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Chlordécone aux Antilles : quand le colon déconne !

mercredi 19 septembre 2012, par Robert Paris

Epandage au chlordécone aux Antilles

Chlordécone aux Antilles : quand le colon déconne !

L’enquête de l’Inserm est catégorique. Les bébés qui naissent avec du Chlordécone dans le corps ont des retards qui sont proportionnels à la quantité du produit qu’ils gardent dans le corps. Ce produit insecticide a été déversé en particulier dans les plantations de bananes des grandes exploitations de Martinique et de Guadeloupe et il l’a été pendant vingt ans après que le produit ait été interdit en France pour cause de danger public !!!

Les grands propriétaires des Antilles ont ainsi témoigné que leur tempérament esclavagiste n’a pas cessé et qu’il les amène à considérer que l’état de santé de la population est encore plus le cadet de leurs soucis que dans la métropole. Il n’y a pas que le profit. Il y a aussi le mépris et l’exploitation coloniale.

L’Etat français est de longue date au courant de la situation liée à ce produit et s’est bien gardé de bouger le petit doigt. Les premiers spécialistes à soulever le problème ont été dénoncés, discrédités, mutés et leurs travaux jetés aux orties…

Il est désormais clair que les bébés sont menacés dans leur développement physiologique et intellectuel par le Chlordécone qu’ils détiennent dans leur corps et qui ne peut pas être éliminé.

Les gestes, la compréhension, la capacité de préhension, la capacité de connaître sont en cause chez ces bébés frappés par le Chlordécone.

Le procès des grands exploitants est encore loin d’avoir commencé alors que ce mal frappe Martinique et Guadeloupe depuis des décennies est reconnu depuis des décennies.

Contraindre l’Etat français à faire un procès nécessite plus que des études médicales. C’est un véritable combat.

Le chlordécone est un insecticide dangereux pour la santé. Il est classé aujourd’hui comme perturbateur endocrinien, neurotoxique et cancérogène possible pour l’homme. Les États-Unis l’ont interdit dès 1976. Il a pourtant été utilisé massivement jusqu’en 1993 en Guadeloupe et en Martinique pour protéger les bananiers contre les larves du charançon. L’affaire a déclenché là-bas une énorme polémique au début des années 2000 quand des analyses ont montré que certaines parties des deux îles sont et seront encore polluées pendant plusieurs décennies - anciennes bananeraies, cours d’eau, franges côtières - et que la population peut encore ingérer du chlordécone en consommant certains aliments pollués, principalement des légumes racines, des fruits de mer ou des poissons.

Pour calmer la colère, le plan chlordécone lancé en 2008 par l’État a prévu un suivi sanitaire des populations exposées. L’enquête est conduite sur le long terme mais les premiers résultats commencent déjà à sortir. Une nouvelle étude indique que l’exposition des bébés à l’insecticide dans le ventre de leur mère a des effets négatifs sur leur développement cognitif et moteur (Environmental Research, octobre 2012). Des travaux publiés il y a deux ans avaient montré que l’insecticide augmente de manière significative le risque de cancer de la prostate chez les personnes exposées.

L’étude porte sur 153 nourrissons âgés de 7 mois, garçons et filles. Du chlordécone a été détecté dans 56% des cas dans le sang de cordon ombilical et 77% dans le lait maternel. « Les doses sont très faibles, mais ce n’est pas anodin », explique Sylvaine Cordier (Inserm, Rennes) qui a piloté l’enquête avec Luc Multigner (Inserm, Pointe-à-Pitre). En effet, les chercheurs ont pu noter que plus les concentrations sont élevées, plus les nourrissons ont de mauvais résultats aux tests. « Quand on leur montre plusieurs fois deux photos identiques et que, d’un seul coup, on en ajoute une nouvelle au milieu des deux, on voit que les enfants les plus exposés au chlordécone mettent plus de temps à la regarder et qu’ils ne la fixent pas longtemps », explique-t-elle. Chez les nourrissons, le chlordécone agit donc sur la vitesse de détection de la nouveauté et le traitement de l’information. Les méfaits sont plus marqués chez les nourrissons exposés in utero.

Basées sur des petits effectifs, ces observations ne traduisent pas de troubles graves. « Il faudra néanmoins voir comment évolue ce léger déficit, à 18 mois et, ensuite, à 7 ans. S’il persiste, ce serait beaucoup plus troublant », estime Sylvaine Cordier.

À l’image de ce qui se fait en Guadeloupe, le laboratoire d’épidémiologie environnementale de Rennes suit depuis 2002 en Bretagne une cohorte de 3500 mères-enfants (la cohorte Pelagie). Son objectif : mesurer l’impact de plusieurs substances toxiques sur les jeunes Bretons. Les études effectuées alors qu’ils ont atteint l’âge de 7 ans vont sortir à la fin de l’année. « Le chlordécone n’a pas été utilisé en Europe, mais la contamination aux sous-produits du DDT y est beaucoup plus élevée qu’aux Antilles », ajoute Sylvaine Cordier.

Il ne faut pas oublier que ce n’est pas la première fois que l’Etat français colonial cache ses crimes en Martinique et Guadeloupe. Ainsi, sa responsabilité dans l’autorisation par les institutions de surveillance français (BEA notamment) du départ d’un avion qui avait des avaries évidentes par une compagnie aérienne déficiente est toujours cachée. On se souvient que l’avion transportant des Martiniquais s’est écrasé au Venezuela.

Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres faits qui comprennent des cas d’assassinats par des milices des grands propriétaires et d’autres assassinats par les forces de l’ordre.

Oui, aux Antilles comme en Nouvelle Calédonie, comme à la Réunion, comme à Wallis et Futuna, comme en Guyane, etc, l’Etat français est toujours l’Etat colonial esclavagiste à peine repeint aux couleurs de l’hypocrisie « démocratique ». Les citoyens des Antilles et autres colonies sont toujours des citoyens de seconde zone qui subissent une vie chère, des droits inférieurs, une surexploitation marquée par le fait que l’ensemble des activités des îles est monopolisée par une bande esclavagiste qui détient les grandes terres, le secteur commercial et industriel.

Il faut que cela cesse ! Il y va de la santé et de la vie ! Les bébés qui naissent avec des malformations sont la dernière et la plus récente des marques au fer rouge de l’infamie coloniale !!!!

L’esclavage a été officiellement aboli. Il reste à l’abolir dans les faits.

Le dernier mouvement de grève générale dans les îles a été interrompu sous le prétexte de la signature des accords Bineau qui n’ont pas été honorés par l’Etat français ni par les patrons békés.

Le statut des Antilles a toujours été une arnaque à laquelle on a fait participer une petite couche de petits bourgeois antillais collaborationnistes avec le colonialisme.

La lutte ne peut pas gagner en étant dirigée par des réformistes des syndicats et associations comme l’a montré le dernier mouvement. Elle ne peut gagner qu’en étant prolétarienne et révolutionnaire, dirigée par des comités de base des quartiers et des entreprises. Le prochain mouvement qui se dessine contre le chômage de masse, contre la cherté de la vie et pour des hausses de salaires devra être dirigé par les exploités eux-mêmes sous la forme de comités de base fédérés entre eux par l’élection de délégués révocables et contrôlés par leurs mandants.

Vive la liberté aux Antilles ! A bas l’esclavage colonial au colondéconne !

Le rapport sur les effets du Chlordécone

Des renseignements sur ce produit

Enquête

Un article à lire

Messages

  • Le Collectif contre l’épandage aérien nous faisait savoir ici même, le 10 septembre dernier, que les épandages aériens de pesticides pratiqués en Guadeloupe étaient illégaux, car utilisant une substance non testée pour ce procédé de traitement, par voie aérienne.

    C’est également ce qu’avait rappelé M. Marc Mortureux, directeur de l’ANSES [1], lors de son audition pendant la réunion de la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire (le 18 juillet 2012)

    Cependant, comme on pouvait s’y attendre, une nouvelle dérogation de six mois aura été accordée par le Préfet, fin juin, alors que déjà les études s’accumulaient - démontrant toutes la nocivité des produits utilisés sur la santé humaine et la protection de l’environnement.

  • Scandale sanitaire : plus de neuf Antillais sur dix contaminés à la chlordécone !!!

    Interdit aux Etats-Unis dès 1977, ce pesticide extrêmement toxique a été utilisé massivement dans les bananeraies de 1972 à 1993.

    Les bananes empoisonnent les Antilles. 95 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais sont contaminés à la chlordécone, un insecticide longtemps considéré comme indispensable à la culture des bananes pour en éradiquer le charançon du bananier. Cette substance interdite depuis 1990 a pu être utilisée aux Antilles jusqu’en 1993, les planteurs français convainquant quelques ministres qu’ils ne disposaient pas d’un alternatif efficace contre les coléoptères ravageurs. Une tournure qui ressemble comme deux gouttes d’eau polluée au débat sur le glyphosate.

    Une enquête de Santé publique France sera présentée à la population en octobre prochain : les Antillais présentent des niveaux d’imprégnation 13 à 14 fois la norme dite « acceptable », et certaines personnes suivies jusqu’à 185 fois. La contamination ne se limite pas aux ouvriers agricoles employés des bananeraies, en contact avec la molécule, mais à toute la population, y compris les enfants. « Il peut avoir des effets sanitaires même à très faible dose », affirme au Monde Sébastien Denys, directeur santé et environnement de Santé publique France (agence de santé publique dans laquelle ont fusionné l’Inpes, l’InVS et l’Eprus).

    Son défaut est, outre d’avoir intoxiqué les sols et les cours d’eau pendant des décennies, de passer dans la chaîne alimentaire. Le bétail, les poissons et crustacés, les légumes « racine », ceux poussant en terre, transmettent alors leur lot de poison à la population. L’eau du robinet, en revanche, et les fruits poussant en hauteur, sont protégés.

    Perturbateur endocrinien, classé comme cancérogène possible par l’Organisation mondiale de la Santé depuis 1979, la chlordécone est considérée comme largement responsable de problèmes neurotoxiques, obstacle à la fertilité, augmentant les risques de naissances prématurées chez les femmes enceintes, et susceptible de contrarier le développement des bébés. La chlordécone est aussi suspectée de générer de nombreux cancers de la prostate – la Martinique détient le record mondial du nombre de cancers de la prostate, avec 227,2 cas pour 100 000 hommes, chaque année - mais l’étude qui devait valider cette hypothèse en Martinique, lancée en 2013, a été interrompue un an plus tard, faute d’argent. L’Institut national du Cancer (INCa), qui avait lancé l’étude, a douté de sa faisabilité. A l’époque, l’INCa était présidé par Agnès Buzyn, aujourd’hui ministre des Solidarités et de la Santé. Au Monde, elle assure que le gouvernement est aujourd’hui « prêt à remettre de l’argent pour tout scientifique souhaitant monter une étude robuste » et qu’un appel à projets va être lancé.

    Depuis qu’un ingénieur a donné l’alerte, en 2000, les pouvoirs publics ont beaucoup tergiversé, lancé quelques plans, en tout cas peu ou mal communiqué. En décembre dernier, encore, l’Anses a estimé que les nouveaux seuils dits tolérables dans l’alimentation, modifiés en 2013 par l’Union européenne, étaient protecteurs. Pourtant dans son étude « Kannari », l’Anses déconseille de manger la nourriture produite localement. En retour, la colère de la population n’a cessé d’enfler. Deux étudiants en BTS agricole ont lancé une pétition pour obtenir des pouvoirs publics une réelle prise en charge du problème. Plus de 31 500 personnes l’ont signée depuis début janvier. Dans une autre pétition, des syndicats d’ouvriers agricoles réclament aussi la création d’un fonds d’indemnisation pour les victimes.

    En octobre prochain, un colloque prévu en Martinique fera le point sur la dépollution. Il n’existe pas, pour l’instant, de technique de décontamination des sols à la chlordécone. Le poison risque de couler pendant des siècles.

    L’Etat colonial a tué durablement la population des Antilles !!!

  • Macron, en visite en Martinique, affirme qu’il reconnaît la responsabilité de l’Etat français dans le scandale environnemental du chlordécone. Il parle de considérer l’exposition à ce produit comme maladie professionnel. Malgré ces apparentes avancées, si on suit ce qu’il dit, on s’aperçoit que c’est tout le contraire ! Tout d’abord, il ne fait que lancer une nouvelle série d’études scientifiques, affirme en même temps que rien n’est encore prouvé sur les conséquences médicales du chlordécone, que les maladies, cancers, défauts de naissance et malformations du nouveau-né, ne seraient pas prouvées !!! Il déclare que l’on va… étudier et affirme aussi qu’il n’est pas question d’indemnisation financière des victimes, que cela serait impossible budgétairement et irresponsable financièrement, etc, etc. En somme, il avance-recule !!! Donc pour lui, la seule responsabilité de l’Etat, c’est l’étude scientifique des conséquences du chlordécone !!!

  • Plus de 1 200 ouvriers nicaraguayens victimes d’un pesticide ont saisi la justice française lundi pour forcer trois multinationales à les indemniser, en vertu d’un jugement déjà prononcé au Nicaragua mais jamais appliqué.

  • Ce pesticide, le DBCP (1,2-dibromo-3-chloropropane) a été fabriqué et commercialisé sous les marques Nemagon ou Fumazone par les multinationales Shell, Dow Chemical et Occidental Chemical. Ces dernières ont été condamnées en 2006 par la justice nicaraguayenne à verser 805 millions de dollars à ces 1 234 anciens ouvriers de bananeraies, un jugement confirmé par la Cour suprême du Nicaragua.

    Las, ce jugement n’a jamais été exécuté et les victimes n’ont pas vu l’ombre d’un centime d’indemnisation.

  • La Guadeloupe subit « une dégradation généralisée des masses d’eau », selon Hugues Delannay, directeur adjoint de l’Office de l’eau de Guadeloupe, commentant un rapport sur l’état des nappes souterraines, des rivières et de la mer que l’AFP s’est procuré mardi. Le constat le plus « alarmant » du rapport, selon Hugues Delannay, est l’augmentation de la salinité de la nappe d’eau douce souterraine située sous la Grande-Terre.

    En cause, « l’intensité de l’utilisation de la nappe notamment par des forages d’alimentation en eau potable », mais aussi les pollutions d’origine agricole, pesticides et composés azotés. Côté mer, les algues qui se nourrissent de nutriments favorisent l’eutrophisation (déséquilibre physico-chimique provoquant une trop forte croissance des plantes) des milieux. « La responsabilité en incombe principalement au réseau d’assainissement et aux stations d’épurations qui ne sont pas mises en conformité, et tout finit dans la mer », souligne le chercheur.

  • La commission parlementaire d’enquête sur le chlordécone aux Antilles a révélé que le gouvernement a levé plusieurs fois l’interdiction de ce produit catastrophique pour la population antillaise, le gouvernement estimant que les intérêts de quelques profiteurs vaut plus que la vie de la population.

  • Ce n’est pas la justice française qui condamnera les responsables du scandale du chlordécone aux Antilles !

    https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/chlordecone-aux-antilles-fin-des-investigations-pas-de-mise-en-examen_5063689.html

    La « Justice » enterre le dossier ! C’est à la révolution sociale antillaise de condamner les responsables !

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