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Les labos pharmaceutiques tuent ?

lundi 29 octobre 2012, par Robert Paris

Les labos pharmaceutiques tuent ? Le profit capitaliste rime très mal avec la santé !

Le distilbène

La cour d’appel de Paris a condamné vendredi les laboratoires UCB Pharma et Novartis à indemniser une « fille Distilbène » exposée à la molécule nocive et en a débouté une autre au motif que son exposition n’est pas prouvée pour la justice. Les deux femmes se battent contre les laboratoires depuis plusieurs années pour obtenir leur indemnisation.

Elles ont plaidé qu’elles avaient été exposées, pendant la grossesse de leur mère, à la molécule diéthylstilboestrol (DES), ce qui leur a valu de développer, des décennies plus tard, un cancer de l’utérus pour l’une, et des complications obstétricales pour l’autre.

La première victime, prénommée Marie-Elise, a donc obtenu une indemnisation de 188 000 euros, que les deux laboratoires ont été condamnés solidairement à payer. Ils doivent aussi verser 12 000 euros à son mari et 9000 euros à sa mère, ainsi que 15 000 euros pour les frais de justice.

La seconde plaignante, qui se prénomme Sophie, a quant à elle été déboutée au motif qu’il « s’avère que l’ensemble des éléments soumis à la cour ne peuvent constituer des présomptions graves, précises et concordantes de son exposition effective à la molécule litigieuse. Et ce, bien qu’elle ait « présenté certaines malformations et anomalies décrites dans la littérature médicale comme étant les conséquences d’une exposition in utero au DES », précise l’arrêt de la cour.

La cour d’appel « oblige cette femme à justifier de documents contemporains » de son exposition à la molécule alors qu’elle n’en dispose pas, selon son avocate Me Martine Verdier.

Si elle en a « la force », sa cliente contestera cette décision devant la Cour de cassation, dans l’espoir de faire reconnaître une « présomption de causalité », annonce l’avocate. « Il faut, dit-elle, que la règle de droit s’adapte à cette problématique tout à fait hors norme qu’est le Distilbène. »

Le DES a été prescrit entre l’après-guerre et 1977 à certaines femmes enceintes pour éviter des complications lors de leur grossesse. Il était commercialisé sous la marque Distilbène par UCEPHA (aujourd’hui UCB Pharma) et la marque Stilboestrol-Borne par Borne (aujourd’hui Novartis). Selon le réseau DES France, qui soutient les victimes de ce médicament, au moins 160 000 enfants nés pour la plupart dans les années 1970 auraient été exposés au produit. C’est entre 1964 et 1975 qu’il a été le plus prescrit.

Le Mediator (ou benfluorex)

L’organisme chargé d’étudier les dossiers des victimes rejette la plupart des dossiers !!! Selon les chiffres révélés par l’Oniam mercredi dernier, seuls 20 dossiers d’indemnisation ont fait l’objet d’un avis positif de la part du collège des experts.

Au total 563 dossiers ont été rejetés dont 555 pour absence de causalité prouvée entre les pathologies signalées et la prise du Mediator.

Le Mediator a été commercialisé de 1976 à 2009 en France par le groupe Servier, notamment comme médicament indiqué dans le traitement du diabète de type II, dit « gras » (car associé à la surcharge pondérale) puis, hors indications thérapeutiques remboursables, prescrit aux patients désireux de perdre du poids.

Avant 2009, plus de 300 000 patients s’en sont vu prescrire chaque année. Au moins deux millions de personnes ont été traités par cette molécule depuis 1976. Sept millions de conditionnements ont été vendus chaque année représentant un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros. Suite aux travaux d’Irène Frachon, pneumologue, le médicament a été retiré de la commercialisation en France à la fin de l’année 2009.

L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a complété en février 2012 une série de questions/réponses à l’intention des patients qui ont été traités par Médiator.

L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a estimé en novembre 2010 que ce médicament avait causé au moins 500 morts en France. Toutefois des chiffres plus alarmants circulent : en décembre 2010, une étude menée par des épidémiologistes mandatés par l’Afssaps a estimé qu’en tenant compte des décès encore à venir, le nombre de victimes du Mediator se situerait plutôt entre 1 000 et 2 000 morts. Une autre étude de chercheurs de l’INSERM chiffre le nombre de décès à 1 320.

À propos de ces chiffres, Jacques Servier, président-fondateur du laboratoire éponyme, a estimé que « 500 [était] un très beau chiffre marketing, mais il ne s’agit que de trois morts », entraînant ainsi la stupéfaction de Xavier Bertrand, ministre de la santé (deux médecins travaillant pour le laboratoire fabricant le Mediator étaient alors conseillers auprès du ministre de la santé quand celui-ci a prorogé le remboursement du médicament en 2006).

Selon l’IGAS, le laboratoire a trompé les autorités sanitaires. Le benfluorex n’a aucune activité pharmacologique propre ; il est le précurseur d’une molécule active (et toxique), la norfenfluramine, proche de l’amphétamine. Selon le rapport de l’IGAS, « Cet « aveu » de ce que le benfluorex ne serait qu’un précurseur, c’est-à-dire une molécule n’ayant en elle-même aucune activité pharmacologique, les laboratoires Servier ont cherché, après l’avoir reconnu, à le faire oublier, en retirant une phrase évoquant cette caractéristique d’un document communiqué à l’Afssaps en 1999 ».

Le Mediator a échappé à l’interdiction de 1997. Lors de son retrait à la fin novembre 2009, environ 200 000 patients étaient encore traités par le benfluorex.

Jacques Servier, président et fondateur du Laboratoire Servier, a été fait grand-croix de la Légion d’honneur par le président de la République française, Nicolas Sarkozy, le 31 décembre 2008. Ce dernier a précédemment été un des avocats du groupe Servier.

Le Celance

Le Celance® (pergolide) est un médicament dérivé de l’ergot de seigle utilisé pour le traitement de la maladie de Parkinson.

Les dérivés de l’ergot de seigle sont utilisés depuis longtemps en pharmacie. En particulier, ceux basés sur l’ergoline (substance qui sert également à produire le L.S.D.) qui servent ou ont servi à traiter migraines et maladie de Parkinson.

Développé par le laboratoire américain Eli Lilly, le Celance® a été mis sur le marché aux Etats-Unis en 1989, et en France en 2000 (alors que l’autorisation de mise sur le marché date du 13 février 1995).

Aux Etats-Unis, plusieurs études ont démontré le lien entre la prise de pergolide et le développement de valvulopathies. Dès 1974, une étude avait mis en évidence le risque de fibroses endocardiaques associées à la prise de méthysergide, un autre dérivé de l’ergot de seigle (Cardiac murmurs and endocardial fibrosis associated with methysergide therapy, American Heart Journal, 1974). En 1992, une nouvelle étude fait le lien entre valvulopathie et dérivés de l’ergot de seigle (Valve disease associated with ergot alkaloid use : echocardiographic and pathologic correlations, Annals of Internal Medicine, 1992).

En 2003, une publication du Mayo Clinic Proceedings (The US Food and Drug Administration’s registry of patients with pergolide-associated valvular heart disease, Mayo Clinic Proceedings, 2003 ;78:730-731) fait état, fin 2002, de 15 cas de valvulopathies cardiaques signalées au laboratoire américain et à l’agence du medicament américaine. Onze de ces cas provenaient de pays européens, notamment la Belgique. Cet article a été largement repris dans des publications ultérieures avec au moins 33 citations dans des publications majeures dans les années qui ont suivi.

Le 29 mars 2007, l’agence française du médicament (AFSSAPS) annonçait que le laboratoire Eli Lilly retirait le Celance® du marché américain, « suite à de récentes publications confirmant le risque de valvulopathie cardiaque sous pergolide »[1] . En France, l’AFSSAPS renforce la surveillance du médicament et encadre plus strictement la prescription, mais maintient le médicament sur le marché français.

Officiellement, aucun cas de valvulopathie sous pergolide n’a été détecté en France, cependant l’AFSSAPS a décidé, suite à deux réunions du Comité technique de pharmacovigilance les 11 janvier 2011 et 8 février 2011, de lancer une enquête officielle de pharmacovigilance sur le risque de fibrose et de valvulopathies associés aux dérivés ergotés. Cette décision intervient alors même qu’Eli Lilly informait l’AFSSAPS de son intention de retirer le Celance® du marché français, retrait qui sera effectif le 2 mai 2011.

Il est difficile de ne pas faire le lien avec l’affaire du Mediator® également pointé du doigt pour le risque de valvulopathies. Dans ce contexte, il est légitime de s’interroger sur plusieurs éléments :

Comment Eli Lilly a pu mettre sur le marché en France le Celance® à une époque ou de nombreux cas de valvulopathies sont déjà signalés ? Ces cas ont-ils alors été cachés à l’AFSSAPS ?
Pourquoi l’AFSSAPS a attendu 2011 pour lancer une enquête de pharmacovigilance sur les risques de valvulopathies associés à la prise de pergolide alors que ce risque est clairement identifié dès 1992 (cf étude mentionnées précédemment) ?

Pour mémoire, les valvulopathies sous Mediator ont fait l’objet de 8 signalements dans le système de pharmacovigilance français. Et les études réalisées à la suite de celle d’Irène Frachon, montre qu’en France le nombre de victimes pourrait se monter à 500 voire 2000 morts. Avec 15 cas signalés entre 1989 et 2002, on peut légitimement s’interroger sur le nombre réel de victimes du pergolide même en France où aucun cas n’est officiellement déclaré. Et il est alors étonnant que le retrait du Celance® s’opère dans un tel silence et en l’absence de déclaration officielle du Ministre de la santé.

[1] Extrait du communiqué de l’AFSSAPS du 30 mars 2007 « Maladie de Parkinson – retrait du marché américain des spécialités contenant du pergolide ».

Le Thalidomide

Le thalidomide est un médicament utilisé durant les années 1950 et 1960 comme sédatif et anti-nauséeux, notamment chez les femmes enceintes. Or, on découvrit qu’il provoquait de graves malformations congénitales. Un seul comprimé pris durant la grossesse suffisait à causer des dommages irréversibles aux embryons. D’abord occultés ou niés par le fabricant, Chemie Grünenthal, ces effets tératogènes furent au cœur d’un scandale sanitaire qui aboutit au retrait du médicament du marché mondial à partir de 1961. Aujourd’hui, le thalidomide est de nouveau utilisé de façon contrôlée pour ses propriétés immunomodulatrices et antitumorales.

Synthétisé en Allemagne de l’Ouest par la firme pharmaceutique suisse Ciba en 1953, le thalidomide fut repris par l’entreprise pharmaceutique Chemie Grünenthal en 1954 et mis sur le marché en 1957, principalement en Allemagne et Grande-Bretagne ainsi que dans plusieurs dizaines d’autres pays, à l’exception de la France et des États-Unis. Bien qu’il soit difficile à estimer, le nombre total de victimes de ses effets tératogènes s’échelonne entre 10 000 et 20 000. Cette tragédie eut un effet accélérateur important dans la mise en place de normes plus strictes de sécurité sanitaire pour la mise sur le marché des médicaments et des produits chimiques comme les pesticides. Ce scandale fut un déterminant de la création du centre mondial de pharmacovigilance, aujourd’hui basé à Uppsala en Suède.

Les implants mammaires

Poly Implant Prothèse (PIP) était une entreprise française fondée à la Seyne-sur-Mer en 1991 par Jean-Claude Mas qui fabriquait depuis le milieu des années 2000 des prothèses mammaires. La société (qui a été liquidée en 2010) et son fondateur sont actuellement au cœur d’un scandale de santé publique.

L’entreprise occupait à son apogée le troisième rang mondial du secteur des implants mammaires avec 100 000 unités produites par an. L’entreprise se développe très rapidement, écoulant l’essentiel de ses stocks sur les marchés des pays en voie de développement, notamment en Amérique latine et en Europe de l’Est, employant 120 personnes en France pour une production de plus de 100 000 unités par an.

En 2000, la Food and Drug Administration (équivalent américain de l’Afssaps) avait déjà menacé PIP de poursuites après avoir constaté de graves malfaçons sur des implants salins et avait envoyé une lettre d’avertissement à Jean-Claude Mas lui reprochant de ne pas avoir enquêté sur un problème de dégonflement de ses implants salins et de ne pas lui avoir signalé plus de 120 plaintes en France et dans d’autres pays sur ce produit, et relevant onze manquements aux bonnes pratiques de production, parmi lesquels « manque de documentation », « audits de qualité insuffisants », ou encore « absence de formation des ouvriers aux consignes de qualité ». La même lettre soupçonnait également que « les violations constatées sont peut-être symptomatiques de graves problèmes sous-jacents dans vos processus de fabrication et de contrôle de qualité. Il est de votre responsabilité d’enquêter sur les écarts signalés ». La FDA n’avait alors pas alerté l’Afssaps car le principal grief concernait la solidité des enveloppes et pas le contenu : le problème n’était donc pas sanitaire, mais industriel.

À partir de 2005, plusieurs plaintes sont déposées en Grande-Bretagne contre PIP concernant des ruptures de prothèses et des problèmes de santé. La société est ainsi condamnée à verser 1,4 millions d’euros, mais n’est pas inquiétée par la justice française et la certification de son produit pas remise en cause. Dès 2006, des plaintes concernant des prothèses défectueuses commencent à être déposées en France, et des chirurgiens esthétiques français tentent en vain d’attirer l’attention des autorités en 2008 et 2009, alors que PIP tente d’acheter le silence de plaignantes toujours plus nombreuses : « PIP aurait proposé 1 500 euros et une paire de prothèses à des femmes non satisfaites. L’information ne remontait ainsi pas aux cliniques et à l’Afssaps », a expliqué l’avocat des victimes Philippe Courtois dans une interview à l’agence Reuters. Il faudra ainsi attendre 2010 pour que l’Afssaps tire la sonnette d’alarme et que Jean-Claude Mas soit convoqué devant le tribunal de commerce de Toulon, procès qui se soldera par la liquidation judiciaire de PIP en mars 2010.

À la fin des années 2000, les prothèses mammaires PIP se sont révélées défectueuses à cause de la présence d’un gel artisanal non-conforme à la place du gel de silicone traditionnel américain Nusil. M. Mas avoua par la suite aux gendarmes que 75 % des implants étaient remplis de gel PIP, et 25 % seulement avec du Nusil, de manière à faire illusion quant à la provenance de sa matière première. En 2009, le prix du gel PIP était de 5 euros par litre, contre 35 euros pour le Nusil, soit une différence de 10 euros par implant et un gain d’un million d’euros par an pour une production de cent mille prothèses. Le gel PIP était notamment réalisé à partir d’huiles de silicone destinées aux applications industrielles de la marque Brenntag.

Le VIOXX

Le VIOXX et son concurrent le CELEBREX appartenaient à une nouvelle famille d’anti-inflammatoires, les coxibs. En 1997, soit trois ans avant leur commercialisation, le Dr John Schmedje (université du Texas, Galveston) a pressenti que le mécanisme d’action de ces nouveaux anti-inflammatoires portait en lui le risque d’accidents cardiovasculaires.

Le 23 novembre 1999, le VIOXX (rofécoxib) de Merck, reçoit une AMM européenne, qui fait suite à l’autorisation de mise sur le marché américaine qu’a délivré la FDA le 21 mai. Il est commercialisé en France en mai 2000 à la dose maximum de 25mg/j, avec pour indication le « soulagement des symptômes dans le traitement de l’arthrose chez l’adulte ». Son concurrent, le CELEBREX (celecoxib) de Pfizer, reçoit son AMM le même mois et entre en officine en novembre 2000.

Pourtant, ni le CELEBREX ni le VIOXX n’ont, dans les études cliniques soumises par leurs fabricants aux agences sanitaires, fait mieux que les médicaments existants à l’époque mais les experts européens et ceux de l’AFSSAPS pensent que ces nouveaux anti-inflammatoires entraînent moins d’effets indésirables digestifs « graves » que les anti-inflammatoires existants. Pour en persuader les experts des autorités sanitaires ; chaque laboratoire a mis sur pied une étude spécifique : Merck a soumis dès 1999 à la FDA et aux agences européennes les résultats d’une étude baptisée VIGOR qui démontre que le VIOXX est moins toxique pour l’estomac qu’un autre anti-inflammatoire, le naproxène. (L’étude ne sera publiée que le 23 novembre 2000 dans un journal médical. Signée de treize médecins et chercheurs il apparaît qu’onze avaient des liens financiers avec Merck et deux étaient salariés.) L’étude VIGOR, si elle rapporte effectivement moins de complications digestives avec le VIOXX, révèle cependant qu’il y a quatre fois plus d’infarctus dans le groupe ayant pris le nouveau médicament. À la FDA, Shari Targum, qui dirige le département des médicaments anti-inflammatoires, rédige le 18 novembre 1999 un mémo dans lequel elle fait état de ses inquiétudes à propos « des décès et des événements cardiovasculaires en excès dans le groupe 1 (celui du VIOXX) par rapport au groupe B (celui du naproxène) ». En France l’AFSSAPS ne s’est alors pas inquiétée du risque cardiovasculaire rapporté par l’étude VIGOR, peut-être en raison du dosage différent ( 50 mg/j).

À la fin de l’année 2000, les autorités sanitaires avaient connaissance des résultats de l’étude sur le VIOXX portant sur 20 742 personnes. Ces études montraient déjà qu’une personne qui prend du VIOXX voit son risque d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral multiplié par 2,3 par rapport à quelqu’un qui n’en prend pas.

Le 8 février 2001, soit près de deux ans après avoir eu vent des problèmes cardiovasculaires de l’étude VIGOR, la FDA se décide à réunir son comité d’experts sur l’arthrose qui découvrent que les accidents cardiovasculaires du groupe qui prenait le VIOXX ont été minorés d’un facteur cinq au lieu de quatre. Et ils apparaissent dès le premier mois de prise. En France, aucun communiqué, aucune mise en garde de l’AFSSAPS aux médecins et aux pharmaciens n’accompagne les « redressements » opérés par la FDA en février.

Alerté par les graves indices de l’étude VIGOR, le Dr Eric Topol, un cardiologue américain de la Clinique Cleveland (Ohio) et son équipe publient le 22 août 2001, dans le Journal of the American Medical Association, une étude sur le risque cardiovasculaire lié à la prise de VIOXX et de CELEBREX.

Quelques autres exemples

Une dénonciations les labos suisses en 2011

La nouvelle est en train de faire le tour du monde et touche la Suisse tout particulièrement. En cause : l’entente entre Roche et Novartis pour imposer à un prix exorbitant le traitement de la dégénérescence maculaire, maladie fort répandue chez les seniors et pouvant conduire à la cécité.

Le scandale couve depuis des années. Mais, la semaine dernière, les autorités sanitaires américaines ont publié les résultats d’une étude clinique menée sur 1200 patients. Et elle confirme que la dégénérescence maculaire humide peut se traiter de 20 à 40 fois moins cher et tout aussi efficacement qu’avec le produit imposé par Roche et Novartis.

Le problème, c’est que le produit moins cher, l’Avastin, est un anticancéreux que Roche refuse de faire homologuer pour les yeux. En échange, ses laboratoires ont développé une molécule proche, le Lucentis, seul médicament autorisé à ce jour et dont les juteux bénéfices sont partagés avec Novartis. L’étude américaine met donc sous pression les deux géants pharmaceutiques suisses. Et elle fait sortir du bois les ophtalmologues qui se battent contre le Lucentis vendu bien trop cher. Installé à Lausanne, l’éminent spécialiste en ophtalmologie Carl P. Herbort est à la pointe de ce combat. Pour « Le Matin », il révèle l’étendue du scandale.

C’est un grand soulagement que l’utilisation de l’Avastin soit médicalement et officiellement validée par une étude menée en bonne et due forme. Pour moi, cela ne faisait aucun doute, mais cela devait être fait pour s’opposer à la dictature du prix du Lucentis.

Les promoteurs du Lucentis ont habilement utilisé le système. Ils ont fait les études requises non pas tellement pour démontrer l’efficacité du produit, qui ne faisait aucun doute, mais bien plus pour que le médicament soit accepté par les instances régulatrices afin d’obliger les médecins à utiliser le seul Lucentis et d’imposer un prix indécent. Il s’agit à mon sens d’un des plus grands scandales financiers dans le domaine de la santé de par le prix du médicament, d’une part, et de par l’étendue de la pathologie. Ce médicament pille les systèmes de santé occidentaux.

J’ai personnellement commencé à utiliser l’Avastin début 2006 avant que le Lucentis ne soit disponible avec des joies immenses partagées avec mes patients. En cinq ans, j’ai fait économiser au système de santé, à moi tout seul, une somme d’environ 1,6 million de francs !

Avec une différence de prix aussi indécente, un marketing agressif a été mené par les promoteurs du Lucentis. Les pharmas ont utilisé la tactique du bâton et de la carotte. Le bâton consistait à répéter au médecin le grand danger médico-légal que représentait l’injection d’Avastin, puisque ce n’était pas le médicament homologué. Et cela a assez bien marché : il n’y a pas plus de courageux dans notre corporation qu’ailleurs.

La situation est d’autant plus intimidante, en Suisse, que les grands défenseurs du Lucentis sont tous des médecins travaillant dans les services universitaires d’ophtalmologie. Si bien que, très rapidement, on n’a plus osé parler des bons résultats obtenus avec l’Avastin, une sorte d’autocensure s’est installée. J’ai pu le vérifier à l’étranger lors des nombreuses présentations que j’ai données sur l’Avastin. Personnellement, je ne me suis pas laissé intimider. Mais, face aux menaces légales d’utilisation d’un produit non homologué, j’ai dû prendre quelques précautions, comme faire passer au nom de ma femme mes biens immobiliers.

A l’inverse, ceux qui utilisent le Lucentis sont récompensés ?
C’est la carotte, car bien sûr que les injecteurs de Lucentis bénéficient de toute la bienveillance de la compagnie. Aux récalcitrants comme moi, il a été expliqué qu’ils pourraient aussi compter sur cette bienveillance. Ainsi m’a-t-on proposé, ainsi qu’à l’autre médecin récalcitrant de Lausanne, de faire une étude clinique avec le Lucentis. Quand j’ai demandé quelle étude la compagnie avait en tête, on m’a répondu que je pouvais faire n’importe quelle étude. Je laisse à chacun le soin d’en tirer ses propres conclusions.

Seul le réajustement du Lucentis à un prix raisonnable, que j’estime autour de 250 francs au plus, rendrait une certaine décence à ce traitement et permettrait néanmoins à Roche et Novartis de gagner encore beaucoup d’argent. Mais la cupidité et l’appât du gain rapide auquel aspire l’industrie pharmaceutique dans ce cas vont peut-être aussi tuer sa poule aux œufs d’or. Car l’Avastin pourrait finir par s’imposer.

Tout va dépendre des instances de santé. En tout cas, aujourd’hui, elles n’ont plus l’excuse de dire que l’effet de l’Avastin n’était pas médicalement prouvé par une étude clinique. Difficile de réfuter une étude bien menée sous l’égide de l’Institut national de la santé aux Etats-Unis.

Notre ministre de la Santé a bien supprimé par décret la participation aux frais de lunettes, même pour les enfants dont le bon développement de la vision dépend de la prescription de verres correcteurs, représentant une économie modeste de 35 millions environ. Il pourrait donc aussi décider par décret que l’Avastin et son injection sont remboursés. L’économie serait dix fois plus élevée que pour les lunettes ! Mais le lobby pharmaceutique est un peu plus puissant que le lobby des opticiens et des ophtalmologues. Une majorité des assureurs n’ont d’ailleurs pas voulu affronter les pharmas sur ce dossier.

Economiser dans la santé paraît toujours un casse-tête insurmontable, tant les intérêts des uns et des autres bloquent les réformes. C’est spécialement vrai en Suisse, berceau des géants pharmaceutiques. Ils ne sont pas les seuls à se servir parfois outrageusement dans la poche des assurés. Mais, quand ils le font, cela fait mal, très mal.

Le cas de l’Avastin est à ce titre exemplaire. Ce médicament, développé à la base par Roche contre le cancer, rapporte des milliards de francs. Mais ce n’est pas suffisant. Le géant bâlois a développé une molécule dérivée de l’Avastin et a réussi à l’imposer sous le nom de Lucentis comme un médicament miracle contre les problèmes de cécité chez les personnes âgées. Le problème, c’est que la molécule de base, l’Avastin, produit les mêmes effets miracle à un prix nettement plus bas. Mais Roche ne veut rien en savoir et s’est même arrangé avec son concurrent Novartis pour partager les juteux bénéfices du dérivé Lucentis.

Face à cet appétit démesuré , les autorités sanitaires américaines ont sévi en engageant elles-mêmes une étude clinique prouvant l’efficacité de l’Avastin pour un coût quarante fois inférieur au Lucentis ! Ces résultats publiés la semaine dernière devraient obliger la Suisse à se réveiller.

Didier Burkhalter tient là le moyen d’économiser jusqu’à 300 millions de francs par année, soit dix fois plus qu’en ayant aboli le remboursement des verres de lunettes. Comme l’affirme au « Matin » un éminent ophtalmologue de Lausanne, il suffirait au ministre de la Santé d’imposer par voie de décret l’Avastin pour les yeux. Une manière en fait très simple d’économiser. Mais on va sans doute nous raconter de nouveau que c’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît !

États-Unis : L’épidémie de méningite et la quête du profit en santé

Par Kate Randall

27 octobre 2012

L’épidémie de méningite fongique mortelle aux États-Unis continue de se répandre. Selon les dernières statistiques du Centers for Disease Control and Prevention (CDC), 247 personnes dans 15 états ont été atteintes par la maladie dans l’épidémie et le nombre de morts s’élève à 19. Les autorités sanitaires s’attendent à ce que ce nombre continue d’augmenter.

Des dizaines de milliers de personnes ayant reçu un traitement de routine pour un mal de dos risquent maintenant de contracter la maladie mortelle. Tous ceux infectés jusqu’à maintenant ont reçu des injections d’un stéroïde apparemment contaminé par un champignon. Ce médicament est fabriqué par une société pharmaceutique en banlieue de Boston.

La méningite est une inflammation des membranes qui protègent le cerveau et la moelle épinière. Ceux qui contractent la maladie doivent recevoir des doses, durant plusieurs mois, d’un médicament intraveineux antifongique. Mais la réussite du traitement n’est pas garantie. La méningite a un taux de mortalité élevé : près de 8 pour cent de ceux diagnostiqués dans la présente épidémie sont morts.

Le CDC est en mode gestion de crise. Il doit identifier le champignon contaminant, exhorter les fournisseurs de soins de santé à informer tous ceux qui sont menacés d’infection pour qu’ils puissent être surveillés et recevoir le traitement nécessaire aussi vite que possible. Pendant ce temps, les quelque 14 000 personnes qui ont reçu les injections infectées doivent attendre dans l’angoisse de voir apparaître les symptômes de l’infection.

La population se demande avec raison : comment une telle catastrophe sanitaire peut-elle survenir dans les États-Unis du 21e siècle ? À qui la faute et comment et comment seront-ils tenus responsables ? Quelles mesures doivent être prises pour éviter qu’une telle épidémie se reproduise ? Les réponses à ces questions sont encore plus cruciales que la réelle urgence posée par l’épidémie elle-même. Elles jetteraient la lumière non seulement sur les actions irresponsables et imprudentes des entreprises et des agences de réglementation gouvernementales impliquées, mais sur le fonctionnement du système de santé en entier.

L’accent a surtout été mis sur les opérations du New England Compounding Center (NECC) à Framingham, au Massachusetts, qui a envoyé les médicaments infectés à environ 75 cliniques dans 23 États. Le NECC a cessé sa production et a rappelé les stéroïdes injectables infectés, au moment même où la sécurité des autres médicaments produits par la société pharmaceutique est mise en doute. La Food and Drug Administration (FDA) a fait une descente aux installations de la NECC le mercredi 17 octobre.

Il y a environ 7 500 sociétés de préparation de médicaments à travers les États-Unis. Théoriquement, ces sociétés pharmaceutiques produisent des médicaments personnalisés pour traiter les besoins spécifiques d’un patient. Comme les pharmacies, leurs activités sont surveillées par des conseils de pharmacie étatiques et non par la FDA, qui réglemente l’industrie des médicaments.

Cependant, en réalité, plusieurs de ces pharmacies fonctionnent comme des sociétés qui produisent des médicaments en grande quantité et qui les distribuent partout au pays. En 2006, le NECC a convoqué devant les tribunaux par la FDA et les autorités sanitaires du Massachusetts pour avoir violé les standards de sécurité et pour avoir produit des médicaments sans ordonnance individuelle, mais la société a pu continuer ses opérations et envoyer tout de même ses stéroïdes contaminés.

Le lobby des sociétés de préparation de médicaments a dépensé plus de 1 million $ pendant la dernière décennie afin de contrer un projet de loi qui aurait établi un comité consultatif afin de surveiller ces sociétés pharmaceutiques. Mais ces efforts pour nuire à la surveillance font partie d’une campagne beaucoup plus grande menée par les géantes pharmaceutiques et d’assurance pour empêcher toute intervention du gouvernement fédéral qui pourrait limiter leurs profits et pour pouvoir mettre rapidement des médicaments profitables sur le marché.

De nombreux médicaments qui ont reçu l’approbation de la FDA ont causé d’innombrables décès, handicaps et souffrances. Merck & Co. a reçu l’approbation de la FDA en 1999 pour le médicament non stéroïdien et anti-inflammatoire Rofecoxib, servant à traiter l’arthrite, qu’il a mis sur le marché sous les noms Vioxx, Coexx et Ceeoxx.

Plus de 80 millions de personnes se sont fait prescrire le médicament, générant ainsi des revenus de ventes de 2,5 milliards de dollars américains pour le géant pharmaceutique. Merck a retiré le médicament en 2004 après des révélations qu’il eût dissimulé pendant cinq ans les risques accrus d’infarctus liés à un usage à long terme. Entre 88 000 et 140 000 personnes ont ainsi souffert de maladie cardiaque sévère et le médicament a causé environ 60 000 morts mondialement. Le cas de Vioxx est peut-être le plus atroce, mais il y a en a plein d’autres.

Le fonctionnement quotidien du système de santé aux États-Unis n’a pas pour but de guérir et d’alléger la souffrance, mais plutôt de faire croître les profits. Cela ne vaut pas seulement pour les grands fabricants de médicaments, mais aussi les pour chaînes d’hôpitaux et les sociétés d’assurance privées. La loi sur la santé mise de l’avant par l’administration Obama – et présentée comme une réforme du système qui améliorera les traitements et l’accès aux soins – est en fait destinée à couper des centaines de milliards de dollars dans Medicare et de réduire les coûts liés aux soins de santé pour le gouvernement et les entreprises.

Si l’éruption de méningite fongique n’a reçu aucune attention dans le cadre de la campagne électorale, c’est parce que Barack Obama et son opposant Mitt Romney sont d’accord avec le cadre sous-jacent de la société qui rend de telles tragédies inévitables : la domination du système de profit sur tous les aspects de la vie sociale. Dans le domaine des soins de santé, et de la production des médicaments en particulier, cela veut dire que la santé et le bien-être de la population sont tenus en otage par les intérêts de profit et que les patients peuvent recevoir des prescriptions de médicaments contaminés ou être les victimes d’autres pratiques dangereuses ou mortelles.

Les deux candidats de la grande entreprise sont aussi des défenseurs de la dérégulation et, ainsi, des opposants de toute augmentation significative de la supervision de l’industrie de fabrication des médicaments. L’administration Obama s’est vantée qu’elle avait éliminé les réglementations « inutiles » sur la grande entreprise, allant jusqu’à présenter de tels cadeaux aux entreprises comme un aspect clé de son « programme de création d’emplois ». En fait, le coût des nouvelles réglementations gouvernementales dans les trois premières années de l’administration Obama fut plus bas que celui des trois premières années de l’administration Bush.

Lors du débat présidentiel du 16 octobre, Obama a conclu avec le commentaire suivant : « Je crois que la libre entreprise est le plus grand moteur de prospérité que le monde ait connu. Je crois que l’autonomie, l’initiative individuelle et les preneurs de risque doivent être récompensés. »

Sous le régime d’Obama, ce « moteur de prospérité » s’est traduit par d’immenses sauvetages pour les banques pendant que des millions de personnes se voient saisir leur maison, et vivent le chômage et la pauvreté. Les « preneurs de risques » de BP ont été responsables d’une catastrophe dans le golfe du Mexique, causant la mort de onze travailleurs de la plate-forme pétrolière, un désastre environnemental, l’affaiblissement de la santé des résidents de cette région et la destruction de leur gagne-pain.

L’épidémie de méningite montre la nécessité de rejeter les politiques des deux partis de la grande entreprise et leurs candidats, qui défendent le système capitaliste et les intérêts de l’élite économique, peu importe que ce système menace la vie et le bien-être de la vaste majorité de la population.

Une étude américaine révèle qu’un médicament utilisé dans la lutte contre le cancer du colon est efficace dans certains cas de cécité. Actuellement, sur le marché mondial, c’est une autre molécule qui est autorisée depuis 4 ans pour soigner cette dégénérescence. Mais son prix est quarante fois plus élevé.

Messages


  • Comment soigner l’AFSSAPS ?

    Après le scandale du Médiator, le gouvernement a tenu à faire croire qu’il prend le problème à bras le corps. Il s’est brutalement aperçu que l’agence chargée de surveiller les produits des labos pharmaceutiques était payée … par les labos ! Mais supprimer un tel scandale, ce n’est pas supprimer l’essentiel du scandale : le gouvernement défend plus les profits des labos que la santé.

  • Qui nous soignera contre les labos ?

    Cela fait des mois que se développe en France une pénurie de certains médicaments qui est organisée par les labos et les principaux grossistes revendeurs de médicaments. L’une de ses pénuries est carrément l’arrêt des médicaments nécessaires à l’anesthésie-réanimation ! La cause ? Un manque de rentabilité aux yeux des producteurs et distributeurs. Ils profitent tout simplement plus avec d’autres médicaments et, du coup, ont arrêté carrément de produire les anesthésiants !! Alors, ces profiteurs sont prêts à bloquer toutes les anesthésies dans le monde, et le gouvernement, lui, se contente de grommeler…

  • Le British Medical Journal (BMJ), l’une des plus prestigieuses revues médicales au monde, demande au laboratoire Roche de publier l’intégralité de ses tests sur le Tamiflu, pour prouver en vain l’efficacité de ce médicament antiviral. D’après le journal, Roche n’a pas publié les données complètes liées à 15 études cliniques menées sur le Tamiflu. Le laboratoire Roche a répondu à la revue britannique avec une lettre sèche, affirmant que "Roche n’acceptait pas le contenu de la lettre qui concernait la transparence" de l’entreprise et avait répondu à toutes les exigences réglementaires.

    La France avait dépensé des milliards d’euros pour acheter des millions de doses de Tamiflu, afin de répondre à une éventuelle explosion de l’épidémie de grippe porcine en 2009. Peter Gotzsche, qui collabore également avec le BMJ, a estimé que les pays européens qui avaient fait des stocks de Tamiflu en 2009 devraient attaquer Roche en justice pour être remboursés de leurs achats. De même, après les dépenses énormes du gouvernement britannique pour faire des stocks de Tamiflu, le BMJ avait déjà demandé à Roche de prouver que l’antiviral pouvait réduire le nombre de complications en cas de grippe sévère.

  • Les blouses blanches testent leur ministre, Marisol Touraine. Les chirurgiens des cliniques et les internes des hôpitaux publics ont lancé, lundi 12 novembre, deux mouvements de grève illimités, pour dénoncer notamment leur "stigmatisation" par le gouvernement et récuser l’accord sur les dépassements d’honoraires signé le 25 octobre. Le Nouvel Obs avance un revenu mensuel net moyen de 11 500 euros, alors que "seulement 10% des Français gagnent plus de 2 800 euros par mois". "Leur situation n’est pas franchement catastrophique", ironise Libération, ajoutant que "les revenus des chirurgiens libéraux ont augmenté de 60% en vingt ans".

  • L’ex-sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange et le numéro deux de Servier, Jean-Philippe Seta, ont été mis en examen dans une enquête visant le laboratoire pharmaceutique, soupçonné d’être intervenu dans la rédaction d’un rapport sénatorial sur le Mediator.

    Ces mises en examen interviennent dans le cadre d’une enquête pour trafic d’influence ouverte fin 2011. Elle vise les Laboratoires Servier, soupçonnés d’être intervenus pour qu’un rapport sénatorial minimise leur responsabilité dans l’affaire du Mediator et insiste sur celle de l’Agence du médicament (ex-Afssaps, devenue ANSM).

  • La mort de deux chiens et d’un singe lors des tests préliminaires de la molécule à l’origine du décès d’un volontaire à Rennes ne remettait pas en cause le feu vert donné à l’époque pour son utilisation chez l’homme, a affirmé jeudi l’agence du médicament ANSM !!!

  • La microbiologiste française Emmanuelle Charpentier, installée à Berlin, et la biochimiste américaine Jennifer Doudna ont inventé en 2011 une technique permettant d’éliminer et d’ajouter des fractions de matériel génétique avec une extrême précision (un peu comme un logiciel de traitement de texte permet d’éditer ou de corriger la typographie d’un document). Leur découverte, baptisée CRISPR-Cas9, a engagé une véritable révolution dans le monde de la génétique.

    Simples d’usage, efficaces et peu coûteux, ces "ciseaux génétiques" soulèvent beaucoup d’espoir notamment pour le traitement de certaines maladies. Mais aussi des interrogations.

    "Comme pour toute technologie, il peut y avoir un voyou" qui cherche à s’en servir, convient Mme Doudna, professeur à l’Université de Californie à Berkeley, dans un échange avec l’AFP.

    "Mais il y a également un risque de surexcitation autour de cet outil, qui pourrait conduire des gens, même bien attentionnés, à pratiquer des expériences susceptibles d’avoir des effets inattendus", avertit-elle. "J’espère que la communauté scientifique va accepter de procéder suffisamment lentement pour éviter de mauvaises choses."

    Comment ne pas s’interroger comment une technique de pointe sera utilisée par les trusts médicaux pour faire du fric !!!

  • Un document interne à l’ANSM, dévoilé par le quotidien le Figaro, interroge la rigueur des procédures qui ont conduit à autoriser l’essai clinique qui a coûté la vie à l’un des participants en janvier dernier.

    Suite au décès d’un participant à l’essai clinique mené à Rennes en janvier 2016 (par l’entreprise Biotrial pour le compte du laboratoire portugais Bial), et à l’hospitalisation de cinq autres participants, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a mené son enquête. Selon le quotidien Le Figaro, un document confidentiel validé par la directrice de l’évaluation de l’ANSM, Cécile Delval, met en lumière plusieurs faits préoccupants, qui ne figurent pas dans les documents ultérieurement rendus publics par l’agence.

  • interroge ici la rigueur des procédures de l’ANSM, il rappelle aussi que les objectifs de l’essai restent toujours flous. Selon un professeur de neurobiologie et de pharmacologie interrogé par le quotidien, "les niveaux d’exposition (dans le sang et les tissus) que [Bial et Biotrial] voulaient atteindre n’ont aucun sens sur la base de la pharmacologie du composé".

  • Le 17 janvier dernier, un patient décédait à l’hôpital de Rennes. Il faisait partie d’un panel de cinq personnes testant une molécule du laboratoire portugais Bial censée agir sur le système nerveux, combattre diverses douleurs et soigner l’anxiété.

    Jusqu’ici, pour expliquer le drame, on évoquait les antécédents médicaux des patients (l’individu mort à la suite du traitement avait souffert d’un traumatisme crânien lourd) mais aussi des doses quotidiennes trop élevés : les cobayes devaient ingérer 50 mg de la molécule "BIA 10-2474". Désormais, un nouvel élément fait surface. Révélé par Le Figaro santé et inconnu des gendarmes selon le quotidien, il a été transmis à des experts médicaux chargés d’apporter leurs expertises.

    Ce document, l’IRM cérébral d’un patient ayant participé à une expérience similaire au mois de novembre au sein d’un autre panel, révèle un AVC survenu en novembre 2015. La date n’a rien d’anodin : elle correspond à l’époque où il expérimentait la même molécule, au CHU rennais également. Ce quinquagénaire a d’ailleurs éprouvé à deux reprises des troubles visuels passagers peu après l’ingestion.

    Mais c’est après cette période de test qu’il se rend à nouveau au CHU afin d’y faire une IRM cérébrale. On est alors au mois de janvier, et les développements tragiques des tests de la molécule poussent le personnel médical à l’inciter à faire cette démarche. On découvre alors qu’il a été victime d’un accident vasculaire-cérébral.

    Le professeur qui le reçoit le lui signale tout en précisant que l’AVC est "ancien" et qu’il est impossible d’arriver à être plus net sur la question. Ce n’est, visiblement, pas l’avis des experts contactés par Le Figaro santé, qui ont daté l’attaque à "environ deux mois" avant l’examen. L’hôpital garde la silence, arguant du secret médical.

  • Manipulation et transport clandestin d’échantillons de virus dangereux, perte de tubes contenant des bactéries potentiellement mortelles, ordinateurs volés pouvant stocker des données confidentielles à risque... A l’Institut Pasteur, la liste des manquements et anomalies en termes de police sanitaire est longue. Selon nos informations, un de ces nombreux incidents a conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête préliminaire le 19 décembre 2016. L’affaire, très embarrassante pour cette illustre fondation française à la pointe de la lutte contre les maladies infectieuses, fait suite à un signalement (article 40 du code de la procédure pénale) de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), fin octobre. L’Institut avait tout simplement oublié de signaler l’incident à l’autorité sanitaire, comme la loi le lui impose.

  • Il y a soixante-dix ans, des chercheurs américains ont délibérément injecté la syphilis et la blennorragie à des Guatémaltèques avant de les abandonner sans les soigner. Leurs familles attendent toujours qu’on les aide.

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  • « Nous pourrions sans grande difficulté supprimer 95% des dépenses liées aux médicaments, et nous aurions même une population en meilleure santé »
    professeur Peter C. Gøtzsche

    « Supprimez les dix ou même les vingt médicaments qui se vendent le plus en pharmacies, la santé publique n’en serait pas affectée d’un iota »
    professeur david Healy

    « 80% des médicaments ne servent à rien », mais sont dangereux
    professeur philippe Even

  • En mars 2015, Mediapart révélait les relations aussi édifiantes qu’incestueuses entre les firmes et les autorités de régulation. Les présidents successifs de la commission de la transparence du médicament (Gilles Bouvenot, Bernard Avouac), le vice-président de la commission d’autorisation de mise sur le marché et membre de la Commission européenne du médicament (Jean-Pierre Reynier), plus quelques autres, se réunissaient régulièrement et secrètement dans un hôtel de Marseille avec les laboratoires. Contre monnaie sonnante et trébuchante, ils préparaient les dossiers qu’ils étaient chargés de juger. Et bien sûr, ils avaient oublié de déclarer ces activités rémunérées ! Ces commissions jouent un rôle central dans la politique du médicament. Elles apprécient l’amélioration du service médical rendu par un médicament, l’ASMR. Elles décident du remboursement des médicaments par la Sécurité sociale. Leurs avis sont presque toujours suivis par les ministres de la Santé. La plupart des responsables des laboratoires interrogés par Mediapart « évoquent le chiffre de 60 000 euros versés pour ces prestations ». Les médecins interrogés ne se souviennent plus, ou évoquent 1 000 à 1 500 euros, toujours en espèces ! Le procureur a été saisi.

    Difficile de croire que les liens financiers entre médecins experts et laboratoires ne sont pour rien dans la cécité de la commission de pharmacovigilance. Elle n’avait pas hésité à conclure il y a quelques années qu’il n’y avait pas « de signal significatif de toxicité du Mediator »... Un Mediator reconnu coupable d’au moins 500 mortEs par valvulopathie et hypertension artérielle pulmonaire, et probablement en réalité de plus de 2 000 mortEs. Il avait fallu la ténacité de la pneumologue Irène Frachon pour faire exploser la vérité. Malgré les alertes internationales, le laboratoire Servier avait continué à vendre son Mediator avec le silence complice des autorités sanitaires. Indiqué pour lutter contre le diabète de type 2, les visiteurs médicaux de Servier l’avaient largement vendu dans une tout autre indication... un merveilleux coupe-faim pour la perte de poids ! Le mobile du crime : sept millions de boîtes vendues chaque année à 300 000 patientEs, pour un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros.

  • Mediator : le parquet demande un grand procès pour Servier et l’Agence du médicament...

    Le parquet de Paris a annoncé avoir requis mercredi le renvoi du groupe pharmaceutique, présent dans 148 pays et qui compte plus de 21.400 collaborateurs, pour "tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d’influence". Il demande aussi un procès pour l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour "blessures et homicides involontaires".

  • Une perquisition a eu lieu mardi au siège de l’Agence nationale de sécurité du médicament dans le cadre de l’enquête menée à Marseille sur la nouvelle formule du Levothyrox, produit par Merck, qui a suscité à ce jour 365 plaintes.
    Mardi matin, le siège de l’ANSM à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a été perquisitionné sous la conduite du magistrat à la tête du pôle santé publique du parquet de Marseille, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour "tromperie aggravée, atteintes involontaires à l’intégrité physique et mise en danger de la vie d’autrui", a précisé à l’AFP le procureur de Marseille Xavier Tarabeux.
    Cette perquisition s’est achevée dans la seconde partie de l’après-midi et a permis la saisie de documents qui seront exploités ultérieurement, a ensuite déclaré M. Tarabeux à l’AFP.
    Il s’agit de la seconde perquisition dans cette affaire, après celle réalisée le 3 octobre au siège de Merck à Lyon : des boîtes de médicaments et des documents avaient alors été saisis.
    "Ce qui est intéressant avec ces perquisitions, qui sont prévisibles, c’est de voir si on parvient à saisir des documents authentiques ou si des documents disparaissent ou sont trafiqués", a commenté auprès de l’AFP Me David-Olivier Kaminski, qui représente des plaignants.
    L’avocat, qui a recueilli plus de 150 plaintes, a rappelé que le changement de formule du Levothyrox, dont de nombreux utilisateurs se plaignent, a été réclamée par l’ANSM à Merck en 2012, pour "rendre le principe actif plus stable". "Il y a forcément des échanges de courriers à ce sujet, on parle quand même d’un médicament que prennent 3 millions de personnes en France", explique-t-il.
    Ce changement de formule, qui ne concerne pas le principe actif mais l’excipient de cette hormone thyroïdienne de synthèse, a provoqué chez de nombreux patients des effets secondaires lourds, comme des crampes, des vertiges et des maux de tête.

  • Le Cytotec, un médicament contre l’ulcère de l’estomac, détourné pour déclencher des accouchements à terme au risque de la santé de la mère et de l’enfant, sera retiré du marché français à parti de mars 2018, a annoncé l’Agence du médicament.

    "Le laboratoire Pfizer France nous a informés de sa décision de retirer du marché français son produit le Cytotec, largement utilisé en gynécologie hors AMM (hors des indications pour lesquelles il est prévu) qui sera effective le 1er mars 2018", a indiqué le Dr Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l’Agence du médicament ANSM à l’occasion des 6e Etats généraux organisés, jeudi à Paris, par l’association le Lien de défense des patients.

    "Le Cytotec, sur le marché depuis 1987 est très peu utilisé en gastroentérologie et l’est majoritairement en gynécologie", essentiellement pour l’IVG et le déclenchement artificiel de l’accouchement à terme, selon l’ANSM. Selon Le Parisien, 22% des accouchements sont déclenchés.

    Les associations dénoncent le recours au Cytotec par voie vaginale pour déclencher l’accouchement à terme d’un enfant viable et les risques graves que cela comporte pour la santé de la mère et de l’enfant. Un "scandale" selon l’association Timéo qui a milité pour son interdiction avec le soutien du Lien.

    Cet usage détourné comporte en effet des risques de surdosage car il suppose d’utiliser un huitième du comprimé qui est dosé à 200 microgrammes, ce qui vu sa taille (moins d’un centimètre) est pour le moins hasardeux, relève le Dr Harvey, qui dénonce une pratique dangereuse, motivée par des considérations financières. Le risque est d’entraîner des contractions trop fortes, et une mauvaise oxygénation du foetus, selon l’obstétricien. En 2013, l’Agence du médicament avait adressé une première mise en garde contre l’usage du médicament.

  • Ils sont piqués !

    La direction et les cadres nous font de la morale parce ce que nous nous, infirmières et aides soignantes de l’hôpital public, nous méfions des vaccins des labos et refusons de nous vacciner. Ils veulent nous culpabiliser en nous accusant de contaminer les malades. En fait, ce qui les préoccupe, c’est d’aller dans le sens de la ministre de la Santé Buzyn qui veut fournir des sommes colossales aux trusts pharmaceutiques en imposant les vaccins aux enfants (onze vaccins !) comme aux personnels et aux personnes âgées. Il y a quelque chose qui grippe à l’hôpital public mais ce n’est pas nous !

    Complètement piqués !

    Des experts américains estiment que le faible niveau de protection du vaccin contre la grippe l’année dernière serait lié au mode de fabrication. L’an dernier, l’efficacité vaccinale a été de 43 % aux États-Unis et 38 % en Europe. Lorsque le vaccin est optimal, l’efficacité avoisine 60 à 70 %, tous âges confondus. « Un important excès de mortalité, supérieur à 20.000 décès, a été observé en France lors de l’hiver 2016-2017 » d’après le bulletin épidémiologique hebdomadaire du 10 octobre 2017. Cela de la préparation des vaccins sur des œufs et que les experts américains ne retrouvent pas lorsque l’on produit les vaccins à partir de cultures de cellules. « Les mutations qui se produisent sur des cultures cellulaires ne sont pas forcément les mêmes que celles qui ont lieu sur des œufs », explique Vincent Enouf, « mais la production de vaccins sur cellules n’est pas du tout adaptée à grande échelle ». « Il y a d’abord un problème de rendement. Sur cellule, il n’est que de 20 % de celui obtenu sur des œufs », détaille le Pr Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon et responsable du CNR des virus des infections respiratoires (dont la grippe), « L’autre problème, c’est le coût final, beaucoup plus élevé. »

  • Une plainte visant notamment la ministre de la Santé et le ministre de l’Économie a été déposée vendredi au tribunal de Grasse pour non-assistance à personne en danger dans l’affaire du Levothyrox, dont certains patients se plaignent du changement de formule, a indiqué ce dimanche l’avocate à l’origine de cette action.

    Elle vise nommément ces deux ministres mais aussi le laboratoire Merck fabricant de ce médicament, contre qui elle a déjà déposé plainte pour un autre motif, et l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM). La plaignante, elle-même sous Levothyrox et avocate au barreau d’Ajaccio, reproche à la ministre de la Santé Agnès Buzyn de n’avoir « pas su gérer la crise sanitaire » et au ministre de l’Economie Bruno Le Maire de ne pas « avoir essayé de transacter (sic) avec le laboratoire Merck ».

    Elle vise également, cette fois contre X, les médecins et pharmaciens « ayant refusé de prendre en considération les symptômes indésirables de leurs patients », les journalistes et les médias qu’elle accuse d’avoir « orienté les informations » et enfin les députés, sénateurs et maires qui n’auraient pas « honoré leur devoir d’intérêt général ».

  • Le procès du scandale du Mediator débute dans une semaine, pour une durée record de six mois.

    Irène Frachon, la pneumologue à l’origine du dévoilement du scandale, est pneumologue au CHU de Brest. En 2007, elle débute une longue étude épidémiologique qui aboutira deux ans plus tard au retrait du Mediator, une amphétamine produite par les laboratoires Servier et prescrite par certains généralistes comme coupe-faim. En 2010, elle publie un livre, « Le Mediator, Combien de morts  ? », qui raconte son combat pour faire interdire le médicament et révèle au grand public l’ampleur du scandale.

    Irène Frachon estime avoir "été lâchée avec ces pauvres gens".

  • Le tribunal est soigné !

    Les laboratoires Servier font appel à des grands spécialistes pour se défendre des accusations d’avoir contaminé un grand nombre de malades qui ont pris leur médicament le Mediator : onze experts en tout et tous plus fameux et compétents les uns que les autres ! Et ces sépcialistes sont royalement payés par les labos Servier pour « témoigner », c’est-à-dire mentir à 500 euros de l’heure ou à 600 euros de l’heure, c’est du moins des sommes qu’ils reconnaissent, faut qu’on connaisse les vraies sommes. L’un des « experts » en témoignages bidon est l’ex directeur de recherche de l’Inserm qui reconnaît avoir touché 300.000 euros de Servier. La plupart de ces grands scientifiques ne savaient même pas ce qu’était la norfluramine, ce principe actif qui rend le médicament Mediator dangereux !!!!

  • L’Agence du médicament étant largement arrosée par les labos, la France est parfois un des rares pays à vendre certains médicaments que personne ne veut plus vendre !!!

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