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Un monde historique, qu’est-ce que cela implique ?

jeudi 28 juin 2012, par Robert Paris

Tous les matins, on se lève en pensant qu’on est toujours le même et pourtant nous ne cessons jamais de changer. Nous renouvelons sans cesse nos cellules à l’identique et pourtant le temps met sa marque et notre organisme acquiert une ancienneté. Notre mémoire change. Notre conscience change. Notre physique change. Nous passons du fœtus à l’enfance, à la jeunesse, à l’adolescence, à l’âge adulte, à la vieillesse et à la mort. L’individu lui-même est donc un produit de l’histoire. Mais il l’est en plusieurs sens. Nous sommes des produits de l’histoire du monde capitaliste et des sociétés qui l’ont précédé. Nous sommes des homo sapiens sapiens, produits de l’histoire de l’évolution de l’espèce homo, produits de l’évolution des mammifères, de l’évolution du vivant, de l’évolution de la matière, de l’histoire de notre planète, de l’histoire de notre système solaire, de l’histoire de notre galaxie, de l’histoire de l’univers, poussière d’étoiles diraient les astrophysiciens…

Les divers philosophes (Lumières, Kant, Hegel, Marx, …) ont dû répondre aux questions suivantes :

 Y a-t-il un cours de l’histoire ? Quel en est le cours ? Conduit par quel type de forces ?

 Y a-t-il une raison dans l’histoire ? Quel type de raison ? La rationalité de ce qui est historique est-elle particulière ?

 Y a-t-il une logique dans l’histoire ? Quelle sorte de logique ?

 Y a-t-il une philosophie dans l’histoire ? Quel type de philosophie ?

 Y a-t-il des lois de l’histoire ? Quel type de lois ?

 Quelles places respectives du hasard et de la nécessité, de l’ordre et du désordre dans le cours historique ? Quel type de déterminisme ?

 Qu’ y a-t-il de commun entre l’histoire des sociétés, l’histoire de l’homme, l’histoire de la vie, l’histoire de la matière ?

 Cette rationalité, cette logique, ces lois, ce déterminisme, sensés comprendre l’histoire ont-ils eux-mêmes une histoire, obéissent-ils à une philosophie ?

Ces lois sont non-linéaires, discontinues, progressant par bonds du fait des forces de conservation, fondées sur des rétroactions et pas sur un lien direct de cause à effet, dialectiques du fait des liens contradictoires ordre/désordre, agitation/structure, hasard/déterminisme, virtuel/actuel…

La raison dans l’histoire n’est pas un raisonnement de logique formelle du type : je fais ceci pour obtenir cela. Il n’y a pas un seul effet pour une seule cause et les rétroactions sont auto-organisées de manière dynamique et non fixe. Il en découle plusieurs ordre possibles et des sauts d’une structure possible, d’attracteur à un autre.

Toutes les sciences sont historiques, de même que la sociologie, l’économie, la politique, la philosophie, mais tous ces domaines résistent à toute philosophie de l’histoire. Une philosophie de l’histoire suppose non seulement une philosophie qui prétend dominer l’histoire mais, comme l’a expliqué Hegel, une philosophie soumise à l’histoire. Les philosophies de type religieux, métaphysique, mathématiques sont des philosophies qui se prétendent éternelles, non soumises à l’érosion, au changement d’époque, sont donc incapables d’interpréter des phénomènes historiques. Des lois éternelles ne peuvent expliquer des phénomènes émergents, qui ont un début et une fin, qui subissent des changements brutaux, des révolutions…

Historiens, philosophes, scientifiques, chacun d’entre nous, nous sommes devant une contradiction : les individus (humains, molécules, particules,...) agissent librement (ou du moins de manière désordonnée), suivent leurs propres passions (ou agitations) apparemment purement individuelles et pourtant il en résulte une action d’ensemble, un sens de l’histoire. C’est là que réside l’étonnement philosophique : il y a une raison dans l’histoire mais elle n’obéit pas à la logique formelle.

Voyons ce qu’en disaient Hegel et Marx :

"La raison gouverne le monde, dit Hegel tout en remarquant que les hommes ne tirent pas eux-mêmes des leçons de l’histoire ? "L’expérience et l’histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire." Comment fait donc l’histoire pour tirer elle-même sa propre rationalité ?
« Ce qui distinguait le mode de pensée de Hegel de celui de tous les autres philosophes, c’était l’énorme sens historique qui en constituait la base. (...) Il fut le premier à essayer de montrer qu’il y a dans l’histoire un développement, une cohérence interne, et si étrange que puisse nous paraître à présent mainte chose dans sa Philosophie de l’histoire, le caractère grandiose de la conception fondamentale elle-même est aujourd’hui encore admirable (...). L’histoire progresse souvent par bonds ou en zigzag, et il faudrait suivre partout sa trace, ce qui exigerait non seulement la prise en considération de beaucoup de matériaux de faible importance mais encore de nombreuses interruptions du fil des idées (...) »

(dans « La contribution à la critique de l’économie politique » de Karl Marx )

"De la connaissance de l’histoire, on croit pouvoir tirer un enseignement moral et c’est souvent en vue d’un tel bénéfice que le travail historique a été entrepris. S’il est vrai que les bons exemples élèvent l’âme, en particulier celle de la jeunesse, et devraient être utilisés pour l’éducation morale des enfants, les destinées des peuples et des États, leurs intérêts, leurs conditions et leurs complications constituent cependant un tout autre domaine que celui de la morale. L’expérience et l’histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire, qu’ils n’ont jamais agi suivant les maximes qu’on aurait pu en tirer. Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions si particulières, forme une situation si particulière, que c’est seulement en fonction de cette situation unique qu’il doit se décider : les grands caractères sont précisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appropriée. Dans le tumulte des évènements du monde, une maxime générale est d’aussi peu de secours que le souvenir des situations analogues qui ont pu se produire dans le passé, car un pâle souvenir est sans force dans la tempête qui souffle sur le présent ; il n’a aucun pouvoir sur le monde libre et vivant de l’actualité."

"Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des conditions si particulières, forme une situation si particulière, que c’est seulement en fonction de cette situation unique qu’il doit se décider : les grands caractères sont précisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appropriée. Dans le tumulte des évènements du monde, une maxime générale est d’aussi peu secours que le souvenir des situations analogues qui ont pu se produire dans le passé, car un pâle souvenir es sans force dans la tempête qui souffle sur le présent , il n’a aucun pouvoir sur le monde libre et vivant de l’actualité. L’élément qui façonne l’histoire est d’une tout autre nature que les réflexions tirées de l’histoire." La phrase qui me pose problème est celle qui est écrite en gros caractères : "les grands caractères sont précisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appropriée."

"Le trésor de raison consciente d’elle-même qui nous appartient, qui appartient à l’époque contemporaine, ne s’est pas produit de manière immédiate, n’est pas sorti du sol du temps présent, mais pour lui c’est essentiellement un héritage, plus précisément le résultat du travail, et à vrai dire, du travail de toutes les générations antérieures du genre humain. De même que les arts de la vie extérieure, la quantité de moyens et procédés habiles, les dispositions et les habitudes de la vie sociales et politiques sont un résultats de la réflexion, de l’invention, des besoins, de la nécessité et du malheur, de la volonté et de la réalisation de l’histoire qui précède notre époque, de même ce que nous sommes en fait de sciences et plus particulièrement de philosophie nous le devons à la tradition qui enlace tout ce qui est passager et qui est par suite passé, pareille à une chaîne sacrée, ... et qui nous a conservé et transmis tout ce qu’a créé le temps passé. Or, cette tradition n’est pas seulement une vieille ménagère qui se contente de garder fidèlement ce qu’elle a reçu et le transmet sans changement aux successeurs , elle n’est pas une immobile statue de pierre, mais elle est vivante et grossit comme un fleuve puissant qui s’amplifie à mesure qu’il s’éloigne de sa source."

"Le principe de décomposition (de la société grecque) s’est découvert soi-même tout d’abord dans le développement de la politique extérieure, aussi bien dans les guerres entre Etats grecs, que dans la lutte des classes à l’intérieur des cités. (…) La cause principale de la décadence de Lacédémone fut l’inégalité des biens."

"L’Etat véritable, et le véritable gouvernement naissent seulement là où il existe déjà des ordres, quand la richesse et la pauvreté deviennent très grandes, et quand se forme une situation telle que la majorité n’est plus en mesure de satisfaire ses besoins par le procédé qui lui est habituel."

« C’est leur bien propre que peuples et individus cherchent et obtiennent dans leur agissante vitalité, mais en même temps ils sont les moyens et les instruments d’une chose plus élevée, plus vaste, qu’ils ignorent et accomplissent inconsciemment. »


Hegel

Un monde sans histoires ?

Malgré les multiples aléas inattendus de l’histoire de la matière, de la vie, de l’homme et de la société, nous sommes toujours sous la coupe de conceptions fondées sur des philosophies anti-historiques. C’est vrai dans tous les domaines de la pensée. C’est vrai en sciences, en philosophie comme en politique. Même les révolutionnaires dont on pourrait s’attendre qu’ils soient exempts de ce type de problème en sont loin le plus souvent.

C’est au point que la langue elle-même ne nous donne qu’un outil donnant une image figée du monde.

Cette image peut être particulièrement accentuée chez les religieux et ceux qui ont une philosophie tirée des mathématiques. Le texte religieux sera toujours le même. Un et un feront toujours deux. Un cercle est le même pour nous et pour Pythagore. Des sociétés sont nées et se sont effondrées entre lui et nous mais l’image « cercle » n’a pas varié !

La conception philosophique de l’histoire a particulièrement été incarnée par Hegel comme chacun sait. Il a voulu tirer une philosophie de l’Histoire et tâché de l’appliquer aussi à l’Histoire, faisant dépendre ainsi de l’histoire à la fois le monde matériel et le monde de l’homme.
De quoi est faite une conception philosophique historique et comment raisonne une conception anti-historique, quelles conséquences cela peut avoir en sciences et en politique, voilà l’objet de ce texte.

Qui dit histoire dit déjà que des événements se produisent qui modifient le cours des choses et que l’on ne pouvait absolument pas, même dans les meilleures des analyses, imaginer le cours qu’allait prendre l’histoire.

Cela nous rapproche de la notion scientifique de « sensibilité aux conditions initiales » que l’Histoire appellerait « nez de Cléopâtre » ou « rôle de l’individu dans l’Histoire ».

L’Histoire est celle des grands groupes sociaux mais cette histoire fait intervenir de manière déterminante certains petits groupes et même certains individus.

Agissant ainsi à plusieurs échelles, l’Histoire n’obéit pas à un seul niveau hiérarchique et est imprédictible. Cela ne signifie pas que l’on ne puisse pas l’étudier mais qu’il n’y a pas souvent de résultats prédictifs ni de relations simple de cause à effet, ni de linéarité continue de l’évolution. Un facteur modifie brutalement une trajectoire qui pouvait sembler linéaire.

Par exemple, pendant des décennies du Moyen-Age, la Chine voit son économie se développer, s’enrichir, devenir la plus prospère de la planète et aller vers la domination mondiale. Rien ne semble capable d’enrayer cette progression et le monde se développe par une économie bourgeoise encadrée par un Etat féodal. Cependant, en cours de route, éclate la révolution bourgeoise qui semble imbattable et conquiert l’essentiel du territoire chinois. Rien ne semble capable de s’y opposer et les féodaux semblent avoir perdu la partie. Jetant, le tout pour le tout, toutes leurs forces dans la bataille, les féodaux massacrent le pays, détruisent toutes les richesses, démolissent la bourgeoisie et toute la société. Ils finissent par l’emporter militairement. La société chinoise ne sera pas bourgeoise et la Chine ne dominera pas le monde. L’évolution ne s’est pas poursuivie et sa continuité n’était qu’une illusion. Elle menait à un affrontement brutal et le résultat de cette lutte de classes n’était pas inscrit d’avance.

Cet exemple montre qu’est erronée l’idée que la domination occidentale était d’avance inscrite dans l’Histoire. De même, certains croient que le triomphe de la bourgeoisie anglaise puis française étaient inscrits d’avance. Ou encore que le capitalisme est une société définitivement et stablement installée malgré les crises.

Nous avons très souvent affaire à ce type de conceptions selon lesquelles le monde est comme ça et ne pourrait pas être autrement. La matière est comme ceci. La société est comme cela. L’économie est comme ceci. L’homme est comme cela.

Pourtant le passé nous montre qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Mais cela n’empêche pas la philosophie la plus courante de prétendre que la suite ne connaitra pas de changements radicaux !

Nous employons des mots qui sous-entendent le non changement : la matière, la vie, l’homme, la société alors que l’état de nos connaissances indique que la matière, la vie, l’homme et la société n’ont pas toujours été ni toujours été les mêmes et qu’ils ont sauté de multiples fois d’un état à un autre fondamentalement différent.

Le changement brutal et imprédictible n’est pas la seule caractéristique de l’histoire. Il y a l’existence de bifurcations à toutes les échelles qui sont interactives. Il y a de longues périodes de conservation et de courtes périodes de changement brutal. Il y a un enchevêtrement de causes et d’effets et non une linéarité de cause à effet. Il y a des contradictions dialectiques qui opposent les tendances au désordre et les tendances à l’ordre. Ces contradictions sont internes à toutes les structures qui s’imposent plus ou moins durablement.

Ce qui s’oppose à cette vision du monde consiste à considérer les structures plus ou moins durables comme des objets fixes, à croire que les changements viennent de l’extérieur, à penser que c’est seulement un monde d’ordre qui, lors de rares changements progressifs, passerait seulement d’un ordre à un nouvel ordre alors que c’est la forme des interactions internes entre ordre et désordre qui saute brutalement d’un structure à une autre.

On retrouve ces oppositions de raisonnement quand on réfléchit aux espèces et aux changements d’espèces, aux systèmes sociaux et à leur changement, aux régimes politiques et à leur renversement. Le changement est toujours inexplicable si on considère qu’il faut chercher à l’extérieur la racine de la transformation. Même quand la structure se maintient égale à elle-même, elle est sans cesse sous la pression de forces du changement et, d’un seul coup, ces forces ne trouvent pas assez de facteurs de conservation pour les détruire, les inhiber ou les bloquer.

C’est ainsi que le bloc continental avance d’un coup, que la matière lâche un électron, que la particule émet un photon lumineux, que le noyau atomique instable se déstabilise émettant de la radioactivité. Chacun de ces événements est historique. Ces événements se produisent sans cesse de manière spontanée, sans qu’il soit nécessaire une intervention extérieure.

Tous les régimes sociaux ou politiques qui sont tombés ont cherché qui avait manipulé de l’extérieur leur renversement et ils se trompent. Ils ont toujours été renversés d’abord du fait des contradictions internes arrivées à maturité. Même quand des forces extérieures ont activé cette attaque, elles ont réussi à ce moment précis et pas avant du fait de la maturité des contradictions internes.

Ce n’est pas seulement vrai des révolutions sociales et politiques, c’est aussi vrai des révolutions de la matière, des révolutions de la vie, des révolutions de l’homme, de son cerveau, de ses idées, de son activité.

Tout ce qui nous entoure a une histoire, qu’elle nous soit connue ou pas. Si chaque roche, chaque étoile, chaque torrent, chaque montagne, nous racontaient leur histoire, nous passerions des soirées passionnantes à écouter les aléas palpitants des rebondissements étonnants de l’histoire du monde, à toutes ses échelles et passant par tous ses méandres inattendus. Malheureusement, nous n’en connaissons que des bribes et nous regardons en aveugles un paysage, une société, des êtres vivants, sans même savoir d’où ils viennent et ce qu’ils ont vécu.

Nos reins ont leur histoire. Notre cerveau aussi. De même que notre planète ou notre galaxie. Et ces histoires sont emboitées dans les deux sens.

Figer la réalité est souvent un moyen commode pour classer et se retrouver dans les situations. C’est une démarche indispensable à l’étude. Par exemple, on va sérier les objets célestes : d’une part les étoiles, de l’autre les planètes, d’un troisième les nuages de gaz et de poussière,… Par contre, il faut toujours savoir qu’en classant, on a supprimé – intellectuellement seulement – la dynamique du réel.

L’une des caractéristiques d’une matière historique, c’est qu’elle est soumise à une dynamique qui ne s’arrête jamais, à des contradictions internes qui changent de formes sans jamais s’anéantir.

Ceux qui tiennent à une philosophie solide, stable, continue, tranquille, rassurante ne peuvent accepter un monde produit de l’Histoire. Il leur faut un monde produit d’une volonté supérieure, divine ou humaine. Il leur faut une idéologie supérieure où la suite est décidée dès qu’on connaît le début. Il leur faut des changement lents et imperceptibles, allant dans un sens prédéfini, sans échec possible, sans imprévu, sans discontinuité, sans rupture….

La réalité n’obéit pas à ce modèle. Certains accusent de cela des politiques erronnées. Ils expliquent que la déstabilisation est accidentelle, due à un défaut, à une faiblesse des classes dirigeantes et ils ont tort. Le changement, pour inattendu qu’il soit, n’est pas dû au hasard pur, n’est pas tout à fait inattendu mais seulement imprédictible dans son démarrage et dans ses suites….

Le plus grand économiste est incapable de dire où le système va s’effondrer par la suite. Le plus grand spécialiste politique ne sait pas quelle sera la suite dans un pays. Le plus grand spécialiste de l’évolution n’a aucune idée de la manière dont une espèce nouvelle peut apparaître ni de comment elle sera formée et où.

Y aura-t-il une autre espèce humaine, après homo sapiens sapiens ? Personne n’en sait rien. Non seulement on ignore s’il y en aura une, mais aussi on ignore comment elle sera.

Pourtant la science, si elle accepte son caractère historique, n’a pas rien à dire, rien à étudier et seulement à admettre son ignorance. La suite de l’histoire est ignorée de tous mais elle n’arrivera pas au hasard et ne donnera pas n’importe quel résultat. S’il y a plusieurs effets possibles, certains effets sont à exclure. La manière d’agir sur l’Histoire n’est pas non plus un hasard. On se souvient de l’adage : celui qui veut agir sur l’Histoire doit en connaître les lois.

« Je pense qu’on doit maintenant croire à un univers dans lequel il n’y a pas seulement des lois, mais aussi des événements, tout comme dans l’histoire. » explique le physicien-chimiste Ilya Prigogine dans « Temps à devenir ». La nature est marquée par des événements, c’est-à-dire des phénomènes ponctuels, non-reproductibles à l’identique et saillants, marquants par rapport à l’environnement. Ils représentent des tournants d’une situation globale, à plus grande échelle. Ce sont eux qui produisent une histoire. Un événement a l’allure d’un phénomène unique. Il est sans exemple et, apparemment, sans rationalité logique. La causalité elle-même semble prise en défaut par ces ruptures de continuité et ces événements uniques. Le paléontologue et géologue Stephen Jay Gould expose dans « La vie est belle » toute l’importance pour la compréhension du vivant de la notion d’une nature historique : « Ces animaux ont imposé à une science mal à l’aise avec de tels concepts une notion capitale : celle de l’histoire (...). Pour comprendre l’histoire, il est nécessaire de reconstruire les événements du passé eux-mêmes, dans leurs propres termes, c’est-à-dire en relatant les phénomènes uniques en leur genre qui les ont constitués. (...) Et la question de la prédiction, dont on fait grand cas dans la manière stéréotypée de présenter la science, ne peut pas être prise en considération dans le cadre des récits historiques. » « En tant que scientifique travaillant dans ce domaine historique – à essayer de connaître les causes des accidents et circonstances particulières qui ont forgé l’histoire de la vie, et à tenter, de façon plus conventionnelle, d’expliquer les traits intemporels de la théorie de l’évolution – j’ai été fort déçu par les techniques en usage dans ma discipline. Elles sont rarement adaptées et souvent néfastes lorsqu’il s’agit de comprendre les causes, nécessairement uniques, des séquences historiques contingentes. J’ai donc activement recherché d’autres clefs chez les historiens. (...) L’unicité historique a toujours été un cauchemar pour les scientifiques. Nul ne peut nier l’existence des faits (oui, les Anglais ont bien battu les Français à Azincourt en 1415, et les Twin Towers sont bien tombées le 11 septembre 2001), mais il est tout aussi exact qu’aucun principe général n’aurait permis de prévoir ces faits (...). Pensez ce que vous voulez du réductionnisme comme procédure explicative en sciences, (...) les événements historiques uniques dans les systèmes de grande complexité se produisent pour des raisons « accidentelles » et ne peuvent être expliqués par le réductionnisme classique. (...) Ainsi, si la compréhension scientifique complète inclut la nécessité d’expliquer un grand nombre d’événements contingents, alors le réductionnisme ne saurait montrer à lui seul le chemin. » expliquait le paléontologue Stephen Jay Gould dans « Le renard et le hérisson ». La généticienne Sylvie Mazan rapporte dans sa conférence intitulée « Evolution et développement : la rencontre de deux logiques pour le vivant » pour l’Université de tous les savoirs de juillet 2002 : « Dans le domaine des sciences humaines, la compréhension d’une société et de son fonctionnement implique des approches multiples, visant par exemple à la replacer dans un contexte géographique, économique ou culturel et les contraintes qu’il implique. Mais ces analyses ne sauraient exclure une approche historique, retraçant à la fois son origine et les changements qui l’ont modelée au cours du temps. Il en est de même dans le cas du monde vivant. (...) Elle est également le résultat d’une évolution, difficilement prévisible, dont il est particulièrement intéressant de retracer les étapes. Une telle approche s’inscrit donc dans une approche de type historique (...) et conduit à l’émergence d’une nouvelle discipline, située à l’interface entre la génétique du développement et les sciences de l’évolution, et souvent appelée « évo-dévo » par les généticiens. Le but principal des recherches conduites dans ce domaine est de comprendre l’évolution des formes au sein du monde vivant, en retraçant l’histoire évolutive des gènes qui contrôlent la morphogenèse au cours du développement embryonnaire. »

L’événement est fondamental pour le vivant comme l’expose le biologiste Christian de Duve dans « Singularités, jalons sur les chemins de la vie » : « Singularités, terme par lequel j’entend des événements ou des propriétés de caractère unique, singulier. L’histoire de la vie est jalonnée de telles singularités. » Cela n’est pas moins vrai pour la matière dite inerte. Chacun d’entre nous peut avoir l’impression que l’on peut répéter de nombreuses fois la même expérience : par exemple, lâcher une balle qui va tomber verticalement toujours au même endroit. C’est une illusion car jamais la position de la terre, de la lune, du soleil et des planètes, donc la gravitation, ne sera exactement identique. Les expériences sont seulement similaires. Les expériences et leurs résultats se ressemblent mais ne sont pas identiques. Les lois mathématiques peuvent être les mêmes mais cela ne suffit pas. Il faut, en plus, que ces lois aient une particularité en fait assez rare : que des valeurs initiales proches donnent, sur le long terme, des résultats proches. Tous les physiciens espéraient cependant qu’en exprimant des lois mathématiques on allait épurer la physique de ces scories du désordre naturel. Mais les divergences existent dans les équations et montrent que, hors cas exceptionnels, les lois ne permettent pas de prédire. Deux des plus grands physiciens, Albert Einstein et Henri Poincaré [1], ont montré qu’un apparent désordre [2] dominait la physique ôtant sa prédictibilité au déterminisme. « Dès que l’instabilité est incorporée, la signification des lois de la nature prend un nouveau sens. Elles expriment désormais des possibilités. Elles affirment le devenir et non plus seulement l’être. Elles décrivent un monde de mouvements irréguliers (...). Ce désordre constitue précisément le trait fondamental de la représentation microscopique applicable aux systèmes auxquels la physique avait, depuis le 19ème siècle, appliqué une description évolutionniste (...). » défend le physicien-chimiste Ilya Prigogine dans « La fin des certitudes ».

Il est impossible de savoir dans quel état va être une particule que l’on va capter, impossible de prédire à quel moment un atome excité va émettre un photon, impossible de deviner à quel moment un noyau radioactif instable va se décomposer de manière radioactive, impossible de prévoir si un photon va traverser le miroir ou se réfléchir, etc… Les physiciens espéraient que leur science allait devenir prédictible en atteignant le niveau des particules. Au contraire, plus on s’approche des particules dites élémentaires, plus l’imprédictibilité s’accroît ! Cela ne veut pas dire que l’agitation trépidante de tels phénomènes les rende inaptes à l’étude et sujets seulement à la contingence. Tout n’est pas possible, loin de là. Une loi permet de déterminer les possibles mais pas de trancher celui qui sera adopté par la dynamique. Car ce qui le choisit, c’est la loi du niveau inférieur. La dynamique est décrite seulement par des lois dites statistiques parce qu’elle découle d’un phénomène déterministe rapide imbriqué (interactif, contradictoire et combiné) dans un phénomène déterministe beaucoup plus lent. Croyant que le caractère statistique des lois menait à l’indéterminisme, les physiciens avaient déjà manifesté leur rejet de cette façon de voir face aux découvertes du physicien Ludwig Boltzmann qui étudiait l’agitation moléculaire. « Pour certains physiciens, tels Max Planck et surtout Ludwig Boltzmann, il (le second principe de la thermodynamique) fut aussi le symbole d’un tournant décisif. La physique pouvait enfin décrire la nature en termes de devenir ; elle allait pouvoir, à l’instar des autres sciences, décrire un monde ouvert à l’histoire. (...) A tous les niveaux, la science redécouvre le temps. » racontent le physicien Ilya Prigogine et la philosophe Isabelle Stengers dans « Entre le temps et l’éternité ». C’est un mode de fonctionnement que l’on appelle une crise, une « transition de phase » avec « interaction d’échelles ». Il n’est pas dans la suite logique du passé. Rien ne le laissait prévoir. Même après coup, personne ne peut prétendre qu’on aurait pu le deviner. Une expérience illustre parfaitement le fait que cette physique soit à la fois aléatoire et déterministe : celle des photons jumeaux. Deux photons lumineux appelés jumeaux sont émis en même temps dans deux directions opposées par une même source. On effectue une mesure habituellement considérée comme aléatoire : celle su spin du photon (assimilable à un moment de rotation magnétique) et on remarque que les deux photons ont des spin corrélés. Cela signifie que les mesures ne sont pas au hasard. Ou plus exactement qu’il existe un mécanisme (il reste à dévoiler lequel) déterministe par lequel la mesure de spin n’est pas n’importe laquelle. Jusque là, le spin sembler obéir seulement à une probabilité ce qui signifiait qu’individuellement il aurait agi de façon complètement désordonnée. Le fait que les deux spins des deux photons jumeaux soient corrélés rappelle que le caractère probabiliste du spin du photon montre que ce caractère probabiliste du spin ne signifie pas qu’il n’obéisse pas à des lois. Par contre, ces lois sont fondées sur un désordre collectif sous-jacent, celui du vide. C’est ce désordre qu’on appelle un peu rapidement du hasard, alors que l’ordre est appelé loi. Cette séparation n’est pas valable : la loi fonctionne sur la base du désordre et le désordre est relié à des lois ou plutôt les fonde. Parler de « pur hasard » n’est pas une aide parce que le désordre est inséparable de l’ordre. Le déterminisme strict n’est pas plus opérant. Nier le désordre et chercher des lois éternelles, fixes ne répond pas non plus au problème que nous posent les phénomènes naturels.

Cette constatation a amené la physique quantique à un changement conceptuel considérable. Elle a introduit des révolutions à des niveaux où on ne s’attendait pas à en trouver. Tout le mécanisme de la matière est apparu comme le siège de chocs permanents. Toute transformation est décomposable en un nombre infini d’interactions entre matière, lumière et corpuscules virtuels du vide. Les interactions correspondent pour les particules aux transitions de phase que l’on observe pour la matière à grande échelle. Elles apportent le choc et la discontinuité là on ne voyait que des évolutions continues. L’interaction entre deux particules apparaît maintenant comme un événement, un choc dont l’instant est imprédictible et qui se résume ainsi : une particule émet un photon lumineux ou une particule absorbe un photon lumineux. L’étonnement est équivalent à celui provoqué par la découverte du mouvement brownien au sein d’une matière qui semblait immobile sans action extérieure ou encore à celui de découvrir qu’un atome se décompose brutalement en émettant de l’énergie radioactive. Une augmentation de l’agitation des molécules produit, à un seuil, le passage du solide au liquide puis, à un autre seuil, du liquide au gaz. Ce qui nous semble aujourd’hui une évidence était alors un choc conceptuel qui s’est étendu à tous les autres niveaux de la matière. On découvrait un mouvement permanent des molécules là où on croyait à la stabilité et à l’absence de changement. On découvrait qu’un atome pouvait spontanément se détruire. Du coup, on comprenait que la matière n’était pas figée mais changeait d’état par un saut qualitatif. Nous retrouvons les mêmes sauts d’un état à un autre de la matière à petite échelle (sauts quantiques) à la matière à grande échelle (transitions de phase), des particules (interactions) à la lumière (polarisation), et du monde quantique (relations matière/lumière) au vide (créations et annihilations brutales). Ce sont des modes emboîtés les uns dans les autres, qui coexistent et réagissent par interaction d’échelle. Les frontières de ces mondes successifs sont les constantes marquant les seuils de ces transitions. Par exemple, les 100°C de température pour passer (à pression atmosphérique) sont une frontière du liquide au gaz. La vitesse de la lumière est une frontière qui marque la transition entre matière et lumière. La constante de Planck h marque la frontière entre matière classique et quantique. La constante de structure fine [16] (alpha) marque la limite entre matière/lumière et vide. Mais toutes ces frontières sont floues. On peut très bien maintenir de l’eau liquide en dessous de O° de température dans des conditions habituelles de pression ou de la neige au dessus de 0°.

Les transformations de la matière ont connu des évolutions graduelles quantitatives (de petits sauts successifs du mouvement d’expansion, de la baisse de la température ou de la concentration de l’énergie) suivies de sauts qualitatifs, en passant des seuils, des révolutions. Toutes les échelles de l’ordre hiérarchique matériel (du quark au groupe d’amas de galaxies) ont été constituées successivement lors de transformations brutales qu’en physique on appelle des transitions de phase [22] ou encore des phénomènes critiques. Transition veut dire saut et situation critique et signifie qu’une petite variation peut entraîner un changement à grande échelle. Cette notion recouvre en fait la même idée que celle de révolution. Les transitions de phase sont des phénomènes courants au sein de la matière, qui y ont lieu en permanence et pas seulement lors d’épisodes très anciens de l’histoire du cosmos. Les plus simples et les plus connues des transitions de phase sont les passages d’un état à un autre, du solide au liquide et au gaz, en passant des seuils de températures. A l’interface de deux phases, ces sauts ont lieu sans arrêt. Bien d’autres transformations de ce type peuvent être cités : changement d’équilibre d’une matière en grains, changement d’ordre dans un matériau ferromagnétique, passage d’une structure à une autre dans la neige ou la glace, superfluidité, supraconductivité, etc ….

Dans ces phénomènes critiques, il y a interaction d’échelle, c’est-à-dire qu’un élément à petite échelle peut interagir à grande échelle. C’est l’équivalent en histoire de l’action des minorités dans les révolutions et du « rôle de l’individu dans l’histoire ». Cela fait que les phases révolutionnaires ont un caractère très particulier par rapport aux phases calmes. Elles jouent un rôle bien plus grand que la place qu’elles occupent dans le temps car elles déterminent les changements de structure. Elles n’obéissent pas à la même logique que les périodes dites calmes qui sont déterminées par la conservation globale de la structure. La meilleure preuve de l’existence d’un phénomène à petite échelle qui pilote l’entrée dans un phénomène à beaucoup plus grande échelle provient de l’étude des constantes. En effet, aucune loi des phénomènes à grande échelle ne permet de prédire la valeur des constantes qui y interviennent. Par exemple, les valeurs des masses des particules matérielles ne sont pas prédites par la physique quantique. La charge électrique élémentaire e ne découle d’aucune équation de l’électromagnétisme. Les valeurs des températures critiques (par exemple les températures de transition d’état, 0° et 100° à pression atmosphérique) ne sont pas prédites par les lois de la thermodynamique qui règlent ces transformations. Les valeurs de la vitesse de la lumière, de la constante de Planck ou de la constante de structure fine ne découlent d’aucune loi de la matière/lumière. Cela provient du fait que ces quantités sont des seuils du phénomène. Or ces limites, ces frontières d’un phénomène sont déterminées par un phénomène d’un autre type, se produisant de façon beaucoup plus rapide. Par exemple, la condensation de l’eau dépend de l’existence brève de noyaux de poussières permettant la condensation.

L’une des révolutions de l’histoire de la matière est celle qui a produit l’espace-temps, c’est-à-dire la structuration du vide. Le monde est né d’un univers sans matière-lumière, le vide, univers qui ne connaissait pas l’écoulement irréversible du temps, ni le déplacement régulier dans l’espace, mais une agitation désordonnée : le chaos déterministe du vide. Cet état désordonné, si on l’examine à notre niveau (la matière-lumière) obéissait cependant à des lois. Le vide a donc inventé l’histoire de la matière dans un monde prématériel qui ignorait la causalité linéaire, l’écoulement et le déplacement régulier. Ce monde à l’espace-temps désordonné, qui est à la base de l’univers matière/lumière, c’est le vide quantique. Cela explique que le monde matériel à petite échelle (quantique) soit flou et sujet à des phénomènes qui ne respectent pas l’écoulement directionnel du temps. Dans le vide, on peut circuler vers le passé, du moins sur un court déplacement, de même qu’on peut produire de l’énergie à partir du néant, à condition de la rendre très rapidement. L’apparition du temps est liée à un choc, une rupture de symétrie : c’est la première révolution de l’histoire du cosmos, celle de l’émergence de la matière/lumière. A partir de là, s’ouvre toute une histoire faite de rebondissements extraordinaires. Cela explique qu’en dehors d’une interaction matérielle, il est impossible de parler de simultanéité dans le temps de deux événements matériels indépendants, (sans que cela découle d’une incapacité ou d’une limitation des capacités de l’observateur) [23], comme l’a montré Einstein (théorie de la relativité).

Les événements qui parcourent l’histoire de la matière ont un caractère historique et il convient de mesurer toute l’ampleur de cette remarque. Un interdit a longtemps pesé contre la proposition d’utiliser des concepts de l’histoire en sciences et vice versa. Isoler l’humanité et son histoire, la vie et son histoire ou la matière et son histoire est aussi appauvrissant que d’étudier une société en dehors de son histoire. Bien sûr, chacun mesure l’importance de la conscience pour l’homme. Personne ne minimise la singularité qu’elle représente. Il ne serait pas judicieux de prêter de la conscience à la nature, par exemple en parlant de « libre arbitre » de l’électron. Par contre, isoler l’homme de son univers, sous prétexte qu’il possède une conscience qui lui est propre, voir en lui LA singularité de l’Histoire, c’est examiner le monde au travers d’un prisme trompeur. D’autant que, pour l’homme comme pour toutes les autres transformations, on a affaire à de multiples singularités et non d’une seule. Il a fallu de multiples révolutions au sein de populations animales avant d’arriver aux multiples révolutions de l’histoire des populations humanoïdes et humaines dont est issue la conscience dans sa forme actuelle. Ces singularités ne justifient certainement pas d’établir une frontière infranchissable entre l’homme et la nature ou entre les sciences dites humaines et les autres. Malgré ces barrières artificielles souvent dressées malheureusement par des scientifiques eux-mêmes, les diverses sciences se sont déjà maintes fois influencées mutuellement. Les exemples d’interfécondité des concepts scientifiques pullulent. Linéarité, continuité, stabilité, structure, organisation, ordre sont des notions génériques utilisées aussi bien dans un domaine que dans l’autre. Toute l’histoire des sciences est à rapprocher d’un effort vers l’universalité des lois et vers la compréhension d’un monde unique comme le rappelle le physicien Max Planck dans « L’image du monde dans la physique moderne » [24]. Sans tomber dans l’identité vulgaire et le réductionnisme qui ramène tout à un seul niveau, on peut très bien retrouver l’unicité du monde. Dire que des phénomènes de nature très diverses, comme la balançoire et la lumière, sont périodiques, cycliques, oscillatoires, … ne choque plus personne et ne doit rien à une volonté de tout ramener à une loi unique. Aujourd’hui, de nombreuses notions historiques mériteraient de passer, elles aussi, la frontière : toutes celles qui se rapportent au mode dynamique et aux autres changements qualitatifs. Les sciences dites « naturelles » développent des concepts valables pour l’homme. N’oublions pas que l’homme n’est pas hors de la nature ! Cela concerne les notions liées aux révolutions sociales, comme la dualité de pouvoir ou la prise de pouvoir, les contradictions de la lutte des classes, la relation entre celle-ci et des structures comme l’Etat, le rôle de l’individu, des minorités, du parti, des institutions, etc… Bien entendu, il n’y a pas de parti des électrons, ni d’armée des particules, et les états de la matière n’obéissent pas à une classe dirigeante, mais il y a une émergence de structure, des transitions de phase, des résonances, des structures dissipatives, des phénomènes non-linéaires au sein de la société humaine, comme on en trouve en physique, en biologie et dans l’évolution de la vie.

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