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Bulletin La Voix des Travailleurs de Renault CTR (Rueil)

vendredi 30 novembre 2012, par Robert Paris

Et si on acceptait de négocier ?

Essayons de négocier à Renault se disent un certain nombre de salariés. Mais négocier quoi ? Que veut vraiment Renault à part nous casser le moral et empêcher une lutte d’ensemble ? Ses objectifs prétendument économiques, c’est du pipeau. Sauvegarder l’emploi en France, le patron s’en moque du moment qu’il n’y a pas de risque d’explosion sociale. Même les sacrifices dingues que le patron exige ne sont nullement un véritable objectif mais seulement une première étape. Il ne veut même pas dire où s’arrêteront ses demandes. Il faudrait déjà accepter d’être trimballés n’importe où, d’accepter une flexibilité des conditions de travail, des horaires, des contrats. Plus de vrai salaire fixe, plus de grilles, plus de qualifications, plus de critères de diplômes, plus de primes. Quant à appeler négociation, un acte unilatéral où c’est ça ou la porte, c’est vraiment se moquer du monde.

Il n’est pas vrai que c’est une fatalité économique. Il n’est pas vrai que les patrons ne nous craignent pas. Ils n’ont pas peur du gouvernement et des syndicats mais ils ont peur des travailleurs. Car nous pouvons tout à fait décider tout autre chose que négocier la qualité de la sauce du plat où on va nous manger. Nous pouvons affirmer que nous travailleurs ne sommes pas des esclaves, n’allons pas ramper, supplier, et vivre enchaînés. Nous pouvons affirmer que tout licenciement signifiant ne plus jamais retrouver d’emploi, c’est un véritable crime social et décider que les patrons qui nous menacent doivent également être menacés dans leurs affaires, dans leurs intérêts, dans leurs entreprises. Œil pour œil, dent pour dent, la meilleure défense c’est l’attaque.

Et que deviendront nos salaires ?

Que signifie Talent et Hay qui s’appliqueront aux cadres, aux ETAM puis à tout le monde sinon la fin complète du salaire fixe ? Que signifie la diminution de moitié des salaires des travailleurs de Renault en Espagne et ensuite le fait que la direction prétend nous mettre en concurrence avec eux ? On n’aurait qu’à accepter d’être payés un tiers du salaire précédent et on récupère en France la production ? Ce jeu est criminel et doit être montré comme tel. Nous n’avons pas mandaté des syndicats pour qu’ils négocient nos prix comme des maquereaux avec leurs putains ! Il n’y a pas de prix auquel nous sommes prêts à devenir de la chair à travail…

Que veut la direction de Renault ?

L’objectif annoncé par Renault, « assurer une base industrielle, R&D et tertiaire solide et durable en France » à part que la direction affiche un objectif qui est le contraire du sien. C’est elle qui retire ses capitaux de la production et de la commercialisation. C’est elle qui veut du cash pour sa banque, pour spéculer, qui organise ainsi la chute des ventes de voitures ce qui sert pour justifier ses nouvelles attaques. Comment expliquer que la moitié des bénéfices de Renault proviennent de sa banque, à part que les trusts sont désormais plus investis dans leurs activités bancaires et spéculatives qu’industrielles. Pas la peine alors de prétendre que nous ne serions pas assez productifs, puisque le patron se retire en fait lui-même volontairement de la production parce que spéculer sur les dettes et autres titres pourris type subprime est infiniment plus rentable ? Et si le patron ne veut plus nous donner de boulot, ce n’est pas parce qu’on travaillera plus qu’on va lutter contre le risque de licenciements !

Tordre le coût du travail ou le cou du capital ?

Renault nous bassine avec ses comparaisons bidon du coût du travail et de la rentabilité du travail entre sites, entre la France et l’Espagne, la Roumanie, etc. Il faut nous écraser avec des chiffres, encore des chiffres comme la baisse des ventes, comme la rentabilité du travail. Mais, nous aussi, on a des chiffres à lui opposer : quand les ventes étaient au plus haut, Renault a retiré de l’argent de la production pour remplir les caisses de sa banque et de ses investissements financiers. C’est de là qu’est venu son effondrement en 2007. A l’époque, il n’y avait pas de baisse des ventes et pourtant Renault a chuté à cause des subprimes. Alors, ne nous laissons pas étourdir par leurs discours et leurs chiffres.

Nouvelle affaire d’espionnage au CTR !

Nous venons d’apprendre que les secrets de fabrication de Renault vont aller directement à la concurrence : à PSA ! Et le mieux, c’est qu’inconsciemment, ce sont des directeurs qui nous en parlent tranquillement. En effet, à la Logistique du CRPM on annonce que les avant-projets seront confiés à des sous-traitants travaillant aussi pour PSA ! Traduisez : les protos sortent à l’extérieur. Après tous les discours sur la concurrence et la nécessité du secret, tout fout le camp !!!


Un Berger mais on n’est pas des moutons

La CFDT, dont le nouveau dirigeant s’appelle comme par hasard Berger, se sent prête à signer un « bon accord » de compétitivité au niveau nationale comme à Renault. Elle affirme dans un tract à Renault que « Renault ne fait pas assez de profit. » Et ce syndicat (patronal ?) est aussi d’accord pour « améliorer la performance collective ». Et elle prétend que c’est nécessaire pour « rendre l’entreprise pérenne ». Les bergers finissent toujours par amener leurs moutons à l’abattoir !


Quand le patronat exige le retour à l’esclavage, syndicats et gouvernement de gauche négocient le poids des chaînes !

Pendant des mois et des années, la gauche et les syndicats nous ont rabâché que tout était de la faute de Sarkozy : attaques contre les retraites, contre les services publics, contre les emplois, contre les contrats de travail, contre les sans papiers, contre les salaires, contre les fonds publics. Ils avaient même démobilisé les luttes en prétendant que ce n’était pas la peine d’en mener sous Sarkozy, on n’obtiendrait rien ! D’ailleurs ils se gardent bien de nous expliquer pourquoi les patrons mènent une telle offensive ni comment nous, salariés, pourrions la faire reculer. Comme ils se sont tous gardés de nous prévenir de l’attaque conjointe des patrons, avant les élections, alors que tous le savaient.

En fait, cette gauche et ces syndicats avaient eux-mêmes décidé de limiter nos luttes et de les enfermer dans un cadre où elles ne risquaient pas de déboucher, entreprise par entreprise pour les licenciements et sans grève générale pour les retraites. C’est pour cela qu’ils en appelaient au bon vouloir d’un gouvernement qui prendrait notre parti contre les patrons. Et ceux-là, une fois la gauche parvenue au gouvernement, continuent à nous chanter la même chanson avec Hollande : il suffirait que le gouvernement aide les salariés qui sont menacés de licenciements, de fermetures, de remises en cause des contrats de travail et autres attaques. Il faudrait demander une fois de plus à l’Etat bourgeois de nous sauver des attaques de la bourgeoisie !

En tout cas, aujourd’hui, alors que Sarkozy a perdu la partie, que l’UMP se déchire de manière risible, alors qu’on voit que ces prétendus ennemis qui cassaient nos luttes se révèlent des pantins ridicules, comment expliquent-ils que l’attaque patronale ait pris un tour bien plus offensif et que proposent-ils pour se défendre ?

Ils disent qu’ils en appellent au gouvernement, lequel leur propose de tout négocier. Ils ne nous expliquent pas comment ils vont s’en tirer en négociant alors que les patrons se proposent tout simplement de nous faire la peau comme l’ont très bien montré successivement les patrons de PSA, de Renault, de Sanofi, de SFR ou d’ArcelorMittal !

Oui, les patrons sont bien décidés à utiliser le chantage à l’emploi pour nous faire mordre la poussière, baisser massivement les salaires, imposer flexibilité et mobilité, accroître les taux d’exploitation de manière drastique. Ils n’attaquent pas dans une seule entreprise ni dans un seul secteur, mais partout et de manière concertée. Et l’Etat ne peut que les aider dans cette tâche.

La politique des négociations est le meilleur moyen d’enchaîner les syndicats et d’imposer des reculs pires. Il y aura comme d’habitude des syndicats qui signeront et d’autres non, mais le simple fait d’accepter de participer à ces négociations alors qu’elles visent ouvertement à nous détruire c’est accepter l’idée même des sacrifices pour les salariés et le mensonge de l’Etat négociateur indépendant qui est un baratin grossier.

Qui peut croire que l’Etat, même gouverné par la gauche, est indifféremment pour les salariés et les patrons ? A-t-on jamais vu les flics intervenir manu militari contre les patrons en faveur des salariés ? Et l’Etat lui-même n’est-il pas en train de supprimer massivement des postes de fonctionnaires parce qu’il n’a plus d’argent, ayant dépensé le fric de nos impôts pour sauver mille fois les banques et les trusts qui ne sont plus des investisseurs dans l’économie mais des spéculateurs à la petite semaine.

Demander à l’Etat d’intervenir en faveur des travailleurs, c’est demander du lait à un bouc ! Mais c’est surtout démobiliser les travailleurs puisqu’on dit à ceux-ci que rien ne dépend d’eux mais des décisions politiques et des négociations au sommet !

C’est à PSA que l’on est tombé dans ce piège. A-t-on vu une usine qui ferme ne pas faire grève, ne pas occuper et tous les syndicats se contenter de pleurer auprès des gouvernants. On a atteint là un sommet de démobilisation. Et les dirigeants syndicaux d’Aulnay ont même argumenté le 12 juillet 2012 à l’annonce du plan de PSA pour convaincre qu’il ne fallait pas partir tout de suite sous le coup de la colère… Résultat : aucune véritable lutte alors que ces dirigeants faisaient des rodomontades en prétendant qu’ils allaient « être le cauchemar du patron » !

Nous n’avons pas besoin de dirigeants syndicaux comme Thibaut qui affirmait que la grève générale ne fait pas partie de la tradition du mouvement ouvrier français. D’un Lepaon qui a rédigé un rapport pour le Conseil Economique et Social, une institution de la bourgeoisie, où il donne des conseils pour faire passer en douce la privatisation de la SNCF ! Et ne parlons pas de Chevènement qui se sent très bien de signer des accords dits de compétitivité, lui qui ne sait même pas ce que travailler veut dire !

Travailleurs, c’est à nous de décider et pas à tous ceux qui se réunissent en notre nom dans ces négociations pour nous faire la peau ! C’est à nous de dire qu’aujourd’hui, perdre son emploi c’est mourir car on n’en retrouvera aucun. Licencier, c’est donc un crime et il doit être poursuivi comme tel et les patrons responsables pourchassés et attaqués.

Il faut mener la guerre quand on nous mène la guerre ! Nous en avons les moyens. Réquisitionner les entreprises qui licencient, bloquer tout le trust quand ils jettent une usine. Casser leurs banques puisqu’ils sont tous transformés en banque, appelés les clients à retirer leur argent de ces institutions, provoquer s’il le faut des paniques contre les banques qui soutiennent nos licencieurs.

N’allons pas à l’abattoir comme des moutons derrière leurs bergers !
Et organisons nous ! Discutons entre nous sur les lieux de travail ! Formons nos comités de défense de salariés !

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