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L’anniversaire des "accords d’Evian" qui ont signé l’indépendance politique d’un Etat algérien

samedi 17 mars 2012, par Robert Paris

Chef d’un impérialisme criminel et fier de l’être !

L’exécution d’un civil

Quand l’Etat français décorait les fascistes Le Pen mais aussi Massu, Bigeard ou Aussares pour leurs actes horribles contre le peuple algérien

Stade de Skikda - massacre de civils algériens - Août 1955

Quand l’armée française massacrait sciemment des civils

Mitterrand, l’un des grands assassins civils de l’Algérie, avec Guy Mollet et De Gaulle

Les chefs militaires assassins

Le gouvernement français a choisi de ne pas faire de commémoration officielle pour marquer l’anniversaire des accords d’Evian mais seulement de la fin de la guerre d’Algérie. En effet, il estime que cette date ramène trop de polémiques sur le rôle meurtrier de l’armée française en Algérie qui a torturé, massacré pendant des années, sous des gouvernements de gauche puis de droite, tout un peuple. Il ne faut pas qu’on puisse critiquer l’impérialisme français. Ce n’est pas seulement du passé. Les crimes continuent.

Même sans commémoration, les faits sont là. L’armée française a subi une nouvelle défaite après 1940 puis Dien Bien Phu ! Elle a été contrainte d’abandonner le fleuron de son empire colonial, celle de ses colonies du Maghreb qu’elle ne comptait absolument pas quitter. La raison de cet entêtement n’est pas à chercher dans l’existence d’une colonie de peuplement, celle de ceux qu’on va appeler les pieds noirs. Elle les abandonnera sans regret et sans gloire comme elle abandonnera sans gène les Algériens qui l’avaient défendue.

Le but d’une colonie était de ramener des richesses dans la métropole et l’Algérie remplissait pleinement son rôle. La France la quittera quand le bilan recettes/dépenses aura basculé. Y compris en termes de recettes politiques puisqu’il s’agit de donner du poids à un impérialisme.

La continuation de la guerre finissait par affaiblir politiquement au niveau mondial l’impérialisme français...

C’est Boumediène, pas encore chef de l’Etat qui expliquait publiquement que les accords d’Evian, signés par un gouvernement qu’il contestait, étaient des accords néo-coloniaux. Et ensuite, arrivé au pouvoir, il n’a fait que les appliquer pour le plus grand profit de la bourgeoisie française, puis, ayant signé de nouveaux accords, pour le profit des trusts français, américains et canadiens… Pourtant, le peuple algérien avait payé de son sang cette « indépendance ». On aurait pu penser que les dirigeants du FLN algérien n’auraient rien eu de plus pressé que de rompre avec la France qui leur avait livré une guerre sans merci. Eh bien, pas du tout ! Les dirigeants petits bourgeois nationalistes n’avaient rien de plus pressé que de se vendre et de vendre « leur peuple » sur le marché des impérialismes pour en tirer eux-mêmes profit et devenir les nouveaux négriers africains.

Les accords d’Evian, signés entre DE GAULLE et le Gouvernement Provisoire Révolutionnaire Algérien, ont prévu la constitution d’un exécutif provisoire que A. FARES a présidé et un référendum sur l’indépendance de l’Algérie. Il a eu lieu le 1er juillet 1962 : 90 % pour l’indépendance. Le gouvernement français a remis alors le pouvoir à l’exécutif provisoire. Le CYPRA et l’exécutif provisoire se sont rapidement décomposés. L’Armée de Libération Nationale était composée des combattants de l’intérieur (des Willayas) et de l’armée qui était regroupée aux frontières de l’Algérie, en Tunisie et au Maroc. Cette armée de l’extérieur n’a pas combattu mais à disposé d’un armement relativement important. En s’appuyant sur l’armée des frontières passée en Algérie après l’indépendance (elle sera rebaptisée le 4 septembre 1962 "Armée Nationale Populaire") BEN BELLA s’est emparé du pouvoir. Il a brisé les forces armées de l’intérieur (des Willayas) et tout mouvement autonome des masses. Il a intégré l’UGTA à l’appareil du F.L.N., éliminé le mouvement des paysans d’occupation et de gestion des terres des colons. C’est‑à‑dire qu’il a cassé toutes tendances à la révolution sociale. Il s’est situé sur la ligne de l’application des accords d’Evian et a commencé à construire le nouvel Etat bourgeois algérien. Dans "La Vérité" no 527 de février‑avril 1964, AKLOUF écrivait que l’Etat algérien est un "Etat bourgeois". Il précisait : "La bourgeoisie nationale n’a pas les moyens de gouverner directement. Elle doit s’en remettre à une bureaucratie politique parasitaire pour quelle construise un véritable appareil d’Etat. Cet Etat, au sens strict du terme, joue pour cette bourgeoisie un rôle de tuteur assurant, par l’animation d’un secteur nationalisé, les conditions d’un développement économique. Par la même, cet Etat dispose d’une relative autonomie. C’est en ce sens que le régime de BEN BELLA, élevé au dessus des différentes classes sociales et jouant de leurs contradictions, est un régime bonapartiste. Qu’il ne satisfasse pas toutes les couches de la bourgeoisie algérienne est une évidence, mais elles sont bien contraintes pour l’heure de s’en contenter. Ce type de régime appuyé par un parti unique se retrouve, certes avec des variantes différentes, dans nombre de pays ayant récemment accédé à une indépendance formelle" BOUMEDIENNE a renversé BEN BELLA et il a poursuivi la construction de cet Etat. Le pseudo socialisme algérien n’a été que la recherche du renforcement des bases économiques et sociales de la faible bourgeoisie algérienne.

Cela n’a rien de particulier à l’Algérie ni à tel ou tel pays d’Afrique. Ce n’est pas propre à l’Afrique. Le monde entier est dépendant des trusts et des impérialismes quelle que soit leur histoire.

Les accords d’Evian ont permis au colonialisme français de maintenir une certaine mainmise sur le pétrole....

Du coup, l’Algérie n’est pas vraiment sortie de la dépendance économique. Mais, surtout, comme les nouveaux dirigeants étaient issus non du peuple révolté mais de l’armée des frontières, le pays n’est pas sorti de la dictature.

En Algérie, la France avait démontré que sous le vernis "démocratique" français se cachait des potentialités fascistes : aux appelés français on a fait commettre des atrocités et aucune force "démocratique" n’a été là pour les empêcher... Et quasi aucune force même pour les dénoncer en France.

C’était la troisième démonstration de ce type. C’est la France de 1936 qui est tombée dans les bras de Pétain. C’est la France de la résistance qui pratiqué ensuite l’horrible guerre d’Indochine. Même après avoir lavé son fascisme aux côtés d’Hitler, la classe dirigeante française a fait de multiples démonstrations en Afrique que la démocratie bourgeoise ne s’oppose pas au fascisme.

En Algérie même, par la guerre qu’elle a mené, elle a formé une direction militaire qui a adopté les mêmes critères et les mêmes méthodes. Le peuple algérien n’est pas sorti de l’indépendance indemne. Il continue de subir la dictature issue de ces événements.

Le volcan social et politique de l’Algérie actuelle qui menace sans cesse d’exploser devra dégager toutes ces scories.

En France même, on réalise rarement à quel point la guerre d’Algérie a marqué socialement et politiquement le pays. La majorité des dirigeants bourgeois, de gauche comme de droite ou d’extrême droite, ont été dans l’encadrement militaire de l’armée en Algérie. Loin de leur faire horreur, ils en ont tiré un goût du commandement comme ils l’ont tous rapporté.

Bien entendu, l’encadrement militaire français a été marqué. Il a vu tout le parti à tirer d’avoir fait participer son armée à une guerre permanente et il l’a continuée en Afrique, au Tchad par exemple. La cinquième république, organisation politique de la domination bourgeoise, est issue elle aussi de cette guerre contre tout un peuple.

Un film

Assassinat en direct

27 novembre 1954 : « Bientôt un malheur terrifiant s’abattra sur la tête des rebelles. »

Après les actes d’insurrection survenus le 1er novembre en Algérie, où les « indigènes » étaient toujours tenus pour des citoyens de seconde zone, dépossédés pour la plupart de leurs terres, souffrant de la famine, n’accédant qu’exceptionnellement à l’école, soumis au mépris des Européens et à l’arbitraire de bachaghas ou caïds, instruments du colonisateur, le 5 novembre, François Mitterrand, ministre de l’Intérieur, parla de la répression « nécessaire et impitoyable des troubles » puis déclara le 7 : « L’Algérie c’est la France et la France ne reconnaîtra pas chez elle d’autre autorité que la sienne. » Le MTLD, qui n’était absolument pour rien dans l’insurrection, fut dissous le 5 et ses membres arrêtés. Mitterrand affirma le 20 : « Les trois départements d’Algérie sont des territoires français.

Le gouvernement français ne peut pas, ne veut pas tolérer que les revendications présentées par la population dépassent certaines limites telles que l’intégrité et la souveraineté nationale. » Des tracts furent jetés par avion dans les Aurès gagnés dès le 1er novembre à l’insurrection : « Appel à la population.

Des agitateurs, parmi lesquels des étrangers, ont provoqué des troubles sanglants dans notre pays [...]
Musulmans ! Vous ne les suivrez pas et vous rallierez immédiatement et avant le dimanche 21 novembre à 18 heures, les zones de sécurité avec vos familles et vos biens. L’emplacement de ces zones de sécurité vous sera indiqué par les troupes françaises stationnées dans votre région et par les autorités administratives des douars. Hommes qui vous êtes engagés sans réfléchir, si vous n’avez aucun crime à vous reprocher, rejoignez immédiatement les zones avec vos armes et il ne vous sera fait aucun mal. Bientôt un malheur terrifiant s’abattra sur la tête des rebelles. Après quoi régnera à nouveau la paix française. »

On voit apparaître dans ce texte dès 1954, les notions de « zone interdite » et de « zone de regroupement ». Malgré ces menaces, la population ne bougea pas. Le 26 novembre, Mitterrand commença une tournée d’inspection. Ce jour-là, dans les Aurès, cinq bataillons étaient engagés dans une vaste opération de ratissage.
Un millier de personnes du douar Yabous, parmi lesquelles des femmes, des vieillards, des enfants, furent transférées dans un endroit désert, sans eau potable, Boussaha. Arrivant à Batna le 27, Mitterrand déclare : « Nos soldats sont des pacificateurs. » Ce jour-là, neuf avions de chasse décollèrent de l’aéroport de Batna. Pendant ce temps, à la mechta Thagit, du linge séchait sur des piquets ; des gens allaient et venaient ; le bétail cherchait sa nourriture. Tout à coup, les fellahs virent les chasseurs briller au soleil. Le premier chasseur piqua puis ouvrit le feu sur une maison. Il y eut une rafale. Puis une deuxième. Puis tous les avions mitraillèrent. Les gens se réfugièrent dans les maisons où les balles pénétraient. Madame Zaaf Essaouba, une femme de soixante ans fut tuée. Une jeune fille de seize ans fut atteinte à deux reprises. Tout le bétail fut abattu. A T’kout, après avoir inspecté un détachement de parachutistes coloniaux et visité la gendarmerie, le ministre déclara : « L’Aurès n’est pas en état d’insurrection. Il y a dans la montagne quelques centaines de “durs” et une population consentante, soumise et peureuse. » A Batna, la piscine fut transformée en lieu de détention. Des camions chargés de suspects circulaient dans la ville. Des villages furent détruits au lance-flammes.

Le 8 décembre, les habitants de la mechta Meradsa furent avertis qu’ils devraient avoir quitté les lieux pour le lendemain. Le 9, avant que le jour soit levé, avant que les habitants aient pu déménager leurs affaires, la mechta fut envahie et les maisons flambèrent.
Le 31 décembre, les mechtas Boukhrouf et Tiffertassine furent incendiées au lance-flammes. Les six cents habitants s’enfuirent.
La « pacification » débutait.

Le faux socialisme algérien ou l’Etat bourgeois sans bourgeoisie

Dans un article, "Votre Gestapo d’Algérie", du 13 janvier 1955, Claude Bourdet écrit :

"Le supplice de la baignoire, le gonflage à l’eau par l’anus, le courant électrique sur les muqueuses, les aisselles ou la colonne vertébrale, sont les procédés préférés, car "bien appliqués" ils ne laissent pas de traces visibles. Le supplice de la faim est également constant. Mais l’empalement sur une bouteille ou un bâton, les coups de poing, de pied, de nerf de boeuf ne sont pas non plus épargnés. Tout ceci explique que les tortionnaires ne remettent les prisonniers au juge que cinq à dix jours après leur arrestation... Une fois que les Gestapistes ont dicté et fait signer à leurs victimes à demi-mortes "l’aveu" qu’il leur plaît d’attribuer, le reste du séjour à la police sert à remettre le prisonnier en état, au besoin à le soigner (mais oui !) afin qu’il soit présentable lorsqu’on le mène au juge..."

Claude Bourdet donne quelques détails sur plusieurs de ces affaires : "Un cas significatif est celui de Adad Ali, conseiller municipal d’Alger. Il fut arrêté le 27 décembre [1954]. Le 30, son avocat, Maître Pierre Stibbe, signala au procureur de la République qu’il n’avait pas réapparu et n’avait pas été déféré à un magistrat et requit ce procureur, conformément au code d’instruction criminelle, de le faire mettre immédiatement en liberté ou de le faire conduire devant un magistrat. Le procureur invoqua ... "le débordement et la fatigue des policiers" et refusa de déférer à cette réquisition. Le 31 décembre, Mme Adad, craignant pour la vie de son mari, de santé très fragile, déposa une plainte en complicité de séquestration arbitraire contre le procureur. Quelques heures plus tard, Adad Ali était mené devant le juge d’instruction par cinq inspecteurs des R.G. Les journalistes, avocats, magistrats présents constatèrent qu’il était dans un état d’hébétude morale et de délabrement physique complet et portait de nombreuses traces de coups."

Suite à l’émoi suscité dans la presse par de telles allégations, le ministre de l’intérieur, François Mitterrand, ordonna une enquête qui fut confiée à M. Roger Wuillaume et adressée au gouverneur général Soustelle. Le rapport, daté du 2 mars 1955, reconnaît que les "sévices furent utilisés dans de nombreux cas" sont "de pratique ancienne", mais qu’ils donnent des résultats indiscutables. Les procédés classiques d’interrogatoire prolongé, de privation de boisson et de nourriture "ne seraient pas d’une grande efficacité dans ces pays où les individus présentent une résistance extraordinaire aux épreuves de toute nature. Par contre, les procédés du tuyau d’eau et de l’électricité, lorsqu’ils sont utilisés avec précaution, produiraient un choc, au demeurant beaucoup plus psychologique que physique, et par conséquent exclusifs de toute cruauté excessive."

Ce rapport (non divulgué) n’empêche pas le nouveau ministre de l’intérieur, Bourgès Maunoury, de nier l’existence de la torture, le 29 juillet 1955 devant l’Assemblée Nationale : "Ce que je puis dire, c’est qu’après les enquêtes déjà effectuées je ne connais aucun fait de torture tel que ceux qui ont été énoncés." Dans le Monde du 15-16 avril 1956, en réponse à des articles de Claude Bourdet et du professeur Henri-Irénée Marrou, Bourgès, devenu ministre de la Défense nationale déclare : "Quand je vois que M. Marrou a parlé de "moyens infects", je dis que pas un seul soldat ne peut admettre cette imputation dans sa généralité. Nos soldats, eux, sont là-bas pour assurer ou rétablir la paix et pour protéger la vie de chacun, musulmans ou non."

Et Guy Mollet, le 14 avril 1957, devant la fédération socialiste de la Marne : "Parlons clair. Sans doute des actes de violence, extrêmement rares, ont été à déplorer. Mais ils ont été, je l’affirme, consécutifs aux combats et aux atrocités des terroristes. Quant aux actes de tortures prémédités et réfléchis, je dis que si cela était, ce serait intolérable. On a comparé à ce sujet le comportement de l’armée française à celui de la Gestapo. Cette comparaison est scandaleuse. Hitler donnait des directives qui préconisaient ces méthodes barbares, tandis que Lacoste et moi avons toujours donné des ordres dans un sens contraire. Des enquêtes ont d’ailleurs été ordonnées et des condamnations prononcées qui ont sanctionné des actes répréhensibles. Mais ceux-ci, je le répète, pourraient presque se compter sur les doigts de la main."

Le 23 novembre 2000, le général Massu à qui le gouvernement Mollet confia les pouvoirs de police à Alger, le 7 janvier 1957, déclare au journal Le Monde : "Mais j’ai dit et reconnu que la torture avait été généralisée en Algérie ! Elle a été ensuite institutionnalisée avec la création du CCI [...] et des DOP [...], et institutionnaliser la torture, je pense que c’est pire que tout."

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