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Destin d’une révolution isolée et trahie - la contre-révolution assassine les opposants communistes

samedi 3 mars 2012, par Robert Paris

Destin d’une révolution isolée et trahie - la contre-révolution assassine les opposants communistes

"Destin d’une révolution" est un ouvrage de Victor Serge. Dans ce chapitre, il rapporte la mort des militants communistes assassinés par Staline.

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Destin d’une révolution

Victor Serge

Albert Heinrichsohn fut l’un de nos morts. J’étais à Léningrad quand il fut tué. C’était un ouvrier d’une grande usine du faubourg de Narva – des usines Poutilov si je ne fais pas d’erreur – ancien commissaire de bataillon rouge au front. Quand on vint l’arrêter (et les arrestations de communistes était encore une nouveauté qui suscitait de vives indignations), il s’emporta contre les agents du Guépéou : « Ah ! Vous en êtes à coffrer les léninistes ! Et vous n’avez pas honte ! Thermidoriens ! On l’entraîna presque de force sans lui permettre d’embrasser sa femme qui nous fit ensuite ce récit. Le surlendemain, cette ouvrière, convoquée par le chef de la prison préventive, fut reçue par lui avec des égards embarrassés. Il finit par lui annoncer le suicide de son mari, en lui offrant un secours de 100 roubles. L’ouvrière voulut voir le corps du défunt, on ne s’y opposa pas, mais elle eut du mal à le retrouver, grâce à des sympathies agissantes, dans une morgue où on se préparait à l’enlever. Il avait la bouche déchirée, le visage et le torse couverts d’ecchymoses. L’autopsie le constata sans préciser les causes du décès… Une demande d’enquête de la veuve et des camarades, adressée à la Commission centrale de contrôle du parti, resta sans réponse. Notre enquête personnelle nous amena à conclure que Heinrichsohn avait été tué dans sa cellule. Nous découvrîmes, incidemment, que des agents provocateurs du Guépéou opéraient parmi nous. Cela se passait à la fin de 1927 ou au tout début de 1928.

Mon ami Vassili Nikiforovitch Tchadev fut assassiné le 26 août 1928. Entré dans le parti et dans la révolution en 1917, il était devenu un excellent journaliste. Ses articles de la Krassnaya Gazeta de Leningrad sur les mœurs nouvelles, les logements, les tribunaux, réunis dans en volumes, conserveront leur intérêt documentaire. Il était, parmi nous, l’auteur d’une sorte de programme agraire préconisant dans les campagnes un effort de collectivisation. Nous fûmes exclus ensemble du parti, car nous appartenions à la même cellule où, seuls parmi 400 membres qui n’osaient pas se prononcer (bien que beaucoup nous aient en sympathie), nous prenions souvent la parole. Il fit six mois de prison, au secret, avant de consentir à prendre l’engagement de ne pas militer, tout en maintenant ses convictions. A ce prix, il recouvra sa liberté et son emploi de correspondant de la Krassnaya Gazeta. Mais il ne pouvait plus être question de laisser pourchasser les abus dans les faubourgs ouvriers. On l’envoya enquêter dans les premiers kolkhozes du Kouban où il fut assassiné sur la grande route, par des bandits demeurés inconnus, avec l’évidente complicité des autorités locales. On nous refusa l’autorisation de ramener son corps à Léningrad. On nous refusa de lui dédier une plaquette.

Vers cette époque mourait en prison, après une lutte atroce, un des secrétaires de Trotski, Georges Valentinovitch Boutov. Déjà se tramaient autour du Vieux (Trotski) d’inquiétantes intrigues. Boutov, collaborateur de la présidence du conseil supérieur de l’armée, fut inculpé d’espionnage. On entendait lui extorquer des déclarations susceptibles de compromettre Trotski, après quoi on l’aurait envoyé pour dix ans aux îles Solovietski. Il repoussa cette accusation infamante, d’accusé se fit accusateur et mourut épuisé, après avoir fait pensant une cinquantaine de jours la grève de la faim.

Notre camarade Iakov Gregorievitch Blumkine fut assassiné – fusillé – en décembre 1929. Nous veillerons à ce que cette puissante figure de combattant ne soit pas oubliée. Il avait eu une vie épique. Terroriste socialiste-révolutionnaire de gauche, il avait exécuté, par ordre de son parti, en 1918, le comte Mirbach, ambassadeur d’Allemagne à Moscou. Passé un peu plus tard au parti communiste, il avait rempli les missions les plus périlleuses en Ukraïne et en était revenu couvert de blessures. En Perse, au début de 1919, il avait dirigé la tentative révolutionnaire de Koutchouk Khan dans le Ghilan. Plus tard, organisateur de l’armée de la République de Mongolie, collaborateur des Izvestia dans laquelle il donnait des articles remarqués sur Joffre et Foch, chargé de missions secrètes aux Indes, en Egypte, à Constantinople…. Il vit là Trotski banni et s’offrit à transmettre un message de lui à des camarades de Moscou. (Cette lettre exposait les tendances de l’opposition à l’étranger et demandait que l’on tentât de diffuser en Russie le Bulletin édité à Paris. Trahi à son retour à Moscou, il eut un entretien avec Radek qui, d’après mes renseignements personnels, lui aurait conseillé de se rendre chez Ordjonikidzé, « le seul homme qui pourrait te sauver, car le Géorgien (Staline) ne te manquera pas… » Blumkine, de chez Radek, téléphona à Ordjonikidzé, prit rendez-vous avec lui au Kremlin. Mais les téléphones étaient surveillés, il fut arrêté en sortant et bientôt fusillé sur l’ordre personnel de Staline. Il avait vécu courageusement, il mourut de même. (…)

L’exécution plus mystérieuse encore, de Silov et de Rabinovitch est de la même époque (l’hiver 1929-1930). D’après mes recoupements, l’affaire se présente ainsi : Rabinovitch, jeune communiste, collaborateur du Guépéou, avait communiqué à ses camarades opposants, des renseignements sur la répression. Il venait de se marier quand il fut arrêté. Il fut passé par les armes pour haute-trahison. Silov, sans parti, journaliste ou collaborateur d’un service d’éditions, fut fusillé pour lui avoir rendu service. Un vieux tchékiste de la guerre civile, Iosselevitch, ancien membre du collège de la Tchéka de Pétrograd, fut condamné à dix ans de pénitencier. Un ancien membre du comité exécutif de l’Internationale des jeunesses communistes, Bluenfeld, fut frappé de la même peine. (…)

En 1930, un gardien de la prison de Tomsk consentit à faire passer illégalement au dehors une lettre de l’opposant Sosnovski (converti depuis à la « ligne générale »), fut arrêté pour cette infraction au règlement et fusillé. (…)

Hélène Tsouloukidzé, vieille militante géorgienne, membre du parti bolchevik depuis la première révolution (1905), déportée à Arkhangelsk, régime du froid, puis à Khokand dans les sables brûlants, assommée par ses gardiens au cours du transfèrement, est morte, faute de soins, à Akmolinsk, dans les sables du Kazakhstan, au début de 1932.

Katé Tsintsadzé l’avait précédée dans la tombe au début de 1931. C’était un des vieux bolcheviks les plus estimés des anciens groupes du Caucase. Staline ne pouvait lui pardonner, ni son inflexible résistance, ni son passé, ni sa légende, ni son autorité. (…) A partir de 1923, il lutte contre la bureaucratisation du régime. On le déporte en Crimée en 1928. De ses prisons, il a rapporté une tuberculose avancée. (…) Tsintsadzé meurt persécuté, isolé, son courrier confisqué, au milieu des arrestations de déportés, des brutalités, des perquisitions… Sa mort reste ignorée. Quelques-unes de ses dernières lettres ont été publiées. Ce sont des documents humains d’une force tragique.

J’avais rencontré Eléazar Solntsev à Moscou quand il revint d’Amérique pour s’offrir aux coups de la répression. Il avait été envoyé en mission, à titre d’expert des questions économiques ; des amis lui conseillaient de rester à l’étranger, voyant en lui un économiste et un théoricien comme il y en a peu dans la jeune génération. Je le revois, élancé, l’œil gris, le visage allongé, l’expression sérieuse avec un demi-sourire ironique au bords des lèves. On l’enferma pour trois ans en 1928 sans prendre la peine de formuler contre lui une accusation. Ses convictions communistes suffisaient. A l’expiration de ces trois ans, on lui en ajouta deux, par mesure administrative, comme à la plupart des opposants. A l’expiration de leurs cinq années, ces prisonniers furent enfin libérés parce que l’ensemble des détenus trotskistes (auxquels s’étaient joints les militants de la tendance Sapronov et les anarchistes) avaient exigé par une dure grève de la faim la cessation du doublage automatique des peines prononcées sans jugement… Je rencontrai en déportation une jeune femme qui avait connu Solnstsev à la prison de Verknéouralsk. Elle demeurait sous l’impression de sa force d’âme et de sa grande intelligence. Il faisait incontestablement figure de chef au bon sens du mot. On le déporta dans un village de l’Oural ou de la Sibérie Occidentale d’où il nous écrivit sa solitude absolue et sa misère matérielle, car il ne pût pendant plusieurs mois trouver aucun travail. On avait déporté ailleurs sa femme et son enfant. Les deux tiers de ses lettres se « perdaient » à l’arrivée comme au départ, dans les vastes classeurs du cabinet noir, bien entendu. Après l’affaire Kirov, un noir silence se fit sur lui, puis nous apprîmes, par bribes, l’histoire de sa fin. De nouveau arrêté, de nouveau condamné sans jugement à cinq ans de réclusion, il avait catégoriquement refusé d’admettre la continuation de ce jeu du chat et de la souris, déclarant préférer jeter son cadavre aux étrangleurs de la révolution. (…)

L’opposition trotskistes qui, pour mieux affirmer son attachement à la tradition de la révolution d’Octobre, s’appelle bolchevik-léniniste, est aujourd’hui à peu près seule à la pointe du combat contre le régime bureaucratique. (…)

Le vieux Racovski, l’homme de la révolution roumaine en 1917, le président du conseil des commissaires du peuple Ukraine pendant les années héroïques, plus tard ambassadeur de l’URSS à Paris, tint pendant six ans dans l’exil étouffant de Barnaoul. Ses amis ne réussissaient pas, des mois durant, à savoir s’il était vivant ou mort. On le crut mort plusieurs fois. Il écrivit là, sur le régime bureaucratique et la déchéance du parti, des pages d’une justesse irréfutable. Brusquement, en 1934, il fit amende honorable, se désavoua, s’inclina devant Staline. Nous pensâmes qu’on lui avait fait le chantage à la guerre imminente et à l’union sacrée de tous les communistes autour du pouvoir réel. (…) Sosnovski, de la première équipe du parti, capitula à la même époque, après six années de réclusion. Kasparova, déportée depuis 1928 et son fils dans un pénitencier firent de même… Piatakov, qui joua un grand rôle dans la soviétisation de l’Ukraine, opposant de 1923 à 1928, avait de bonne heure renoncé à la lutte en disant qu’il n’y avait rien à faire : la réaction triomphait partout, le prolétariat était las et déprimé, le stalinisme était en somme le fruit de cette situation ; il n’y avait qu’à s’incliner devant le plus fort et à se rendre utile comme un spécialiste honnête…

La sélection formait cependant dans les prisons des hommes prêts à un sacrifice total et, de plus, suffisamment clairvoyants pour ne pas abdiquer la raison en l’absence de toute information objective, de tout échange intellectuel, de toute liberté. La persécution s’abattit sur eux avec une ténacité et une fureur croissante, n’épargnant, comme dans les guerres de religion autrefois, ni les femmes ni les enfants et ne reculant devant l’emploi d’aucun moyen.

Léon Davidovitch Trotski n’a pas seulement été outrageusement calomnié, vilipendé, exclu des musées, de la littérature, de l’histoire, lui qui, mieux que quiconque est entré dans la véritable histoire comme l’organisateur de la victoire révolutionnaire. Déporté, banni, privé de la nationalité soviétique, on l’a systématiquement frappé dans les siens. Sa femme, Nathalie Ivanovna Sédova, son fils Léon Lvovitch, sa fille Zénaïde Lovna, ont été, pour leur attachement au père et à l’époux, traités en ennemis publics et déchus de la nationalité soviétique. Sa fille Zénaïde n’a pas résisté à cette atmosphère de persécution et s’est suicidée à Berlin en 1933. Sa fille aînée, Nina, était morte de tuberculose à Moscou, peu auparavant, dans le dénuement. (…)

De ses quatre secrétaires, l’un, Glazman, s’est suicidé en 1923 ; nous savons déjà qu’un autre, Boutov, est lort en prison d’une grève de la faim d’une cinquantaine de jours ; les deux survivants, Poznanski et Sermux, sont en captivité depuis 1928.

La lutte de la génération révolutionnaire contre le totalitarisme durera dix ans, de 1927 à 1937. Les péripéties confuses et quelquefois déroutantes de cette lutte ne doivent pas nous en obscurcir la signification. Les personnalités ont pu s’affronter les unes les autres, se combattre, se réconcilier, se trahir même ; elles ont pu s’égarer, s’humilier devant la tyrannie, ruser avec le bourreau, s’user, se révolter désespérément. L’Etat totalitaire jouait des uns contre les autres, d’autant plus efficacement qu’il avait prise sur les âmes. Le patriotisme du Parti et de la révolution, cimenté par les sacrifices, les services, les résultats obtenus, l’attachement à de prodigieuses visions d’avenir, le sentiment du péril commun, oblitérait le sens de la réalité dans les cerveaux les plus clairs. Il reste que la résistance de la génération révolutionnaire, à la tête de laquelle se trouvaient la plupart des vieux socialistes bolcheviks, fut si tenace qu’en 1936-1938, à l’époque des procès de Moscou, cette génération dut être exterminée tout entière pour que le nouveau régime se stabilisât. Ce fut le coup de force le plus sanglant de l’histoire. Les bolcheviks périrent par dizaines de milliers, les citoyens soviétiques pénétrés de l’idéalisme condamné, par millions. Quelques dizaines de compagnons de Lénine et Trotsky consentirent à se déshonorer eux-mêmes, par un suprême acte de dévouement envers le Parti, avant d’être fusillés. Quelques milliers d’autres furent fusillés dans des caves. Les camps de concentration les plus vastes du monde se chargèrent de l’anéantissement physique de masses de condamnés.

Ainsi la sanglante rupture fut complète, entre le bolchevisme, forme russe ardente et créatrice du socialisme, et le stalinisme, forme également russe, c’est-à-dire conditionnée par tout le passé et le présent de la Russie, du totalitarisme. Afin que ce dernier terme ait bien son sens précis, définissons-le : le totalitarisme, tel qu’il s’est établi en U.R.S.S., dans le troisième Reich, et faiblement ébauché en Italie fasciste et ailleurs, est un régime caractérisé par l’exploitation despotique du travail, la collectivisation de la production, le monopole bureaucratique et policier (mieux vaudrait dire terroriste) du pouvoir, la pensée asservie, le mythe du chef-symbole. Un régime de cette nature tend forcément à l’expansion, c’est-à-dire à la guerre de conquête puisqu’il est incompatible avec l’existence de voisins différents et plus humains ; puisqu’il souffre inévitablement de ses propres psychoses d’inquiétude ; puisqu’il vit sur la répression permanente de forces explosives de l’intérieur…

Un auteur américain, M. James Burnham , s’est plu à soutenir que Staline est le véritable continuateur de Lénine. Le paradoxe, poussé à ce degré hyperbolique, ne manque pas d’un certain attrait stimulant à l’endroit de la pensée paresseuse et ignorante… Il va de soi qu’un parricide demeure le continuateur biologique de son père. Il est toutefois autrement évident que l’on ne continue pas un mouvement en le massacrant, une idéologie en la reniant, une révolution de travailleurs par la plus noire exploitation des travailleurs, l’œuvre de Trotsky en faisant assassiner Trotsky et mettre ses livres au pilon… Ou les mots continuation, rupture, négation, reniement, destruction n’auraient plus de sens intelligible, ce qui peut au reste convenir à des intellectuels brillamment obscurantistes. Je ne songe pas à classer James Burnham dans cette catégorie. Le paradoxe qu’il a développé, sans doute par amour de la théorie irritante, est aussi faux que dangereux. Sous mille formes plates, il se retrouve dans la presse et les livres de ce temps de préparation à la troisième guerre mondiale. Les réactionnaires ont un intérêt évident à confondre le totalitarisme stalinien, exterminateur des bolcheviks, avec le bolchevisme, afin d’atteindre la classe ouvrière, le socialisme, le marxisme, et jusqu’au libéralisme...

Lettre de Victor Serge à Trotsky :

Nous, révolutionnaires marxistes, considérant comme indispensable de renforcer fortement les arrières de la révolution, proclamons que la dictature du prolétariat doit être et sera une liberté véritable pour les travailleurs. Nous lutterons avec vous pour assurer la liberté de pensée et de tendances à l’intérieur de la révolution et faisons le serment solennel de tout faire pour ne laisser aucun bureaucrate de quelque couleur que ce soit transformer la révolution en prison pour les travailleurs à la façon stalinienne.

Messages

  • La sélection formait cependant dans les prisons des hommes prêts à un sacrifice total et, de plus, suffisamment clairvoyants pour ne pas abdiquer la raison en l’absence de toute information objective, de tout échange intellectuel, de toute liberté. La persécution s’abattit sur eux avec une ténacité et une fureur croissante, n’épargnant, comme dans les guerres de religion autrefois, ni les femmes ni les enfants et ne reculant devant l’emploi d’aucun moyen.

    Léon Davidovitch Trotski n’a pas seulement été outrageusement calomnié, vilipendé, exclu des musées, de la littérature, de l’histoire, lui qui, mieux que quiconque est entré dans la véritable histoire comme l’organisateur de la victoire révolutionnaire. Déporté, banni, privé de la nationalité soviétique, on l’a systématiquement frappé dans les siens. Sa femme, Nathalie Ivanovna Sédova, son fils Léon Lvovitch, sa fille Zénaïde Lovna, ont été, pour leur attachement au père et à l’époux, traités en ennemis publics et déchus de la nationalité soviétique. Sa fille Zénaïde n’a pas résisté à cette atmosphère de persécution et s’est suicidée à Berlin en 1933. Sa fille aînée, Nina, était morte de tuberculose à Moscou, peu auparavant, dans le dénuement. (…)

    De ses quatre secrétaires, l’un, Glazman, s’est suicidé en 1923 ; nous savons déjà qu’un autre, Boutov, est lort en prison d’une grève de la faim d’une cinquantaine de jours ; les deux survivants, Poznanski et Sermux, sont en captivité depuis 1928.

  • « Il va de soi qu’un parricide demeure le continuateur biologique de son père.

    Il est toutefois autrement évident que l’on ne continue pas un mouvement en le massacrant, une idéologie en la reniant, une révolution de travailleurs par la plus noire exploitation des travailleurs, l’œuvre de Trotsky en faisant assassiner Trotsky et mettre ses livres au pilon…  »

  • «  Sous mille formes plates, il se retrouve dans la presse et les livres de ce temps de préparation à la troisième guerre mondiale.

    Les réactionnaires ont un intérêt évident à confondre le totalitarisme stalinien, exterminateur des bolcheviks, avec le bolchevisme, afin d’atteindre la classe ouvrière, le socialisme, le marxisme, et jusqu’au libéralisme... »

  • Une autre victime de Staline

    Le camarade Koté Tsintsadzé près de la mort

    décembre 1930

    Nous avons reçu la communication suivante :

    Depuis maintenant un mois, le camarade Koté Tsintsadzé est aux portes de la mort. Il a eu deux sérieuses hémoptysies, le sang coulait comme une fontaine et il a perdu environ cinq tasses de ce sang précieux. Les hémorragies sont accompagnées de crises cardiaques ; le malade étouffait. Les docteurs ont désespéré de le sauver. Selon eux, l’unique espoir serait le transférer à Soukhoum, car le climat de la Crimée est fatal dans son cas. Les camarades ont essayé d’obtenir un transfert. Ordjonikidzé a promis de régler ce transfert il y a deux mois, mais jusqu’à présent il n’y a rien eu... Le moment va venir où le camarade Koté Tsintsadzé va mourir.

    Koté Tsintsadzé est un vieux membre du parti bolchevique, qu’il a rejoint en 1903 et dans les rangs duquel il a combattu depuis. Aujourd’hui, comme partisans du stalinisme, règne ce type de vieux-bolcheviks qui de la défaite de la révolution de 1905 à celle de 1917 sont restés en dehors du mouvement révolutionnaire, qui ont combattu Octobre, qui ne l’ont rejoint qu’après la victoire. Ces "vieux-bolcheviks", Lenine, à son époque proposait de les envoyer "aux archives". Contrairement à ces messieurs, le camarade Koté est un authentique révolutionnaire bolchevique. Dans sa jeunesse, c’était un militant du parti qui opérait, quand les circonstances l’exigeaient, avec la même confiance et le même courage avec la bombe et le revolver que dans d’autres circonstances avec les tracts et les discours de propagande. Koté a connu prisons et exil sous le tsar. A l’époque de la révolution, il a combattu I’ennemi de classe dans sa Caucasie natale où, à l’époque héroïque, il était président de la Tcheka du Caucase.

    Le camarade Koté a été dans l’Opposition, et l’un de ses dirigeants en Caucasie. En 1928, il a été exilé, cette fois dans l’exil stalinien. La santé du camarade Koté, minée par la prison, l’exil et le travail militant pour le parti, s’est encore détériorée. Le camarade Koté a une forme aiguë de tuberculose pulmonaire. Les conditions de l’exil stalinien ont beaucoup aggravé son état. Au printemps, son état était sérieux : hémoptysies continuelles, perte de poids de plus de sept kilos et il a été confiné au lit pendant de longs mois. Les amis et la famille du camarade Koté Tsintsadzé, pendant de longs mois, ont vainement soulevé la question de son transfert à Soukhoum. Finalement la communication ci-dessus parle de son état critique. Malgré cela, il n’a pas été autorisé à aller à Soukhoum.

    La clique Staline-Ordjonikidzé cherche la mort du camarade Koté. Sous sa protection, des coquins et des carriéristes jouent avec la vie d’un vieux révolutionnaire irréprochable. Ils savent que le camarade Koté est un bolchevik dévoué, que le camarade Koté n’a pas cédé. Ils savent que, même gravement malade, dans son lit, il continue dans des lettres et par la parole à lutter pour les idées léninistes contre les staliniens et contre la capitulation. C’est pour cela qu’ils le haïssent, que Staline le condamne à une mort certaine.

    Léon Trotsky

  • Trotsky dans une lettre à Neurath du 6 mai 1932 :

    « Quelle terrifiante dialectique de l’Histoire : les autorités officielles et l’appareil de la première révolution prolétarienne sont devenus les plus puissants instruments de désagrégation de l’avant- garde internationale. »

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