bénéficiaires. Remplacer les emplois précaires par des emplois stables. Contrôle des entreprises par les travailleurs. Réhausser l’impôt sur les Sociétés à 50 % minimum. Augmentation des impôts pour les hauts salaires. Embauche massive dans les services publics : Hôpitaux, enseignement, etc. Expropriation des banquiers. Alignement de l’ensemble des régimes de retraites sur le plus favorable de tous. Retour aux 37,5 annuités de cotisations et aux 60 ans pour l’âge légal de départ."

Organiser les prolétaires en comités détenant la totalité du pouvoir, y compris les armes. Retirer le privilège des armes aux forces armées de la bourgeoisie, interdire les guerres qu’elles font au quatre coins de la planète, désarmer la police et la gendarmerie, supprimer la justice, l’administration, les prisons… Voilà ce qu’il conviendrait de rajouter à ce programme…. Même si ce n’est pas très électoraliste !

2°) Nous sommes clairs sur le fait que ce sont les opprimés organisés en comités qui représentent l’embryon de « nouvel Etat » qui sera mis en place par la révolution prolétarienne. Et nous sommes clairs sur le fait qu’un Etat ouvrier n’est pas tout à fait un Etat car c’est la base même des opprimés qui le dirige.

3°) Nous devons être clairs aussi (et publiquement) sur le fait que nous ne nous contentons pas de changer le personnel politique qui gouverne, ni de changer la politique de ce gouvernement. Il ne suffit pas non plus de prétendre, comme le fait LO en faisant comme si elle se démarque ainsi du réformisme politicien, qu’il faudra « contester la direction de l’économie par la bourgeoisie ». Car c’est une lubie réformiste de contester la direction économique sans détruire la domination politique et tout particulièrement l’Etat bourgeois. Le prolétariat devra d’abord détruire l’Etat bourgeois. C’est très différent. Parler de communisme sans parler de destruction de l’Etat est une arnaque. Parler de mesures transitoires comme le contrôle ouvrier sans parler de destruction de l’Etat est une arnaque. Lénine précisait que le contrôle ouvrier, sans que les ouvriers aient bâti leur propre Etat après avoir détruit celui de la bourgeoisie, est une tromperie réformiste.

Prenons l’exemple d’un des slogans favoris de Lutte Ouvrière : le contrôle ouvrier. L’usage en est variable. Parfois, il ne s’agit même pas du contrôle par des organes des masses comme des comités révolutionnaires ouvriers mais simplement du contrôle par les syndicats, ou pire par les Comités d’établissement, organismes de collaboration de classe par excellence, selon ce qu’en disant dans le temps LO...

Le 1er octobre 1917, dans sa Publication de “Les bolcheviks garderont-ils le pouvoir ?” Lénine écrit :

“Quand nous disons : “contrôle ouvrier”, ce mot d’ordre étant toujours accompagné de celui de la dictature du prolétariat, le suivant toujours, nous expliquons par là de quel État il s’agit."

On peut se dire que LO n’en parle pas parce que ce n’est pas d’actualité, vu le niveau de la lutte des classes en France. Et pour l’Egypte alors ?

Eh bien, LO écrit alors : "Le mécontentement éclate maintenant, en prenant directement pour cible cette armée qui s’était plus ou moins prétendue garante d’un changement, même s’il est difficile de savoir quelle est l’ampleur et quelles sont les forces réelles de l’opposition qui s’exprime ces jours-ci, dans quelle mesure les masses populaires se reconnaissent dans les manifestants de la place Tahrir. Il s’y rencontre aussi bien des partis intégristes mécontents de certaines déclarations gouvernementales — comme un certain « document Selmi » qui évoquait l’évolution éventuelle vers un État non confessionnel — que des jeunes s’affirmant révolutionnaires.

Il est certain que l’état-major est loin d’avoir réussi à asseoir un nouveau pouvoir qui permettrait de faire taire les divers mécontentements. Mais il est également clair que, face à ce pouvoir, l’opposition populaire elle-même n’a pas réussi à se donner des objectifs autres que celui de « Tantaoui dégage » qui semble faire l’unanimité comme a pu le faire précédemment celui de « Moubarak dégage ».

Or face à l’armée au pouvoir, à cet appareil d’État qui cherche à maintenir les prérogatives des classes possédantes, les travailleurs, les paysans et toutes les masses pauvres d’Égypte ne pourront imposer leurs exigences vitales qu’en établissant un pouvoir qui représente vraiment les opprimés, qui leur permette d’exercer un véritable contrôle sur les richesses du pays et sur l’ensemble de l’économie.

C’est peut-être au travers des luttes actuelles, au sein de la classe ouvrière en particulier, que cette perspective peut s’ouvrir."

Oui, mais quelle perspective ? LO ne dit pas qu’il faut détruire l’armée avant de pouvoir "établir un pouvoir qui représente vraiment...". LO saute l’épisode révolutionnaire où, les armes à la main, les prolétaires s’attaquent violemment à l’appareil d’Etat de la bourgeoisie. Ne serait-il pas temps en Egypte d’instruire les prolétaires de cette nécessité ?

4°) Il faut que des révolutionnaires soient clairs également que l’Etat ouvrier n’est pas un organe de direction par le parti révolutionnaire ou les partis révolutionnaires, car nous n’avons besoin d’aucune théorie selon laquelle un seul parti révolutionnaire serait possible, devraient diriger l’Etat. Il est indispensable que le prolétariat organisé de manière révolutionnaire et sur des bases politiques en masse ait décidé et engagé les actions pour détruire l’Etat bourgeois et construire un Etat de type nouveau : un Etat en voie de destruction. Car le but, le communisme, c’est la société sans classe et sans Etat !

"Tant que le prolétariat a encore besoin de l’État, ce n’est point pour la liberté, mais pour réprimer ses adversaires. Et le jour où il devient possible de parler de liberté, l’État cesse d’exister comme tel."

Engels, Lettre à August Bebel, 1875.

Quiconque cherche à camoufler l’un de ces points ne peut prétendre qu’il défend la perspective de Karl Marx, Lénine et Trotsky !

Divergences sur ce qui fonde le parti révolutionnaire

Le parti communiste révolutionnaire suppose une analyse historique de la situation des classes sociales à l’échelle mondiale, puis des grandes régions du monde, puis nationale, puis spécifique à telle zone du pays ou partie de la population. Pas seulement des deux grandes classes historiques, bourgeoisie impérialiste et prolétariat, mais aussi des bourgeoisies nationales, locales, des autres classes et couches dirigeantes, de la moyenne et de la petite bourgeoisie, des autres couches travailleuses ou chômeuses, des autres groupes sociaux opprimés. Cette analyse mène à une vision des conditions objectives de la révolution, telles qu’elles sont vues par la direction politique. Leur expression doit être diffusée le plus largement possible

C’est seulement à partir des conditions objectives que l’on peut en déduire les tâches nécessaires du prolétariat et les perspectives des révolutionnaires.

On ne prend pas le problème en décrétant de manière abstraite qu’on est contre la société bourgeoise, puis qu’on est pour le communisme, puis qu’il faut tenir compte de l’état de l’opinion ouvrière et tenter de la faire progresser au travers des discussions, de la propagande et des événements et luttes. Cette dernière manière de procéder est celle de Lutte Ouvrière. Cette organisation en déduit que quiconque prépare d’avance les prolétaires aux tâches à venir est « gauchiste », prend ses désirs pour des réalités, se moque de l’état réel des préoccupations ouvrières et, du coup, ne jouera jamais aucun rôle de direction de la seule classe révolutionnaire. Quiconque a discuté avec Lutte Ouvrière a entendu ce discours qui sert à justifier l’alignement sur les directions syndicales et l’alignement sur le niveau prétendu de l’opinion ouvrière.

Dans la conception de la propagande publique qui est celle de Lutte Ouvrière, par exemple dans les éditoriaux des bulletins d’entreprise ou dans les campagnes électorales, LO part de la dénonciation de la domination bourgeoise, de la dénonciation des politiciens et des gouvernants, pour en tirer que l’intérêt des travailleurs est ailleurs. Pour finalement sauter à l’époque heureuse où le prolétariat aura un niveau de combativité (plus que de conscience) qui lui permettra de dépasser tout ce foutoir (celui de la société bourgeoise, celui des luttes partielles, celui des tromperies politiciennes). Personne n’a vu comment on passe de l’un à l’autre car il n’y a pas de rapport entre les aspirations actuelles (économiques ou politiques) et les perspectives que des révolutionnaires offriraient en fonction de leur programme communiste !

La révolution prolétarienne, loin d’être comprise comme le développement scientifique des conditions politiques et sociales de la domination de la bourgeoisie à l’échelle mondiale, de ses contradictions irréductibles explosant dans des conditions à préciser, elle devient un horizon qui reste sans cesse … au loin !

Le refus de développer une analyse marxiste du monde actuel peut ne pas apparaitre au militant de LO ou au travailleur sans formation politique. On le comprend quand on constate que le discours de LO sur les perspectives peut, sans changer, être transposé d’une année sur l’autre. Au point que LO estime que son programme est le même que celui de Trotsky dans « Le programme de transition » écrit en 1938. Depuis il y a eu le début et la fin de la deuxième guerre mondiale, la fin du fascisme allemand, l’échec de la vague révolutionnaire de l’après deuxième guerre mondiale, et on en passe… Cela ne change rien ? Tout cela pour en retirer des petits bouts du style du « contrôle ouvrier » ou de « l’expropriation des banques ». Sans se demander si les banques représentent exactement la même chose aujourd’hui et en 2000. Exactement la même chose en 2000 et en 2011 !!!!

Divergences sur la révolution russe

On pourrait penser que les courants se revendiquant entièrement de la politique des bolcheviks en Russie ne sont pas si nombreux et que c’est quand même une convergence fondamentale. Mais se revendiquer ne signifie pas y attribuer la même signification. Par exemple, Lutte Ouvrière a raison de dire que les bolcheviks militaient pour l’extension internationale de la révolution prolétarienne, seule perspective socialiste de cette révolution. Mais ils en profitent pour omettre que la raison fondamentale de ce choix politique et social provenait d’une analyse selon laquelle la révolution prolétarienne devait nécessairement prendre tournure à l’échelle européenne. Voilà bien le type d’analyse objective des conditions de la révolution à une époque donnée qui n’appartient nullement à la tradition de LO.

Citons le Cercle Léon Trotsky de LO intitulé "Le prolétariat international, la seule classe capable de mettre fin au capitalisme et à l’exploitation !" :

"La révolution russe a été le point culminant de l’ascension du mouvement ouvrier commencée en 1848. Elle a renforcé l’idée selon laquelle le prolétariat était la classe révolutionnaire de l’avenir. La révolution russe n’a ressemblé à rien de ce qui s’était fait auparavant, et à rien de ce qui s’est fait après, jusqu’à maintenant tout au moins. Car cette révolution ne s’est pas contentée de renverser un tyran : elle a aussi renversé les républicains bourgeois qui ont succédé au tyran, ce que juin 48 n’avait pas réussi. Elle a placé à la tête d’un pays les ouvriers armés, et entrepris sous leur direction de remodeler totalement la société, sur une autre base que la propriété privée des moyens de production.

Elle s’est donnée, dès le premier jour, l’objectif de gagner à elle les travailleurs du monde entier, de devenir une révolution mondiale, d’extirper le capitalisme de tous les recoins de la planète."

Le texte ne dit pas que le prolétariat a détruit l’Etat bourgeois et pas seulement l’Etat tsariste et construit un Etat d’un type nouveau, celui des soviets, l’Etat en voie de dépérissement....

Lénine déclarait : "La révolution russe n’est qu’un détachement de l’armée socialiste mondiale, et le succès et le triomphe de la révolution que nous avons accomplie dépendent de l’action de cette armée. C’est un fait que personne parmi nous n’oublie (...). Le prolétariat russe a conscience de son isolement révolutionnaire, et il voit clairement que sa victoire a pour condition indispensable et prémisse fondamentale, l’intervention unie des ouvriers du monde entier." ("Rapport à la Conférence des comités d’usines de la province de Moscou", 23 juillet 1918).

Il dit que les bolcheviks se sont donné l’objectif d’étendre la révolution. Pas que la révolution était objectivement internationale et socialiste parce qu’européenne. Et c’est pourquoi les bolcheviks militaient dans cette perspective. lire ici

Lénine se contentait d’autant moins de dire aux autres révolutions en Europe de suivre ce qui s’était passé en Russie qu’il ne considérait pas la révolution russe comme un modèle, mais seulement comme la première des séries de révolutions en Europe arrivée dans la partie la plus faible de l’impérialisme car la plus arriérée. Dans sa dernière intervention, au 4e Congrès de l’Internationale communiste, Lénine avait mis en garde les communistes de tous les pays contre une imitation mécanique et servile des méthodes russes. Il est intervenu plusieurs fois à l’Internationale communiste pour dire que les révolutions en Europe ne devaient pas imiter la Russie et a écrit au moins une fois au nouveau pouvoir soviétique hongrois dans le même sens… C’est le stalinisme qui développera l’idée du modèle de parti et du modèle de révolution...

Dans "la maladie infantile", Lénien écrivait : "On aurait également tort de perdre de vue qu’après la victoire de la révolution prolétarienne, si même elle n’a lieu que dans un seul des pays avancés, il se produira, selon toute probabilité, un brusque changement, à savoir : la Russie redeviendra, bientôt après, un pays, non plus exemplaire, mais retardataire (au point de vue "soviétique" et socialiste)."

Divergences sur la démarcation vis-à-vis des centrales syndicales et sur la nécessité de l’auto-organisation

L’exemple du dernier mouvement des retraites est suffisamment parlant. Jamais LO n’a dénoncé la stratégie de l’intersyndicale visant à refuser la généralisation réelle de la grève. Un éditorial de Lutte Ouvrière affirme qu’"Il est du devoir des confédérations syndicales de faire en sorte que la mobilisation ne s’arrête pas le 23 septembre et qu’elle puisse continuer et s’amplifier."

Le même éditorial n’émet aucune autre réserve - si tant est que l’on puisse considérer cette phrase comme une réserve - sur les buts, les méthodes et les revendications des centrales syndicales.

Voir ici notre point de vue sur le rôle des centrales dans la défaite des retraites

On se souvient que LO n’avait trouvé à redire à la politique de la CGT dans le dernier conflit des cheminots que pour dire "on ne comprend pas la politique de la CGT"

Rien non plus pour dénoncer clairement la suppression du mot d’ordre de grève générale chez Total et dans les raffineries qu’un éditorial de LO avait pourtant soutenu sans réserve.

Sans parler des centrales syndicales du secteur hospitalier qui avaient décommandé l’occupation du siège de l’APHP en mars dernier prétendant que la direction avait reculé pour finalement prétendre qu’ils avaient été trahi car le "plan stratégique" n’était nullement suspendu comme ils le prétendaient...

Que dire de cette stratégie d’un groupe qui se dit révolutionnaire et refuse de dire la vérité aux travailleurs sous prétexte que cela les démobiliserait ?

L’attitude vis-à-vis des appareils bureaucratiques des syndicats

Autrefois (en 1987) LO écrivait : (ce qui est souligné en gras l’est par nous pour relever ce qui nous semble avoir changé ou être à remarquer)

“Un des problèmes majeurs qui se posent aux travail­leurs conscients et, par voie de conséquence, aux révolutionnaires est que, dans les pays les plus indus­trialisés, les syndicats sont devenus des organismes officiels de plus en plus intégrés à la société bour­geoise. Interlocuteurs institutionnalisés de l’Etat et des patrons, ils siègent dans maints comités, conseils, commissions, et autres appendices des Etats, ils sont gestionnaires directs ou associés d’organismes sociaux. Tout ceci leur procure des postes, des moyens, un poids social et des possibilités matérielles qui les rendent de plus en plus indépendants des tra­vailleurs et de plus en plus dépendants de la bourgeoi­sie et de son Etat.

Quels que soient le nombre de leurs syndiqués, la façon dont sont recueillies les cotisations, les modali­tés même du fonctionnement syndical, il y a dans tous les pays, où existe un syndicalisme légal, une constante : les syndicats fonctionnent comme des appareils bureaucratiques ayant leurs propres intérêts, de plus en plus coupés de la base ouvrière, à laquelle les rattachent, seuls, les délégués d’atelier ou d’usine.

Ils sont donc en voie de conséquence devenus les agents de l’Etat bourgeois dans le monde du travail. Cela apparaît de façon claire en période de crise éco­nomique : non seulement les syndicats sont incapa­bles d’impulser les combats nécessaires à la défense des travailleurs, mais ils acceptent de fait l’austérité quand il n’en sont pas les propagandistes et les acteurs comme on le voit dans le cas des Etats-Unis où ils ont accepté de signer des accords comportant des baisses de salaires.

Le problème pour les militants révolutionnaires – et ce n’est pas un problème nouveau – est donc de savoir s’il est juste dans ces conditions de militer dans les syndicats, comment et dans quelles perspectives.

Le mouvement trotskyste a répondu à cette ques­tion, dès sa création et les réponses font partie de son programme de fondation.

Oui, les militants ouvriers révolutionnaires doivent militer dans les syndicats existants quel que soit leur degré de bureaucratisme et leur politique de collabora­tion de classe, afin d’y combattre les vieilles directions conservatrices, qu’elles soient staliniennes, réfor­mistes ou chrétiennes. Ils ne doivent pas tourner le dos à la réalité pour se lancer dans la constitution de syn­dicats prétendument “révolutionnaires”, condamnés à n’être que des sectes inefficaces et vides. Pour gagner de l’influence sur la classe ouvrière, il faut militer dans les organisations qui ont de l’influence sur elle, préci­sément pour tenter d’arracher la classe ouvrière à cette influence conservatrice, démobilisatrice.

Oui, le programme des trotskystes affirme cette nécessité mais il affirme aussi, et c’est complémen­taire, la nécessité, pour les révolutionnaires, de créer dans les moments de luttes, où de larges masses de travailleurs sont en mouvement, des organisations autonomes comme les Comités de grève, ou d’usine, capables de représenter, dans le mouvement, la tota­lité des travailleurs en lutte. Nécessité d’autant plus impérative, que les vieux appareils syndicaux conser­vateurs s’opposeront à un moment ou à un autre aux travailleurs en lutte, et qu’il sera vital alors pour l’avenir du mouvement engagé que les travailleurs aient leur propre organe de décision et de direction.

C’est sur ce problème que nous nous séparons des autres organisations trotskystes ou plutôt que les autres organisations trotskystes se séparent de leur programme. Car si nous sommes tous d’accord sur la première partie de la réponse – il faut militer dans les syndicats existants – il n’y a guère que notre tendance à militer systématiquement pour que, à chaque fois que des travailleurs entrent sérieusement en lutte, ils se donnent les moyens de participer le plus largement et le plus directement possible à l’organisation et à la direction de leur propre combat, au travers d’Assem­blées générales et d’organismes comme les Comités de grève.

La plupart des organisations trotskystes privilégient le travail syndical, au point d’en faire leur seule forme d’intervention en entreprise. Ils admettent que dans une phase, toujours ultérieure des luttes, les directions syndicales puissent être débordées mais cette phase ne se présente jamais selon eux.

C’est une question de fond. Les révolutionnaires trotskystes ne peuvent pas assimiler la classe ouvrière aux syndicats. Les syndicats sont une formation sociale issue de l’histoire de la société capitaliste, liée à son évolution. La classe ouvrière, elle, demeure pour nous, marxistes, la classe socialement révolutionnaire, celle qui est porteuse d’une autre société. La révolu­tion, la transformation sociale de la société, ne se fera pas sans elle, sans sa participation active, consciente, massive, à la gestion de la société, et, dans sa phase transitoire, à la direction de son Etat.

Pour nous, révolutionnaires marxistes, la classe ouvrière est notre classe. La classe ouvrière, aussi diverse, aussi mélangée soit-elle, touchant par ses couches supérieures à la petite bourgeoisie, par ses couches inférieures au lumpenprolétariat, la classe ouvrière, toujours renouvelée, qui rassemble dans les pays impérialistes les émigrés de tous les pays, la classe ouvrière est la seule classe d’avenir. Elle est aujourd’hui trop souvent résignée, victime de préjugés, de l’inculture, mais c’est elle pourtant qui fera la révo­lution, elle qui trouve dans ses combats, un courage, un enthousiasme, une générosité, une puissance d’imagination, de décision, de créativité qui bouscule tous les élitismes, toutes les hiérarchies, toutes les valeurs établies de la société bourgeoise.

Ce ne sont pas les syndicats qui feront la révolution. Certes, on peut imaginer que sous l’impact d’un formi­dable mouvement de masse, leur appareil et leur direc­tion ayant volé en éclats, les militants syndicalistes retrouvent la confiance dans leur classe et participent consciemment à la révolution. Mais cela ne viendra pas des appareils, pas même du travail des révolutionnaires dans les syndicats. Cela viendra du mouvement de masse à condition que les révolutionnaires aient travaillé à ce mouvement.

Tout cela est dans le programme trotskyste, tout cela est dans le programme bolchevique, dans la révo­lution russe, la seule révolution ouvrière du monde moderne. (NDLR : nous soulignons parce que c’est faux)

Et c’est pour cela que les militants de notre ten­dance, que ce soit en Europe, aux Etats-Unis, ou aux Antilles ont comme orientation de militer non seule­ment dans les syndicats, mais aussi, et en priorité, dans la classe ouvrière tout entière.

Concrètement, notre tendance est à peu près la seule à faire, systématiquement, avec persévérance, un travail de propagande et d’organisation en direction de toute la classe ouvrière et pas seulement en direc­tion de la pseudo élite syndicale. Cela passe, aujour­d’hui, par l’édition d’une presse politique d’entreprise qui, pour son élaboration, son financement, sa diffu­sion, implique la participation de travailleurs prêts à dénoncer l’exploitation, l’arbitraire patronal, la politi­que de classe de l’Etat et les compromissions syndicales. (NDLR : ce n’est plus du tout la pratique réelle)

Évidemment, pour les militants qui vont mener de front les deux activités, syndicale et politique, cela demande une certaine prudence voire une discrétion certaine. Bien sûr, le travail politique peut parfois gêner ou entraver l’activité syndicale en prêtant le flanc à la répression des bureaucrates. Mais le renon­cement est pire quant à ses conséquences que les quelques inconvénients – réels – que notre choix peut avoir. Mais c’est justement ce choix que nous faisons, que l’immense majorité des autres tendances qui se disent trotskystes ne font pas. Et nous sommes conscients d’être en cela les plus fidèles au pro­gramme de fondation de la Quatrième Internationale.

Ce choix, cette fidélité passent aussi par une pratique qui privilégie, dans les moments de lutte, la forma­tion d’organes autonomes de travailleurs en lutte, les Comités de grève.

Notre solidarité fondamentale est celle qui nous unit à la classe ouvrière, elle va bien au-delà des accords, des alliances, et des compromis que tout militant est amené à conclure dans le milieu syndical et dont, mal­heureusement, beaucoup de militants trotskystes ne savent pas s’échapper, même lorsqu’ils ont le choix entre la solidarité avec les intérêts des travailleurs et la solidarité avec des militants syndicalistes qui soutien­nent la politique des bureaucrates”.

Et aujourd’hui ....

Texte du congrès de décembre 2007 à propos des journées d’action bidon, éparpillées et sans lendemain des directions syndicales :

"Des journées d’action se succédant et se renforçant dans un temps relativement court peuvent préparer et conduire à une grève générale. C’est pourquoi d’ailleurs nos camarades, dans les entreprises, participent à la vie syndicale et y prennent leurs responsabilités. Pas pour y recruter des militants politiques mais pour amener les syndicats à jouer leur rôle. "

Un exemple tout récent, la grève des aéroports : LO présente cela comme une victoire. C’est faux et c’est une manière de créditer la politique des centrales dans la grève.

« Ces grévistes ont montré que, face à des patrons sourds à leurs demandes, il existe un moyen pour se faire entendre : la grève, seule arme dont ils disposent.

Quelles que soient les suites de ce mouvement, les grévistes des aéroports ont déjà remporté une victoire. Victoire morale tout d’abord, en ayant su surmonter toutes les pressions, et elles étaient nombreuses, qui les incitaient à la résignation. Mais pas seulement morale, car ils ont obtenu de leurs patrons, qui campaient sur un refus de toute concession, qu’ils reculent et leur promettent le doublement d’une prime qui aboutit presque à un 13e mois. »

Editorial de LO du 30 décembre 2011-12-30

Voir notre commentaire sur la grève : Les leçons de la grève des aéroports

Divergences sur l’appréciation de la crise du capitalisme et sur ses conséquences stratégiques pour les révolutionnaires

Lutte ouvrière explique ainsi la situation actuelle : « Partout en Europe, la classe capitaliste essaie de préserver, voire d’augmenter le profit de ses entreprises en bloquant les salaires, en faisant faire plus de travail par moins de travailleurs, en aggravant l’exploitation. »

La crise serait donc un prétexte pour nous faire payer puisque les riches ont de l’argent, nous disent-ils. C’est faux : même riche et plus riche que jamais, le capitalisme est dans une nouvelle phase, nécrophile dans laquelle il s’autodétruit et cela change tout pour la lutte des travailleurs qui ne peut en rester à la défense économique sous peine d’aller à la catastrophe.

Lutte Ouvrière écrit dans son éditorial, comme si rien n’était changé et qu’il n’y avait rien de neuf depuis 2008, « c’est bien cela, le mécanisme de l’économie capitaliste. Aux deux bouts de la chaîne, ce sont ceux qui travaillent, produisent et font vivre la société qui sont sacrifiés pour enrichir des parasites. (…) Le but est de prélever sur les classes exploitées ce qui est transféré à la classe capitaliste. »

C’est faux : depuis l’effondrement du capitalisme de 2008, les capitalistes mènent une lutte politique pour faire ravaler aux travailleurs leurs perspectives de classe. Faire croire que la situation actuelle, ce sont seulement des riches qui veulent nous faire payer la crise, que c’est seulement une lutte économique entre riches et pauvres, c’est nous faire renoncer à la lutte politique du prolétariat pour donner une nouvelle direction à toute la société.

Nous ne développons pas. Nos analyses sur la crise et ses conséquences pour la politique des révolutionnaires sont sur le site.

Divergences sur la relation entre le parti et ses militants

Pour nous, les travailleurs, les militants du parti et même les sympathisants sont les bâtisseurs non seulement d’une organisation mais de son orientation politique. Ils doivent la bâtir en tirant des leçons des luttes de classes auxquelles ils participent ou auxquelles ils ne participent pas mais qu’ils étudient. Ce ne sont pas des simples diffuseurs de la presse. Ce sont des militants qui apprennent à diriger la politique et à écrire celle-ci. Et avec esprit critique…

Ensuite, le parti se bâti par la polémique avec les autres courants. Une véritable discussion honnête et constructive pour avancer dans la compréhension des questions et pas une simple destruction interne unilatérale d’un courant.

Le 8 décembre 1923, Trotsky déclare dans une lettre ouverte aux assemblées du Parti bolcheviks :

“ Plus d’obéissance passive, plus de nivellement mécanique de la part des autorités, plus d’écrasement de la personnalité, plus de servilité ni de carriérisme. Un bolchevik n’est pas seulement un homme discipliné : c’est un homme qui, dans chaque cas et sur chaque problème, se forge lui-même sa propre opinion, la défend courageusement et en toute indépendance, non seulement contre ses ennemis, mais aussi à l’intérieur de son propre Parti. ”

Cela nécessite que l’on ne présente pas l’homogénéité du groupe comme un objectif en soi, le refus des « divisions politiques » comme un objectif en soi, l’accord sur la ligne générale comme une condition d’intégration, la soumission du militant comme une qualité de modestie… On ne doit jamais entendre de la part de la direction des arguments du style « qui est tu pour mettre en cause des orientations politiques fondamentales », « quel est ton bilan, quelle est ton expérience pour oser ainsi discuter de manière critique le bilan du mouvement ouvrier ». On ne doit jamais entendre dire « nous ne prétendons pas modifier la théorie », « nous ne prétendons pas avoir nous-mêmes une théorie », « nous ne prétendons pas être Lénine, Marx ou Trotsky » ou encore « ceux qui l’ont prétendu ont fait du n’importe quoi ». Quiconque connait LO sait de quoi nous parlons ici…

Le rôle des militants révolutionnaires, auquel l’activité politique actuelle est censé les préparer, consiste à se poser des questions nouvelles demain, dans une phase révolutionnaire où la situation sera totalement nouvelle et changera rapidement, quand les années seront des décennies, quand les jours seront des mois, quand les minutes seront des heures… Dans ces conditions, il faudra bien autre chose que de l’obéissance organisationnelle. Préparer le parti révolutionnaire, ce n’est pas recruter des sympathisants qui diffusent, qui collectent, qui collent des affiches, qui en recrutent encore d’autres. C’est permettre à un petit nombre d’hommes et de femmes de raisonner au niveau des nécessités historiques, ce qui est très différent…

Cela nécessite que toute la politique actuelle soit clairement sur des bases communistes (aucune illusion sur la nature de l’Etat, aucune bribe de nationalisme, aucune forme de réformisme, aucun type de campagne politicienne même d’extrême gauche, aucun accompagnement des trahisons des centrales syndicales, aucun silence sur les crimes de l’impérialisme et leurs causes….). Je sais que, tout à fait honnêtement, les militants de LO pensent correspondre à tout cela et, même, il est possible que les membres de la direction le croient. Mais il ne suffit pas de se penser révolutionnaire pour l’être…

Il faut que l’organisation provoque un débat entre révolutionnaires et au sein de la classe ouvrière au lieu de prétendre être une direction autoproclamée et indiscutable.

Le parti, ce n’est pas d’abord un appareil de militants ni une masse d’adhérents, ce n’est pas d’abord des structures organisationnelles. Ce n’est pas seulement une direction mais surtout une orientation, des analyses, des perspectives et une politique. Ces dernières ne doivent pas avoir comme critère la sauvegarde du groupe, mais d’abord les intérêts de classe. Les communistes n’ont pas d’intérêts particuliers de leur groupe à défendre, disait Marx dans « Le Manifeste Communiste ». Etre communiste, ce n’est s’isoler du reste du mouvement ouvrier mais ce n’est pas non plus mettre son drapeau dans sa poche dès qu’il y a des affrontements entre perspectives opposées. La perspective communiste est celle qui n’oublie jamais la perspective du renversement total, mondial et définitif du capitalisme, même dans une période où ce changement pourrait sembler très éloigné, même si les travailleurs eux-mêmes semblent loin d’être sensibles à cette perspective. Les communistes révolutionnaires ne se servent pas de leur particularité pour se détourner du mouvement ouvrier réel et se mettre en retrait. Mais ils ne pratiquent pas non plus l’opportunisme consistant à s’adapter pour avoir plus de succès. En somme, ni sectarisme, ni opportunisme : le chemin est étroit. La confiance en l’avenir communiste ne résulte pas de la confiance dans des leaders suprêmes mais dans les capacités que les prolétaires ont déjà montré dans l’Histoire et dans la connaissance des lois de la lutte des classes. Dans le passé, ce sont les groupes et partis révolutionnaires qui se sont souvent fait bien plus de mal que la bourgeoisie ne leur en a fait. Ce n’est pas dans les prisons, dans les tortures, face aux pelotons d’exécutions que des groupes révolutionnaires ont théorisé leurs reculs, leurs capitulations, leurs dérives ou leurs renoncements. Au contraire, c’est au plus haut sommet de leurs succès qu’ils ont cédé à la pression de la réussite. Même le parti bolchevique. C’est lorsqu’ils étaient en situation de jouer un rôle important et même décisif que les groupes communistes révolutionnaires (en tout cas qui se revendiquaient de cette perspective) ont reculé politiquement. Il ne suffit pas de dénoncer ces renonciations. Il faut aussi les analyser. Elles ne concernent pas que leurs auteurs mais tous les militants révolutionnaires. Sur ce terrain aussi, qui ne tire pas des leçons du passé sera rattrapé par lui. La première des leçons est que le sectarisme et l’opportunisme sont des frères jumeaux. La deuxième est que ceux qui placent l’organisation (ou sa direction) au dessus des perspectives, ceux qui renoncent à l’analyse théorique, se préparent des lendemains difficiles. Il ne suffit pas de prétendre faire d’un groupe un corps homogène, prétendument imperméable aux influences extérieures (surtout celle des autres groupes révolutionnaires) pour bâtir une cohésion politique. Il faut étudier, d’abord étudier et encore étudier… Etudier les luttes passées, les conditions des révolutions, les modes de fonctionnement de la société et de la nature. Celui qui continue à apprendre du monde en changement permanent n’est pas sujet à la maladie de l’auto-centrage. Le monde ne tourne pas autour de notre nombril. Le fixer avec admiration ou avec fascination ne peut pas être une politique. Se gargariser du mot de construction du parti n’est en rien une recette pour le construire. S’approprier la conscience des fonctionnements du monde y rapproche bien plus et permet bien plus aussi de rejoindre un jour un autre mouvement de la conscience : celui d’un prolétariat qui tirera les leçons de ses propres expériences. Les autres raccourcis ou prétendus tels mènent dans le mur…


Quelques textes programmatiques de Lutte Ouvrière

Vous y chercherez en vain une clarification sur l’Etat qui est pourtant considérée par tous les révolutionnaires comme la pierre de touche des révolutionnaires....

Ce texte ressemble peut-être à un texte communiste révolutionnaire et est écrit pour le faire penser et pourtant...

Ce qui suit jusqu’à la fin a été écrit par Lutte Ouvrière et se trouve sur son site :

Lutte Ouvrière et les élections

L’élection au suffrage universel a été acquise par des luttes. Lutte Ouvrière tient compte de ces acquis et présente des candidats aux élections. Mais si les élections permettent aux différents partis politiques de s’exprimer, elles n’ont jamais transformé la société ; par conséquent nous combattons les illusions électoralistes.

Même si Lutte Ouvrière remportait un grand nombre de suffrages populaires, son programme ne pourrait pas être appliqué uniquement au travers des mandats électifs. Car fondamentalement, derrière la façade du régime parlementaire se dresse la dictature des grandes entreprises capitalistes et de leurs nombreux serviteurs - hauts fonctionnaires non-élus, armée, police, prisons - qui constituent l’ossature de l’appareil d’État de la bourgeoisie.

Par ailleurs, même dans les pays développés où la richesse de la bourgeoisie lui a permis d’acheter la paix sociale en ne recourant que partiellement aux formes les plus brutales de la domination, les lois électorales déforment le suffrage universel et écartent habituellement des postes élus les petites formations qui contestent l’ordre social.
Les mandats électifs devraient être courts (renouvelés chaque année par exemple) et ne donner lieu à aucun privilège (pas d’indemnisation supérieure au salaire d’un travailleur qualifié). Les élus devraient être révocables à tout moment par les électeurs.

Le programme de transformation sociale ne peut pas être mis en application dans le cadre des institutions d’une société dominée par la grande bourgeoisie et son État. Il ne pourra commencer à s’appliquer que lorsque les classes laborieuses mises en mouvement en arriveront à la volonté de contester la direction de l’économie à la bourgeoisie. C’est-à-dire quand la lutte quittera le terrain du parlementarisme, que la classe ouvrière s’organisera démocratiquement en créant ses propres organes de représentation et que la révolution ouvrière commencera.

Qui sommes-nous ?

Lutte Ouvrière est une organisation communiste.

Pour nous, le communisme n’a évidemment rien à voir avec les caricatures sanglantes qu’ont été les régimes de Staline, de Mao, ou de la Corée du Nord. Être communiste aujourd’hui signifie défendre l’idée d’un renversement révolutionnaire de la société capitaliste par le prolétariat, pour bâtir un monde dirigé par la population elle-même.
Les maux dont souffre la société humaine - exploitation, oppression, chômage, crises économiques, famine, guerres, racisme, épuisement des ressources... - ne sont dus ni à la fatalité, ni à une impossibilité technique de les résoudre, mais à une organisation économique fondée sur la recherche du profit.

Pour ceux qui dirigent aujourd’hui la planète, les taux de profit sont plus importants que la vie et la mort des millions d’êtres humains. La faim peut frapper des continents entiers ; la guerre peut décimer des populations ; les génocides peuvent faire disparaître des pans entiers de l’humanité ; l’épuisement des ressources peut menacer la survie même de la planète et de ses habitants... qu’importe aux capitalistes, pourvu que d’une année sur l’autre, augmentent leurs profits !
L’état catastrophique dans lequel se trouve la société humaine n’est pas dû à une mauvaise gestion du capitalisme, ou au fait que le capitalisme serait mal contrôlé. Il est dû à l’existence du capitalisme lui-même. Le capitalisme est une société inégalitaire, qui se nourrit de l’exploitation. Même son fonctionnement « normal » représente un gâchis permanent de ressources et surtout de travail humain (le chômage). Et ce gâchis devient catastrophique avec les crises et les guerres.

Comment y mettre fin ? En arrachant le pouvoir économique à ceux qui le possèdent aujourd’hui. Toute autre solution est vouée à l’échec - notamment celles qui passent par la volonté de « convaincre » les maîtres du monde, par de lentes réformes, de se transformer en philanthropes.

Seule une révolution pourra guérir notre société des maux qui la rongent : une révolution, avec ce qu’elle recèle d’élan, d’énergie, d’enthousiasme, de générosité, sera capable de briser la propriété privée des moyens de production ; c’est-à-dire d’arracher des mains des capitalistes la gestion des usines, des banques, des mines, des terres, de l’énergie et des transports. Et de faire en sorte qu’ils appartiennent à la collectivité et soient gérés par elle.

Alors, seulement, il deviendra possible de commencer à réfléchir collectivement à la meilleure manière de gérer l’économie - non plus en fonction des profits et du marché, mais uniquement en fonction des besoins de l’humanité.

Nous ne sommes ni utopistes ni irréalistes : nous ne pensons pas que la révolution va se produire du jour ou lendemain ni éclater comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Mais nous estimons qu’il faut, dès aujourd’hui, réfléchir à la possibilité que se produisent demain de tels événements - pour être non de simples spectateurs de la misère du monde, mais des acteurs conscients de sa transformation.

Lutte Ouvrière est une libre association de femmes et d’hommes, jeunes ou anciens, travailleurs manuels ou intellectuels, qui ne se résignent pas à l’idée que le capitalisme serait le seul avenir possible pour l’humanité. Qui n’acceptent pas les idées reçues selon lesquelles l’individualisme serait le seul comportement responsable, et la loi de la jungle, le chacun pour soi, la règle normale de fonctionnement de l’humanité. Qui ne se résignent pas à l’idée qu’il serait impossible de mettre les fantastiques possibilités offertes par la science et la technique au service de toute l’humanité. Qui ne se résignent pas, en somme, à l’idée que la société inhumaine et barbare dans laquelle nous vivons serait le fin mot de centaines de milliers d’années d’évolution de l’humanité.

Nous voulons changer le monde. Nous restons profondément convaincus que le communisme est l’avenir du genre humain.

Renverser le capitalisme

Nous militons pour le renversement du capitalisme.

Le capitalisme est un régime économique dans lequel les capitaux (usines, banques, exploitations agricoles ou pétrolières, grands moyens de transport et de communication...) appartiennent à des personnes privées, constituant la bourgeoisie. Les artisans, les petits patrons, les commerçants, les petits actionnaires, l’ensemble de la petite bourgeoisie, n’a ni poids ni influence réelle dans le système capitaliste. La grande bourgeoisie, ce sont ceux qui possèdent les capitaux des grandes entreprises et de leurs filiales, ce sont quelques dizaines ou centaines de milliers de familles dans le monde. En France par exemple, quelques grands bourgeois - Arnault, Bettencourt, Bolloré, Dassault, Lagardère, Pinault, Peugeot, etc. - possèdent des fortunes de plusieurs milliards d’euros.

Ces grands bourgeois ont le droit d’ouvrir et de fermer leurs entreprises à leur guise. Ils en contrôlent le fonctionnement et la production, décident s’ils doivent produire du lait ou des missiles, des vaccins ou des chars d’assaut. Les capitalistes sont libres - libres d’exploiter des ouvriers et de les jeter à la rue quand cela les arrange, de ruiner des régions entières, de ne pas répondre aux besoins de l’humanité, d’investir dans les secteurs les plus nuisibles, de polluer et de détruire...

Ils disent que le capitalisme, « c’est la liberté ». Oui... mais pour eux, et pour eux seuls. Ils accusent les communistes d’être des ennemis de la liberté. De leur liberté d’entreprendre et d’exploiter ? Oui ! Parce que celle-ci ne s’exerce jamais en fonction des intérêts de l’humanité mais en fonction du seul profit. C’est pourquoi nous pensons qu’il serait tout à fait légitime de restreindre la « liberté d’entreprendre » en retirant aux capitalistes les moyens de nuire.

C’est pour cela que Lutte Ouvrière ne se bat pas seulement pour une amélioration des conditions de vie des travailleurs - ce qui est une nécessité - mais milite surtout pour mettre fin au capitalisme et au salariat.

Capitalistes et politiciens à leur service répètent sans fin que c’est impossible. Empêcher les usines de fermer ? « Impossible ! » Empêcher les crises, les délocalisations, la baisse du pouvoir d’achat, l’aggravation de l’exploitation ? « Impossible ! » Empêcher des millions d’hommes, de femmes, d’enfants, de mourir de faim alors que le monde croule sous les richesses ? « Impossible ! », encore !
Eh bien ! puisqu’il est « impossible » que ce système génère autre chose que de la misère, qu’il passe la main ! Les exploités, aux commandes de la société, feront bien mieux. Comme l’écrivait Trotsky : « Si le capitalisme est incapable de satisfaire les revendications qui surgissent des maux qu’il a lui-même engendrés, qu’il périsse ! »

Qu’est-ce que l’internationalisme ?

Lutte Ouvrière se revendique de l’internationalisme. Le capitalisme s’est développé à l’échelle internationale, étendant le marché et la division internationale du travail au niveau mondial. De ce fait, la classe ouvrière sur laquelle repose l’exploitation capitaliste est une classe internationale.

Les frontières sont indispensables à la bourgeoisie parce que les États nationaux qu’elles délimitent lui servent d’instruments politiques pour défendre ses intérêts. La patrie qu’elle voudrait nous voir vénérer résulte, dans bien des cas, de marchandages sanglants, de spoliations éhontées, faits sur le dos des peuples.

La classe ouvrière a les mêmes intérêts, à l’échelle du monde, opposés à ceux de la bourgeoisie de son propre pays. « Les prolétaires n’ont pas de patrie », constatait déjà le Manifeste du Parti Communiste écrit par Marx et Engels à la veille de la révolution de 1848. L’internationalisme prolétarien repose sur l’idée fondamentale que le prolétariat ne peut s’émanciper, renverser définitivement le pouvoir de la bourgeoisie et réorganiser l’économie qu’à l’échelle internationale.

C’est d’autant plus vrai aujourd’hui. A l’heure où le capitalisme domine le monde entier, il est nécessaire de construire une société supérieure, égalitaire, sur d’autres bases que celles du marché et de la course au profit. Une telle société socialiste ne peut exister qu’à l’échelle de la planète.

Sous le règne du capital, la mondialisation signifie la domination sur la planète des grandes puissances et de leurs capitaux, c’est-à-dire l’impérialisme. Celui-ci impose à tous les pays pauvres une véritable dictature économique et la plupart du temps des régimes corrompus et dictatoriaux. Les courants nationalistes des pays pauvres veulent, au mieux desserrer l’étau des grandes puissances. Mais les peuples opprimés ne peuvent s’émanciper de l’emprise politique directe de l’impérialisme, et de son emprise économique que par la destruction du système impérialiste dans son ensemble, c’est-à-dire par le renversement de l’organisation de l’économie capitaliste à l’échelle de la planète : la révolution mondiale.

Pourquoi faut-il un parti révolutionnaire ?

La société capitaliste peut être renversée pour laisser place à une organisation nouvelle et supérieure de la société, le communisme. Cette transformation profonde ne pourra se faire qu’au travers d’une révolution de l’ampleur de la révolution russe. La bourgeoisie elle-même, en France, a eu besoin d’une révolution qui dura plusieurs années pour asseoir son pouvoir face à celui de l’ancien régime.
Pour arracher durablement les moyens de production aux capitalistes, les réorganiser et les développer pour satisfaire les besoins de l’humanité, la classe ouvrière aura besoin du pouvoir politique. Les révolutions ouvrières du passé ont toutes été combattues avec acharnement par la bourgeoise qui utilisait à la fois tous les moyens de l’appareil d’État pour exercer une répression d’une extrême violence, et aussi toutes les forces politiques à son service pour tromper et désarmer les travailleurs mobilisés.

Pour surmonter ces obstacles et vaincre, les exploités auront besoin d’un parti qui se fixe cet objectif et dont l’ensemble de la politique tende vers la préparation de ces périodes d’affrontement contre la bourgeoisie. Il devra regrouper des militants dévoués aux intérêts des travailleurs et ayant tiré les leçons des échecs et des succès du mouvement ouvrier. Le parti révolutionnaire devra avoir de profondes ramifications dans la classe ouvrière et dans l’ensemble des couches exploitées de la société pour pouvoir en exprimer les intérêts communs, les aider à s’organiser pour détruire l’État de la bourgeoisie et prendre le pouvoir.

S’il est certain qu’un parti révolutionnaire ne peut prendre de l’ampleur que pendant les périodes révolutionnaires, le passé a montré qu’un tel parti ne pouvait surgir de rien. Il faut qu’il y ait déjà un noyau de militants révolutionnaires s’étant fixé comme objectif la construction d’un tel parti pour que celui-ci puisse réellement émerger et jouer un rôle décisif. C’est le but que nous nous fixons.

Le communisme

Nous sommes communistes. Pour débarrasser la planète de la misère grandissante, des crises économiques à répétition et des guerres, il n’y a pas d’autre solution que d’en finir avec les causes profondes de ces maux : le système capitaliste.

Aujourd’hui, l’économie est aux mains d’une petite minorité de possédants. Pour la mettre au service de la population, il faut leur arracher les moyens de production et les collectiviser pour les faire fonctionner sous le contrôle de la population. Le communisme, c’est un système économique débarrassé de la propriété privée, de la concurrence, de la recherche du profit individuel. Un système économique où la population peut décider collectivement de ce qu’il faut produire et comment il faut le produire pour préserver aussi bien la planète que les êtres humains.

Cela impliquera donc de parvenir au meilleur équilibre possible entre les ressources humaines et naturelles dont nous disposons, et les besoins essentiels de l’humanité : alimentation, logement, santé, éducation, etc. Et, à la différence de la répartition à laquelle procède le capitalisme, de façon profondément inégale, anarchique, aveugle, une société communiste planifiera tant la distribution des biens de consommation que la production et l’exploitation des ressources.
Cette planification permettra d’en terminer avec les crises qui secouent périodiquement l’économie mondiale. Elle ne signifiera pas, tant s’en faut, la fin du progrès technique et scientifique, mais permettra que celui-ci profite effectivement à tous, et non à une petite minorité.

La suppression de la propriété privée des moyens de production entraînera à plus ou moins long terme aussi la disparition des différentes classes sociales (bourgeoisie, prolétariat…). Une société communiste sera donc fondée sur d’autres rapports entre les êtres humains, non seulement sans que certains peuples en dominent d’autres, mais elle sera également débarrassée du racisme, du sexisme et de toutes les formes d’oppression qui caractérisent la société capitaliste.

Le communisme sera mondial ou ne sera pas. Il s’appuiera en effet sur les ressources techniques et naturelles de toute la planète, sur ce que chaque région du monde a de plus avancé. Les États-nations, avec leurs rivalités économiques, leurs rapports de domination, voire leurs guerres, n’auront plus lieu d’être. Comme le disait Karl Marx pour expliquer ce changement, « le gouvernement des hommes cèdera la place à l’administration des choses ».

Être communiste, c’est donc rester confiants dans l’avenir de l’humanité. « La vie est belle. Que les générations futures la nettoient de tout mal, de toute oppression et de toute violence, et en jouissent pleinement » (Léon Trotsky, 1940).

Rejoindre Lutte Ouvrière

et son combat politique

A l’inverse de tant d’autres partis politiques, Lutte Ouvrière n’a pas pour but d’être une simple machine électorale servant uniquement à assurer une carrière à des notables ou à des politiciens professionnels.

Nous militons pour que se reconstitue au sein du mouvement ouvrier un véritable parti communiste révolutionnaire, ayant pour perspective le renversement du pouvoir de la bourgeoisie et la transformation de la société dans le sens communiste.

On ne changera pas la société sans regrouper des militants de la cause communiste ; des gens qui ont compris que le capitalisme doit être remplacé par une organisation sociale à la fois plus rationnelle, plus humaine et plus juste, et qui ont aussi compris le rôle irremplaçable de la classe ouvrière dans ce combat. Un parti révolutionnaire n’existera pas sans un tel réseau de militants et de sympathisants profondément implanté au sein même du monde du travail. C’est ce réseau que nous essayons de construire.

Chacun peut, au niveau qu’il souhaite, nous aider dans notre combat. Découvrir les idées communistes et révolutionnaires, les luttes passées du prolétariat, l’histoire des révolutions, peut faire naître des vocations et donner à chacun l’envie de transformer sa révolte individuelle en combat collectif, c’est-à-dire devenir militant.
Nous avons besoin de camarades qui aient envie de nous aider à diffuser notre presse, nos tracts, de participer à nos activités ou de nous soutenir financièrement – car avoir une présence politique coûte cher. Et, naturellement, tous ceux qui souhaitent nous offrir une telle aide, même ponctuelle, sont les bienvenus !

Nous voulons aussi offrir à celles et ceux qui souhaitent nous rejoindre la possibilité de pouvoir mieux connaître les idées communistes et de se donner les moyens d’en convaincre d’autres, de confronter nos idées, les discuter, chercher à connaître l’histoire des idées communistes, des luttes de la classe ouvrière et les leçons qu’elles ont permis de tirer.


Barta rapporte ce qu’il pense de l’organisation Lutte Ouvrière :

"Il n’y pas de dirigeants socialistes sans conscience socialiste et sans culture véritable."

Quant à l’internationalisme de Lutte Ouvrière, c’est encore une autre question qui méritera certainement un article à lui tout seul. Ici encore on a le goût, l’odeur, l’apparence d’une politique révolutionnaire, mais pas la réalité. Et, dès que l’on étudie les textes, on s’en aperçoit...

Là aussi, il serait bon de relire Barta qui déclarait, à propos du POI, autre groupe trotskyste seulement formellement révolutionnaire : "L’abstrait internationalisme qu’elles évoquaient par-ci par-là ne faisait qu’aggraver les conclusions pro-"démocratiques". "

On a remarqué que le second porte-parole de Lutte Ouvrier, Mercier, représentant central de la CGT de Peugeot-Citroën-PSA a affirmé que les travailleurs d’Aulnay ne voulaient pas que leur travail soit pris par des travailleurs brésiliens et chnois... Honte sur lui et sur son organisation !!!

Ce n’est pas la première dérive des militants syndicalistes "de gauche" de Lutte ouvrière à Citroën Aulnay. Ils avaient soutenu l’expulsion des travailleurs sans papiers qui occupaient la bourse du travail de Paris. Lors de la première annonce d’un projet de suppressions d’emplois à Aulnay, ils avaient développé des propositions alternatives, ce qui est du pur réformisme.

Face aux fermetures et licenciements, réclamer du travail pour « sa boite » ? « Les travailleurs de PSA-Citroën Aulnay réclament qu’on produise la nouvelle voiture chez eux, ce qui leur donnerait du travail jusqu’en 2016 … » selon la CGT tenue par le groupe d’extrême gauche Lutte Ouvrière. Cette organisation écrit : « Peugeot-Citroën est un des trusts les plus riches du pays. Il n’est pas en difficulté. » Comme si la politique des trusts était seulement une question de « difficultés » économiques. S’attaquer aux travailleurs d’une entreprise importante qui a mené des luttes, c’est un objectif politique de classe pour le patronat et il faut le dire…Lutte ouvrière écrit : « Sa fermeture serait un drame pour les travailleurs qui seront mis dehors. Mais cela sera aussi une catastrophe pour tous les jeunes de ce département sinistré. » au lieu de développer une argumentation montrant que les travailleurs pourraient être une force prenant la tête des chômeurs de la région et des boites moyennes et petites qui y licencient.

Un exemple du manque de clarté de la propagande de LO sur les délocalisations : la déclaration de la candidate Arthaud :

"Que proposez-vous pour réindustrialiser le pays ? « Nous n’avons rien contre le fait d’investir à l’étranger. Mais il faut que les groupes assurent le travail et le salaire des travailleurs en France. "
voir ici


Revenons sur l’exemple des licenciements à PSA

Pourquoi choisir alors de souligner les délocalisations comme le fait Arthaud, candidate de Lutte Ouvrière, quand elle déclare : " je veux me faire connaître, partager mes idées dans la lutte contre les licenciements, contre les délocalisations, faire partager aux travailleurs les richesses du pays."

On partage au sein du pays ? Et si "le pays" vole les richesses du monde, parce que c’est un pays impérialiste ?

« S’ils veulent investir à l’étranger, qu’ils piochent dans leur caisse, cela ne doit pas se faire au détriment de l’emploi en France », s’est indigné Jean-Pierre Mercier, de la CGT. Sous-entendu : c’est pour délocaliser que le patron supprime des emplois : pour investir "à l’étranger". Et c’est faux. Les patrons suppriment des emplois parce qu’ils ne veulent pas investir dans la production et qu’ils ne veulent plus que spéculer. Le capitalisme est en phase de destruction...

Or Jean-Pierre Mercier est de Lutte Ouvrière, une organisation d’extrême gauche....

Et il rajouté :

"Aujourd’hui nous sommes compétitifs en France et nous allons nous battre pour garder nos emplois".

"Nous" sommes donc en compétition avec les "travailleurs étrangers" !!!

"Nous" sommes des Français et pas des prolétaires du monde !!!

Jean-Pierre Mercier a assuré que le groupe avait d’"autres solutions que de supprimer des emplois pour faire face à des possibles baisses de ventes".

Comme si c’était les baisses des ventes qui nécessitaient des suppressions d’emplois...

L’extrême gauche a des solutions pour les patrons...

Comme si c’était une bonne idée d’entrer dans la logique des "solutions" qui est celle des syndicalistes réformistes !

La CGT PSA se donne des objectifs industriels : " Des garanties sur Aulnay :

C’est-à-dire l’application de la motion signée par 2200 salariés d’Aulnay en juin demandant un engagement par écrit de la Direction dans un accord tripartite (Syndicats, PSA , gouvernement) pour le maintien de la fabrication de la C3 à Aulnay jusqu’à son terme (au minimum décembre 2016) en deux équipes, avec un plan de charge permettant de garantir tous les emplois existant actuellement sur l’usine, intérimaire compris ; et l’attribution à Aulnay d’un futur modèle après la C3." (tract CGT du 8 novembre 2011 - la CGT PSA est tenue par Lutte Ouvrière)

Mais peut-on mener une lutte qui s’élargisse au delà de PSA Aulnay sur de tels objectifs ? Non !

On a pu entendre des militants syndicalistes d’extrême gauche déclarer au rassemblement des salariés de PSA contre les suppressions d’emplois : "Nous n’avons rien contre le fait que PSA embauche des travailleurs chinois ou brésiliens. Ils ont besoin comme nous de travailler et ce sont des frères de classe, mais cela ne doit pas se faire en supprimant des emplois de travailleurs en France." C’est une manière hypocrite de sous-entendre que ce sont les emplois en Chine ou au Brésil qui cassent les emplois en France. C’est faux ! Les emplois baissent partout dans le monde en ce moment, y compris en Chine : la mondialisation n’en est pas la cause, pas plus que les délocalisations. Si le patron veut le faire croire, ce n’est pas un hasard...

Le patronat n’est plus en train de mondialiser l’économie, il est en train de mondialiser la chute irrévocable de son système....

Le raisonnement précédent sous-entend qu’il s’agit simplement de délocalisations en vue d’augmenter les profits et que la racine de cette politique n’a rien à voir avec la crise que connait le système mondial. C’est faux.

Cette manière de raisonner laisse entendre que les suppressions d’emplois ne sont pas liées aux désordres financiers, boursiers, monétaires et économiques du système mondial. Et c’est faux.

C’est une manière de dire que le patron de PSA mène une politique particulière qui est particulièrement hostile aux travailleurs et qu’il suffirait que les travailleurs de PSA se mobilisent contre ce plan pour le faire reculer. Et c’est faux.

C’est faux parce que l’offensive contre les travailleurs n’est nullement cantonnée à PSA. La première des choses à faire pour élever le niveau de conscience et le rapport des forces serait de montrer aux travailleurs de PSA qui veulent se mobiliser que la lutte doit être générale et qu’il est vital de se mobiliser à des niveaux plus important qu’un site comme Citroën Aulnay et même qu’un groupe comme PSA. Il va falloir entraîner toute l’Automobile et même toute la classe ouvrière.

Les licenciements à PSA sont un ballon d’essai qui suit les licenciements et fermetures d’usines chez les sous-traitants de l’Automobile.

Les suppressions d’emplois à PSA ont le même motif que celles à la BNP Paribas, la Société générale et le Crédit agricole, Philips, Areva et Air France, notamment... Au lieu de particulariser PSA, des travailleurs conscients devraient lier les luttes des travailleurs entre elles, dans l’Automobile et au delà.

Les luttes des travailleurs des sous-traitants de Peugeot et Renault ayant été isolées et battues, il devient possible de s’attaquer à PSA d’abord puis, un peu plus tard, à Renault.

Est-ce que ces syndicalistes mènent une propagande active permettant aux salariés du reste de l’Automobile de comprendre et combattre cette manœuvre de division ? Nullement !

Les syndicalistes expliquent au contraire la situation site par site (défendre Aulnay), entreprise par entreprise, pays par pays.

Pour quelle raison, les travailleurs de PSA seraient-ils suivis par ceux de Renault sur l’objectif unique de "sauver l’emploi à PSA" ?

Le réformisme découle bien plus d’une pratique réelle réformiste que d’une théorisation volontaire et assumée de la trahison des idéaux de la révolution. La social-démocratie et les syndicats allemands de 1914-1918 nous l’ont suffisamment démontré...

Rappelons que LO croit ou prétend employer ainsi la méthode de Trotsky dans le Programme de transition alors que ce texte écrivait :

"Toute grève avec occupation pose dans la pratique la question de savoir qui est le maître dans l’usine : le capitalisme ou les ouvriers. Si la grève avec occupation soulève cette question épisodiquement, le COMITÉ D’USINE donne à cette même question une expression organisée. Élu par tous les ouvriers et employés de l’entreprise, le Comité d’usine crée d’un coup un contrepoids à la volonté de l’administration. A la critique que les réformistes font des patrons de l’ancien type, ceux qu’on appelle les "patrons de droit divin", du genre de Ford, en face des "bons" exploiteurs "démocratiques", nous opposons le mot d’ordre des comités d’usine comme centres de lutte contre les uns et les autres. Les bureaucrates des syndicats s’opposeront, en règle générale, à la création de comités d’usine, de même qu’ils s’opposeront à tout pas hardi dans la voie de la mobilisation des masses. Il sera, cependant, d’autant plus facile de briser leur opposition que le mouvement aura plus d’ampleur. Là où les ouvriers de l’entreprise, dans les périodes "calmes", appartiennent déjà tous aux syndicats (closed shop), le comité coïncidera formellement avec l’organe du syndicat, mais il en renouvellera la composition et en élargira les fonctions. Cependant, la principale signification des comités est de devenir des états-majors de combat pour les couches ouvrières que le syndicat n’est, en général, pas capable d’atteindre. C’est d’ailleurs précisément de ces couches les plus exploitées que sortiront les détachements les plus dévoués à la révolution. Dès que le comité fait son apparition, il s’établit en fait une DUALITÉ DE POUVOIR dans l’usine.

Par son essence même, cette dualité de pouvoir est quelque chose de transitoire, car elle renferme en elle-même deux régimes inconciliables : le régime capitaliste et le régime prolétarien. L’importance principale des comités d’usine consiste précisément en ce qu’ils ouvrent, sinon une période directement révolutionnaire, du moins une période pré-révolutionnaire, entre le régime bourgeois et le régime prolétarien. Que la propagande pour les comités d’usine ne soit ni prématurée ni artificielle, c’est ce que démontrent amplement les vagues d’occupations d’usines qui ont déferlé sur un certain nombre de pays. De nouvelles vagues de ce genre sont inévitables dans un prochain avenir. Il est nécessaire d’ouvrir à temps une campagne en faveur des comités d’usine pour ne pas se trouver pris à l’improviste.
 Le "secret commercial" et le contrôle ouvrier sur l’industrie Le capitalisme libéral, fondé sur la concurrence et la liberté du commerce, a disparu bien loin dans le passé. Le capitalisme monopoliste, qui l’a remplacé sur la scène, non seulement n’a pas réduit l’anarchie du marché, mais lui a donné, au contraire, un caractère particulièrement convulsif.

La nécessité d’un "contrôle" sur l’économie, d’une "direction" étatique, d’une "planification" est maintenant reconnue - au moins en paroles - par presque tous les courants de la pensée bourgeoise et petite-bourgeoise, du fascisme à la social-démocratie. Pour les fascistes, il s’agit surtout d’un pillage "planifié" du peuple à des fins militaires. Les sociaux-démocrates cherchent à vider l’océan de l’anarchie avec la cuillère d’une "planification" bureaucratique. Les ingénieurs et les professeurs écrivent des articles sur la "technocratie". Les gouvernements démocratiques se heurtent, dans leurs tentatives poltronnes de "réglementation", au sabotage insurmontable du grand capital. Le véritable rapport entre exploiteurs et "contrôleurs" démocratiques est caractérisé de la meilleure façon par le fait que messieurs les "réformateurs", saisis d’une sainte émotion, s’arrêtent au seuil des trusts, avec leurs "secrets" industriels et commerciaux. Ici règne le principe de la "non-intervention". Les comptes entre le capitaliste isolé et la société constitue un secret du capitaliste : la société n’a rien à y voir. Le "secret" commercial est toujours justifié, comme à l’époque du capitalisme libéral, par les exigences de la "concurrence". En fait, les trusts n’ont pas de secrets l’un pour l’autre. Le secret commercial, à l’époque actuelle, est un complot constant du capital monopoliste contre la société.

Les projets de limitation de l’absolutisme de "patrons de droit divin" restent de lamentables farces tant que les propriétaires privés de moyens sociaux de production peuvent cacher aux producteurs et aux consommateurs les machinations de l’exploitation, du pillage, de la tromperie. L’abolition du "secret commercial" est le premier pas vers un véritable contrôle de l’industrie. Les ouvriers n’ont pas moins de droits que les capitalistes à connaître les "secrets" de l’entreprise, du trust, de la branche d’industrie, de l’économie nationale toute entière. Les banques, l’industrie lourde et les transports centralisés doivent être placés les premiers sous la cloche d’observation. Les premières tâches du contrôle ouvrier consistent à éclairer quels sont les revenus et les dépenses de la société, à commencer par l’entreprise isolée ; à déterminer la véritable part du capitaliste individuel et de l’ensemble des exploiteurs dans le revenu national ; à dévoiler les combinaisons de coulisses et les escroqueries des banques et des trusts ; à révéler enfin, devant toute la société, le gaspillage effroyable de travail humain qui est le résultat de l’anarchie capitaliste et de la pure chasse au profit. Aucun fonctionnaire de l’État bourgeois ne peut mener à bien ce travail, quels que soient les pouvoirs dont on veuille l’investir. Le monde entier a observé l’impuissance du président Roosevelt et du président du conseil Léon Blum en face du complot des "60" ou des "200 familles". Pour briser la résistance des exploiteurs, il faut la pression du prolétariat. Les comités d’usine, et seulement eux, peuvent assurer un véritable contrôle sur la production, en faisant appel - en tant que conseillers et non comme "technocrates" - aux spécialistes honnêtes et dévoués au peuple : comptables, statisticiens, ingénieurs, savants, etc. En particulier, la lutte contre le chômage est inconcevable sans une organisation large et hardie de GRANDS TRAVAUX PUBLICS.

Mais les grands travaux ne peuvent avoir une importance durable et progressiste, tant pour la société que pour les chômeurs eux-mêmes, que s’ils font partie d’un plan général, conçu pour un certain nombre d’années. Dans le cadre d’un tel plan, les ouvriers revendiqueront la reprise du travail, au compte de la société, dans les entreprises privées fermées par suite de la crise. Le contrôle ouvrier fera place, dans ces cas, à une administration directe par les ouvriers. L’élaboration d’un plan économique, même le plus élémentaire - du point de vue des intérêts des travailleurs, et non de ceux des exploiteurs - est inconcevable sans contrôle ouvrier, sans que les ouvriers plongent leurs regards dans tous les ressorts apparents et cachés de l’économie capitaliste. Les comités des diverses entreprises doivent élire, à des conférences correspondantes, des comités de trusts, de branches d’industrie, de régions économiques, enfin de toute l’industrie nationale dans son ensemble. Ainsi, le contrôle ouvrier deviendra l’ "ECOLE DE L’ÉCONOMIE PLANIFIÉE".

Quand l’heure aura sonné, le prolétariat par l’expérience du contrôle se préparera à diriger directement l’industrie nationalisée."

Messages

  • la politique de Lutte Ouvrière est centrée sur la France et sur les élections, sur le syndicalisme plus que sur la lutte politique de classe.

  • Lénine dans l’Etat et la révolution :

    "ce qui mérite une attention particulière, c’est cette remarque très profonde de Marx que la destruction de la machine bureaucratique et militaire de l’Etat est "la condition première de toute révolution véritablement populaire ". "

  • "La Commune, notamment, a démontré, poursuivent-ils, que la "classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre la machine de l’Etat toute prête et de la faire fonctionner pour son propre compte.""... Chose extrêmement caractéristique : c’est précisément cette correction essentielle qui a été dénaturée par les opportunistes, et les neuf dixièmes, sinon les quatre-vingt-dix-neuf centièmes des lecteurs du Manifeste communiste, en ignorent certainement le sens... "Briser la machine bureaucratique et militaire" : en ces quelques mots se trouve brièvement exprimée la principale leçon du marxisme sur les tâches du prolétariat à l’égard de l’Etat au cours de la révolution. Et c’est cette leçon qui est non seulement tout à fait oubliée, mais encore franchement dénaturée par l’"interprétation" dominante du marxisme, due à Kautsky !

    Lénine dans l’Etat et la révolution

  • "Aujourd’hui nous sommes compétitifs en France et nous allons nous battre pour garder nos emplois".

    "Nous" sommes donc en compétition avec les "travailleurs étrangers" !!!

    "Nous" sommes des Français et pas des prolétaires du monde !!!

    Jean-Pierre Mercier a assuré que le groupe PSA avait d’"autres solutions que de supprimer des emplois pour faire face à des possibles baisses de ventes".

    LO est par contre très compétitif avec le nationalisme de la CGT, PC, PS , le chauvinisme de la droite et le fascisme d’extrème droite.{{}}

  • Ci-joint le tract CGT de PSA Aulnay écrit par les militants de LO !

    Syndicat de site CGT Aulnay PCA, ISS, Géodis

    PCA AULNAY Le 30 / 06 / 09

    "Depuis quelques jours une campagne anti CGT s’est développée dans les médias sur l’évacuation de la Coordination des Sans Papiers 75 (CSP 75) qui occupait depuis 14 mois la Bourse du travail de Paris. Cette organisation, la CSP 75, toute seule et contre l’avis de toutes les organisations qui luttent sur les terrains des papiers, avait décidé de s’attaquer aux syndicats en, occupant la Bourse du travail au lieu de s’en prendre au gouvernement. Pour le syndicat CGT de Citroën Aulnay, le seul ennemi c’est le gouvernement. Il n’y a que les préfectures qui délivrent les papiers. Essayer de faire croire autre chose c’est un mensonge. "

    Commentaires :
    Les "orga et la CGT" sont des ennemis qui se cachent derrière des airs de soutiens aux sans papiers et aux travailleurs en général.
    LO le sait pour en avoir fait les frais dans les années d’après guerres.

    Mais LO choisit de conserver ses positions dans les syndicats, en particulier la CGT, et taire les désaccords.

    Ce choix conduit, on le voit à se tenir à côté des nervis de la CGT, contre les familles ouvrières et la CSP75.

    N’importe quel délégué citroen de LO peut se retrouver à expulser manu militari des travailleurs d’une bourse du travail aujourd hui , d’une usine demain, d’une barricade après demain.

    Au nom d’un syndicat qui est devenu réactionnaire, a envoyé des millions de prolo dans les boucheries des guerres mondiales, une orga qui se dit révolutionnaire, est prête à défendre la propriété bourgeoise d’une bourse du "travail", maison du peuple devenu un repère de bureaucrates.

    Les travailleurs doivent être aussi fermes dans leur conviction : ces maisons leur appartiennent, comme les assemblées, les comités, les grèves et toutes les luttes qui sont prises en otage par ces professionnels "syndicaux" des négociations, des trahisons, des éléctions, du chauvinisme, des unions nationales , et de la sauvegarde du système d’exploitation et donc de l’esclavage salarié.

    Dans une période de crise tout l’appareil traditionnellement réformiste des syndicats, se résument à une direction particulièrement réactionnaire car elle se sent menacée sur ses 2 flancs :
    — >par la bourgeoisie patronnale qui ferment les usines, licencient,(CE,DP,DS,CHSCT sur la touche) et celle de l’Etat qui dégraissent parmi ses institutions de gestions des oeuvres sociales, et ses ministères, entreprises para étatiques etc ; (délégué personnel, conseil administration, comité paritaire, gestion des caisses).
    — >par les travailleurs qui ne comprennent pas l’attitude attentiste ou collaborationniste, car cela n’apporte rien de concret à part des coups de baton. Contrairement à la période de croissance ou les miettes lachées camoufflent ces politiques de complicité avec la classes dirigeantes.

    Ainsi des militants révolutionnaires sont confrontés en militant dans ces orga, à ce phénomène particulièrement destructeur pour des perspectives qui seraient celles de l’ancienne période : "il faut construire le syndicat, mobilise les travailleurs, et gagner des batailles pour renforcer la conscience et l’orga".

    Dans la période, l’Etat, le patronnat et donc la direction des syndicats sont plus que jamais unis et combattent durement l’auto organisation des travailleurs.

    Ainsi cette perspective est d’autant plus vitale que toutes les autres perspectives vont mener à des échecs cuisants.

  • Vous semblez critiques vis-à-vis du contrôle ouvrier. Pourtant, en 1917, Lénine le défendait et Trotsky aussi dans le programme de transition...

    • Vous ne le savez peut-être pas, camarade, mais les camarades de la direction de LO le savent : c’est au nom du « contrôle » du gouvernement par les conseils ouvriers et du « contrôle ouvrier sur la production que les révolutions finlandaise puis italienne ont été trahies puis vaincues ? Elles l’ont été pur une raison essentielle : la direction de prolétariat a refusé de poser la question de la destruction de l’Etat bourgeois, de son armée, de sa police, de sa justice, de son administration et celui de la constitution des conseils ouvriers en classe dirigeante.
      Quant au slogan de contrôle ouvrier défendu par Lénine à partir de mai 1917, il précisait sans cesse qu’il fallait absolument qu’il ne soit pas séparé de celui de « tout le pouvoir aux soviets » ou aux comités ouvriers.
      Trotsky aussi rajoutait la prise de pouvoir par les soviets au contrôle…
      Ce n’est pas le cas de LO.
      Or, parler de contrôle sans organes de contrôle des prolétaires, c’est une arnaque !

  • "L’idée maîtresse de cette résolution est d’opposer à la phrase bourgeoise, bureaucratique et petite-bourgeoise, sur le contrôle, les conditions d’un contrôle effectif sur les capitalistes et la production. Les bourgeois mentent en faisant passer pour le « contrôle » des mesures de réglementation par l’Etat assurant aux capitalistes des bénéfices triplés, sinon décuplés. A la fois naïfs et cupides, les petits bourgeois se fient aux capitalistes et à l’Etat capitaliste, se contentant, pour le contrôle, des projets bureaucratiques les plus creux. La résolution adoptée par les ouvriers fait ressortir l’essentiel : comment faire en sorte : 1° de ne point « sauvegarder » en réalité les bénéfices des capitalistes ; 2° d’arracher les voiles du secret commercial ; 3° de donner aux ouvriers la majorité dans les organismes de contrôle ; 4° de confier l’organisation (du contrôle et de la direction) aux Soviets des députés ouvriers, soldats et paysans, et non aux capitalistes, étant donné qu’elle est conçue « à l’échelle de l’Etat tout entier ».

    Sans cela, toutes les conversations sur le contrôle et la réglementation ne sont que mots en l’air ou même tromperie pure et simple du peuple."

    Lénine en juin 1917

    dans "La débâcle économique et la façon prolétarienne de la combattre"

  • "Le mot d’ordre de contrôle ouvrier sur la production se rapporte, en gros, à la même période que la création des Soviets... Pour nous, le mot d’ordre de contrôle est lié à la période de double pouvoir dans l’industrie, qui correspond au passage du régime bourgeois au régime prolétarien."

    Léon Trotsky dans "La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne"

  • Donc si LO était marxiste révolutionnaire, elle ne mettrait en avant le contrôle ouvrier qu’en défendant en même temps la révolution sociale, le développement de conseils ou comités de travailleurs. Ce n’est pas le cas. Donc LO n’est pas marxiste révolutionnaire...

  • "L’idée même de ce mot d’ordre (contrôle ouvrier) est né du régime de transition dans les entreprises, quand le patron et son administration ne peuvent déjà plus faire un pas sans l’autorisation des ouvriers... Le comité d’usine est l’organe du contrôle."

    Léon Trotsky dans La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne

    "Le contrôle ouvrier n’est donc réalisable qu’à la condition d’un changement brutal du rapport des forces au désavantage de la bourgeoisie et de son État. Le contrôle ne peut être imposé que par force à la bourgeoisie par le prolétariat, qui est en voie de lui arracher le pouvoir, et par là même la propriété des moyens de production. Ainsi, le régime du contrôle ouvrier est provisoire, transitoire, par son essence même, et ne pouvant que correspondre à la période de l’ébranlement de l’État bourgeois, de l’offensive du prolétariat, de la retraite de la bourgeoisie : c’est‑à‑dire à la période de la révolution prolétarienne comprise dans le sens le plus large du mot.

    Si le bourgeois n’est plus le patron, c’est‑à‑dire n’est pas complètement le maître, dans son usine, il s’en suit qu’il ne l’est pas non plus dans son État.

    Cela signifie qu’au régime de la dualité du pouvoir dans les entre­prises correspond le régime de la dualité de pouvoir dans l’État.

    On ne doit pas cependant comprendre cette relation mécaniquement comme si la dualité du pouvoir à l’usine et dans l’État naissaient le même jour. Le régime de la dualité du pouvoir dans sa forme développée comme une des étapes possibles de la révolution prolétarienne dans chaque pays, peut se développer différemment dans chaque pays avec des éléments multiples et divers."

    Léon Trotsky

    dans "Au sujet du contrôle ouvrier de la production"

  • "Pour briser la résistance des exploiteurs, il faut la pression du prolétariat. Les comités d’usine, et seulement eux, peuvent assurer un véritable contrôle sur la production."

    Léon Trotsky dans "Le programme de transition"

    Pas de contrôle sans comités ouvriers indépendants des patrons, de l’Etat et de la direction bureaucratique des syndicats...

  • Le 1er octobre 1917, dans sa Publication de “Les bolcheviks garderont-ils le pouvoir ?” Lénine écrit :

    “Quand nous disons : “contrôle ouvrier”, ce mot d’ordre étant toujours accompagné de celui de la dictature du prolétariat, le suivant toujours, nous expliquons par là de quel État il s’agit."

  • Arthaud défend un "programme de lutte" : l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous, l’augmentation des salaires et leur indexation sur les prix,et le contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises.

    Ce "programme" a notamment le "défaut" réformiste d’oublier la mise en place de la dualité de pouvoirs, c’est-à-dire de la constitution de comités de travailleurs sans lesquels tout ce programme ne vaut pas tripette !

  • Voici le type de discours de LO. Ici un extrait d’Arlette tiré de LO

    Il faudrait que l’État prenne en charge, sans passer par des vautours de l’immobilier, la construction de logements, et d’ailleurs de tout ce qui va avec, comme les équipements collectifs, des locaux pour les jeunes, etc.
    Il faut qu’il embauche lui-même des maçons, des architectes, des manoeuvres, des techniciens et sans verser au passage de quoi enrichir des propriétaires, des promoteurs ou des sociétés immobilières.

    Alors oui, il y a de quoi faire. Il y a de quoi employer toutes les catégories de travailleurs, des manoeuvres aux plus diplômés. Et qu’on ne nous dise pas qu’il n y a pas d’argent, qu’il est déjà difficile d’équilibrer le budget comme cela !

    L’État pourrait dégager immédiatement des centaines de milliards rien qu’en arrêtant toutes les subventions, toutes les aides que le gouvernement, les régions, les départements, les municipalités versent à des capitalistes pour qu’ils veuillent bien créer ces emplois qu’ils ne créent pas !

  • Tout ce qui ne distingue pas les révolutionnaires et les réformistes est nécessairement confus !

    Voici un exemple de la manière de LO de mettre en avant le contrôle :

    nous nous attachons, depuis des mois, à populariser la nécessité d’un contrôle sur ceux qui dominent l’économie, c’est-à-dire, de fait, toute la société. Pour cela nous insistons aussi souvent que possible sur le fait que la population, les travailleurs doivent contrôler les comptabilités des entreprises et, en particulier, des grandes. Et pas seulement leur comptabilité, mais leurs projets à court et à long termes et pour cela, que la population doit mettre son nez, c’est-à-dire ses yeux et ses oreilles, dans les conseils d’administration.

    tiré de LO

    Aller dans les conseils d’administration, voilà ce qui serait l’école pour les travailleurs de la future direction révolutionnaire de la société, c’est fort de café !

  • Après les conseils d’administration, on trouve parfois les comité d’établissements, parfois les associations de consommateurs, jamais les soviets !

    un exemple :

    C’est pourquoi nous affirmons et nous répétons depuis des années que la mesure essentielle que les travailleurs devront mettre en tête de leurs revendications, une mesure qu’ils devront imposer lorsqu’ils seront en situation de changer le rapport de force en leur faveur, c’est d’imposer le contrôle par la population de la comptabilité des entreprises, et surtout des plus grandes.

    Cela signifie contrôler au jour le jour l’argent qu’elles reçoivent et qu’elles dépensent, savoir pour quoi et comment. Combien ces super et hypermarchés par exemple imposent-ils comme dessous-de-table, comme marges arrière, à leurs fournisseurs plus petits et plus faibles, producteurs paysans et artisans ? Quels sont les termes de leurs accords secrets avec des fournisseurs lorsqu’ils sont aussi puissants qu’eux, pour voler ensemble les consommateurs ?

    Nous disons et nous répétons que tout cela est possible et à la portée du monde du travail. Car toute opération commerciale, comme toute opération bancaire, passe entre les mains des travailleurs. Dans les hyper et supermarchés, toutes les recettes venant des clients passent entre les mains des caissières. Ce sont les employés de la comptabilité qui les totalisent. Ce sont des travailleurs qui produisent, qui déplacent les produits, qui les manipulent, qui les transforment. Bien sûr, chacun ne voit qu’une petite parcelle des opérations mais, en mettant ensemble ce que chacun sait, les travailleurs savent tout.

    Des associations de consommateurs font du bon travail. Ce sont elles qui ont attiré l’attention des médias sur l’ampleur des hausses de prix que les ménagères constatent depuis plusieurs semaines. Ce sont elles qui viennent d’attirer l’attention sur le niveau artificiellement élevé des tarifs des appels de la téléphonie mobile.

    Ces associations de consommateurs devraient, bien sûr, se voir reconnaître des droits d’investigation et de contrôle élargis. Mais on imagine à quel point leur efficacité pourrait être multipliée si elles pouvaient compter sur les témoignages des travailleurs qui occupent toutes les étapes de la chaîne de production et de la commercialisation.

    Aujourd’hui, les lois interdisent aux travailleurs de s’informer mutuellement de la marche de leur entreprise et, à plus forte raison, de centraliser leurs connaissances partielles, au nom du secret commercial, du secret industriel, du secret bancaire. On interdit même aux membres des comités d’entreprise de dévoiler le peu d’informations que les patrons veulent bien leur donner. Très souvent, les travailleurs d’une entreprise sont les derniers à apprendre un projet de réduction d’effectifs ou de fermeture d’usine, planifié parfois des mois, voire des années, à l’avance ! (tiré de LO

    un autre exemple :

    mercredi 9 avril 2008
    Il faut contrôler leurs comptes
    Il y a quelques jours, l’ex-PDG de Smoby, qui se disait en faillite, a racheté une société de jouets à Hong-Kong. Il « ne compte pas devenir chômeur » dit son avocat. Le chômage, c’est pour ses ex-salariés, Smoby ayant été racheté par un groupe qui veut licencier la moitié du personnel.
    L’héritier du fondateur de Smoby, qui avait reçu le prix de l’audace des mains de Chirac en 2005, a été assez audacieux pour détourner l’argent de l’entreprise vers la Suisse, Hong-Kong et d’autres paradis fiscaux. Cette fois, son « audace » l’a conduit en prison.
    Mais combien de patrons font pareil ? La seule façon de savoir où ils font passer l’argent sera que les salariés contrôlent les comptes de leurs entreprises !

    D’autres exemples :

    1

    2

    3

    4

    Jamais, au grand jamais un mot sur la nécessité d’organiser des comités, des conseils de travailleurs en dehors du cadre organisé par la bourgeoisie, celui des syndicats, des comités d’entreprise ou des conseils d’administration...

  • Non, décidément, je ne vois pas du tout en quoi le contrôle par les travailleurs de leur entreprise, des comptes, des prix, de l’économie, tout cela serait réformiste, tournerait le dos à la révolution, viserait à un arrangement avec la bourgeoisie ?

    • Pour le voir, il faut lire, par exemple, l’ouvrage d’Arlette Laguiller intitulé « Mon communisme » et écrit par la direction actuelle de Lutte ouvrière.

      Le chapitre « La dynamique des changements sociaux » est entièrement consacrée à cette question. On y explique en clair ce que signifie « le contrôle » dans le discours de LO : que ce n’est pas la révolution, que cela vise seulement à partager le pouvoir économique, à limiter les conséquences de la recherche de profit (limiter et pas supprimer). Et LO y précise que la direction de la société appartiendrait encore à la bourgeoisie, mais elle serait contrôlait. Et ensuite, on passerait à la révolution, on renverserait l’Etat bourgeois. Eh bien, non ! Ensuite le chapitre est terminé. Finie, arrêtée, à ce stade la fameuse dynamique des changements sociaux !!!

      Vous préférez des citations exactes ? Allons-y :

      « Quelle serait la première mesure que vous prendriez si vous étiez élue ? m’a demandé ironiquement un journaliste récemment… Il faut quand même, avant de poser de poser une telle question, se dire… que cela signifierait un bouleversement total dans la société. Cela signifierait que les travailleurs, ceux déjà en lutte, en grève, occupant leur entreprise, en seraient déjà, au moins là om le rapport de forces est le plus favorable, à imposer non de simples augmentations de salaires mais des mesures essentielles pour partager le pouvoir économique avec la bourgeoisie, le contrôle des comptabilités, la levée du secret commercial et du secret bancaire. Les décrets que prendraient les élus de cette population en lutte consisteraient avant tout à légaliser ce que les travailleurs et la population auraient déjà entrepris d’imposer. C’est cela la dynamique des mouvements sociaux. Je ne serai pas la dirigeante de ces mouvements, j’en serai seulement l’expression. Evidemment, on n’en est pas là, mais on peut y venir et parfois plus vite que les travailleurs peuvent l’espérer et la bourgeoisie le craindre. C’est d’ailleurs pourquoi je défens cette idée de contrôle sur les décisions du patronat… Oui, il y a des choses qu’il est urgent d’imposer. Il y a des mesures radicales pour limiter les conséquences de la recherche du profit à tout prix, au détriment des travailleurs et de toute la population… Récemment, dans un débat sur une chaîne de télévision, je disais cela à un représentant du MEDEF et il s’est exclamé, en disant quelque chose du genre : « Tout de suite, la révolution ! » Non ! Ce genre de situation ne serait pas une révolution. La direction de la société appartiendrait encore à la bourgeoisie, mais elle serait contrôlée et, dans une certaine mesure, elle ne ferait pas ce qu’elle veut, elle serait obligée de partager son pouvoir avec la collectivité. »

      Il est triste d’avoir à expliquer que ce genre de raisonnement tourne le dos à toutes les idées défendues par les révolutionnaires, que c’est l’inverse de la notion de dualité de pouvoir, de la notion de renversement de l’Etat bourgeois, de la notion de programme de transition visant à permettre la rupture avec la bourgeoisie et non le partage du pouvoir, etc…On est tombé si bien que des militants et sympathisants de LO, pour ne pas dire des dirigeants, peuvent sans doute en toute honnêteté croire que tout cela est bel et bon…

    • Vous citez Lénine sorti de son contexte. Cela n’avait pas la signification que vous lui donnez quand il discute du contrôle ouvrier. Vous n’avez qu’à donner la suite de la citation et cela apparaîtra très clairement.

    • La suite de la citation de Lénine ? Eh bien, la voici …

      « Quand nous disons : « contrôle ouvrier », ce mot d’ordre étant toujours accompagné de celui de la dictature du prolétariat, le suivant toujours, nous expliquons par là de quel Etat il s’agit. L’Etat est l’organe de domination d’une classe. De quelle classe ? Si c’est de la bourgeoisie, c’est bien l’Etat cadet-Kornilov-« Kérenski », par lequel le peuple est « kornilovisé et kérenskisé » en Russie voici déjà plus de six mois. Si c’est, la domination du prolétariat, s’il s’agit de l’Etat prolétarien, c’est-à-dire de la dictature du prolétariat, le contrôle ouvrier peut devenir le recensement national, général, universel, le plus minutieux et le plus scrupuleux de la production et de la répartition des produits.
      Là est la principale difficulté, la tâche principale de la révolution prolétarienne, c’est-à-dire socialiste. Sans les Soviets cette tâche, du moins pour la Russie, serait insoluble. Les Soviets décident du travail d’organisation qui permettra au prolétariat de réaliser cette tâche de portée universelle.
      Nous en venons ici à un autre aspect de la question de l’appareil d’Etat. Outre l’appareil « oppresseur » par excellence que représentent l’armée permanente, la police, les fonctionnaires, il existe dans l’Etat contemporain un appareil très intimement lié aux banques et aux cartels, un appareil qui accomplit un vaste travail de statistique et d’enregistrement, s’il est permis de s’exprimer ainsi. Cet appareil ne peut ni ne doit être brisé. Il faut l’arracher à sa soumission aux capitalistes, il faut le couper, le trancher, le scinder des capitalistes et de tous leurs moyens d’action, il faut le soumettre aux Soviets prolétariens, il faut l’élargir, l’étendre à tous les domaines, à toute la nation. Et l’on peut faire cela, si on s’appuie sur les conquêtes déjà réalisées par le grand capitalisme (car c’est seulement en s’appuyant sur ces conquêtes que la révolution prolétarienne en général sera capable d’atteindre son but).
      Le capitalisme a créé des appareils de contrôle sous forme de banques, de cartels, service postal, coopératives de consommation, associations d’employés. Sans les grandes banques, le socialisme serait irréalisable.
      Les grandes banques constituent l’« appareil d’Etat » dont nous avons besoin pour réaliser le socialisme et que nous prenons tout prêt au capitalisme ; notre seule tâche est alors de retrancher de cet excellent appareil d’Etat ce qui en fait un monstre capitaliste, de le renforcer encore, de le rendre plus démocratique, plus universel. La quantité se changera en qualité. Une banque d’Etat, unique, vaste parmi les plus vastes, qui aurait des succursales dans chaque canton, auprès de chaque usine, voilà déjà les neuf dixièmes de l’appareil socialiste. Voilà la comptabilité à l’échelle nationale, le contrôle à l’échelle nationale de la production et de la répartition des produits, quelque chose, pourrions-nous dire, comme la charpente de la société socialiste.
      Cet « appareil d’Etat » (qui n’est pas complètement un appareil d’Etat en régime capitaliste, mais qui le sera complètement chez nous, en régime socialiste), nous pouvons nous « en emparer » et le « faire fonctionner » en frappant un seul coup, par un seul décret, car le travail effectif de comptabilité, de contrôle, d’enregistrement, de statistique et calcul est accompli dans ce cas par des employés qui sont en majorité des prolétaires ou des semi-prolétaires.
      Par un seul décret, le gouvernement prolétarien peut et doit transformer ces employés en fonctionnaires de l’Etat, tout comme les chiens de garde du capitalisme, les Briand et autres ministres bourgeois, assimilent par un seul décret les cheminots en grève aux agents de l’Etat. De ces fonctionnaires, il nous en faudra beaucoup plus et nous pouvons en avoir plus, car le capitalisme a simplifié les fonctions de l’enregistrement et du contrôle et les a ramenées à des opérations peu compliquées et accessibles à tout homme qui sait lire et écrire.
      « L’étatisation » de la masse des employés des banques, des cartels, du commerce, etc., etc., est une chose parfaitement réalisable et du point de vue technique (grâce au travail préliminaire accompli à notre profit par le capitalisme et par le capitalisme financier), et du point de vue politique, si le contrôle et la surveillance par les Soviets sont réalisés.
      Quant aux cadres supérieurs qui sont très peu nombreux, mais qui penchent vers le capitalisme, force sera de les traiter « avec rigueur », tout comme les capitalistes. Tout comme les capitalistes, ils résisteront. Il faudra briser cette résistance ; et si Péchékhonov, cet éternel naïf, balbutiait déjà en juin 1917, comme un véritable « apprenti en politique » : « la résistance des capitalistes est brisée », cette affirmation puérile, cette vantardise enfantine, cette boutade de petit garçon, le prolétariat la réalisera pour de bon.
      Nous pouvons bien le faire, puisqu’il s’agit de briser la résistance d’une minorité infime de la population, littéralement d’une poignée d’hommes, dont chacun sera de la part des associations d’employés, des syndicats, des coopératives de consommation, des Soviets l’objet d’une surveillance telle que le premier Tit Titytch venu sera cerné comme les Français à Sedan. Nous savons les noms de ces Tit Titytch : il suffit de prendre les listes des directeurs, des membres des conseils d’administration, des gros actionnaires, etc. Ils sont quelques centaines, tout au plus quelques milliers dans toute la Russie ; auprès de chacun d’eux, l’Etat prolétarien, disposant de l’appareil des Soviets, des associations d’employés, etc., peut préposer une dizaine, une centaine de contrôleurs, si bien même que, au lieu d’avoir à « briser leur résistance », on réussira peut-être, grâce au contrôle ouvrier (sur les capitalistes) à rendre toute résistance impossible.
      Ce n’est pas dans la confiscation des biens des capitalistes que sera en effet le « noeud » de l’affaire, mais ce sera précisément dans le contrôle national, universel, exercé par les ouvriers sur les capitalistes et sur leurs partisans éventuels. La seule confiscation ne servira à rien, car elle ne comporte aucun élément d’organisation, rien qui contrôle la justesse de la répartition. Nous remplacerons facilement la confiscation par la levée d’un impôt équitable (ne serait-ce qu’aux taux de « Chingarev »), mais à la condition d’exclure toute possibilité de se dérober au contrôle, de cacher la vérité, de tourner la loi. Or, cette possibilité, seul le contrôle ouvrier de l’Etat ouvrier peut l’écarter.
      La cartellisation obligatoire, c’est-à-dire l’association obligatoire en unions placées sous le contrôle de l’Etat, voilà ce que le capitalisme a préparé, ce que l’Etat des hobereaux a réalisé en Allemagne, voilà ce que pourront parfaitement réaliser en Russie les Soviets et la dictature du prolétariat, voilà ce qui nous donnera « un appareil d’Etat » à la fois universel, tout à fait moderne et sans bureaucratie.
      Quatrième argument des avocats de la bourgeoisie : le prolétariat ne pourra pas « faire fonctionner » l’appareil d’Etat. Cet argument n’offre rien de nouveau par rapport au précédent. Naturellement, nous ne pourrions ni assimiler techniquement l’ancien appareil, ni le faire fonctionner. Le nouvel appareil, les Soviets, est déjà mis en mouvement par le « puissant essor créateur des forces populaires ». Il suffit de dégager cet appareil des entraves qui lui ont été imposées par la domination des chefs socialistes-révolutionnaires et menchéviks. Cet appareil fonctionne déjà ; il suffit de rejeter ce monstrueux attirail petit-bourgeois qui l’empêche d’avancer toujours à pleine vitesse.
      Deux circonstances sont ici à considérer pour compléter ce que nous avons dit plus haut : d’abord, les nouveaux moyens de contrôle, créés non pas par nous, mais par le capitalisme dans sa phase de guerre impérialiste ; ensuite, l’importance de la pénétration des principes démocratiques dans l’administration de l’Etat de type prolétarien.
      Le monopole des céréales, la carte de pain n’ont pas été créés par nous, mais par l’Etat capitaliste en guerre. C’est lui qui a d’ores et déjà créé l’obligation générale du travail dans le cadre du capitalisme, - ce qui est un bagne militaire pour les ouvriers. Mais ici encore, comme dans toute son œuvre historique, le prolétariat emprunte ses armes au capitalisme, il ne les « imagine » pas, il ne les « tire pas du néant ».
      Le monopole des céréales, la carte de pain, l’obligation générale du travail sont dans les mains de l’Etat prolétarien, dans les mains des Soviets investis de la plénitude du pouvoir, le moyen le plus puissant de comptabilité et de contrôle, un moyen tel que s’il est étendu aux capitalistes et aux riches en général, s’il leur est appliqué par les ouvriers, il « fera fonctionner » l’appareil d’Etat avec une force inconnue jusqu’ici dans l’histoire et permettra de triompher de la résistance des capitalistes et de les soumettre à l’Etat prolétarien. Ce moyen de contrôle, cette obligation du travail sont autrement puissants que les lois de la Convention et que sa guillotine. La guillotine n’était qu’un épouvantail qui brisait la résistance active. Cela ne nous suffit pas.
      Cela ne nous suffit pas. Nous ne devons pas seulement « épouvanter » les capitalistes, c’est-à-dire leur faire sentir la toute-puissance de l’Etat prolétarien et leur faire oublier l’idée d’une résistance active contre lui. Nous devons briser aussi leur résistance passive, incontestablement plus dangereuse et plus nuisible encore. Nous ne devons pas seulement briser toute résistance, quelle qu’elle soit. Nous devons encore obliger les gens à travailler dans le cadre de la nouvelle organisation de l’Etat. Il ne suffit pas de « flanquer à la porte » les capitalistes, il faut (après avoir flanqué à la porte les « récalcitrants » bons à rien et incurables) les mettre au service du nouvel Etat. Ceci concerne autant que les capitalistes une certaine couche des dirigeants intellectuels bourgeois, des employés, etc.
      Et nous avons les moyens de le faire. L’Etat capitaliste en guerre nous a lui-même mis entre les mains les moyens et les armes pour cela. Ces moyens, ce sont le monopole des céréales, la carte de pain, l’obligation générale du travail. « Qui ne travaille pas ne mange pas », telle est la règle fondamentale, la règle première, essentielle que peuvent appliquer et qu’appliqueront les Soviets de députés ouvriers, quand ils accéderont au pouvoir.
      Chaque ouvrier a un livret de travail. Ce document ne le dégrade pas, encore qu’aujourd’hui ce soit, sans aucun doute, la preuve de l’esclavage salarié capitaliste, l’attestation que le travailleur appartient à tel ou tel parasite.
      Les Soviets institueront le livret de travail pour les riches, et ensuite progressivement pour toute la population (dans un pays agricole, il est vraisemblable que pendant longtemps le livret de travail ne sera pas nécessaire pour l’immense majorité des paysans). Le livret de travail cessera d’être le signe qu’on fait partie de la « plèbe », il cessera d’être l’attribut des classes « inférieures », la preuve de l’esclavage salarié. Il deviendra la preuve que dans la nouvelle société il n’y a plus d’« ouvriers », mais que par contre il n’y a plus personne qui ne soit un travailleur.
      Les riches devront recevoir un livret de travail du syndicat des ouvriers ou des employés, le plus proche de leur activité ; ils devront recevoir toutes les semaines, ou à tout autre intervalle fixé, de ce syndicat l’attestation qu’ils accomplissent consciencieusement leur travail ; faute de quoi, ils ne pourront pas recevoir leur carte de pain et de produits alimentaires en général. Nous aurons besoin de bons organisateurs du système bancaire, de gens capables de grouper les entreprises (dans ce domaine, les capitalistes ont plus d’expérience et avec des gens expérimentés, le travail marche mieux) ; il nous faut en nombre toujours plus grand que par le passé des ingénieurs, des agronomes, des techniciens, des spécialistes de tout genre, instruits et cultivés, dira l’Etat prolétarien. A tous ces travailleurs nous donnerons un travail approprié à leurs forces et à leurs habitudes ; nous n’instituerons vraisemblablement que peu à peu l’égalité des salaires dans toute la mesure du possible, laissant pendant la période transitoire un salaire plus élevé aux spécialistes, mais nous les soumettrons au contrôle total des ouvriers, nous obtiendrons la mise en application complète et sans réserve de la règle : « qui ne travaille pas ne mange pas ». Et nous n’inventons pas une forme d’organisation du travail, nous l’empruntons toute faite au capitalisme : banques, cartels, usines modèles, stations expérimentales, académies, etc. ; il nous suffira d’emprunter les meilleurs types d’organisation à l’expérience des pays avancés.
      Et, naturellement, nous ne tomberons pas le moins du monde dans l’utopie, nous n’abandonnerons pas le terrain du calcul le plus sensé et le plus pratique, si nous disons : la classe capitaliste dans son ensemble opposera la résistance la plus acharnée, mais l’organisation de la population tout entière dans les Soviets brisera cette résistance, et il faudra, cela va de soi, punir par la confiscation de tous leurs biens et par la prison les capitalistes particulièrement obstinés et récalcitrants ; mais en revanche la victoire du prolétariat augmentera le nombre des exemples pareils à celui que je lis aujourd’hui dans les Izvestia :
      « Le 26 septembre, deux ingénieurs se sont présentés au Conseil central des comités d’usine et ont déclaré qu’un groupe d’ingénieurs a décidé de former une association d’ingénieurs socialistes. Considérant que le moment présent marque en fait le début de la révolution sociale, l’association se met la disposition des masses ouvrières et, désireuse de soutenir les intérêts des ouvriers, entend agir en complète union avec les organisations ouvrières. Les représentants du Conseil central des comités d’usine ont répondu que le Conseil formera volontiers au sein de son organisation une section d’ingénieurs qui fera entrer dans son programme les thèses fondamentales de la 1re Conférence des comités d’usine relatives au contrôle ouvrier de la production. Dans les jours prochains, se tiendra une séance commune des délégués du Conseil central des comités d’usine et du groupe d’initiative des ingénieurs socialistes ». (Izvestia du Comité exécutif central, 27 septembre 1917.) »

    • Et aussi, ce qui précède la citation...

      "Le prolétariat ne peut pas « s’emparer » de l’« appareil d’Etat » et « le faire fonctionner ». Mais il peut briser tout ce qu’il y a d’oppresseur, de routinier, d’irrémédiablement bourgeois dans l’ancien appareil d’Etat et le remplacer par un nouvel appareil, le sien. Cet appareil, ce sont les Soviets de députés ouvriers, soldats et paysans.

      On est contraint de qualifier de proprement monstrueux le fait que la Novaïa Jizn ait complètement oublié l’existence de cet « appareil d’Etat ». Se comportant ainsi dans leurs raisonnements théoriques, les hommes de la Novaïa Jizn font en réalité dans la théorie politique ce que font les cadets dans la pratique politique. Car, si effectivement le prolétariat et la démocratie révolutionnaire n’ont nullement besoin d’un nouvel appareil d’Etat, alors les Soviets perdent leur raison d’être [9] et perdent le droit d’exister ; alors les cadets korniloviens ont raison de faire tous leurs efforts pour réduire les Soviets à néant !

      Cette erreur théorique monstrueuse et cette cécité politique de la Novaïa Jizn sont d’autant plus monstrueuses que même les menchéviks-internationalistes (avec qui la Novaïa Jizn a fait bloc aux dernières élections de la Douma municipale de Pétrograd) ont manifesté sur ce point un certain rapprochement avec les bolchéviks. Ainsi, dans la déclaration de la majorité des Soviets que le camarade Martov a lue à la Conférence démocratique, nous lisons :

      « ...Créés aux premiers jours de la révolution par le puissant élan de forces créatrices authentiquement populaires, les Soviets de députés ouvriers, soldats et paysans ont constitué la nouvelle trame de l’Etat révolutionnaire qui a remplacé la trame vétuste de l’Etat de l’ancien régime ... »

      Cela est dit en termes un peu trop beaux : la recherche de l’expression couvre ici le manque de clarté de la pensée politique. Les Soviets n’ont pas encore remplacé la « trame » ancienne, et celle-ci n’est pas l’Etat de l’ancien régime, mais l’Etat aussi bien du tsarisme que de la République bourgeoise. Mais, en tout cas, Martov est ici de cent coudées au-dessus des hommes de la Novaïa Jizn.

      Les Soviets constituent un nouvel appareil d’Etat qui représente, en premier lieu, la force armée des ouvriers et des paysans, force qui n’est pas détachée du peuple comme celle de l’ancienne armée permanente, mais qui est étroitement liée à lui ; du point de vue militaire, cette force est infiniment plus puissante qu’auparavant ; du point de vue révolutionnaire, elle est irremplaçable. Deuxièmement, cet appareil assure avec les masses, avec la majorité du peuple, un lien si étroit, si indissoluble, si facilement contrôlable et renouvelable que rien de semblable n’a existé dans l’ancien appareil d’État. Troisièmement, cet appareil, en raison de son caractère électif et de la possibilité de modifier sa composition au gré du peuple, sans formalités bureaucratiques, est beaucoup plus démocratique que les précédents. Quatrièmement, il assure un lien solide avec les professions les plus diverses, en facilitant ainsi les réformes les plus diverses et les plus profondes, sans bureaucratie. Cinquièmement, il assure une forme d’organisation de l’avant-garde, c’est-à-dire de la partie la plus consciente, la plus énergique, la plus avancée des classes opprimées, paysans et ouvriers ; c’est donc un appareil au moyen duquel l’avant-garde des classes opprimées peut élever, éduquer, instruire et entraîner derrière soi toute la masse énorme de ces classes, qui a été jusqu’à présent complètement en de hors de la vie politique, de l’histoire. Sixièmement, il permet d’allier les avantages du parlementarisme et ceux de la démocratie immédiate et directe, c’est-à-dire d’allier dans la personne des représentants élus du peuple à la fois la fonction législative et l’exécution des lois. C’est, par rapport au parlementarisme bourgeois, un pas en avant dans le développement de la démocratie qui a une portée universelle.

      En 1905, nos Soviets n’ont eu pour ainsi dire qu’une existence embryonnaire puisqu’ils n’ont duré que quelques semaines. Il est clair, il ne pouvait pas être question, dans les conditions d’alors, d’un développement harmonieux et complet. Et dans la révolution de 1917, il ne peut pas encore en être question, un délai de quelques mois étant extrêmement court, et surtout : les dirigeants socialistes-révolutionnaires et menchéviks ont prostitué les Soviets, les ont réduits au rôle de parlotes, au rôle d’appendices à une politique d’entente entre dirigeants. Les Soviets se sont décomposés et putréfiés vivants sous la conduite des Liber, des Dan, des Tsérétéli, des Tchernov. Les Soviets ne peuvent se développer véritablement, ne peuvent pleinement accomplir leurs tâches et déployer leurs possibilités que s’ils prennent tout le pouvoir d’Etat, autrement ils n’ont rien à faire, autrement ils ne sont que des embryons (et il n’est, pas possible d’être longtemps un embryon), ou des jouets. La « dualité des pouvoirs » est la paralysie des Soviets.

      Si le génie créateur des classes révolutionnaires n’avait pas formé les Soviets, la révolution prolétarienne serait sans espoir en Russie, car, avec l’ancien appareil d ’Etat, le prolétariat, sans aucun doute, n’aurait pas pu garder le pouvoir, et on ne peut d’un coup créer un nouvel appareil. La triste histoire de la prostitution des Soviets par Tsérétéli et Tchernov, l’histoire de la « coalition » est en même temps l’histoire de l’affranchissement des Soviets à l’égard des illusions petites-bourgeoises, de leur passage par le « purgatoire » de l’étude pratique qu’ils ont faite de toutes les turpitudes et saletés qu’entraînent, toutes les coalitions bourgeoises quelles qu’elles soient. Espérons que ce « purgatoire » n’a pas débilité les Soviets, mais les a trempés."

  • Trotsky a discuté de la question du contrôle ouvrier lorsqu’il écrivait en particulier au sujet de la situation en Allemagne des années 30-32, et plus tard au Mexique.

    Les citations ci-dessous sont tirées des articles suivants :

    « Au sujet du contrôle ouvrier sur la production » - 20 août 1931
    « La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne – Problèmes vitaux du prolétariat allemand » - 27 janvier 1932

    Ces deux articles étant inclus dans le livre « Comment vaincre le fascisme ? »

    « Au sujet du deuxième plan hexennal mexicain » - 14 mars 1939
    « Industrie nationalisée et gestion ouvrière » - 12 mai 1939

    Ces deux articles étant inclus dans « Oeuvres 1938-39 »

    « Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste » - août 1940

    Cela fait longtemps que nous revendiquons la nationalisation des plus grandes entreprises sous « le contrôle et la gestion ouvriers ». Plus récemment, notre journal incluait un dossier central sur la nationalisation sous « le contrôle et la gestion par les travailleurs ».

    Je suis toutefois persuadé qu’il existe un danger si nous utilisons ce slogan d’une manière formaliste et réformiste. Nous devons clairement savoir de quoi nous parlons lorsque nous parlons du contrôle ouvrier.

    Pour Trotsky, le contrôle ouvrier et la gestion ouvrières étaient deux phases distinctes de la lutte de classe. Il s’est opposé de manière spécifique à la confusion entre les deux termes - un piège dans lequel il me semble que tombe notre formulation. « Mais pourquoi appeler la gestion, contrôle ? Dans un langage compréhensible par tous, on entend par contrôle, la surveillance et la vérification par un organisme du travail d’un autre organisme. Le contrôle peut être très actif […]. Mais c’est toujours un contrôle. » (La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne)

    Trotsky parlait du contrôle ouvrier en tant qu’étape de la lutte sous un régime capitaliste, où les bourgeois sont toujours aux commandes de l’Etat et de leur propre industrie. Le contrôle ouvrier signifie exactement ce qu’il veut dire. Les travailleurs exercent un contrôle sur certains aspects de la production, exigent l’abolition du secret d’affaires, appellent au contrôle sur l’inflation. Malgré ceci, la propriété de l’industrie demeure entre les mains des capitalistes.

    « Le contrôle ouvrier signifie une sorte de dualité du pouvoir à l’usine, dans les banques, dans les maisons de commerce, etc... » (Au sujet du contrôle ouvrier sur la production). En d’autres termes, le contrôle ouvrier est caractéristique d’une période où la classe ouvrière n’a pas encore pris le pouvoir.

    Le contrôle ouvrier est clairement perçu par Trotsky comme une période de préparation à la gestion ouvrière. La gestion ouvrière signifie que c’est la classe ouvrière qui est aux commandes de l’industrie. Mais sans un plan général, c-à-d sans une révolution socialiste, la gestion ouvrière est impossible. La gestion ouvrière n’est possible qu’à la suite d’une révolution socialiste et du développement d’un plan général de production. En utilisant sans cesse les deux termes l’un avec l’autre, nous courons le risque de confondre différentes phases du processus révolutionnaire.

    Les industries nationalisées

    En ce qui concerne l’industrie nationalisée, nous avons parfois présenté notre programme d’une manière quelque peu différente, et appelé à la « gestion ouvrière » des industries nationalisées. Nous revendiquons souvent le fait que ces entreprises soient dirigées par des comités élus pour un tiers par le personnel de l’entreprise, pour un tiers par d’autres syndicats ou la fédération syndicale, et pour un tiers par un gouvernement ouvrier socialiste.

    Encore une fois, il me semble que nous tombons dans le piège qui consiste à présenter une revendication formaliste qui ignore la réalité de la lutte de classe.

    La première chose dont nous devons nous rappeler, bien entendu, est que la nationalisation de l’industrie par un gouvernement capitaliste n’est pas une mesure socialiste, et ne fait pas partie d’un processus graduel de socialisation. Des nationalisations ont été réalisées pour toutes sortes de raisons spécifiques, mais ont en général pour objectif de protéger l’économie nationale (capitaliste) dans son ensemble, et par conséquent de protéger l’Etat national (capitaliste). En d’autres termes, de telles mesures ne sont pas socialistes, mais capitalistes.

    « Ce serait véritablement une erreur désastreuse, une véritable supercherie, d’affirmer que la route vers le socialisme passe, non pas par la révolution prolétarienne, mais par la nationalisation par l’Etat bourgeois de divers secteurs de l’industrie et leur transfert entre les mains d’organisations ouvrières » (Industrie nationalisée et gestion ouvrière).

    Au Mexique, le régime bourgeois avait nationalisé les chemins de fer et les champs pétroliers, et offrait aux syndicats un rôle dans la gestion de ces industries. Trotsky trouvait que les organisations ouvrières devaient participer à de tels projets. Mais il ne s’est pas arrêté là. Pour Trotsky, les événements pouvaient se développer de deux manières. Les représentants ouvriers pouvaient utiliser de telles opportunités afin de montrer la nécessité d’une révolution socialiste et d’une planification socialiste de l’ensemble de l’économie. La mise en pratique d’une telle stratégie requérait la construction d’un parti révolutionnaire. D’un autre côté, la participation des travailleurs à la gestion des industries nationalisées pouvait être utilisée comme un piège par la bourgeoisie, « afin de contenir les travailleurs, de les exploiter cruellement et de paralyser leur résistance » (Industrie nationalisée et gestion ouvrière). Le facteur qui déciderait de la manière dont les événements se dérouleraient était la lutte au sein des organisations ouvrières, entre révolutionnaires et réformistes.

    Il y a beaucoup de différences entre le Mexique de 1939 et le Royaume-Uni d’aujourd’hui. Toutefois, comme au Mexique de 1939, nous avons une direction syndicale corrompue et qui a démontré, encore et encore, son incapacité à mener la moindre lutte. L’implication des dirigeants ouvriers dans la gestion des industires nationalisées, ou même la « gestion ouvrière » complète (si une telle chose était possible dans le cadre du capitalisme) ne ferait pas, en soi, avancer la lutte.

    « Pour être durable, résistante, « normale », la participation des ouvriers à la direction de la production devrait être basée sur la collaboration de classe et non sur la lutte de classes. Mais une telle collaboration de classe n’est possible qu’entre les sommets des syndicats et les organisations capitalistes. De telles expériences furent nombreuses […]. Mais dans tous ces cas il s’agit non pas du contrôle ouvrier sur le capital, mais de la domestication de la bureaucratie ouvrière par le capital » (Au sujet du contrôle ouvrier sur la production).

    Contrôle ouvrier et démocratie ouvrière

    Donc, le fait d’amener la revendication du contrôle ouvrier de manière isolée du reste de notre programme ne fait pas forcément progresser la lutte de la classe. La revendication pour le contrôle ouvrier de l’industrie doit être liée à la lutte pour le contrôle ouvrier de leurs propres organisations, c-à-d pour la démocratie ouvrière au sein du mouvement ouvrier. Sans cette condition cruciale, il y a toujours la possibilité que le « contrôle ouvrier », ou la « gestion ouvriière » constituent en réalité des armes contre la classe ouvrière.

    A nouveau, Trotsky a clairement énoncé les faits. « La nationalisation des chemins de fer et des champs de pétrole au Mexique n’a évidemment rien de commun avec le socialisme.

    C’est une mesure de capitalisme d’Etat [...]. La gestion des chemins de fer et des champs de pétrole sous le contrôle des organisations ouvrières n’a rien de commun avec le contrôle ouvrier sur l’industrie, car, en fin de compte, la gestion est entre les mains de la bureaucratie ouvrière, qui est indépendante des travailleurs, mais en retour complètement sous la dépendance de l’Etat bourgeois. Cette mesure de la part de la classe dirigeante vise à discipliner la classe ouvrière, et à la faire travailler davantage au service des « intérêts communs » de l’Etat qui semblent se confondre avec les intérêts de la classe ouvrière elle-même. [...] Dans ces conditions, la tâche de l’avant-garde révolutionnaire consiste à conduire la lutte pour la complète indépendance des syndicats et pour l’introduction du contrôle ouvrier véritable sur la bureaucratie syndicale qui a été transformée en administration des chemins de fer, des entreprises de pétrole, etc. » (Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste).

    Il est évident que nous devons soutenir les éléments de contrôle ouvrier qui existent dans l’industrie capitaliste et, à certains moments de la lutte, amener la revendication de l’extension de ce contrôle ouvrier. La possibilité d’introduire la « gestion ouvrière » dans les industries nationalisées au sein de l’économie capitaliste est sujette à débat. En réalité, il est probable que de telles mesures seraient assez similaires à la lutte pour le contrôle ouvrier dans l’industrie privée.

    Le programme d’un gouvernement socialiste de lutte inclurait la nationalisation par l’expropriation des capitalistes. Dans les premiers stades d’un tel régime, on pourrait toujours voir l’introduction du contrôle ouvrier – mais cela se ferait à l’encontre de l’industrie capitaliste qui subsisterait (souvenons-nous que les Bolchéviks n’ont commencé la plupart des nationalisations majeures qu’un certain temps après la révolution d’octobre). A ce moment, le contrôle ouvrier serait très probablement dirigé contre le sabotage par les capitalistes. Le programme de nationalisation signifierait l’introduction de la gestion par les travailleurs, dans le cadre d’un plan de production démocratique.

  • Je conseille aux camarades, militants et sympathisants, de ne pas participer à ce faux débat qui vient à point nommé en pleine campagne électorale de Lutte Ouvrière pour donner une fausse image de notre organisation.

    • mère grand, avant de dire que c’est un faux débat et balayer d’un revers de la main cette discussion, il faudrait peut être avancer un argumentaire pour le prouver....
      ta manière de procéder me rappelle étrangement le pcf.... qui dénonçait ceux qui critiquaient sa politique comme étant des aventuriers, des éléments extérieurs à la classe ouvrière... C’est ce que je comprends quand tu dis que "ce faux débat vient à point nommé en pleine campagne électorale"
      tu laisses sous entendre que ceux qui mènent ce débat cherche à discréditer LO.... aussi proposes tu pour seule réponse politique à cette controverse de serrer les rangs.... mais surtout de ne pas débattre
      Si tu n’es pas d’accord avec ce que disent les intervenants explique pourquoi ?
      Pour ma part si demain devait émerger un mouvement de masse en France, des grèves spontanées, quelle politique défendrais tu ? Celle des comités de grèves, des comités de lutte, de quartier qui se coordonnent pour agir collectivement... c’est à dire mettre en avant la nécessité pour les masses opprimées d’avoir leur propre organes de pouvoir ?
      c’est de cela qu’il s’agit.... et dans la période qui nous sépare de cette situation ? Doit on donner des illusions aux travailleurs et aux masses opprimées dans la démocratie bourgeoise sur laquelle la bourgeoisie commence à s’asseoir ou mettre en avant que pour s’en sortir face à l’effondrement du capitalisme, seule la contestation du pouvoir de cette dernière et l’instauration d’un pouvoir des travailleurs et des masses opprimés est la voie de salut ?
      Pour ma part se présenter en période de crise systémique du capitalisme à des élections sans critiquer celle ci, sans dénoncer le rôle de l’état, sa nature de classe, la nécessité de le briser c’est à dire en donnant les tâches politiques qui incombe aux travailleurs en ne parlant que de luttes économique c’est de l’économisme autrement dit du réformisme
      A toi de me montrer que je me trompe autrement qu’en refusant le débat.... ce qui est sectaire...

    • Je pense que ceux qui critiquent ainsi LO ne l’ont pas connu de l’intérieur pour la plupart. Ils ne savent pas comment sont formés les militants et combien on y cultive peu le réformisme. Par contre, nous ne nous illusionnons pas sur la situation actuelle et nous ne prenons pas nos désirs pour des réalités. Nous ne craignons de faire de la politique dans une période qui n’est pas révolutionnaire et où il s’agit seulement de construire le parti au travers des luttes sociales et politiques. Les élections sont l’une de ces luttes politiques et pas la seule.

    • mère grand plusieurs question me viennent quand je te lis :

      la période n’est pas révolutionnaire dis tu. Tu assènes cette vérité sans argumenter. Comment considérer l’effondrement actuel de l’économie mondiale par rapport aux autres crises ? Il y a une histoire des crises... Ou en est le capitalisme dans la succession des crises cycliques ? A quel niveau de son développement se trouve t’il ? jeunesse, maturité ou bien dans une époque de décrépitude que l’on pourrait qualifier de décadence ? Certains éléments permettent de le déterminer... Contrairement aux crises cycliques, celle ci ne touche pas un secteur particulier de l’économie, un pays ou même une aire géographique... c’est toute l’économie capitaliste qui sombre.... il n’y a plus d’investissement privé si ce n’est dans la spéculation. L’investissement public (c’est à dire les états) a pris le relais de l’investissement privé à l’échelle mondiale... Et malgré cela qui n’est rien d’autre qu’une politique mondiale de relance de l’économie capitaliste, la reprise n’est pas là... la croissance recule partout quand ce n’est pas la récession. Et les tension inter impérialistes s’aiguisent.... Le moteur malgré les politiques mis en oeuvre, relance et austérité ne font pas redémarrer le moteur du capitalisme qui est l’accumulation de capitaux. à l’échelle mondiale ils désinvestissent et ferment massivement les usines....
      Qu’en déduire ? Quelle situation cela peut il créer au niveau politique si ce n’est une situation révolutionnaire. Et la bourgeoisie sait parfaitement ce que signifie une situation révolutionnaire. Elle ouvre la possibilité d’une contestation de sa domination politique et de son renversement. Mais cela dépend de la conscience qu’ont les travailleurs et des tâches que leur impose la situation objective.
      Alors les questions que je te pose sont les suivants : quels sont tes critères pour caractériser qu’elle ne l’est pas ? et Qu’est ce qu’une période révolutionnaire ?

      Je te le demande car tout le débat sur le controle ouvrier tourne autour de cela.... c’est une revendication transitoire... or les revendications transitoires et plus précisement le programme de transition est un programme pour une période révolutionnaire. Quel est le rle que lui donne trotsky :
      "La tâche stratégique de la prochaine période - période pré-révolutionnaire d’agitation, de propagande et d’organisation - consiste à surmonter la contradiction entre la maturité des conditions objectives de la révolution et la non-maturité du prolétariat et de son avant-garde (désarroi et découragement de la vieille génération, manque d’expérience de la jeune). Il faut aider les masses, dans le processus de leurs luttes quotidiennes, à trouver le pont entre leurs revendications actuelles et le programme de la révolution socialiste. Ce pont doit consister en un système de REVENDICATIONS TRANSITOIRES, partant des conditions actuelles et de la conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière et conduisant invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat."
      Alors si la situation n’est pas révolutionnaire selon toi pourquoi mettre en avant un tel mot d’ordre de la part de LO ? Et si ellei elle l’est comment comprendre le fait que LO mette en avant ce mot d’ordre sans parler que le prolétariat devra prendre le pouvoir ?

  • "nous ne prenons pas nos désirs pour des réalités" ; ca c’est de la réponse , chapeau....on ne l’entend jamais celle ci dans le quotidien...par exemple quand on défend en tant que syndicaliste ou salarié en colère que le patron doit augmenter les salaires de 200 euros....à Disney, à PSA, aux Antilles, à Roissy etc...

    C’est exactement la réponse d’un patron ou d’un responsable syndical qui veut non pas répondre aux grévistes, mais les envoyer sur les roses et les décourager.

    Alors précisons dans ce débat de quel "désir" il s’agit : celui de la dictature du prolétariat ? Celui de l’Etat qui pourrait faire telle ou telle chose si les gens votent correctement ou se mobilisent ?

    La réalité est que l’Etat est le plus grand massacreur de tous les temps : tous les génocides ont pour commanditaires les plus hauts dignitaires de l’Etat. Et ces génocides sont les résultats des illusions réformistes qui fabriquent des défaites chez les exploités.

    Alors si une organisation ne défend pas publiquement sa conception de l’Etat et du système capitaliste à chaque fois que c’est possible, celle ci, même si sa culture est parsemée d’écrits et de lectures révolutionnaires, ne m’intéresse pas et je suis convaincu qu il est utile de dénoncer le réformisme qui se cache derrière des habits de communisme.

  • Cher camarade, tu te trompes ou tes dirigeants te trompent : nous dénonçons sans arrêt les crimes de l’Etat. Notre appréciation de la situation provient de la combativité et de la mobilisation des travailleurs. Nous faisons tout ce qui est notre pouvoir pour qu’elle aille dans le sens de la lutte révolutionnaire. Fais en autant de ton côté.

  • Quelqu’un qui milite au sein de la classe ouvrière n’aurait pas besoin qu’on lui explique quelque chose d’aussi simple que e fait que la situation n’est pas révolutionnaire. C’est pour cela que le débat n’est pas nécessaire entre nous. La réalité que vous croyez voir n’est pas celle que nous pensons vivre...

  • Il y a une question à laquelle vous en répondez pas : c’est le sort que vous réservez à l’Etat bourgeois actuel...

    Lénine écrit dans "l’Etat et la révolution" :

    "En éduquant le parti ouvrier, le marxisme éduque une avant-garde du prolétariat capable de prendre le pouvoir et de mener le peuple tout entier au socialisme, de diriger et d’organiser un régime nouveau, d’être l’éducateur, le guide et le chef de tous les travailleurs et exploités pour l’organisation de leur vie sociale, sans la bourgeoisie et contre la bourgeoisie. Au contraire, l’opportunisme régnant éduque, dans le parti ouvrier, des représentants des travailleurs les mieux rétribués qui se détachent de la masse : ils "s’accommodent" assez bien du régime capitaliste et vendent pour un plat de lentilles leur droit d’aînesse, c’est-à-dire qu’ils abdiquent leur rôle de chefs révolutionnaires du peuple dans la lutte contre la bourgeoisie.

    "L’Etat, c’est-à-dire le prolétariat organisé en classe dominante", - cette théorie de Marx est indissolublement liée à toute sa doctrine sur le rôle révolutionnaire du prolétariat dans l’histoire. L’aboutissement de ce rôle, c’est la dictature prolétarienne, la domination politique du prolétariat.

    Mais si le prolétariat a besoin de l’Etat en tant qu’organisation spéciale de la violence contre la bourgeoisie, une question s’impose : une telle organisation est-elle concevable sans que soit au préalable détruite, démolie, la machine d’Etat que la bourgeoisie a créée pour elle-même ?"

  • et il poursuit :

    "Dans ce texte, Marx a réussi à exprimer, avec un relief saisissant, d’abord, ce qui distingue principalement et foncièrement sa doctrine de celle des penseurs éclairés et les plus pénétrants de la bourgeoisie et, ensuite, l’essence de sa doctrine de l’Etat.

    L’essentiel, dans la doctrine de Marx, c’est la lutte des classes. C’est ce qu’on dit et c’est ce qu’on écrit très souvent. Mais c’est inexact. Et, de cette inexactitude, résultent couramment des déformations opportunistes du marxisme des falsifications tendant à le rendre acceptable pour la bourgeoisie. Car la doctrine de la lutte des classes a été créée non par Marx, mais par la bourgeoisie avant Marx ; et elle est, d’une façon générale, acceptable pour la bourgeoisie. Quiconque reconnaît uniquement la lutte des classes n’est pas pour autant un marxiste ; il peut se faire qu’il ne sorte pas encore du cadre de la pensée bourgeoise et de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la doctrine de la lutte des classes, c’est le tronquer, le déformer, le réduire à ce qui est acceptable pour la bourgeoisie. Celui-là seul est un marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat. C’est ce qui distingue foncièrement le marxiste du vulgaire petit (et aussi du grand) bourgeois. C’est avec cette pierre de touche qu’il faut éprouver la compréhension et la reconnaissance effectives du marxisme."

  • en tout cas mère grand.... donner des leçons tu sais faire mais débattre d’un point de vue opposé, il faut croire que non... j’’aimerai bien que pour une fois tu répondes.... plutôt que de donner des leçons comme ton camarade... que je sache les militants du pcf militaient dans la classe ouvrière et cela ne les empêchaient pas de mener une politique nationaliste reformiste contraire aux intérets des travailleurs... et que dires des militants syndicaux.... je ne savais pas que cela était un gage de garanti révolutionnaire quant à la politique qu’on peut défendre les uns et les autres....

    alors quel sort réserves tu à l’état ? répond ? peut il mener une autre politique comme l’entend la porte parole de LO lors de son intervention en soutien des grévistes de la sureté ? c’est à dire une politique autre que bourgeoise ?
    Moi je ne ne crois pas... l’état ne peut pas mener une autre politique... pourquoi laisser sous entendre le contraire à un moment ou justement ou votre porte parole à l’oreille des travailleurs....
    l’état on peut pas compter sur lui.... les travailleurs ne peuvent compter que des organes de classes du type des comités de grève, de travailleurs, d’usines, bref des conseils.... dans la période actuelle il faut dire clairement que l’une des tache de la révolution sera de briser l’état et non de s’en emparer pour le faire fonctionner... ce que vous ne dites plus....

  • Durant les grèves de l’automne, pas une seule fois LO n’a fait la moindre critique des directions syndicales, il faut même se pincer en lisant ceci, nous sommes quand même le 15 octobre 2010 ! :

    "Dans le mouvement en cours, ce qui est marquant c’est l’attitude des confédérations syndicales. L’an dernier, en 2009, elles n’avaient proposé aucune stratégie pour donner une suite aux deux journées de mobilisation réussies de janvier et de mars. Elles avaient profité du traditionnel défilé du 1er Mai pour enterrer le mouvement avant de disperser les réactions, catégorie par catégorie, dès la rentrée de septembre.

    Depuis le début de la lutte actuelle, en juin, elles se démènent pour mobiliser les travailleurs comme leurs propres militants. Elles n’ont pas cessé leur effort durant les congés d’été et ont appelé à une journée de grève nationale dès la rentrée de septembre. Depuis, elles ont proposé une stratégie et un calendrier d’action pour entraîner, d’une journée de grève sur l’autre, plus de travailleurs dans la rue.
    Bernard Thibault a envoyé une lettre à chaque syndiqué dans laquelle il appelait « à généraliser la tenue d’assemblées générales pour définir ensemble et démocratiquement le rythme, la forme et les modalités de la reconduction de la grève à partir du 13 octobre ». La confédération et certaines fédérations ont de leur côté pris des dispositions en vue de reconduire la grève.

    Même François Chérèque n’a pas rompu le front uni des organisations, le gouvernement ne lui ayant pas fait, à ce jour, la moindre concession qui justifierait son retrait du front syndical.

    Nous ne savons pas jusqu’ou les confédérations sont prêtes à aller. Ce que nous pouvons constater, c’est que quand elles le veulent et dans une situation de mécontentement, elles sont capables de mobiliser les travailleurs."

    http://www.lutte-ouvriere.org/documents/archives/cercle-leon-trotsky-62/article/les-syndicats-hier-et-aujourd-hui-12899

  • "Citer un texte ne veut pas dire qu’on le comprend et qu’on sait l’utiliser dans une période donnée."

    mère grand nous regardons peut-être le même objet mais nous ne vouyons pas la même chose.

    Nous vivons dans le même monde peut-être, mais nous n’avons pas les mêmes analyses économique, social, des structures des classes dominantes de ce vieux monde...

    Dans tout les cas, tenter d’utiliser en diffusant la maximum possible notre compréhension dans cette période donnée comme tu dit vaut mille fois mieux que de ne rien utiliser du tout.

    Nous débattons, donc explique ce que toi tu a compris du texte et tu verras que nous avions des compréhensions opposées du même texte donc des interprétations opposées.

    Donne des arguments de ta "période donnée".

  • "Il n’y pas de dirigeants socialistes sans conscience socialiste et sans culture véritable." dit Barta pour critiquer Les dirigeants de Lutte Ouvrière. Pourtant, ceux qui dirigeaient alors ce qui allait devenir Lutte Ouvrière étaient notamment deux militants qu’il avait lui-même formés : Hardy et Pierre Bois. Peux-tu prétendre qu’ils n’avaient ni conscience socialiste ni culture véritable ?

  • Pierre Bois avait une conscience socialiste et Hardy avait une grande ignorance politique. Je sais que je choque bien des militants de LO en disant cela, mais il faut pourtant bien dire la vérité. Hardy n’estimait pas, par exemple, que la formation philosophique soit bien importante !

    Je ne prendrais qu’un seul exemple : le seul ouvrage signé d’Hardy intitulé "la véritable histoire de Lutte ouvrière" :

    "Lénine avait souvent à la bouche l’exemple de l’insurrection allemande de 1923, déclenchée par le PC allemand sous les ordres de l’Internationale communiste, et qui fut massacrée parce que décidée bureaucratiquement, trop tard, alors que la situation n’était plus propice et que tous les rapports des responsables gonflaient l’état des effectifs du parti ainsi que la quantité d’armes et surtout exagéraient l’état d’esprit des masses."

    Et Hardy en tire qu’il ne faut pas croire que la situation soit plus radicale qu’elle n’est.

    Ce résumé de l’analyse de l’échec allemand de l’Octobre 1923 me semble de l’inculture politique pure et simple.

    1923 en Allemagne était une situation de crise révolutionnaire manquée par la direction révolutionnaire allemande, pas seulement par bureaucratisme. Par manque de compétence.

  • je cite jacques qui plus haut disait ceci :
    "Les militants qui sont au sein de la classe ouvrière n’ont pas besoin de longues analyses pour savoir que nous n’en sommes pas au point de voir des actions radicales du monde du travail et que les expériences où les travailleurs s’organisent eux-mêmes restent limités, même si nous sommes, à Lutte Ouvrière, sans doute ceux qui ont le plus souvent été amenés à favoriser de telles expériences."

    si je comprends ton propos, tu penses que le manque de combativité de la classe ouvrière (action radicale du monde du travail) et d’auto-organisation expliquent que nous serions pas dans une situation révolutionnaires.

    Première remarque ; la conscience des évènement et par conséquent de leur compréhension en politique comme en science retarde souvent sur les évènements eux-mêmes.... la situation peut être mure pour la révolution (conditions objectives) mais la classe ouvrière (le facteur subjectif) à une conscience qui retarde sur ces évènements, c’est à dire qu’elle lute encore comme avant sur des objectifs partiels (autrement dit de manière réformiste) là où la situation réclame de mener une lutte...
    Le rôle des militants communistes révolutionnaires d’oeuvrer a faire le pont entre les revendications immédiates de la classe ouvrière(lutte économique) et la lutte politique pour le renversement de la bourgeoisie....
    Ce qui n’est pas une mince affaire....

    2ème remarque : l’auto-organisation n’est pas non un des facteurs déclenchant d’une crise révolutionnaire
    La crise révolutionnaire est le résultat d’un effondrement du système capitalisme, c’est à dire que son mode de fonctionnement ou de reproduction (la valorisation du capital) est brisé....Cet effondrement n’est pas une crise conjoncturelle qui n’est rien d’autre que le mode de fonctionnement habituel du capital qui au travers de crises conjoncturelles de récréer les bases sur laquelle le capital peut à nouveau se valoriser...
    sauf que là ce n’est plus le cas... les capitalistes désinvestissent dans tous les domaines (sauf la spéculation) et ce sont les états qui l’échelle de la planète investissent.... retardant l’effet catastrophique de la chute.... cette politique permet à la bourgeoisie de se préparer à la situation révolutionnaire... et une de ses armes est que les travailleurs n’interviennent pas.... qu’on leur fasse croire qu’on agit dans leur intérêt comme pour l’armée qui vient briser la grève des agents de la sureté dans les aéroports

    3ème remarque : tu dis qu’il n’y a pas de situation révolutionnaire car pas assez de combativité et d’auto-organisation. C’est que tu constate autour de toi car tu milites dans la classe ouvrière ce n’est pas ce que tu vois. Mais ou regardes tu ? sur ton secteur ? dans ton entreprise ? dans ta ville ? dans ta région ? dans le pays ? ou bien dans le monde... la classe ouvrière est internationale....
    la décadence actuelle du capitalisme a crée les conditions d’une situation révolutionnaire à l’échelle du globe.... aussi faut il observer les luttes de la classe ouvrière dans le monde.... Et que constates tu ? partout elle lutte et cherche à s’organiser avec ses idées du passée, ses préjugés mais elle cherche une voie au travers le maghreb qui s’enflamme, les grèves en chines, en afrique noire, en europe....
    Camarade crois tu que cette situation ne va pas nous toucher tot au tard et qu’il est grand temps de nous y préparer et d’y préparer notre classe...
    Et pour l’y préparer il faut commencer à lui dire ce qui se passe, cette crise, la politique de la bourgeoisie, celle des appareils syndicaux qui par ailleurs font tout ce qui est en leur mesure pour éviter toute autoorganisation....
    que lutte ouvriere par ailleurs ne dénoncent pas....
    l’intervention du porte parole de LO est éloquente à ce sujet. Pas une critique des confédérations syndicales et de l’organisation de lutte par les syndicats.... sur les chances de succès de la grève, il aurait fallu avoir l’audace devant les bureaucratie syndicales de tenir des propos autres qu’un vague soutient de solidarité. Il aurait fallu défendre que la seule manière d’imposer ses 200 euros aurait été qu’ils s’adressent à l’ensemble des travailleurs, pour leur dire que c’est tous ensemble qu’on les arrachera et en nous organisant par nous meme pour le faire car on ne peut compter sur le syndicats.... il est nécessaire que notre classe s’organise au travers de comité même si au départ c’est embryonnaire.... ceux qui veulent le faire doivent le faire....

  • « Un des principaux apports de Marx est ce qu’il a appelé le "matérialisme historique", c’est-à-dire, en schématisant, qu’il a affirmé et montré que l’évolution des techniques dans le domaine de la production des biens nécessaires à la vie des hommes vivant en société détermine l’existence et l’évolution des classes sociales..." »

    Peut-être ne suis-je pas moi-même suffisamment cultivé, mais je ne vois pas trop ce qu’il y a de choquant dans cet résumé volontairement schématique. Peux-tu développer un peu ?

    • Hardy écrit : « Un des principaux apports de Marx est ce qu’il a appelé le "matérialisme historique", c’est-à-dire, en schématisant, qu’il a affirmé et montré que l’évolution des techniques dans le domaine de la production des biens nécessaires à la vie des hommes vivant en société détermine l’existence et l’évolution des classes sociales... »

      Cela suppose que l’histoire des sociétés humaines est celle du progrès se réalisant au travers des luttes. C’est la version bourgeoise et stalinienne mais non marxiste de l’Histoire. Cela suppose une linéarité et un déterminisme que les versions les plus linéaires et déterministes de Marx et Engels ne supposaient pas. Le point de vue de Marx est la dialectique des contradictions.

      D’autre part, Marx ne place pas les techniques au dessus des rapports sociaux. Aucune technique ne détermine un système social si n’existent pas les rapports sociaux le nécessitant. Je l’ai souligné pour la grue d’Archimède.

      La thèse de Marx est bien différente :

      "La technologie, dit Marx, met à nu le mode d’action de l’homme vis-à-vis de la nature, le procès de production de sa vie matérielle, et, par conséquent, l’origine des rapports sociaux et des idées ou conceptions intellectuelles qui en découlent" (Le Capital, livre I).

      On trouve une formulation complète des thèses fondamentales du matérialisme appliqué à la société humaine et à son histoire dans la préface de Marx à son ouvrage Contribution à la critique de l’économie politique, où il s’exprime comme suit :

      "... dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles.

      L’ensemble de ces rapports de production constitue là structure économique de la société, la, base concrète sur laquelle s’élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociale déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie sociale, politique et intellectuelle en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. A un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient, ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l’énorme superstructure. Lorsqu’on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel – qu’on peut constater d’une manière scientifiquement rigoureuse – des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu’au bout.

      Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur sa conscience de soi ; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production... A grands traits, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être qualifiés d’époques progressives de la formation sociale économique".

      (Voir la brève formule que Marx donne dans sa lettre à Engels en date du 7 juillet 1866 : "Notre théorie de la détermination de l’organisation du travail par les moyens de production.")

    • Bien sûr, apparemment on a la même chose : les systèmes sociaux fondés sur un certain niveau des forces productives déterminant des rapport de classe et des luttes de classes.

      Mais il y a la philosophie qui soutend cela.

      Et elle n’est pas la même.

      Hardy n’a rien d’un dialecticien. Il est adepte du progrès. Il voit la technique comme base matérielle du progrès économique et social. Comme d’ailleurs il vois la classe des prolétaires ou comme il voit le parti. En positif.

      Pour les marxistes révolutionnaires comme Marx, Engels, Lénine et Trotsky, c’est dialectique. la locomotive est négative, est destruction, est combat, est cassure et non progrès.

      Le parti n’est simplement le positif. la classe ouvrière non plus. la technique pas plus.

      Considérer la lutte des classes ne veut pas dire voir le monde de manière dialectique.

      Si on se polarise seulement sur le prolétariat et la bourgeoisie, on peut voir cela de manière métaphysique : le prolétariat et le communisme c’est le bien...

      D’autre part, Marx ne disait pas que son originalité, c’était d’avoir vu le matérialisme historique mais d’avoir compris que la lutte des classes du prolétariat devait déboucher sur la dictature du prolétariat.

      On ne retrouve plus trop cette conception dans LO actuelle qui parle plutôt de contrôle de l’Etat (bourgeois on suppose) que de conseils ouvriers au pouvoiir...

    • Le marteau est très utile aux hommes. Il peut déterminer la manière dont les hommes transforment les matériaux et aussi la capacité de l’homme sur la nature. Il agit aussi sur les relations des hommes entre eux, mais il n’agit jamais directement. Ce sont les hommes qui fabriquent leurs relations entre eux en fonction de leur univers matériel. Le marteau ne tisse pas les relations des hommes. Vous pouvez amener une technologie nouvelle aux hommes vivant dans une région donnée. Vous constaterez, si cette technologie nécessite un changement social des relations entre hommes, que cette révolution sociale, ce n’est pas la technologie qui l’effectuera d’elle-même, ce qui veut dire que l’ancienne société vous rejettera avec votre technologie et si la société n’a pas, par ailleurs, secrété de couche sociale intéressée à ce changement social, votre technologie ira rejoindre la série des changements récusés par l’Histoire.

      La discussion sur les idées est donc ouverte. C’est d’idées que nous discutons ici …

      cher camarade, que penses-tu du socialisme utopique ?

    • Robert, tu écris : "Le parti n’est simplement le positif. "

      Le parti, pour être dialectique, doit se transformer en un facteur négatif ? Peux-tu expliquer ?

    • Ce n’est pas tout à fait cela. Nous bâtissons le parti. Suppose que nous le faisons tout ce qu’il y a de plus révolutionnaire et qu’il se construit en plus dans une période de révolution montante. Tout semble positif. Eh bien, il suffit de rien, de ne pas assumer jusqu’au bout un moment crucial pour que tout cet effort se change en son contraire.

      Trotsky écrit dans "leçons d’Octobre" :

      "Tout parti, même le plus révolutionnaire, élabore inévitablement son conservatisme d’organisation : sinon, il manquerait de la stabilité nécessaire. Mais, en l’occurrence, tout est affaire de degré. Dans un parti révolutionnaire, la dose nécessaire de conservatisme doit se combiner avec l’entier affranchissement de la routine, la souplesse d’orientation, l’audace agissante. C’est aux tournants historiques que ces qualités se vérifient le mieux. Lénine, nous l’avons vu plus haut, disait que souvent les partis, même les plus révolutionnaire, lorsqu’il survenait un changement brusque de situation et, partant, de tâches, continuaient à suivre leur ligne antérieure et, par là même, devenaient ou menaçaient de devenir un frein au développement révolutionnaire."

  • Quant à Hardy, cela n’a rien de personnel. C’est politique ! De la même manière que chacun a le droit de dire ce qu’il veut de Rosa Luxemburg ou Lénine. Comme tu vois, mes comparaisons ne sont pas insultantes !

    Or Hardy est celui qui a affirmé qu’on ne devait pas faire de théorie.

    Ce qui ne l’a pas empêché par exemple de déclarer qu’il était certain que le chaos déterministe était une arnaque scientifique au même titre que la mémoire de l’eau.

    Et ce n’est qu’un exemple.

  • on peut douter, mais ne pas dire ce que l on pense serait une imposture.
    Donc c est un devoir de s autoriser a ecrire ce que l on pense meme si on n estime avoir un sentiment plus que des preuves irrefutables (d ailleurs je ne sais pas trop ce que cela veut dire).
    Nous ne sommes plus des petits garcons et quand bien meme je prefere entendre des pensees propres a un enfant que les discours autorisees d une eglise.

  • Ce n’est pas le droit d’H. d’avoir son opinion qui est en question, c’est la méthode consistant à faire croire qu’on a su démasquer une arnaque intellectuelle alors qu’on n’a pas étudié réellement un domaine des sciences si farfelu et "à la mode" qu’il a été découvert par Henri Poincaré...

    Et, de même, on n’avait pas le droit de penser que Stephen Jay Gould ait fait avancer la théorie de l’évolution avec sa conception des équilibres ponctués, ni que Léonard de Vinci était un intellectuel révolutionnaire de son époque, et pas question de contester que le recul de la révolution prolétarienne est dû aux intellectuels petits-bourgeois, et j’en passe...

    Quant à aujourd’hui, justement je ne personnalise pas. C’est politique. C’est philosophique.

    Lo est toujours dans le projet hardyesque de "reprendre la technique de construction de la social-démocratie allemande sans sombrer dans le réformisme" et cela mène toujours à la même chose : au réformisme...

  • xavier, jacques et mère grand.... à aucun moment vous ne débattez.... de vos conceptions, de vos idées....
    par contre à chaque fois vos réponses sont les mêmes. A chaque divergence que nous pointons du doigt vous la transformez en soi disant attaque personnelle (On se moque qu’un ex camarade n’aime pas Hardy.) ou attaque contre LO (Je conseille aux camarades, militants et sympathisants, de ne pas participer à ce faux débat qui vient à point nommé en pleine campagne électorale de Lutte Ouvrière pour donner une fausse image de notre organisation)..... pour des militants qui je pense se réclame de la classe ouvrière et prétendent défendre ses intérêts de classe.... vous ne croyez pas qu’il serait temps de réellement débattre de la situation mondiale (situation révolutionnaire ou non et des critères pour les déterminer) et de ses développements car de ce débat découle notre orientation....
    arrêtez les professions de fois.... je milite dans la classe ouvriere, je suis communiste, je suis internationaliste, je suis pour le communisme.... les professions de foi n’ont jamais remplacé une orientation politique, un programme....

    par exemple xavier j’aimerai bien que pour une fois tu mènes vraiment le débat... à l’analyse que l’on fait de LO par rapport à l’état, tu dis cela :"Cela ne l’autorise pas à dire, sans preuves, que LO est réformiste !"

    Robert Paris répond :
    Pourquoi sans preuve ?

    Une organisation qui écrit dans sa brochure "qu’est-ce que lutte ouvrière ? " :

    en titre de chapitre : "hanger le rôle de l’Etat et le contrôler"

    et pas détruire l’Etat bourgeois et mettre en place le pouvoir des conseils ouvriers, c’est quoi ?

    Dans cette brochure, on trouve un long développement : le parti à construire

    il défend les intérêts politiques des opprimés
    il unifie les luttes

    il leur donne un but commun

    il permet de remporter des victoires qui ne soient pas sens lendemain

    Mais, dans aucune partie du texte, il ne prend la tête du renversement de l’Etat bourgeois.

    C’est ce qu’on appelle un parti réformiste !

    Et toi qu’en penses tu ? Quel est ton point de vue sur l’état ? et Que penses tu des points que nous avons soulevés par rapport à cette question ?

  • Je m’excuse : je prend votre débat en marche à toute allure et je ne comprend pas pourquoi on reproche à LO de mettre en avant la répartition du travail entre tous et le contrôle ouvrier qui sont justement des revendications dites transitoires exposées par Trotsky dans le "programme de transition" que vous soutenez j’imagine.

  • Ibis rouge, l’idée même du programme de transition est de ne plus faire un programme minimum réformiste ajouté à un "programme maximum" réservé pour les jours de fête. Cela signifie que le programme reprend des aspirations immédiates d’une situation transitoire mais en restant un programme révolutionnaire. Cela suppose que les "revendications" ne soient pas séparées les unes des autres et, tout particulièrement, pas séparées de la constitution d’organismes de double pouvoir que sont les comités et conseils ouvriers. Sans cela, le programme retombe dans le réformisme...

  • Je constate en tout cas que vous passez votre temps à casser du sucre sur Lutte ouvrière au lieu de mener le combat, comme vous l’entendez, contre la bourgeoisie.

  • Le désespoir,est aussi un choi une politique

    .Vals écrit : "Oui, c’est rageant, oui il en aurait fallu beaucoup plus pour faire reculer la bourgeoisie et son gouvernement et.....déborder les syndicats..."

    C’était pas le bon moment...

    La classe ouvrière n’était pas encore au rendez vous

    On la connait la rengaine :

    On est trop petits...

    On n’est pas assez nombreux...

    On n’est pas assez influents...

    On n’a pas de parti...

    La classe ouvrière n’était pas prête...

    Les travailleurs n’étaient pas assez mobilisés...

    Il n’y avait pas assez de grévistes...

    Le moment n’est pas arrivé...

    La situation n’est pas mure...

    Les travailleurs ne voulaient pas...

    Il ne faut pas se couper des masses...

    Il ne faut pas prendre nos désirs pour des réalités...

    Il ne faut pas être gauchistes...

    On ne pouvait pas dire cela : les travailleurs ne comprendraient pas...

    Cette grève, ce n’était pas encore grand chose.

    On n’a rien raté...

    etc, etc...

    Lutte Ouvrière ou l’organisation du désespoir militant !!!

  • Dans le texte d’orientation de l’organisation intitulé « Nos objectifs » de 1985, LO écrivait :

    « Dans les entreprises, notre but est de prendre la tête des luttes et de devenir la direction reconnue des travailleurs chaque fois que ceux-ci veulent combattre. Cela est vrai aussi bien pour les mouvements très limités par le nombre des participants, les objectifs, l’impact et la durée que pour ceux d’importance nationale. Il n’y aura pas de parti révolutionnaire tant qu’une organisation révolutionnaire, et ses militants, n’auront été acceptés, reconnus et suivis comme leaders par les travailleurs en lutte dans des dizaines ou même des centaines de grèves et de mouvements sociaux dans tout le pays. Dans les luttes nous sommes en concurrence directe avec les appareils réformistes politiques ou syndicaux, non seulement pour être à la direction mais aussi sur la manière de l’être, ou de le devenir, et celle de mener cette lutte. Ainsi une grève menée par un militant révolutionnaire mais uniquement en tant que militant ou leader syndicaliste et à la manière habituelle des syndicats réformistes, ne fait guère avancer l’implantation de l’organisation révolutionnaire ni la construction du parti, les travailleurs, et pour cause, ne pouvant alors voir de différence entre les révolutionnaires et les réformistes. (…) Et tout mouvement de grève qui reste dans le cadre syndicaliste, même avec des militants révolutionnaires à sa tête, alors qu’il aurait pu déborder ce cadre, est finalement quelque chose de négatif, sinon de nuisible. Notre but est donc de promouvoir et de prendre la tête de mouvements où tous les travailleurs en lutte participent de manière active tant dans les actions et l’organisation que dans les décisions. »

  • Cette fois, LO réclame clairement une "loi interdisant les licenciements". Sans doute consciente que la propagande sur le thème "Interdiction des licenciements", sans précision, n’est guère crédible, LO tente donc de se lancer - maladroitement - dans des explications. car, effectivement, c’est la question que posent- inévitablement, non seulement les journalistes mais les collègues de travail et les gens sur les marchés : "Comment comptez-vous faire ?".

    Alors, LO répond clairement "une loi", comme si un gouvernement bourgeois pouvait adopter une telle loi. LO précise toutefois qu’il faudrait se mobiliser pour faire appliquer cette loi. Mais, avant de se mobiliser pour la faire appliquer, il faudrait déjà que la loi soit adoptée ! A qui fera-t-on croire qu’on obligera Sarkozy ou Hollande à adopter cette loi ?

    LO se refuse donc à dire franchement que seul un gouvernement ouvrier, reposant sur des organisations démocratiques de masses, pourrait adopter une telle mesure. Utopique ? Mais pas davantage que l’idée - farfelue - selon laquelle on pourrait partager le travail entre tous dans le cadre du système capitaliste avec un gouvernement bourgeois ! Quitte à faire de la propagande pour une "solution" que nous n’avons pas les moyens d’imposer aujourd’hui et une mobilisation, organisation des travailleurs que nous ne sommes pas en mesure d’impulser, autant s’exprimer clairement !

    Dernier numéro de LO

    Interdire les licenciements et répartir le travail entre tous, c’est possible !

    Quand le chômage touche un total de plus de 5 millions de personnes, soit 10 % de la population active, des mesures d’urgence s’imposent. Personne ne devrait rester sans travail et surtout sans salaire.

    La situation actuelle exigerait un « plan catastrophe », comme il en existe pour des catastrophes naturelles. L’une des premières mesures serait que l’État cesse de supprimer des postes dans les services publics. Mais il faudrait aussi qu’une loi interdise tous les licenciements, au même titre qu’il existe une loi qui interdit les expulsions locatives en hiver. Enfin, le travail devrait être réparti entre tous les bras de façon à ne laisser personne sur le carreau, personne sans salaire.

    Ce serait bien, mais comment faire ? s’interrogent certains. Et pourtant, l’organisation et la répartition du travail, c’est ce qui se réalise dans tous les domaines de la production. Les patrons le font afin de réaliser le maximum de profits. Mais ils savent le faire sans difficulté. Il suffit d’ouvrir le capot de sa voiture pour constater que tout ce qu’il contient est le fruit d’une collaboration entre diverses entreprises de la même marque ou même de marques différentes. Il faut une organisation, une répartition de toutes les tâches entre les diverses usines pour produire une voiture. Pourquoi alors, ce qui est conçu aujourd’hui dans le sens des intérêts patronaux, ne pourrait-il être pensé et réalisé demain dans le sens des intérêts de la collectivité ? Pourquoi la production ne pourrait-elle être réorganisée en fonction des bras disponibles d’une part, de la quantité de tâches à accomplir d’autre part ? En quelques jours, voire au maximum quelques mois, les capitalistes savent modifier leurs productions en fonction de leurs besoins. Quelle difficulté y aurait-il à le faire à l’échelle d’une région, d’un pays, voire à l’échelle de l’Europe ou de la planète, pour satisfaire les besoins de tous ?

    Le vote d’une loi interdisant les licenciements et impliquant la répartition du travail à accomplir entre tous les bras disponibles serait une réponse à la situation de catastrophe sociale que nous vivons. Mais ce vote ne suffirait pas à assurer son efficacité. Les patrons n’apprécient pas de ne plus être entièrement maîtres chez eux. Ils ne sont sans doute pas prêts à respecter une loi qui limiterait leur liberté de licencier. C’est pourquoi les travailleurs devraient se mobiliser pour la faire appliquer. Il faudrait imposer aux patrons, de gré ou de force, de ne pas priver un seul travailleur de son emploi, c’est-à-dire de garantir ses moyens de vivre et de faire vivre sa famille.

    Un tel objectif est inscrit dans le programme défendu par Nathalie Arthaud dans sa campagne. Il est à la portée du monde du travail, s’il reprend confiance dans sa capacité à inverser, collectivement, le rapport des forces et à imposer aux patrons de prendre sur leurs profits. Et il ne serait qu’un juste retour des choses.

    Lucienne Plain

  • LO popularise un programme non pas de lutte "point final"(pression jusqu’ou ?), mais de front populaire comme en 36. Les patrons et toute la bourgeoisie ordonnerait à ce front populaire, très différent d’un front ouvrier révolutionnaire, de faire stopper les menaces sur leur pouvoir et propriété en proclamant quelques lois à la va vite dans le cadre de l’etat bourgeois.

    Voilà le résultat d’une politique réformiste assumée, qui est l’aile politique d’un syndicalisme de mobilisation, tel que le PCF ne le renierait pas.

    En ce sens, LO peut parler comme Mélanchon de la révolution les jours de fête, même si LO n’a pour l’instant pas cautionner un gouvernement en y participant mais en appelant à voter pour la social démocratie qui permit les licenciements, les expulsions, le génocide au rwanda, la montée de l’extrème droite.

    P.Bois a revendiqué en 1981 qu’il n’appliquerait pas les consignes de vote pour Mittérand. Voilà un militant qui a une conscience de classe ce qui change un peu des militants qui aboient sur les autres orgas, militants ou les travailleurs pour qu’ils se mobilisent et surtout ne veulent pas discuter pas à fond de ce qu’ecrit leur parti..

    ."Il faudrait imposer aux patrons, de gré ou de force", dixit LO dans l’article ci dessus.

    Qu’on m’explique ce que veut dire "imposer de gré",

    et après "imposer de force" .

    DAns les 2 cas, on fait pression par la mobilisation de la classe ouvrière.

    A travers des manifs ? des rassemblements ? des pétitions ? des référendums ? des syndicats et délégués ? des comités ? des soviets ? des partis ? bourgeois ? ouvriers ?

    Est ce que la classe ouvrière doit prendre le pouvoir elle même ? Le donner à d’autres ?

    Ce flou n’a rien d’artistique, il sent le double langage. Mais qu’une orga qui se dit révolutionnaire et communiste, ne pose pas le problème de la nature de l’Etat quand elle parle de loi et de faire pression sur la bourgoisie, est un signe qui ne peut pas tromper.

    Quand à propos du Chili , en 73, LO parlait de détuire l’Etat bourgois, c’est clair !

    Quand en 2012 , en pleine crise systémique du capitalisme, LO parle de loi à imposer à nos futurs assassins ! c’est très clair aussi. 3 ans après le FP. en Espagne et en France, c’était la barbarie.

    Le programme d’Arthaud, nous y mène si demain il y a un mouvement général de la classe ouvrière. .

  • Les capitalistes savent..tuer les emplois !

    "En quelques jours, voire au maximum quelques mois, les capitalistes savent modifier leurs productions en fonction de leurs besoins" article de LO dans le message précédent.

    Justement, leur besoin en ce moment c’est de détruire leur propre entreprise, de fermer les usines, de licencier pour gagner encore un peu à la bourse : le système mise lui même sur sa faillite.

    Nous révolutionnaires, allons nous miser, sur cette perspective qui voudrait convaincre les patrons de nos bonnes intentions : "nous savons bien fabriquer les voitures" Mercier, dirigeant de la CGT/LO à PSA, devant les ouvriers !.

    Pourquoi ? pourquoi pas ?

    ."Pourquoi la production ne pourrait-elle être réorganisée en fonction des bras disponibles d’une part, de la quantité de tâches à accomplir d’autre part ?" extrait de LO, même article.

    Pourquoi on ne toucherait pas tous 4000 euros par mois avec un 120 m² pris en charge par l’Etat, et une voiture de fonction ?

    La France a les moyens !

    Douce France , douce patrie des patrons qui deviendraient gentils.

    Qu’en pense les algériens, les birmans sous la dictature de Total, les ouvriers de Nissan/Renault licenciés, les rwandais tués par l’armée française ?.
    Maxence

    En Inde, un patron a été linché.

    Et ce dernier en est mort.

    en Chine, les patrons ont peur et lachent des augmentations de salaire pour tenter d’éteindre l’incendie social.

    En France, des salariés se suicident, s’immolent...comme en Tunisie.

    ET on voudrait nous faire gober ce comte pour enfants : le patron va gentiment ou si on le presse un peu, écouter les doléances de ses ouvriers ?

    Tout ce que je souhaite à ces éléctions, c’est une absention record !

  • La porte parole de LO, questionnée sur i)tele, a déclaré à 2H15 heure française de la nuit, que "le président de la république avait joué son rôle" dans la gestion de l’après Toulouse ; il est le porte chrysanthème.

    A une question à propos du possible accès à l’ONU de l’Allemagne en tant que membre permanent du conseil de sécurité, elle a répondu qu’elle était contre qu’il y ait des membres permanents...point.

    Mon commentaire perso : LO est devenu publiquement un groupuscule sectaire, nationaliste, stalinien, politicien.

    LO ne forme pas ses militants au marxisme, c’est impossible.

    C’est comme dire qu’il n’y a pas de différence entre les méthodes pour apprendre une langue maternelle.

    La strucutre du langage est aussi essentielle que les mots qui le forme.

    Il n’y a pas de compréhension sans grammaire.

    Le marxisme de LO est vide de sens car il n’a aucune grammaire vivante, aucun lien avec l’histoire et surtout LO ne dit rien sous prétexte que les classes populaires leur reprocheraient leur extrèmisme et leur pessimisme.

  • Voici ce qu’on peut encore lire sur le site de LO :

    « jeudi 12 juillet 2012

    Des riches toujours gavés

    Le magazine Challenge a publié son classement annuel des 500 plus grandes fortunes françaises. Le plus « pauvre » d’entre eux est à la tête de 60 millions d’euros, tandis que la fortune du plus riche, Bernard Arnault, dépasserait 21 milliards. Tous ces gens possèdent bien plus qu’il n’en faut pour vivre toute leur vie, dans un luxe indécent.

    Il ne serait que justice de leur reprendre ce qu’ils ont volé aux travailleurs. Cela permettrait de maintenir l’emploi et les revenus ouvriers. Et, du même coup, de les empêcher de continuer à diriger l’économie comme ils l’ont fait, à leur seul avantage, entraînant la planète vers la catastrophe. »
    http://www.lutte-ouvriere.org/notre-actualite/breves-43/article/des-riches-toujours-gaves

    Dès la première page du manifeste, K. Marx annonce une idée fondamentale pour les communistes : l’apparence du clivage est celui entre riches et pauvres. Le véritable clivage social est bien plutôt entre classe ouvrière et classe capitaliste (aussi nommée bourgeoisie).

    Le populisme de LO vide la théorie marxiste de son contenu et des armes idéologiques qu’elle permet pour qui veut abattre le capitalisme.

    voici la phrase importante des premières lignes du chapitre "bourgeois et prolétaires" du manifeste communiste :

    « [...] le caractère distinctif de notre époque, de l’époque de la bourgeoisie, est d’avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat. »

    Première chose fondamentale dans le manifeste : la dynamique de la lutte des classe qui se simplifie grâce à l’avancée que constitue la révolution bourgeoise.

    Cette dynamique est gommée dès lors que l’on substitue, comme le fait LO dans cette brève, bourgeoisie et prolétariat par riches et pauvres. Parce que cela ne fait que regarder de manière non dynamique, pas même phénoménologique, donc uniquement de manière métaphysique : les riches sont riches les pauvres sont pauvres, comme dans la bible, et nous mourrons pauvres, les riches mourront riches. On n’y peut rien ma brave dame, mon bon monsieur !

  • « Il ne serait que justice de leur reprendre ce qu’ils ont volé aux travailleurs. Cela permettrait de maintenir l’emploi et les revenus ouvriers. Et, du même coup, de les empêcher de continuer à diriger l’économie comme ils l’ont fait, à leur seul avantage, entraînant la planète vers la catastrophe. »

    « Il ne serait que justice de leur reprendre ce qu’ils ont volé aux travailleurs. » Si l’on n’explique pas la théorie marxiste de la valeur, il est difficile de comprendre ce que recouvre le vol. Pourquoi ? Précisément parce que nous vivons dans une époque où la théorie marxiste est niée, simplement parce que toute forme de théorisation développe l’hostilité autour de nous. Cela s’appelle la misologie.

    Le vol est plutôt une idée proudhonienne : « la propriété c’est du vol » affirme Proudhon.

    Le problème, dans une telle affirmation métaphysique, c’est que l’on oublie encore la théorie de la lutte des classes et la dynamique d’enrichissement du capital par la force de travail non payée (que Marx appelle plus-value), parce que la force de travail n’a besoin que de se reproduire pour continuer à travailler.

    La force de travail est une marchandise comme une autre, selon Marx, et donc, en ce sens, elle coûte ce que toute marchandise coûte : la valeur de toute marchandise est déterminée par ses coûts de production.

    La force de travail est de même déterminée par ses coûts de production. On peut la qualifier de manuelle, d’intellectuelle. Pourtant, il est difficile de distinguer entre force de travail manuelle et intellectuelle ; car un ouvrier qui bosse sur une machine ou un robot dans une usine, pour assembler des pièces ou pour fabriquer une pièce ou dans un bureau pour le nettoyer, a besoin de comprendre comment programmer la machine et donc de savoir lire. L’intellectuel qui prépare un article, une conférence a besoin de savoir manier l’ordinateur et de taper à la machine. Lequel utilise plus ses mains ou sa matière grise ?

    Il ne s’agit donc pas de vol, mais bien d’un rapport de production dont le but est de faire des profits -à partir de la plus-value- et non de permettre à chaque individu de s’émanciper.

    Toute la propagande de Durkheim et de ses sbires pour parler d’émancipation au travail servait et sert toujours à masquer cette lutte de classe et l’extraction de la plus-value.
    D’autres discours parlent de vol pour ne surtout pas parler de cette extraction de la plus-value. Cela sert à ne pas discuter de l’évolution du capitalisme. Cela sert à ne pas voir que le capitalisme, les capitalistes ont un problème pour extraire cette plus-value, et que précisément ce que nous vivons depuis 2006/2008, consiste précisément à fermer les usines parce que l’extraction de la plus-value pose problème.

    C’est en cela que nous parlons de MORT DU CAPITALISME.

    Dans la brève ci-dessus, parler de vol sert à masquer la dynamique de la lutte de classe explicitée par Marx dans le manifeste.

    Dans la brève ci-dessus, parler de reprendre ce que les capitalistes ont volé aux travailleurs permet d’éviter de parler d’une révolution qui détruirait l’État, ses parlements, ses tribunaux, sa police et son armée.

    Dans la brève ci-dessus, parler des riches et des pauvres sert à ne rien vouloir changer.

    Dans la brève ci-dessus, parler de « maintenir l’emploi et les revenus ouvriers » sert à proposer un statut quo. Pourquoi ? Parce que l’auteur de cette brève pense avec des catégories métaphysique fixistes et pas avec une pensée dialectique.

    Dans la brève ci-dessus, parler de « les empêcher de continuer à diriger l’économie comme ils l’ont fait, à leur seul avantage, entraînant la planète vers la catastrophe. », cela sert à dire qu’il s’agit d’une volonté des dirigeants de mener le monde à la catastrophe. Cela sert à dire qu’il suffirait de changer de dirigeants pour que le monde aille mieux. Comme on ne qualifie pas ce monde, cela sert à masquer que ce monde est capitaliste.

  • Lutte ouvrière est dans ses rêves. Or, elle rêve de diriger l’économie capitaliste et l’État à la place de la gauche... en faisant croire, sinon en croyant qu’il suffit de changer de dirigeants pour changer de monde, pour revenir à une situation qui n’existe que dans le passé. S’il était possible de revenir à un bon capitalisme productif qui maintienne l’emploi, pourquoi la bourgeoisie ne le ferait pas ?

    Si les riches ne travaillaient qu’à leur seul avantage avant la mort du capitalisme, et le krach boursier de 2008, comment se fait-il qu’une partie du prolétariat accédait à un confort de vie tant que la plus-value pouvait se réaliser sans baisser les salaires, voire en les augmentant ? En payant des pensions qui permettaient tout de même de vivre confortablement à toute une frange de la classe moyenne ? À toute une frange de la classe ouvrière ?

    Tout cela sert à mettre à la poubelle le marxisme, à donner l’espoir dans un sauveur suprême, qu’il s’agisse de Thibault ou Mélenchon. Lutte ouvrière a choisi depuis au moins 2003 de jouer le rôle d’idéologie de rabatteur pour un front populaire le jour pas si lointain où une situation de type de celle de 1936, une explosion sociale aura lieu.

    Lutte ouvrière a ou aura des alliés dans le NPA, le PCF, le FDG, PDG pour créer un nouveau gouvernement de front populaire, comme le veut Buffet, comme le veut Laurent, et comme est prêt à le faire Mélenchon, puisqu’il est leur porte-parole.

    La démarcation actuelle n’est en rien idéologique ou politique. IL s’agit d’une concurrence par réflexe d’un leader de 1971 -Bracia/Hardy- qui a voulu éviter la fusion LO/LC. Un vieux réflexe qui n’empêche pas de défendre des idées bien staliniennes d’un Thorez qui soutenait Blum dans les coulisses, sans participer directement au gouvernement, mais qui se réunissait secrètement avec Blum.

    LO jouera-t-elle ce rôle ? Cela dépendra de ses choix dans les mois et les semaines à venir. Pour l’instant, ses choix et ses propos servent à désarmer les travailleurs, qu’elle le veuille ou non. Ses choix idéologiques, ses choix de refus de la théorie, qui est une forme de théorie, servent déjà de rabatteurs au FDG. Puisque en 2002 les trotskystes faisaient 11% et qu’en 2012, Front de Gauche et extrême gauche confondus en font 11%... avec 10% pour Mélenchon.

    L’extrême-gauche apparaît donc sous une forme nationaliste, chauvine et vidée d’armature idéologique pour la classe ouvrière.

    Voilà comment la situation a évolué, voilà comment Lutte Ouvrière s’est démarquée et a aidé à la prise de conscience du prolétariat, ou du moins à une fraction du prolétariat pour préparer les consciences ouvrières à la hauteur des tâches de l’heure.

  • Manes Sperber « Et le buisson devint cendre » qui fustige la pensée stalinienne – et, plus généralement, dogmatique - : « Dieu punisse les dévots, qui, au lieu d’aller à l’église, entrent dans un parti révolutionnaire afin d’en faire une église ! »

  • « L’importance d’une organisation vient soit des masses qu’elle entraîne, soit du contenu des idées qu’elle est capable de faire pénétrer dans le mouvement ouvrier. »

    Léon Trotsky,
    La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne

    Janvier 1932

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